1er Panzer Korps SS

1er Panzer Korps SS

Waffen-SS

Waffen-SS
Flag Schutzstaffel.svg

Emblème de la SS
Période 19391945
Pays Allemagne et autres pays d'Europe
Allégeance Troisième Reich Allemagne
Type Panzer
Panzergrenadier
Cavalerie
Infanterie
Police
Taille 1 200 000 personnes
Fait partie de Schutzstaffel
Devise Meine Ehre heißt Treue
Guerres Seconde guerre mondiale
Commandant historique Heinrich Himmler

La Waffen-SS (littéralement « arme de l'escadron de protection ») fut la branche militaire de la Schutzstaffel (SS), dont elle constitua l'une des composantes avec l'Allgemeine SS et le Sicherheitsdienst (SD).

Elle fut conçue à l'origine par Heinrich Himmler comme une armée politique, uniquement constituée de nationaux-socialistes convaincus, soumis à de sévères critères de sélection notamment basés sur les théories raciales nazies. Au fil du temps, et surtout à partir de la fin de l'année 1942, elle intégra des troupes de toutes origines, des Volksdeutsche (personnes d'origine germanique mais hors du Reich) dans une première phase, puis des personnes essentiellement issues des pays occupés, de la Belgique à l'Albanie, du Danemark à l'Ukraine, sans se soucier de leur éventuelle origine germanique. Ces unités non-allemandes furent largement majoritaires à partir de 1944, avec près de 700 000 hommes sur un total de près d'un million de membres de la Waffen-SS pendant toute la durée du conflit. Avec des motivations diverses, allant de l'engagement nazi aux conflits ethniques locaux, les unités étrangères de la Waffen-SS furent un appoint important aux opérations militaires allemandes.

Présentes sur tous les fronts de 1939 à 1945, à l'exception de l'Afrique du Nord, les unités de la Waffen-SS se révélèrent de qualité variable : nombre d'entre elles firent preuve d'une grande combativité, essentiellement sur le front de l'Est, à partir de 1943. Elles se singularisèrent par le nombre de leurs exactions sur tous leurs théâtres d'opérations.

Sommaire

Naissance de la Waffen-SS

Hitler passant en revue une formation de la Leibstandarte, Berlin, décembre 1935

Dans les semaines qui suivent l'accession des nazis au pouvoir, la SS se dote de commandos armés, les Politische Bereitschaften[1], notamment destinés à pourchasser les démocrates et à contrebalancer les troupes de la Sturmabteilung (SA).

« La Verfügungstruppe est organisée pour prendre part à la guerre et combattre sur les champs de bataille. En versant son sang sur le front, elle gagnera le droit moral d'abattre les lâches et les saboteurs de l'intérieur »

— Heinrich Himmler, 8 novembre 1938[2].

Après la Nuit des Longs Couteaux, dans laquelle ces unités servent d'exécutants, Adolf Hitler accepte, le 16 mars 1935[3] malgré les réticences de la Reichswehr, de les fondre en une seule unité, la Verfügungstruppe (VT), dépourvue d'unités de génie et d'artillerie.

De 1934 à 1939, les VT coexistent avec la garde rapprochée du Führer, la Leibstandarte Adolf Hitler, créée en 1933, forte d'une centaine d'hommes essentiellement issus de la SA et commandée par Sepp Dietrich. Cette garde prétorienne reçoit une formation militaire dispensée par le 9e régiment de la Reichswehr[4].

Le troisième pilier de ce qui va devenir la Waffen-SS est constitué des SS-Totenkopfverbände chargées de la garde des camps de concentration et commandées par Theodor Eicke, l'assassin d'Ernst Röhm.

Par un décret du 17 août 1938, après la mise à l'écart du ministre de la guerre Werner von Blomberg, Hitler balaie les réticences de l'armée, accepte de doter la VT d'armes lourdes, d'augmenter ses troupes, notamment via l'incorporation d'une partie des membres des Totenkopfverbände et de l'élever au rang de division[5]. Le 18 mai 1939, il autorise Heinrich Himmler à verser dans la VT 50 000 hommes de l'Allgemeine SS : la Waffen-SS est née, même si cette appellation ne devient officielle que le 2 mars 1940[6].

À première vue, l'on peut s'étonner de la réponse favorable apportée à la demande d'Himmler et de la SS de se doter d'unités militaires : c'était précisément la demande d'Ernst Röhm et de la SA avant la Nuit des Longs Couteaux. Mais le contexte a changé : Hitler a assuré son pouvoir, notamment sur la Reichswehr qui n'a plus, comme en 1934, les moyens de s'opposer à lui, d'autant plus qu'il a débarrassé l'armée des ambitions de la SA ; la SS n'a pas la volonté d'influencer le programme et l'action du NSDAP et elle a donné à Hitler de sérieux gages de fidélité lors de la nuit des longs couteaux et de la Nuit de cristal. Himmler, qui n'a pas le charisme de Röhm est d'une fidélité absolue au Führer et ne peut en aucun cas être considéré comme un rival potentiel. De plus, grâce à l'action de Reinhard Heydrich, la SS a fait ses preuves dans la persécution des opposants, puis dans la mise en place et le peuplement des premiers camps de concentration.

Formation et recrutement

Formation militaire et endoctrinement politique

En 1934, le lieutenant-général à la retraite de la Reichswehr, Paul Hausser, rejoint la SS, afin d'assurer une véritable formation militaire aux unités de la VT. Officier prussien traditionnel, élégant et cultivé, il n'a rien de commun avec les compagnons de brasserie bavarois, les voyous de la SA ou les nazis des premiers jours comme Sepp Dietrich. Il n'en met pas moins toutes ses compétences au service de la formation de la VT, future Waffen-SS[7].

Hausser a pour objectif de doter la VT de toutes les compétences d'une unité militaire traditionnelle. Sa personnalité, la qualité de la formation dispensée dans les écoles militaires de Bad-Tölz et du château de Brunswick contribuent à attirer de nouveaux membres dans la VT.

Avec Felix Steiner, Hausser trouve à la fois un adjoint et un rival. Steiner ne partage en effet pas les conceptions classiques de Hausser et privilégie une formation plus originale, inspirée des commandos de choc de la Première Guerre mondiale, mettant l'accent sur le corps à corps, l'utilisation d'armes automatiques et de grenades[7].

