- Mérens (cheval)
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Pour les articles homonymes, voir Mérens.
Cheval de Mérens Nickel de Vives, un étalon Mérens de pure race.Espèce Cheval (Equus caballus) Région d’origine Région Ariège, France Caractéristiques Morphologie Cheval de selle et Cheval de trait
[PDF] Standard français de la race.Taille 1,45 m à 1,55 m[1]. Poids 400 à 500 kg Robe Toujours noire[2]. Tête Expressive, au profil rectiligne ou concave[3] Pieds Solides, à la corne noire[2]. Caractère Calme et docile[2] Autre Utilisation Attelage, TREC, voltige en cercle à haut niveau
Dressage et saut d'obstacles à petit niveau.modifier Le cheval de Mérens, Mérens ou mérengais, encore parfois nommé poney ariégeois, est une race française de petit cheval de selle rustique à la robe noire, originaire de la vallée de l'Ariège, dans les Pyrénées centrales, près de l'Espagne et d'Andorre.
D'origine très ancienne, il présente de nombreuses ressemblances physiques avec les chevaux représentés par les magdaléniens il y a 13 000 ans, et demeura très longtemps l'animal de travail des paysans ariégeois dans la région de Foix. La motorisation des transports et de l'agriculture mit la race en péril dès le milieu du XXe siècle, mais ce cheval fut sauvé de la disparition par Lucien Lafont de Sentenac, puis par des communautés utopistes, avant l'engouement pour le poney et les loisirs équestres dans les années 1970, qui relança son élevage. Le Mérens reste néanmoins assez rare.
C'est un bon cheval de randonnée, d'attelage et de voltige, également utilisé pour l'entretien écologique des régions montagneuses, grâce à son pied sûr et sa rusticité. Ces dernières années, deux types d'élevage tendent à se distinguer au sein de la race, l'un concerne le petit cheval massif et rustique traditionnellement élevé en semi-liberté dans les montagnes pyrénéennes, l'autre l'animal moderne et léger, également plus sportif, issu d'une sélection entamée dans les années 1980.
Sommaire
Étymologie et terminologie
Mérens-les-Vals est le nom d'un village ariégeois où ce cheval est traditionnellement élevé[4], et qui a donné son nom à la race, repris officiellement par les Haras nationaux comme « cheval de Mérens »[1], ce nom fut mentionné officiellement pour la première fois en 1866[5]. Lætitia Bataille, spécialiste de l'élevage équin en France, juge l'emploi du nom de « Mérens » incorrect pour désigner la race, et lui préfère celui d'« Ariégeois », de « Cheval de Mérens » ou de « mérengais[6] ». Jean-Louis Savignol, éleveur traditionaliste, préfère le nom de « méringais » : « Un cheval de Mérens, ce n'est pas un Mérens, c'est un méringais. Tout le monde dit le Mérens. C'est comme si on disait : le parisien, c'est un Paris. Mérens, c'est un village et une vallée »[7]. Avant 1998, ce cheval était aussi nommé « poney ariégeois » ou « poney Mérens ».
Histoire de la race
L'aire d'élevage du Mérens s'est longtemps cantonnée au haut comté de Foix, ce qui explique l'homogénéité de la race. Grâce à l'isolement de sa montagne natale, le Mérens n'a subi que très peu de croisements étrangers, et peut-être essentiellement avec des chevaux orientaux[8]. Sa morphologie attesterait d'une lointaine parenté avec eux, ses allures relevées et la tête « hispanique » de certains animaux attestent aussi de croisements possibles avec de petits chevaux espagnols noirs, qui lui ressemblent beaucoup[9]. Ses liens possibles avec les poneys britanniques Fell et Dales, qui présentent eux aussi d'étonnantes ressemblances, demeurent inconnus[8].
Origines et domestication
L'origine du Mérens est très ancienne et il se dit communément qu'elle « se perd dans la nuit des temps », mais ce cheval est autochtone à la haute vallée de l'Ariège, près de l'Andorre[10]. L'ancêtre direct du Mérens aurait gagné cette vallée pendant le quaternaire, il y a 15 000 ans, cet animal sauvage adapté au climat froid se serait déplacé vers les montagnes pour échapper au réchauffement climatique[9]. La théorie du Dr vétérinaire Paul Prunet évoque le « cheval aryen » issu de la deuxième migration américaine, vers Modèle:Forlatnum:60000 ans avant notre ère[11].
