Feu de forêt

Feu de forêt
Feu de forêt dans le Montana

Un feu de forêt (FdF en jargon pompier) est un incendie qui se propage sur une étendue boisée. Il peut être d'origine naturelle (dû à la foudre ou à une éruption volcanique) ou humaine (intentionnel et criminel ou involontaire et accidentel à partir de feux agricoles ou allumés pour « l'entretien » de layons ou des zones ouvertes pour la chasse).

Par souci écologique, quand le milieu, le contexte et la législation le permettent, on peut localement utiliser des « feux contrôlés » ;

  1. pour brûler une zone à haut risque d'incendie avant qu'elle ne soit trop sèche,
  2. pour entretenir certains habitats nécessaires à certaines espèces qui nécessitent des feux (quelques insectes et champignons vivent sur les bois brûlés)
  3. pour restaurer la diversité écopaysagère de certains milieux devenus très homogènes afin d'y restaurer un habitat pour les espèces pionnières.

La plupart des feux sont volontaires (déboisement à fin de mise en culture), criminels ou ont pour origine une imprudence (barbecue, mégot de cigarette, feu d'écobuage).

Les feux de forêts sont à l'origine d'une pollution de l'air, de l'eau et des sols.

Sommaire

Législation

Les incendies de forêts ont toujours existé. Plusieurs études, dont une menée par l’historien Henri Amouric, le prouvent. Les archives montrent que le risque est ensuite cyclique, des décennies relativement calmes succédant à d’autres plus agitées. Les grands incendies du Var (massif des Maures,…) en sont des exemples.

Dans certaines forêts à risque, les feux peuvent être interdits toute ou une partie de l'année, de même que les feux d'artifice dans le boisement et à ses abords.
Dans les forêts de guerre et autres zones contenant des munitions non explosées, les feux sont généralement interdits toute l'année (ex forêt de Verdun en France)
De nombreux pays ont une législation interdisant ou réglementant le brûlage des déchets à l'air libre (y compris agricoles et forestiers dans certains cas), autant parce que certains de ces brûlages ont été à l'origine de pollutions graves et persistantes (Dioxines, PCB, furanes, métaux lourds, etc.), que pour protéger les milieux.
Dans certains milieux naturels protégés et gérés pour la biodiversité, un règlement peut imposer le brûlage des végétaux coupés sur tôle avant exportation hors du site (pour que les cendres n'enrichissent pas le sol en y favorisant une eutrophisation ou dystrophisation défavorable à la diversité écologique.

Historique

En France, le premier texte interdisant à toute personne d’allumer du feu en forêt remonte à 1669. C’est en 1769 qu’une ordonnance enjoignait aux propriétaires de forêts d’enlever les bois et broussailles sur une largeur de 18 mètres de part et d’autre des grandes routes. Comme le soulignaient André et Nicole Cabau, en 1988 dans leur livre Tourtour, Chronique d’un village du Haut Var, « heureux temps où les coupe-feux étaient légalement obligatoires… ».

Dégâts physiques

Les feux n'affectent pas que les pays chauds, ils sont fréquents en été dans les zones circumpolaires (ici : sisjon gothenburg, en Suède)
Effet de l'incendie. Phase de vide, puis reprise de la strate herbassée, des buissons puis retour de la strate arborée, avec leur flore, faune et fonge spécifiques

Moyennes annuelles

On estime que la surface brûlée chaque année est environ (NB : 1 km² = 100 ha) :

  • Israël : 35 km², soit 0,17% du territoire
  • États-Unis : 17 400 km², soit 0,18% du territoire
  • France : 300 km², soit 0,05 % du territoire et 0,16 % de la forêt
  • Grèce : 271 km², soit 0,20% du territoire total.
  • Espagne : 1 570 km², soit 0,31% du territoire
  • Portugal : 426 km², soit 0,46% du territoire (étude menée sur la période 1956-1996 par la FAO)
  • Italie : 940 km², soit 0,31% du territoire, avec 8 300 feux par an en moyenne (étude menée sur la période 19621996 par la FAO)
  • Maroc : 30 km², d'après les statistiques du service des incendies de forêts
Surface forestière détruite annuellement au Canada par provinces et territoires ; les statistiques montrent de grandes variations régionales dans le risque d'incendie
  • Canada : la zone forestière au Canada est importante dans toutes les provinces sauf le sud des provinces des Prairies canadiennes ainsi qu'à l'Île-du-Prince-Édouard (IPE), purement agricoles. Les forêts au sud du 55e parallèle sont en général commercialisables et le service de lutte aux incendies y est développé. Plus au nord, les feux de forêt ne sont pas contrôlés à moins de menace pour les localités. Ainsi le nombre et la superficie touchés par les feux de forêts semblent énormes au Yukon (YK) et aux Territoires du Nord-Ouest (TNO) mais ce n'est que de la forêt de taïga ou de toundra en général non exploitée. Les surfaces incendiées montrées sur le graphique sont absolues et non proportionnelles à la superficie de chaque province.
  • Québec (QC dans le graphique) : en moyenne plus de 800 incendies selon la SOPFEU. La moyenne variant grandement entre les années sèches et celles humides.
  • Autres provinces et territoires sur la carte et non mentionnés ci-dessus :

Feux exceptionnels

Les feux sont de plus en plus fréquents et importants en Australie et dans le monde, en dépit de moyens de lutte de plus en plus importants
  • 1993 :
    • Italie : 2 300 km², soit 0,76% du territoire
  • 1997 :
    • Indonésie : de septembre à novembre, de grands incendies ravagent pendant deux mois les forêts indonésiennes, rejetant suffisamment de fumée dans l'atmosphère pour recouvrir toutes les régions d'un brouillard qui a atteint le sud de la Thaïlande et les Philippines au nord, la Malaisie et Singapour étant particulièrement touchés. Une superficie équivalente à celle du Costa Rica (51 100 km²) a été entièrement rasée. « Les experts s’accordent à reconnaître que les grands incendies de forêt de 1997/1998 en Indonésie ont été une catastrophe écologique mondiale[1]. »
  • 2003 :
    • Portugal : 4 249 km², soit 4,6 % du territoire ; 20 morts ;
    • France : 74 000 ha ; 10 morts ;
  • 2010 :
    • Russie : entre juillet et début août, 1 935 km²[2] ; plus de 30 morts

