- Jean Bouffet
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Jean Bouffet Général Jean BouffetNaissance 30 mai 1882
à Lille ( Nord)Décès 16 mai 1940 (à 57 ans)
à Nalinnes ( Belgique)Origine France Allégeance Armée française Arme Cavalerie puis Infanterie Grade Général de corps d'armée Années de service 1900 - 1940 (†) Conflits : Commandement : Faits d'armes Bataille de Montdidier (1918) Distinctions : Hommages Stèle commémorative à Ham-sur-Heure-Nalinnes Famille : - Fils de Gabriel Bouffet
- Gendre d'Etienne Laffon de Ladebat
modifier Jean Bouffet (1882-1940) est un général français, mort au cours des opérations de mai-juin 1940.
Sommaire
Biographie
Jeunesse et études
Né le 30 mai 1882, Jean, Gabriel, Ferdinand Bouffet est le fils du préfet Gabriel Bouffet et de Anna Gabrielle Koechlin. En 1884, sa sœur Andrée, Isabelle, Suzanne naît (elle se mariera avec Jacques, Édouard Guerlain, industriel, directeur de la parfumerie Guerlain). Sa mère décéde en 1890 alors qu'il est âgé de huit ans.
Jean fit ses études au lycée Janson-de-Sailly. Bachelier ès-lettres et ès-sciences, en 1900, il entre à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (promotion du Tchad[1])[2] et en sort deuxième de sa promotion en 1902 avec le grade Sous-lieutenant. Il choisira la cavalerie.
Temps de troupes
Il servira alors :
- le 1er régiment de dragons à partir du 1er novembre 1902, où il se fera une convulsion de l'épaule gauche à la suite d'une chute à cheval le 27 décembre 1902 (ce sera sa seule blessure en service commandé).
- le 27e régiment de dragons à partir du 17 août 1903. Après quelques années passées dans ce régiment, il suit les cours de Lieutenant d'instruction à l'École de cavalerie de Saumur et obtient la mention exceptionnelle "Parfaitement bien".
- le 5e régiment de chasseurs à cheval à partir du 24 juin 1912 où il est promu Capitaine.
- le 21e Régiment de Chasseurs à Cheval à partir du 28 mars 1913.
Entre-temps, il suivra le premier cours des officiers à l'École d'Application pour le tir de l'Infanterie du Camp du Ruchard en 1909. Le 31 mars 1909, il recevra un témoignage de satisfaction du Ministre en reconnaissance de son zèle et de son travail et de ses excellents résultats qu’il a obtenus à la suite du cours de tir qu’il a suivi du 11 janvier au 13 février 1909 à l’école du Ruchard.
Il est admis en 1913 à l'École supérieure de guerre et il obtiendra son brevet d'État-Major.
Première Guerre mondiale
En État-Major
Il servira les États-majors :
- de la 5e division de cavalerie (3e bureau[3]) à partir du 2 août 1914.Ordre n° 2 de la Division de Cavalerie Provisoire, du 4 septembre 1914
"A été sur le terrain, un précieux auxiliaire du Commandement. A, dans des circonstances très difficiles, assuré avec la plus grande énergie et le plus grand dévouement, le ravitaillement de la Division provisoire et suppléé au manque d’organisation préalable de celle-ci." Signé: Général Henri Raoul René de Cornulier-Lucinière- du 2e corps de cavalerie (3e bureau) à partir du 1er novembre 1914.
Ordre n° 77 du 2° Corps de Cavalerie, du 20 avril 1915
"Officier de première valeur. A rempli pendant les opérations sur la Lys, pendant la bataille de l’Yser, et pendant les combats de Nieuport, les fonctions de Chef du 3° Bureau, avec autant de dévouement que d’intelligence, apportant dans toutes les missions qui lui ont été confiées, une initiative réfléchie et une énergie inébranlable." Signé: Général Antoine de Mitry- de la Ire armée française (3e bureau) à partir du 22 avril 1915.
Ordre n° 273 de la 1° Armée, du 13 octobre 1915
"Excellent officier, d'un sens tactique très sûr et d'un esprit observateur très développé. Faisant partie d’un État-major d’Armée, y rend les meilleurs services et fait preuve de la plus intelligente activité, assurant avec beaucoup d’énergie et de courage, de fréquentes reconnaissance en première ligne." Signé: Général Pierre Auguste Roques- du Grand quartier général (1er bureau[4]) à partir du 25 août 1916.
