- Néologisme
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Un néologisme - du grec νέος : néos (« nouveau ») et λόγος : lógos (« parole ») - est le phénomène de création de nouveaux mots.
On distingue le néologisme objectif, naturel à la langue, qui est un nouveau lemme (ou la création d'un nouveau lemme) apparaissant dans le lexique d'une langue, construit (par dérivation (dont parasynthèse), dérivation impropre, mot composé, acronymie, abréviation, utilisation d'un mot-valise, etc.) et non hérité d'un état plus ancien de la langue ou emprunté d'une autre langue[1].
Il existe par ailleurs le néologisme subjectif, qui est le fait d'un auteur ou d'une personnalité, au contraire des mots hérités par la langue; on en fait alors une figure de style car il peut entrer de manière caractéristique dans la formation d'un style littéraire propre, comme dans celui de Louis-Ferdinand Céline ou de Frédéric Dard.
Sommaire
Exemples
Certains de ces néologismes ont été créés de toute pièce par volonté de contrer l'utilisation de mots anglais ou étrangers, notamment dans le domaine informatique (par exemple courriel, tapuscrit, ...).
- Adulescent, contraction de adulte et adolescent (ce néologisme est un mot-valise)
- Alunir, par changement du radical de atterrir sur la lune
- Arobasque a fini par devenir un nom propre utilisé par de petites sociétés après avoir été un nom commun pour franciser arobase en relation avec arabesque
- Autobus : mot-valise créé sur automobile et sur bus, ancienne désinence latine lexicalisée par métanalyse puis hypostase à partir d'omnibus. Le mot est maintenant lui aussi parfaitement lexicalisé et le suffixe bus permet de construire d'autres néologismes comme abribus (marque déposée)
- Bouquineur, mot désignant le livre électronique ou kindle
- Consom'action, néologisme qui exprime l'idée selon laquelle on peut « agir en consommant » ou « voter avec son caddie » en choisissant de consommer de façon citoyenne et non plus seulement de manière consumériste
- Courriel, contraction de courrier électronique comme alternative à e-mail et à ses variantes
- Dévédé, cédérom sont des néologismes issus des acronymes informatiques (voir plus haut) des supports DVD et CDROM
- e-commerce, pour le commerce consacré exclusivement à Internet ; le e (provenant de l'anglais electronic, qui signifie électronique, cette graphie étant déconseillée par la Commission générale de terminologie et de néologie) est ajouté à commerce, bien qu'il pourrait y avoir d'autres néologismes utilisant d'autres racines comme « télécommerce », où la racine grecque télé signifie loin, comme « cybercommerce », cybercafé, utilisant la racine grecque kubernân qui signifie gouverner.
- Informatique : mot-valise créé à partir d'information et automatique. Le mot est maintenant parfaitement lexicalisé
- Logiciel, Baladeur, VTT (Véhicule tout terrain) sont des néologismes créés par les commissions ministérielles de terminologie pour lutter contre le franglais
- Pourriel, contraction de poubelle et courriel (ou de pourri et courriel) pour désigner du courrier électronique (souvent publicitaire) non sollicité et envahissant ; exemple : le spam
- Tapuscrit désigne un texte qui n'est pas manuscrit mais tapé à la machine à écrire ou à l'ordinateur.
Définition
Définition linguistique : le néologisme objectif
Le néologisme est d'usage limité (à un jargon, un sociolecte, technolectes etc...). S'il se maintient dans le lexique (et n'est pas seulement un effet de mode), les locuteurs n'auront, au bout d'un temps variable, plus l'intuition de sa nouveauté. C'est quand le néologisme est acquis par un assez grand nombre de locuteurs qu'on peut dire qu'il est lexicalisé. Dans ce cas, il commence généralement par être admis par certains dictionnaires. Il convient de se rappeler que ceux-ci ne font que représenter l'usage : ce n'est pas parce qu'un dictionnaire accepte un néologisme que celui-ci est, ipso facto, lexicalisé mais l'inverse. L'emprunt de mots d'une langue vers une autre, de l'anglais au français par exemple (« mail », « internet », « parking » etc...) est une méthode de création naturelle de néologisme; le répertoire de la Délégation générale à la langue française en recense ainsi plus de 3 000 en 2008.
Définition stylistique : le néologisme subjectif
Dans un sens général, un néologisme est tout mot nouveau entré dans le lexique d'une langue. La plupart du temps cependant on réserve l'emploi de néologisme à la création et à l'utilisation d'un mot ou d'une expression qu'on vient de former à partir d'éléments déjà existants dans la langue elle-même. De nombreux néologismes apparaissent pour des raisons pratiques et perdent rapidement leur valeur de nouveauté. En littérature on utilise souvent des néologismes pour des considérations esthétiques, dans le cadre des mythopoeïa par exemple comme chez Henri Michaux[2] qui invente des mots aux qualités descriptives poétiques, comme: « endosque », « rague », « roupète », « pratèle ». Raymond Queneau, Boris Vian dans L'écume des jours, Alfred Jarry dans son Ubu forment de nombreux néologismes, ce qui aboutit à créer l'équivalent d'une langue parallèle.