Dégâts écologiques

Les rayons UV émis par le soleil (ici voilé par la fumée d'un feu de forêt au Portugal) interagissent avec les gaz de combustion pour former une pollution photochimique

Les incendies sont normaux en forêt et ils tuent de nombreux animaux non-volants ou incapables de fuir, mais s'ils sont anormalement fréquents ou violents, ils affectent la capacité de résilience écologique de l'écosystème. Ainsi en Asie du Sud-Est, en Afrique et localement en Amérique du Sud, de nombreux feux volontaires contribuent à la déforestation et parfois à la désertification et/ou à des phénomènes grave d'érosion (à Madagascar par exemple).

Ils semblent de plus être d'important facteurs de pollution[3], méconnues, variant fortement selon le type de forêt, d'incendie et l'humidité des végétaux ;

Pollution de l'air : Les satellites montrent les panaches d'aérosols denses qui causent une pollution ponctuelle ou chronique jusqu'à plusieurs centaines de km de leur origine. Les analyses détectent dans les fumées des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des composés organiques volatils (COV), des goudrons et des suies cancérigènes, d'autant plus que le bois était humide. On a suspecté[4] qu'à proximité des mers (ou après les largages d’eau de mer par des avions bombardiers d'eau), le chlore issus du sel contribuait à produire des organochlorés toxiques tels que dioxines et furanes. L'INERIS a analysé en 2003 les fumées de quelques feux correspondant à une surface débroussaillée de 4 m², dans une chambre de combustion de 80 m³ surmontée d’une hotte d’extraction des fumées : les émission de dioxines et furanes étaient en moyenne de 10,5 ng I.TEQ/kg de biomasse brûlée (de 1,0 à 25,9). Dans cette expérience, ce n'est pas la combustion des végétaux collectés près de la mer, mais celle de ceux qui étaient les plus humides qui a produit le plus de polluants (CO, NOx et COVT) et d'organochlorés. Par contre les végétaux très secs s'ils émettaient bien moins de CO et COVT en brûlant, produisaient beaucoup plus de NOx. Mais il ne s'agissait pas d'arbres vivants, et les températures n'ont pas atteint celles des grands incendies[5].

Métaux lourds et radioactivité : La combustion d'arbres ayant bioaccumulé des métaux lourds ou des radionucléides (par exemple après les essais nucléaires dans l'atmosphère ou après le passage du nuage radioactif émis lors de la catastrophe de Tchernobyl, suite aux essais nucléaires dans l'atmosphère ou ayant poussé sur des sols naturellement radioactifs est source de pollutions métalliques. Le plomb (répandu en forêt suite à son usage dans les munitions de chasse et de guerre), ainsi que le mercure sont particulièrement volatiles à des températures très inférieures à celles atteintes par les feux de forêts.

Pollution photochimique : Les gaz émis interagissent avec les rayons solaires ultraviolets pour produire une pollution dite photochimique.

Gaz à effet de serre : Les incendies de forêt rejettent de grandes quantité de (gaz carbonique), puissant gaz à effet de serre. De plus, l'incendie favorise le lessivage de la matière organique des sols qui étaient une partie du puits de carbone forestier. Cependant, si la combustion a été lente (en zone humide et pluvieuse), les charbons de bois, incorporés au sol contribueront provisoirement à adsorber et stabiliser certains toxiques, le temps qu'ils soient dégradés par les microbes et champignons du sol, ce qui favorise la restauration du substrat. Ce charbon de bois pourraient ainsi avoir joué un rôle dans certains sols tropicaux pauvres où l'apparition d'un sol anormalement riche et productif, la terra preta leur semble pour partie liée.

Des incendies trop fréquents peuvent sélectionner certaines espèces résistantes au feu et permettre une moindre restauration des sols.

En 2007, ces polluants — hormis parfois le CO2 en tant que gaz à effet de serre — ne sont toujours pas comptabilisés dans les cadastres et inventaires nationaux. Pourtant, rien qu'en métropole française, de 1980 à 2000, ce sont 5218 feux de forêt par an et 30738 hectares brûlés par an[6] qui ont été sources d'une pollution de l'air non mesurée ni évaluée.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime qu’environ 350 millions d’hectares de terres boisées, de friches et de cultures sont ravagés par les flammes chaque année. Ces incendies provoquent plusieurs conséquences, dont le réchauffement climatique, des pertes en vies humaines, la pollution de l'air, la désertification et la perte de biodiversité[7].

Mécanisme

Lorsque les réserves d'eau du sol sont entre 100 et 30 %, l'évaporation de l'eau des plantes est compensée par l'eau puisée dans la réserve du sol et un peu par le phénomène de rosée. En dessous de ce seuil, la plante ne peut plus s'hydrater et ce sont les essences de la plante qui s'évaporent. En cas de sécheresse prolongée, on a donc d'une part une atmosphère contenant des essences inflammables, et d'autre part des plantes très sèches donc très inflammables.

Les plantes poussant sur des sols siliceux (comme le maquis) sont à ce titre moins exposées que les plantes poussant sur sol calcaire (comme la garrigue).

Propagation caractéristique d'un feu de forêt en forme d'ellipse

Une fois déclaré, le feu peut progresser

  • par le bas, en « rampant » (propagation par les broussailles, les débris organiques sur le sol) ;
  • par les cimes ;
  • par éléments enflammés emportés par le vent ; il peut ainsi « sauter » une zone incombustible comme une route, voire une autoroute.

Sur un terrain plat et avec une végétation homogène, il se propage en forme d'ellipse, dans l'axe du vent. Dans le Sud-Est de la France, on estime qu'il progresse à environ 3 à 8 % de la vitesse du vent selon les terrains (pente, densité et nature de la végétation).