Quelles que soient les différences entre Hausser et Steiner, il est indéniable que les Waffen-SS reçoivent une excellente formation, au cours de laquelle sont organisées de nombreuses compétitions sportives afin de transformer les recrues en véritables athlètes, mais aussi de développer un esprit de groupe, entre soldats, et entre hommes du rang, sous-officiers et officiers[8].

Le recrutement et la formation des futurs officiers rompent également avec les traditions militaires. Afin d'éviter le développement d'un esprit de caste, les futurs officiers doivent au moins servir deux ans dans le rang avant d'entrer dans la Junkerschule, école d'officiers de la Waffen SS.

Les recrues de la Waffen-SS et tout particulièrement leurs officiers reçoivent également une formation idéologique sur les lignes directrices et l'idéologie du parti, imprégnée d'un anticommunisme et d'un antisémitisme radicaux ; cet aspect de la formation suscite de fortes réticences de Hausser et Steiner, nazis convaincus qui veulent dispenser une formation militaire de haut niveau sans trop s'encombrer d'aspects politiques.

Si les Waffen-SS n'adhèrent pas en masse aux théories mystiques chères à Heinrich Himmler, ils sont nombreux à délaisser l'Église, à la plus grande satisfaction du Reichsführer.

« Ensuite, nous avons entrepris le plus important, la formation idéologique, dès le premier jour également. Nous n'avons absolument pas abordé la question religieuse chez les nombreux jeunes de Westphalie, de braves jeunes gens, catholiques, de bonne race, mais infiniment calotins. Dans ces deux divisions, j'ai expressément autorisé tous ceux qui le voulaient à aller à l'église [...] L'effet a été de premier ordre : six semaines après, aucun n'y allait plus. »

— Heinrich Himmler devant les Reichsleiter et Gauleiter, Posen, 6 octobre 1943[9].

En dehors de cette formation, le caractère politique de la Waffen-SS, qui fait de ses soldats des nazis fanatiques qui ne discutent jamais un ordre, découle du fait que la majorité de ses recrues et spécialement de ses officiers sont des volontaires et des nazis convaincus avant d'entrer dans la Waffen-SS. C'est d'ailleurs à ces jeunes officiers qu'Himmler confie la mission de veiller à l'éducation politique, à l'endoctrinement de leurs hommes.

Recrutement

À l'origine, les critères de recrutement définis par Heinrich Himmler pour la Waffen-SS comme pour la SS sont particulièrement sévères et traduisent sa volonté de n'accueillir que l'« élite germanique ».

« Ne succombons jamais à la folie du nombre. Si nous maintenons nos exigences actuelles -nous les maintiendrons et les rendrons encore plus sévères-, nous pourrons utiliser au plus 10 % de la jeunesse allemande. Ne fléchissez jamais, je vous en prie, ni pour les conditions d'admission ni pour l'admission elle-même, même si parfois vous n'avez pas autant de candidats et d'aspirants que vous le souhaiteriez. »

— Heinrich Himmler devant des généraux SS, 8 novembre 1937[10].

Pour être admis, les candidats doivent prouver leur « qualité raciale », cotée selon une échelle de cinq degrés, leur ascendance aryenne depuis 1800 pour les hommes du rang et 1750 pour les officiers, l'absence dans leur famille de maladies mentales ou héréditaires[11].

Ils doivent être âgés de moins de vingt-trois ans, mesurer 1,74 m ou plus, ne pas porter de lunettes, passer des tests sportifs très poussés et un test d'intelligence réduit à sa plus simple expression[12]. Ils doivent aussi et surtout prouver leur engagement nazi sans faille.

Les membres de la Waffen-SS sont essentiellement issus des campagnes et de familles sans tradition militaire. 90 % des officiers de la Waffen-SS sont d'origine paysanne, contre 2 % dans la Reichswehr, 5 % proviennent de familles où l'on est militaire de père en fils, contre 49 % dans la Reichswehr.[13].

Ces critères connaissent un premier assouplissement dès la fin de l'année 1938 ; au fur et à mesure de l'augmentation des effectifs de la Waffen-SS, de l'incorporation d'unités non allemandes, ils se dilueront peu à peu, puis disparaîtront complètement.

Expansion de la Waffen SS

Le développement : Allemands et Volksdeutsche

Theodor Eicke, 1er commandant de la 3e Panzerdivision SS Totenkopf

Peu après l'arrivée de Hausser, la VT s'agrandit via la création du 1er Régiment SS « Deutschland » à Munich et du 2e Régiment « Germania » à Hambourg. Après l’Anschluss, se crée le 3e Régiment SS, « Der Führer », composé de nazis autrichiens. Ces trois régiments sont regroupés en octobre 1939 pour constituer la SS Division Verfügunstruppe, la future 2e panzerdivision SS Das Reich.

La « Leibstandarte », garde personnelle de Hitler, est transformée en régiment motorisé mais conserve au travers de détachements, sa mission traditionnelle de protection du Führer. Elle est ensuite elle aussi transformée en division, la 1re division SS Leibstandarte Adolf Hitler.

Sous l'impulsion de Gottlob Berger, lieutenant au cours de la Première Guerre mondiale, nazi fanatique et homme de confiance d'Himmler, responsable du SS-Hauptamt sous l'autorité directe du Reichsführer SS, la VT se transforme en Waffen-SS et débute sa réelle expansion. Dans un premier temps, Berger ouvre des bureaux de recrutement dans tout le Reich, ce qui suscite des conflits avec les responsables locaux de l'Allgemeine-SS, qui veulent garder leurs hommes sous leur seule autorité[14]. En 1938, il recute 32 000 nouvelles recrues en huit mois, en 1940, près de 50 000[15]. Malgré l'importance de son rôle de recruteur, Berger ne sera jamais apprécié par les généraux de la Waffen-SS[16].

Aux 56 000 hommes de la VT fin 1936, s'ajoutent la 3e Panzerdivision SS Totenkopf, composée de gardiens des camps de concentration, puis la 4e division SS Polizei, issue des effectifs de l'Ordnungspolizei (ORPO).

Cette première expansion de la Waffen-SS est freinée par l'OKW[17], dont le service central de recrutement doit donner son autorisation pour le recrutement de citoyens allemands. Hitler ne s'oppose pas à cette attitude du haut commandement de l'armée allemande, craignant sans doute de voir se diluer l'aspect politique de la Waffen-SS.

Un accord est cependant passé avec le haut commandement militaire et le chef du front allemand du travail, Robert Ley, pour dispenser du service du travail les jeunes de dix-huit à vingt ans qui s'engagent volontairement dans les Totenkopfverbände et les unités de police ou dans les unités combattantes de la SS[18].

