- Antanaclase
-
L'antanaclase (substantif féminin), du grec anti ("contre") et anaklasis (répercussion") est une figure de style qui consiste en une répétition d'un mot ou d'une expression en lui donnant une autre signification également reçue mais toujours de sens propre. C'est une figure de la polysémie qui vise un effet humoristique, proche du jeu de mots. Elle est très proche de la paronomase et surtout de la syllepse de sens. Il existe également l'antanaclase elliptique (proche du zeugma) qui est une tournure de phrase dans laquelle un mot est utilisé une seule fois (elliptique) mais avec deux sens différents. L'annomination est une variante de l'antanaclase.
Sommaire
Exemples
- Antanaclase classique:
- « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. » (Blaise Pascal, Pensées); c'est également une diaphore. L'antanaclase entretient ici une relation d'homonymie (la première occurrence de raison renvoie à la motivation, la seconde à l'entendement).
- « Aujourd’hui Perpétue et Félicité jouissent d’une perpétuelle félicité » (Saint Augustin); transformation du nom propre en nom commun (annomination)
- Antanaclase elliptique:
- « La culture, c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale. » (Jean Théodore Delacour)
- « Les étudiants c'est comme le linge, quand il fait beau, ça sèche. »
- « L'intelligence, c'est comme les parachutes, quand on n'en a pas, on s'écrase. » (Pierre Desproges)
- « Les gardiens de la paix, au lieu de la garder, ils feraient mieux de nous la foutre. » (Coluche)
- « C'était sale au sens propre. »
Définition
Définition linguistique
L'antanaclase opère une transformation morpho-syntaxique de type homophonique ou polysémique de répétition à l'identique.C'est un jeu de mots sur deux homophones qui ne sont pas synonymes[1]. Elle porte sur le sens propre des mots, contrairement à une autre figure similaire: la syllepse qui porte elle sur les sens propres et figurés (exemple: feu et amour). À l'origine elle désignait la répétition d'un mot, mais dans des sens opposés. L'acceptation s'est ensuite élargie pour englober la notion de polysémie des mots formant la figure.
Définition stylistique
La figure vise des effets humoristiques et sarcastiques cherchant à ridiculiser ou à désarmer les arguments adverses le plus souvent. Elle peut chercher aussi, en jouant sur l'homonymie, à créer des analogies entre les mots mis en relation. L'antanaclase est historiquement une figure oratoire qui consiste à répéter les mots de l'interlocuteur dans un sens opposé ou différent. L'effet recherché en rhétorique est donc la feinte argumentative.
Genres concernés
La figure concerne tous les genres littéraires avec une fonction privilégiée pour les discours, les oraisons et les argumentations (pour son acceptation rhétorique). La poésie en a recours pour générer des jeux de mots humoristiques ou créer des analogies.
Historique de la notion
Quintillien est le premier à évoquer l'antanaclase qu'il dit être la « figure voisine (de la paronomase) »[2].
Henri Morier rapproche lui l'antanaclase de la polysémie et montre que le refrain est un type d'antanaclase: « la répétition du refrain, sous un éclairage qui change constamment avec le sens, n’est qu’une application raffinée de l’antanaclase » (voir bibliographie). Ce mot a été supprimé par l'Académie française lors de la révision de la huitième édition de son dictionnaire[3].
Figures proches
- Hyperonymes : polysémie
- Hyponymes : paronomase
- Paronymes : zeugma, diaphore, annomination
- Synonymes : syllepse
Notes et références
- http://www.etudes-litteraires.com/figures-de-style/antanaclase.php
- http://www.ditl.info/arttest/art6828.php
- Site de l'Académie française, index des mots supprimés : http://www.academie-francaise.fr/dictionnaire/index.html
Voir aussi
Liens externes
Bibliographie
- Henri Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, Paris, P.U.F. , 1981.
Bibliographie des figures de style
- Quintilien (trad. Jean Cousin), De L’institution oratoire, t. I, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Bude Serie Latine », 1989, 392 p. (ISBN 2-2510-1202-8).
- Antoine Fouquelin, La Rhétorique Françoise, Paris, A. Wechel, 1557.
- César Chesneau Dumarsais, Des tropes ou Des différents sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue, Impr. de Delalain, 1816, 362 p.
- Pierre Fontanier, Les figures du discours, Paris, Flammarion, 1977 (ISBN 2-0808-1015-4) [lire en ligne].
- Patrick Bacry, Les figures de style : et autres procédés stylistiques, Paris, Belin, coll. « Collection Sujets », 1992, 335 p. (ISBN 2-7011-1393-8).
- Bernard Dupriez, Gradus,les procédés littéraires, Paris, 10/18, coll. « Domaine français », 2003, 540 p. (ISBN 2-2640-3709-1).
- Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Armand Colin, coll. « 128 Lettres », 2007 (ISBN 978-2-2003-5236-3).
- Georges Molinié et Michèle Aquien, Dictionnaire de rhétorique et de poétique, Paris, LGF - Livre de Poche, coll. « Encyclopédies d’aujourd’hui », 1996, 350 p. (ISBN 2-2531-3017-6).
- Henri Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Grands Dictionnaires », 1998 (ISBN 2-1304-9310-6).
- Michel Pougeoise, Dictionnaire de rhétorique, Paris, Armand Colin, 2001, 16 × 24 cm, 228 p. (ISBN 978-2-2002-5239-7).
- Olivier Reboul, Introduction à la rhétorique, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Premier cycle », 1991, 15 cm × 22 cm, 256 p. (ISBN 2-1304-3917-9).
- Van Gorp, Dirk Delabastita, Georges Legros, Rainier Grutman et al., Dictionnaire des termes littéraires, Hendrik, Honoré Champion, 2005, 533 p. (ISBN 978-2-7453-1325-6).
- Nicole Ricalens-Pourchot, Dictionnaire des figures de style, Paris, Armand Colin, 2003, 218 p. (ISBN 2-200-26457-7).
- Antanaclase classique:
Wikimedia Foundation. 2010.