- Romanche
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Cet article concerne la langue romanche. Pour la rivière française et pour la fosse océanique, voir Romanche (rivière) et Fosse Romanche.
Romanche
RumantschParlée en Suisse Région Canton des Grisons Nombre de locuteurs 60 000[1] Typologie SVO flexionnelle syllabique Classification par famille - - langues indo-européennes
- - langues romanes
- - langues gallo-romanes
- - groupe rhéto-roman
- - romanche
- - groupe rhéto-roman
- - langues gallo-romanes
- - langues romanes
Statut officiel Langue officielle de Suisse Codes de langue ISO 639-1 rm ISO 639-2 roh ISO 639-3 roh Linguasphere 51-AAA-k IETF rm Échantillon Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (voir le texte en français)
Artichel ün.
Tuots umans naschan libers ed eguals in dignità e drets. Els sun dotats cun intellet e conscienza e dessan agir tanter per in uin spiert da fraternità.
modifier Le romanche (rumantsch en romanche) est une langue romane parlée par 60 000 personnes, en Suisse, majoritairement dans le canton des Grisons. Il est une des langues officielles de ce canton ainsi qu'une langue officielle[2] et nationale suisse[3].
Le romanche fait aussi partie des langues gallo-romanes et du groupe rhéto-roman ; il est donc apparenté au ladin et au frioulan, pratiqués en Italie.
Selon le recensement fédéral de la population de 2000, 60 561 résidents de la Suisse parlent cette langue, soit 0,8% de la population du pays. De ça, 35 095 l'ont comme langue principale, ce qui représente 0,5% des résidents totaux[4]. La majorité de ces locuteurs se retrouvent dans les Grisons et le reste, dans la diaspora romanche, un peu partout dans la Suisse. L'usage de cet idiome étant en régression lente (-15% depuis 10 ans et parlé par moins de 100 000 personnes), des craintes se portent sur son avenir. Pour contrer cette tendance, la Confédération suisse accorde un soutien au canton des Grisons pour la sauvegarde et la promotion du romanche[2].
La langue n'est usuelle que dans les Grisons et dans ce canton, surtout dans les districts d'Albula, de Surselva, d'Inn et dans le ¾ du Maloja (Engadine). Elle est aussi pratiquée dans les communes de Cazis, Ferrera et Andeer dans le district de Hinterrhein et à Domat/Ems, Trin, et Felsberg dans le district d'Imboden. Ces territoires représentent environ 40% du territoire cantonal.
Le rumantsch grischun (RG), romanche grison en français, est la forme unifiée et standardisée de la langue. Il a été créé et introduit par la Lia rumantscha (Ligue romanche) en 1982. C'est aussi la forme de la langue enseignée et promue dans presque toutes les écoles primaires des Grisons depuis 2010. Depuis quelques années, les manuels scolaires, les documents cantonaux et fédéraux ainsi que la majorité des publications en romanche sont écrits uniquement en rumantsch grischun[5].
Il existe aussi 5 variétés infrarégionales traditionnelles du romanche.
Sommaire
Histoire [6]
En 1527, Juan Travers, homme d’État et de guerre, écrivait une sorte de chanson de geste (La chanzun da la guerra dal chasté da Müsch). Deux autres fondateurs de la langue écrite sont le réformateur Philippe Saluz et Giachem Bifrun.
Si les protestants recourent souvent pour des fins polémiques à la langue romanche, l’abbaye catholique de Disentis est le foyer au XVIIe siècle d’une littérature nouvelle.
Dans la période moderne, on trouve des poètes nationaux comme Peider Lansel, Gion Fontana ou Maurus Carnot, ainsi que des érudits comme Planto ou Andréa Schorta, auteurs d’un Dictionnaire toponymique grison. Le principal artisan du romanche moderne est sans doute le linguiste zurichois Heinrich Schmid, qui créa en 1982, à la demande de la Ligue romanche (Lia Rumantscha), organisation de défense et de promotion de la culture romanche, la forme écrite du rumantsch grischun, unifiant les cinq principaux dialectes romanches, et désormais utilisée pour les manuels scolaires et les documents administratifs.
Classification
C'est une langue romane, du groupe rhéto-roman, donc proche du ladin et du frioulan.
Le romanche est également proche des langues du groupe occitano-roman.
Répartition géographique
Statut officiel
Le romanche est une « langue officielle pour les rapports que la Confédération entretient avec les personnes de langue romanche »[7]. Le romanche n'est que très rarement utilisé lors des débats au Parlement fédéral, mais il l'est davantage dans les conférences de presse. Il est parfois utilisé dans la signalisation routière du Canton des Grisons, mais rarement dans celle relevant du fédéral.
