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Jean de Sismondi
Jean Charles Léonard Simonde de Sismondi, historien, publiciste et économiste, né à Genève le 9 mai 1773, mort à Genève le 25 juin 1842.
Sommaire
Biographie
D’abord influencé par Adam Smith, il embrasse la cause libérale et fréquente les salons de Madame de Staël au sein du Groupe de Coppet. En 1801, il publie une « statistique du département du Léman » qui expose une situation préoccupante de l'économie genevoise. Attaché aux libertés, il critique vertement le projet de Constitution de la République de Genève, soumis à la population en 1816, publie une brochure et fait signer « la pétition des 16 ». Sous des pressions bourgeoises, il cesse ses critiques.
Son adhésion au libéralisme économique de Ricardo et Smith prend fin en 1819 avec la publication des Nouveaux principes d'économie politique. Pour la première fois, un économiste évoque une nécessaire redistribution des richesses. Selon lui, loin d'assurer le bien-être de tous, le libéralisme économique accroît la misère des travailleurs. Obstacles :
- La concurrence qui exerce une pression à la baisse sur les coûts de production et donc sur les salaires.
- Le rythme élevé du progrès technique ce qui fait que les anciens résistent en bradant les prix et donc les salaires.
Il y a une contradiction: la mécanisation entraîne du chômage et permet une production de masse que les travailleurs ne peuvent acheter, ce qui entraîne une surproduction.
Face à cette situation, Sismondi formula un programme d’intervention de l'État, ayant pour but la protection de la classe ouvrière, de lutter contre les excès de la concurrence et de régulariser le progrès afin d'éviter le chômage :
- Garantie professionnelle où le patron se charge de l'ouvrier malade ou au chômage.
- Propose la fin de la dissociation travail/propriété, soit le retour à l'artisanat et à la petite exploitation agricole.
Ses positions furent en partie critiquées par Karl Marx, qui le considéra comme le chef du « socialisme petit-bourgeois », et Lénine, de « socialiste romantique ».
Sismondi, d'origine bourgeoise, a toujours eu grand respect des institutions qu'il n'a pourtant jamais hésité à critiquer sévèrement. Notamment, il a adhéré à la politique du Progrès graduel du Premier Syndic Jean-Jacques Rigaud, mise en place dès le milieu des années 1820. Convaincu que la Constitution de 1816 devait évoluer, il tint une position délicate, demandant des Réformes, mais s'opposant à toute révolution violente. Lorsqu'en 1841 une Constituante est obtenue par pression de la foule, Sismondi s'y oppose. Néanmoins, il décida de s'y porter candidat, a été élu, et a milité, en son sein, pour des réformes minimums, provoquant l'incompréhension des radicaux, emmenés par James Fazy. Malade, fatigué, il tient un dernier discours mémorable, avant d'être raccompagné chez lui. Il mourut quelques jours plus tard, avant la fin des travaux constituants.
Il a également donné son nom à un collège genevois, le Collège Sismondi.
Bien que se déclarant disciple d'Adam Smith, il s'opposait à la loi de Say (plutôt que de nier la possibilité de la surproduction, il l'explique par trois facteurs: la sous-consommation, la concurrence, et l'incertitude de la prévision de débouchés), et prônait l'intervention de l'Etat. Il n'est ainsi pas considéré comme « classique », mais généralement qualifié de socialiste utopique, de précurseur de Schumpeter pour ses travaux sur le progrès technique, et, suivant les auteurs, de social-démocrate.
Idées
La pauvreté
Pour Sismondi, la pauvreté ne provient pas de la démographie ou de l'assistance, en effet pour lui la pauvreté provient de l'inégale répartition du pouvoir de négociation entre ouvriers et patrons. L'ouvrier pour pouvoir être productif a besoin d'une machine et n'a pas les moyens de s'en acheter une, on peut alors parler de travail salarié. Pour survivre l'ouvrier a besoin du travail alors que le patron a une marge de manoeuvre plus grande car il peut attendre et ne cherche qu'à augmenter ses profits et non à survivre. C'est pourquoi l'ouvrier ne pourra pas être payé à sa juste valeur, il produira plus que la valeur de son salaire.
Le machinisme
D'après la thèse de Sismondi, l'introduction de nouvelles machines ne profite qu'au patronat. En effet, les profits grossissent alors que les salaires restent les mêmes. Il considère que cette augmentation des capacités de production va mener à des faillites car la consommation ne peut pas suivre le surplus de production puisque les ouvriers ne sont pas payés à leur juste valeur. La concurrence incite les entreprises à investir sans cesse ce qui cause des faillites en chaîne.
Le garantisme social
Sismondi considère que l'inégal partage des richesses est doublement néfaste car c'est injuste et cela provoque des crises de surproduction. Il pense alors à y remédier en réduisant le temps de travail, en interdisant le travail des enfants, alors les salaires pourront augmenter. Il aimerait aussi que l'entreprise prenne en charge les périodes de maladie et de vieillesse.
Sismondi historien
- Sismondi est aussi connu pour ses travaux sur l'Histoire de l'Italie :
- le Tableau de l'agriculture toscane (Genève, Paschoud, 1801) [1]
- Il donna le nom de « Suisse pesciatine » à une région montagneuse de Pescia où il fut exilé et qui lui rappelait le pays natal.
Principaux ouvrages
- Tableau de l'agriculture toscane (1801)
- De la richesse commerciale (1803)
- Histoire des républiques italiennes du moyen age (1807-1818)
- De l'intéret de la France à l'égard de la traite des nègres (1814)
- Examen de la Constitution française (1815)
- Economie politique (1815)
- Nouveaux principes d'économie politique, ou de la Richesse dans ses rapports avec la population (1819)
- Histoire des français (1821-1844)
- Les colonies des anciens comparées à celles des modernes (1837)
- Etudes de sciences sociale (1837)
- Etudes sur l'économie politique (1837)
- Précis de l'histoire des Français (1839)
- Fragments de son journal et correspondance (1857)
Bibliographie
- Paul Chanson, Sismonde (sic) de Sismondi (1773-1842),précurseur de l'économie sociale ,Institut d'études coopératives et sociales,Paris,1944
- Sous la direction de R. Tomassucci, Sismondi e l'agricoltura della Valdinievole nell'800. Catalogue de l'exposition, Pescia, 1982.
- M. Stanghellini Bernardini, Sismondi livellario del conservatorio di San Michele di Pescia, Sismondi esule a Pescia,
- Dupuigrenet-Desroussilles, Sismondi et le goût du bonheur (esquisse de psycho-analyse), Economies et sociétés, X, 1976,
- Michel Porret,"La fustigation remplit les conditions essentielles de la pénalité" : Sismondi contre l'utopie carcérale ", In: Sismondi e la civiltà toscana : atti del Convegno internazionale di studi, Pescia, 13-15 aprile 2000, pp. 365-393, [Firenze] : L.S. Olschki, 2001.
Voir aussi
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