- Gradation
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Cet article concerne une figure de style. Pour les degrés de l'adjectif et de l'adverbe, voir Degré de comparaison.
La gradation (substantif féminin) est une figure de style consistant en une succession d'expressions énumérées allant par progression croissante ou décroissante en termes d'intensité. Elle crée un rythme dans la phrase et persuade par la beauté de la musique des mots. Elle est proche de l'hyperbole dans son mode ascendant.
Sommaire
Exemples
- « Va, cours, vole, et nous venge. » (Le Cid de Corneille).
- « Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! » (Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand)
- « C'en est fait ; je n'en puis plus ; je me meurs ; je suis mort ; je suis enterré. » (L'Avare de Molière)
- « Homme égalant les rois, homme approchant des Dieux » (Le Philosophe scythe de Jean De La Fontaine)
- la célèbre loi du Talion est un exemple de gradation ascendante : « œil pour œil, dent pour dent (...) »
Définition
Passage progressif et par degrés d'une chose à une autre. En littérature la gradation est une figure dite d'intensité. C'est la coordination de plusieurs mots de force croissante dont le dernier est souvent hyperbolique.
Définition linguistique
La gradation est la disposition de termes non identiques dans un ordre de valeur croissant ou décroissant. Elle s'appuie sur le concept de progression thématique. On distingue quatre types de gradations :
- la gradation ascendante : du terme le plus faible à celui le plus fort. « sous les coups du chômage, le tissu social du pays est en train de se déchirer, famille par famille, immeuble par immeuble, quartier par quartier. » (Yann de l'Ecotais)
- la gradation descendante : du terme le plus fort à celui le plus faible, appelée aussi diminuendo (vient de l'italien). « Mme de Cambremer serait ravie (…), heureuse (…), contente. » (Marcel Proust)
- la gradation rompue : se termine par un terme plus fort ou plus faible que la suite logique des termes précédents le laissait prévoir. « Je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent. » (Molière)
- la gradation ludique : se fonde sur des mots d'esprit. « Un médecin est un homme qui verse des drogues qu'il connaît peu dans un corps qu'il connaît encore moins. » (Voltaire)
À tort, on considère parfois que la gradation n'est qu'ascendante[1].
Définition stylistique
La gradation est une figure très employée en littérature et à l'oral; elle permet :
- de rendre saisissante la progression d'une idée, émotion ou description,
- de créer une attente,
- d'exagérer (par l'utilisation d'une hyperbole notamment),
- d'exalter des sentiments : « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue » (Jean Racine, Phèdre),
- de rendre un effet comique par l'écart existant entre les mots mis en série (ironie parfois).
Elle est très employée dans les descriptions et hypotyposes.
Genres concernés
On trouve des gradations dans tous les genres littéraires et dans tous les types de textes. La publicité l'emploie souvent également, le cinéma aussi (suspense par exemple), la peinture y a recours par le jeu sur l'intensité des couleurs ; la musique accélère ou décélère le rythme par un phénomène proche de la gradation.
Figures proches
- Figure « mère » : répétition (stylistique) et amplification
- Figures « filles » : gradations ascendante, descendante, ludique et rompue
Notes et références
- (fr)Définition du mot : gradation sur www.lettres.org. Consulté le 9 juin 2010.
Voir aussi
Bibliographie
Bibliographie des figures de style
- Quintilien (trad. Jean Cousin), De L’institution oratoire, t. I, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Bude Serie Latine », 1989, 392 p. (ISBN 2-2510-1202-8).
- Antoine Fouquelin, La Rhétorique Françoise, Paris, A. Wechel, 1557.
- César Chesneau Dumarsais, Des tropes ou Des différents sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue, Impr. de Delalain, 1816, 362 p.
Nouvelle édition augmentée de la Construction oratoire, par l’abbé Batteux. Disponible en ligne
- Pierre Fontanier, Les figures du discours, Paris, Flammarion, 1977 (ISBN 2-0808-1015-4) [lire en ligne].
- Patrick Bacry, Les figures de style : et autres procédés stylistiques, Paris, Belin, coll. « Collection Sujets », 1992, 335 p. (ISBN 2-7011-1393-8).
- Bernard Dupriez, Gradus,les procédés littéraires, Paris, 10/18, coll. « Domaine français », 2003, 540 p. (ISBN 2-2640-3709-1).
- Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Armand Colin, coll. « 128 Lettres », 2007 (ISBN 978-2-2003-5236-3).
- Georges Molinié et Michèle Aquien, Dictionnaire de rhétorique et de poétique, Paris, LGF - Livre de Poche, coll. « Encyclopédies d’aujourd’hui », 1996, 350 p. (ISBN 2-2531-3017-6).
- Henri Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Grands Dictionnaires », 1998 (ISBN 2-1304-9310-6).
- Michel Pougeoise, Dictionnaire de rhétorique, Paris, Armand Colin, 2001, 16 × 24 cm, 228 p. (ISBN 978-2-2002-5239-7).
- Olivier Reboul, Introduction à la rhétorique, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Premier cycle », 1991, 15 cm × 22 cm, 256 p. (ISBN 2-1304-3917-9).
- Van Gorp, Dirk Delabastita, Georges Legros, Rainier Grutman et al., Dictionnaire des termes littéraires, Hendrik, Honoré Champion, 2005, 533 p. (ISBN 978-2-7453-1325-6).
- Nicole Ricalens-Pourchot, Dictionnaire des figures de style, Paris, Armand Colin, 2003, 218 p. (ISBN 2-200-26457-7).
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