La morphologie du Mérens est avant tout le résultat du rude milieu montagnard où il vit[12], et rappelle beaucoup celle des chevaux magdaléniens peints et gravés sur les parois de la grotte de Niaux, il y a quelque 13 000 ans[10],[1], et représentant des têtes ou des corps d'animaux avec un pelage dense adapté aux climats froids, un crâne de forme mérengaise, une « barbe » caractéristique sous les joues, et des crins très abondants[8].
Le Mérens est peut-être d'origine ibérique, comme pour la plupart des races de chevaux des Pyrénées. Il ressemble aux races du Dole Gudbrandsdal, qui est norvégien, au Fell et au Dales, qui sont britanniques, mais contrairement à ce dernier, le Mérens n'a jamais été croisé avec le Frison[10],[13].
Une autre théorie s'appuie sur le profil concave ou rectiligne de ces chevaux, un peu éloigné de celui des chevaux ibériques (qui est convexe), pour affirmer qu'ils descendent des montures de peuplades orientales qui seraient venues s'installer en Ariège[14].
Le Mérens aurait été domestiqué à partir du néolithique ou de l'âge du bronze, et la sélection par l'homme aurait fait peu à peu évoluer son modèle vers celui que nous connaissons[15].
Antiquité
Jules César mentionne de petits chevaux noirs qu'il décrit avec précision dans le passage de ses Commentaires sur la guerre des Gaules concernant sa défaite contre les sotiates et leur cavalerie[16]. Le Mérens a peut-être été utilisé comme animal de bât par les romains, qui l'emmenèrent avec eux[8], ce petit cheval noir est connu, et décrit, durant toute l'antiquité[17].
Moyen Âge
De possibles Mérens sont également mentionnés durant le Moyen Âge, car une célèbre statuette carolingienne montrant Charlemagne sur une petite monture a fait l'objet d'un examen approfondi qui révéla l'animal comme très proche des Mérens, et d'une taille ne dépassant pas 1,40 m au garrot[18]. Au XIIe siècle, la princesse cathare Esclarmonde de Foix aurait gravi le pog de Montségur sur le dos d'un petit cheval noir au pied sûr[19], et au XIVe siècle, les mêmes petits chevaux noirs sont cités comme faisant partie des armées de Gaston Phoebus[20].
XVIII et XIXe siècle
Les chevaux ariégeois furent abondamment réquisitionnés par les armées de Napoléon Ier pour la campagne de Russie où ils eurent pour principale fonction de tirer les canons[21], tout comme la plupart des chevaux rustiques présents sur le territoire français au début du XIXe siècle.
Le Mérens a été longtemps utilisé comme cheval de trait apte au travail de livraison et de messagerie, il fut l'animal de travail des paysans locaux, comme les montagnols, ou agriculteurs de montagne[20], les horticulteurs, les vignerons du Languedoc, les maraîchers et les débardeurs, mais aussi un animal de remonte pour les armées françaises[9], qui appréciaient sa sobriété et son endurance[20]. Il travailla dans les mines, et fut un animal de bât, mais aussi d'attelage puisqu'il tirait les diligences dans la région ariégeoise[10],[9]. Il est également réputé pour avoir été un auxiliaire des contrebandiers qui lui faisaient passer des marchandises entre la France et l'Espagne par les montagnes, grâce à son sens de l'orientation et son endurance[9]. Il transportait principalement du bois et des minerais[22].
Les Mérens étaient vendus sur la foire de Tarascon-sur-Ariège, et des marchands venus de toutes les grandes villes des environs le recherchaient. Ce cheval était alors fréquemment nommé « Tarasconnais », et était réputé pour la bonne qualité de ses jambes comme son aptitude à se contenter d'une nourriture pauvre[10]. Il fut également utilisé pour faire naître des mulets, la mule des Pyrénées était en effet issue du croisement d'un baudet catalan et d'une jument trait bretonne, Mérens ou autre. Avant la Première Guerre mondiale, le département de l'Ariège comptait jusqu'à mille naissances annuelles de ces mules[23].