Bien que l'on soit en plein air, il peut se produire dans certains cas un embrasement généralisé éclair (EGE, ou flashover), dû à l'accumulation d'une poche de gaz de pyrolyse ; on peut ainsi voir plus de 50 000 m² s'embraser instantanément (détails dans l'article sur l'EGE). La variation des températures autour du brasier peut également mener au développement de tourbillons de feu.

Causes

  • Causes inconnues 30%,
  • Causes naturelles : la foudre. Ceci représente en zone méditerranéenne environ 2% des initiations de feux. Par contre, cette proportion est beaucoup plus élevée dans d'autres pays où la forêt recouvre un grand territoire. Par exemple, elle atteint 30% au Québec[8] et y brûle les plus grandes surfaces.
  • Causes humaines involontaires : il peut à la fois s’agir d’imprudences ou bien d’accidents du type circulation en forêt ou en périphérie, lignes électriques, dépôts d’ordures, brûlage de rémanents,…43%,
  • Causes humaines volontaires : il peut s’agir de pyromanie, de vengeance ou de stratégie politique ou administrative 25%

Gestion des feux de forêt

Les feux de forêt présentent plusieurs difficultés :

  • l'approche du foyer est difficile en raison du terrain accidenté et de la végétation ;
  • les foyers sont très étendus, voire multiples dans le cas d'incendies criminels ;
  • le feu progresse très vite et peut encercler les secours.

Le risque d'apparition de feux de forêts est particulièrement important lors des sécheresses.

Prévention

Affiche américaine de prévention des feux de forêt destinée à notamment sensibiliser les scouts

Depuis plusieurs décennies, les mesures courantes de prévention sont :

  • L'interdiction de faire des feux, assortie de mesures de sensibilisation, d'information et de répression (surveillance policière) ; la plupart des départs de feux étant d'origine humaine ;
  • La mise en place de vigie en période critique, avec prépositionnement de moyens (tours de surveillance, réservoirs d'eau gonflables, guet aérien armé d'avions bombardiers d'eau…) ; la surveillance peut aussi s'effectuer avec des sortes de ballons dirigeables (projet Hellion), et certaines entreprises proposent maintenant des drones capables d'observer dans l'infra-rouge ;
  • Des années 1970 aux années 2000, les autorités ont souvent encouragé ou rendu obligatoire un entretien dirigé des massifs boisés avec obligation de débroussaillage et création d'allées pare-feux (ou « coupe-feux »), qui, à défaut d'empêcher la progression du feu, permettent la progression des engins et assurent des zones de repli ;
    hors de la saison sèche (essentiellement en hiver en Europe), on pratique localement des brûlages dirigés comme alternative aux coupes : ce sont des feux maîtrisés destinés à faire des « coupures » moins inflammables dans la forêt ;
  • La cartographie des risques, permise notamment par les données satellitaires (spectrographie, Lidar, radar...)[9]
  • L'établissement de plans d'intervention et d'engagement de moyens. Leur ampleur et les difficultés de mise en œuvre varient fortement selon les contextes. En France, la forêt des Landes de Gascogne (10 000 km²) n'exige pas les mêmes moyens que le massif des Maures (335 km²) ; ce dernier, bien que plus petit, est en effet plus exposé et sujet à des ravages bien plus importants. De plus, dans la première forêt, les exigences d'entretien correspondent aux intérêts économiques (exploitation d'une forêt artificielle de pins des Landes). Dans le second cas, l'entretien se heurte à des intérêts plus conflictuels : lobby des chasseurs qui s'oppose au débroussaillage (les sous-bois abritant des sangliers)[réf. nécessaire], les maires qui autorisent les construction d'habitations isolées pour attirer des capitaux, l'abandon du chêne-liège au profit du pin, plus rentable mais réputé plus facilement inflammable… En zone sub-sahélienne, le moment où il faudrait entretenir les par-feux est celui où les agriculteurs et villageois sont le plus occupés aux champs.
  • La prévision météorologique : Les organismes de surveillance météorologique (par exemple Météo France) jouent un rôle capital en signalant les moments où les risques sont maximaux (temps sec et venteux). En 1976, le Canada a développé un modèle empirique de calcul de risque ; la France s'en est inspiré pour le calcul de l'IFM (Indice forêt météo) qui quantifie le risque. Différents modèles informatiques existent pour l'aide à la gestion du risque d'incendie.
  • La modélisation et anticipation des incendies, y compris sur de vastes territoires comme en Amazonie[10] ou en cherchant à introduire un peu d'Intelligence artificielle dans les modèles[11].
  • Analyser : température, taux d'humidité de l'air, vent, état des sols et de la végétation : ces données sont collectées et centralisées à Bordeaux pour le sud-ouest, et à Valabre pour le sud-est.
  • Surveiller : sur les zones à risque, hommes et camions sont postés à titre préventif pour réduire les détails d'intervention. Les avions bombardiers d'eau opèrent aussi une veille, les soutes pleines d'eau.
  • Aménager et débroussailler : dans les forêts, on crée des percées pour ralentir le feu. En France, débroussailler est obligatoire sur cinquante mètres autour des maisons particulières et autres édifices.
  • Informer : 23 % des mises à feu dont l'origine est connue résultent d'imprudences. D'où l'importance des messages de prévention.

