Hymne national de la France

Hymne national de la France

La Marseillaise

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La Marseillaise
Rouget de Lisle chantant la Marseillaise pour la première fois à l'hôtel de ville de Strasbourg.
Rouget de Lisle chantant la Marseillaise pour la première fois à l'hôtel de ville de Strasbourg.

Hymne national de France France
Autre(s) nom(s) Chant de guerre pour l'armée du Rhin
Paroles Rouget de Lisle
1792
Musique non signé
Adopté en 1795
Fichiers audio
La Marseillaise (Instrumentale)
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La Marseillaise est l'hymne national de la République française. Elle fut déclarée chant national le 14 juillet 1795.

Sommaire

Historique

Création

Elle fut écrite par Claude Joseph Rouget de Lisle capitaine du Génie alors en poste à Strasbourg dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 à la suite de la déclaration de guerre à l'Autriche.

Titres divers

Elle eut différents titres, tous éphémères : Chant de guerre pour l'armée du Rhin ; Chant de marche des volontaires de l'armée du Rhin.

Et le Dr François Mireur, futur général des armées d'Italie et d'Égypte, venu à Marseille afin d'organiser la marche conjointe des volontaires du Midi (Montpellier et Marseille), publiera ce chant, à Marseille, pour la première fois, avec un nouveau titre : Chant de guerre des armées aux frontières. De fait, ce sont les troupes des Fédérés marseillais qui, l'ayant adopté comme chant de marche, l'entonnent lors de leur entrée triomphale, aux Tuileries, à Paris, le 30 juillet 1792. Immédiatement, la foule parisienne, sans se préoccuper de ses différents noms, baptise ce chant : La Marseillaise. Ce titre, outre sa simplicité, avait l'avantage de marquer de Strasbourg à Marseille, de l'Est au Midi, l'unité de la Nation.

Circonstances de sa création

Rouget de l'Isle chantant « La Marseillaise », 1849, Isidore Pils, Musée des Beaux-Arts de Strasbourg.

Le maire de Strasbourg, le baron de Dietrich, avait demandé à Rouget de Lisle en garnison à Strasbourg d'écrire un chant de guerre. Rouget de Lisle retourna ensuite à son domicile en soirée, rue de la Mésange (entre la place de l'Homme-de-Fer et la place Broglie). Il composa ainsi un Hymne de guerre dédié au maréchal de Luckner. En effet, c'est alors le Bavarois Nicolas Luckner qui commande l'armée du Rhin. Ironie du sort : le futur hymne national est ainsi dédié à un Bavarois qui sera guillotiné moins de 2 ans plus tard. C'est pourtant bien ce chant qu'il présenta le lendemain, à Dietrich, à son domicile (maison détruite remplacée par le bâtiment de la banque de France à la place Broglie). Cette scène a été immortalisée, notamment dans le tableau d'Isidore Pils, présenté au musée des Beaux-Arts de Strasbourg. Le chant retentit ensuite publiquement pour la première fois sur la place Broglie, devant l'hôtel de ville de Strasbourg.

L'historien strasbourgeois Claude Betzinger conteste cependant le lieu de la première exécution de la Marseillaise, celle-ci s'étant déroulée chez le maire, Frédéric de Dietrich, domicilié à ce moment au 17, rue des Charpentiers à Strasbourg et non à la maison familiale des Dietrich[1].

Partition du XIXe siècle

Le texte est fortement inspiré d'une affiche de propagande diffusée à cette époque. L'origine de la musique est plus discutée, puisqu'elle n'est pas signée (contrairement aux autres compositions de Rouget de Lisle). Toutefois, si la ressemblance avec la ligne mélodique de l'allegro maestoso du concerto pour piano n° 25 (datant de 1786) de Wolfgang Amadeus Mozart est à signaler, l'inspiration serait surtout venue d'un air du compositeur Pleyel, tiré d'une opérette de l'époque. Le septième couplet, dit « couplet des enfants », date d'octobre 1792 ; il est attribué à Jean-Baptiste Dubois, Marie-Joseph Chénier et l'abbé Dubois.

Du chant révolutionnaire à l'hymne national

Général Mireur, 1770-1798, terre cuite anonyme, Montpellier, Faculté de médecine.

