Baudouin de Belgique

Baudouin de Belgique
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Baudouin
Portrait de 1969
Le roi Baudouin en 1969.

Titre
5e roi des Belges
17 juillet 195131 juillet 1993
&&&&&&&&&&01535542 ans, 0 mois et 14 jours
Premier ministre Joseph Pholien
Jean Van Houtte
Achiel van Acker
Gaston Eyskens
Theo Lefèvre
Pierre Harmel
Paul Vanden Boeynants
Edmond Leburton
Leo Tindemans
Wilfried Martens
Mark Eyskens
Jean-Luc Dehaene
Prédécesseur Léopold III
Successeur Albert II
Biographie
Dynastie Maison de Saxe-Cobourg
Nom de naissance Baudouin Albert Charles Léopold Axel Marie Gustave de Belgique
Date de naissance 7 septembre 1930
Lieu de naissance Drapeau : Belgique Laeken (Belgique)
Date de décès 31 juillet 1993 (à 62 ans)
Lieu de décès Drapeau : Espagne Motril (Espagne)
Père Léopold III de Belgique
Mère Astrid de Suède
Conjoint Fabiola de Mora y Aragón
Résidence Château de Laeken

Emblème
Rois des Belges

Baudouin (Boudewijn en néerlandais, Balduin en allemand), Albert, Charles, Léopold, Axel, Marie, Gustave (Château du Stuyvenberg, le 7 septembre 1930 - Motril, Espagne, 31 juillet 1993), est le cinquième roi des Belges, du 17 juillet 1951 jusqu’à sa mort. Second enfant et premier fils de Léopold III et de la reine Astrid, il porte le titre de comte de Hainaut alors que son père est encore duc de Brabant et puis devient duc de Brabant à l'avènement de Léopold III au trône de Belgique. Il est le frère aîné et prédécesseur du roi Albert II et le frère cadet de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte.

Son avènement au trône se produit dans une période de crise politique et son long règne est marqué par bien d’autres dont l’une, au moins, a été le résultat de l’expression publique de sa foi catholique.

Sommaire

Biographie

Enfance et adolescence

photo de la reine Astrid avec ses trois enfants.
Baudouin, à la gauche de sa mère.

Son enfance est marquée par la mort accidentelle de sa mère, alors qu'il n'a que cinq ans, puis par la Seconde Guerre mondiale, vécue d'abord dans un bref exode. Celui-ci commence à La Panne[1] et se poursuit en France, puis, lors de la défaite française, en Espagne car le roi Léopold III a voulu le soustraire, avec son frère Albert et sa sœur Joséphine-Charlotte, à l'invasion allemande de la Belgique en les évacuant sous la houlette de personnes de confiance, mais sans Juffrouw (Mademoiselle), la gouvernante à laquelle Baudouin s’est particulièrement attaché[1]. Rapatriés à Bruxelles, les enfants royaux y passent quatre ans durant lesquels la deuxième épouse du roi, Lilian Baels, dite la princesse de Réthy, s’occupe affectueusement d’eux[2] et veille à leur ménager une vie plus conforme à celle des enfants de la bourgeoisie[réf. nécessaire] que celle que leurs père, grand-père et grands oncles avaient connue. Baudouin, qu’elle appelle familièrement Baud[2], étudie soit au château de Laeken, soit au château de Ciergnon.

Juste après le Débarquement, la famille royale, qui s’est agrandie avec la naissance d’Alexandre de Belgique, est emmenée par les nazis en Allemagne dans la forteresse de Hirschstein, puis en Autriche, à Strobl, où elle est libérée le 7 mai 1945 par les troupes américaines.

Commence alors la « question royale ». La famille royale s'installe en Suisse, à Pregny, jusqu'en juillet 1950, attendant que les Belges et leurs hommes politiques se mettent d'accord pour décider si le roi Léopold devait quitter la Belgique après la défaite du 28 mai 1940 ou s'il avait eu raison de rester au pays au nom de son statut monarchique pour s'y dresser comme un rempart contre l'éventuelle division du pays que les Allemands pouvaient sans doute vouloir comme ils l'avaient fait en 1914-1918. Baudouin fréquente un collège de Genève; il accompagne son père et sa belle-mère dans un grand voyage aux États-Unis en 1948[1].