Approches préventives nouvelles
Depuis la fin du XXème siècle, malgré les mesures de lutte et de surveillance, les feux de forêt touchant de vastes surfaces (plus de 1 000 hectares) ont augmenté, non seulement en fréquence mais aussi en gravité. Le facteur climatique ne semblant pas être le seul en jeu, des études ont cherché à lister les facteurs (biotiques ou abiotiques) favorisant ou aggravants ces grands incendies. Pour cela, des chercheurs ont aussi étudié les facteurs qui ont permis à certains îlots forestiers de ne pas brûler au sein de ces grandes surfaces. L'étude [12] des zones épargnées par un vaste incendie (de 1998) dans le nord-est de l’Espagne a mis en évidence l'importance de divers facteurs microclimatiques, ainsi que de la qualité de la couverture végétale du sol, de la pente et de son exposition, de la structure du peuplement. Cette étude a montré l’importance déterminante de la qualité de la couverture végétale du sol : les îlots épargnés par le feux sont plus fréquents là où la forêt est la moins fragmentée. Une des conclusions de ce travail est que contrairement à une idée répandue les coupe-feux peuvent faciliter ou accélérer la propagation du feu, de même que des lisières linéaires et artificielles, et qu'il faudrait défragmenter les forêt et restaurer l'intégrité écologique de ces milieux[12].
D'autres études laissent penser que la régénération pos-incendie se fait mieux, et avec plus de biodiversité quand il n'y a pas eu de coupes rases avant l'incendie [13].

Lutte contre l’incendie

Article détaillé : lutte contre l'incendie.
L'imagerie satellitaire permet de mieux suivre les incendies (ici aux USA) et lutter contre eux.
Des scientifiques ont équipé un site de capteurs pour y étudier le feu afin d'en comprendre les processus pour mieux les maîtriser

La lutte contre les feux de forêt fait appels à trois types d'intervenants :

N.B. Le déclenchement volontaire de feux pour brûler la végétation - combustible en puissance - sur la trajectoire d'un incendie en train d'avancer est une pratique assez courante dans les régions où l'eau est rare.

Il est impossible d'éteindre un feu de forêt avec les moyens hydrauliques. La technique habituellement utilisée consiste à attaquer les fronts gauche et droit pour resserrer la tête et canaliser la propagation. L'attaque des fronts utilise soit des équipes au sol, soit des avions ou hélicoptères bombardiers d'eau. L'utilisation de bombardiers d'eau ne peut se faire que dans des zones sans personnel, le largage d'une dizaine de tonnes d'eau pouvant causer de graves blessures. Il y a donc une coordination radio indispensable entre les équipes au sol et les équipes aériennes. Lorsqu'une équipe au sol entend un moteur, elle lève la lance afin de signaler sa présence aux moyens aériens avec le jet d'eau et éviter les accidents.

L'eau peut être larguée seule ou avec des additif. On peut notamment effectuer un large d'eau additionnée de « retardant » sur la végétation voisine du feu pour éviter l'extension du sinistre (retardant dit « à long terme »). Il s'agit de polyphosphate d'ammonium additionné d'oxyde de fer qui lui donne une couleur rouge, il inhibe les réactions d'oxydation : la combustion dégage moins d'énergie, donc elle se propage moins vite. On utilise également fréquemment un tensioactif ou « agent mouillant » : en diminuant la tension superficielle de l'eau, celle-ci peut passer la couche grasse qui recouvre la végétation (le tensioactif agit à l'instar d'un savon), et par ailleurs, l'eau forme une pellicule plus fine, mais plus étendue, sur la végétation.

Par ailleurs, on procède à la protection des populations en les évacuant, et à la protection des habitations, qui consiste à

  • rentrer les véhicules dans le garage, ou le mettre contre la façade opposée au sens du vent ;
  • fermer les volets et les fenêtres ;
  • arroser les habitations pour éviter l'échauffement par radiation ;
  • établir un « front d'eau » face au feu pour que celui-ci contourne l'habitation.

Cette manœuvre porte le nom de « défense des points sensibles » (DPS). La défense d'une habitation unique nécessite typiquement quatre véhicules, les habitations isolées dans la forêt posent donc de gros problèmes. Certaines entreprises proposent des arroseurs fixes à poser sur les maisons, de type gicleur.

Certains pays, comme par exemple les États-Unis, pratiquent des contre-feux : en brûlant une partie de la végétation de manière contrôlée, on prive le feu de carburant lorsqu'il atteint la zone. Cependant, outre le fait que le feu peut « sauter » la zone, le contre-feu peut aussi échapper au contrôle des pompiers ou forestiers et devenir un nouveau foyer.

Certains pays pratiquent également des coupes en urgence, par exemple au bulldozer, dans le même but.

Feux de forêt en France

Les premières législations sur la protection de la forêt contre les incendies en France remonteraient à 1322. Le premier texte interdisant à toute personne de faire du feu en forêt remonte à 1669. Un siècle plus tard, en 1769 une ordonnance enjoignait aux propriétaires forestiers d'enlever les bois et broussailles sur une largeur de 18 mètres de part et d'autre des grandes routes. Comme le soulignaient André et Nicole Cabau, en 1988 dans leur livre Tourtour, Chronique d’un village du Haut var, « heureux temps où les coupe-feux étaient légalement obligatoires… » C'était aussi un moyen d'interdire aux voleurs et détrousseurs de diligences et malles de Poste de se cacher en bordure de voie et de surveiller les routes en cas de conflit armé. Plusieurs études, dont une menée par l’historien Henri Amouric montrent que le risque est cyclique, avec des décennies relativement calmes succédant à d’autres plus « agitées ». L'avènement des locomotives à vapeur a également été à l'origine de feux récurrents le long de certaines voies traversant des forêts, suite aux envols d'escarbilles incandescentes perdues par les cheminées de locomotives.

