- Essais nucléaires
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Essai nucléaire
Pour les articles homonymes, voir essai (homonymie).Un essai nucléaire désigne l'explosion d'une bombe nucléaire à des fins expérimentales. Les essais permettent de valider des modèles de fonctionnement, leurs effets et peuvent également prouver à la communauté internationale que l'on dispose de l'arme nucléaire.
Sommaire
Les types d'essais
Outre le type de bombe (à fission ou à fusion), les essais nucléaires peuvent être catégorisés par l'endroit où la bombe a explosé :
- sous l'eau
- sous terre
- dans l'atmosphère (les explosions au niveau du sol sont considérées comme atmosphériques)
Les essais atmosphériques sont ceux qui contaminent le plus l'environnement du fait de la quantité d'éléments qui se retrouvent exposés aux radiations et aux vents qui les disséminent loin du lieu de l'explosion. À l'opposé, les explosions souterraines sont celles qui dispersent le moins de matières radioactives.
Plusieurs méthodes d'explosions ont été testées, on peut citer notamment :
- par largage d'un avion
- sur une tour
- d'un ballon
- sur ou en dessous d'un bateau
Des essais en dehors de l'atmosphère (appelé essais extra-atmosphériques), à partir d'une fusée, ont même eu lieu.
Les essais dans le monde
Au total, plus de 2 000 explosions officielles dans le monde ont eu lieu. Tous les grands pays ayant l'arme nucléaire ont procédé à des essais :
- 1 050 pour les États-Unis
- 715 pour l'Union soviétique
- 210 pour la France
- 45 pour la République populaire de Chine, (23 atmosphériques et 22 souterrains, à la Base d'essai d'armes nucléaires du Lop Nor, à Malan, Xinjiang)[1],[2]
- 45 pour la Grande-Bretagne
- 5 ou 6 pour l'Inde
- 5 ou 6 pour le Pakistan
- 2 pour la Corée du Nord
En plus de ces essais confirmés, deux pays sont suspectés d'avoir réalisés des essais : Israël ou l'Afrique du Sud, voire les deux conjointement : le 22 septembre 1979 dans l'océan Indien, à proximité de l'île Marion, un satellite de surveillance américain Vela détecte un flash[3] qui pour certains, comme le journaliste américain Seymour Hersh (auteur du livre L’option Samson : l’arsenal nucléaire israélien et la politique étrangère américaine), pourrait correspondre à une explosion nucléaire de faible puissance. Mais à ce jour (octobre 2008), l'origine de ce flash nommé incident Vela reste inconnue.
Essais nucléaires français
Article détaillé : Essais nucléaires français.La France a mené 46 essais nucléaires atmosphériques en Polynésie entre 1966 et 1974.
Essais notables
Voici une liste de quelques essais notables. Les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki n'y figurent pas, puisque ces explosions n'avaient pas pour finalité d'être des essais (on les classe habituellement dans la catégorie « tir de combat »).
Date Nom de code Puissance Pays Remarque 16 juillet 1945 Trinity 19 kt États-Unis Premier test au monde d'une arme à fission (Bombe A) 29 août 1949 RDS-1 22 kt Union soviétique Premier test de l'URSS d'une arme à fission 3 octobre 1952 Opération Hurricane 22 kt Royaume-Uni Premier test du Royaume-Uni d'une arme à fission 1er novembre 1952 Ivy Mike 10 Mt États-Unis Premier test au monde d'une arme à fusion (Bombe H) 1er mars 1954 Castle Bravo 15 Mt États-Unis Plus importante explosion thermonucléaire américaine 22 novembre 1955 RDS-37 1,6 Mt Union soviétique Premier véritable test de l'URSS d'une arme à fusion 8 novembre 1957 Opération Grapple 1,8 Mt Royaume-Uni Premier test du Royaume-Uni d'une arme à fusion 13 février 1960 Gerboise Bleue 70 kt France Premier test de la France d'une arme à fission 31 octobre 1961 Tsar Bomba 50 à 57 Mt Union soviétique Plus importante explosion thermonucléaire jamais effectuée dans le monde 9 juillet 1962 Starfish prime 1,4 Mt États-Unis Plus importante explosion thermonucléaire dans la stratosphère, la discussion sur ses retombées et la création d'une ceinture de radiations autour