L’avènement au trône

Le jeune Roi Baudouin 1er[3]

En Belgique, le frère de Léopold III, Charles de Belgique, est nommé Régent du royaume jusqu’en 1950.

Cette année-là, après la consultation populaire de 1950 qui donne des résultats fort différents en Flandre et en Wallonie, devant la violence opposant « léopoldistes » et « anti-léopoldistes » et suite à la fusillade de Grâce-Berleur, le roi, rentré au pays avec ses deux fils aînés, fait nommer Baudouin, le 11 août 1950, « Prince royal », ce qui correspond à une délégation de pouvoirs.

Le Prince prête serment de respecter la constitution et les lois du peuple belge devant les Chambres réunies. C’est lors de cette cérémonie que fuse le cri « Vive la République ! » attribué à Julien Lahaut qui est assassiné sept jours plus tard.

À la suite de l'abdication de son père le 16 juillet 1951, Baudouin devient le cinquième roi des Belges, le 17 juillet 1951, à presque 21 ans, et en une période où fait rage la deuxième guerre scolaire.

Pendant plus de 10 ans, le jeune roi subit la forte influence politique de son père et de sa belle-mère, allant jusqu’à refuser de serrer la main de ceux qui, comme Hubert Pierlot, s’étaient opposés à Léopold III pendant la guerre[4], [5].

Un an après son mariage, Baudouin choisit de s’éloigner ; il ne rencontrera plus son père et sa belle-mère qu’en de rares occasions, notamment après le décès de la reine Élisabeth[2].

Famille

La reine accompagnant le roi lors d’un voyage en Allemagne, 1971.

La naissance de Marie-Christine en 1951 et Marie-Esméralda en 1956 étend la fraterie de Baudouin. Son frère Albert se marie avec la ravissante Paola Ruffo di Calabria en 1959 et ils ont leur premier enfant en avril 1960.

Le roi Baudouin apparait en public comme un jeune homme réservé, triste et solitaire, sans aventure amoureuse connue ; la rumeur lui attribue l’intention d’entrer dans les ordres. Au fil des années, le célibat d’un roi qui vit toujours au domicile paternel devient une affaire d’état. Le cardinal Suenens a raconté que Baudouin en parla avec une religieuse irlandaise, Veronica O’Brien et que celle-ci, se mettant en recherche d’une possible épouse, trouva une aristocrate espagnole qui accepta de rencontrer le roi[1]. Les rencontres sont tenues secrètes, ce qui explique l’étonnement des Belges lorsqu’ils apprennent par la voix du premier ministre Gaston Eyskens, en 161 mots prononcés à la radio le 16 septembre 1960 à 12 h 20 et suivi d’un extrait de la Brabançonne[6], les fiançailles de Baudouin. Les premières photo du couple, lors de la présentation de la jeune femme au château de Ciergnon, montrent des fiancés manifestement amoureux et complices[1].

Le 15 décembre 1960, Baudouin épouse doña Fabiola de Mora y Aragón qui devient ainsi la « reine Fabiola ». Le mariage est célébré en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles et est retransmis à la télévision, une première pour un mariage royal en Belgique.

Léopold et Lilian s’installent en janvier 1961 au Château d'Argenteuil avec leurs enfants et la famille royale se divise ; Fabiola et sa belle-mère s’entendent mal, Baudouin et son père se brouillent pour des histoires de meubles emportés ou non de Laeken à Argenteuil.

En juin 1961, l'annonce que Baudouin et Fabiola attendent un enfant est faite à la presse, lors d'un voyage du couple à Rome, par le pape Jean XXIII - ce qui soulève une polémique dans les journaux belges de gauche ; trois semaines plus tard, il est annoncé par la cour que l'heureux évènement ne se produira pas. En février 1962, la reine est à nouveau enceinte mais accouche d'un enfant mort-né. Une intervention chirurgicale et deux autres fausses couches ne laissent plus d'espoir de voir naitre un héritier[6]. Aucun héritier ne naît donc de cette union.

Le roi Baudouin investit alors beaucoup dans la formation de son neveu, le prince Philippe, qu’il considère comme son successeur[7], bien que l’héritier normal du trône soit le prince Albert.

