- Conclave de 1958
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Le conclave de 1958 a élu le pape Jean XXIII en remplacement de Pie XII.
Sommaire
L'élection de Jean XXIII
Composition du conclave
Le règne de Pie XII avait été très long (19 ans) et marqué par une centralisation progressive du pouvoir. Les cardinaux souhaitaient donc à la fois une rupture avec le style de gouvernement imposé par feu Pie XII et marquer un temps de réflexion face aux changements amorcés dans l'Église.
Le sacré collège, malgré la longueur du pontificat, était peu renouvelé depuis 1939. Pie XII n'avait tenu que deux consistoires (1946 et 1953) ne désignant que douze des cardinaux du conclave. Plusieurs archevêchés ordinairement pourvus de cardinaux étaient en attente du consistoire de 1958 que Pie XII préparait au moment de son décès, comme Milan (Montini), Philadelphie (O’Hara), Boston (Cushing), Vienne (König), Westminster (Godfrey), Montevideo (Barbieri), Naples (Castaldo), Bordeaux (Richaud), etc. Les électeurs avaient donc été pour l'essentiel désignés avant guerre (on rapporta d'ailleurs qu'un cardinal dont l'âge rendait les facultés confuses aurait voté Achille Ratti, l'ancien pape Pie XI mort en 1939 !). Le conclave ne comptait que 53 membres, loin des 70 cardinaux autorisés par la réforme du pape Sixte V. Seuls 51 furent présents, József Mindszenty et Aloysius Stepinac n'ayant pas pu se rendre à Rome en raison des restrictions de voyage imposées par les régimes communistes.
Valerio Valeri, Alfredo Ottaviani (sans doute trop conservateur), Ernesto Ruffini et le patriarche arménien de Cilicie, Grégoire-Pierre Agagianian (non italien) étaient cités comme « papabile ». Les cardinaux français (dont le camerlingue Eugène Tisserant, qui avait une forte influence dans la curie et aurait reçu quelques voix lors des premiers tours) auraient déclaré à leur entrée que leur candidat était l'ancien nonce Roncalli. On parlait aussi de Giuseppe Siri (conservateur qui n'avait que 52 ans) ou encore, du côté des libéraux, Giacomo Lercaro, archevêque de Bologne, ou le populaire archevêque de Milan Giovanni Battista Montini, qui n'était pas cardinal. On évoquait aussi un autre prétendant non cardinal, Domenico Tardini.
Les votes
Le conclave se tint du 25 au 28 octobre à la Chapelle Sixtine, au Vatican. Il suffisait de 35 voix pour élire le pape. Toutefois, l'accord sembla difficile à faire.
Contrairement à Pacelli au conclave précédent (ou d'ailleurs Montini au suivant), il n'y avait pas de « successeur » clairement pressenti par le pape précédent, et les personnalités de la curie étaient assez affirmées. C'est peut-être ce qui explique la longueur inhabituelle du conclave. Après trois jours de délibération et dix tours de scrutin infructueux, le choix se porta le 28 octobre 1958 sur le cardinal Roncalli.
Quoique cité dans des cercles restreints avant l'élection, sa désignation fut une surprise (y compris pour lui-même qui avait un billet retour en train pour Venise dans sa poche, comme Pie X en 1914). Le rôle des cardinaux français semble avoir été déterminant dans son élection.
À 77 ans, il apparut aux observateurs comme un pape de transition idéal. Il déclara d'ailleurs lui-même, lors de sa prise de possession de la basilique du Latran le 23 novembre 1958 : « nous n'avons pas le droit de voir une longue route devant nous ». Diplomate (nonce en Bulgarie, Turquie et France), il était d'origine modeste et rurale, chérissait son activité pastorale et faisait preuve d'un tempérament bonhomme. Patriarche de Venise comme l'était Pie X auquel son profil l'apparentait, il était une assez belle illustration de l'adage selon lequel après un pape long, il faut un pape rond (alternance entre des papes aristocratiques et intellectuels, comme Léon XIII, Benoit XV ou Pie XII, et des pasteurs robustes tels Pie X ou Pie XI).
Le choix du nom Jean
Roncalli, après avoir accepté l'élection, devait choisir son nom de pontife. Il déclara : « nous choisissons Jean, un nom qui nous est doux parce qu'il est celui de notre père, doux parce qu'il est celui de l'humble église paroissiale où nous avons été baptisé, et le nom solennel de nombre de cathédrales érigées à travers le monde dont notre propre basilique, et nous aimons le nom de Jean parce qu'il nous rappelle Jean le Baptiste, précurseur de notre Seigneur, et l'autre Jean, le disciple et évangéliste. Peut-être pouvons-nous, en prenant le nom de cette série de saints-pères, recevoir quelque chose de leur sainteté et de leur force d'esprit, même, si Dieu le veut, dans la sanctification." Une certaine confusion régna alors pour savoir s'il devait s'appeler Jean XXIII ou Jean XXIV en raison du statut incertain de plusieurs antipapes, dont un autre Jean XXIII au moment du Grand Schisme d'Occident, mais il insista pour que l'on close le débat en se faisant nommer Jean XXIII.
