- Nomenklatura
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La Nomenklatura (en russe : номенклату́ра) est un terme russe, passé dans les langues des autres pays ex-communistes (nomenklatura, nomenclatura), pour désigner l'élite du parti communiste de l'Union soviétique et de ses satellites. Il s'agissait initialement de listes de noms de « camarades dignes de la confiance du Parti », donc susceptibles de se voir confier des responsabilités… et les avantages qui les accompagnent. La Nomenklatura a été rendue célèbre par Mikhaïl Voslenski, qui la dénonçait dans son ouvrage La Nomenklatura : les privilégiés en URSS (1980).
Aujourd'hui, le terme est toujours utilisé, hors de son contexte historique, pour désigner, de façon péjorative, l'élite et les privilèges qui lui sont associés, ou le groupe qui exerce par le truchement de l'État un pouvoir exorbitant dans un domaine commercial sans responsabilité personnelle. Dans le langage courant des anciens pays communistes, un privilégié est un nomenklaturiste.
Sommaire
Sociologie
Pour déterminer quels camarades sont « dignes de la confiance du Parti », on utilisait la « classification sociale » communiste, qui distingue les classes « d'origine sociale saine » (les descendants d'ouvriers industriels ou agricoles non-propriétaires), « d'origine sociale douteuse » (les salariés des administrations du régime renversé par la révolution, désignés comme « laquais des classes exploiteuses »), « d'origine sociale malsaine » (les descendants de la classe moyenne : « petite bourgeoisie » ayant possédé des propriétés tels des commerces, immeubles, entreprises, offices..., fermiers petits propriétaires désignés comme « koulaks » ou officiers dans l'armée ou la police tsariste), et « descendants des ennemis du peuple » (appartenant à l'aristocratie ou la haute bourgeoisie, et désignés comme « classes exploiteuses »). L'« ascenseur social » communiste était (en théorie) réservé aux personnes « d'origine sociale saine », qui, avec les carriéristes et les opportunistes de toute origine sociale, formèrent la Nomenklatura, terme qui finit par désigner péjorativement l'ensemble des privilégiés (principalement les permanents des partis communistes au pouvoir, les bureaucrates, les technocrates, les officiers de l'armée, les membres de la police politique et leurs familles) qui détournaient et accaparaient à leur profit les avantages de la société communiste (et notamment l'équipement électroménager ou automobile, les aliments de qualité, les meilleurs hôpitaux, universités, emplois, sites de vacances, la possibilité de voyager à l'étranger...).
Historique
On en trouve les premières attestations littéraires dans Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, qui décrit la vie moscovite à la fin de la NEP.
Postérité artistique
- Dans les années 1980, un photographe et artiste russe Alexey Titarenko a utilisé le terme dans le contexte de collages et photomontages Nomenklatura des signes[1].
- Le groupe No One Is Innocent notamment reprend ce terme dans leur chanson du même nom.
- Le groupe Front 242 dans leur album de 1984, No commen, utilise ce terme pour deux chansons: « S FR Nomenklatura I ˙ et « S FR Nomenklatura II ».
- Le groupe Les Wriggles fait référence à ce terme dans leur titre Ce que les temps sont durs, dans leur album Tant pis ! Tant mieux !.
Notes et références
- Éditions Larousse, 1994, p. 629, (ISBN 978-2035113153) Dictionnaire mondial de la photographie, Paris,
Bibliographie
- Mikhaïl Voslenski, La Nomenklatura : les privilégiés en URSS, Belfond, 1980.
- Mikhaïl Voslenski (trad. Michel Secinski et Pierre Lorrain), Les Nouveaux Secret de la Nomenklatura, Paris, Plon, 1995 (1re éd. 1989), 453 p. (ISBN 2-259-18093-0)
- N. Bauquet (dir.) et F. Bocholier (dir.), Le Communisme et les élites en Europe centrale, PUF, 2006 [lire en ligne].
Catégories :- Groupe social
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