Amish

Amish
Buggy, transport traditionnel amish dans le comté de Lancaster
Amish vs modern transportation.jpg
Abri pour les carrioles à chevaux des Amish dans le parking d’une banque à Arcola, en Illinois

Les Amish sont une communauté anabaptiste présente en Amérique du Nord, vivant de façon simple et à l’écart de la société moderne. La première règle amish est : « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure ».

La majorité des Amish appartiennent à l'Ancien Ordre (Old Order), très rigoureux, qui regroupe 47 000 personnes environ en Pennsylvanie, 55 000 en Ohio, 37 000 en Indiana et 59 000 dans d’autres États aux États-Unis (ainsi qu’en Ontario, au Canada).

Suite à une scission, un Nouvel Ordre (New Order Amish) a été créé, ainsi qu’un groupe de Beachy Amish, plus moderne (utilisant des voitures et l’électricité), qui comptait 7 228 membres en 1991[1].

Le nombre total d’Amish de l’ancien Ordre est de 227 000 en 2008 alors que la communauté ne comptait que 123 000 membres en 1992 la population a donc doublé en seize ans.

Ce phénomène est dû à une forte natalité (huit enfants par famille en moyenne), et à un nombre constamment croissant de nouveaux adeptes de ce mode de vie.

En moyenne la population Amish double tous les vingt ans ; de 1900 à 2008 la population Amish est passée de 5 000 à 227 000 (+ 4440 %)[2]. En Ontario, la seule communauté Amish en dehors des États-Unis d’Amérique s'accroît elle aussi très rapidement. Elle comptait 4 500 personnes en 2009, ce qui correspond à une augmentation de 96 % depuis 1992 (2 300 personnes).

De plus, durant la période (1992-2008) les Amish se sont établis dans sept nouveaux États : Arkansas, Colorado, Maine, Mississippi, Nebraska, Washington et Virginie-Occidentale[2].

Sommaire

Histoire

L'origine des Amish peut remonter à deux dates :

  • Soit en 1660, avec la signature, dans le petit village alsacien d'Ohnenheim, par Jean-Paul Oser, de la Convention de foi commune toujours en vigueur actuellement dans les communautés américaines ;
  • Soit - comme c'est plus fréquent - à 1693, à Sainte-Marie-aux-Mines, lorsqu'un évêque, Jakob Amman (1645-1730), quitte, pour des raisons de divergences théologiques, la branche suisse des Mennonites, après avoir tenté de mobiliser les Frères d'Alsace pour une vie plus simple. En 1712, Louis XIV tente de déplacer les Frères. La trace de Jakob Amman se perd, mais on retrouve les Frères aux États-Unis d'Amérique.

À partir de 1681, William Penn, fondateur de la Société des Amis de Dieu, plus connue sous le nom de Quakers, accueille tous les réprouvés, à la seule condition qu'ils tolèrent les autres. Les Amish s'installent donc à partir de ce moment aux États-Unis (Pennsylvanie). Cette organisation rejette les principes de conformisme à la société de consommation, et adopte en fonction un train de vie marginal.

Organisation

Femmes amish dans le comté de Lancaster

Chaque communauté Amish est indépendante et a sa propre tradition. Les communautés communiquent entre elles, mais il n'existe aucune organisation régionale ou nationale. Les communautés sont dirigées par un évêque, un prêcheur, et deux niveaux de diacres. Les femmes qui restent silencieuses pendant les cultes (sauf pour chanter) participent comme les hommes à l'élection des dirigeants de la communauté : chaque membre baptisé donne le nom d'un homme qu'il pense être désigné par Dieu. Les futurs dirigeants sont élus comme suit : lors d'un culte spécial, les hommes qui ont été proposés par l'ensemble de la communauté se présentent devant celle-ci et choisissent chacun une Bible préparée à cet effet. Un morceau de papier avec un verset biblique avait été glissé dans une d'entre elles et l'homme qui l'a choisi est ainsi « élu ». Par cette méthode, les Amish considèrent que c'est le Saint-Esprit lui-même qui a dirigé la main de l'élu.

