Têtes nucléaires

Têtes nucléaires

Arme nucléaire

Explosion atomique de 14 kilotonnes lors de l'essai américain XX-27 CHARLIE sur le site d'essais du Nevada en 1951.

L'arme nucléaire est une arme de destruction massive qui utilise l'énergie dégagée soit par la fission de noyaux atomiques lourds (uranium, plutonium dans le cas des bombes A), soit par la fusion de noyaux atomiques légers (hydrogène dans le cas des bombes H).

Ses effets destructeurs, qui sont sans commune mesure avec ceux des « armes conventionnelles », sont non seulement dus au souffle et à l'augmentation de la température, comme pour les explosifs classiques, mais aussi aux rayonnements. L'énergie libérée par l'explosion s'exprime par son équivalent en TNT.

L'arme nucléaire a été utilisée opérationnellement deux fois durant la Seconde Guerre mondiale, par les États-Unis contre le Japon par les bombardements des villes d'Hiroshima et de Nagasaki, entraînant plusieurs centaines de milliers de morts.

En raison de sa puissance, l'arme nucléaire n'est généralement pas considérée comme une arme conventionnelle, mais comme une arme de dissuasion (politique de dissuasion nucléaire), visant à empêcher toute attaque majeure, qui serait sanctionnée par l'utilisation de cette arme. Inversement, l'impact psychologique potentiel d'une arme nucléaire en fait une cible de choix pour des mouvements ou États terroristes. Depuis que plusieurs pays se sont dotés plus ou moins rapidement de l'arme nucléaire, des accords internationaux visent à réduire l'arsenal nucléaire et à limiter la prolifération nucléaire.

Sommaire

Histoire

Arme de destruction massive
carte des ADM
Par type

Armes biologiques
Armes chimiques
Armes nucléaires
Armes radiologiques

Par pays
Albanie
Algérie
Bulgarie
Argentine Australie
Brésil Canada
Chine France
Allemagne Inde
Iran Irak
Israël Japon
Pays-Bas Corée du Nord
Pakistan Pologne
Russie Afrique du Sud
Syrie Taïwan
Royaume-Uni États-Unis

Débuts de la recherche nucléaire

La littérature exploite le concept de bombe atomique à partir des années 1910 [1] et les physiciens commencent à envisager l'emploi de l'énergie atomique et de la bombe atomique dans les années 1930.

L'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en Allemagne déclenche une fuite des cerveaux immédiate dès 1933, y compris des savants de confession juive qui contribuèrent ensuite de façon décisive aux filières française et britannique ; la bombe allemande ne vit jamais le jour malgré les travaux de l'institut de chimie Kaiser-Wilhelm de Berlin pendant la guerre.

Les découvertes et travaux effectués au Collège de France par Frédéric et Irène Joliot-Curie, Hans Halban et Lew Kowarski en 1939 et 1940 sont significatifs. Des communications sont faites et des brevets pris à cette époque [2], dont un décrit le principe de la bombe atomique [3].

La commission MAUD britannique est lancée pendant la drôle de guerre et récupère les résultats de la filière française après la débâcle de la bataille de France en mai 1940.

Projet Manhattan

Article détaillé : Projet Manhattan.
Carte des principaux sites du projet Manhattan

Mais c'est aux États-Unis que la bombe atomique sera mise au point et assemblée durant le projet Manhattan. Ce projet est mis sur pied suite à une lettre signée par Albert Einstein (aux opinions pacifistes), adressée au Président des États-Unis, Franklin Delano Roosevelt. Dans cette lettre, datée du 2 août 1939, Einstein ainsi que d'autres physiciens expliquent à Roosevelt que l'Allemagne nazie effectue des recherches sur la fission nucléaire et ses applications possibles dans le domaine militaire, comme la création d'une bombe atomique. Einstein explique que cette bombe est capable de libérer une énergie si colossale qu'elle pourrait détruire une ville entière.

Le 14 août 1940, le Comité consultatif pour l'uranium, un organisme fédéral créé par Roosevelt, après avoir pris connaissance de la lettre, demande dans un mémorandum la création d'un projet de recherche sur le thème de la fission nucléaire et sur ses applications militaires. Une somme de 100 000 dollars est débloquée.

La première étape consiste en l'enrichissement de l'uranium naturel en uranium 235 fissile, c'est-à-dire que son atome peut se casser et produire une réaction de fission nucléaire. Durant cette étape de recherche, un second élément fissile est découvert, le plutonium.