Le 22 juin 1792, un délégué du Club des amis de la Constitution de Montpellier, le docteur François Mireur, venu coordonner les départs de volontaires du Midi vers le front, entonne pour la première fois à Marseille ce chant parvenu de Strasbourg à Montpellier par un moyen incertain (les historiens estiment que la circulation de voyageurs a pu contribuer à ce que les milieux patriotes de Montpellier aient eu connaissance de ce chant, donné à l'occasion de funérailles au printemps 1792). Après un discours prononcé le 21 juin devant le Club des amis de la Constitution de Marseille, rue Thubaneau[2], Mireur est l'invité d'honneur d'un banquet le lendemain et, prié de prononcer un nouveau discours, il entonne le chant entendu à Montpellier quelques jours ou semaines plus tôt. Dans l'ardente atmosphère patriotique de l'heure, Mireur suscite l'enthousiasme et le chant, repris le lendemain par les journaux locaux, sera distribué aux volontaires marseillais qui l'entonneront tout au long de leur marche vers Paris en juillet 1792[3].

De la rue Thubaneau aux Champs-Élysées, le chant de Rouget de Lisle devient l'hymne des Marseillais et bientôt La Marseillaise. De fait, on lui attribue souvent à tort d'avoir été écrite à Marseille mais elle a bien été écrite à Strasbourg, rue de la Mésange. François Mireur, lui, parti de Marseille en avant des Marseillais pour rejoindre le bataillon des volontaires de l'Hérault, fera une brillante carrière militaire et mourra général, en Égypte, à l'âge de 28 ans.

La Marseillaise est déclarée chant national le 14 juillet 1795.

Interdite sous l'Empire puis la Restauration, elle est remise à l'honneur après la révolution de 1830 et redevient hymne national sous la IIIe République, en 1879 - le Président de la République de l'époque était alors Jules Grévy. Le ministère de l'Éducation nationale conseille d'en pratiquer le chant dans les écoles à partir de 1944, pratique qui est dorénavant obligatoire à l'école primaire (proposition de loi du 19 février 2005, adoptée le 23 avril 2005, modifiant l'article L321-3 du Code de l'éducation). Les Constitutions de 1946 (IVe République) et de 1958 (Ve République) conservent La Marseillaise comme hymne national (article 2 de la Constitution de la Cinquième République française).

La Marseillaise, est, et restera, de tout temps un des symboles républicains en France.

Dans le monde

Il existe une version vénétienne (Bibioteca Civica A. Hortis Trieste Italie) datant de Juin 1797 publiée à Padoue à la même date en langue italienne (texte original italien) pour fêter la chute de la république "Serenissima" des doges de Venise en mai 1797 par le général Napoléon Bonaparte.

La Marseillaise n'était pas seulement l’hymne français. Comme chant révolutionnaire de la première heure, il a été repris et adopté par nombre de révolutionnaires sur tous les continents.

Une adaptation en russe, la Marseillaise des Travailleurs, publiée en 1875, fut même réalisée par le révolutionnaire Piotr Lavrovitch Lavrov. Vers 1900, ceux qui la chantaient en public en Russie étaient arrêtés par la police. Ce qui explique qu'après la Révolution d'Octobre, les bolcheviks l'adoptent pour hymne en 1917, avant de reprendre un autre chant révolutionnaire français : L'Internationale. En avril 1917, lorsque Lénine retourne en Russie, il est accueilli à Pétrograd au son de la Marseillaise. L'Internationale a cependant tendance à remplacer La Marseillaise chez les révolutionnaires d'extrême-gauche, parce qu'en devenant l'hymne national français, celle-ci est maintenant associée au pouvoir étatique de la France.

En 1931, à l'avènement de la Seconde République espagnole, certains Espagnols ne connaissant pas leur nouvel hymne (Himno de Riego), accueillirent le nouveau régime en chantant La Marseillaise, dans une version espagnole ou catalane.

Les étudiants chinois manifestant sur la place Tian'anmen chantaient également La Marseillaise.[réf. nécessaire]

Durant la Seconde Guerre mondiale, la loge Liberté chérie, créée dans les camps de concentration nazis, tire son nom de cet hymne des combattants de la liberté.

Arsène Wenger ayant été entraîneur de l'équipe de football Nagoya Grampus, de Nagoya (Japon), et lui ayant fait gagner la Coupe du Japon de football, les supporters de cette équipe encouragent encore aujourd'hui leur équipe sur l'air de La Marseillaise.

