Économie du botswana

Économie du botswana

Économie du Botswana

Botswana
Données générales
Monnaie 1 Pula (BWP) = 100 thebe
Année fiscale 1er avril - 31 mars
Organisations économiques OMC, UA, UDAA
Statistiques [7]
Classement IDH 124 (2005)
PIB (milliards) $ 9,046 (2005)
Classement PIB à parité de pouvoir d'achat par volume : n/de (n/d)
per capita : n/d (n/d)
PIB par habitant $ {{{PIB par habitant}}} (2005)
Croissance 4,5 % (2005)
Inflation 12,5 % (juin 2006)
Chômage 23,8% (2004)
PIB par secteur agriculture : 2,4%
industrie : 46,9%
services : 50,7% (2003)
Population active (millions) 0,3 (2004)
Population active par secteur agriculture : 15,6%
industrie : 12,9%
services : 71.4% (1996)
Pop. sous le seuil de pauvreté 23,4% (2003)
Industries principales diamants, cuivre, nickel, carbonate de soude
Partenaires commerciaux
Exportations (milliards) $ 3,68 (2005)
Principaux partenaires AELE, Union douanière dAfrique australe, Zimbabwe
Importations (milliards) $ 3,37 (2004)
Principaux partenaires UDAA, AELE, Zimbabwe
Finances publiques
Dette 1,7% du PIB
Dette externe (millions) $ 556
Aide (millions) $ 38 (2002)
n/d= non déterminé(e)

Le Botswana pourrait facilement passer, sur le papier, pour un modèle de réussite économique sur le continent africain : bâtissant son avenir sur une administration démocratique, stable, compétente et peu corrompue, (Transparency International le classe régulièrement comme le pays le moins corrompu dAfrique), une gestion prudente et, bien sûr, un sous-sol riche en diamants et minéraux, ce pays enclavé, dont seules 5% des terres conviennent à lagriculture et qui lors de son indépendance en 1966 était lun des 25 plus pauvres du monde, se classe désormais parmi les plus prospères du continent. De fait, il sagit du seul pays au monde qui a pu lors de la période 1970-2000 afficher une croissance annuelle moyenne de près de 9%.

Cette richesse théorique est cependant menacée par une surdépendance de léconomie vis-à-vis du secteur minier, ainsi que par lépidémie de SIDA qui sévit à travers toutes les couches de la population (près dun adulte sur trois serait infecté). Quoi quil en soit, avec ses heurs et malheurs, ce territoire peuplé de 3,12 habitants au km² reste dans une situation enviable pour nombre de ses voisins.

Sommaire

Historique

Lors de sa mise formelle sous protectorat par les Britanniques en 1885, le Bechuanaland nest que larrière-cour semi désertique de lAfrique du Sud, et le rôle du gouvernement se limite essentiellement à contrôler les tensions qui opposent les locaux (essentiellement des Shonas) aux colons ndébélés et boers. Le seul projet industriel denvergure est lattribution dune bande de terre à Cecil Rhodes pour la construction du chemin de fer Le Cap-Le Caire vers la fin du XIXe siècle.

Le Botswana et ses ressources.
Au : Or ; C : Charbon ; Co : Cobalt ; Cu : Cuivre ; Dm : Diamants ; Gm : Pierres précieuses ; Mn : Manganèse ; Ni : Nickel
Source: USGS

Lorsque le Botswana accède à lindépendance le 30 septembre 1966, sa capitale Gaborone nest guère quun village de quelques milliers dâmes, une poignée de kilomètres de routes seulement dans tout le pays sont goudronnées, et lon ny trouve que deux écoles secondaires offrant un cycle complet de 5 ans, comptant 80 élèves en tout et pour tout[1]. La seule « richesse » du pays, essentiellement couvert par le désert du Kalahari, est alors lélevage extensif de bovins. Les choses changent de manière radicale à partir de juillet 1971 avec louverture par la compagnie sud-africaine De Beers de la plus grande mine de diamants du monde à Orapa. A partir de ce moment, et soutenue par les investissements étrangers et un gouvernement efficace et transparent, la croissance du produit intérieur brut sest maintenue aux alentours de 8% annuellement jusquà la fin des années 1990. Entre les recensements de 1985-86 et 2002-03, la proportion de la population sous le seuil de pauvreté absolue a ainsi pratiquement diminué de moitié (de 57 % à 30 %)[2].

Avec la stabilisation prévue de la production de diamants, le gouvernement botswanais a commencé depuis le début des années 2000 à prendre des mesures pour diversifier plus sérieusement léconomie et la rendre moins dépendante du secteur minier, notamment avec lexternalisation des services et le tourisme, ce dernier sétant longtemps cantonné aux segments les plus élevés du marché.

Ressources naturelles

Les 10 premiers pays exportateurs de diamant

Il a souvent été postulé que labondance de ressources était pour un pays autant voire plus une malédiction quune réelle chance: cela est vrai pour les pays développés (voir maladie hollandaise), mais plus encore pour les pays pauvres, la richesse du sous-sol semble influer négativement sur la stabilité du pays ainsi que sur la fréquence des conflits armés qui sy déroulent (on pensera notamment au Libéria ou à la République démocratique du Congo). Le Botswana semble pourtant avoir échappé à cette « malédiction des ressources »: alors que son sol est pauvre à lextrême en surface, le sous-sol renferme des quantités appréciables de minéraux: le secteur est dominé par la production de diamants et, dans une bien moindre mesure, celle de nickel-cuivre et de natron.