La vie des Amish est basée sur la lecture et l'application pratique des enseignements du Nouveau Testament. Par exemple, les femmes portent des robes parce que la Bible condamne l'utilisation de vêtements d'hommes par les femmes et vice versa. Les femmes couvrent leur tête en application d'une exhortation de l'apôtre Paul dans le Nouveau Testament, etc.

Entre les différentes communautés, les pratiques diffèrent, mais en général les Amish se vêtent de couleurs foncées. Les hommes se font pousser la barbe dès le mariage. Les femmes portent une coiffe proche de la quichenotte du pays Vendéen. L'idéal de tous consiste à être modeste.

Les Amish n'ont pas de sécurité sociale ni de cotisation de retraite : l'entraide et la solidarité suppléent à tout cela. Les familles ont souvent de huit à dix enfants. Il arrive que le père transmette la ferme à l'aîné dès le mariage. Le père se transforme alors facilement en sculpteur et fabrique de petits objets artisanaux en bois ; ou il devient tisserand. En règle générale, les Amish ne votent pas et ne paient pas d'assurance sociale. Ils ne participent pas non plus au service militaire.

Les Amish du Vieil Ordre, une Église mennonite, ont certaines particularités qui peuvent frapper le visiteur ou l'étranger :

  • ils ont, encore aujourd'hui, seulement des voitures à cheval, le buggy
  • les labours se font à l'attelage, sans tracteur (certaines communautés possèdent des tracteurs sans pneus, avec des roues en fer).

Ils ouvrent néanmoins des magasins en ville où l'on peut se procurer de l'artisanat amish, principalement des couvertures quiltées (patchwork), et d'autres objets d'artisanat. Ils peuvent aussi s'occuper de magasins maraîchers. Ces magasins, par exception, sont parfois branchés sur des groupes électriques si leur propriétaire n’est pas Amish.

Éducation

Enfants amish allant à l'école

L'école primaire est assez proche pour que les enfants puissent y aller à pied. La formation vise surtout l’anglais, les mathématiques ainsi que la santé, la géographie et l’histoire. L’école, lorsqu'elle est privée, est administrée par une commission scolaire de parents amish élus. Dans les écoles privées amish, les enseignants viennent de la communauté amish elle-même. À l'âge de douze ans, les jeunes quittent l'école, mais continuent généralement à se cultiver.

De 16 à 21 ans, dans les communautés conservatrices (telles que les Schwartzentruber et les Nebraska) vient le rumspringa, sorte de rite de passage durant lequel les adolescents sont temporairement libérés des règles de la communauté. Ils peuvent ainsi s'essayer aux pratiques de la vie moderne, boire de l'alcool, fumer, porter des vêtements modernes, regarder la télévision… Ils peuvent éventuellement quitter la communauté durant cette période. Cette pratique est controversée au sein même des Églises amish. Beaucoup l'ont abandonnée et tentent de promouvoir un comportement décent (et conforme à la morale biblique) à tous les âges de la vie.

À la fin de cette période, ils peuvent demander le baptême et vivre selon les traditions de la communauté. Une infime minorité d'adolescents quitte la communauté définitivement et se décide pour la vie moderne. S'ils font le choix de quitter la communauté après avoir été baptisés, ils sont bannis et ne peuvent plus revenir voir leur famille.

Au sein de la famille amish les parents et les grands-parents, voire les arrière-grands-parents considèrent que leurs paroles contribuent nettement moins que leurs actes à l'éducation des enfants. Pour les Amish, la parole est dangereuse car elle peut être porteuse de violence, d'attaque, d'injure, d'impureté ou de méchanceté. Les Amish ont comme principe éducatif que les enfants ne suivent pas les conseils mais l'exemple des adultes.