Les différents romanches
Le romanche n'est pas qu'une seule et unique langue, mais cinq langues naturelles différentes, ayant chacune sa propre forme écrite standardisée :
- le sursilvan, ou sursylvain, pour 13 879 locuteurs natifs dans la région du Rhin Antérieur (Surselva),
- le sutsilvan, ou subsylvain, pour 571 locuteurs natifs dans la vallée du Rhin Postérieur (Schons, Rheinwald),
- le surmiran, ou sourmiran, pour 2 085 locuteurs natifs dans les vallées de l'Albula et de la Julia (Surses),
- le puter pour 2 343 locuteurs natifs en Haute-Engadine,
- le vallader pour 5 138 locuteurs natifs en Basse-Engadine.
Le puter et le vallader forment ensemble le sous-groupe engadinois ou rumantsch ladin. On ne confondra pas ce sous-groupe avec la langue romane parlée au Tyrol du Sud, également appelée Ladin et qui fait partie du même ensemble rhéto-roman.
Écriture
Ordre alphabétique et valeur des graphèmes
Ordre alphabétique
Comme en français ;
A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, (W), X, (Y), Z.
Les lettres w, y ne sont pas employées (sauf dans des mots étrangers).
Prononciation
Voyelles
Contrairement au français actuel, les voyelles romanches peuvent être longues ou brèves. (Pour simplifier, il n'en est pas tenu compte dans les indications ci-dessous.)
- a, i : comme en français.
- é, è, ê :
- /e/, /ɛ/ (en syllabe finale pour éviter la prononciation « e muet » ou pour distinguer des homographes)
- En vallader, é ne s'emploie pas et è est un son fermé.
- e :
- /e/, /ɛ/
- Dans les finales -el, -em, -en, -er (monosyllabes exceptés) : e muet comme en français.
- ö (engadinois) : /ø/ (eu français)
- ü (engadinois) : /y/ (u français)
Nombreuses diphtongues, se prononçant en général comme elles s'écrivent.
L'accent tonique est nettement prononcé, sur l'une des deux dernières syllabes. Comparer la différence entre heureux et heure en français méridional. Exemples en vallader: sandà "santé", mais sonda "samedi"; pajan (accent final comme en français: païen), mais pajan (accent sur la première syllabe comme en français: "ils paient").
L'accent tonique est indiqué par un point sous la voyelle dans les dictionnaires et les grammaires.
Consonnes
- b, d, f, k, l, m, n, r, t, v : comme en français.
- c :
- Devant a, o, u : /k/ (comme en français)
- Devant e, i : /ʦ/ (comme dans tsunami).
- ch:
- En engadinois : /ʨ/ tch palatal (voir ci-dessous l'explication de tg)
Un francophone risque de confondre ce son avec /ʧ/ (tsch), mais en romanche il s'agit d'un phonème nettement différent: engadinois tschinch "cinq";
- En sursilvan, sutsilvan, surmiran (devant e, i) : /k/
- dsch (engadinois) :
- En théorie : /ʤ/ (dj français)
- Souvent prononcé /ʧ/ sous l'influence de l'allemand.
- g:
- Devant a, o, u : /ɡ/ (comme en français)
- Devant e, i, ö, ü : /ʥ/ (dj palatal mouillé, un peu comme dans une prononciation populaire de « Bon Djieu »)
-
- C'est le phonème sonore correspondant à tg (ci-dessous)
- En vallader, en début de mot, ce son est réduit à la semi-voyelle /j/ (ci-dessous).
- gl (devant i, ü et en fin de mot), gli (devant a, e, o, u) : /ʎ/ (l mouillé, comme lli dans le français allié, mais en un seul son ; comme le gli italien).
Exemples: glima « lime », egl (engadinois ögl) « œil ».
- gn : /ɲ/ (n mouillé, comme en français) : muntogna « montagne »)
- h :
- En début de mot: en général non prononcé, sauf dans les mots d'origine germanique
- Entre voyelles (sursilvan) ou en fin de mot (putèr) : aspiré
- j : /j/ (semi-voyelle, comme y en français dans yacht, essayer)
- qu : /kw/ (comme en italien dans quattro, qui ; comme en français dans quoi sans le /a/).
- s:
- /s/ s sourd (français s, ss), parfois même entre voyelles: (vallader) ses « six », sesanta « soixante » ; (sursilvan) sis, sissonta ; (rumantsch grischun) sis, sessanta.
- /z/ s sonore (français z, s), parfois même en début de mot: rosa (engadinois rösa) « rose », sut (engadinois suot) « sous ».
- Devant consonne sourde (même à l'intérieur de mot) : /ʃ/ (ch français) : festa (sursilvan fiasta) « fête ». Prononcer /fɛʃta/ (feschta), /fjaʃta/ (fiaschta); sco (putèr scu) « comme ». Prononcer /ʃko/ (schkô), /ʃku/ (schkou).
