- Liste des épidémies de peste
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La peste sous ses deux formes (bubonique et pulmonaire) est une maladie grave (le plus souvent mortelle), hautement contagieuse, provoquée par la bactérie Yersinia pestis et responsable de plusieurs dizaines (voire centaines) de millions de morts depuis l'Antiquité lors de grandes épidémies.
Jusqu'au XIXe siècle d'autres grandes épidémies, comme celles de choléra, dysenterie, charbon ou de fièvre hémorragique virale, ont parfois été désignées à tort comme des épidémies de peste par ceux qui les ont subies. De nouvelles recherches en paléobiochimie moléculaire[1] ont permis de confirmer la présence du bacille Yersinia pestis pour la Peste noire et pour la Peste de Justinien[2]. La bactérie a été identifiée formellement dans un charnier de peste de 1722 à Marseille (France).
En revanche, tous les historiens s'accordent pour admettre que Louis IX, lors de la huitième croisade n'est pas mort, le 25 août 1270 de la peste au siège de Tunis, mais en réalité de dysenterie.
Sommaire
Égypte pharaonique
Si les origines de la peste sont souvent situées en Asie centrale, Eva Panagiotakopulu a récemment proposé d'en chercher les origines dans l'Égypte pharaonique[3] sur la base de descriptions médicales datant de cette époque et d'indices archéozoologiques (présence de rats noirs et de puces à Amarna).
Ve siècle av. notre ère.
- -430 : la peste d'Athènes
Des doutes subsistent encore sur la véritable nature de cette épidémie qui sévit de -430 à -426. L'hypothèse la plus probable est que la ville fut frappée par le typhus ou fièvre typhoïde et qu'elle perdit le tiers de sa population.
À propos de la grande peste d'Athènes, la formule de La Fontaine « Ils n'en mouraient pas tous, mais tous étaient atteints. » convient parfaitement pour résumer les effets délétères de la peste : elle ne tue pas toute la population, mais affecte, très gravement, toute une communauté, lorsqu'elle s'abat sur elle. Périclès en fut une de ses victimes.
IVe siècle av. notre ère.
Cinquante ans plus tard (-395) la peste parut en Sicile parmi les Carthaginois qui faisaient le siège de Syracuse. Diodore de Sicile le raconte : mais ses ravages furent limités.
IIe siècle
En 125 après J.-C la peste d'Orosius ravagea les côtes septentrionales de l'Afrique.
À partir de 165 l'empire romain, alors dirigé par Marc Aurèle connut une épidémie de grande ampleur qui semble s'être répandue sur la plus grande partie de l'empire depuis les provinces orientales. Cette épidémie souvent appelée peste antonine est le plus souvent assimilée à la variole. Elle fit des ravages jusque dans les années 170, et semble avoir frappé à nouveau Rome durant le règne de Commode. Le célèbre médecin Galien fut le témoin de cette épidémie qui est aussi décrite par des auteurs plus tardifs. Les conséquences de cette épidémie et l'ampleur de son impact sur l'économie et la démographie de l'empire sont assez discutées.
IIIe siècle
- 251-260 : peste de Cyprien dans l'Empire romain sous le règne de l'empereur Trajan Dèce
Venue d’Éthiopie, cette épidémie (peut-être de typhus ?), affecte une partie de l’Afrique du Nord et la totalité de l’Europe occidentale. Cyprien y voit une vengeance divine[4].
VIe siècle
- 541 : Peste de Justinien - Elle sera suivie de près de 15 épidémies jusqu'en 767.
- En 549 : à Arles ; citée par Grégoire de Tours (cette province est cruellement dépeuplée)
- En 567 : à Clermont ; citée par Grégoire de Tours (un certain dimanche, on compta 300 cadavres dans la cathédrale)
- Entre 575 et 579 : à Rome, Benoît Ier ou Bonose, pape romain soulage de tout son pouvoir la ville désolée par la peste et la famine.
- En 588 : un bateau en provenance d'Espagne apporte la peste à Marseille
- Entre 585 et 590 : en Provence ; en 588, l'épidémie emporte l'archevêque d'Arles Licerius (586-+588)
- Entre 588 et 591 : en Gaule
- Entre 589 et 590 : à Rome ; en 589, la peste de Justinien frappe lourdement Rome et lorsque le pape Pélage II, atteint à son tour, meurt le 8 février 590, la terreur des Romains est à son comble.