Alors que jusque-là, le projet avait uniquement un but expérimental, avec pour objectif de valider la réalisation d'une bombe atomique, il est décidé en 1943, au vu des résultats, de passer au stade du développement. Le Projet Manhattan vient de voir le jour.

Des milliers de chercheurs, mis au secret, vont développer cette arme. Plusieurs laboratoires sont construits un peu partout aux États-Unis, comme dans le Tennessee, à Washington et enfin le plus célèbre, le LANL de Los Alamos au Nouveau-Mexique en mars 1943.

Le Laboratoire national de Los Alamos (LANL) est dirigé par le physicien Robert Oppenheimer, il sera entouré par une brillante équipe de physiciens, parmi lesquels quatre prix Nobel de physique (Niels Bohr, James Chadwick, Enrico Fermi et Isidor Isaac Rabi). Durant deux ans, ils vont surmonter un grand nombre de problèmes techniques, aidés par un budget de deux milliards de dollars. Ils développent les deux filières, uranium et plutonium en parallèle. Au début de juillet 1945, s'ils disposent de bombes opérationnelles dans chacune des filières, ils ont encore un doute sur la bombe au plutonium. Ils décident donc que le premier test portera sur cette technologie.

Le 16 juillet 1945, sur la base aérienne d'Alamogordo, la première bombe atomique, Gadget, explose lors d'un test baptisé Trinity. La petite histoire dit que Kenneth Bainbridge, le responsable des essais, glissa à l'oreille de Robert Oppenheimer, qui avait déclamé I am become Death, the Destroyer of Worlds (« Maintenant, je suis la Mort, le Destructeur des Mondes ») après l'explosion : Now we are all sons-of-bitches (« À partir de maintenant, nous sommes tous des fils de putes ») [4].

Hiroshima et Nagasaki

Vue aérienne de Nagasaki, avant et après l'explosion.

Dans la matinée du 6 août de la même année, le président Harry Truman, qui a succédé à Franklin Roosevelt décédé le 12 avril, donne l'ordre de larguer une bombe atomique sur un objectif civil, la ville d'Hiroshima, avec pour objectif de faire capituler le Japon.

Même aujourd'hui, les raisons de cette décision sont loin d'être parfaitement connues. Il faut en effet se rappeler que le projet Manhattan visait initialement l'Allemagne et non pas le Japon. L'explication officielle (celle, à l'origine, de Truman) soutient que la capitulation du Japon fut ainsi réalisée en évitant de lourdes pertes américaines. Pour d'autres, c'est l'imminence de la déclaration de guerre de l'URSS au Japon prévue lors des accords de Yalta trois mois après la capitulation de l'Allemagne (soit au 8 août 1945), qui est le facteur déterminant ; avec leur nouvelle puissance nucléaire, les États-Unis n'avaient plus besoin de composer avec un allié encombrant pour finir ce conflit et en partager les profits (zones d'influence, bases militaires, etc.). Ce fut le point de vue d'Eisenhower pendant la guerre et, au début de la Guerre froide, du prix Nobel de physique Patrick Blackett.

Cette bombe fut surnommée par l'armée américaine Little Boy (« Petit Garçon »), du fait de sa petite taille, et Pikadon (« Lumière et bruit ») par les japonais. La bombe A à l'uranium enrichi (de type revolver) détona en expulsant une énergie équivalente à environ 15 kt de TNT. Il est difficile de connaître avec précision le nombre de personnes tuées par l'explosion. Le Département de l'énergie américain (DOE) estime quant à lui le nombre de personnes tuées instantanément à environ 70 000 et environ 200 000 personnes supplémentaires dans les cinq années qui ont suivi [5].

Le 9 août, trois jours plus tard, Truman donne l'ordre de larguer une seconde bombe sur la ville de Kokura (actuellement Kitakyushu). Celle-ci étant recouverte par des nuages, c'est Nagasaki qui est alors visée : lors d'une éclaircie, le bombardier confond les usines Mitsubishi sur les quais du port avec la cathédrale chrétienne. La bombe larguée, cette fois-ci, est au Plutonium, a une puissance de 22 kt et est surnommée Fat Man (« Gros Bonhomme »). Tout comme pour Hiroshima, le nombre de décès est difficile à définir, le DOE estime qu'il y a eu environ 40 000 personnes tuées instantanément et 60 000 autres blessées. En janvier 1946, il était estimé qu'environ 70 000 personnes étaient décédées des conséquences de l'explosion et peut-être le double dans les cinq années suivantes [6].

Les deux bombes ont explosé à environ 500 mètres d'altitude afin de maximiser leurs effets.