Sur le plan officiel, la famille royale devient celle de Baudouin et des autres enfants de la reine Astrid, Lilian et ses enfants n’en faisant plus partie puisque l’arrêté royal du 2 décembre 1991 stipule que « les Princes et Princesses issus de la descendance en ligne directe de S.A.R. le Prince Albert de Belgique seront qualifiés « Princes et Princesses de Belgique » dans les actes publics et privés qui les concernent[2] ».

Décès

En 1991, les médecins affirment que Baudouin souffre de la maladie de Barlow, « avec présence de calcifications à la valve mitrale[2] » et le roi se fait opérer à cœur ouvert à l’hôpital Broussais.

Deux ans plus tard, le 31 juillet 1993, le roi meurt d'un arrêt cardiaque lors de vacances dans sa villa de Motril, en Espagne. La princesse Lilian est avertie téléphoniquement, le soir même[2], du décès de Baudouin par son beau-fils Albert. Lilian, étant donné l’éloignement qui existe depuis de longues années entre elle et le roi, et persuadée que sa présence comme son absence aux funérailles vont être critiquées, décide de ne pas assister à la cérémonie mais de s’y faire représenter par le prince Alexandre et la princesse Marie-Esméralda[2].

La dépouille du roi est ramenée par avion à la Base aérienne de Melsbroek dans la nuit du 1 au 2 août puis transférée au château de Laeken puis, avec un arrêt à la Colonne du Congrès devant la tombe du Soldat inconnu, jusqu’au Palais royal de Bruxelles où les autorités puis la population peuvent lui rendre hommage, plusieurs jours durant. L’émotion est grande et les gens campent jour et nuit, les files d’attente pouvant durer 10 heures. En raison des fortes chaleurs, les services de secours doivent intervenir à de nombreuses reprises.

Les funérailles se déroulent en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles lors d’une messe de gloire et d'espérance demandée par son épouse, qui y assiste habillée de blanc, couleur de la résurrection et couleur de deuil des reines catholiques. La cérémonie est transmise en direct sur un écran géant installé sur la Grand-Place de Bruxelles et par de nombreuses télévisions du monde. Elle rassemble un grand nombre de chefs d'État du monde entier : de la reine Élisabeth II du Royaume-Uni à l'empereur Akihito du Japon, en passant par le président français François Mitterrand.

Un second office est célébré pour la famille en l’église Notre-Dame de Laeken avant que le corps ne soit descendu dans la crypte royale pour reposer près des précédents rois et reines belges.

Le deuil national prend fin le 9 août 1993, après la prestation de serment constitutionnel par Albert II. Pendant quelques semaines, les Belges se sont trouvés réunis par la disparition d'un homme « représentant symbolique de la conscience et de l'identité collectives de la Belgique[8]. »

Un long règne

Le roi Baudouin (à droite) avec Heinz Kühn en visite à Düsseldorf au château de Benrath (1971) - Photo : Archives fédérales allemandes.

Bien que la Belgique soit une monarchie parlementaire où le roi ne peut exprimer publiquement d'opinion qu'avec l'accord du gouvernement, le roi Baudouin a eu une influence certaine sur les gouvernements qui se sont succédé pendant ses quarante-deux années de règne. La constitution donne en effet au roi le pouvoir de refuser de valider une loi, ce qui explique que le pouvoir qu'il détient n'est pas symbolique comme celui d'autres monarques. D'autant plus que c'est le roi qui nomme et révoque les ministres. Et même s'il lui faut l'approbation du parlement, cela lui permet de jouer un rôle majeur après chaque élection et lors des crises ministérielles.

En acquérant pendant ses quarante-deux ans de règne une expérience supérieure à celle de bien des ministres des gouvernements de compromis qui se succèdent pendant ce temps, Baudouin constitue une sorte de pierre angulaire pour l’État belge ; cela lui permet d’avoir de l’ascendant sur ses ministres, voire de « leur savonner royalement les oreilles[9] ».

S’il défend toujours l'unité de la Belgique[9], il ne peut cependant empêcher les querelles linguistiques et la création d'une frontière linguistique, de trois régions, et de trois communautés. C'est sous son règne que, de réforme de l'État en réforme de l'État, la Belgique devient un État fédéral.