De par sa structure de production peu intensive en main-dœuvre, le secteur minier est à la fois une richesse pour le pays -les revenus combinés du diamant et du nickel-cuivre passant de zéro à lindépendance à 90% des exportations à la fin des années 1980 (avec un trou en 1981, année de dépression pour le marché mondial du diamant)- et une enclave séparée du marché de lemploi : la part de la population active employée dans le secteur na jamais dépassé les 10% (au début des années 1980) et se maintient aujourdhui aux alentours de 5%. Deux compagnies minières, Debswana (une société mixte formée à égalité par le gouvernement et la Sud-africaine De Beers) et Bamangwato Concessions Ltd. (également détenue en partie par le gouvernement botswanais) gèrent les immenses ressources minérales du pays. Lors dun recensement opéré en août 2004, il est apparu que 64 compagnies se partageaient un total de 556 licences de prospection, dont 432 concernaient le diamant ou des pierres précieuses[3].

Brillanten.jpg
Contribution du secteur minier aux PIB,
budget de lÉtat et exportations
Année   PIB
(%)
Recettes
de lÉtat (%)
Revenus
dexportation (%)
1967   1,6 0 1
1972   11 5 44
1976   14 27 57
1980   23 31 81
1981   22 33 65
1985   41 47 87
1989   51 59 89
1993   33 40 82
1995   33 51 76
Source: Office central des statistiques du Botswana

Diamants

Après lextension de la mine dOrapa (Orapa 2000), Debswana a négocié en 2004 un renouvellement pour 25 ans de ses concessions dexploitation. Si la participation du gouvernement dans Debswana se limite à 50% du capital, la part des profits qui lui revient est de 75 à 80%[4].

La compagnie De Beers ouvrit la première mine à Orapa en 1972, après avoir payé en 1969 20 millions de dollars pour la licence dexploitation: en 4 mois cet investissement était déjà couvert par les profits générés par la mine. Un juriste envoyé au gouvernement du Botswana par la Banque mondiale insista pour la renégociation du contrat de licence, soulevant lopposition du cartel qui obtint de la Banque quelle déclare que lavocat nagissait pas en son nom. La découverte dun second gisement renforça cependant la position du gouvernement, et laccord fut effectivement renégocié[5].

Quatre exploitations sont aujourdhui en activité: après Orapa (découverte en 1967, ouverte en 1972) vint Letlhakane (1975), puis Jwaneng en 1982, considérée aujourdhui comme le gisement le plus riche du monde. Damtshaa a pour sa part démarré ses opérations en 2002. Second producteur de diamants au monde (après lAfrique du Sud) avec 30 millions de carats (soit 6000 kilos, près du quart de la production mondiale en 2004) pour les seules mines gérées par Debswana, le Botswana est grâce à la qualité des ses pierres le premier producteur mondial en valeur absolue. Grâce aux profits quasi-monopolistiques réalisés par De Beers sur les marchés mondiaux, les revenus du diamant sont à la fois stables et élevés.

Nickel, cuivre et autres minerais

Article connexe : extraction du cuivre.

Lextraction de ces deux métaux est entre les mains de BCL (compagnie en partie détenue par lÉtat et qui a subi des pertes dexploitation chroniques) et Tati Nickel Mining Co. (filiale dune compagnie canadienne, LionOre Mining Ltd.), les gisements étant situés dans la région de Selebi-Phikwe. Le minerai extrait, un agrégat de nickel, chrome et cuivre, est ensuite envoyé pour raffinage en Norvège et au Zimbabwe.

Tati utilisant jusquen 2004 la fonderie de BCL, lextension de ses opérations et lacquisition dun site de transformation propre à la compagnie devrait entraîner une augmentation des volumes disponibles pour BCL, qui après de sévères restructurations commence depuis les années 2000 à dégager des bénéfices. Le lancement par BCL de nouvelles prospections devrait permettre dutiliser les capacités nouvellement libérées. BCL produit également près de 250 000 tonnes de natron par an, mais les rendements semblent sorienter vers une diminution. De plus, la faible population locale ne pouvant soutenir la consommation de verre produit localement, lessentiel du minerai est exporté.

Enfin, environ 170 kg dor ont été extraits du sol botswanais (Mupane, région de Francistown) en 2004. Des projets dexploration et de recherche de plomb, argent, et zinc ont été menés et se sont révélés fructueux dans la zone de Kihabe (700 km au nord de Gaborone)[6].

Charbon et gaz naturel

Du méthane a récemment été découvert en conjonction avec les mines de charbon de Morupule (près de Francistown, la quantité commercialement disponible étant estimée à 340 km³. Lexploitation a démarré courant 2004. Le charbon produit (environ 900 000t/an) est pour sa part destiné pour moitié à la centrale thermique de Morupule, qui fournit 30% de lélectricité du pays (le reste est importé) et alimente les mines de nickel-cuivre et de natron de BCL[6].

Infrastructures

Transports
Routes (2003)
Goudronnées 8867 km
Non goudronnées 16 3666 km
Rail (2005)
888 km
Voies deau
-
Aéroports (2006)
Aéroports à piste goudronnée 10
- avec trafic intl 1 (Gaborone)
Aéroports non goudronnés 75
Source: World Factbook

Routes, transports

Au moment de son indépendance, le Botswana ne comptait que 12 kilomètres de routes goudronnées. À cause de sa situation enclavée, qui le rend totalement dépendant de ses voies communications avec les pays voisins, la politique des transports est devenue une partie intégrante du Programme de développement mis en place dès les premières années de gouvernement: cette exigence est encore plus vraie aujourdhui, labsence dinfrastructures adaptées est un frein à la diversification de la production et des exportations.