Le carillon à l'hôtel de ville de Cham en Bavière sonne La Marseillaise pour commémorer son fils Maréchal Luckner.

Paroles

Le texte a subi plusieurs modifications de couplets. On compte aujourd'hui 12 couplets et un couplet dit « des enfants ». La majorité des couplets n'est plus dans la version « officielle », celle que l'on trouve sur le site internet de l'Élysée. Seul le premier couplet est chanté lors des événements. Deux couplets (les « couplets des enfants ») ont été ajoutés ultérieurement, dont l'un d'eux a depuis été supprimé de la version « officielle ». Enfin, eu égard à son caractère religieux, le 8e couplet a été supprimé par Joseph Servan, ministre de la Guerre, en 1792. Un autre couplet a été supprimé car il a été jugé trop violent.

Sur la partition originale de Rouget de Lisle, on voit clairement écrit « Marchez, Marchez » au refrain, qui s'accorde avec « Formez vos bataillons », 2e personne du pluriel. La transcription officielle est pourtant « Marchons, marchons », qui tenterait d'établir une rime avec « bataillons » et « sillons[4] ». En réalité, Rouget de Lisle était capitaine. Et en qualité d'officier, il commandait ses hommes. D'où la formule impérative. Néanmoins la Marseillaise est une marche et on peut imaginer que les soldats en manœuvre en reprenaient le refrain, en chantant "marchons" et non "marchez". Cette version se serait imposée par transmission orale.

La version dite « officielle » est la suivante :

La Marseillaise
Premier couplet

Allons enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L'étendard sanglant est levé, (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes !

Refrain :

Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !

Couplet 2

Que veut cette horde d'esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
Français, pour nous, ah ! quel outrage
Quels transports il doit exciter !
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !

Refrain
Couplet 3

Quoi ! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !

Refrain
Couplet 4

Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre,
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre !

Refrain
Couplet 5

Français, en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups !
Épargnez ces tristes victimes,
À regret s'armant contre nous. (bis)
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais ces complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !

Refrain
Couplet 6

Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (bis)
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents,
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !

Refrain
Couplet 7
(dit couplet des enfants)

Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus (bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre

Refrain

Septième couplet

Rouget de Lisle n’ayant écrit que 6 couplets, le site officiel de l’Élysée indique que l’auteur du 7e couplet reste inconnu.

Dans son ouvrage Sous le bonnet rouge de sa collection « La Petite Histoire », G. Lenotre rapporte la tradition viennoise, selon laquelle ce couplet aurait été composé par l’abbé Antoine Pessonneaux. Cette version a été reprise par Claude Muller dans Les Mystères du Dauphiné[5]. Selon lui, l'abbé, professeur de rhétorique au collège de Vienne de 1788 à 1793 né à Lyon le 31 janvier 1761, jugeant que le texte était incomplet, puisqu'il n'évoquait pas les nouvelles générations, écrivit le « couplet des enfants » qu'il fit chanter par les élèves lors de la fête de la fédération du 14 juillet 1792 en présence de la population et de soldats de bataillon de fédérés marseillais alors en transit dans la ville. Ce couplet passa ensuite à Paris, grâce au député Benoît Michel de Comberousse. Traduit devant le tribunal à Lyon - le 1er janvier 1794 (12 nivôse an II) selon G. Lenotre -, l'abbé aurait été sauvé de la mort en se présentant comme l'auteur du septième couplet de la Marseillaise. L'abbé Pessonneaux mourut le 10 mars 1835.

Toujours selon Claude Muller, en 1848, Louis du Bois, ancien sous-préfet né à Lisieux le 16 novembre 1773[6], mort le 9 juillet 1855, affirma être l'auteur du couplet et expliqua avoir emprunté l'idée au chant des Spartiates rapporté par Plutarque, ouvrant une querelle d'historiens.

Loi

Le 24 janvier 2003, l'ensemble des députés a adopté, dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi), un amendement créant le délit d'« outrage » au drapeau français et à l'hymne national, La Marseillaise. Délit sanctionné par un emprisonnement de 6 mois et 7 500 euros d'amende. Un certain nombre de citoyens et d'associations de défense des droits de l'homme se sont insurgés contre ce qu'ils considèrent comme une atteinte manifeste à la liberté d'expression et contre le flou entretenu par le mot « outrage ».