- du 1er corps d'armée (3e bureau) à partir du 27 décembre 1916.
- du Groupe d'armées de réserve (3e bureau) à partir du 13 mars 1917.
- du Groupe d'armées du centre (3e bureau) à partir du 7 mai 1917.
Sur le Front
Il regagne le front militaire le 30 juillet 1917avec le 9e régiment de cuirassiers à pied. Ensuite, il rejoint le 106e régiment d'infanterie de ligne le 4 novembre 1917, il y commandera le 2° Bataillon. Lors de la Bataille de Montdidier (mars 1918), son bataillon sera cité à l'ordre de la Ie Armée[5].
Ordre de la 1° Armée n° 8, du 15 avril 1918
" Au cours des six jours de durs combats, a sous le commandement du Capitaine Bouffet, affirmé de nouveau ses brillantes qualités d'endurance et de ténacité, jeté dans la bataille, après des étapes longues et pénibles et chargé de tenir une position, a résisté jusqu’à la dernière limite aux efforts violents et répétés de l'ennemi, infligeant à celui -ci des pertes cruelles, ne s'est retiré en manœuvrant qu'au moment où il allait être débordé par des masses toujours plus nombreuses de l'adversaire et après avoir épuisé toutes ses munitions, deux de ses sections de mitrailleuses se sacrifiant pour assurer le repli des autres éléments." Signé: Général Marie-Eugène Debeney.
"Est cité à l'ordre de l'Armée, le 2° Btn du 106e R.I.Le 7 avril 1918 il est nommé Chef de Bataillon (T.T.).
Au cours de la Grande Guerre, il a mérité la Croix de guerre 1914-1918 avec cinq citations et les insignes de chevalier de la Légion d'honneur[6] tant pour sa haute compétence que pour son courage au feu.
Citation accompagnant l’inscription au tableau spécial de la Légion d’honneur, du 11 avril 1918 (Chevalier de la Légion d‘honneur)
"Très brillant officier. A commandé son bataillon dans des circonstances extrêmement difficiles, montrant au cours de rudes combats, où sa maîtrise s’est affirmée, de belles qualités de commandement, d’énergie, de courage et de sang froid. A tenu contre des forces très supérieures et sous un feu violent, a su dégager son bataillon en disputant le terrain pied à pied et en infligeant à l’adversaire des pertes élevées."Période de responsabilité en État-Major
Il est placé Hors-Cadre et il servira les États-majors :
- du Détachement des armées du Nord à partir du 17 avril 1918, où il sera promu Chef de Bataillon (T.D.) le 28 juin 1918.
- de la IXe armée française à partir du 6 juillet 1918.
- de la 1ère division d'infanterie en tant que Chef à partir du 25 août 1918.
- de la VIe armée française (3e bureau) à partir du 19 octobre 1918.
- de la 11e division d'infanterie en tant que Chef à partir du 10 novembre 1918.
- de l'Armée française (section d'orient) à partir du 4 juin 1919 puis (3e bureau) à partir du 28 octobre 1919 où il est promu Lieutenant-colonel le 25 mars 1926.
- du Général Pierre Georges Duport (membre du Conseil Supérieur de la Guerre) à partir du 4 juin 1927.
- du Maréchal Philippe Pétain (vice-président du Conseil Supérieur de la Guerre) à partir du 23 mars 1929.
Commandement en unité opérationnelle et hautes responsabilités en État-Major
Il reçoit alors le commandement du 67e régiment d'infanterie de ligne le 24 juin 1930 où il est promu Colonel. Le 31 décembre 1930, il est fait officier de la Légion d'honneur.
En 1932, il suit les cours du Centre d’études tactiques d’artillerie de Metz. Après un stage au Centre Des Hautes Études Militaires, il devient chef d'État-major de l'Inspection Générale de l'Infanterie du 6 août 1933 au 12 septembre 1934.
Nommé général de brigade, le 12 décembre 1933, il est affecté à l'État-major général de l'Armée à la disposition d'un Général de division membre du Conseil Supérieur de la Guerre jusqu'au 16 septembre 1936.
Puis il prend, en 1936, le commandement de la 14e Division d'Infanterie de Mulhouse, qu'il conservera lors de l'engagement de cette grande unité en Sarre en 1939. Il est promu Général de division le 19 juin 1937. Ce sera le Général Jean de Lattre de Tassigny, qui le remplacera le 1er janvier 1940.