Le 15 août, le Japon accepte la capitulation sans conditions, l'Acte de la reddition du Japon est signé le 2 septembre 1945, à bord du cuirassé « Missouri », ce qui met fin à la Seconde Guerre mondiale (après la déclaration de guerre soviétique au Japon le 8 août 1945).

Début de la prolifération nucléaire

Article détaillé : Prolifération nucléaire.

La fin de la Seconde Guerre mondiale et la connaissance de la puissance destructrice de la bombe atomique ont poussé plusieurs gouvernements à vouloir acquérir, comme les États-Unis, l'arme nucléaire.

C'est ainsi que rapidement, l'Union soviétique, a conçu une bombe A à l'institut panrusse de recherche scientifique en physique expérimentale, le RDS-1 et l'a testée le 29 août 1949. Elle est suivie le 3 octobre 1952 par le Royaume-Uni.

Le 1er novembre 1952, les États-Unis déclenchent l'explosion de la première bombe H, une bombe cent fois plus puissante qu'une bombe A. Le premier essai soviétique de la bombe H a lieu le 12 août 1953 et le 15 mai 1957 pour le Royaume-Uni. Suivront alors les premières bombes A de la France en 1960 et la Chine en 1964.

Cette rapide prolifération nucléaire, avec les tentatives, parfois réussies, de nombreux pays comme l'Afrique du Sud ou Israël, a poussé les responsables politiques à limiter l'accession aux connaissances nécessaires pour réaliser une telle arme. C'est dans ce cadre que furent ratifiés des traités comme le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), en 1968.

Dissuasion nucléaire

Article détaillé : Dissuasion nucléaire.

Avec le début de la Guerre froide et l'accession rapide de l'Union soviétique à la force nucléaire, les deux superpuissances sont entrées dans ce que l'on appelle « dissuasion nucléaire » ou équilibre de la terreur.

Cette notion consiste en la peur, dans les deux camps, de l'utilisation par l'autre de l'arme nucléaire. Si c'était le cas, l'agressé répliquerait avec les mêmes armes et, en raison de la puissance et des effets des armes nucléaires, chacun pourrait être totalement détruit ou au moins subir des dégâts très importants, si bien que les avantages d'être l'agresseur sont quasi nuls. La stabilité de cette configuration, où deux adversaires se dissuadent ainsi mutuellement, dépend avant tout de la capacité de l'agressé à frapper nucléairement l'autre après avoir subi une première frappe atomique. C'est ce que l'on appelle la capacité de seconde frappe, élément moteur de la course aux armements qui a opposé les deux superpuissances durant la Guerre froide.

Du fait de leur exceptionnel pouvoir létal en une seule frappe, les armes nucléaires apparaissent aujourd'hui avant tout être des armes de pression politique, même si l'emploi limité d'arme nucléaire de faible puissance en milieu confiné est parfois envisagé, par exemple aux États-Unis avec les mini-nuke, pour détruire des cibles-clés enterrées à grande profondeur. Cette primauté accordée à l'usage dissuasif de l'arme nucléaire n'est cependant pas universelle : celle-ci est apparue progressivement mais rapidement aux États-Unis, mais ne faisait pas partie du corpus doctrinal officiel de l'URSS. Toutefois la dissuasion mutuelle pesait sur les relations entre les deux pays, comme semblent en témoigner les résolutions « pacifiques » des crises qui ont ponctué la Guerre froide.

Réduction des arsenaux nucléaires

Malgré leurs accords de non-prolifération, le stock d'armement nucléaire des deux grands est resté très important

Les accords Strategic Arms Limitation Talks (SALT), signés par les États-Unis et l'Union soviétique en 1972 et 1979, fixaient aux armes stratégiques offensives des plafonds supérieurs aux niveaux que celles-ci avaient atteints : ils autorisaient donc leur développement, mais limité.

Les accords Strategic Arms Reduction Treaty (START), en 1991 et 1993, imposaient, eux, une véritable réduction des arsenaux de les États-Unis et la Fédération de Russie, de 13 000 ogives à 3 500 pour chacune des parties.

Signé en 2002, le Traité de réduction des arsenaux nucléaires stratégiques (SORT) entre ces deux pays prévoient que leurs arsenaux soit limité entre 1 700 et 2 200 ogives en 2012.