de la terre due à cette explosion, n'est pas close 16 octobre 1964 596 22 kt Chine Premier test de la Chine d'une arme à fission 17 juin 1967 Test numéro 6 3,3 Mt Chine Premier test de la Chine d'une arme à fusion 24 août 1968 Canopus 2,6 Mt France Premier test de la France d'une arme à fusion 18 mai 1974 Smiling Buddha 12 kt Inde Première « explosion nucléaire pacifique » de l'Inde 11 mai 1998 Shakti I 25 kt à 45 kt Inde Premier test de l'Inde d'une arme à fission « augmentée » ou à fusion 28 mai 1998 Chagai-I 9 kt Pakistan Premier test du Pakistan d'une arme à fission 9 octobre 2006 moins de 1 kt [4] Corée du Nord Premier test de la Corée du Nord d'une arme à fission Essais nucléaires atmosphériques
520 explosions nucléaires expérimentales ont été effectuées dans l'atmosphère entre 1945 et 1980 par cinq États :
État Nombre d'essais Début Fin Sites États-Unis 210 1945 1962 Alamogordo (Nouveau-Mexique)
atolls de Bikini (23) et de Enewetak (42) (îles Marshall)
Site d'essais du Nevada (NTS)
atoll de Johnston (10 essais)
Île Christmas (26)
site inconnu dans l'Atlantique Sud (6 essais)Union soviétique 216 1949 1962 polygone nucléaire de Semipalatinsk (Kazakhstan) (125 essais)
archipel de Nouvelle-Zemble (Océan Arctique) (91 essais)Royaume-Uni 21 1952 1958 Îles Monte Bello (3 essais)
Emu Field (2) Maralinga (7) (Australie)
Île Malden (3)
Île Christmas (6)France 50 1960 1973 Reggane (Sahara algérien) (4)
atolls de Moruroa (41) et Fangataufa (5) (archipel des Tuamotu dans le Pacifique)Chine 23 1964 1980 Lop Nor (Xinjiang) Les sites d'essais nucléaires
Article détaillé : Catégorie:Site d'essai nucléaire.Les sites retenus pour les essais nucléaires atmosphériques sont situés dans des zones isolées comme des déserts ou des îles océaniques parfois évacués en vue des essais. Cependant la portée des retombées radioactives a causé des contaminations dont souffrent toujours les populations voisines.
Les traités
Notamment en raison des problèmes écologiques liés aux explosions nucléaires, des traités internationaux ont été créés visant à limiter, puis à interdire tout essai nucléaire en conditions réelles.
Traité d'interdiction partielle des essais nucléaires
Article détaillé : Traité d'interdiction partielle des essais nucléaires.Le Traité d'interdiction partielle des essais nucléaires, signé le 5 août 1963 à Moscou par les États-Unis, l'Union soviétique et le Royaume-Uni est le premier d'entre eux. Entré en vigueur le 10 octobre 1963, il vise à interdire tout essai nucléaire dans l'atmosphère, dans l'espace extra-atmosphérique et sous l'eau. Ce traité a pour objectif de limiter la dispersion des matières irradiés par une explosion nucléaire au pays responsables de l'explosion. C'est pour cette raison que les essais souterrains ne sont pas interdits dans ce traité, le confinement des éléments radioactifs étant possible.
La Chine et la France n'ont pas participé à ce traité et ont pu ainsi développer leur arsenal nucléaire.
Traité sur la limitation des essais souterrains d'armes nucléaires
Article détaillé : Traité sur la limitation des essais souterrains d'armes nucléaires.Le Traité sur la limitation des essais souterrains d'armes nucléaires (TTBT, pour Threshold Test Ban Treaty) interdit les essais d'armes nucléaires dont la puissance est supérieure à 150 kilotonnes. Ce traité a été signé le 3 juillet 1974 par les États-Unis et l'Union soviétique.
Traité sur les explosions nucléaires à des fins pacifiques
Article détaillé : Traité sur les explosions nucléaires à des fins pacifiques.Le Traité sur les explosions nucléaires à des fins pacifiques (PNET, pour Peaceful Nuclear Explosions Treaty) est dans la continuité du TTBT et vise à interdire les explosions individuelles supérieures à 150 kilotonnes et multiples à 1,5 mégatonnes. Le traité a été signé par les États-Unis et l'Union soviétique le 28 mai 1976, mais n'a jamais été ratifié, cependant, les deux États se sont engagés à respecter ses termes.