Le Conseil constitutionnel a limité les possibilités d'application :

« [...] Sont exclus du champ d'application de l'article critiqué les œuvres de l'esprit, les propos tenus dans un cercle privé, ainsi que les actes accomplis lors de manifestations non organisées par les autorités publiques ou non réglementées par elles ; que l'expression « manifestations réglementées par les autorités publiques », éclairée par les travaux parlementaires, doit s'entendre des manifestations publiques à caractère sportif, récréatif ou culturel se déroulant dans des enceintes soumises par les lois et règlements à des règles d'hygiène et de sécurité en raison du nombre de personnes qu'elles accueillent.[7] »

La Loi Fillon, visant à réformer l'éducation et adoptée en mars 2005, a rendu obligatoire l'apprentissage de La Marseillaise dans les classes maternelles et primaires à partir de la rentrée 2005, conformément à la loi du 23 avril 2005. On retrouve l'obligation d'enseigner l’hymne national dans d'autres pays, comme les États-Unis, la Serbie ou encore l’Autriche.

Plusieurs associations, dont les syndicats d’enseignants du Pays basque, ont condamné en 2005 l’obligation d’apprentissage en école primaire de chant incitant à « abreuver nos sillons d’un sang impur ».

Interprètes, adaptations, réutilisations

Interprètes

Pierre Dupont[8], chef de la musique de la Garde républicaine (1927-1944) compose l'arrangement officiel de l'hymne national. C'est cette version qui est encore actuellement en usage.

Mais La Marseillaise a eu de nombreux interprètes, dont :

Réemplois non-parodiques

A partir d'un certain moment, l'air et la trame de construction de la Marseillaise étaient connus d'un large public. Il était tentant et commode d'inscrire des couplets proches, sur le même air, pour la défense et l'illustration d'une cause. C'est ce que firent certains auteurs qui, en agissant ainsi, ne prétendaient pas nécessairement parodier l'hymne original. Ce fut, par exemple, le cas de Léo Taxil, en 1881, qui rédigea Le chant des électeurs, plus connu sous le nom de La Marseillaise anticléricale. C'était une chanson politique, comique, violemment anticléricale, appelant à voter aux élections pour le Parti radical.

On trouve l'ébauche de la mélodie de La Marseillaise dans le concerto pour piano et orchestre n° 25 (KV 503) de Mozart composé quelques années plus tôt : les douze premières notes de l'hymne sont jouées au piano par la main gauche à la fin du premier mouvement allegro maestoso (16e, 17e minutes).

Giuseppe Cambini a pris le thème à Airs patriotiques pour deux violons, où il est cité et repris avec variations, avec d'autres mélodies patriotiques.

Le thème de La Marseillaise a été repris par Piotr Ilitch Tchaïkovski dans sa grandiloquente Ouverture 1812 opus 49 célébrant la victoire russe de 1812 sur les armées napoléoniennes. On peut y entendre les premières notes de la mélodie utilisées comme motif mélodique récurrent, en opposition aux thèmes mélodiques de différents chants patriotiques russes.

Dmitri Chostakovitch l'a utilisé dans sa musique pour le film La Nouvelle Babylone de 1929, en la superposant parfois avec le french cancan d'Offenbach. De la même manière, le compositeur polonais Wojciech Kilar a repris des fragments du thème de la Marseillaise dans le film Pan Tadeusz - Quand Napoléon traversait le Niémen, également dans le passage intitulé “Rok 1812” (L'année 1812).

Schumann l'a inclus aussi dans le premier mouvement du Carnaval de Vienne, par défi envers Metternich, qui avait interdit la Marseillaise à Vienne.

L'air de l'hymne officieux du Royaume de Wurtemberg rappelle La Marseillaise mais les paroles dues à Justinus Kerner sont d'une toute autre inspiration. Cet hymne a pour titre Preisend mit viel schönen Reden ou Der rechte Fürst.

Mel Brooks en a aussi fait une reprise, en introduction, sur son morceau It's Good To Be The King.

Charlélie Couture a repris en 2006 le thème musical dans une chanson intitulée Ma Marseillaise à moi.

Hector Berlioz l'a arrangée pour solistes, chœurs et orchestre ; « pour tout ce qui a un cœur, une voix, et du sang dans les veines », écrit-il en tête de sa partition.

En 1967 dans la chanson "All you need is love", les Beatles se sont servis de l'intro de "La marseillaise" pour illustrer leur chanson.