Si les bailleurs externes ont historiquement assuré lessentiel des investissements routiers (lautoroute Trans-Kalahari est par exemple due à la Banque africaine de développement), chaque année 15 à 20% des investissements gouvernementaux dans les infrastructures sont également assignés au secteur des transports, les montants engagés excédant plus dune fois ce plancher. En 2003, le pays comptait près de 9000 km de voies goudronnées: celles-ci sétendent jusquaux frontières avec la Zambie et le Zimbabwe, réduisant ainsi partiellement la dépendance vis-à-vis du géant sud-africain voisin. Les moyens alloués à lentretien sont cependant encore insuffisants, et nombre de routes sont à reconstruire: les quatre tronçons principaux reliant le pays à lAfrique du Sud sont également inadaptés à limportant trafic entre les deux pays[7]. LÉtat explore donc des méthodes alternatives de développement lui permettant de faire face à ces contraintes: les partenariats public-privé se multiplient, lentretien est délégué au secteur privé, et des péages sont progressivement installés sur les grands axes.

La principale ligne de chemin de fer reste la section du grand projet Le Cap-Le Caire, qui relie la ville sud-africaine du Cap à son homologue zimbabwéenne de Bulawayo, en passant par Lobatse, Gaborone et Francistown. Deux courtes extensions en direction des gisements de charbon de Morupule et de nickel-cuivre de Selebi-Phikwe sont plus récents, mais lessentiel du réseau conserve un écartement étroit (1,067 m) hérité de lEmpire britannique (les voies modernes ont un écart de 1,435 m), significatif de son âge avancé. Botswana Railways a cependant adopté un plan sur cinq ans (2003-2008) pour améliorer ses services. Modernisation des systèmes de signalisation, rationalisation de lutilisation dun matériel révisé, travaux découlement le long des voies, etc., sont désormais à lordre du jour.

Des 95 aéroports du pays, 10 ont des pistes permanentes et seul le nouvel aéroport de Gaborone est réellement denvergure internationale (moins de 200 000 passagers/an en 2001). Deux autres aéroports (Maun & Kasane) assurent également des dessertes au niveau régional. Le pays possède sa propre compagnie aérienne nationale, Air Botswana, qui se partage le marché avec quelques petits opérateurs au niveau local et dont la privatisation est annoncée. Si les grands aéroports sont contrôlés par le gouvernement, limmense majorité des pistes locales dépendent dopérateurs privés[8].

Énergie

Le charbon produit à Morupule reste la principale source dapprovisionnement des centrales thermiques de Morupule (132 MW) et Selebi-Phikwe (60 MW), qui couvrent à peine 30% des besoins du pays. La construction dune nouvelle centrale ayant été repoussée pour linstant, le déficit énergétique est comblé par des importations en provenance de lAfrique du Sud voisine en vertu dun accord de 1995 destiné à favoriser laccès et la répartition de lénergie au sein de lAfrique australe (Southern Africa Power Pool). Cest par ce biais que la Botswana Power Corporation achète lessentiel de son électricité auprès du Sud-africain Eskom, dont la capacité excédentaire chute rapidement en raison de la hausse de la consommation régionale et de la faiblesse des investissements passés. Une crise énergétique est à craindre pour 2007[9].

Électricité
Production totale
- dont hydraulique
- thermique
0,94 TWh (2005)
0%
100%
Consommation 2,33 TWh (2005)
Importations 1,39 MWh (2005)
Consommation dénergie/pers. 8540,95 kWh (2005)
Source: AIEA

La faible densité du pays contribue à augmenter les coûts délectrification du pays, et nombre de petites communautés (10% de la population vit dans des villages de moins de 100 habitants) ne sont pas encore reliées au réseau national. Un plan délectrification rurale est en place, qui permet aux consommateurs de différer les coûts immédiats dinstallation des lignes (10% payés à la mise en place, le solde étant réparti sur les 10 années suivantes: en 2004, seuls 22% de la population disposait de lélectricité, proportion qui devrait passer à 70% courant 2009 et 100% aux alentours de 2016.

En dépit de ses 3200 heures densoleillement par an (lun des plus forts taux au monde) et du lancement dun plan déquipement rural photovoltaïque en 1997, lutilisation de sources dénergie renouvelables peine à décoller: le chauffage solaire de leau est quasi-inexistant, le manque de vent obère les perspectives dutilisation déoliennes, et la production de biogaz en profitant de lénorme cheptel local nest encore quà l'état de projet.

Enfin, la quasi-totalité de la consommation de pétrole (13 000 barils/jour) est importée depuis lAfrique du Sud voisine.

Télécommunications

Téléphonie fixe et mobile

Botswana-phone.png
Évolution du nombre de lignes de téléphone fixe (beige), mobile (bleu) et dutilisateurs dinternet (rouge): 1996-2005
Télécommunications et internet
Téléphonie
Indicatif + 267
Nombre de lignes fixes (2005)
- soit pour 100 habitants
160 000
9,1
Nombre de lignes mobiles (2007)
- soit pour 100 habitants
1 151 800
61,21
Internet
Domaine .bw
Nombre dabonnés (2003)
- dutilisateurs
n/a
100 000
Radio Télécommunications
Postes TV pour 100 habitants (2000) 2,6
Postes radio pour 100 habitants (2000) 15,5
Sources: UIT, World Factbook

Linfrastructure nationale (entièrement numérique) peut être considérée comme bonne, avec une dorsale en fibre optique couvrant lEst du pays, un couloir circulaire reliant les différents centres urbains: les portions non câblées fonctionnent par le biais dun réseau micro-ondes en voie de modernisation. Mais comme ailleurs on assiste à la formation dun fossé technologique entre les centres urbains et les campagnes, 22% de la population accaparant 44% des lignes fixes[10].