Seconde Guerre mondiale
Il commande le IIe Corps d'Armée à partir de janvier 1940 où il sera élevé aux rang et appellation de général de corps d'armée, le 15 janvier 1940.
Le IIe Corps d'Armée appartient à la IXe Armée[7] (Général Corap), dont il constitue l'aile gauche, lorsque, le 10 mai 1940, elle pénètre en Belgique. Le Général Bouffet est chargé de la défense de la Meuse de Namur à Anhée et doit faire face aux difficiles problèmes posés, dès le 12 au soir, par les infiltrations de la 7° Panzer Division du Général Erwin Rommel à l'île de Houx, à la limite des zones de responsabilités des IIe Corps d'Armée et XIe Corps d'Armée. En cette circonstance, le Général Bouffet fait preuve d'une activité intense, se portant à tous les points critiques, ne donnant pas d'ordres sans être venu sur place juger la situation et donnant l'exemple du calme et de la lucidité.
Le 16 mai au matin, le 2e Corps d'Armée reçoit l'ordre de se replier. Jean Bouffet définit alors un itinéraire de repli qui passe au sud de Charleroi. À 7h00, il ordonne au Colonel Marteau, commandant la 4e division légère de cavalerie, de replier ses unités par les villages d’Acoz, de Gerpinnes, de Tarcienne, de Gourdinne et de Thy-le-Château.
Le poste de commandement avancé de la division s’installe au carrefour de Nalinnes Bultia, au sud de Charleroi, où le IIe Corps d'Armée établit également le sien. D’autre part, la 14ème Brigade Légère Mécanisée et le 2ème Bataillon du 14e régiment de dragons installent respectivement leurs postes de commandement à Nalinnes Centre dans les bâtiments de la Maison communale et au lieu-dit "Pairain".
L’installation de ces différents postes de commandement est terminée dès 14h00. Les importantes colonnes de véhicules qui stationnent près de ces postes de commandement sont repérées par l’aviation ennemie et, vers 15h00, les Stukas commencent les bombardements et les mitraillades. Sans se soucier des bombes qui éclatent autour de lui, le Général Bouffet continue à donner ses ordres. C'est alors qu'il tombe mortellement blessé.
Le Capitaine Durant de Saint André, du 3ème bureau du 2e Corps d'Armée, décrit l’attaque au Bultia dans les termes suivants :
"…Vagues successives de groupes de trois avions volant bas, attaques en piqué avec lâchage de chapelets de quatre bombes et rafales de mitrailleuses… Le PC fut bouleversé par les bombes et de nombreux cadavres ou blessés gisaient dans le verger et le long de la route ; parmi eux, le Commandant Janet, grièvement blessé, et le Général Bouffet, couché au pied d’un arbre, apparemment tué par le souffle d’une bombe mais de plus transpercé par un certain nombre de balles de mitrailleuses… L’attaque aérienne se prolongea jusque 17h30, quelques minutes seulement d’interruption séparant les vagues d’avions successives. Par moments, soixante appareils étaient visibles à la fois…".
Le Lieutenant Stein (I° G.R.C.A.) a recueilli le corps du Général puis ramené à Le Quesnoy, où il a reçu les honneurs de la sépulture au début de l’après-midi du 17 mai, peu de temps avant que les Allemands n’y entrent.
Hommages posthumes
Le Général Bouffet fait partie des 13 officiers généraux français morts au cours des opérations de mai-juin 1940.
Il reçoit la Croix de guerre 1939-1945 à titre posthume avec palme.
Ordre n° 36-C. Citation à l’ordre de l’Armée du 28 juin 1940 (paru dans le JO du 10 octobre 1941)
"Officier Général du plus haut mérite, qui a déjà fait largement ses preuves dans la précédente guerre. Homme de devoir dans la plus large acception du terme, aussi exigeant pour lui-même que pour les autres, a fait preuve du 11 au 16 mai d’une étonnante activité. Montrant à tous les points critiques sa haute silhouette impavide, tout de calme, de belle et froide dignité, donnant sur place les ordres nécessaires, réconfortants ses subordonnés par son magnifique courage et sa lucide intelligence des situations successives. Tombé glorieusement, debout et dédaigneux de s’abriter sous le tir des avions ennemis, dans l’après-midi du 16 mai 1940."Le journal Paris-soir dimanche du samedi 7 septembre 1940, annonce la mort du Général Jean Bouffet avec un article de Henry Bordeaux (Académie française) où il relate la nuit du 24 décembre 1915 (Henry Bordeaux et Jean Bouffet étaient tous deux à l'État-Major du 2e corps de cavalerie en 1915) "Dans la nuit de Noël je l’ai vu jeune capitaine, donner le baiser de la paix à un soldat tombé en première ligne".