Armes nucléaires et droit international humanitaire

Le droit international n'interdit pas spécifiquement et en toutes circonstances l'emploi des armes nucléaires. Pourtant, leur utilisation est contraire aux principes et règles du droit international humanitaire qui interdit l'emploi d'armes causant des pertes inutiles ou des souffrances excessives. Pour cette raison, le 8 juillet 1996 les 14 juges de la Cour internationale de Justice ont conclu à l'unanimité que le droit international humanitaire s'appliquait et que l'emploi de ces armes était généralement contraire à ce droit.[7].

Pays disposant de l'arme nucléaire

Depuis 1945, année où la première bombe explosa au Nouveau-Mexique aux États-Unis, plusieurs pays ont tenté de maîtriser la conception d'une telle arme. Ils sont classés ci-dessous en fonction du nombre de têtes nucléaires dont ils disposent.

Les puissances nucléaires en 2006
     Puissance nucléaire majeure      Puissance nucléaire moyenne      Puissance nucléaire faible      Puissance nucléaire supposée

Pays détenteurs signataires du TNP

Cinq pays sont juridiquement reconnus comme « États dotés de l'arme nucléaire » par le TNP, voici leur arsenal en mars 2006 [8]:

  • la Russie : 16 000, dont 5 830 actives ;
  • les États-Unis : 9 962, dont 5 735 actives ;
  • la France : 348 têtes actives ; réduction à moins de 300 en projet (déclaration du président Nicolas Sarkozy du 21 mars 2008);
  • le Programme nucléaire du Royaume-Uni : plus de 200, dont un peu moins de 200 actives.
  • la République populaire de Chine : environ 200, dont environ 145 actives ;

Les politologues désignent ces cinq États par le terme de « club nucléaire », qui sont également ceux qui sont membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.

La Corée du Nord est le seul pays qui a acquis l'arme nucléaire après avoir ratifié le TNP (qu'elle avait toutefois dénoncé en 1993). Le nombre de têtes est estimé à moins d'une dizaine, dont quelques-unes seraient peut-être actives. La Corée du Nord a procédé à un essai nucléaire le 9 octobre 2006 et renonce à son armement nucléaire suite à l'accord de Pékin du 13 février 2007, mais finalement elle réalise un second essai le 25 mai 2009.

Pays détenteurs non-signataires du TNP

Trois pays, non-signataires du TNP, disposent de l'arme nucléaire :

  • l'Inde : 40 à 50 têtes, presque toutes actives[réf. nécessaire] ; a réalisé le 18 mai 1974 son premier essai nucléaire, officiellement à but pacifique. Le 11 mai 1998, elle réalise son premier essai militaire.
  • le Pakistan : 50 à 60, presque toutes actives[réf. nécessaire] ; a réalisé quelques jours après l'Inde, le 28 mai 1998, son premier essai nucléaire.
  • Programme nucléaire Israël : dispose d'armes nucléaires. Une centaine seraient actives. Selon un ancien technicien de la Centrale nucléaire de Dimona, Mordechaï Vanunu, Israël disposerait de plus de 200 bombes atomiques. Cette déclaration lui a valu une condamnation pour espionnage et trahison et une peine de prison de 18 ans. Selon certaines sources, Israël aurait procédé, avec l'aide de l'Afrique du Sud, à un essai sous-marin dans l'Océan Indien le 22 septembre 1979, connu sous le nom de l'Incident Vela, mais aucune certitude n'existe à ce sujet. La position officielle israélienne a toujours été de ne pas confirmer ni infirmer les spéculations relatives à sa possession de l'arme atomique. Le 6 décembre 2006, Robert Gates, secrétaire d'État à la défense américain déclarait lors de son audition au Sénat : « l'Iran est entouré de pays dotés de l'arme nucléaire : le Pakistan à l'est, Israël à l'ouest… », une première pour un haut fonctionnaire américain. Quelques jours plus tard, le 11 décembre 2006 lors d'une interview de la chaîne de télévision allemande N24 à propos des ambitions nucléaires iraniennes, Ehud Olmert déclarait : « Pourriez-vous dire que c'est la même chose que pour l'Amérique, la France, Israël et la Russie ? ». Il a été obligé de corriger la déclaration de Robert Gates ainsi que son lapsus et a rappelé la position d'Israël sur le sujet : « Israël ne sera pas le premier pays à introduire l'arme nucléaire au Proche-Orient. C'était notre position, c'est notre position, celà restera notre position. » [9].