Catégories de néologismes
Le néologisme de forme est un mot nouveau : par exemple, en informatique, courriel (pour e-mail), et en anglais hoax (signifiant canular informatique). Le néologisme de sens est l'emploi d'un mot qui existe dans le lexique d'une langue avec un sens nouveau : par exemple quand « virus » passe d'un emploi en biologie à un emploi en informatique.
Néologisme et société
Article détaillé : Expression ou néologisme politique.Actuellement dans la langue française, comme dans bien d'autres langues, beaucoup de néologismes sont issus de l'anglais, souvent par calque. Une marque de fabrique, commerciale, ou de service peut n'être constituée que d'un simple dessin. Mais lorsque des lettres sont utilisées, la loi française interdit l'usage de termes usuels. Cela conduit à la création de néologismes. Le néologisme montre son utilité dans l'adaptation de la société aux besoins d'efficacité dans la communication. Un groupe utilise de nouveaux mots pour conceptualiser la perception humaine récente, le néologisme est alors vecteur et indice de progrès dans un domaine de connaissance ou de perception de la réalité.
En psychiatrie, le néologisme est une tendance linguistique qui consiste en l'utilisation immodérée et pathologique de mots nouveaux créés soit à partir de sons, soit par fusion de mots ou de fragments de mots usuels, et utilisé par un malade dans certains états délirants. Le psychiatre allemand Emil Kraepelin a ainsi étudié les troubles du langage intérieur dans le rêve, ce qu'il a nommé les néologismes dans le rêve.
Notes et références
Figures proches
Figure mère Figure fille dérivation lexicale, néologie Antonyme Paronyme Synonyme jeu de mot, mot-valise Voir aussi
Articles connexes
- Expression ou néologisme politique
- Lexicologie
- Dérivation lexicale
- Lemme
- Lexicalisation
- Anglicisme
- Anglicisation
- Franglais
- Francisation
- Gallicisme
- Défense de la langue française
Lien externe
- Inventer des mots nouveau (allemand) Néologismes: Mitmach-Wörterbuch
Bibliographie
- (fr) H.France, Dictionnaire de la langue verte : archaïsmes, néologismes, locutions étrangères, patois, 1990
Bibliographie des figures de style
- Quintilien (trad. Jean Cousin), De L’institution oratoire, t. I, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Bude Serie Latine », 1989, 392 p. (ISBN 2-2510-1202-8).
- Antoine Fouquelin, La Rhétorique Françoise, Paris, A. Wechel, 1557.
- César Chesneau Dumarsais, Des tropes ou Des différents sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue, Impr. de Delalain, 1816, 362 p.
Nouvelle édition augmentée de la Construction oratoire, par l’abbé Batteux. Disponible en ligne
- Pierre Fontanier, Les figures du discours, Paris, Flammarion, 1977 (ISBN 2-0808-1015-4) [lire en ligne].
- Patrick Bacry, Les figures de style : et autres procédés stylistiques, Paris, Belin, coll. « Collection Sujets », 1992, 335 p. (ISBN 2-7011-1393-8).
- Bernard Dupriez, Gradus,les procédés littéraires, Paris, 10/18, coll. « Domaine français », 2003, 540 p. (ISBN 2-2640-3709-1).
- Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Armand Colin, coll. « 128 Lettres », 2007 (ISBN 978-2-2003-5236-3).
- Georges Molinié et Michèle Aquien, Dictionnaire de rhétorique et de poétique, Paris, LGF - Livre de Poche, coll. « Encyclopédies d’aujourd’hui », 1996, 350 p. (ISBN 2-2531-3017-6).
- Henri Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Grands Dictionnaires », 1998 (ISBN 2-1304-9310-6).
- Michel Pougeoise, Dictionnaire de rhétorique, Paris, Armand Colin, 2001, 16 × 24 cm, 228 p. (ISBN 978-2-2002-5239-7).
- Olivier Reboul, Introduction à la rhétorique, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Premier cycle », 1991, 15 cm × 22 cm, 256 p. (ISBN 2-1304-3917-9).
- Van Gorp, Dirk Delabastita, Georges Legros, Rainier Grutman et al., Dictionnaire des termes littéraires, Hendrik, Honoré Champion, 2005, 533 p. (ISBN 978-2-7453-1325-6).
- Nicole Ricalens-Pourchot, Dictionnaire des figures de style, Paris, Armand Colin, 2003, 218 p. (ISBN 2-200-26457-7).
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