Santé

La vie quotidienne des Amish exige d'importants efforts physiques. Les hommes font en moyenne 18 500 pas par jour et les femmes un peu plus de 14 000, beaucoup plus que les 10 000 pas par jour recommandés pour être en bonne santé (les Amish, notamment les enfants, marchent aussi très souvent pieds nus). Leur activité physique serait six fois plus importante que celle d'un adulte moyen en Amérique du Nord.

Leur alimentation est très riche en matières grasses et en sucres puisqu’ils consomment beaucoup de viande, de pommes de terre, de pain, de gâteaux et d’œufs. Malgré cela, ils sont moins victimes d'obésité que la majorité des Américains et des Canadiens. D’après des chercheurs de l’Université du Tennessee, aucun des fermiers amish n'est obèse et seulement 9 % des femmes de la communauté le sont. Leur dur labeur et la marche font évacuer les quelques calories de trop, ont conclu les chercheurs.

Les Amish privilégient les médecines traditionnelles, comme la naturopathie ou la réflexologie. Si nécessaire, ils font appel à la médecine moderne, fréquentent les hôpitaux américains et acceptent les transplantations d'organes. Ils acceptent souvent, même si c'est avec réticence, les vaccinations --- en fait cette acceptation peut varier de communauté à communauté.

Langue

La plupart des familles Amish parlent à la maison un dialecte allemand connu sous le nom d'allemand pennsylvanien (« Pennsylvania Dutch » ou « Pennsylvania German »). Le terme de Dutch vient du mot allemand « Deutsch », qui, dans un sens archaïque, renvoie à toutes les personnes parlant l'un des nombreux dialectes germano-danois - et non aux habitants des Pays-Bas (en anglais Dutch signifie « Néerlandais »). Ce dialecte est assez proche du suisse allemand et de l'alsacien.

En Suisse, les mennonites réfugiés dans le Jura bernois parlent encore le dialecte Suisse-alémanique à la maison, et suivent les écoles de la région en français, y compris ceux qui, au cours des siècles, se sont convertis au protestantisme « officiel ».

Plusieurs courants

Fermier amish fertilisant son champ
  • Les Amish du Vieil Ordre parlent un dialecte haut-allemand : le Pennsylvania Dutch. Par tradition strictement agriculteurs, beaucoup aujourd’hui, surtout dans les grandes communautés où il est plus difficile de trouver de la terre, travaillent dans des usines ou sont entrepreneurs.
  • En 1864, en Indiana, un schisme se produit sous la direction de l'Ancien Henry Egli : on se met à parler anglais et à envoyer ses enfants à l'École du dimanche, au lieu de donner l'instruction religieuse à la maison, en famille. On proscrit les bijoux, le tabac et l'alcool. L'anglais provoque des rapprochements avec d'autres Mennonites.
  • La Conférence des Amishs mennonites conservateurs (schisme libéral) se rapproche du monde. Ce groupe a laissé tomber le mot « Amish » pendant le XXe siècle, et se considère aujourd’hui Mennonite.
  • En 1923, les Beachy Amish (schisme venu sous la direction de Moïse M. Beachy) reçoivent aussi bien des Conservative Amish que des gens attirés par un rapprochement avec le monde moderne, avec l'usage de l'électricité, des automobiles, des édifices du culte.

Les Amish vinrent faire une mission, entre 1980 et 1985, en Allemagne, ainsi qu'en Belgique et en Alsace : ce fut un échec. Les Amish préconisaient aux sympathisants non encore baptisés de ne pas avoir de télévision chez eux, et les Alsaciennes supportaient mal le port de la coiffe blanche. Vingt-cinq personnes seulement étaient intéressées par le genre de vie de l'Old Order, alors que les Beachy Amish proposaient une certaine modernité. Bilan : trois baptisés.

À l'exception de cette mission, organisée pour le tricentenaire des Amish et des missions Beachy Amish en Amérique latine, les Amish ne font aucun prosélytisme.