XIVe siècle
- 1347 : apparition de la peste noire à Marseille venue initialement de Crimée où les Tartares assiègeaient les Génois. Cette pandémie se répandra à travers l'Europe et fera mourir un tiers, voire la moitié de la population européenne en 5 ans.
- 1348 : Quimper
- 1348 : Laparade
- 1349 : Strasbourg - peste décrite dans les Chroniques de Closener.
- 1363 : Puymirol
- 1398 : Arles - peste décrite dans les chroniques de l'arlésien Bertrand Boysset ; l'épidémie dura du 1er avril 1397 à janvier 1399[5].
XVe siècle
- 1412 : Quimper
- 1450 : Arles, Salon - Mort de l'archevêque d'Arles Louis Aleman à Salon-de-Provence le 16 septembre 1450
- 1472 : Quimper
- 1480 : Quimper
- 1482-1484 : Arles
XVIe siècle
- 1507 : prévôté de Châtenois en Lorraine
- 1524 : duché d'Alençon, en Normandie
- 1526 : duché d'Alençon
- 1533 : Quimper, en Bretagne
- 1534 : Agen
- 1544 : duché d'Alençon
- 1545 : Genève
- 1554 : Argentan, en Normandie
- 1558 : Amiens, Argentan, Toulouse
- 1559 : Amiens, Saint-Malo, Toulouse
- 1560 : Amiens, Carcassonne, Draguignan, Paris, Rennes, Toulouse
- 1561 : Amiens, Coulommiers, Orléans, Pamiers, Paris, Perpignan, Toulouse
- 1564 : Quimper, en Bretagne
- 1565 : Quimper, en Bretagne
- 1567 : Autun, Avallon, Beaune, Dijon, Mâcon, Paris, Troyes
- 1568 : Angers, Armentières, Auxerre, Avallon, Besançon, Genève, Nantes, Paris
- 1569 : Auxerre, Avalon, Besançon, Castres, Gap, Nantes
- 1570 : Avesnes, Gap, Nantes
- 1571 : Cambrai
- 1575 : Venise
- 1576 : Milan
- 1580 : Hyères, Arles, voir Peste d'Arles (1579-1581)
- 1585 : La Rochelle
- 1585-1595 : prévôté de Châtenois en Lorraine
- 1586 : Quimper, en Bretagne
- 1594-1595 : Quimper, en Bretagne
- 1597 : Argentan
- 1598 : Plougastel-Daoulas
XVIIe siècle
- 1602 : La Rochelle
- 1604 : La Rochelle
- 1605 : Saint-Ouen-de-la-Cour, dans le Perche (Normandie)
- 1610 : Rambervillers en Lorraine
- 1622-1623 : Tinchebray, en Normandie
- 1626 : Rânes, en Normandie ; Gien, en Orléanais ; Cléder en Bretagne
- 1627 : Argentan et Sées, en Normandie ; Cléder et Plouescat en Bretagne
- 1627-1638 : Menou [6]
- 1628 : Lyon ; Argentan et Sées ; Cléder et Plouescat en Bretagne
- 1629 : Lyon ; Béziers[7], Montpellier, Arles
- 1630 : Italie du nord, Venise, ...en Provence
- 1630-1637 : en Lorraine (prévôté de Gondreville, prévôté de Châtenois)
- 1631 : Laparade
- 1636 : Quimper, en Bretagne
- 1635-1639 : La Neuveville, Raon-L'Étape en Lorraine
- 1649 : Halluin (Nord)
- 1656: Gênes, Naples, Rome.
- 1665 : Hyères
- 1665 : Londres - voir Grande peste de Londres
- 1679 : Vienne - voir de:Pest in Wien
XVIIIe siècle
- 1720 : Marseille et la Provence - voir Peste de Marseille (1720), Peste d'Arles (1720-1721)
- 1721 : Gévaudan : Marvejols, Mende, Saugues
- 1732 : Oran (Algérie)
- 1757-1758 : Quimper, en Bretagne
- 1771 : Emeutes liés à la Peste à Moscou
- 1773 : Saulieu (Bourgogne)
- 1799 : Jaffa (Palestine)
XIXe siècle
- 1817 : Epidémie de peste en Algérie.