Article détaillé : Mule des Pyrénées.En 1866, le nom « de Mérens » apparut officiellement et en 1872, le premier concours de race fut organisé[5]. À la fin du XIXe siècle, la qualité des chevaux pyrénéens était déjà réputée pour la cavalerie légère :
« (...) Le cheval pyrénéen de l'Ariège offre le type très accusé du cheval de montagne. Il a bien des raisons pour cela. En effet, il vit six mois de l'année sur des plateaux herbeux, élevés à 1000 mètres et plus au-dessus du niveau de la mer. Il y acquiert une grande agilité, beaucoup d'adresse, une merveilleuse sûreté dans la pose du pied, un tempérament robuste, une santé à toute épreuve, une ardeur infatigable. C'est le bénéfice d'une existence indépendante, plus sauvage que domestique. On n'apprécie bien les chevaux de l'Ariège qu'après en avoir usé; mais alors on est étonné de la dépense d'énergie dont ils sont capables, de la dureté qu'ils montrent au travail le plus fatigant et le plus durable. Leur réputation est faite dans les régiments de cavalerie légère; ils y ont une excellente renommée, due aux bons services qu'on en obtient »
— Jules Trousset, Grande Encyclopédie Illustrée d'économie domestique[24]
Dès la fin du XIXe, la race faillit disparaître en raison de croisements incontrôlés[25].
Du XXe à l'époque moderne
Au début du XXe, quelques éleveurs des villages de l'Hospitalet et Mérens-les-Vals ont lutté contre les croisements étrangers et ont gardé les poulains et pouliches dont la conformation restait la plus proche de l'ancienne race[4]. Le cheval de Mérens a été préservé par des hommes attachés à leurs traditions et leur « petit cheval du pays »[26], qu'ils utilisent depuis toujours pour leur rusticité et leur polyvalence[1]. Les saillies s'effectuaient en toute liberté[26], et les chevaux effectuaient la transhumance chaque année[1].
Déclin de la race
Dès 1908, un contrôle des élevages fut mis en place par le président de la Société d’Agriculture de l’Ariège, Gabriel Lamarque, qui désirait relancer les concours de race[5]. En 1933, le syndicat d'élevage du Mérens fut créé et en 1948, le stud-book fut ouvert sous le contrôle des haras nationaux, avec une base de huit étalons[27], grâce à Lucien Lafont de Sentenac, directeur du haras national de Tarbes[5]. Cette date correspond également à un grand déclin du cheptel, puisqu'en 1946 l'armée cessa définitivement d'utiliser le Mérens comme cheval d'artillerie en montagne[10]. La population du cheval Mérens chuta drastiquement dès la seconde moitié du XXe siècle, avec la modernisation des transports et de l'agriculture[27]. Son utilisation dans l'agriculture perdura jusque dans les années 1970[1], puis, comme les races de chevaux de trait, il fut élevé pour sa viande[28], et alourdi pour devenir un animal de boucherie[27]. Les montagnes ariégeoises ont eu un rôle de sanctuaire empêchant ce cheval, tout comme plusieurs autres races locales telles que la vache gasconne et la race ovine tarasconnaise, de disparaître complètement[29]. Au début des années 1970, ce cheval était au bord de l'extinction[1].
Sauvegarde
Au début des années 1970, il ne restait plus qu'une quarantaine de chevaux Mérens inscrits dans le stud-book de la race[10]. Ce cheval fut remis au goût du jour comme animal de loisir par Lucien Lafont de Sentenac, mais a aussi été sauvé de la disparition par des communautés utopistes croyant en l’Apocalypse écologique[30], en effet, en plein mouvement hippie, des populations « marginales » se sont installées dans les petits villages de l'Ariège et ont relancé l'économie locale, entre autres en reprenant l'élevage du Mérens[31].
Les efforts des éleveurs s'orientèrent vers le « phénomène poney », en effet, le cheval Mérens fut renommé « poney » pour des raisons aussi bien commerciales qu'administratives[32] et grâce à une bonne gestion des effectifs de la race et de la communication en faveur de celle-ci, les effectifs se reconstituèrent peu à peu, en ayant recours aux inscriptions à titre initial[10]. Entre 1975 et 1985, le nombre de chevaux Mérens fut multiplié par deux, passant de 2 000 à 4 000 individus[32]. Le sauvetage des Mérens est un bel exemple de sauvegarde d'une race en voie de disparition[33].