Le secteur a été libéralisé en 1996, avec lintroduction du Botswana Telecommunications Act qui abroge le monopole de lopérateur national, la Botswana Telecommunications Company (BTC), dans tous les domaines à lexception du réseau fixe. Des licences dexploitation de réseaux mobiles ont donc été attribuées à deux opérateurs privés, Mascom et Vista/Orange, dont les réseaux couvrent désormais 99% de la population. Un opérateur par satellite (Africa Telecommunication PTY) permet une certaine concurrence au niveau des communications internationales, tandis quune quinzaine de fournisseurs daccès à Internet permettent la location de lignes à haut débit pour les entreprises. Grâce entre autres à ce que lUnion internationale des télécommunications attribue à une « tradition post-indépendance de bonne gouvernance, démocratie, intolérance pour la corruption et respect des procédures légales »[11], le réseau fixe a doublé son volume de lignes entre 1997 et 2002, le réseau mobile passant quant à lui de zéro à 1 151 800 abonnés entre 1997 et 2007 : de fait, lautorité de régulation est indépendante de linfluence gouvernementale quant à lattribution des diverses licences dexploitation (pour preuve son refus dattribuer une licence à BTC, faute de garanties suffisantes), qui lui procurent près de 90% de son revenu.

À limage du reste de lAfrique et des autres pays en développement, le Botswana a su pleinement adopter la technologie sans fil pour faire face à léparpillement de sa population (les opérateurs ont lobligation de fournir un accès universel). Alors que le nombre de lignes fixes à tendance à stagner depuis le début des années 2000, le nombre dabonnés aux réseaux mobiles a littéralement explosé, avec plus de 61% de la population équipée en 2007.

Internet

La technologie ADSL nétait pas encore disponible au début 2004, et les connexions, par modem pour les particuliers, ont donc longtemps été limitées à 56 kbps. De fait, les services par internet, souffrant dun marché limité, sont relativement sous-développés avec, en 2004, moins de 2000 sites du domaine ".bw". Avec une connexion internationale à 14 Mbps en 2004[12], le Botswana, tout en ayant lune des offres numériques par habitant parmi les plus élevées dAfrique, concentre presque tous ses fournisseurs daccès dans 5 centres urbains (Grand Gaborone, Francistown, Lobatse, Selebi-Phikwe, Maun) regroupant à peine un tiers de la population: du fait de la relative rareté des ordinateurs personnels (un sondage de 2004 indiquait que 91% de la population nen avait jamais utilisé), lessentiel des internautes a donc accès au web par le biais dun cybercafé. Dans lensemble, et bien que peu développé dans labsolu, laccessibilité aux nouvelles technologies est tout de même très supérieure à ce que lon peut trouver sur le reste du continent, et le gouvernement sefforce dorienter le pays vers un plus grand usage de celles-ci, en favorisant par exemple louverture de centre dappels régionaux et autres services basés sur les télécommunications (toujours dans loptique dune diversification hors du secteur minier). Il est dailleurs à noter que les dépenses gouvernementales représentaient en 2004 encore près des deux tiers du marché total des biens et services de télécommunications dans le pays, cette part étant toutefois en diminution lente mais constante.

Structure économique

Article détaillé : Liste d'entreprises botswanéennes.
Ventilation du PIB du Botswana, par secteur (2005)
Source: Bank of Botswana

Léconomie du Botswana est dominée par la production minière et de viande bovine, laissant peu de marge de croissance pour les autres secteurs. Depuis le début des années 2000, le gouvernement a réorienté la politique touristique du pays vers des marchés moins exclusifs. La persistance de conflits fonciers entre le gouvernement et certaines populations autochtones abusivement déplacées (notamment les Bochimans) constitue cependant une entrave au développement de par lincertitude quelle entretient. Ceux-ci ont cependant gagné un important procès contre l'État en décembre 2006 leur garantissant le droit constitutionnel d'habiter et chasser sur leurs terres ancestrales du Kalahari.

Agriculture

Dans ce pays aride, soumis à une sécheresse récurrente, seules 5% des terres sont arables. Au moment de lindépendance, la totalité de la population vivait en zone rurale, Gaborone nétant guère quun gros bourg. La part de lagriculture a chuté de 40% à moins de 5% du PIB entre 1966 et 1990. Et, du fait du manque de terres arables, lessentiel de la production agricole vient de lélevage extensif (70% des exportations alimentaires et 4% des exportations totales), qui pour lessentiel est consacré à la viande bovine. Un frein important au développement de lagriculture comme poste dexportation réside dans la présence endémique de maladies au sein du cheptel local.

La fréquence des sécheresses (environ une année sur deux) a amené le gouvernement à prendre un soin particulier pour la protection des populations les plus fragilisées par celles-ci, allant jusquà consacrer près de 3 à 4% du PIB au secours des victimes dans les années 1980 en finançant de grands projets dinfrastructure à haute intensité de main-dœuvre afin de compenser les pertes de revenus des populations touchées.