Puisque l'armée s'oppose au recrutement de citoyens allemands ou le limite, Berger tourne ses regards vers les « Volksdeutschen », populations d'origine allemande ou germanique disséminées à travers l'Europe. Les premiers volontaires sont issus de Slovaquie : en janvier 1940, ils sont 109 à se présenter dont 58 sont acceptés[19]. De mars à mai 1942, 16 000 volontaires hongrois rejoignent la Waffen SS[20]. En 1943, les « Volksdeutschen » constituent le quart des troupes de la Waffen-SS, à la fin de la guerre, ils sont au nombre de 310 000. L'engagement dans la Waffen-SS leur permet d'obtenir immédiatement la nationalité allemande.

La montée en puissance : un mélange de nationalités

Timbre de 1943 glorifiant la Waffen-SS

Ses efforts se concentrent ensuite vers les Pays-Bas (23edivision Nederland et 34e division Landstorm ), la Belgique (27e division SS Langemarck et 28e division Wallonie), la France (Brigade Frankreich, 33e division Charlemagne), la Norvège et le Danemark (5e division Wiking[21] et 11e division Nordland). Après l'invasion de l'Union Soviétique, la Waffen-SS devient un patchwork de nationalités : on assiste à la création de divisions russes (29e et 30e divisions SS de grenadiers), bosniaque (13e division Handschar), croate (23e division Kama), ukrainienne (14e division Galicie), albanaise (21e division Skanderbeg) et |hongroises (25e division Hunyadi, 26e division Gömbos-Hungaria).

À la fin de la guerre, les unités non allemandes représentent près de 70 % des effectifs de la Waffen-SS. De moins en moins germaniques, les troupes de la Waffen SS sont aussi de plus en plus jeunes : en septembre 1943, Gottlob Berger incorpore des recrues de dix-sept ans ; en 1944, il fait appel à la classe de 1928, c'est-à-dire à des jeunes de seize ans[22].

La progression du nombre d'hommes de la Waffen-SS est exponentielle : 100 000 hommes en juillet 1940, 220 000 fin 1941, 330 000 fin 1942, 540 000 fin 1943, 910 000 hommes fin 1944[23]. Sur les 38 divisions, les deux tiers sont créés pendant les deux dernières années du conflit[24] dont 15 après l'attentat manqué du 20 juillet 1944, Hitler se défiant de plus en plus de la Wehrmacht. Avec des effectifs, un équipement et un entraînement réduits, la plupart de ces divisions de création tardive ne joueront qu'un rôle mineur, voire inexistant.

Evolution des critères de recrutement et de la motivation

Cette augmentation fait disparaître les critères de recrutement initiaux : à titre d'exemple, il est difficile aux musulmans bosniaques de la division Handschar ou aux Albanais de la division Skanderberg de prouver leur ascendance aryenne depuis 1800. Himmler s'attache cependant aussi à leur encadrement idéologique :

« Il y a un imam dans chaque bataillon. Mais c'est la seule division de ce genre. La prêtraille catholique ou autre n'existe pas chez moi. Dans ce cas, j'ai dans chaque bataillon un iman qui sert de directeur pour la formation idéologique auprès des Bosniaques et des Albanais. J'ai intérêt à ce qu'ils soient très croyants. »

— Heinrich Himmler devant les Reichsleiter et Gauleiter, Posen, 6 octobre 1943[25].

Cet élargissement du recrutement a aussi des conséquences sur la motivation des troupes et leur profil politique. Si l'incorporation à la Waffen-SS de 179 unités de l'Allgemeine SS, dont les états-majors et troupes de surveillance des camps de concentration ne diluent pas la politisation de la Waffen-SS, il en va bien autrement pour la majorité des recrues non-allemandes.

A partir de l'hiver 1943, les « Volksdeutschen » sont purement et simplement incorporés d'office dans la Waffen-SS, comme de nombreux Alsaciens ; une partie du personnel des divisions Hohenstaufen et Frundsberg est recrutée de force dans les camps de travail ; de nombreux volontaires étrangers se battent au nom de l'antibolchevisme, d'un nationalisme dévoyé, mais sans nécessairement adhérer à tous les aspects de l'idéologie nazie[26] ; certains Baltes et Ukrainiens pensent que leur engagement leur permettra d'accéder à l'indépendance [27],[28]; certains autres Lettons, Lituaniens, Estoniens[29] et Ukrainiens[27],[30],[31], semblent également portés par l'antisémitisme : dans les jours qui suivent l'arrivée des troupes allemandes, certains habitants de ces régions participent aux progroms spontanés ou suscités par les Einsatzgruppen[32] ou collaborent aux massacres commis par ceux-ci[27],[33] ; les Bosniaques de la Division Handschar espèrent le soutien de l'Allemagne dans leur lutte contre les Tchetniks serbes[34].

La diversité des origines et des motivations ne diminue en rien les atrocités commises par les unités de la Waffen-SS composées de soldats d'origines diverses en général encadrés par des vétérans allemands fanatiques. Ainsi de nombreux Alsaciens-Mosellans des classes 1924 à 1926 furent enrôlés d'office dans la Waffen-SS et furent mêlés, le plus souvent malgré eux, à des atrocités, tel les massacres d'Oradour-sur-Glane ou de Tulle[35]. Mais cet aspect de la Waffen-SS est trop souvent occulté au profit de la légende d'un Ordre noir discipliné et politisé, d'une troupe d'élite dont, en réalité, de nombreuses unités furent inefficaces sur le front ou subirent des désertions en masse, comme la division Handschar.

Il faut aussi souligner la porosité, les échanges continus entre la Waffen-SS et le dispositif de concentration ou d'extermination : plus de 60 000 gardiens de camps sont incorporés aux unités combattantes de la Waffen-SS[36] qui, à son tour, verse dans le personnel des camps des hommes n'étant plus capables de combattre ; une proportion importante des Einsatzgruppen est constituée à partir de membres de la Waffen-SS qui regagnent leurs unités d'origine à la fin de leur mission exterminatrice. À titre d'exemple, l'Einsatzgruppe A comporte lors de sa création 340 Waffen-SS sur ses 990 membres[37].