Sur le plan international, le règne est marqué par la création de la CECA en 1951 et de la Communauté économique européenne en 1957, de l'Exposition universelle de Bruxelles en 1958 et par l'indépendance du Congo Belge. Au delà des apparences de réserve qu'exige son statut, le roi Baudouin est très soucieux d'entente entre les hommes et les peuples. Ses nombreuses visites officielles à l'étranger, ainsi que les nombreux visiteurs officiels qu'il reçoit durant son règne sont l'occasion pour lui de révéler une hauteur de vue et un talent politique que beaucoup de ses interlocuteurs découvrent avec étonnement et dont ils témoigneront à l'annonce de sa mort[réf. nécessaire].

Le Congo belge

photo sépia. Le roi en uniforme militaire, entouré d’officiels, fait face à un groupe d’élèves dactylographes.
Pendant le voyage au Congo belge. Luluabourg, 1955.

En 1955, accueilli chaleureusement par des populations indigènes, Baudouin effectue une tournée triomphale au Congo belge, visitant toutes les régions d'une colonie qui est alors à son apogée[réf. nécessaire] et où se manifestent des velléités d'autonomie. En 1959, quatre ans après ce voyage qui n’apporte pas de changement fondamental dans la politique belgo-congolaise[10], il doit annoncer l'intention du Gouvernement d'accorder l'indépendance au Congo. Le 30 juin 1960, le monarque assiste à la transmission des pouvoirs à Léopoldville et prononce un discours, lors des festivités du 30 juin 1960, qui est ressenti internationalement comme ignorant les atrocités coloniales et glorifiant l'œuvre coloniale belge. Le Premier ministre Patrice Lumumba, qui sera assassiné plus tard probablement avec l'aide des services secrets belges et américains, réplique par un discours très critique vis-à-vis de la colonisation, discours qui sera qualifié d'insultant ou venimeux tant en Belgique qu'à l'étranger[11].

Dans un échange de lettre entre le chef du cabinet du roi et le major Guy Weber, alors chef de l'armée sécessionniste katangaise, Weber annonce que Mobutu et Tshombé neutraliseraient complètement Lumumba, « si possible physiquement »[12]. Recevant la lettre le 26 octobre, le roi rédige un projet de réponse à Tshombé avec la mention « Monsieur le Président », renforçant sa légitimité. Il se dit « très sensible (...) aux sentiments d'attachement que vous continuez à éprouver pour la Belgique et sa dynastie ». Le brouillon de la lettre comporte, faisant référence à Lumumba, la mention de la « politique haineuse d'un seul homme ». La lettre envoyée se conclut par l'accord de "plausible deniability" du Roi : « C'est ce qui me permet de vous dire ici combien j'apprécie les efforts que vous poursuivez inlassablement en vue d'une politique d'entente entre les divers leaders de l'ancien Congo, telle que vous l'avez définie à plusieurs reprises[13]. » Certains ont vu dans l’attitude du roi Baudouin, dans cette affaire d’assassinat politique, une non-assistance à personne en danger, peu compatible avec le respect de la vie qu’il manifeste comme croyant catholique[14] et qui va l’amener à provoquer une crise politique belge.

L’impossibilité de régner

portrait du philosophe
Hugo Van den Enden.

Baudouin est connu pour être un homme profondément croyant, catholique. Il n’apprécie pas l’évolution de la société qui amène, dès 1971 et en vain, une proposition de loi sur l’avortement. La proposition de loi Lallemand-Michielsen, qui se base notamment sur le livre Abortus pro/contra de l’expert en science éthique Hugo Van den Enden, rencontre ensuite une forte opposition et des pressions de diverses personnalités politiques, comme en a témoigné Roger Lallemand[15], et du roi.

En 1990, celui-ci refuse donc, par scrupule de conscience personnelle, de sanctionner cette loi qui propose la dépénalisation conditionnelle de l'avortement. Le 30 mars, Baudouin écrit au premier ministre Wilfried Martens : « Ces derniers mois, j’ai pu dire à de nombreux responsables politiques ma grande préoccupation concernant le projet de loi relatif à l’interruption de grossesse. (...) Ce projet de loi soulève en moi un grave problème de conscience. (...) Vous comprendrez donc pourquoi je ne veux pas être associé à cette loi. En signant ce projet de loi et en marquant en ma qualité de troisième branche du pouvoir législatif, mon accord avec ce projet, j’estime que j’assumerais inévitablement une certaine coresponsabilité. Cela, je ne puis le faire pour les motifs exprimés ci-dessus. (...)[16]. » Le Souverain invite dès lors « le gouvernement et le Parlement à trouver une solution juridique qui concilie le droit du Roi de ne pas être forcé d’agir contre sa conscience et la nécessité du bon fonctionnement de la démocratie parlementaire »[16].

