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Dénazification
La dénazification (en allemand Entnazifizierung, en anglais Denazification) est un processus, dirigé par les Alliés au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, destiné à éradiquer le nazisme et le militantisme dans les institutions et la vie publique allemandes. De plus, il entend permettre la reconstruction de la vie politique allemande sur une base démocratique. Ainsi, il faut voir dans ce processus deux volets : un volet punitif et un volet préventif.
Sommaire
Origine
Proclamée à Londres en janvier 1942, renforcée par l'accord de Potsdam en août 1945, la dénazification désigne une "épuration" de la société, de la culture, de la presse, de l'économie, du pouvoir judiciaire et de la politique allemandes et autrichiennes de toute influence nazie. Après la Seconde Guerre mondiale, une grande partie de l'Europe, surtout l'Allemagne, était en ruines. Ceci était particulièrement vrai pour l'administration de l'État. Les Alliés ont entrepris une politique de démocratisation, de démilitarisation, de décartellisation (rapidement arrêtée à l'ouest à cause du péril communiste représenté par ces opérations créant du chômage) et de dénazification.
À partir de janvier 1946, le commandement allié pour l'Allemagne a adopté à Berlin un grand nombre de directives de dénazification qui ont permis de désigner certains groupes de personnes pour lesquelles une enquête judiciaire a été entamée.
Des réalités diversifiées
Cependant derrière l'apparente univocité du terme[1], la dénazification connut des déployements différents selon les zones d'occupation :
« Une fois admis qu'on châtierait les grands chefs, les conceptions des vainqueurs divergeaient déjà sur la nature du phénomène national-socialiste, donc nécessairement sur les meilleurs moyens d'en éliminer jusqu'aux ferments. Pour les dirigeants britanniques, il s'agissait d'une sorte de maladie. L'élimination des porteurs de germes suffirait à rendre au corps sa santé. Pour les Français, il y avait une sorte de ligne continue de Bismarck à Hitler. Le nazisme était lié au « prussianisme dont Hitler a été la plus dangereuse incarnation ». L'État unitaire allemand et l'État totalitaire étaient liés. La punition resterait sans effet si par ailleurs on n'assurait pas la destruction de la Prusse et celle de l'unité allemande. Du côté américain, on était partagé entre la vision anglaise et la vision française. Les Soviétiques, eux, attribuaient la victoire du nazisme en Allemagne aux structures de la société allemande, en particulier à la répartition du pouvoir économique au sein de la société : la punition était donc accessoire, la révolution sociale prioritaire. »— Alfred Grosser, L'Allemagne de notre temps, p. 80
D'autres historiens relèvent eux aussi la disparité de traitement selon la zone d'occupation :
« De plus, leur [celle des Américains] armée de Texans, de Noirs, de Middle Westerners abonde aussi de réfugiés allemands qui savent la langue et expliquent tout. Le rôle de ceux-là sera important pendant la première phase de l'occupation. L'ignorance et la bonne conscience des uns, les sentiments de retrouvailles mêlés de désir de vengeance des autres feront de la dénazification américaine un chef-d'oeuvre de précision, de bureaucratie et d'incohérence. Mais s'il faut choisir sa zone, c'est chez les Américains que cela fera le moins mal d'être allemand. »— Joseph Rovan, Histoire de l'Allemagne, p. 768
La description que Rovan donne de l'administration du secteur français est également très critique :
« Quant aux Français, à qui les Américains ont cédé une partie de leur zone, les régions sud des futurs Länder de Bade et de Wurtemberg, et les Anglais le sud de la Rhénanie, ils sont chez placés sous le règne du tripartisme qui, de Gaulle parti, sera surtout celui de l'impuissance, chaque parti bandant ses forces pour anéntir les efforts des autres. En « zone » la divergence profonde et sans cesse plus approfondie entre occupants communistes, socialistes et démocrates-chrétiens a pour conséquence un haut niveau d'autonomie pour les responsables de tout genre qui peuvent toujours court-circuiter leurs supérieurs hiérarchiques en cherchant l'appui de leur soutien politique à Paris. La zone française ressemble au Saint-Empire des derniers siècles de son existence, c'est une justification de territoires et de secteurs administratifs semi-autonomes. L'ordre y est maintenu par une sorte d'armée des Indes, une armée de type colonial métissée de FTP et de FFI. Comme partout, on retrouve chez les Français des idéalistes de la réconciliation avec une Allemagne démocratique et des profiteurs, mais ceux-là aussi ont dans notre petite zone, assez pauvre et restée relativement à l'abri de la guerre et de ses mouvements de population, un degré d'indépendance bien plus grand qu'ailleurs. »— Joseph Rovan, Histoire de l'Allemagne, p. 768
Voir aussi
Liens internes
- Histoire de l'Allemagne depuis 1945
- Procès de Nuremberg
- Occupation de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale
Notes
- ↑ « La précision n'était pas la qualité dominante du protocole de la Conférence de Potsdam qui fixait les directives pour l'administration provisoire de l'Allemagne et sa mise hors d'état de nuire. Le manque d'accord des signataires saute aux yeux. », André Fontaine, Histoire la guerre froide, tome 1, p. 356, Éditions du Seuil, 1983
Sources
- Alfred Grosser, L'Allemagne de notre temps, Paris, 1978
- Joseph Rovan, Histoire de l'Allemagne, Collection Points Histoire, Éditions du Seuil, 1999
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