Sur le front

Si le recrutement, les promotions et la formation idéologique des Waffen-SS relèvent uniquement de la SS, leur action sur le front dépend du haut commandement de l'armée allemande, l'OKW, et des responsables des théâtres d'opération. Sur le plan des opérations militaires. les divisions de la Waffen-SS n'ont aucune indépendance et leur marge de manœuvre est la même que celles des unités de la Wehrmacht.

Opérations militaires

Les campagnes de Pologne et de France

Après avoir participé à l'Anschluss, puis à l'occupation des provinces sudètes[38] de Tchécoslovaquie, cédées au Reich suite aux accords de Munich, la Waffen-SS entame ses opérations militaires en 1939.

Le 19 août 1939, les 18 000 membres de la Verfügungstruppe et 8 000 hommes des formations Totenkopf reçoivent leur ordre de mobilisation ; le 1er septembre, les régiments de la Verfügungstruppe, répartis dans quatre divisions de l'armée de terre, participent à la campagne de Pologne, les unités Totenkopf étant chargées d'opérations de nettoyage à l'arrière du front. Pour le général de la Wehrmacht, Johannes Blaskowitz, le régiment motorisé de la Leibstandarte Adolf Hitler est « une unité moyenne, encore inexpérimentée, [qui n'a] rien d'extraordinaire »[39]. Il proteste également contre les exactions des Totenkopf, qui massacrent des milliers de personnes ; « Les sentiments de la troupe envers la SS et la police oscillent entre la répulsion et la haine. Tous les soldats sont pris de dégoût et de répugnance devant les crimes commis en Pologne »[39]. Les militaires se plaignent par ailleurs que les soldats de la Leibstandarte mettent le feu aux villages polonais « par routine »[39]. Ces critiques ont une suite que n'attendaient pas leurs auteurs ; le 17 octobre 1939, Himmler obtient la promulgation d'un décret relatif à une juridiction spéciale en matière pénale pour les membres de la SS et de la police en mission spéciale : les membres de la Waffen-SS ne peuvent plus être traduits devant les conseils de guerre de l'armée mais relèvent uniquement du jugement de magistrats SS, désignés par le Führer sur proposition d'Himmler[40].

D'après Georges H. Stein, la contribution des SS à cette campagne est « modeste mais non négligeable » ; les lourdes pertes enregistrées sont imputées, par la Wehrmacht, à l'insuffisance de la formation des officiers SS[41].

Lors de la campagne de France, la Waffen-SS, officiellement reconnue en tant que telle par l'OKW depuis le 8 mars 1940[42] aligne trois divisions et demie contre 157 pour l'armée. Contrairement à une légende tenace, les divisions de la Waffen-SS ne disposent pas du meilleur matériel, comme les canons d'assaut, mais elles ont l'avantage d'être entièrement motorisées. Elles doivent une partie de leur armement aux manœuvres de l'Oberführer Gärtner, qui agit en matière d'équipement comme Gottlob Berger pour le recrutement. Pour passer outre aux réticences de l'OKW, il contourne les services de l'armée et échange, avec Fritz Todt, armes et munitions contre 20 000 travailleurs forcés polonais[43]. Un nouvel accord du même ordre est passé entre Heinrich Himmler et le successeur de Todt, Albert Speer en 1942 : en échange de main d'œuvre en provenance des camps de concentration, la SS peut disposer de 5 à 8 % de la production des usines d'armement[44].

Si la Waffen-SS subit de lourdes pertes, notamment en raison des déficiences de commandement de Theodor Eicke à la tête de la division Totenkopf, pour qui « les pertes n'ont aucune importance »[45], elle ne participe à aucune action décisive. Comme en Pologne, elle se fait remarquer par sa cruauté, notamment en assassinant près de deux cents prisonniers de guerre britanniques en France, au Paradis, près de Béthune, puis à Wormhout.

Sur le front de l'Est : offensive et défensive

Soldat de la Waffen-SS mort au combat.

Le 22 juin 1941, cinq divisions de la Waffen-SS prennent part à l'invasion de l'Union Soviétique. Entièrement motorisées, elles ne disposent pas de blindés. Comme en France, le manque d'expérience et les carences de commandement se font sentir : en Finlande, en septembre 1941, deux régiments de la division Totenkopf s'enfuient devant une attaque soviétique[46] ; toujours sous le commandement de Eicke, totalement opposé à la formation plus classique de Hausser, la division Totenkopf est saignée à blanc : sur ses 17 000 soldats au début de l'offensive, 12 000 sont hors de combat en mars 1942[47].

En 1941-1942, la Waffen-SS ne se distingue pas particulièrement des unités régulières, sauf par sa brutalité. Ses performances et ses pertes sont comparables à celles de la Wehrmacht.

En 1942, les divisions Leibstandarte Adolf Hitler, Das Reich, Totenkopf et Wiking sont transformées en divisions blindées et dotées du meilleur matériel. Elles se révèlent particulièrement utiles et combatives jusqu’à la fin du conflit, en participant à la plupart des engagements majeurs. Par contre, les divisions Polizei et Prinz Eugen ne sont quasiment engagées que dans la lutte contre les partisans. En raison de son mauvais équipement, cette dernière est considérée comme une affectation punitive.
Sous le commandement de Paul Hausser, les divisions Leibstandarte Adolf Hitler, Das Reich et Totenkopf participent à la tentative avortée de dégager Stalingrad de l'encerclement russe, en décembre 1942[48]. Ce même corps blindé prend une part active aux contre-offensives allemandes de février et mars 1943 et à la reconquête de Kharkov, puis à la bataille de Koursk[48]. C'est à cette époque que la Waffen-SS acquiert la réputation de « pompier du front ».

Fin 1943 et début 1944, les divisions blindées de la Waffen-SS sont sur tous les points chauds du front de l'Est. En février 1944, la division Wiking et la brigade Wallonie brisent leur encerclement par l'armée rouge à Tcherkassy, épaulées par la Leibstandarte Adolf Hitler[48] ; en avril 1944, le deuxième corps blindé SS, venu de France, dégage les troupes coincées par les russes à Kamenz-Poldosk[48]. De tels faits d'armes sont également accomplis par des unités de la Wehrmacht, dont certaines divisions comme la Grossdeutschland, disposent de l'équipement le plus performant comme le char Panther ou le chasseur de chars Elefant. « Pendant les deux dernières années du conflit, les divisions [blindées] de la Waffen SS ralentirent fréquemment et arrêtèrent souvent d'une façon temporaire l'avance inexorable des Soviétiques »[49]. Sur un plan plus général, comme en 1941, les réussites et les échecs de la Waffen-SS sont du même ordre que ceux de l'armée ; comme en 1941 encore, elle se distingue par le nombre de ses crimes de guerre et par le fanatisme de la majeure partie de ses troupes.