En France

Au milieu du XVIIe siècle après la guerre de Trente Ans, Ribeaupierre, un noble de confession protestante, tente de trouver des agriculteurs pour ses terres ravagées par la guerre. Une soixantaine de familles d'anabaptistes mennonites, qui viennent d'être expulsées du canton de Berne, y trouvent refuge. Ils se réfugient autour de la communauté de Sainte-Marie-aux-Mines, en Alsace, dans les montagnes vosgiennes. Ils bénéficient d'une exemption militaire en échange de la promesse de ne pas faire de prosélytisme.

La grande majorité de ces anabaptistes arrivés en France ont choisi de suivre l'évêque Jakob Amman, en 1693, lorsque celui-ci fonde une communauté dissidente se voulant plus rigoureuse et plus fidèle aux principes fondateurs : les « Amish ». En 1712, Louis XIV tente de déplacer ces immigrants amish de langue suisse allemande. La majorité d'entre eux se réfugient dans la principauté de Montbéliard, qui était alors une enclave protestante indépendante, tandis que d'autres choisissent de rester autour de Sainte-Marie-aux-Mines, malgré l'ordre d'expulsion. Lors de l'avènement de Louis XV, certains réfugiés en profitent pour revenir en Alsace. Montbéliard passe sous le contrôle français lors de la Révolution française, et en 1792, les Amish bénéficient à nouveau d'une exemption de service militaire. Ils perdent ce privilège au début du XIXe siècle, sous l'autorité de Napoléon Bonaparte. Les Amish de France se rendent compte de leurs difficultés à concilier leur mode de vie avec celui de leurs compatriotes, et quittent massivement le pays pour s'installer aux États-Unis d'Amérique et au Canada. Ceux qui choisissent de rester en France doivent accepter la conscription.

En 1850, il y avait en France 5 000 Amish ; en 1900, il n'en restait que 3 000. Qui plus est, au cours du XIXe siècle, 14 communautés avaient disparu, et les familles s'étaient éloignées les unes des autres ; certaines communautés ne pratiquaient le culte qu'une fois par mois. En 1907, les Amish de France, en désarroi, laissent tomber le mot « amish » et le remplacent par « mennonite », pour marquer leur réunification avec les Mennonites. Certaines traditions amish, comme le lavement des pieds, perdurèrent encore quelques années, malgré la réunification. Aujourd'hui, quelques églises mennonites en France doivent leurs origines aux anciens amish.

Notes et références

Voir aussi

En 1985, le réalisateur Peter Weir a réalisé Witness, un film policier se passant dans la communauté amish. Harrison Ford y jouant un policier américain et Kelly McGillis une jeune mère veuve amish.

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Bibliographie

  • Steven Nolt, Histoire des amish, Excelsis, Charols, 2010. Commander en ligne
  • Donald B. Kraybill, Les amish : une énigme pour le monde moderne, Excelsis, Charols, 2004. Commander en ligne
  • Jacques Légeret, L'énigme Amish : vivre au XXIe siècle comme au XVIIe siècle, Labor et Fides, Genève, 2000.
  • Marie-Thérèse Lassabe-Bernard, Les Amish : étude historique et sociologique, Honoré Champion, Paris, 2000.
  • Steven M. Nolt, A History of the Amish, Good Books, Intercourse (Pennsylvanie), 1992.
  • John A. Hostetler, Amish Society, The Johns Hopkins University Press, Baltimore & London, 1993.
  • Neal Blough, The Anabaptist Vision and its Impact among French Mennonites. [lire en ligne].
  • Fabienne Randaxhe, « Temporalités en regard. Le Vieil Ordre amish entre slow et fast time », Annales, 2002, no 2, p. 251-274. [lire en ligne].
  • Frits Plancke et Michaël S. Szulczewski, Les Amish, Sarreguemines, Association d'étude et d'information sur les mouvements religieux, 1987

Articles connexes

Liens externes


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