Quatre étalons têtes de lignées existent : Quart, Contestataire, Uranium et Vengeur, qui fut réhabilité vers 1985 grâce à ses origines prestigieuses qui en font l'un des fleurons de la race. Plus récemment, des étalons comme Nogaréde de l'Oum, Simboule la Fajole, Ségule du Coyt et Objecteur d'Uscla ont obtenu de grands résultats de reproducteurs pour la race[27].
Un centre national du cheval de Mérens a été ouvert par le SHERPA (Syndicat hippique des éleveurs de la race pyrénéenne ariégeoise), dans les années 1990, à La Bastide-de-Sérou, pour offrir un soutien à la sauvegarde de la race[34]. Il présente la race dans un bâtiment avec un musée vivant et un centre équestre[35]. Le 1er janvier 1998, le Mérens fut retiré du groupe des « poneys » par les Haras nationaux et classé parmi les chevaux de sang[27].
Chaque année, durant la dernière semaine d'août, se tient le rassemblement de Bouan, en Ariège, rendez-vous incontournable des passionnés de Mérens[34]. Ce cheval est également présenté régulièrement au salon du cheval de Paris et au salon de l'agriculture[34].
Description de la race
Le cheval de Mérens doit répondre à un standard morphologique pour pouvoir être admis au sein de la race et inscrit au stud-book depuis l'ouverture de celui-ci, en 1948. Les critères d'admission et le statut ont changé plusieurs fois[2].
Allure générale
Le Mérens moderne toise idéalement de 1,45 m à 1,55 m au garrot, ce qui en fait un cheval de taille petite à moyenne[3], pour un poids de 400 à 500 kg. La taille souhaitée est de 1,49 m pour les mâles et 1,45 m pour les femelles[2]. La race possédait habituellement le physique d'un petit cheval de trait léger, et le type même du cheval rustique adapté à la montagne[36], mais les chevaux modernes tendent à s'éloigner de plus en plus du type originel en devenant « sportifs »[10]. Les individus de moins d'1,47 m peuvent être considérés comme poneys pour certains concours de sports équestres. Les chevaux élevés dans les vallées ou en plaine sont toujours plus grands que les chevaux de montagne, qui mesurent environ 1,31 m[37].
L'allure générale du Mérens moderne est énergique, sa musculature solide, il dégage une impression de densité, de robustesse et une certaine noblesse. Ses tissus sont de qualité, fins et soyeux[1],[3].
Robe
Article connexe : Robe noire du cheval.La robe est l'une des caractéristiques les plus reconnaissables du Mérens, composée de poils fins, serrés et brillants[37], elle est toujours noir zain puisqu'il s'agit de la seule couleur admise par le standard de la race[38]. Des reflets rubicans, c'est-à-dire de petites taches plus claires sur les flancs, sont appréciés. En fonction des saisons, la robe peut avoir une apparence légèrement rousse, particulièrement en hiver[37],[39]. Les poulains naissent habituellement de couleur noire, grise argentée ou café au lait, et perdent leur bourre après le sevrage[3].
Standard morphologique
Article connexe : Morphologie du cheval.- Tête
La tête est étonnamment expressive, distinguée[37], avec un profil généralement rectiligne ou très légèrement concave[38], un front plat et large, des oreilles courtes, bien dessinée et très poilues à l'intérieur, des yeux sortis, très vifs à l'expression douce et soulignés d'arcades sourcilières légères. La tête est attachée légèrement à l'encolure[3]. L'une des caractéristiques de la race est la présence d'une « barbe » noire qui pousse sous les joues[37]. Une étoile en-tête est éventuellement admise par le standard, mais jamais de balzane[2].