Derniers combats : des Ardennes à Berlin

KönigsTiger, à La Gleize

Durant la bataille de Normandie, la Waffen SS constitue l'ossature de la défense allemande, avec les divisions Leibstandarte Adolf Hitler, Das Reich, Hitlerjugend, Götz von Berlichingen, Hohenstaufen et Frundsberg[50]. Ces deux dernières divisions bloquent les parachutistes anglais et polonais à Arnhem, au cours de l'opération Market Garden, aux Pays-Bas, en septembre 1944. Lors de cette bataille, le commandant de la division Hohenstauffen, Wilhelm Bittrich accorde une trêve de deux heures aux parachutistes anglais pour permettre l'évacuation de 2 000 blessés, qu'il fait soigner dans les hôpitaux militaires allemands.[51].

Avec ses quatre divisions, notamment dotées de Panzerkampfwagen VI Königstiger, la VIe armée blindée SS est le fer de lance de la bataille des Ardennes déclenchée le 16 décembre 1944[52].

Après les Ardennes, Hitler envoie les formations de la Waffen SS en Hongrie, pour secourir les troupes prises au piège dans Budapest par l'armée rouge[53]. Les tentatives de dégagement des divisions Totenkopf et Wiking échouent.
C'est encore à la Waffen-SS que Hitler confie, en mars 1945, sa dernière « offensive miracle », l'opération Frühlingserwachen (« L'éveil du printemps »), visant à écraser les forces russes près du lac Balaton[53]. L'opération, totalement chimérique, échoue elle aussi après une percée de moins de vingt kilomètres : impuissante face aux contre-attaques soviétiques, la Waffen-SS fait retraite, malgré les ordres formels de Hitler.

Des éléments de la Waffen-SS participent à la Bataille de Berlin[53] : la défense du centre-ville est confiée au Gruppenführer Wilhelm Mohnke, des éléments de la division Nordland, des SS français et lettons font partie du dernier carré des défenseurs. C'est encore à la Waffen-SS que Hitler fait appel dans la soirée du 21 avril 1945 en ordonnant à Felix Steiner de lancer une contre-offensive avec le troisième corps d'armée SS Germanische, qui ne compte en réalité plus que trois bataillons et quelques chars[54]. Steiner refuse d'attaquer, ce qui déclenche une véritable crise de rage chez Hitler[55]

Pertes et valeur militaire

Snipers SS fait prisonniers à Arnhem le 18 septembre 1944

Pour certains auteurs, dont Heinz Höhne, la Waffen-SS a subi des pertes nettement plus importantes que la Werhmacht et a fait preuve d'une plus grande valeur militaire. Selon d'autres ouvrages plus récents, comme celui de Guido Knopp, le bilan des opérations militaires de la Waffen-SS est mitigé et globalement comparable à celui de la Wehrmacht et les niveaux de pertes sont du même ordre.

Cette seconde analyse semble confirmée par des études comme celles d'Omer Bartov et de Christian Ingrao. En ce qui concerne les prouesses militaires, les divisions les plus efficaces de la Waffen-SS, essentiellement ses divisions blindées, qui gardent leur esprit combatif dans toutes les circonstances et jusqu'au dernier jour du conflit (Leibstandarte Adolf Hitler, Das Reich...), sont fort proches de celles réalisées par les meilleures divisions de la Wehrmacht, comme la division Gross Deutschland ou la Panzerlehr.

Si l'on compte des membres de la Waffen-SS dans le dernier carré de la défense de Berlin, on y retrouve aussi des soldats de la Wehrmacht, de la Luftwaffe, des membres des jeunesses hitlériennes ou du Volkssturm.

En ce qui concerne les chiffres des pertes, ceux de la division Totenkopf qui sur ses 17 000 hommes en état de combattre fin juin 1941 en a perdu 12 000 en mars 1942[56], ou de la division Hitlerjugend avec 8 000 soldats hors de combat en septembre 1944 sur un effectif de départ de 20 000, soit un taux de pertes semblable à celui de la Panzerlehrdivision de l'armée[57], sont effectivement impressionnants. Il en va de même pour les pertes de la Wehrmacht sur le front de l'Est : la douzième division d'infanterie perd un tiers de ses effectifs, soit 4 200 hommes entre juin et décembre 1941 ; la dix-huitième Panzerdivision perd plus la moitié de son effectif initial et les quatre-cinquièmes de ses officiers de départ de juin 1941 à mars 1942 ; fin 1943, au sein de la division Grossdeutschland, un sous-lieutenant chef de la sixième compagnie de grenadiers a une durée de commandement effective d'un peu plus d'une semaine, avant d'être mis hors de combat pour cause de blessure ou de mort au front[58]. En ce qui concerne les pertes des 36 divisions allemandes engagées dans la bataille de Normandie, les taux des divisions SS oscillent entre 22 et 46 % de leur effectif initial ; ceux des unités de la Wehrmacht et de la Luftwaffe entre 14 et 100 % ; parmi les 14 divisions ayant subi des taux de perte supérieurs à 50 %, il n'y a aucune division de la Waffen SS[59].

Par contre, en ce qui concerne les exactions contre les populations civiles, les massacres de prisonniers ou la féroce répression des partisans, la Waffen-SS se distingue nettement de la Wehrmacht, même si celle-ci commit également de nombreux crimes de guerre, essentiellement sur le front de l'Est.

Crimes de guerre

« Pendant les combats pour la prise de Kharkov, notre réputation nous précédait : nous avions en effet la réputation d'éveiller la peur et de semer la terreur : c'est une arme extraordinaire, et il ne faut pas la laisser s'affaiblir, il faut au contraire toujours la renforcer. »

— Heinrich Himmler devant des officiers SS, Kharkov, 24 avril 1943[60]

De l'invasion de la Pologne aux derniers jours de la bataille de Berlin, de l'opération Barbarossa à la bataille de Normandie, la Waffen-SS fait preuve d'une brutalité et d'une sauvagerie généralisées, dont le caractère systématique ne se retrouve pas dans les nombreux crimes de guerre commis par l'armée régulière.

Contrairement à ce qu'affirment Paul Hausser et Felix Steiner dans leurs mémoires, même si ces deux généraux n'ont pas été condamnés pour crimes de guerre, et compte tenu de la liste ci-dessous, loin d'être exhaustive, qui reprend quelques crimes de guerre bien documentés, les Waffen-SS ne furent pas des soldats comme les autres.