Pays possédant un programme d'acquisition nucléaire

Article détaillé : Prolifération nucléaire.
La recherche nucléaire en 2009
     Grandes puissances nucléaires      Autres puissances nucléaires déclarées officiellement      États suspectés de vouloir se doter de l'arme nucléaire ou l'ayant acquise      États suspectés de faire, ou ayant eu, des recherches sur l'arme nucléaire

Pays soupçonnés de développer un programme nucléaire militaire

  • L'Iran qui essaye depuis plusieurs années de se procurer l'énergie atomique à des fins, officiellement, civiles. Cependant plusieurs membres de la communauté internationale pensent que ce programme peut être utilisé pour développer l'arme nucléaire, notamment depuis la découverte de l'installation de recherche de Natanz en août 2002, qui n'avait pas été déclarée à l'AIEA. Une troïka européenne (composée de l'Allemagne, de la France et du Royaume-Uni) s'est formée et tente de pousser l'Iran à accepter un contrôle strict de son programme civil par les experts de l'AIEA. Israël et les États-Unis pour leur part laissent planer le déclenchement de représailles militaires si l'existence d'un programme militaire venait à être confirmée. Au début du mois de janvier 2006, l'Europe et les États-Unis se sont mis d'accord pour présenter l'affaire devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
  • L'Algérie qui est soupçonnée de vouloir développer un programme nucléaire. Les Algériens ont mis en marche un second réacteur nucléaire, qui est particulièrement protégé. Elle suscite des craintes chez les Américains à cause de la taille de ce réacteur, et de la large défense aérienne dont il bénéficie. Une enquête de la CIA avait conclu à l'éventuelle utilisation militaire du réacteur nucléaire d'Aïn Oussara (160 km au sud d'Alger).
  • L'Arabie Saoudite est aussi soupçonnée de vouloir développer un programme nucléaire. L'Arabie-Saoudite et le Pakistan auraient signé un accord secret sur « la coopération nucléaire » qui fournirait aux Saoudiens la technologie du nucléaire en échange de pétrole bon marché.
  • La Syrie qui est soupçonnée par les États-Unis de vouloir développer un programme nucléaire.

Pays ayant démantelé leurs installations atomiques

  • La Suisse a préconisé de se doter d'un armement nucléaire, a construit des installations pour l'enrichissement de l'uranium, puis a pris des contacts avec l'État-Major de l'armée française pour acquérir une arme nucléaire avant d'abandonner le projet au milieu des années 1960 [10].
  • Durant les années 1950 et 1960, la Suède a développé un programme secret d'arme nucléaire, dans l'objectif de se protéger d'une éventuelle invasion de l'Union soviétique. Ce programme lui a permis de réaliser une bombe atomique, mais le programme a été abandonné en 1968, après la ratification du TNP [11].
  • La Libye qui a officiellement abandonné son programme nucléaire en 2003. C'est le résultat de neuf mois de tractations secrètes entre la Libye, les États-Unis et la Grande-Bretagne.
  • L'Irak a arrêté son programme nucléaire après la première guerre du golfe. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont soupçonné pendant un temps que le programme puisse avoir été relancé, mais depuis l'invasion de l'Irak en 2003, aucune preuve en ce sens n'a été trouvée.
  • Les nouveaux États issus de la dissolution de l'Union soviétique, tels l'Ukraine et le Kazakhstan ont rendu les ogives à la Russie et démantelé les bases nucléaires sur leur sol.
  • Les installations françaises en Algérie ont été démantelées et le pays n'a hébergé aucune arme nucléaire depuis son indépendance en 1962.
  • De même, la base britannique d'essais nucléaires en Australie a été démantelée.

Les différents types de bombes

On peut les classer de différentes façons :

Selon le principe de fonctionnement

Les armes à fission ou « bombes A »

Article détaillé : Bombe A.

Les bombes à fission furent les premières à être développées et sont communément appelées « bombes atomiques ». A priori ces armes n'existent plus dans l'arsenal des nations technologiquement les plus avancées qui leur préfèrent les engins à fusion plus puissant et/ou moins encombrant.

Elles se fondent sur le principe de la fission nucléaire et utilisent des éléments fissiles comme l'uranium 235 et le plutonium 239. Pour obtenir une explosion nucléaire, il est nécessaire de déclencher une réaction nucléaire en chaîne. Pour cela, il faut avoir une quantité suffisante de matière fissile, c'est la masse critique. La masse critique d'une sphère de matériau pur (non modéré) en l'absence de réflecteur est d'environ 50 kilogrammes pour l'uranium 235 et de 10 kilogrammes pour le plutonium 239[12]. Cependant, la masse critique nécessaire diminue quand le matériau est entouré de réflecteurs neutroniques, ou quand sa densité est fortement augmentée (par une explosion conventionnelle).