- Avant-main
L'encolure est recherchée de longueur moyenne et bien orientée chez les Mérens modernes[3], mais elle est souvent courte et large à la base, peu élégante mais droite et solide chez les Mérens de l'ancien type[37]. Les épaules sont recherchées moyennement longues et inclinées[3] bien qu'elles soient souvent droites[37], le poitrail est ouvert, ample et profond. Le garrot est recherché sorti et prolongé vers l'arrière[3], un garrot marqué est apprécié pour le bât et la randonnée[38], mais comme chez la plupart des chevaux de montagne, le Mérens traditionnel tend à avoir un garrot large et peu relevé. Le passage de sangle est profond[37].
- Dos
Plutôt long et large mais bien soutenu, il est généralement plus court chez les Mérens modernes que chez les chevaux de l'ancien type, où il est long et fort, conséquence de sa sélection pour le bât[8],[38]. Les flancs sont pleins et descendus[3]. La ligne du dessus rappelle le poney Dales[8].
- Arrière-main
Les reins sont bien attachés, larges et musclés. La croupe est souvent double, et avalée, avec une queue attachée bas[8], elle est recherchée plutôt ronde chez les chevaux modernes[38].
- Membres
Les membres sont forts, avec une musculature solide, des articulations basses, solides et bien marquées[38]. Les avant-bras sont musclés et les cuisses bien descendues[3]. Les membres tendent à être assez courts, certains chevaux ont des jambes moins robustes qu'on pourrait l'espérer, ainsi que des jarrets clos, un défaut récurrent chez les chevaux de montagne[8]. Les pieds sont de bonne taille, larges, bien faits et très solides, avec une corne noire et exceptionnellement résistante, ce qui fait que ces chevaux peuvent travailler sans fers[8]. Les fanons sont abondants[10],[3].
- Crins
Les crins sont toujours longs et fournis, souvent drus et rêches au toucher, légèrement crêpelés[3] et parfois ondulés, signe de parenté avec les chevaux ibériques[38]. La crinière simple est la plus appréciée, mais elle peut également être double[3]. Crinière et toupet touffus et abondants sont des caractéristiques typiques des chevaux rustiques[37], tout comme la queue fournie, caractéristique habituelle des chevaux de montagne[8].
Tempérament
Le Mérens est, comme tous les chevaux de montagne, d'un tempérament calme et docile, dur à la tâche, capable de se déplacer sur des pentes sévères[37], il est doté d'un excellent caractère et de facilités d'apprentissage selon ses amateurs[3],[38], il peut aussi avoir du caractère[20]. Il est polyvalent mais sait rester un cheval « de sang », habituellement très rustique, il peut vivre toute l'année au plein air sans souffrir des intempéries. Les Mérens sont réputés pour leur franchise, leur endurance, leur agilité et leur pied sûr. Les allures sont recherchées aussi étendues que possible, caractérisées par un fort engagement des postérieurs[3]. C'est un animal qui ne demande que peu de soins et se contente d'une nourriture pauvre, même lorsqu'il travaille[37]. Il est résistant au froid, mais supporte assez mal la chaleur[8].
Sélection
La sélection des étalons Mérens est rigoureuse, basée sur des épreuves très sélectives et une obligation de présentation monté à l'âge de 3 ans, ces chevaux reproducteurs sont ensuite régulièrement pointés[40]. Le but est de produire des chevaux possédant un bon modèle et un excellent caractère[41]. Les allures font l'objet d'une observation particulière chez les étalons reproducteurs et tous les chevaux présentés au concours de trois ans montés, qui doivent se soumettre à une épreuve de dressage, de longe, d'attelage et de cross, puis à une sélection au modèle. Il s'agit d'un des concours de race les plus rigoureux, il a pour but d'obtenir une « progression constante » chez les sujets de la race[41]. Lors du pointage, les chevaux de Mérens sont notés selon cinq grands thèmes : l'impression générale, le type dans la race, le modèle, les allures, l'impression générale sous la selle ou le produit s'il s'agit d'un sujet d'élevage, il leur est attribué une note entre 0 et 10[41]. Les juments poulinières sont évaluées pendant des concours d'élevage organisés par les Haras nationaux[41].