Les corps des victimes du massacre de Baugnez
Le massacre de Baugnez peut être considéré comme une transposition à l'Ouest des pratiques courantes sur le front de l'Est, où les prisonniers de guerre soviétiques, considérés comme des Untermensch par l'idéologie nazie, étaient généralement massacrés ou condamnés à périr par la faim et les mauvais traitements. Par contre, l'assassinat des prisonniers britanniques à Wormhoudt est largement antérieur aux comportements observés sur le front de l'Est : il résulte vraisemblablement de l'endoctrinement des troupes pour qui un combattant ennemi est aussi un adversaire du Reich, et donc de la nation allemande, qui mérite d'être éliminé.
Sous le commandement d'Hermann Fegelein, les sections montées des deux premiers régiments de cavalerie débutent leur action le 30 juillet 1941, à 7 heures du matin. Après un entretien avec le chef supérieur de la SS et de la Police, Erich von dem Bach-Zelewski, Fegelein fait savoir à ses troupes que tous les juifs doivent être fusillés et les femmes chassées dans les marais. Le deuxième régiment applique ces ordres à la lettre, bien que nombre de ses hommes déplorent que chasser les femmes et les enfants n'ait pas eu le résultat espéré, les marais n'étant pas assez profonds pour qu'ils s'y noient. Quant au premier régiment, il assassine tous les Juifs, hommes, femmes et enfants[67].
Ce fait est contesté par certains Ukrainiens. Une commission d'enquête canadienne sur les crimes de guerre a affirmé dans son rapport final, en 1986, que les accusations de crimes de guerre commises par la 14e division SS n'avaient jamais été prouvées[70].
L'institut polonais de la mémoire a, quant à lui estimé, dans une analyse publiée le 18 novembre 2003, que c'était bien le 4e régiment de la division Galicie qui était responsable du massacre, et ce sur la base de documents exhumés en 1999, soit après l'enquête canadienne[71].
La controverse à ce propos est toujours en cours.
plaque commémorative dans le parc de Monte Sole
  • 16e Panzergrenadierdivision SS Reichsführer-SS, avec plus de 2 000 victimes en Italie, dont 560 à Sant'Anna di Stazzema à l'été 44 et 770 à Marzabotto fin septembre 1944, fusillades massives de plusieurs milliers de civils italiens sur le front de l'Arno en août 1944[72],
Le massacre de Marzabotto est particulièrement révélateur de la différence de comportement entre la Wehrmacht et la Waffen-SS. Lors d'une première opération de représailles contre les partisans de Stella rossa, en mai 1944, l'armée régulière incendie plusieurs habitations et assassine cinq hommes adultes ; dans le même contexte, quatre mois après, la Waffen-SS élimine toute la population civile, femmes, enfants, vieillards et quelques hommes. Il s'agit du plus important massacre de civils sur le front de l'Ouest[73].
Lors de la répression de l'Insurrection de Varsovie, du 5 août à fin septembre 1944, on estime que la brigade Dirlewanger a mis à mort quelque 30 000 civils, partisans de l'Armya Krayowa, mais aussi hommes, femmes et enfants[75]. De la Biélorussie en février 1942 à sa disparition vers le 25 avril 1945, cette unité fut responsable de la mort d'au minimum 60 000 victimes, pour la plupart civiles[76].
  • 1re brigade d'infanterie SS motorisée, composée des 8e et 10e régiments d'infanterie : massacres de dizaines de milliers de Juifs à Kamenets-Podolski, Dniepropetrovsk et Rovno[77],
  • 51e brigade SS : massacre de 68 personnes, âgées de 6 mois à plus de 70 ans, le 24 août 1944 à Buchères (France)[78].

L'après-guerre

Lors du procès de Nuremberg, la SS, dont la Waffen-SS fait partie intégrante, est condamnée comme organisation criminelle[79]. Aucun membre de la Waffen-SS ne figure parmi les vingt-quatre accusés du premier procès de Nuremberg, ni parmi les suivants et aucune action judiciaire n'est menée contre la Waffen-SS en tant que telle ou contre ses principaux dirigeants.

Les accusés au procès du massacre de Baugnez

Dans les années qui suivent s'égrènent les procès des responsables des différents massacres, de celui de Baugnez en 1946 à Oradour en 1953. Pour Baugnez, 43 condamnations à mort et 22 peines de prison à perpétuité sont prononcées en 1946. Notamment suite à des vices de forme, tous les condamnés sont libres en 1956. Les deux condamnés à mort d'Oradour sont libérés en 1959, les tueurs d'Ascq, condamnés à mort ou à perpétuité sont libres en 1957 ; le responsable du massacre de Marzabotto, condamné à perpétuité par l'Italie en 1951 est rapidement gracié suite à l'intervention du gouvernement autrichien.

Les peines les plus lourdes sont celles qui ont été prononcées lors du procès de massacre de Baugnez, les plus légères celles du procès d'Oradour. Comme le souligne Claudia Moisel, c'est dans l'immédiat après-guerre que les peines sont les plus lourdes alors que les procès menés dans les années 1950, dans le cadre de la dénazification, débouchent sur des verdicts beaucoup plus cléments pour des raison d'ordre politique et dans un contexte de guerre froide[80].

Le peu de poursuites contre des membres de la Waffen-SS s'explique aussi par la volonté des militaires et de nombreux hommes politiques allemands de tourner la page, notamment dans l'optique de la création de la Bundeswehr. Un an après la création de la république fédérale d'Allemagne, les anciens dignitaires de la Wehrmacht publient le Manifeste de Himmerod qui pose comme condition au réarmement la réhabilitation des soldats de la Wehrmacht et l'arrêt des poursuites contre les « pseudo-criminels de guerre qui n'avaient fait qu'obéir aux ordres de leur supérieurs »[81]. Ce climat explique les propos du chancelier Konrad Adenauer qui déclare en août 1953 à Hanovre que « les unités de la Waffen ont été des soldats comme les autres »[82].

« La plupart des membres des Einsatzgruppen, de la police de l'ordre, des commandos Totenkopf, de la Waffen-SS et d'autres organisations SS, coupables de la tuerie à l'Est pendant la seconde guerre mondiale, n'ont été ni mis en accusation, ni condamnés et, en toute impunité, ils sont restés en liberté. »[83]

À la fin des années 1950, le Bundestag permet donc à 159 officiers jusqu'au grade d' Obersturmführer, 330 sous-officiers et 210 hommes de troupe de la Waffen-SS d'intégrer la Bundeswehr naissante.