Il remit sa barrette rouge au secrétaire du conclave (Alberto di Jorio) ce qui en fit immédiatement un cardinal, renouant avec l'usage abandonné depuis Benoit XV. Une fumée incertaine, puis blanche, annonça à la foule importante massée place Saint-Pierre son élection que Nicola Canali proclama. Il apparut au balcon de Saint-Pierre pour bénir la foule, dans une chasuble trop étroite (il s'était trompé de taille, ayant pris la taille médium, alors que trois tailles étaient prévues et que la taille large avait d'ailleurs été faite d'après ses mesures).
Il fut couronné le 4 novembre.
Dès le début de son pontificat, Jean XXIII mit l'accent sur l'aspect pastoral de sa charge. C'est ainsi qu'il fut le premier, depuis Pie IX, à quitter le Vatican après son élection, ce qui lui permit d'assumer pleinement son titre d'évêque de Rome, souvent négligé par ses prédécesseurs. Il prit solennellement possession de la basilique Saint-Jean du Latran et visita les paroisses romaines.
Polémiques sur le conclave
Il est fait état de deux rumeurs sur ce conclave. L'une concerne Montini, l'autre Giuseppe Siri.
Giovanni Battista Montini était un des membres de la curie Romaine en vue dans les années 1930 et 1940. Pie XII n'avait pas de secrétaire d'état mais Montini en faisait fonction. En 1952, Pie XII annonça qu'il aurait souhaité le nommer cardinal, avec son autre principal collaborateur Tardini, mais qu'ils avaient refusé (peut-être que le refus de Domenico Tardini, de faible santé, imposa celui de Montini). Pie XII écarta ensuite Montini de la curie en le nommant en 1954 à Milan. Il ne le consacra pas lui-même. Pie XII étant malade, c'est le cardinal Eugène Tisserant qui le fit, avec un message du pape diffusé lors de la cérémonie.
Il est dit que Montini aurait eu un certain nombre de voix au conclave (qui peut désigner un non cardinal) et que l'opposition virulente de Siri et des conservateurs aurait joué en faveur d'une solution de transition, à savoir Roncalli. Par la suite, Montini et Tardini furent créés cardinaux par Jean XXIII en haut de la liste du consistoire de 1958, ce qui valut à Montini de célébrer la messe d'inauguration du nouveau pontificat. Montini apparut lors de la seconde session du concile comme le successeur potentiel de Jean XXIII et fut élu à son décès en 1963.
D'autre part, des groupes très minoritaires opposés aux réformes ultérieures inspirées par Jean XXIII, les sédévacantistes, ont avancé que son élection était invalide. Pour soutenir leur théorie, ils ont voulu mettre en doute la catholicité du nouveau pape, répandant la rumeur de son appartenance à une loge maçonnique[1]. Parmi eux, un nombre encore plus réduit avance également que le pape véritablement élu aurait été le cardinal Giuseppe Siri au troisième tour de scrutin. Selon eux, le cardinal aurait eu le temps de choisir le nom de Grégoire XVII, mais aurait été obligé de se retirer par craintes de pogroms anti-catholiques dans le Bloc soviétique. Même si le cardinal a pleinement reconnu la légitimité de Jean XXIII et de ses successeurs, et signé et mis en application toutes les décisions du Concile, plusieurs prêtres, ainsi que le père Malachi Martin, prétendirent toujours qu’ils avaient été informés de la décision de Siri de changer d’avis et de renoncer à la papauté.
Bibliographie
- Département d’État américain, note secrète, "John XXIII," date : 20 novembre 1958, déclassée le 11 novembre, Paul L. Williams, The Vatican Exposed (Amherst, NY: Prometheus Books, 2003), pp. 90-92.
- The Tablet, 1er novembre 1958
- Département d’État américain, note secrète, "Cardinal Siri," date : 10 avril 1961, 1994, William, "'Op. Cit pp.90-92.
- Malachi Martin, The Keys of this Blood (New York, NY: Touchstone, 1991) pp. 607-608.
- Louis Hubert Remy, "Le pape : serait-ce le Cardinal Siri?" (1986) publié dans “The Sangre de Cristo Newsnotes” - No. 55 - Décembre 1987.
Lien extérieur
http://fr.gloria.tv/?media=32827
Notes et références
- Selon Pier Carpi dans "les prophéties du pape Jean XXIII" Ed. Jean-Claude Lattès/Williams-Alto 1976 (repris par les Éditions J'ai lu, 1976), Jean XXIII aurait été initié dans une loge maçonnique lors de son séjour en Turquie.
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