Bien entendu les zones sèches y sont plus sensibles. Les exemples des Massif de l'Esterel, du Tanneron et des Maures sont parlants :

  • 6 juillet 1706, premier feu recensé sans indication de surface.
  • novembre 1756.
  • 4 au 9 août 1854, 4 000 hectares.
  • 1er au 5 septembre 1877, 10 000 hectares.
  • 20 au 29 juillet 1918, 10 000 hectares de Saint-Raphaël à Mandelieu (et deux morts).
  • 26 au 30 juillet 1921, 10 000 hectares.
  • 19 août 1923, (huit morts).
  • 15 août 1927, 10 000 hectares.
  • 7 juillet 1943, 13 000 hectares.
  • 3 octobre 1970, un feu dévaste la forêt d'Auribeau-sur-Siagne (dans lequel meurent l'épouse et les 4 enfants de Martin Gray).
  • été 1990, 10 000 hectares détruits à Collobrières, dans le département du Var
  • été 2003, 387 départs de feu dans le département du Var, 7 d’entre eux ont détruit 18 437 hectares sur les 21 000 hectares brûlés au total. Les grands feux progressaient à des vitesses de 4, voire 5 ou 6 km/h ; avec des flammes de 20 mètres de haut, dégageant des chaleurs de 1200°. Le feu pouvait sauter sur des distances de 400 à 500 mètres, voire plus[14]. Pourtant 5 000 hectares de cet écosystème, sur les communes de Les Mayons, de Gonfaron, Le Cannet-des-Maures, de La Garde-Freinet, de Vidauban avaient été classées Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (avec la Tortue d'Hermann qui y a son fief).
  • avril 2004, 600 hectares dans le département du Var à proximité de Brignoles.
  • fin août 2010, à l'est du Pic Saint-Loup (Hérault) entre Saint-Mathieu-de-Trèviers et Castries, des centaines d'hectares ont mobilisé les moyens de 3 départements. Le feu est probablement d'origine criminelle mais l'enquête a conclu à un classement sans suite.
A l'est du Pic-Saint-Loup, entre Saint-Mathieu-de-Tréviers et Castries (Hérault) : restes d'une forêt de Pins d'Alep (Pinus halepensis)

La liste complète des incendies qui ont marqué ces massifs serait trop longue.
Des Sapeurs-Pompiers ont donné leur vie dans la lutte contre ces feux.

[précision nécessaire]26 % de la surface de la France, en métropole, est occupé par la forêt. En Provence-Alpes-Côte d’Azur cette proportion est de 38 %.

Les causes d’incendies sont avant tout l’imprudence. Lors d’activités de loisirs, de travaux d’entretien agricoles ou forestiers, elle est à l’origine de 55 % des incendies, devant la malveillance (20 %). Les feux d’origines techniques, trains lignes électriques représentent 6 %, la foudre 5 %, les décharges publiques ou autres 5 %, les divers 9 %.

En France, la forêt représente environ 28 % du territoire 189 000 km²; la plus grande forêt est la forêt des Landes de Gascogne [1], elle s'étend sur 10 000 km² dont la plupart se trouve dans les Landes (6 193 km²), elle est plantée à 97 % de pins. Les feux de forêts ont dévasté 60 000 hectares en 2003, qui est considérée comme les pires années depuis 30 ans[15].

Coordonnées DFCI dans le Massif de l'Esterel

On utilise le terme Défense des forêts contre l'incendie (DFCI) ; on parle de « coordonnées DFCI[16] » pour localiser les massifs forestiers, de « chemins DFCI » pour l'accès à ces massifs…

Outre les pompiers, l’État emploie des ouvriers forestiers spécialisés dans la DFCI (Ouvriers forestiers rapatriés d’Afrique du Nord et Auxiliaires de protection de la forêt méditerranéenne) encadrés par des sous-officiers de l’Office national des forêts (ONF), avec des véhicules porteurs d’eau jaunes, des véhicules d’encadrement et de verbalisation, des tours de guet en points hauts et des équipes spécialisées. Différentes prestations sont fournies par les fonctionnaires de l’ONF selon les départements à la demande des Services Forestiers de l’État des Directions départementales de l’agriculture et de la forêt (DDAF) : Cellule Forestière d’Appui sur grand incendie (cartographie informatique en direct des feux et aide à la prévision), Equipes de guidage des moyens et de reconnaissance, Équipe Pluridisciplinaire d'Investigation sur l’Origine des Incendies de Forêts (équipe d’enquête mixte forestiers - gendarmes), équipe de feux tactiques, etc. Les collectivités territoriales emploient aussi des agents territoriaux appelés forestiers-sapeurs (véhicules jaunes) formés par l’ONF à l'origine, mais repris par les départements suite au désengagement de l’État, ainsi que des bénévoles regroupés dans des Comités communaux de feux de forêt (CCFF, véhicules orange)[17].

Les véhicules terrestres spécifiques à la lutte contre les feux de forêt sont :

Les pompiers disposent d'un « lot de repli » qui leur permet de se protéger un minimum s'ils sont piégés hors du véhicule. Il se compose d'une cagoule avec une cartouche filtrante (type masque à gaz) — les feux de forêt s'attaquent sans appareil respiratoire isolant — et d'un « poncho » métallisé qui permet de se protéger de la chaleur rayonnée.

En période estivale, les unités de sapeurs pompiers des départements à risques (départements boisés du Sud de la France) ou des marins pompiers de Marseille, sont renforcés par des pompiers d'autres départements ou des marins pompiers réservistes.

  • Les groupes d'intervention de feu de forêt (GIFF) : il s'agit de colonnes de véhicules. Outre des CCF, les GIFF comprennent des véhicules pour assurer la logistique — en général deux ou trois véhicules toute-utilité (VTU) : matériel de rechange, mécanique, nourriture et boisson — et dans l'idéal un VSAV armé d'un infirmier pompier, éventuellement un véhicule radio-médicalisé (VRM) avec un médecin pompier (MP), et un poste de commandement mobile (PCM).

Tous les avions de lutte contre le feu du midi de la France sont placés sous l'autorité du Circosc (Centre interrégional de coordination opérationnelle de Sécurité civile), installé à Valabre dans les Bouches-du-Rhône depuis sa création en 1979. Ce centre prévient, évalue les risques, met en œuvre et coordonne les forces aériennes et terrestres. Il se met à la disposition du préfet de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, patron de l'"entente" interdépartementale anti-incendies.

Depuis 1973, plus de 1,1 million d'hectares ont brûlé en France, dont près du tiers en Corse.

Répartition des causes connues de feu de forêt en France entre 1996 et 2006.

