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Anne Comnène
Anne Comnène (1083-1153), est la fille de l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène et d'Irène Doukas. Fille d'Alexis Ier, le restaurateur de Byzance au XIe siècle, et donc princesse porphyrogénète (c'est-à-dire née dans la chambre pourpre du palais impérial), cette forte personnalité tente de jouer un rôle politique à Constantinople. Agée de quelques jours, elle est fiancée à Constantin Doukas, selon la volonté de son père de multiplier les liens avec la dynastie précédente. Par la suite, en raison du décès de son fiancé, elle est mariée à Nicéphore Bryenne (1062-1137), fils d'un général vaincu par Alexis I Comnène, probablement dans un souci d’apaisement et de consensus. Anne se différencie par sa formation intellectuelle. Elle bénéficie d’un enseignement soigné en philosophie, (formation d’excellence en raison de son amour pour les lettres). Elle explique également dans la préface de son oeuvre qu'elle maîtrise la rhétorique et les mathématiques. Elle anime d'ailleurs un cercle intellectuel à Constantinople, auquel elle commande des commentaires sur l'oeuvre d'Aristote. Anne est donc très familière de la littérature byzantine, et notamment de l’œuvre de Psellos. Cette femme écrit dans un style très pur, proche de celui de l'antiquité classique. Cette formation intellectuelle est exceptionnelle pour une femme à cette époque.
La mort d’Alexis I, en 1118, nous est contée par Anne,et ses écrits sont tellement précis qu'un diagnostic a pu être établi par R.P Verdun, un ancien des hôpitaux de Paris, et est détaillé dans l'édition des Belles Lettres.[1] Alexis I, serait mort d'un cancer et plus précisément "d'une tumeur maligne à évolution rapide [...] qui envahit le cou" Un éloge funèbre que fit Georges Tornikès nous renseigne. Ce que l'on sait, c'est qu'elle s’oppose fermement à la succession sur le trône impérial de son frère, le futur Jean II, au profit de son mari, Nicéphore Bryenne, comme le souhaite également sa mère, Irène Doukaeina. Ayant échoué par la faiblesse de Nicéphore (ou bien par son désintéressement), elle est contrainte de se retirer au monastère constantinopolitain de la Théotokos Kécharitôméné (de la vierge pleine de grâces) après le succès de son frère Jean. Elle entre au monastère en 1118, mais ne se fait moniale que sur son lit de mort. Elle dirige l’école de ce monastère, et après la mort de son mari elle rédige l’Alexiade, à partir de 1138, continuant ainsi le travail entrepris par Nicéphore Bryenne à l’instigation d’Irène Doukas. Après avoir résumé l'ouvrage de son mari, elle le poursuit en racontant la prise de pouvoir d’Alexis.
L’Alexiade est une histoire en 15 livres, consacrée principalement aux guerres conduites par Alexis. Elle s’appuie sur les témoignages de ses contemporains et sur ses propres souvenirs. Le récit commence avec l’arrivée au pouvoir d’Alexis en avril 1081. Il se poursuit avec le récit des guerres d’Alexis contre les Normands, les Turcs, et enfin par le récit des croisades. Elle nous laisse aussi une description de Bohémond de Tarente, seigneur normand et héros de la Première Croisade. En 1098, celui-ci s'empare d'Antioche mais il ne parviendra pas à conserver sa principauté. Il doit alors se résoudre à accepter l'aide de l'empereur Alexis Ier, dont il devient le vassal comme prince d'Antioche. Anne raconte les opérations conduites par son père contre les Turcs d’Ikonion.
L'Alexiade est donc une source majeure pour s'informer sur les guerres et les complots politiques particulièrement nombreux dans la Byzance de l’époque. Elle décrit le retour de l’armée après ses campagnes, mais aussi l’orphelinat restauré par son père : le grand orphelinat de Constantinople. Alexis apparaît en effet comme très soucieux du sort des prisonniers qu’il a délivrés, et des enfants orphelins qu’il a ramenés avec lui à Constantinople. Quand cela est possible il essaye de les replacer à Constantinople au sein de familles d'accueil, apparentées à la famille de l'enfant. Sinon, il les place au sein de monastères locaux, voire au Grand orphelinat, qu’il a lui-même restauré. L’Alexiade est une œuvre apologétique qui a pour fonction de glorifier sa famille. En puisant dans des sources officielles ou dans ses souvenirs, Anne Comnène cherche à exalter la mémoire d'Alexis I, le montrant toujours à son avantage, contre les Turcs, ou contre les Francs, qu'elle déteste tout particulièrement.
Notes
- ↑ Anne Comnène, L'Alexiade, Les Belles Lettres, Paris, 2006
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