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Exode rural
L’exode rural est le déplacement de population des zones rurales vers les zones urbaines. Ce phénomène est caractéristique de l’époque de la Révolution industrielle, dès le XVIIIe siècle en Grande-Bretagne et à partir du XIXe siècle dans de nombreux pays en voie d’industrialisation et d'urbanisation comme l’Allemagne puis la France. L’exode rural s’est généralisé aux pays en développement dans la seconde moitié du XXe siècle.
Sommaire
Origines
L'exode rural, n'est pas un simple transfert d'une population rural à un espace urbain avoisinant. Ses migrations sont sous différentes formes et surtout vers de très nombreuses destinations tout en privilégiants les plus grands centres urbains, créant une certaine métropolisation. Les migrations saisonnières salariés sont ainsi un des aspects de l'exode rural, ils étaient très courants dans certains professions, tel les maçons, charpentiers, ramoneurs. Une partie de la population de l'exode rural a alors pu vouloir revenir, après avoir constituer un pécule. L'immigration vers les colonies de peuplements européens a aussi atteint son apogée durant l'exode rural, entre 1860 et 1930.
Causes de l’exode rural
La population mondiale était, au départ, majoritairement rurale. L’urbanisation s’est développée au Moyen Âge en ce qui concerne l’Europe. À la veille de la Révolution industrielle, 90% de la population française vivait en zone rurale.
L’exode rural a pour causes :
- l’augmentation de la population rurale consécutive à la transition démographique,
- l’augmentation de la productivité agricole grâce à la révolution agricole et à la mécanisation agricole, qui diminue la main-d’œuvre nécessaire et qui, en conséquence, crée un chômage rural très fort,
- le besoin de main-d’œuvre grandissant des zones urbaines (domesticité, usines),
- les conditions de vie meilleures en ville, notamment après d'édification du tout à l'égout
La Révolution industrielle nécessitait, pour se mettre en place, de la force de travail regroupée en un seul lieu, l’usine. Auparavant, l’industrie rurale était associé à la manufacture, notamment par le biais du "travail à façon" (dans le textile ou l’horlogerie par exemple). Alors que l’industrialisation nécessite des capitaux et des infrastructures de plus en plus importantes uniquement possible en ville, l’emploi industriel rural décline rapidement au XIXe siècle.
Le clergé s’était opposé à l’exode rural en considérant que le mode de vie chrétien était mieux préservé dans les régions agricoles traditionnelles. Mgr Louis-Nazaire Bégin a fondé plusieurs journaux pour contrer cette tendance.
En France
Entre 1850 et 1860, la population rurale française atteint son maximum (en valeur absolue) avec 26,8 millions de ruraux. A partir de cette date, les effectifs de la population rurale commencent à décroître en France. Baisse du nombre de ruraux caractéristique du processus d'exode rural. Mais cette réalité macrosociale recouvre en fait des décalages très importants entre les régions et encore plus entre communes rurales, suivant leur richesse et les rapports sociaux de production existants. C'est ainsi qu'au niveau microsocial, dans les Alpes du Sud, la commune montagnarde d' Entraunes a atteint son maximum démographique dès 1776, les départs et les décès l'emportant alors définitivement sur les naissances et les arrivées.
L’exode rural touche ainsi en premier les zones de faible productivité, marginales, menant à une déprise agricole. Et la baisse de population peut y entraîner la disparition progressive des services et de l’artisanat. Baisse de population qui a pu aller jusqu'à son terme dans certaines communes rurales qui ont disparu faute d'habitants.
Il y a donc exode rural lorsque le flux d'émigration augmente au point que, ajouté à celui des décès, il l'emporte sur le total des naissances et des arrivées. Aux jeunes garçons et filles obligés de partir, s'ajoutent alors de plus en plus d'actifs adultes : ouvriers agricoles, journaliers et petits paysans. Les artisans de village, très nombreux au XIXe siècle, disparaissent également, victimes de l’industrialisation et de la baisse de la clientèle. La diminution de la population rurale résulte donc, pour l'essentiel, des gains de productivité induisant la concentration des exploitations dont le nombre diminue en même temps que progresse leur superficie moyenne. Les investissements réalisés augmentent la productivité agricole et diminuent d’autant les besoins de main-d’œuvre.
La crise agricole très grave (céréales, phylloxera) des années 1880 a accéléré le processus. La Grande Guerre, qui fit des centaines de milliers de victimes parmi les ruraux, a également joué un rôle prépondérant dans l’exode rural en confrontant les jeunes ruraux à des citadins. Les droits progressivement obtenus par les ouvriers (semaine de 40 heures, congés payés) furent également vécus comme des injustices fortes par la population rurale, qui en était exclue.
L’exode des jeunes et des femmes conduit également au vieillissement de la population et aux problèmes de célibat, ce qui fait baisser le taux de natalité.
La population urbaine a dépassé en France les 50% en 1931.
Exemples d’exode rural
- Le cas du Massif Central est assez emblématique, car la population décrût tôt et durablement. Le village de Saint-Germain-l'Herm,a vu sa population divisée par cinq entre 1850 et 1999, passant de 2 447 habitants en 1846 à 515 en 1999, soit une baisse quasiment continue depuis 150 ans.
Après 1945
En France, le dernier mouvement d’exode rural a commencé après 1945. Ce dernier courant a contribué à l’exode rural des régions de l’Ouest (Vendée, Anjou, Bretagne), qui avaient réussi à garder plus longtemps leurs populations, par l’effet conjugué de structures familiales très encadrées par l’Église, et d’une agriculture vivrière très autarcique.
D’après l’Insee, l’exode rural s’est grosso modo terminé en France en 1975 après le remembrement de 1965. Depuis cette date, le solde migratoire campagne/ville s’est stabilisé, voire depuis le début des années 1990 s’est inversé aux alentours des grandes régions urbanisées. On parle maintenant de rurbanisation : des citadins s’installent à la campagne, mais gardent un mode de vie urbain, un travail en ville. Ce phénomène produit un « mitage » du paysage par un bâti parsemé, ou au mieux réparti en lotissements.
Après avoir concerné essentiellement les pays occidentaux, l’exode rural s’est étendu au XXe siècle aux pays du tiers monde.
Conséquences de l'exode rural
L'exode rural se manifeste notamment par le départ des jeunes - dont les enfants des chefs d'exploitations agricoles - vers les villes, ce qui a pour effet de diminuer la population active agricole, alors que le nombre de retraités agricoles reste relativement élevé. Il en résulte un déséquilibre démographique important entre actifs et retraités, et donc un déficit très important des régimes de protection sociale agricole, les cotisations sociales ne pouvant équilibrer les prestations sociales. Ce déficit est réduit, pour partie seulement, par le mécanisme de compensation démographique.
Voir aussi
- Mouvement des enclosures : cause de l’exode rural en Angleterre
- Exode rural dans l'Égypte antique
- Rurbanisation
- Détention et Rapatriement (Chine)
Sources
- Histoire de la France rurale, tomes 3 (1789-1914) et 4 (1914-1974), sous la direction de Georges Duby et A. Wallon, Seuil, 1981.
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