Pour contrôler le moment de l'explosion, la matière fissile est séparée en deux ou assemblée sous une forme de sphère creuse. Ainsi la masse critique ne peut pas être atteinte spontanément et il n'y a donc aucun risque de fission nucléaire intempestive. Le détonateur est un explosif conventionnel qui va rassembler et/ou comprimer la matière fissile, augmenter sa densité et déclencher la réaction en chaîne. Une fois cette masse critique rassemblée, la réaction en chaîne est déclenchée. Dans certains cas, la réaction en chaîne est également «dopée» par une source de neutrons extérieure à la matière fissile.

Alors, les noyaux de la matière fissile se scindent (fissionnent) et libèrent des neutrons. Ces derniers percutent d'autres noyaux de matière fissile, qui à leur tour libèrent des neutrons et ainsi de suite. La réaction en chaîne est déclenchée et la matière produit une énergie colossale par rapport à ce que produiraient des réactions chimiques dans une même quantité de matière.

Les armes à fusion, bombes thermonucléaires ou « bombes H »

Article détaillé : Bombe H.

Communément nommées « bombes à hydrogène » ou « bombes H », ces dernières se fondent sur le principe de la fusion nucléaire qui consiste à fusionner des isotopes dits fusibles. Les bombes H utilisent généralement des isotopes fusibles comme le deutérium et le tritium qui sont des isotopes de l'hydrogène. Le deuterium s'extrait de l'eau de mer, sous forme D2O plus communément appelé eau lourde. Le tritium est fabriqué à partir du lithium.

Pour réaliser une fusion thermonucléaire, il faut chauffer les éléments fusibles de manière à les porter à très hautes températures. Ces conditions sont obtenues par l'explosion d'une « amorce » constituée par une bombe à fission au plutonium.

Les bombes H classiques sont divisées en deux étages :

  • le premier étage est constitué d'une bombe A (sphère creuse de plutonium)
  • le deuxième étage est constitué des combustibles de fusion

La plus puissante explosion nucléaire de l'histoire fut le résultat du test de la Tsar Bomba soviétique de 57 Mt. La bombe à neutrons est une variante de bombe thermonucléaire.

Selon le type d'effet recherché

Engin à rayonnements renforcés ou "bombe à neutrons" ou "bombe N"

Article détaillé : Bombe à neutrons.

Il s'agit d'un engin à fusion qui par ses particularité "géométrique" renforce l'émission de neutrons au moment de l'explosion. Les effets de souffle et le rayonnement thermique sont limités (quoique équivalent à environ 1 000 tonnes de TNT). En revanche, les radiations et notamment l'émission de neutrons sont grandement amplifiées, tuant les organismes vivants à plusieurs centaine de mètres, même derrière un épais blindage.

En raison de ses propriétés, la bombe à neutrons a été destinée à l'origine à stopper une avancée de chars d'assauts ennemis dans les zones densément peuplées d'Europe, en tuant les hommes se trouvant à l'intérieur des blindés, tout en gardant un rayon de destruction assez "raisonnable". Ses effets sur les équipements électroniques lui permettraient également d'être utilisée comme charge de missiles anti-missiles balistiques, les neutrons "cuisant" l'électronique et la charge nucléaire du missile ennemie. À cet effet, l'armée américaine l'a déployé pendant une courte période avant la signature du Traité ABM, au sein de ses missiles anti-missiles Sprint, en 1975.

La bombe salée

Article détaillé : Bombe salée.

La bombe salée est une bombe nucléaire produisant un radioisotope qui maximise les retombées radioactives.

La bombe sale ou bombe radiologique

Article détaillé : Bombe radiologique.

La bombe radiologique est un type de bombe sale. Elle n'est pas une bombe nucléaire au sens propre du terme : aucune réaction de fission ou de fusion n'est déclenchée. Elle se compose d'un explosif traditionnel pas nécessairement puissant, entouré de matière radioactive. Son but n'est donc pas de produire une puissance colossale comme une bombe atomique traditionnelle, mais de polluer et de contaminer la zone où elle a explosé.

Mini-nukes

Article détaillé : Mini-nuke.

Les mini-nukes (terme non officiel) sont des bombes thermonucléaires miniaturisées destinées à la destruction des infrastructures très profondément enterrés (usine souterraines, poste de commandement...etc). La précision des vecteurs actuels dispensant de la nécessité d'une grande puissance pour atteindre ce but. Ce nouveau type d'engins, dont le développement est discuté aux États-Unis à priori dans l'optique d'un conflit avec un État proliférateur, suscite la crainte de remettre en cause le principe de la dissuasion en banalisant l'usage de l'arme nucléaire.