  • 39 %. Malveillance (chasse, pyromanie, pastoralisme, conflit d'occupation du sol).
  • 23 %. Loisirs (feux d'artifice, barbecues, réchaud, mégots de promeneur ou jetés d'un véhicule).
  • 21 %. Travaux forestiers ou agricoles.
  • 9 %. Cause accidentelle (dépôt d'ordures, lignes électriques, incendie de véhicules...).
  • 8 %. Origine naturelle (foudre).

Feux de forêts au Québec

Au Canada, chaque province est responsable de la protection des forêts. Au Québec, c'est la SOPFEU qui est chargé de prévention, de la détection et de l'extinction des feux de forêt. L'organisation est similaire à celle de la France.

L’incendie souterrain

Il arrive qu'un feu de forêt puisse enflammer de la tourbe, couver plusieurs semaines (dans la terre de bruyère ou la tourbe superficielle) voire plus d’un an et jusqu’à cinq mètres de profondeur dans les couches tourbeuses d’un sol tropical (certains feux ont ainsi pu couver durant la saison des pluies en Indonésie). Des produits chimiques (système Coalex : coal extinguishment, pour « extinction des feux de houille ou de charbon ») existent, réputés améliorer de 5 à 7 fois les performances de l’eau. Le sol peut être dynamité, et la tourbe ainsi mise à jour enterrée sous du sable mouillé, si possible, en pleine saison des pluies[18]. Un terril boisé contenant du charbon peut aussi entrer en combustion interne et tuer les arbres qui ont poussé dessus, en général sans produire de flammes.

Masca, île de Tenerife, îles Canaries. Les palmiers dattiers, agaves et cactus ont résisté aux incendies de juillet-août 2007. Ils font l’objet depuis lors d’une vaste opération de nettoyage et de reconstitution du paysage.

Sylviculture, reboisement, écologie

Les feux de forêt font partie d'une dynamique naturelle dans les forêts méditerranéenes : de nombreuses plantes s'y sont adaptées, certaines ont même besoin du feu pour vivre. Ces feux causent cependant des dommages économiques importants et présentent un danger pour l'être humain. Leur trop grande répétition appauvrit les sols et modifie de façon irréversible l'état biologique caractéristique de ces forêts.

Auparavant, les feux d'origine naturelle étaient moins fréquents. Les habitats de la faune et de la flore n'étaient pas fractionnés par l'implantation humaine et participaient à la recolonisation des espaces adjacents touchés par le feu. Cette régénération naturelle est freinée et appauvrie par le fractionnement des habitats. La recolonisation par les espèces est alors partielle : la biodiversité des zones diminue avec le risque d'extinction de certaines espèces comme la tortue d'Hermann.

Ce fractionnement des habitats prend plusieurs formes (autoroutes, nouvelles habitations…), mais les causes en sont presque toujours les mêmes, l'étalement urbain (autour de Toulon par exemple) : le développement des résidences secondaires et du tourisme nécessite infrastructures et terrains, donc il y a artificialisation des terres et fractionnement de l'habitat.

Les causes des incendies sont diverses, elles vont des systèmes de freinage des trains au mégots jetés négligemment de la fenêtre d'une voiture en passant par les barbecues sauvages et surtout les incendiaires.

Mais une autre cause semble se dessiner : ce sont les modifications climatiques qui entraînent une baisse des précipitations sur ces forêts et donc une augmentation des incendies.

Essences impliquées dans les incendies

Elles varient selon les pays, les saisons, le sol et le pourcentage de ligneux hauts.

Certaines essences brûlant facilement et diffusant les feux sont dites pyrophiles. Ce sont souvent des essences à croissance rapide telles que le pin sylvestre et l’eucalyptus, mais aussi la bruyère, ou le ciste de Montpellier ou l’arbousier en zone tempérée et/ou méditerranéenne. Ils ont une faible capacité à capter l’eau profonde, et des caractéristiques physiologiques (résine, essences inflammables). Certaines de ces espèces, suite probablement à la sélection naturelle, résistent mieux à des feux récurrents, qu'elles semblent parfois ensuite pouvoir favoriser en brûlant facilement, tout en protégeant leurs graines et/ou leur capacité à faire des rejets.

Il existe inversement des essences résistant mieux aux incendies, dites pyrorésistantes. Ce sont par exemple la (bruyère arborescente, le pin d'Alep, le chêne vert, le châtaignier ou le chêne-liège).

La responsabilité comparée des feuillus et résineux est discutée, car si en laboratoire, les bois résineux semblent moins propager le feu que le chêne par exemple, ceci ne semble pas toujours se vérifier dans la nature. Divers facteurs externes à l'arbre et à l'essence sont à considérer ;
En zone méditerranéenne, l'olivier qui brûle mal est réputé faire un bon coupe-feu et freiner les incendies. Les coupures agricoles, dont vignes, vergers, prairies et cultures sont réputés pouvoir bloquer ou freiner les feux de forêt, mais leurs impacts différés dans l'espace et à long terme via le drainage et de l'appel d'eau pour leur irrigation sont encore mal mesurés. Il semble que le bocage brûlait et brûle rarement, même quand il s'agit d'arbres plantés sur talus, peut-être parce qu'il favorise une meilleure rétention de l'eau sur la parcelle lors des pluies.
La généralisation de monocultures équiennes (d'une même classe d'âge) d'Eucalyptus ou de résineux semble avoir favorisé les feux de forêts, surtout sur des sols pauvres et en pente, sur des substrats drainants (sable) et/ou préalablement drainés (ex : Landes en France).