Aptitudes et utilisations
Randonnée et tourisme équestre
Considéré comme un cheval de loisirs polyvalent attaché à l'identité culturelle de sa région d'origine, le Mérens fait une bonne monture de TREC, de promenade et de randonnée[3] malgré sa petite taille, car il est capable de porter un homme adulte, ses origines le rendent franc et très sûr, notamment en montagne[38]. Stéphane Bigot a ainsi réalisé une traversée des Pyrénées avec un Mérens, en 1998[20].
Plusieurs structures touristiques proposent désormais des randonnées dans les montagnes d'Ariège sur le dos de chevaux de Mérens, le réseau de sentiers équestres dans la région comprend plus de 1 000 km et les professionnels du tourisme équestre proposent des séjours et formules de randonnée[42]. Plusieurs centres équestres valorisent ce cheval en proposant une cavalerie exclusivement composée de Mérens[43].
Autres aptitudes
C'est surtout en attelage (sportif ou de tradition[40]) et en voltige que le Mérens s'est illustré en remportant plusieurs prix. Il peut s'essayer à l'endurance, au saut d'obstacles, au dressage et au complet à petit niveau grâce à ses qualités de cheval de selle[34]. De nombreux centres d'équithérapie l'ont d'ores et déjà adopté, et il peut trouver quelques utilisations dans divers travaux d'agriculture, tout comme dans le débardage, où son agilité lui permet d'accéder aux zones que les machines ne peuvent atteindre[3],[38]. Un jeune Mérens a d'ailleurs été testé avec succès au débardage des régions boisées de l'Ariège[44].
Plus anecdotique est l'élevage de juments Mérens pour leur lait, qui permet ensuite la fabrication de produits dérivés comme des shampoings, du savon et des gélules[45].
Récompenses
Le Mérens est titulaire de dix titres de champion de France d'attelage sur ces dernières années[40]. Le meneur Didier Dupuis a terminé plusieurs fois finaliste du championnat de France d'attelage à deux avec ses Mérens, en 1993 entre autres[34]. Apache de Noreyas fut champion de France de voltige en 1999[3]. Le Mérens est régulièrement classé aux championnats de France de TREC[3], comme en 1998 où il termina second des championnats d'Europe[20]. Merlin du Trottis et sa cavalière Mylène Navarro ont été champions de France amateur 3 senior en dressage en 2008[46]. Merlin du Trottis est désormais dans un haras spécialisé dans l'élevage de Mérens, à Bellevue-la-montagne en Auvergne.
Diffusion de l'élevage
En France et dans les DOM-TOM
L'élevage français du Mérens se partage entre deux courants de pensée, les éleveurs traditionalistes cherchent à préserver le type originel du cheval, celui du trait léger élevé en montagne toute l'année et possédant des qualités de rusticité, tandis qu'un autre courant, issu de la reconversion du Mérens en cheval de loisir dans les années 1980, tend à transformer le modèle des animaux pour en faire des chevaux beaucoup plus sportifs, et aptes à satisfaire un cavalier pour la pratique de la plupart des sports équestres. La reconversion des Mérens en animaux sportifs fut nécessaire pour assurer la survie de la race à l'époque de son déclin, mais est devenue aujourd'hui source de tensions entre les éleveurs et les utilisateurs de ce cheval[47].
SHERPA
En France, la race est gérée par le SHERPA (Syndicat hippique des éleveurs de la race pyrénéenne ariégeoise), situé à La Bastide-de-Sérou, qui compte environ 400 adhérents et 600 animaux dans son stud-book[34].
Le SHERPA fédère onze antennes régionales dont le but est de mettre en relations les éleveurs et les utilisateurs du Mérens[48]. Les antennes sont des interlocuteurs locaux pour les pouvoirs publics et les Haras nationaux, leur rôle est de décider l'orientation globale de la race grâce à la commission du livre généalogique en partenariat avec les Haras nationaux, mais aussi de promouvoir le Mérens sur des foires et des salons nationaux comme internationaux. Il édite un catalogue de la liste des éleveurs à contacter, mais aussi deux bulletins d'informations techniques par an. Il organise également chaque année les rassemblements nationaux de la race à Bouan, en Ariège[48].
Mode d'élevage
Le cheval de Mérens est élevé uniquement en race pure, et les poulains sont inscrits au titre de l'ascendance[41]. Les poulains Mérens naissent le plus souvent dans la neige, et sans intervention humaine[20], mais sont habituellement manipulés et habitués à l'homme dès leur plus jeune âge[3].