Parodies

Comme tout chant ou chanson célèbre, la Marseillaise a été souvent parodiée avec plus ou moins de talent par divers artistes ou confréries, à des fins humoristiques ou politiques. On peut citer, comme exemple, la chanson Le Retour du soldat, connue sous le nom de la Marseillaise de la Courtille, œuvre d'Antignac, parue en 1792, chez l'édition Frère, ou, plus récemment (2007), l'hymne de Springfield dans Les Simpson - Le Film.

Polémiques

Violence des paroles

L’hymne national français est un chant guerrier hérité des guerres révolutionnaires. Aujourd'hui, en France, le caractère jugé violent des paroles de La Marseillaise est parfois critiqué. Lors de l'écriture, le pays était dans un contexte très violent puisque la France était en guerre avec certains de ses voisins depuis quelques mois.

C'est le vers Qu'un sang impur abreuve nos sillons qui est notamment décrié. Pour Jaurès, il s'agirait d'une référence explicite au sang des victimes de la Terreur. Pour les historiens de la France moderne, le premier couplet est nourri de textes anciens, parfois du XVIIe siècle appelant à la défense du royaume, et ils voient une parenté avec un texte anonyme qui, en 1636, au moment de l'invasion espagnole, appelait à charger les ennemis de la France « de telle sorte que nos terres soient engraissées de leurs corps après que les bêtes en auront pris leur proye[9]. » Pour d'autres[Qui ?], ce vers est un plagiat d’une chanson anti-anglaise très populaire lors de la guerre de Sept Ans (1756-1763). La haine franco-anglaise atteint à cette occasion des sommets depuis la guerre de Cent Ans, et des deux côtés de la Manche, les textes haineux se multiplient. Cette littérature appelant à la résistance est une mine pour certains auteurs révolutionnaires, Rouget de Lisle inclus. « Aux armes, citoyens ! » figure ainsi dans une Ode aux Français signée Ecouchard en 1762, tandis que l’on retrouve ce vers invoquant un sang impur dans une Adresse à la nation anglaise sous la plume de Claude-Rigobert Lefebvre de Beauvray en 1757.

Certains hommes de gauche condamneront longtemps l'appel à verser le sang contenu dans ce vers :

« Mais ce n'est pas seulement sur la forme que porte la controverse ; c'est sur les idées. Or, je dis que La Marseillaise, la grande Marseillaise de 1792, est toute pleine des idées qu'on dénonce le plus violemment dans L'Internationale. Que signifie, je vous prie, le fameux refrain du "sang impur" ? — "Qu'un sang impur abreuve nos sillons !", l'expression est atroce. C'est l'écho d'une parole bien étourdiment cruelle de Barnave. On sait qu'à propos de quelques aristocrates massacrés par le peuple, il s'écria : "Après tout, le sang qui coule est-il donc si pur ?" Propos abominable, car dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le répandre à flots et les révolutions deviennent des boucheries. Mais de quel droit la Révolution flétrissait-elle de ce mot avilissant et barbare tous les peuples, tous les hommes qui combattaient contre elle ? »

— Jean Jaurès, « Marseillaise et Internationale », La Petite République socialiste, 30 août 1903

Une autre interprétation considère que ces vers seraient une référence aux révolutionnaires qui ont le sang impur contrairement aux aristocrates au sang « noble »[réf. nécessaire], mettant en lumière les « préjugés de milieux sociaux » chez les gentilshommes français au XVIIIe siècle[10].

C'est ainsi que Gavroche, personnage célèbre du roman Les Misérables de victor Hugo, interprète ces vers : "En avant les hommes ! qu’un sang impur inonde les sillons ! Je donne mes jours pour la patrie, je ne reverrai plus ma concubine, n-i-ni, fini, oui, Nini ! mais c’est égal, vive la joie ! Battons-nous, crebleu ! j’en ai assez du despotisme." Les Misérables, Cinquième partie, Livre I - Victor Hugo 1862.

Nombreuses furent les tentatives de réécriture du texte. Ainsi peut-on citer la version d'Alphonse de Lamartine, celle de Victor Hugo, de Mireille Mathieu, de Serge Gainsbourg, de Graeme Allwright et de Yannick Noah avec Aux Arbres, citoyens !.