Fondée en 1951, par Paul Hausser, Felix Steiner, Sepp Dietrich et Kurt Meyer, la Hilfsgemeinschaft auf Gegenseitigkeit der ehemaligen Angehörigen der Waffen-SS (HIAG) fait tout ce qui est possible pour réhabiliter la mémoire de la Waffen-SS et de ses membres. Forte, dans les années 1960, de 7 000 membres sur les 250 000 vétérans de la Waffen SS en RFA, elle organise de nombreuses réunions d'anciens combattants et a plusieurs publications périodiques. Lors d'une de ses réunions, à Karlberg (Bavière), Kurt Meyer déclare en 1957 devant 8 000 membres de l'association que « les troupes de la SS n'ont commis aucun crime sauf le massacre d'Oradour et celui-ci ne fut que l'acte d'un seul homme »[84]. La HIAG est dissoute en 1992.

Les ouvrages écrits par d'anciens membres de la Waffen-SS, comme Otto Skorzeny, Kurt Meyer, condamné comme criminel de guerre ou Saint-Loup contribuent à entretenir le concept d'une Waffen-SS « troupe d'élite ». Le titre du livre de Paul Hausser, Soldaten wie ander auch (Nous étions aussi des soldats), illustre bien l'objectif visé par cette littérature.

Bibliographie

  • Jean-Luc Leleu, La Waffen-SS, soldats politiques en guerre, Perrin, 2007 (ISBN 978-2-2620-2488-8)
  • Omer Bartov, L'armée d'Hitler. La Wehrmacht, les nazis et la guerre, Paris, Hachette, 1999 (ISBN 2-0123-5449-1)
  • Antony Beevor La chute de Berlin, Paris, Éditions de Fallois, Le livre de Poche, 2002 (ISBN 2-2531-0964-9)
  • Mario R. Dederichs, Heydrich, Paris, Tallandier, 2007 (ISBN 978-2-8473-4411-0)
  • Gaël Eismann, Stefan Maertens, (dir.), Occupation et répression militaires allemandes, 1939-1945, Paris, Autrement, coll. Mémoires/Histoire, 2006 (ISBN 978-2-7467-0903-0)
  • Daniel J. Goldhagen, Les bourreaux volontaires de Hitler. Les Allemands ordinaires et l'Holocauste, Paris, Seuil, 1997 (ISBN 2-0202-8982-2)
  • Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Paris, Gallimard, coll. Folio Histoire, 2006, 3 vol. (ISBN 2-0703-0983-5)
  • Raul Hilberg, Exécuteurs, victimes, témoins. La catastrophe juive, 1933-1945, Paris, Gallimard, 1994 (ISBN 2-0707-3143-x)
  • Heinrich Himmler, Discours secrets, Paris, Gallimard, 1978
  • Höne, Heinz, L'ordre noir, Histoire de la SS, Tournai, Casterman, 1972
  • Christian Ingrao, Les chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, Paris, Perrin, 2006 (ISBN 2-2620-2424-3)
  • Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, Paris, Flammarion, 2001 (ISBN 2-0821-2529-7)
  • Guido Knopp, Les SS, un avertissement de l'histoire, Paris, Presses de la Cité, 2006 (ISBN 978-2-2580-6417-1)
  • Laurent Latruwe, Georgana Kostic, La division Skandberg. Histoire des Waffen-SS albanais. Des origines idéologiques aux débuts de la Guerre froide, Paris, Godefroy de Bouillon, 2004 (ISBN 2-8419-1172-1)
  • Ralf Ogorreck, Les Einsatzgruppen. Les groupes d'intervention et la "genèse de la solution finale", Paris, Calman-Lévy, 2007 (ISBN 978-2-7021-3799-4)
  • (en) Peter Paddfield, Himmler, Reichsführer SS, London, Papermarc, 1995
  • (en) Gherard Remple, Gottlob Berger and Waffen-SS recruitment, 1939-1944, Militärgeschichtlige Mitteilungen, Karlsruhe, 1980, p. 107-122 (ISBN 3-6750-0820-6)
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  • Georges H. Stein, Histoire de la Waffen SS, Paris, Sock, Le Livre de Poche, 1977 (1re édition (en) 1966) (ISBN 2-2530-1763-9)
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  • Annette Wieviorka Le procès de Nuremberg, Paris, ed. Liana Levi, 2006 (ISBN 2-8674-6420-x)

