- Proto-roumain
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Proto-roumain est le nom donné par les linguistes roumains à la langue des Thraces romanisés, ancêtres des Aroumains et des Roumains d'aujourd'hui. D'autres linguistes préfèrent "roman oriental" ou "Thraco-roman", plus neutres.
Sommaire
Spécificités
Les propriétés de cette langue ne peuvent qu'être déduites de l'étude de ses langues-filles, les langues romanes orientales, car, en dehors d'une citation dans Théophylacte Simocatta et dans Théophane le Confesseur et de quelques noms propres, on n'en connaît aucun texte. C'était, en tout cas, la langue des populations romanes de l'Empire romain d'orient entre le VIIe siècle et le IXe siècle, et définie par les linguistes roumains comme româna comună: le "roumain commun". À partir du IXe siècle (dans Kedrenos), ces populations apparaissent sous le nom de « Valaques ». Leur langue est à l'origine du Daco-Roumain (dit Roumain en Roumanie et Moldave en Moldavie), de l'Aroumain, du Moglenite et de l'Istrien qui forment aujourd'hui le Diasystème roman de l'Est, dont les traits structurels et lexicaux communs permettent de déduite que le proto-roumain avait déjà une structure très différente des autres langues romanes dans sa grammaire, sa morphologie et sa phonologie, et faisait déjà partie, avec l'albanais et le grec, de l' union balkanique linguistique définie par Karl Sanfeld sans son livre Linguistique Balkanique[1]. Le proto-roumain, déjà porteur d'emprunts au grec ancien via le latin vulgaire, s'est ensuite enrichi d'emprunts au slavon ancien. Ces nombreux traits caractéristiques se retrouvent aujourd'hui dans les langues romanes orientales.
Évolution
L'endroit où cette langue était parlée est sujet à controverses :
La plupart des historiens le situent au nord de la ligne Jireček, c'est-à-dire dans les régions de Dacie (Roumanie actuelle: Banat, Olténie, Transylvanie), de Mésie (Serbie orientale et Bulgarie du nord) et de Dobrogée (voir: Origine du peuple roumain). C'est la thèse « sédentariste » de Theodor Capidan, A.D. Xenopol et Nicolae Iorga, qui pensent que la différenciation s'est effectuée sur place, par séparation des Proto-Roumains depuis l'installation des Slaves, sans migration.
Mais il existe aussi deux thèses « migrationnistes » antagonistes. L'historiographie hongroise et germanique, qui conteste l'ancienneté des Roumains en Transylvanie, et l'historiographie soviétique et russe, qui conteste l'ancienneté des roumanophones en République de Moldavie, affirment que le Proto-Roumain n'était parlé initialement qu'au sud du Danube, d'où les ancêtres des Roumains auraient immigré tardivement en Transylvanie et en Moldavie (théorie Rössler). En réaction contre cette thèse, certains historiens roumains, mais aussi la majorité des historiens serbes et bulgares (qui n'admettent pas que des populations romanes aient pu vivre dans leurs pays avant l'arrivée des Slaves), affirment que ce sont au contraire les « Valaques » des Balkans qui ont migré tardivement depuis la Roumanie actuelle vers le sud, et que par conséquent, le Proto-Roumain n'a pu être parlé qu'au nord du Danube...
Quoi qu'il en soit, l'installation des Slaves parmi les Thraces romanisés sépara ceux-ci en groupes évoluant à part, ce qui, à partir du Xe siècle, donna naissance aux langues modernes suivantes et à leurs dialectes :
- le daco-roumain (appelé roumain en Roumanie, et moldave et République de Moldavie) ;
- l'aroumain ;
- le méglénite ou mégléno-roumain ;
- l'istrien ou istro-roumain.
Le premiers langages à se différencier furent l'aroumain et le roumain, au IXe siècle. Peu après le méglénite ou mégléno-roumain se détacha de l'aroumain. L'istrien ou istro-roumain se sépara au XIe siècle.
Note
- Karl Sanfeld : Linguistique Balkanique, Klincksieck, Paris, 1930
Articles connexes
Catégories :- Langue roumaine
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