- Devant consonne sonore : /ʒ/ (j français dans jus) : engadinois sdun « cuillère » (sursilvan et rumantsch grischun „tschadun“). Prononcer /ʒdun/, /ʧadun/.
- sch :
- sch sourd /ʃ/ (ch français) : schanza « chance », sche (engadinois scha) « si » (exprimant une condition), nascher (sursilvan nescher, accent sur la première syllabe) « naître » (imparfait naschaiva, nascheva, « naissait »).
- sch sonore : /ʒ/ (j français) : Grischun (nom: canton des Grisons ; habitant de ce canton), grischun (adjectif: du canton des Grisons), schanugl (engadinois schnuogl) « genou »
- s-ch (engadinois) : sch + tch palatal (cf. règles ci-dessus pour s devant consonne sourde et pour ch en engadinois)
- tg (sursilvan, sutsilvan, surmiran et rumantsch grischun) : /tç/ (sorte de tch palatal mouillé). Cf. allemand Plättchen, mais en romanche, il s'agit d'un son unique. Cf. français t devant i ou u dans la prononciation des jeunes : la langue est largement appliquée sur le palais comme pour la semi-voyelle /j/ (français y); imaginez quelqu'un qui prononcerait « entier » et « inquiet » de la même manière en français.
- tsch : comme dans le français « match ». À distinguer de la palatale écrite ch ou tg.
- z:
- ts
- dz
Remarques
- Ce qu'on appelle traditionnellement « l mouillé » en français, comme dans il travailla, n'est plus un l mouillé proprement dit, mais une simple semi-voyelle, comme dans Maya;
- Les lettres g et l se prononcent séparément (comme en français) devant a, e, o, u et parfois exceptionnellement même devant i, ü.
- Glatsch « Glace » /glaʧ/
- (sursilvan) Gliergia (putèr) Glüergia, variantes de Gloria « Gloire »
- Parfois, g et n se prononcent séparément, comme en français dans stagnation, agnostique : romanche magnet (de l'allemand) « aimant ».
- Si le mot romanche a un correspondant en français, la prononciation du sch est prévisible. Comme on le voit sur les exemples ci-dessus, si le mot correspondant en français a s sourd, ss ou ch, le romanche a un sch sourd; si le mot correspondant en français a s sonore ou g, le romanche a un sch sonore.
- Le groupe de sons s-ch est écrit stg dans le reste du romanche et en rumantsch grischun.
- En rumantsch grischun, le son /tç/ est écrit tg en général, mais ch devant a en début de mot. C'est une conséquence de la volonté de rester aussi proche que possible de la graphie des langues romanches préexistantes. Donc (vallader) chüna, (surmiran) tgegna, (sursilvan et rumantsch grischun) tgina « berceau ». Mais : (vallader) chasa, (surmiran) tgesa, (sursilvan) casa, (rumantsch grischun) chasa « maison ».
Histoire
Usages
Grammaire
Lexique
Exemples
Mot en français Mot en italien Mot en latin Traduction (ladin vallader) Prononciation standard terre terra terra terra terra ciel cielo caelum tschêl tschiel eau acqua aqua aua aua feu fuoco ignis fö fieu homme uomo homo hom um femme donna femina duonna dunna manger mangiare edere mangiar mangiar boire bere bevere baiver baiver grand grande magnus grond grond petit piccolo paruus pitschen pitschen nuit notte nox not notg jour giorno dies di di Français Sursilvan Sutsilvan Surmiran Puter Vallader Rumantsch Grischun or aur or or or or, aur,ar aur dure dir dir deir dür dür dir œil egl îl îgl ögl ögl egl léger lev leav lev liger leiv lev trois trais tres treis trais trais trais neige neiv nev neiv naiv naiv naiv roue roda roda roda rouda rouda roda fromage caschiel caschiel caschiel chaschöl chaschöl chaschiel maison casa tgeasa tgesa chesa chasa chasa chien tgaun tgàn tgang chaun chan chaun jambe comba tgomba tgomma chamma chomma chomma poule gaglina gagliegna gagligna gillina giallina giaglina chat gat giat giat giat giat giat tout tut tut tot tuot tuot tut forme fuorma furma furma fuorma fuorma furma je (moi) jeu jou ja eau eu jau Exemples de phrases comparatives
Le Corbeau et le Renard
Le début, simplifié, en français, en italien et dans les différents romanches.
Français
Le renard était à nouveau affamé. Il vit un corbeau sur un sapin, qui tenait en son bec un morceau de fromage. Cela me semble bon, pensa le renard et il dit au corbeau : « Comme tu es beau ! Si ton chant est aussi beau que ton apparence, alors tu es le plus beau de tous les oiseaux ».