Selon son utilisation

Une tête nucléaire opérationnelle est associée à un vecteur, chargée de l'amener sur la cible. C'est souvent le vecteur qui détermine le type d'utilisation possible de l'arme.

L'arme nucléaire stratégique

Engins en principe de grande puissance embarqué sur un vecteur de longue portée (bombardier et missiles intercontinentaux) pouvant viser le cœur de la nation ennemie. L'objectif peut être la destruction économique et humaine de l'ennemi en ciblant les agglomérations, ou la neutralisation de ses moyens de représailles ("frappe contre force" visant les engins stratégiques de l'ennemi). Instrument de la doctrine de dissuasion nucléaire ou de « non-emploi », destinée à essayer de prévenir un conflit.

L'arme nucléaire tactique ou de bataille

Davy Crockett, la plus petite arme nucléaire des États-Unis, le lanceur étant une sorte de gros bazooka

Arme nucléaire de puissance faible ou modérée conçue pour attaquer et détruire les armées ennemies et/ou leur arrières. Dés les années 1950, les deux superpuissances développèrent toute une gamme de têtes nucléaires équipant toute une grande variété de vecteurs: de la bombe larguée par chasseur-bombardier, au missile balistique de courte/moyenne portée, en passant pas le missile air-air, à la torpille, les mines, les obus d'artillerie, jusqu'aux charges de démolition transportables à dos d'homme. Initialement il s'agissait de bombe à fission, par la suite à fusion.

  • Un exemple: Les Missiles Pluton et Hadès
Articles détaillés : Missile Pluton et Missile Hadès.

À la fin de la Guerre froide, pour remplacer les Pluton, la France a développé un missile destiné à être mis en œuvre par le régiment Hadès. Ce missile, à courte portée et à relativement faible charge (bombe à neutrons), était destiné à arrêter une attaque terrestre surprise des forces du pacte de Varsovie avant qu'elles ne pénètrent le territoire national. La fin de la Guerre froide et ses conditions d'emploi (arme tactique) ont provoqué son abandon.

Usage civil

Des utilisations civiles des armes nucléaires ont été envisagées (creusement de cavités pour le stockage de gaz notamment), mais jamais mises en œuvre.

Les effets d'une bombe atomique

Article détaillé : Explosion atomique.
Brûlures d'une femme japonaise suite à une explosion nucléaire en 1945

Les aspects particuliers de la bombe comme sa puissance et sa matière explosive la distinguent des explosifs traditionnels. Plusieurs effets la rendent bien plus dangereuse que les bombes développées jusqu'alors. On distingue généralement quatre grands effets (le souffle, la chaleur, l'impulsion électromagnétique et les radiations). Utilisées en grand nombre, les bombes atomiques peuvent également avoir un effet sur le climat global de la Terre.

Le souffle

La puissance de l'explosion est bien plus importante qu'avec un explosif traditionnel. Une onde de choc provoque un déplacement important et rapide de l'air environnant, exerçant ainsi une contrainte (pression) sur les objets alentours.

Le souffle de l'explosion détruit tous les bâtiments alentour et provoque des lésions et la surdité des personnes qui sont trop proches de l'explosion. Une fois l'onde de choc passée, de forts vents créés par l'effet de vide (dépression, contrainte opposée) dû à l'explosion, semblables à ceux d'un ouragan, finissent de démolir les bâtiments qui seraient encore debout.

Si l'explosion a lieu au niveau du sol ou même est souterraine, des séismes peuvent également avoir lieu.

La chaleur

La chaleur de l'explosion est telle qu'elle déclenche des incendies et cause des brûlures sur les personnes proches de l'explosion. Pour donner un ordre de grandeur, une bombe de dix méga-tonnes provoque des brûlures jusque dans un rayon de trente kilomètres et la température en son centre atteint plusieurs millions de degrés. À cela peuvent s'ajouter des brûlures aux yeux pour ceux qui regardent l'explosion.

L'impulsion électromagnétique (IEM)

Article détaillé : Impulsion électromagnétique.

Une explosion nucléaire provoque un déplacement d'électrons, qui crée un courant électrique. Ce courant est tel qu'il perturbe pendant un certain temps les alimentations électriques et détruit complètement la plupart des circuits électroniques. Cet effet est maximal dans le cas des explosions à très haute altitude ou dans l'espace, plus limité lors d'explosions dans la basse atmosphère ou au niveau du sol.