Sur la base de l'article 93 de la Constitution[17], une parade juridique est trouvée : le Conseil des ministres constate que le roi est « dans l'impossibilité de régner » ce qui permet aux ministres réunis en conseil de sanctionner la loi le 3 avril 1990. Le 5 avril suivant, le roi est rétabli dans ses fonctions après un vote des Chambres réunies constatant que l'impossibilité de régner a pris fin. Certains Belges, dont Guy Verhofstadt[18] considèrent cette astuce comme inconstitutionnelle puisque la Constitution n'envisage que les cas de maladie ou d'éloignement physique du roi, que la Constitution[19] ne donne les pouvoirs du Roi aux ministres qu'en cas de décès de celui-ci[20], qu’en cas d'impossibilité de régner, c'est aux Chambres réunies de pourvoir à la tutelle et la régence[21].

L’attitude du roi, qui a donc posé un sérieux problème institutionnel, a cependant pour conséquence une augmentation de sa popularité telle qu’il est proclamé « homme de l’année » par les médias.

La dimension morale

Au cours de son règne, le roi Baudouin a dénoncé le racisme et la xénophobie dans ses discours, et n'a jamais reçu en audience aucun représentant de l'extrême-droite (Front national et Vlaams Blok). À la fin de sa vie, il s'était investi dans la lutte contre la traite des êtres humains et une prostituée lui a rendu un vibrant hommage lors de ses funérailles. N'oubliant pas le Congo, le souverain lance en 1991, un appel au calme face aux troubles ethniques (les incidents de Lubumbashi) qui secouent l'ancienne colonie.[réf. souhaitée]

Au cours de ses contacts avec les hommes politiques belges et étrangers, ainsi que lors de ses entrevues avec des chefs d'états étrangers, comme à l'occasion de rencontres avec des personnes privés, scientifiques et artistes, le roi Baudouin manifestera un tact et des capacités morales et intellectuelles qui expliquent les éloges à sa mémoire qui s'élevèrent lors de son décès.[réf. souhaitée]

Ses allocutions à la nation, annuelles puis bisannuelles[22], retransmises à la radio et à la télévision sont empreintes de paternalisme et expriment une « éthique quelque peu datée, légèrement apocalyptique[9] », basée sur les valeurs familiales traditionnelles et une morale conservatrice, opposée à l’individualisme, au matérialisme et à l’appât du gain. Cela le conduit à affirmer la nécessité de lutter contre la crise, le chômage, la décadence, le racisme, la pauvreté, l’exploitation sexuelle. « Pour le personnaliste qu’il était, tous ces excès étaient la conséquence de lacunes individuelles et de décadence morale, et bien moins des rapports de force politiques ou des structures économiques[9] ».

Sa constance dans l’expression de ses valeurs est appréciée de bien des gens — comme la simplicité de sa vie au quotidien, semblable à celle de la petite bourgeoisie, telle qu’elle transparait dans les photos de presse. « Scrutant l’album de photos du Roi Baudouin on s’aperçoit qu’au fil du temps, il s’est construit simultanément un visage et un personnage. Son principal transmetteur de signe était son visage[23]. »

Baudouin a réussi, au fil des ans, à faire reconnaitre des « valeurs éthiques d’humanisme et de professionnalisme[23] ». Son décès inattendu a choqué une grande partie de la population, suscitant « des réactions de type émotionnel beaucoup plus vives et intenses qu’on aurait pu le prévoir[23] », tant en Belgique qu’à l’étranger. Les hommages qui lui ont été rendus ont été adressés « à la réputation qui lui était faite[23] » et le rituel funéraire a reçu une « importance inaccoutumée[23] », cristallisant les sentiments de don du roi et de contre-don des Belges et rappelant la mort d’un héros antique. « L’idée qui émerge ici, c’est l’exceptionnelle réussite dans la mort d’un roi contemporain. Sa mort ne fut pas ressentie comme une fatalité inhérente au corps, elle a suscité au sein de la population une transcendance ou plutôt une sublimation[23]. »