Le Mérens s'élève facilement et nécessite peu de soins, il apprécie la vie au plein air, de préférence en montagne[49]. Ce cheval possède aussi une étonnante résistance aux propriétés anticoagulantes de la fougère verte, dont la consommation provoque habituellement des sueurs sanguinolentes et des jets d'urines ensanglantés chez les autres chevaux[50].
Si le Mérens est élevé le plus souvent en Ariège de façon extensive et en plein air toute l'année, tous n'effectuent pas la transhumance chaque année. Les chevaux les plus proches du type originel et de son mode de vie se trouvent dans des vallées entre les hautes montagnes pyrénéennes, près de la principauté d'Andorre[8].
Agriculture biologique
La race Mérens a été choisie par Jean-Louis Savignol pour lancer le tout premier élevage de chevaux labellisé bio et destinés aux loisirs plutôt qu'à la consommation humaine. Leur alimentation est entièrement naturelle, les chevaux sont vermifugés avec un mélange d'ail et d'argile, l'éleveur fait appel à l'homéopathie et l'ostéopathie pour soigner ses bêtes et leur fait effectuer la transhumance chaque année. Il a dû retrouver des techniques et un savoir-faire perdu depuis des dizaines d'années[51],[52].
Transhumance
Article connexe : Transhumance.Le département de l'Ariège est réputé pour les transhumances qui s'y déroulent chaque année pour les bovins, les ovins et les équidés, le Mérens ne fait pas exception puisque au mois de juin, quelques centaines de ces chevaux sont « montés en estive » à 1500m d'altitude et en pleine montagne, où ils vivent à l'état semi-sauvage et ne sont gênés ni par le terrain accidenté et les chemins escarpés, ni par les orages et les variations climatiques. Ils redescendent au mois d'octobre pour passer l'hiver dans les vallées[27]. Ces transhumances ont notamment été remises en place dans le département de l'Ariège par l’association « Autrefois en Couserans », qui travaille depuis l'an 2000 avec les acteurs de l'élevage du cheval dans la région et promeut le bien-fondé d’un retour aux anciennes traditions[53]. 500 chevaux transhument ainsi dans les Pyrénées chaque année[54]. Les troupeaux sont généralement conduits par une jument expérimentée portant une clochette autour de l'encolure, comme cela se fait chez les bovins. Un étalon peut accompagner les poulinières suitées pour maintenir la cohésion du troupeau et éviter qu'il ne se mélange avec les troupeaux des autres versants[55].
Effectifs et répartition de la race en France
L'effectif du troupeau est assez restreint, il existait en France en 2002 environ un millier de juments Mérens saillies pour 90 étalons en activité[56]. Ces dernières années, les effectifs de la race se sont stabilisés autour de 1 500 poulinières pour 150 étalons actifs, et 500 naissances par an. En 2006, 455 nouvelles naissances ont été enregistrées, 1 051 juments saillies et 89 étalons répertoriés en activité, pour 306 éleveurs et 2 % du total des chevaux de sang français[40], le terme d'éleveur s'appliquant à tout détenteur d'au moins une jument mise à la reproduction. Une étude génétique menée en 2008 en partenariat avec l'INRA considère le type originel de la race comme « en voie de disparition ». Elle suggère que le Mérens devrait être placé en conservation prioritaire afin de maintenir au maximum la diversité génétique des effectifs français[57].
Année 1980 1986 1990 1996 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Nombre de naissances en France[1] 214 361 400 704 710 624 648 638 484 ? 455 ? La majorité des éleveurs de Mérens se trouve toujours en Ariège, berceau traditionnel de la race, mais ce petit cheval noir est désormais répandu dans quasiment toutes les régions de France, et notamment les Alpes, les Cévennes, le centre, le massif central et l'île de France[27],[40].
Cas de l'île de la Réunion
Dans l'île de la Réunion, l'élevage de ce petit cheval est étroitement associé à l'économie locale depuis 1977, où il fut introduit pour servir de monture de randonnée équestre, et pour les travaux de débardage[58]. Il est désormais la monture la plus utilisée en tourisme équestre sur l'île[59], et s’est parfaitement adapté aux reliefs particulièrement escarpés de la Réunion, ainsi qu'au climat[60]. Il promène en particulier les touristes dans les régions volcaniques couvertes de cendres[61].