Industrie

Le secteur manufacturier est encore au stade embryonnaire dans le pays en dépit des efforts récents du gouvernement, représentant moins de 4% du PIB (contre 7% dans les années 1970). Les activités de ce secteur sont tout aussi limitées: boucheries, brasseries, tannerie et cuir, habillement et assemblage de téléphones portables et activités connexes. La progression du secteur est ralentie par lappréciation du taux de change réel ainsi que par la lenteur de la mise en œuvre des réformes. La récente dévaluation du pula devrait cependant aider à soutenir la compétitivité des produits locaux[13].

Services

La richesse des flore et faune botswanaises est unique en Afrique. Ici, un guépard de lOkavango.

Le secteur des services commence à prendre le pas sur le secteur minier dans la composition du Produit intérieur brut (45% contre encore 50%), marqué notamment par la forte progression des secteurs des télécommunications et du tourisme. Si ce dernier ne constitue à lui seul que 4% de la richesse nationale, avec 2 millions dentrées en 2003 et 356 millions de dollars de recettes directes il sagit toutefois de la seconde recette dexportation du pays après les diamants.

Près du tiers de son territoire est protégé par des parcs: la marge de progression dans ce secteur est donc grande, et lÉtat botswanais y voit, probablement à juste titre, le moyen de capitaliser sur une richesse naturelle particulièrement utile dans les zones rurales, notamment dans louest et le nord du pays (désert du Kalahari et delta de lOkavango). Depuis 2004, une nouvelle politique touristique a été lancée, moins orientée vers les niches supérieures du marché. Lintroduction en bourse de deux entreprises du secteur (Afritourism Ltd. et Chobe Holdings) traduit bien lémergence de cette nouvelle industrie[13].

Secteur informel

Carte mondiale de perception de la corruption (2005). Le Botswana est le pays africain le mieux classé (32e), selon Transparency International.

Limportance de léconomie informelle est par essence difficile à évaluer. Mais avec entre 20 et 25% de la population au chômage, on peut considérer son importance comme substantielle. LOffice central des statistiques (CSO) ne sy trompe pas, qui conduit plusieurs études sur le sujet[14]. Dans ses conclusions, le CSO relève que les femmes constituent la majorité des opérateurs de ces entreprises urbaines et familiales, activités qui en 2000 donnaient du travail à près de 250 000 personnes, établies pour lessentiel à leur propre compte. Comme dans beaucoup de pays, le secteur souffre du faible niveau déducation de ses acteurs et des restrictions daccès au crédit: dans un pays encore très marqué par la ruralité de ses citoyens, la levée de capitaux se fait donc souvent par la vente du bétail familial.

Léconomie de lombre ne contribue à la richesse nationale quà hauteur de 2%, mais joue probablement un important rôle de stabilisation sociale.

Partenaires commerciaux

Principaux partenaires économiques du Botswana en 2004-2005.
Source: World factbook

Les principaux partenaires commerciaux du pays sont lUnion européenne, lUnion douanière dAfrique australe (UDSA ou UDAA) et le Zimbabwe. La poursuite de lintégration régionale, par le biais de la Communauté de développement dAfrique australe (South African Development Community, dont il héberge le secrétariat) se traduit par la signature daccords de réduction des tarifs douaniers avec ses voisins immédiats : en tant que membre de lUDAA (une union douanière), la politique de tarifs extérieurs est déterminée à 96,5% au niveau régional, pour une taxe moyenne dimportation en 2002 de 5,8% (9,1% pour les produits agricoles, 5,3% pour les produits non-agricoles)[15]. Lun des problèmes structurels de lUDAA est que ses tarifs douaniers reflètent souvent les priorités économiques du géant sud-africain. Dautre part, alors que le ministère du Commerce est généralement responsable de la politique commerciale extérieure du pays, toutes les affaires relevant de lUnion douanière sud-africaine sont du domaine du ministère de lÉconomie et des Finances. Tout changement de la politique commerciale passe dabord par un processus consultatif impliquant tous les acteurs concernés (gouvernement, employeurs et syndicats) et à lissue duquel un livre blanc est rendu public; celui-ci sert alors de ligne directrice pour laction gouvernementale.

Le Botswana a un accord de libre-échange avec le Zimbabwe et lInde, et une multitude daccords préférentiels avec dautres acteurs internationaux (UE, USA, Japon, Suisse, Chine, Russie). Le pays est également un des membres fondateurs de lOMC et possède 19 engagements au titre de lAGCS.

De par la rareté de ses terres cultivées, le pays importe une grande partie de son alimentation ainsi que de son énergie et ses équipements mécaniques. Les principaux postes dexportation sont bien évidemment les produits miniers (diamant pour presque 80%, mais aussi cuivre et nickel (5%)), ainsi que du textile (3%) et du bétail (4%).

Rôle de lÉtat

La relative homogénéité ethnique des habitants du pays a permis déviter les conflits de faction au sein du pouvoir, contribuant ainsi à une stabilité déjà soutenue par une bonne gouvernance: le Botswana était ainsi classé en 2005 au 32e rang mondial de lindice de perceptions de la corruption établi par Transparency International, devant plusieurs pays européens tels que lItalie (40e) ou africains comme lAfrique du Sud (42e). Des assemblées consultatives danciens (kola) permettent également dassurer une participation de la population aux décisions laffectant directement.

Le pays a également une longue tradition de planification de son développement, avec la mise en place de neuf National Development Plans (NDP) successifs depuis lindépendance. Plus que de simples listes dobjectifs budgétaires gouvernementaux, il sagit de cadres de coopération avec le secteur privé et les ONG. Le neuvième plan (2003-2009, également désigné NDP-9) est le premier à intégrer la vision à long terme pour lhorizon 2016[16]: il comporte notamment des initiatives en matière de diversification économique, développement rural et contrôle de lépidémie de VIH/Sida.