Italien
La volpe era nuovamente affamata. Vide un corvo posato su un pino con un pezzo di formaggio nel becco. Come lo gusterei, pensò la volpe che disse al corvo : « Come sei bello ! Se il tuo canto è così bello come il tuo aspetto, allora sei il più bello fra gli uccelli ».
Sursilvan
L'uolp era puspei inagada fomentada. Cheu ha ella viu sin in pegn in tgaper che teneva in toc caschiel en siu bec. Quei gustass a mi, ha ella tertgau, ed ha clamau al tgaper : « Tgei bi che ti eis ! Sche tiu cant ei aschi bials sco tia cumparsa, lu eis ti il pli bi utschi da tuts ».
Sutsilvan
La vualp eara puspe egn'eada fumantada. Qua â ella vieu sen egn pegn egn corv ca taneva egn toc caschiel ainten sieus pecel. Quegl gustass a mei, â ella tartgieu, ed â clamo agli corv : « Tge beal ca tei es ! Scha tieus tgànt e aschi beal sco tia pareta, alura es tei igl ple beal utschi da tuts ».
Surmiran
La golp era puspe eneda famantada. Cò ò ella via sen en pegn en corv tgi tigniva en toc caschiel an sies pecal. Chegl am gustess, ò ella panso, ed ò clamo agl corv : « Tge bel tgi te ist ! Schi ties cant è schi bel scu tia parentscha, alloura ist te igl pli bel utschel da tots ».
Putér
La vuolp d'eira darcho üna vouta famanteda. Cò ho'la vis sün ün pin ün corv chi tgnaiva ün töch chaschöl in sieu pical. Que am gustess, ho'la penso, ed ho clamo al corv : « Che bel cha tü est ! Scha tieu chaunt es uschè bel scu tia apparentscha, alura est tü il pü bel utschè da tuots ».
Vallader
La vuolp d'eira darcheu üna jada fomantada. Qua ha'la vis sün ün pin ün corv chi tgnaiva ün toc chaschöl in seis pical. Quai am gustess, ha'la pensà, ed ha clomà al corv : « Che bel cha tü est ! Scha teis chant es uschè bel sco tia apparentscha, lura est tü il plü bel utschè da tuots ».
Rumantsch Grischun
La vulp era puspè ina giada fomentada. Qua ha ella vis sin in pign in corv che tegneva in toc chaschiel en ses pichel. Quai ma gustass, ha ella pensà, ed ha clamà al corv : « Tge bel che ti es ! Sche tes chant è uschè bel sco tia parita, lura es ti il pli bel utschè da tuts ».
Psalm svizzer : le Cantique suisse en romanche
En l'aurora la damaun ta salida il carstgaun,
spiert etern dominatur, Tutpussent!
Cur ch'ils munts straglischan sura,
ura liber Svizzer, ura.
Mia olma senta ferm,
Mia olma senta ferm Dieu en tschiel,
il bab etern, Dieu en tschiel, il bab etern.
Er la saira en splendur da las stailas en l'azur
tai chattain nus, creatur, Tutpussent!
Cur ch'il firmament sclerescha en noss cors
fidanza crescha.
Mia olma senta ferm,
Mia olma senta ferm Dieu en tschiel,
il bab etern, Dieu en tschiel, il bab etern.
Ti a nus es er preschent en il stgir dal firmament,
ti inperscrutabel spiert, Tutpussent!
Tschiel e terra t'obedeschan
vents e nivels secundeschan.
Mia olma senta ferm,
Mia olma senta ferm Dieu en tschiel,
il bab etern, Dieu en tschiel, il bab etern.
Cur la furia da l'orcan fa tremblar il cor uman
alur das ti a nus vigur, Tutpussent!
Ed en temporal sgarschaivel
stas ti franc a nus fidaivel.
Mia olma senta ferm,
Mia olma senta ferm Dieu en tschiel,
Il bab etern, Dieu en tschiel, il bab etern.Notes et références
- Die aktuelle Lage des Romanischen, Kommentar zu den Volkszählungsresultaten
- http://www.admin.ch/ch/f/rs/101/a70.html
- http://www.admin.ch/ch/f/rs/101/a4.html
- Recensement fédéral de la population 2000
- http://www.swissinfo.ch/fre/dossiers/romanche/Controverse_autour_du_rumantsch_grischun.html?cid=221652
- Encyclopédie du monde actuel (EDMA), Lausanne, 1969.
- Constitution fédérale de la Confédération suisse, Article 70. Consulté le 2 avril 2007
Voir aussi
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Liens externes
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