On relève cependant un soutien du roi, voire des liens d'amitié, pour des personnalités dont l'action politique ou morale a été décriée. Ainsi a-t-il été proche de Mobutu Sese Seko (il fut le parrain d'une de ses filles et a passé des vacances chez lui[24]) et l'a-t-il soutenu, bien que les méthodes du régime qui incluaient la corruption, le non-respect des droits de l'homme et le détournement d'argent public fussent connues, jusqu'en 1988 lorsque Mobutu compara Léopold II de Belgique à Hitler, établissant ainsi une « étrange liaison entre un dictateur sans foi ni loi et un roi très chrétien[25] ». Il était proche aussi de Juvénal Habyarimana qui participa à des groupes de prières du Renouveau charismatique organisés au palais de Bruxelles et le soutint notamment en 1990, en demandant par écrit au gouvernement belge l’envoi de soldats belges pour aider Habyarimana menacé par le Front patriotique rwandais[14]. Il manifesta de la complaisance pour le régime de Francisco Franco[14] aux funérailles duquel il fut empêché d’assister par l’intervention du gouvernement belge[9]. Il accueillit officiellement Jean-Paul II en Belgique en des termes qui s’adressaient au représentant de sa religion plutôt qu’au chef d’état, suscitant la critique du milieu laïque belge[14].

Fondation Roi-Baudouin

En 1976, lors des célébrations des 25 ans de son règne, le roi Baudouin exprime le souhait de voir une fondation contribuant à l'amélioration des conditions de vie de la population : la Fondation Roi-Baudouin est donc créée à l'aide des fonds récoltés à cette occasion. Fondation d'utilité publique indépendante et pluraliste, elle a pour objet d'améliorer les conditions de vie de la population sur les plans économique, social, culturel et scientifique. Elle soutient l'engagement de tous les acteurs de la société afin de générer des changements durables qui contribuent à davantage de justice, de démocratie et de développement. Elle combine la réflexion de fond, la mise sur pied d'initiatives propres et l'aide financière en faveur de projets de tiers. Elle agit tant à court qu'à long terme.

Tous les deux ans, la Fondation Roi-Baudouin remet le Prix international Roi-Baudouin pour le Développement (d'une valeur de 150 000 euros) afin d'appuyer et faire connaître des projets ayant apporté une contribution majeure au développement des pays du Sud ou à la solidarité entre pays industrialisés et ceux en développement. Anciens lauréats : Dr Walter Plawright (développement d'un vaccin contre la peste bovine), Paulo Freire (alphabétisation au Brésil), la Grameen Bank du Bangladesh (micro-crédit), Aids Support Organisation (lutte contre le sida en Ouganda), Mouvement des Paysans Sans Terre au Brésil, la commission des droits de l'homme au Pakistan, etc.

La Fondation Roi-Baudouin gère de nombreux fonds d'entreprise et fonds nominatifs, comme le Fonds Reine-Fabiola pour la santé mentale, le Fonds Prince-Albert, le Fonds Prince-Philippe et le Fonds Princesse-Mathilde.

Citations

  • Maurice Béjart : "C'est un être très humain. Il n'y a pas tellement d'êtres humains à un aussi haut niveau. Il y a des robots, des machines, des gens pleins de désirs... Mais de véritables êtres humains, on en trouve peu. Dans le milieu des dirigeants et des personnes haut-placées que mon métier m'a amené à fréquenter, je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui a gardé tant de fraîcheur, d'humanité et de profondeur. C'est un être très rare et la Belgique a beaucoup de chance d'avoir un Roi comme celui-là."
  • Jacques Delors : "Une personnalité remarquable, très soucieuse des autres, attentif à la misère et à tout ce qui peut dégrader l'homme."
  • Konstantínos Karamanlís : "Un homme aux vertus humaines et royales."
  • Helmut Kohl : "Un grand homme d'État européen qui a contribué de façon significative à la réconciliation entre les peuples après la seconde guerre mondiale."[réf. nécessaire]

Distinctions

  • Grand-Collier de l'Ordre de l'Infant Dom Henrique Drapeau du Portugal Portugal (1982)
  • Diverses autres décorations décernées lors de visites officielles à l'étranger.