Voir aussi

Lien externe

Notes et références

  1. Heinz Höhne, L'ordre noir. Histoire de la SS, Tournai, Casterman, 1986, p. 215
  2. Cité par Georges H. Stein, Histoire de la Waffen SS, Paris, Stock, p. 57
  3. G. Stein, op.cit., p. 46
  4. G. Knopp, Les SS, Un avertissement de l'histoire, Paris, Presses de la Cité, 2006, p.279
  5. H. Höhne, op.cit., p.218
  6. G. Stein, op. cit., p. 101
  7. a  et b H. Höhne, op.cit., p. 215-217
  8. Heinrich Himmler, Discours secrets, Gallimard, Paris, 1978, p. 27
  9. H. Himmler, op.cit., p. 180
  10. H. Himmler, op.cit., p. 62
  11. H. Himmler, op. cit., p.60-62
  12. Guido Knopp, les SS. Un avertissement de l'histoire, Paris, Presse de la Cité, 2006, p. 284
  13. H. Höhne, op.cit., p.217
  14. G. Stein, op.cit., p. 87-88
  15. Gherahd Remple, Gottlob Berger and Waffen-SS Recruitment, Militärgeschichtlige Mitteilungen, Karlsruhe, 1980, p. 110-111
  16. H. Höhne, op. cit., p.221
  17. G. Stein, op.cit., p.85-86
  18. G. Stein, op.cit., p.95-98.
  19. G. Stein, op.cit., p. 98
  20. G. Remple, op.cit., p.113
  21. En juin 1941, la division est à 90 % composée d'Allemands et ne comporte que 1143 étrangers, dont 631 Néerlandais, 294 Norvégiens, 216 Danois, 1 Suédois et 1 Russe, cf. G. Knopp, op.cit, p. 289
  22. G. Remple, op.cit., p.116
  23. H. Höhne, op.cit., p 223-224
  24. G. Remple, op.cit., p. 116
  25. H. Himmler, op.cit., p. 182
  26. G. Knopp, op.cit, p. 290
  27. a , b  et c G. Knopp, op.cit., p. 309
  28. O. Subtelny, Ukraine a History, University of Totonto press, 2000, p. 472 : it should be emphasized that both th Ukrainiane organizers of the division and its members were motivated by patriotic and anti soviet motives, not by pro-Nazi sympathies
  29. Pour les Estoniens, ce point de vue est contesté dans Lucy S. Dawidowicz, La guerre contre les Juifs, Paris, Hachette, p. 650-653
  30. Pour les Ukrainiens, ce point de vue est contesté par O. Subtelny, op.cit., p. 471 : Finally, although there were opportunists, anti-semitics, and ideological fanatics among the Ukrainians, there is no evidence indicating that their number was proportionately greater than among other nationalities
  31. D'autres Ukrainiens se livrèrent, au sein de l'armée insurrectionnelle ukrainienne à une guerre de partisans contre les troupes allemandes et contre l'Armée rouge, cf. Arkady Joukovski, Histoire de l'Ukraine : des origines jusqu'à 2004, Paris, Le Dauphin, 2004, p. 124
  32. R. Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Gallimard, folio/histoire, Paris, 2006, vol.2, p.555-557; voir aussi Raul Hilberg, Exécuteurs, victimes et témoins. La catastrophe juive. 1933-1945, Paris, Gallimard, 1994, p. 113, Arno J. Mayer, La solution finale dans l'histoire, Paris, La découverte, 1990, p.301
  33. voir aussi R. Hilberg, la destruction..op.cit., p. 522, A. Mayer, op.cit., p. 304
  34. Amandine Rochas, la Handschar. Histoire d'une division de Waffen-SS bosniaque, Paris, L'Harmattan, p. 63-64
  35. Entre deux fronts Tome 1, Les incorporés de force alsaciens dans la Waffen-SS, Nicolas Mengus, Ed. Pierron, ISBN-10: 2708503413
  36. G. Knopp, op.cit., p. 323
  37. Raul Hilberg, La destruction...op.cit., vol.1, p.511-512
  38. G. Stein, op.cit., p. 67-68
  39. a , b  et c G. Knopp, op.cit., p. 280-282
  40. G. Stein, op.cit. p. 79
  41. G. Stein, op.cit., p. 77
  42. G. Remple, op.cit., p. 109
  43. Peter Padflied, Himmler, Reichsführer SS, Papermac, London, 1995, p. 298
  44. G. Stein, op.cit., p. 110
  45. G. Knopp, op.cit., p. 286
  46. G. Knopp, op.cit., p. 292
  47. G. Knopp, op.cit., p. 294
  48. a , b , c  et d G. Knopp, op.cit., p. 302-304
  49. Charles W. Sydnor, La division SS Totenkopf, Revue d'histoire de la seconde guerre mondiale, Paris, PUF, 1975, n°98, p. 59
  50. G. Knopp, op.cit., p. 316
  51. G. Knopp, op.cit., p. 327
  52. G. Knopp, op.cit., p.328-331
  53. a , b  et c G. Knopp, op.cit., p. 332-337
  54. Antony Beevor, La chute de Berlin, Éditions de Fallois, Le livre de Poche, Paris, 2002, p. 380-381
  55. Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, Paris, Flammarion, 2001,p. 1144-1145
  56. G. Knopp, op. cit., p. 294
  57. G. Knopp, op.cit., p. 317
  58. Omer Bartov, L'armée d'Hitler. La Wehrmacht, les nazis et la guerre, Paris, Hachette, 1999, p. 51-92
  59. Jean-Luc Leleu, La Waffen-SS. Soldats politiques en guerre, Paris, Perrin, 2007, p. 1165
  60. H. Himmler, op.cit., p. 192.
  61. a  et b G. Knopp, op.cit., p. 286
  62. Charles W. Sydnor, op. cit, p. 61
  63. ibidem
  64. G. Knopp, 'op.cit., p. 301
  65. G. Knopp, op.cit., p. 296
  66. G. Stein, op.cit., p. 440
  67. G. Knopp, op.cit. p. 300
  68. G. Knopp, op.cit, p. 320
  69. Amandine Rochas, La Handschar. Histoire d'une division de Waffen-SS bosniaque, L'Harmattan, Paris, 2007, p. 126-127
  70. Extraits du rapport de la commission d'enquête sur les crimes de Guerre par l'Honorable Juge Jules Deschenes, Ottawa, 30 décembre 1986
  71. (en)Investigation of the Crime Committed at the Village of Huta Pieniacka
  72. C. Sydnor, op. cit., p. 75
  73. Stefan Prauser, Les crimes de guerre allemands en Italie, 1943-1945, in Gaël Eismann et Stefan Martens, Occupation et répression militaire allemandes, 1939-1945, La politique de maintien de l'ordre en Europe occupée, Autrement, coll. Mémoires/histoire, Paris, 2007, p. 98-99
  74. Laurent Latruwe et Gorgana Kostic, La division Skandberg. Histoire des Waffen-SS albanais. Des origines idéologiques aux débuts de la Guerre froide, Godefroy de Bouillon, Paris, 2004, p.175-178
  75. Christian Ingrao, Les chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, Perrin, Paris, 2006, p.53
  76. ibidem, p. 63
  77. R. Hilberg, op.cit., p. 529-531
  78. Roger Bruge "1944 Le temps des Massacres, les crimes de la Gestapo et de la 51e Brigade SS"
  79. Anette Wieviorka, Le procès de Nurembreg, Lianna Levi, Paris, 2006, p. 197-225
  80. Claudia Moisel, Des crimes sans précédent dans l'histoire des pays civilisés : l'occupation allemande devant les tribunaux français, 1994-2001, in Gaël Eisman et Stefan Mertens, Occupation et répression militaires allemandes 1939-1945. La politique de maintien de l'ordre en Europe occupée, Autrement, Paris, 2007, p. 199
  81. Jean-Pierre Azéma (pref), in Gaël Eisman et Stefan Mertens, op.cit., p. 7
  82. G. Stein, op.cit., p. 414
  83. Richard Rhodes, Extermination : la machine nazie. Einsatzgruppen à l'Est, 1941-1943, Paris, Autrement, coll. Mémoires, 2004, p. 318
  84. G. Stein, op.cit., p. 415-416
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