Traité d'interdiction complète des essais nucléaires
Article détaillé : Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.Les États ayant ratifié le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), signé à New York le 24 septembre 1996, s'engagent « à ne pas effectuer d'explosion expérimentale d'arme nucléaire, ou d'autre explosion nucléaire, et à interdire et empêcher toute explosion de cette nature en tout lieu placé sous sa juridiction ou son contrôle ». Ils s'engagent en outre « à s'abstenir de provoquer ou d'encourager l'exécution - ou de participer de quelque manière que ce soit à l'exécution - de toute explosion expérimentale d'arme nucléaire ou de toute autre explosion nucléaire ».
Ce traité prévoit des inspections ainsi que l'établissement de capteurs de différents types (sismique, hydroacoustique, etc.) pour vérifier que les États parties au traité soient en conformité avec ce dernier. En décembre 2005, 65% des capteurs étaient opérationnels. Cependant, pour des raisons d'économie, les événements sismiques d'une magnitude inférieure à 3 sur l'échelle de Richter ne sont pas vérifiés. Or d'après le rapport Leith (voir Liens externes), les techniques de découplage d'essais souterrains permettent aujourd'hui d'atténuer l'onde de choc d'une explosion souterraine d'une puissance hectotonnique de telle manière que le séisme ne dépasse pas cette valeur de 3 sur Richter. Dans le cadre de la révision des doctrines nucléaires des États-Unis, de la Russie et de la France depuis la fin de la Guerre froide, c'est précisément ce type d'armes nucléaires de puissance hectotonnique qui sont développées.
Les pays possédant l'arme nucléaire et n'ayant pas ratifié le TICE sont :
- la Chine ;
- la Corée du Nord ;
- les États-Unis ;
- l'Inde ;
- Israël ;
- le Pakistan.
Toutefois, lors de son déplacement en Europe en avril 2009, Barack Obama a prononcé à Prague un discours plaidant pour la ratification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires[5].
Zone exempte d'armes nucléaires
Article détaillé : Zone exempte d'armes nucléaires.Une zone exempte d'armes nucléaires (en anglais Nuclear-Weapons-Free Zone, ou NWFZ) est définie selon l'ONU par un accord, généralement sous la forme d'un traité internationalement reconnu, qui bannit l'utilisation ou le déploiement d'armes nucléaires sur une région ou un pays donné.
Simulation
Dans l'optique du TICE, des politiques de création d'installations simulant des explosions nucléaires sont développées, permettant ainsi de s'affranchir des tests grandeurs natures et ainsi de continuer de développer l'arsenal nucléaire existant.
Deux pays sont particulièrement avancés dans ce domaine, les États-Unis avec le National Ignition Facility (NIF) dont la construction a coûté 3,5 milliards de dollars (de 1997 à 2009) et la France avec le Laser Mégajoule du programme Simulation. Des mouvements pacifistes s'opposent à ce qu'ils jugent comme un détournement du TICE et qui fait que seuls les États qui en ont les moyens peuvent poursuivre leurs recherches [6].
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Rapport parlementaire sur les incidences environnementales et sanitaires des essais nucléaires français et étrangers (2001)
- (en) Rapport de l'U.S. Geological Survey sur possibilités de réalisation d'essais nucléaires souterrains clandestins et les techniques de détection (2001)
Référence
- ↑ Nuclear Weapons, voir aussi Nuclear Weapons Test List
- ↑ "Chinese Nuclear Tests Allegedly Cause 750,000 Deaths" Epoch Times. March 30, 2009. [1]
- ↑ (en) The Vela Incident
- ↑ (en) Les tests américains confirment l'essai nucléaire nord-coréen, dans l'édition du 17 octobre 2006 du quotidien Le Monde
- ↑ Obama veut «un monde sans armes nucléaires» et plus vert, 5 avril 2009, Libération. Consulté le 16 avril 2009
- ↑ (fr) La course aux armements se poursuit en laboratoires, 30 janvier 1996, L'Humanité. Consulté le 26 mars 2009
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