En Belgique
L'ASBL du cheval de Mérens existe depuis le 3 juin 2005 et fut reconnue par le Ministère de l'Agriculture belge comme un stud-book dès le 3 août 2006. Le stud-book français a signé une convention avec le belge en le reconnaissant officiellement comme stud-book fille faisant partie intégrante du stud-book français du cheval de Mérens[62].
Autres pays
Des Mérens sont présents dans d'autres pays d'Europe, notamment les Pays-Bas où la race est reconnue et son élevage très actif[63], l'Italie, où la race est également reconnue[40], la Suisse et l'Allemagne[64] qui structurent actuellement son élevage[1], et la Tchéquie. En 1997, le SHERPA a offert un Mérens au ministre britannique Tony Blair. Ce cheval s'est aussi exporté en Inde, Tunisie[20], et au Sénégal dans les années 1950 où il servit à des essais de production d'un cheval plus robuste que le Mbayar[65].
Culture populaire
Contrairement au cheval de Camargue et à son célèbre représentant Crin-Blanc, le Mérens semble assez peu mentionné dans la culture populaire. Un livre pour enfants raconte les aventures d'une jeune fille nommée Justine et de la pouliche Tamina pendant la transhumance des chevaux[66]. Le roman l'Ariégeoise raconte la vie quotidienne dans la région à l'époque où les armées réquisitionnaient les chevaux Mérens pour la guerre[67] et il rejoint quelques romans paysans régionaux[68].
Notes et références
- Le Cheval de Mérens », Les Haras Nationaux, décembre 2010. Consulté le 8 septembre 2011 SHERPA, «
- Règlement du stud-book de la race Mérens, document officiel des haras nationaux français [PDF]
- Le Mérens sur http://www.chevaldemerens.com/, SHERPA. Consulté le 7 décembre 2009
- Pierre Salies et Régis Loubès, Quand l'Ariège changea de siècle, Milan, 1982, 511 p. [lire en ligne], p. 301
- Hercy et Halm 2003
- Bataille 2008, p. 83; 86
- Nel 2006, p. 37
- Edwards 2006, p. 250
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- Bataille 2008, p. 84
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Annexes
Articles connexes
- Liste des races chevalines de France
- Mérens-les-Vals, commune de l'Ariège
- Castillonnais
Liens externes
- Centre national du cheval de Mérens
- [PDF]Fiche des Haras Nationaux sur la race et Règlement du stud-book du cheval de Mérens, documents officiels.
Bibliographie
: Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article
- Paul Prunet, Le Cheval ariégeois dit de Mérens, thèse de l'École Nationale Vétérinaire d'Alfort, impr. Foulon, 1956, 44 p.
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- Marc Thédon, Le Mérens cheval d'estive, Éditions Le Pas d'oiseau, 2010, 119 p. (ISBN 2917971134 et 9782917971130)
Encyclopédies des races
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- Collectif, Chevaux et poneys, Éditions Artemis, 2002, 128 p. (ISBN 9782844160256) [lire en ligne], p. 48
- Elwyn Hartley Edwards, Les chevaux, Éditions de Borée, 2006, 272 p. (ISBN 9782844944498) [lire en ligne]
- Lætitia Bataille, Les poneys: Races et élevage, France Agricole Éditions, 2006, 351 p. (ISBN 9782855571409), p. 110-111
- Lætitia Bataille, Races équines de France, France Agricole Éditions, 2008, 286 p. (ISBN 9782855571546) [lire en ligne]
Articles de presse
- Christophe Hercy et Frédéric Halm, « Transhumance : marée noire en Ariège », dans Cheval Pratique, décembre 2003 [texte intégral]
- Charlotte Clergeau, « Le mérens, rustique des montagnes ou sportif accompli ? », dans Cheval magazine, no 401, avril 2005 [texte intégral]
- Noël Nel, « Le prince noir de l'Ariège à l'estive », dans Cheval-Attitude, no 3, juillet-août 2006, p. 37-38 [texte intégral]
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