En octobre 2007, Christine Boutin, présidente du Forum des républicains sociaux, a proposé de changer l'ordre des couplets de La Marseillaise en cas d'élection à la fonction présidentielle, estimant que « des jeunes dans les stades de football, dans les banlieues, pouvaient ressentir ces paroles comme une agression ».[11]

Irrespect dans les enceintes sportives

Le 6 octobre 2001, lors du match de football France – Algérie au stade de France qui a été par la suite interrompu par l'irruption sur le terrain des spectateurs, La Marseillaise avait été sifflée par une partie du public[12] ; ceci avait provoqué une vive réaction à travers le pays. Au printemps 2002, certains supporters corses du Sporting Club de Bastia avaient sifflé à nouveau l'hymne national à l'occasion de la finale de la Coupe de France, provoquant l'ire du président Jacques Chirac, qui avait décidé en conséquence de boycotter la remise du trophée au vainqueur.

Ce type d'événement s'est reproduit lors des matchs amicaux de football lors d'un déplacement en 2005 en Israël. Comptant pour les qualifications pour le Mondial 2006, les spectateurs du stade Ramat-Gan de Tel-Aviv sifflent l'hymne français et conspuent Fabien Barthez tout au long de la partie[13].

Lors des matchs amicaux de football France – Maroc, le 17 novembre 2007[14], et France – Tunisie, le 14 octobre 2008[15], là encore au stade de France. L'ambassade de Tunisie en France, sollicitée par la presse, émet un communiqué dont le dernier point invite à « éviter les amalgames afin de ne pas donner du grain à moudre aux intolérants de tous bords »[16].

Michel Platini, ancien capitaine international français et président de l'UEFA estime que ces sifflets représentent des « manifestations contre un adversaire d'un soir, en l'occurrence l'équipe de France » et « ne sont pas une insulte à la France »[17]. Il rappelle les manifestations de joie au lendemain de la victoire des « Black-Blancs-Beurs » de la coupe du monde de 1998, les drapeaux français tenus à bout de bras et la Marseillaise chantée par tous. Il déplore ce qu'il appelle la récupération politique qui est faite de ces sifflets, inhérents au monde du football et du sport en général.

La Marseillaise a également été sifflée par des supporters italiens lors du match France-Italie le 8 septembre 2007, dans le cadre d'une rencontre de qualification pour l'Euro 2008 disputée à San Siro (Milan)[13].

Notes

  1. « Sur le véritable lieu de la première exécution de la Marseillaise chez le maire Frédéric de Dietrich », Annuaire de la société des Amis du vieux Strasbourg, 2007 ; article de presse de L'Alsace du 27 décembre 2007
  2. Un projet de mémorial est en cours dans l'ancienne salle de jeu de paume d'où est parti ce bataillon.
  3. Ces événements ont été portés à l'écran par Jean Renoir dans le film La Marseillaise
  4. http://hymne-national.ifrance.com/part4a.jpg
  5. Claude Muller, Les mystères du Dauphiné, Éditions de Borée, 2001, 423 pages, pp. 121-127 (ISBN 2844940862).
  6. Muller cite la notice biographique de Louis du Bois par Jullien Travers, dans Louis du Bois Glossaire du patois normand, Caen, 1856, pp. XXV-XL.
  7. Décision n° 2003-467 DC, 13 mars 2003.
  8. Gendarmerie : la musique de la Garde républicaine
  9. Jean Paul Bertaud, La Révolution française, Perrin, 1989 (rééd. coll. Tempus, 2004, pp. 145-146).
  10. Cf. André Devyver, Le Sang épuré. Les préjugés de race chez les gentilshommes français de l'Ancien Régime (1560-1720), Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, 1973. Sont ainsi opposés ceux d'en haut, au « sang clair et épuré », et ceux d'en bas, au « sang vil et abject ».
  11. Articles parus dans la presse dont Le Figaro daté du 15/10/2007 http://www.lefigaro.fr/actualite/2006/06/17/01001-20060617ARTWWW90052-boutin_devoile_ses_premieres_propositions_pour_.php
  12. Il y a 6 ans : la Marseillaise sifflée lors du match France-Algérie
  13. a  et b « “La Marseillaise” sifflée : des précédents existent », Le Monde.
  14. « Face au Maroc, “la Marseillaise” sifflée », Libération, 18 novembre 2007.
  15. Alexis Danjon, « Les Bleus et “la Marseillaise” sifflés au Stade de France », Libération, 15 octobre 2008.
  16. Communiqué de l'ambassade de Tunisie en France au lendemain du match France-Tunisie du 14 octobre 2008
  17. Le football est pris en otage du monde politique, Le Monde, 17 octobre2008