Les radiations

L'irradiation due à une arme nucléaire peut être de deux types :

  • Une irradiation immédiate et directe, pour les personnes proches de l'explosion, qui peut être très intense (voir Syndrome d'irradiation aiguë);
  • Une irradiation à long terme, due aux éléments radioactifs de la bombe et des éléments contaminés, qui peuvent être transportés par les mouvements d'air sur de très grandes distances. Cette irradiation est plus importante en termes de nombre de personnes touchées.

Les effets à long terme sont à relativiser d'après les résultats du suivi médical des survivants de Hiroshima et Nagasaki: [13],[14]

  • Il existe bien une augmentation des taux de cancers, significative, mais moins importante que ceux liés à d'autres causes comme le tabagisme (même pour les sujets exposés aux plus fortes doses l'excès de cancer ne semble pas dépasser 4%).
  • Contrairement aux idées reçues: il n'a pas été observé d'augmentation des malformations ou de troubles génétiques chez les descendants de survivants irradiés.

Impact climatique

Article détaillé : Hiver nucléaire.

Selon certains scénarios, si une guerre nucléaire venait à être déclenchée avec l'emploi massif des bombes nucléaires, des impacts importants sur le climat de la Terre pourraient se faire ressentir. Les incendies en masse déclenchés par l'effet de chaleur, ainsi que le soulèvement de la poussière, pourraient provoquer la formation d'un gigantesque manteau de suie et de poussière dans la stratosphère, qui occulterait les rayons du Soleil. Il s'ensuivrait, pendant quelques jours seulement ou plusieurs années, ce que l'on appelle communément un Hiver nucléaire.

Annexes

Sources et bibliographie

  • Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Calmann-Lévy, Paris, 1962 ;
  • Georges Ayache et Alain Demant, Armements et désarmements depuis 1945, Complexe, Bruxelles, 1991 ;
  • Amiral Marcel Duvaille :
    • L'Arme nucléaire dans le monde : état des lieux, Défense nationale, janvier 1998 (voir aussi janvier 1997),
    • Perspectives d'avenir de la dissuasion française, Défense nationale, décembre 1996 ;
  • Général Pierre Marie Gallois, Géopolitique. Les Voies de la puissance, FEDN-Plon, Paris, 1990 ;
  • Paul-Marie de la Gorce, La Guerre et l'Atome, Plon, Paris, 1985 ;
  • Éric de la Maisonneuve, La violence qui vient, Arléa, Paris, 1997 ;
  • Général Claude le Borgne, La guerre est morte, mais on ne le sait pas encore, Grasset, Paris 1987 ;
  • Livre blanc sur la Défense nationale, 1994 ;
  • Général Lucien Poirier :
    • La Crise des fondements, ISC/Economica, Paris, 1994,
    • Stratégies nucléaires, Complexe, Bruxelles, 1988 ;
  • Jacques Soppelsa, Géographie des armements, Masson, Paris, 1980 ;
  • Bruno Tertrais, L'Arme nucléaire après la guerre froide, Economica, 1994.

Notes et références

  1. Exemple avec La Destruction libératrice de Herbert George Wells écrit en 1913
  2. (fr) Un bon exemple de protection dans le domaine nucléaire: L'histoire des brevets de base de l'équipe Joliot
  3. (fr) Perfectionnements aux charges explosives, brevet d'invention n° 971-324, demandé le 4 mai 1939
  4. (en) Trinity Atomic Test July 16, 1945
  5. (en) The Atomic Bombing Of Hiroshima
  6. (en) The Atomic Bombing Of Nagasaki
  7. (fr) Communiqué de Presse - Cour internationale de Justice
  8. (en) Status of Nuclear Powers and Their Nuclear Capabilities
  9. (fr) Le secret de polichinelle de la bombe atomique en Israël, dans le quotidien Libération du 13 décembre 2006
  10. (fr) Quand la Suisse rêvait de la bombe atomique
  11. (en) Sweden's Decision Not to Build Nuclear Weapons: Implications for Policy Today, Eric Arnett, SIPRI
  12. (en) Types of Nuclear Bombs, and the Difficulty of Making Them - Table 1 - Properties of Nuclear-Explosive Nuclides
  13. (en) Genetic effects of the atomic bombs : a reappraisal, de William J. Schull, Masanori Otake et James V. Neel dans le volume 213, numéro 4513, pages 1220 à 1227 de Science du 11 septembre 1981
  14. (en) The study of atomic bomb survivors in Japan, de C.S. Finch dans le numéro 66 pages 899 à 901 de The American Journal of Medicine de 1979

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