- Meine Ehre heißt Treue
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« Meine Ehre heißt Treue » (Mon honneur s'appelle fidélité) était la devise national-socialiste de la Schutzstaffel (SS).
Sommaire
Origine
Cette phrase, prononcée dans un contexte national socialiste, fait allusion à des paroles d'Adolf Hitler. En 1931, des unités de la Sturmabteilung (SA) de Berlin, sous les ordres de Walther Stennes, tentèrent de renverser la direction de la section berlinoise du NSDAP. Alors que le chef de section, Joseph Goebbels, ainsi que ses collaborateurs, parvenaient à s'échapper, une poignée de SS se firent rouer de coup en essayant de repousser les SA. Les SS de Berlin, sous le commandement de Kurt Daluege, démontrèrent ainsi, aux yeux d'Hitler, une « loyauté imperturbable au Führer », et Hitler gratifia Daluege d'une lettre de remerciement, dans laquelle il écrivit, entre autres, cette phrase : „… SS-Mann, deine Ehre heißt Treue!”. Peu après, le chef SS Heinrich Himmler fit de cette phrase la devise des SS.
Interprétation
Le vocabulaire se rapportant à la notion de « vertu », tels que les termes « honneur », « fidélité », ou encore « camaraderie », « obéissance », ... était abondamment employé par la rhétorique SS. Ceci peut de prime abord sembler en contradiction avec la domination par la terreur exercée par les SS. Mais en fait, les SS ont conféré à ces mots un sens particulier. Ainsi, le terme « fidélité », employé seul, faisait-il référence à la personne d'Adolf Hitler, comme exprimé, entre autres, dans le serment des SS :
- „...Wir schwören Dir, Adolf Hitler...Treue und Tapferkeit. Wir geloben Dir und den von Dir bestimmten Vorgesetzten Gehorsam bis in den Tod...“.
- « [...] Nous te jurons, Adolf Hitler [...] fidélité et bravoure. Nous te jurons solennellement obéissance jusque dans la mort, à toi, et aux chefs désignés par toi [...] ».
Cette notion de fidélité n'était en fait pas liée à un idéal, à une éthique, mais à la personne de Hitler uniquement. Dans l'idéologie nazie, cette « fidélité » signifiait une « obéissance aveugle et absolue ».
Par l'identification du terme « fidélité » au terme « honneur », on associait également la désobéissance à la perte de l'honneur. Aussi le terme « honneur » perdit-il son sens moral traditionnel, en ce que, par exemple, l'honneur d'un soldat à refuser de commettre un crime de guerre n'avait plus aucun sens vis-à-vis de la notion de l'honneur des SS, pour laquelle seule comptait l'obéissance aveugle.
La nazification du vocabulaire se rapportant à la notion de « vertu » était essentielle pour obtenir une obéissance inconditionnelle, même à des ordres criminels. Cette obéissance ne pouvait pas être atteinte en recourant à la loi, en ce qu'elle réclamait l'adhésion du soldat, adhésion rendue possible par ce dévoiement des idéaux de vertu traditionnels[1].
Utilisation
À partir de 1932, cette devise était gravée sur les boucles de ceinturons des SS (ou apparentés).
Dans certains pays, comme l'Autriche, à partir de 1947, ou l'Allemagne (article § 86 a du Code Pénal sur l'utilisation de symboles d'organisations anticonstitutionnelles), l'utilisation de cette devise, ou de variations de cette devise, est proscrite.
Notes
- Bernd Wegner, Hitlers politische Soldaten ("Tugendideale der SS")
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