Il repose au cimetière de Passy dans le caveau familial depuis 1945.
Le 26 mai 2010, à Ham-sur-Heure-Nalinnes, une stèle "À la mémoire du Général Jean Bouffet, des officiers, sous-officiers et soldats du 2e Corps de la IXe Armée française morts sur le territoire de Ham-sur-Heure-Nalinnes, le 16 mai 1940, pour la défense de nos libertés" a été inaugurée par le sénateur Dominique Tilmans[8].
Décorations
Placards
Intitulés
Décorations françaises
- Officier de la Légion d'honneur
- Croix de guerre 1914-1918 avec 3 palmes de bronze, 1 étoile de vermeil et 1 étoile d'argent
- Croix de guerre 1939-1945 avec 1 palme de bronze (À titre posthume)
- Médaille Interalliée de la Victoire
- Médaille Commémorative de la Grande Guerre
- Médaille d’honneur pour acte de courage et de dévouement
Ordres étrangers
- _Compagnon_de_l'
Ordre_du_service_distingué_( Compagnon de l'Ordre du service distingué ( Royaume-Uni) - _Croix_de_l'
Ordre_du_Mérite_militaire_( Croix de l'Ordre du Mérite militaire ( Espagne)
Famille
Jean, Gabriel épousa le 4 février 1911[9] (sur autorisation du Général Gouverneur militaire de Paris en date du 26 janvier 1911) Anne, Louise Laffon de Ladebat (1886-1971), fille du général Étienne Laffon de Ladebat, ils eurent quatre enfants:
- Jacqueline, Jeanne (1911-1974), qui se maria à Michel Weisgerber administrateur civil (Chevalier de la Légion d'honneur, Officier de l'Ordre National du Mérite, Chevalier du Mérite agricole);
- Jean-René (1914-1942), ayant fait l'École polytechnique (X 1934), officier dans l'armée française, Lieutenant d'artillerie;
- Roger, Pierre (1918-2001), ayant fait l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (promotion de Marne et Verdun), officier dans l'armée française, il combattit lors de la Seconde Guerre mondiale et fut interné dans l'Oflag XVII-A, Général de Brigade (Officier de la Légion d'honneur, Commandeur de l'Ordre National du Mérite, Croix de guerre 1939-1945, Croix de guerre des TOE, Croix de la Valeur militaire, Médaille coloniale agrafe: Madagascar);
- Gilberte, Gabrielle (1920-1938).
Sources et liens externes
- Biographie des généraux de la Seconde Guerre mondiale (en)
- Biographie des anciens élèves de l’École supérieure de guerre
- Liste des généraux de corps d'armée de la Seconde Guerre mondiale (web.genealogie)
- Site du ministère de la défense des militaires décédés durant la Seconde Guerre mondiale (Base Mémoires des hommes)
- Site du ministère de la défense des monuments aux morts (Base Chemins de mémoire)
- Tombeau des Bouffet au cimetière de Passy
- Site MémorialGenWeb
- Côte S.H.D.: 13 Yd 564.
Notes et références
- Historique de la 85e promotion (1900-1902) de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, promotion du Tchad
- Liste de Saint-Cyriens par promotion
- 3e Bureau : opérations
- 1er Bureau : effectifs
- Citations du 106° R.I.lors de la Grande Guerre
- Le Tableau d'honneur de la Guerre 1914 – 1918 des officiers, sous-officiers et soldats cités à l'ordre de l'Armée et nommées ou promus dans la Légion d'honneur ou décorés de la Médaille Militaire
- IX° Armée Ordre de bataille au 10/05/1940
- Site du Sénateur Dominique Tilmans
- Tableaux généalogiques de la famille Koechlin, 1460-1914
Catégories :- Naissance en 1882
- Naissance à Lille
- Décès en 1940
- Mort pour la France (qualification officielle)
- Élève du lycée Janson-de-Sailly
- Élève de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr
- Militaire français du XXe siècle
- Militaire français de la Première Guerre mondiale
- Militaire français de la Seconde Guerre mondiale
- Général français du XXe siècle
- Officier de la Légion d'honneur
- Titulaire de la Croix de guerre 1914-1918
- Titulaire de la Croix de guerre 1939-1945
- Personnalité protestante française
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