Variation du PIB du Botswana (en bleu) et de lAfrique sub-saharienne (en noir), 1980-2007.
Source: Banque mondiale

Implication directe dans léconomie

Les années 1970 ont permis à nombre de pays du Sud de profiter de lextension des prix des matières premières : le Nigeria et le Kenya ont par exemple et respectivement vu leurs revenus du pétrole et du café augmenter de manière spectaculaire : profitant de cette manne, ils ont alors poursuivi des politiques de dépenses difficiles à restreindre une fois les prix de ces ressources revenus à des niveaux plus humbles, dépenses ayant par ailleurs affecté négativement la compétitivité des autres secteurs de léconomie.

Tout au long de son propre boom minier débuté à la même époque avec louverture dOrapa, le gouvernement botswanais sest tenu à deux axes de gestion macroéconomique:

  • en accumulant des réserves de devises et les excédents budgétaires, avec pour objectif déviter laccumulation de dettes et de réduire les pressions inflationnistes. Ces réserves étaient également destinées à assurer la stabilité des revenus pour les années moins fastes;
  • en utilisant cette même accumulation de devises pour influer sur lappréciation de la pula et permettre aux industries nationales de rester compétitives par rapport à la concurrence étrangère[17]

Le NDP-9 en cours continue de privilégier cette philosophie de stabilité macro-économique et discipline financière. Celle-ci lui a permis de négocier ses partenariats avec le FMI et la Banque mondiale sans avoir à subir le contrecoup des ajustements structurels souvent demandé à dautres pays en développement.

Monnaie & Finances publiques

Évolution du cours du pula, 2002-2006.
Source: Banque nationale du Botswana

Le monnaie nationale est le pula (BWP), mot qui signifie "pluie" en tswana, reflétant ainsi limportance de celle-ci pour le pays (la devise nationale du pays est également "Que tombent les pluies"). Créé en 1976 lors de la sortie de la zone monétaire du Rand sud-africain, il sagit dune monnaie forte qui a permis déviter une partie des turbulences infligées à lAfrique du Sud et à ses partenaires pendant les années dapartheid : le rand continue cependant dêtre la monnaie la plus présente (jusquà 70%) dans le panier dindexation du pula.

La politique monétaire est orientée vers une maîtrise de linflation et la conservation dun taux de change réel stable, mais la flambée du pétrole ainsi que la dévaluation de 12% du pula en 2005 ont sérieusement perturbé les objectifs en termes de contrôle des prix. Linflation se situait vers 8.7% à la mi-2005, soit bien au-dessus des 3 à 5% escomptés par la Banque du Botswana[18]

Lambition initiale du NDP-9 était dassurer léquilibre budgétaire sur la durée de son exercice, mais cet objectif est mis à mal par une croissance plus lente quattendue et un poids croissant des dépenses de santé engagées pour lutter contre lépidémie de VIH/Sida (voir infra).

De fait, le pays a une dette extérieure faible, de l'ordre des 556 millions de $ soit 1.7 % du PIB, ce qui en fait un des pays les moins endetté au monde.

Situation sociale

La situation sociale au Botswana est plutôt enviable comparée à la trés grande majorité des économies africaines. Malgré les problèmes sanitaires (VIH en particulier, voir infra), les Botswanais ont un niveau de vie relativement élevé, avec des taux de chômage et de pauvreté nettement inférieurs à la moyenne du continent. Cette situation sociale stable permet ainsi un climat de sécurité relativement bon, en comparaison avec l'Afrique du Sud voisine, et favorise les investissements étrangers.

Impact économique de lépidémie de VIH/SIDA

Généralités

Article détaillé : Démographie du Botswana.
Carte de prévalence du VIH/Sida parmi les 15/49 ans) des pays africains (1999-2002)
Source: UNAIDS

Depuis le diagnostic du premier cas de Syndrome dimmunodéficience acquise (SIDA) en 1985, lépidémie toucherait selon Onusida entre 25 et 30% de la population botswanaise en 2005, réduisant la croissance démographique du pays à 0,1% par an: selon certaines projections, la diminution de lespérance de vie moyenne à la naissance due à lépidémie serait en 2015 de près de 42,6 ans[19]. Contrairement à une politique de planning familial qui viserait à réduire le nombre de naissances, limpact de cette maladie se fait pleinement sentir au niveau de la population en âge de travailler, qui représente également la frange la plus sexuellement active.

La disparition prématurée dune partie de la force de travail du pays a bien sur de multiples conséquences au niveau économique: dans un pays les qualifications sacquièrent dabord par lexpérience, la baisse de lâge moyen des actifs entraîne des tensions sur le marché des travailleurs qualifiés. La baisse de productivité, des investissements, des revenus de lÉtat et la hausse des dépenses de santé coûteront sur la période 2000-2015 près de 2 points de croissance annuels au pays.

Les causes de la progression fulgurante de la maladie au sein de la population sont multiples: pratiques sexuelles libérales (une étude locale de 1992[20] auprès des 18-25 ans avait montré que 55% des hommes et 29% des femmes avaient eu un ou plusieurs partenaires occasionnels dans lannée précédente, en sus de leur partenaire régulier); baisse de lâge du 1er rapport, surtout chez les femmes. Les partenariats multiples sont en outre facilités par la mobilité des populations (exode rural, bonne qualité du réseau routier), ainsi que par lusage local de posséder plusieurs lieux de résidence (au village, ainsi qua proximité immédiate des champs ou pâturages). En outre, la pauvreté, les inégalités hommes/femmes, ainsi que lérosion de la structure sociale (en partie liée aux ravages de la maladie) conduisent à un contrôle social plus faible vis-à-vis des comportements sexuels[21]. Enfin, le manque relatif de données statistiques précises limite aussi lefficacité de campagnes de préventions moins ou mal ciblées.