Notes et références

  1. a, b, c, d et e Patrick Weber, Amours royales et princières. Mariages, liaisons, passions et trahisons de la cour de Belgique, Racine, 2006, (ISBN 9782873864880), p. 128 et 148 à 148.
  2. a, b, c, d, e, f et g Michel Verwilghen, Le mythe d'Argenteuil. Demeure d'un couple royal, Racine, Bruxelles, 2006, 614 p. (ISBN 2873864567), p. 61, 186 à 195, 401 à 406, 463.
  3. Buste figurant sur le porche d'entrée du restaurant Les 4 Rois à Tombeek (Overijse) route Nationale 4 (Ancienne voie routière très fréquentée avant la création de l'autoroute E411 entre Briuxelles et Wavre)
  4. Thierry Grosbois, Pierlot. 1930-1950, Racine, 2007, 398 p. (ISBN 9782873864859), p. 357 et 358.
  5. Michel Dumoulin, Mark van den Wijngaert et Vincent Dujardin, Léopold III, Karthala, 2000 (ISBN 2845860064), Complexe, 2011, 398 p. (ISBN 2870278780), p. 323 à 326<
  6. a et b Pierre Stéphany, Les années 60 en Belgique, Racine, Bruxelles, 2006, (ISBN 2978873864873), p. 130, 137 et 138.
  7. Martin Buxant et Steven Samyn, « Dehaene: « Baudouin voulait Philippe sur le Trône » » dans lalibre.be, 24 mars 2010, consulté le 10 juin 2011.
  8. Renée Claire Fox, Le château des Belges. Un peuple se retrouve, Duculot, Bruxelles, 1997, 368 p. (ISBN 2801111430), p. 318.
  9. a, b, c, d et e Marc Reynebeau, Histoire belge. 1830-2005, Racine, Bruxelles, 2005, 346 p., (ISBN 2873864079), p. 290 à 292.
  10. Jules Gérard-Libois et Jean Heinen, Belgique - Congo 1960: Le 30 juin pourquoi. Lumumba comment. Le portefeuille pour qui., De Boeck Supérieur, 1993, 168 p., p. 20 et 21.
  11. Ludo de Witte, L'assassinat de Lumumba, Karthala, 2000 (ISBN 2845860064), p. 88.
  12. Rapport de la Commission d'enquête parlementaire chargée de déterminer les circonstances exactes de l'assassinat de Patrice lumumba et l'implication éventuelle des responsables politiques belges dans celui-ci, p. 472.
  13. Carte Blanche de Ludo de Witte, quotidien belge Le Soir, mercredi 23 juin 2010.
  14. a, b, c et d Nadia Geerts, Baudouin sans auréole, Labor, 2003, (ISBN 2-8040-1418-8), p. 33, 34 et 49 à 61.
  15. Roger Lallemand, Le songe du politique, Didier Devillez, Bruxelles, 2000, p. 41.
  16. a et b Wilfried Martens, Mémoires pour mon pays, Racine, Bruxelles, 2006, (ISBN 2873864540), p. 177 et 178.
  17. Si le Roi se trouve dans l'impossibilité de régner, les ministres, après avoir fait constater cette impossibilité, convoquent immédiatement les Chambres. Il est pourvu à la tutelle et à la régence par les Chambres réunies.
  18. Annales parlementaires de Belgique, Chambres réunies, séance du jeudi 5 avril 1990.
  19. Constitution belge
  20. Constitution belge
  21. Constitution belge
  22. À partir de 1983, le discours de fin d’année se double de celui de la fête nationale.
  23. a, b, c, d, e et f Lise Boily-Blanchette (dir.), Imaginaire et nouveaux médias: actes du colloque du CRI, Centre de recherche sur l'imaginaire, Montpellier, décembre 1994, Ruptures de la modernité, Les Cahiers de l’Imaginaire, no 17, L’Harmattan, 1998, (ISBN 2738473164), p. 127 à 138.
  24. Claude Roosens, Valerie Rosoux et Tanguy de Wilde d'Estmael, La politique étrangère. Le modèle classique à l'épreuve, P.I.E.-Peter Lang, Bruxelles, 2004 (ISBN 9052012318),p. 228.
  25. José-Alain Fralon, Baudouin, l’homme qui ne voulait pas être roi, Fayard, Paris, 2001, p. 327.

Bibliographie

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes


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Léopold III
Greater Coat of Arms of Belgium.svg
Roi des Belges
1951 – 1993
Albert II

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