- 1828 : peste dans les Balkans
- 1894 : début de la Peste de Chine, dernière pandémie connue. C'est à cette époque que le docteur Yersin expérimenta son sérum, sauvant de nombreux Chinois.
XXe siècle
- En 1910/1911, la Mandchourie dénombre plus de 50.000 victimes
- En 1920, quelques dizaines de cas sont dénombrés en France à Marseille et à Paris (notamment du côté de Clichy) : c'est la maladie n° 9 ou peste des chiffonniers
- En 1942, le Japon est soupçonné d'avoir utilisé la peste comme arme bactériologique lors de la guerre contre la Chine[réf. nécessaire].
- En 1952, lors de la Guerre de Corée, la Corée du Nord accuse les États-Unis de répandre plusieurs germes épidémiques, dont la peste.
- En 1988 réémergence de la peste à Madagascar. En 1997 à la date du 30 octobre, 2158 cas sont déjà déclarés avec 283 confirmés par la bactériologie, 121 décès dont 42 confirmés[8].
- En 1991 en Tanzanie[9].
- En 1992 au Myanmar, en Birmanie[9].
- En 1994 en Inde après 30 ans de répit. Et aussi au Mozambique après plus de 15 ans qui s'est propagées au Zimbabwe et au Malawi. Presque au même moment, une épidémie sans lien apparent est survenue au Pérou[9].
- En 1997 en Jordanie après 80 ans de répit[9].
On signale une dizaine de millions de morts en Inde pendant toute la première moitié du XX° siècle.
XXIe siècle
- En 2003, une épidémie se déclare dans la banlieue d'Oran, en Algérie[10], après 50 ans de répit[9].
- En 2004 et 2006 en République démocratique du Congo[9].
- En 2009 dans la province du Qinghai, en Chine du Nord-Ouest
Notes
- Cf. Drancourt et al. 2004
- Grégoire de Tours, Histoire des Francs - Livre quatrième : de la mort de Théodebert Ier à celle de Sigebert Ier, roi d’Austrasie (547 – 575) (consultable ici) :
.. on compta, un dimanche, dans une basilique de saint Pierre (NDLR : ville de Clermont), trois cents corps morts. La mort était subite ; il naissait dans l’aine ou dans l’aisselle une plaie semblable à la morsure d’un serpent ; et ce venin agissait tellement sur les hommes qu’ils rendaient l’esprit le lendemain ou le troisième jour ; et la force du venin leur ôtait entièrement le sens.
Cf. la description de - [1] Eva Panagiotakopulu, « Pharaonic Egypt and the origins of plague », Journal of biogeography, 2004, 31-2, pp. 269-275
- Trajan Dece, l'Histoire ne retint que l'importante persécution qu'il orchestra contre les chrétiens. Bien que considéré comme un excellent empereur qui tenta de réunifier l'Empire, de rétablir les traditions religieuses et de restaurer le prestige de Rome, les auteurs chrétiens, comme Lucanus, Eusèbe ou encore Cyprien, le décrivent comme « un grand serpent, précurseur de l'Antéchrist » (Cyprien, Lettres, 22, 1). Selon eux, la peste dit de Cyprien qui ravagea l'Empire sous son règne fut le fruit de la vengeance divine. Du règne de
- L'an 1397 il y eut une grande mortalité par tout dans le monde. De même, à Arles, elle débuta pour Pâques, qui était le premier jour d'avril et elle dura tout l'an 1398 jusqu'en janvier. De même, les gens mouraient le plus souvent de bosses, certains de charbons. Un grand nombre de gens moururent, plus des enfants et des gens jeunes que d'autres gens.
- cahiers de Menou
- mentions dans les registres des notaires de Béziers on en trouve plusieurs
- Historique de la peste à Madagascar
- La peste Institut Pasteur :
- Résurgence de la peste en Algérie : La sonnette d'alarme ? par le Professeur Larbi Abid, 2003
Bibliographie
- J.-N. Biraben, Les hommes et la peste, Paris, Mouton, 1975.
- Frédérique Audouin-Rouzeau Les chemins de la peste, le rat, la puce et l'homme, Paris, Tallendier, 2007.
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