Voir aussi

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Bibliographie indicative

  • Alfred B. Benard, La Marseillaise et Rouget de Lisle, Paris 1907
  • Frédéric Robert, La Marseillaise, Les nouvelles éditions du pavillon, Imprimerie Nationale, 1989
  • Frédéric Dufourg, La Marseillaise, Éditions du Félin, Collection Félin poche, 2003
  • Euloge Boissonnade, Rouget de Lisle : de "La Marseillaise" à l'oubli. Paris : Éd. France-Empire, 1999, 327 p.-[8] p. de pl. Contient les paroles de "La Marseillaise". Bibliogr. p. 321-324. ISBN 2-7048-0889-9
  • Ernest Chapuis, Rouget de Lisle et l'hymne national. Besançon, impr. de P. Jacquin, 1892, 17 p.
  • Chantal Georgel, Une Icône républicaine : Rouget de Lisle chantant La Marseillaise, par Isidore Pils, 1849 : [exposition, Paris, Musée d'Orsay, 14 février-7 mai 1989] / catalogue. Paris : Éd. de la Réunion des musées nationaux, 1989, 64 p. (Les Dossiers du Musée d'Orsay ; 28). ISBN 2-7118-2247-8
  • Marie-Louise Jacotey, Rouget de Lisle et "La Marseillaise" : histoire. Langres : D. Guéniot, 2007, 94 p. La couv. porte en plus : "Histoire d'un chant de guerre devenu hymne national". ISBN 978-2-87825-390-0
  • Arthur Loth, La "Marseillaise" : enquête sur son véritable auteur. Paris : Nouvelles éd. latines, 1992, 158 p. (Histoire). ISBN 2-7233-0458-2
  • Hervé Luxardo, Histoire de la "Marseillaise". Paris : Plon, 1989, 240 p. (Collection Terres de France). ISBN 2-259-02018-6
  • Xavier Cabanes, "L'outrage au drapeau ou à l'hymne national", Revue de la Recherche Juridique-Droit Prospectif, 2003, n° 2, vol. 1, p. 987-999
  • Christian Mas, Cl. J. Rouget de Lisle : une présence politique, entre lettres et musique. Paris ; Budapest ; Torino : l'Harmattan, 2001, 332 p. (Univers musical). Bibliogr. des œuvres écrites de C. J. Rouget de Lisle p. 307-310. Catalogue des œuvres musicales p. 311-314. ISBN 2-7475-1266-5
  • Rouget de Lisle, La Vérité sur la paternité de la ″Marseillaise″. Paris : impr. de Bonaventure et Ducessois, 1865. Suite : ″La Vérité, par M. Alexis Azévédo, sur Rouget de Lisle et la ″Marseillaise″. Extrait de l'″Opinion nationale″, 18 octobre 1864″.
  • Julien Tiersot, Histoire de la Marseillaise : nombreuses gravures documentaires, fac-similés, autographes, œuvres musicales de Rouget de Lisle, 8 planches hors texte. Paris : Delagrave, 1915, VII-152 p.
  • Jean Tulard, Napoléon et Rouget de l'Isle : "Marche consulaire" contre "Marseillaise". Paris : Hermann, 2000, 104 p. (Collection Savoir. Lettres). ISBN 2-7056-6407-6
  • Philippe Vidal, "De Lisle à Marseille". In Les Histoires inconnues de l'Histoire : de la légende à la réalité. Paris : Michel Lafon, 2004, p. 139-[142]. ISBN 2-7499-0120-0
  • Michel Vovelle, "La Marseillaise ; la guerre et la paix", in Nora, Pierre (Dir.), Les lieux de mémoire, Tome 1 : La République. Paris : Gallimard, coll. Quarto, 1997, p. 107-152.
  • Ville de Choisy-le-Roi. Rouget de Lisle, 1760-1960. Exposition du bi-centenaire. Choisy-le-Roi, 1960, IV-15 p., multigraphié.
  • Un Homme, un hymne, la Révolution / par les élèves de l'École primaire Rouget de Lisle de Charleville-Mézières ; publ. par l'École de Rouget de Lisle. Charleville-Mézières : École Rouget de Lisle, 1989, 40 p. ISBN 2-903774-67-6

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