Une biodiversité naturellement élevée semble améliorer la capacité des sols et de l'écosystème forestier à utiliser l'eau et à l'exploiter à différentes profondeur, y compris sous forme de rosée ou condensats de brume, comme à l'ouest du Pérou où il ne pleut parfois jamais durant l'année, mais où la brume présente presque chaque matin ruisselle sur les troncs, au point que les premiers explorateurs espagnols ont nommé certains arbres "arbres à pluie". Dans les zones où la brume est fréquente, bien des essences (et leurs épiphytes) captent efficacement «  la pluie horizontale » ; ou plus exactement, elles condensent sur leurs feuilles, branches et troncs la vapeur d’eau apportée de la mer, ou par les brumes. Jusqu’à 1000mm/an dans la forêt pluvieuse de lauriers du parc de Garajonay de l'île de La Gomera aux îles Canaries). Cette eau qui ruisselle le long des troncs ne crée pas d’érosion au sol, et elle favorise la création d’un humus riche et capable de la stocker.
Sur la ceinture équatoriale, zone qui reçoit le plus de rayonnement solaire, de Bornéo à l'Amazonie, il semble que les milliards de spores et certaines molécules émises par les arbres tropicaux et leurs épiphytes (mousses, fougères, lichens notamment…) contribuent aussi à nucléer, condenser et alourdir les gouttes d’eau qui forment alors des gouttes de rosée, pluie ou ruissellement de condensation, permettant de récupérer une part importante de l’eau évapotranspirée par les arbres.

Les forêts tempérées biodiversifiées non exploitées produisent également un humus plus riche et épais que celui des forêts cultivées, plus riche en mycéliums et en une microfaune plus diversifiée. Les essences s'y complètent les unes les autres pour une prospection améliorée de l'eau dans tous les compartiments de l'écosystème et à tous les niveaux du sous sol accessible aux racines, grâce notamment à leurs champignons symbiotes et mycorhisateurs. La biodiversité semble aussi permettre une meilleure résilience écologique, limitant le risque de retour rapide d'incendie. Des animaux défoliateurs (chenilles défoliatrices, criquet pèlerin, etc. voire des insectes affaiblissant puis tuant les arbres affaiblis par le stress hydrique (ex : scolyte) pourraient aussi en période de longue ou grave sécheresse jouer un rôle en freinant ou bloquant l'évapotranspiration des arbres, et donc en protégeant la ressource en eau du sol.
La diversité des essences forestières diminue naturellement et drastiquement dans les milieux extrêmes (circumpolaires, forêts d'altitudes et subsahariennes, c'est alors la diversité génétique au sein des populations d'arbres qui pourrait alors avoir une certaine importance, de même que leurs interactions avec d'autres espèces influant sur le contrôle de l'eau.)

Lorsque le milieu est sec et qu'un incendie est lancé, il ne semble pas y avoir d'essences ou de variétés génétiquement plus adaptées qui puisse atténuer la puissance du feu. Ce sont alors la nature et la structure (horizontale et verticale) de la forêt et de ses lisières, et la nature des coupures qu'il faut considérer pour leur rôle majeur. Certaines coupures ont un rôle véritable de coupe-feu, mais peuvent paradoxalement si elles sont mal conçues ou mal positionnées avoir un impact déshydratant ou dans certains cas attiser les flammes par un effet de conduction du vent.

Régénération de la forêt

En zone tropicale humide et en zone tempérée, si les feux sont naturels et peu fréquents la forêt dispose de capacités de résilience écologique suffisante pour reconstituer un couvert végétal capable de protéger le sol (en quelques semaines à quelques mois). Sur ce sol stabilisé le couvert forestier se reconstitue rapidement si l'incendie était de faible importance, et en quelques décennies à siècle si l'incendie était très important. Une forêt met environ une quinzaine d'années à se régénérer suite à un incendie.

La diversité biologique antérieure et périphérique semble être un élément important de cette résilience. Par exemple, les coléoptères saproxylophages et en particulier le longicorne noir au Canada contribuent à la régénération des forêts résineuses qui ont brûlé, grâce à ses déjections qui réapprovisionnent le sol en nutriments utiles à l'activité microbienne et fongique, lesquelles dopent la régénération naturelle. Supprimer le bois-mort des forêts en pensant que cela limite les incendies pourrait donc ne pas être une bonne solution. Tyler Cobb (Université d'Alberta recommande même d'en laisser volontairement dans les forêts pour nourrir les invertébrés qui entretiennent les sols forestiers en les rendant capables de mieux conserver l'eau, et les rendent plus résilients face aux incendies.

Paradoxalement, certains types d'habitats dépendent d'incendies pour se maintenir et conserver leur biodiversité : c'est le cas notamment des forêts de pin des marais du Sud-Est des États-Unis, qui ne se régénérent pleinement qu'en présence de feux de forêts assez réguliers, sans lesquels des feuillus peu résistants aux incendies mais très bons compétiteurs prennent le dessus. Des feux de forêts réguliers et contrôlés y sont allumés, dans des conditions particulières de température, vent et humidité, afin de pouvoir les maîtriser et de ne pas indisposer ou mettre en danger les habitations alentour.

Aménagement du territoire

Prospective

Les forêts brûlent, mais elles servent aussi de protections contre d'autres catastrophes[19].

L'ONU et la FAO estiment que le risque d'incendie ira croissant, dans un contexte de réchauffement climatique aggravé par le drainage et l'artificialisation des forêts et tourbières. La FAO invite en particulier les États à développer de nouvelles stratégies de gestion pour prévenir et lutter contre les « méga-incendies de forêt. "Parmi tous les feux de forêt, les méga-incendies sont les plus coûteux, les plus destructifs, et les plus préjudiciables" » et ils « remettent en question l'efficacité des stratégies conventionnelles de protection de la forêt » [20] L'incendie australien du « Samedi noir » a en 2009 tué 173 personnes et rasé plusieurs villes. En Russie en 2010 32 000 foyers d'incendies ont été détectés et le feu a tué 62 personnes et détruit 2,3 millions d'hectares[21]. En zone tropicale les méga-feux proviennent souvent du défrichage de terres à des fins agricoles, or en 2011, les perspectives démographiques de nombreux pays tropicaux pour 2030, 2050 et 2100 ont été revues à la hausse par l'ONU. Ces « méga-feux, pour la plupart imputables à l'homme, seraient exacerbés par le changement climatique, mais nous soupçonnons désormais qu'ils puissent constituer aussi un cercle vicieux qui accélère le réchauffement de la planète ». Plus largement, l'ONU invite tous les pays à mieux se préparer à toutes les catastrophes naturelles[21].