Limpact économique de lépidémie peut se comparer aux vaguelettes concentriques sur un plan deau: les conséquences se font dabord sentir sur lindividu, puis sa proche famille, sa communauté (village), puis sur les entreprises et enfin sur les données macroéconomiques globales du pays.

Évolution probable de la population active du Botswana dans un scénario sans (bleu) et avec VIH (rose).
Source:Banque mondiale (2001)

Population active

Le fait que la population en âge de travailler soit aussi celle la plus active sexuellement la rend particulièrement sensible au VIH/SIDA : daprès la Banque mondiale, avec un taux dinfection proche des 40% en 2005, la taille de la population active sera plus de 30% inférieure en 2015 à ce quelle aurait pu être dans un scénario sans VIH. Les conséquences de cet état de fait sont multiples. On relèvera notamment:

  • Le rajeunissement notable de la force de travail; dans un pays près de 80% de cette population est sans compétences de base, cela se traduit par une baisse de laccumulation des compétences sur le marché de lemploi;
  • Une baisse générale de la productivité, liée soit aux personnes décédées (dont le remplacement prend un certain temps à cause des besoins de formation inhérents à chaque poste), soit au fait que les ouvriers doivent sabsenter pour cause de maladie opportuniste ou pour aider un proche souffrant.
  • Dans les secteurs à bas niveau de compétences, lon trouve un excès de main-dœuvre, leffet sera cependant plus notable sur le taux de chômage que sur la productivité[22]
  • La diminution du nombre de travailleurs qualifiés influera par contre positivement sur les salaires. On risque également dassister, pour pallier le manque, à une fuite des cerveaux (ou tout du moins des personnels compétents) depuis les pays limitrophes.

Investissement et épargne

La hausse des coûts associée à la raréfaction des compétences aura deux effets contradictoires:

  • les investissements se dirigeront vers des structures plus denses en capital (modernisation de léconomie par la hausse des investissement), et/ou
  • la hausse des coûts diminuera les marges et profits, rendant linvestissement dans le pays moins attractif.

Il faut également préciser que le flux des investissements est particulièrement sensible au niveau de risque (incertitude) présent dans le pays: si le gouvernement ne développe pas de politique claire vis-à-vis de lépidémie, lincertitude causée par lépidémie augmentera[23].

Heureusement pour lui, le Botswana a pu profiter depuis la fin des années 1980 dun taux dépargne proche des 40%, bien au-dessus de ce que ses voisins plus pauvres nont jamais pu rêver. Et, de fait, ce niveau dépargne était également bien au-delà des capacités dabsorption dinvestissements de léconomie locale (lexcédent étant alors dédié à lachat de devises étrangères, qui permirent au pays de se prémunir contre plusieurs chocs économiques: la baisse de lépargne (le décès ou la maladie dun ou plusieurs membres du ménage diminuant les revenus ou réorientant ceux-ci vers lachat de traitements) ne devrait donc pas se faire sentir de manière particulièrement notable sur les investissements.

Il faut enfin noter que linfluence de lépidémie sur le taux dépargne dépend de paramètres tels que laccès et la qualité des traitements, de la durée dincubation du virus, et du type dinfections opportunistes qui se développeront.

Croissance

Les deux paragraphes précédents permettent de se faire une idée sur limpact global de lépidémie de VIH/SIDA sur léconomie. Le Botswana est dailleurs lun des seuls pays dAfrique à avoir pu développer un modèle relativement fiable destimation des conséquences pour les trois types de marchés locaux (travail qualifié formel, travail non qualifié formel, travail non qualifié informel, chacun étant alors évalué à laune dun scénario "sans SIDA").

Il en résulte daprès le Botswana Institute for Development Analysis (BIDPA) que :

  • dans un Botswana sans VIH/SIDA, la croissance annuelle moyenne du PIB serait denviron 3,9% sur la période 1996-2021. Le PIB per capita resterait stable (du fait de la croissance démographique rapide), les salaires des personnels qualifiés augmenteraient de 1% lan alors que ceux des personnels non qualifiés resteraient stable;
  • dans un Botswana avec le taux dinfection que lon connaît, la croissance sera réduite à une fourchette comprise entre 1,7 et 3,0% lan. Le PIB per capita progressera du fait de la corrélation mécanique avec la baisse de la population (cette progression nétant que de façade, puisque seuls les ménages non affectés en bénéficieront réellement), le chômage diminuera alors que les salaires (essentiellement des travailleurs qualifiés) seront tirés vers le haut.

Au final, léconomie du Botswana serait en 2015 de 24 à 38% plus petite que si le VIH/SIDA nétait jamais apparu dans le pays[24].

Impact socio-économique

Laugmentation prévisible des salaires et du PIB par habitant ne constitue quune amélioration de façade, et non lheureuse conséquence dune tragédie: de fait, on assistera surtout à un accroissement des inégalités entre les foyers non touchés par la maladie dune part, et ceux dont le niveau de ressources seffondrera. Le BIDPA suggère quun foyer botswanais sur deux sera touché dans les années à venir[24] : du fait du coût élevé des célébrations des funérailles, de laugmentation des dépenses minimales liées à lachat de traitement, de la baisse des revenus et de laugmentation des personnes dépendantes (veuves, orphelins), les prochaines années verront une part sensible de la population replonger sous le seuil de pauvreté. Le Botswana Institute for Development Analysis estime ainsi que près de la moitié des gains de réduction de la pauvreté effectuées dans les années 90 seront perdus dans les années 2000.

Impact pour lÉtat

Important pourvoyeur demploi qualifiés (notamment dans léducation et la santé), lÉtat botswanais sera doublement touché, à la fois par la hausse des salaires (éventuellement compensés sur le long terme par la baisse du nombre de retraités) et par la hausse des coûts de formation, les remplacements de fonctionnaires devant seffectuer plus souvent.

Hausse des coûts de santé, 2001-2021 (millions de pulas, 2000)
  2001 2006 2011 2016 2021
Dépenses limitées
(soit au maximum la valeur du PIB/capita)
57 89 170 279 427
Prise en charge quasi-totale (85%) 227 351 681 1115 1707
Cas de SIDA déclarés 6000 9000 16 800 24 000 33 000
Source: Banque mondiale

Le système de santé du Botswana est par ailleurs particulièrement généreux, et si la politique actuelle de prise en charge des coûts devait être conservée, cest à une progression de 15% par an des coûts de santé (jusquà atteindre 7% du PIB) sur la période 2001-2021 que le gouvernement devra faire face. Avec 60% des lits dhôpitaux déjà occupés par des sidéens, des choix douloureux risquent de devoir être faits en matière budgétaire afin de maintenir les déficits à des niveaux supportables.

Dans le domaine de léducation, la baisse prévisible du nombre détudiants ne compensera pas la hausse sensible de coûts de recrutement de nouveaux enseignants, ni même le soutien accru que lÉtat devra apporter aux orphelins pour assurer leur alphabétisation.

Enfin les revenus de lÉtat, encore très dépendants (près de 50%) du secteur minier, ne devraient pas être très affectés en comparaison dautres pays. La baisse de lépargne intérieure aura par contre une incidence notable sur les réserves en devises de la banque du Botswana et, partant, sur le volume des intérêts que celles-ci génèrent.

Références

Notes

  1. Banque mondiale, Botswana. Towards prosperity for all. A comprehensive Development Framework profile, ref. 34 145, 2004, p.3
  2. The Financial Times, The trouble with narrow foundations, 20 juin 2006
  3. P.M.Mobbs, The Mineral Industry of Botswana, US Geological Survey, 2004
  4. T. Duncan, K. Jefferis, P.Molutsi, Botswana: développement social dans une économie riche en ressources, Économica (non publié),UNICEF, 1997. Disponible en ligne[1]. Les coûts dexploitation ne dépassant pas 20%, les profits sont conséquents.
  5. J. Stiglitz, Botswana: A Development Success, The Globalist, 27 septembre 2002
  6. a et b Mobbs, op. cit.
  7. OCDE, Perspectives économiques en Afrique 2005-2006, mai 2006, p.172 [2].
  8. Voir aussi Gape Kaboyakgosi, Air and Road Transport in Botswana, Botswana Institute for Development Policy Analysis, SATRN Working Paper No. 5, avril 2003
  9. AIEA, Country Analysis Brief: The Southern African Development Community, juillet 2005
  10. in United Nations Development Program, Botswana Human Development Report 2005: Harnessing Science and Technology for Human Development, avril 2005, p.49[3] [pdf]
  11. ibid. p.47
  12. International Development Research Centre, The Internet: out of Africa, 2002 [4]
  13. a et b OCDE, op. cit., p.166
  14. Central Statistics Office, Informal sector survey, 1999/2000 [5]. La prochaine étude est prévue pour 2007.
  15. World Trade Organization, “Trade Policy Review: Southern African Customs Union, Report by the Secretariat”, (WT/TPR/S/114), 24 mars 2003, pp. ix-xi, [6][doc]
  16. Pour célébrer le 30e anniversaire de son indépendance en 1996, le pays a mis en place une commission chargée de définir les objectifs du Botswana en tant que société en vue du 50e anniversaire. Vision 2016. Towards Prosperity for All est un manifeste des Botswanais pour les Botswanais et indique des objectifs ambitieux mais réalisables en matière de développement, déducation et de santé (notamment dans la maîtrise de lépidémie de VIH/Sida).
  17. Banque mondiale, Beating the resource curse. The case of Botswana, Environment department papers, ref. 24 753, octobre 2001, pp.10-11
  18. OCDE, op. cit., p.169
  19. Banque mondiale, Botswana: Selected development impact of HIV/AIDS, rapport n°22 043-BT, 20 avril 2001, p.6
  20. Unaids, Botswana - Epidemiological Factsheet on HIV/AIDS and sexually transmitted diseases, novembre 1999
  21. Banque mondiale, op.cit. p.7
  22. Ibid. p.19
  23. L. Bolllinger, J. Stover, The Economic Impact of AIDS in Botswana, Futures Group International in collaboration with Research Triangle Institute, The Centre for Development and Population Activities, September 1999
  24. a et b Botswana Institute for Development Analysis, Annual report 1999

Bibliographie

  • Le Botswana contemporain, sous la direction de D. Compagnon et B. Mokopakgosi, Paris, Kharthala, 2001.
  • La Politique du développement au Botswana : choix et résultats, C. Harvey & S.R. Lewis Jr., Paris, OCDE, 1990.

Voir aussi

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