Prévention et recommandations concernant les feux de forêt

il est généralement préconisé de

  • Respecter la réglementation sur le feu en forêt. Par exemple, en France, en été, dans les zones soumises à des réglementations spécifiques, l'usage du feu en zone forestière et à moins de 200 mètres d'une zone de forêt est interdit : feux de camps, écobuages,..., sont prohibés. De même, il est interdit de fumer en forêt lors des périodes de sécheresse.
  • se renseigner (à la mairie) sur les périodes autorisées.
  • ne pas bloquer ni emprunter les pistes réservées aux services de secours. Il est souvent interdit de pratiquer des activités de type moto cross, quad et engins motorisés dans des zones forestières non appropriées : Les dégradations des sols peuvent en effet limiter les capacités d'intervention des véhicules de secours et de DFCI. De surcroît, ces activités sont nuisibles à l'environnement.

Annexes

Bibliographie

  • Incendies dévastateurs, Les éléments en furie, Pour la Science numéro 51, avril 2006
  • Feux de Brousse in Carnet d'afriques par Jacques Nougier. Ed. l'Harmattan (2006), 160 pages, (ISBN 2-296-01569-7).
  • Le feu dans la nature, mythes et réalités, ouvrage collectif, éd. Les Ecologistes de l'Euzière (2004 ?), 168 pages, (ISBN 2-906128-17-1).
  • Conseils pratiques issus des décisions de justice en matière d'incendie des bois et forêts, 2008.

Liens internes

Liens externes

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Notes et références

  1. (id) The Jakarta Post, 29 juin 1999
  2. http://fr.rian.ru/russia/20100807/187199596.html
  3. PCDD/F emissions from forest fire simulations, Gullett and Touati, Atmospheric Environment - Volume 37, février 2003, p. 803-813 - Résultats provisoires présentés lors du 22nd International Symposium on Halogenated Environmental Organic Pollutants and POPs, 2002
  4. Plusieurs études ont détecté des teneurs élevées1 (20 pg/m3) de dioxines et furanes en aval de feux de forêts (Source : Forest fires as a source of PCDD and PCDF, Clement and Tashiro, 11th International Symposium on Chlorinated dioxins and related compounds, 1991)
  5. [(fr) Rapport sur les facteurs d’émission de polluants de feux simulés de forêt et de décharge (Ineris/Ademe Novembre 2004, 17 p]
  6. ministère de l’Intérieur, repris par le rapport ineris/Ademe Nov 2004; Facteurs d’émission de polluants de feux simulés de forêt et de décharge
  7. FAO, « Le problème brûlant des incendies », FAO, 2009. Consulté le 31 octobre 2011
  8. Statistiques de la SOPFEU
  9. B. Koetz et al. ; « Multi-source land cover classification for forest fire management based on imaging spectrometry and LiDAR data »(Forest Ecology and Management Volume 256, Issue 3, 30 July 2008, Pages 263-271 Impacts of forest ecosystem management on greenhouse gas budgets) ; Elservier ; doi:10.1016/j.foreco.2008.04.025
  10. Eduardo Eiji Maeda, Antonio Roberto Formaggio, Yosio Edemir Shimabukuro, Gustavo Felipe Balué Arcoverde, Matthew C. Hansen « Predicting forest fire in the Brazilian Amazon using MODIS imagery and artificial neural networks » ; International Journal of Applied Earth Observation and Geoinformation, Volume 11, Issue 4, August 2009, Pages 265-272
  11. Amparo Alonso-Betanzos, et al. « [An intelligent system for forest fire risk prediction and fire fighting management in Galicia] » Expert Systems with Applications, Volume 25, Issue 4, Elsevier, November 2003, Pages 545-554
  12. a et b Román-cuesta r. M., Gracia m., retana j. ; 2009 ; « Factors influencing the formation of unburned forest islands within the perimeter of a large forest fire » ; Revue : Forest Ecology and Management N° 258 (chap 3, pages 71-80 (10 p., 5 fig., 4 tab., 83 réf)
  13. Junlin Li, Qing-Lai Dang, Titus Fondo Ambebe « [Post-fire natural regeneration of young stands on clearcut and partial-cut and uncut sites of boreal mixedwoods] Pages 256-262 » ; Forest Ecology and Management ; Vol. 258, Issue 3, 30 juin 2009, Pages 256 à 262  ; doi:10.1016/j.foreco.2009.04.012
  14. Conseil général Var magazine, novembre 2003. pp 6-7
  15. « 4.000 hectares de forêts détruits en France », dans Le Nouvel Observateur du 10/08/2006, [lire en ligne]
  16. les coordonnées DFCI sont obtenues en faisant un quadrillage avec des carrés de deux kilomètres de côté sur une carte en coordonnées Lambert II étendu.
  17. (fr)Missions des Comités Communaux, Comités Communaux des Bouches-du-Rhône, 2006. Consulté le 2008-09-05
  18. Manuel du Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts(MINENVEF) malgache, avec l'Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) (sur la Lutte contre les Feux de Végétation ; Compilation du Savoir-faire actuel, Série I: Les Techniques Existantes dans la Lutte contre les Feux de Végétation, 2003
  19. Freddy Rey, Jean Ladier, Antoine Hurand, Frédéric Berger, Forêts de protection contre les aléas naturels : Diagnostics et stratégies, Editions Quae
  20. FAO, sur la base notamment du Rapport présenté le 10 mai 2011 à la 5ème Conférence internationale sur les feux de forêt à Sun City (Afrique du Sud).
  21. a et b Brève Actu Environnement ; Incendies et climat, un cercle vicieux qui nécessite de nouvelles stratégies de gestion des forêt, 2011/05/11
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