- Jean Bouguennec
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Jean Bouguennec (1912-1944), alias Francis Garel, fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent français du Special Operations Executive, section F (française).
Sommaire
Identités
- État civil : Jean Bouguennec
- Comme agent du SOE, section F :
- Nom de guerre (field name) : « Max »
- Code opérationnel : BUTLER (en français MAÎTRE D’HÔTEL)
- Alias : Francis Garel
- Fausse identité : Francis le Guen
Situation militaire : SOE, section F, General List ; grade : lieutenant ; matricule : 257217.
Famille
- Ses parents : Jean et Maria Bouguennec.
- Sa femme : Lysane-France Bouguennec, Joinville-le-Pont, Seine, France.
Éléments biographiques
Premières années
Jean Bouguennec naît le 25 juillet 1912 à Saint-Eloy (Finistère).
Ses études vont jusqu'à l'École normale supérieure. Pendant la guerre d'Espagne, il s'engage dans la lutte antifasciste.
Débuts de l'action[1]
Journaliste, il se fixe à Marseille après sa démobilisation. Il se trouve à peu près sans ressource et, le 16 août 1941, il y fait la connaissance de Gilbert Turck (alias « Crista »), qui le charge d'accomplir une mission de liaison à Châteauroux, le 17 août : il doit s'adresser au garagiste Marcel Fleuret et lui remettre un mot pour « Georges » (Georges Bégué) et en rapporter une éventuelle commission. Le 18 août, Bouguennec est à Châteauroux et s'adresse à Fleuret. Il attend « Georges » plusieurs jours et finit par le rencontrer. Celui-ci, après avoir appris que « Crista » se trouve à Marseille, fait savoir à Bouguennec qu'il lui fera transmettre une adresse qu'il ne connaît pas encore et qu'il espère voir « Crista ». Le 24 août, Bouguennec est de retour à Marseille et rend compte à « Crista » de sa mission, pour laquelle il a perçu 1500 francs. « Crista » lui propose alors de faire partie de l'organisation, le SOE. Bouguennec accepte. Il doit gagner 2500 francs par mois, plus 100 francs de frais de déplacement par jour. Ses voyages doivent lui être remboursés. « Crista » lui verse immédiatement une mensualité. Bouguennec est alors informé que « Crista » a une villa à Marseille, la Villa des Bois. Une nouvelle mission est confiée à Bouguennec. Il doit retourner à Châteauroux pour y prévenir « Georges » que « Crista » part en voyage et passera par Châteauroux. Il doit aussi se mettre à la disposition de « Georges » au cas où celui-ci aurait besoin de lui. Arrivé à Châteauroux le 28 août, Bouguennec y voit « Georges » aussitôt, qui lui dit ne pas avoir besoin de ses services. À plusieurs reprises, « Georges » le conduit à son domicile, 14 rue des Pavillons. Bouguennec remarque que la femme de ménage appelle « Georges » Monsieur Mercier. Celui-ci fait quelques confidences, notamment sur son passé militaire, et, finalement, il lui dit de rentrer à Marseille où « Crista » l'attend.
Bouguennec reste quelques jours à Châteauroux. C'est pendant cette période qu'il participe à l'opération d'un Lysander qui, dans la nuit du 4 au 5 septembre, amène Gerry Morel et remmène Jacques Vaillant de Guélis en fin de mission[2]. Après être resté une dizaine de jours à Châteauroux, Bouguennec retourne à Marseille et se rend à la Villa des Bois, qu'il trouve fermée avec, dans la boîte aux lettres, un papier lui annonçant que « Crista » sera absent plusieurs jours.
À la suite de l'arrestation de Gerry Morel le 3 octobre, une série d'arrestations ont lieu à partir de Châteauroux. Jean Bouguennec est arrêté le 9 octobre. Après un séjour à Périgueux, il est conduit au camp de Mauzac, d'où il s'évade, le 16 juillet 1942, avec dix camarades (voir l'article évasion de Mauzac).
Il part en Angleterre via l'Espagne (traversée des Pyrénées dans la nuit du 28 au 29 août 1942. À l'arrivée, il est recruté par le SOE et reçoit plusieurs mois d'entraînement dans les écoles d'entraînement spécial pour devenir agent secret en France.
Mission en France
Il reçoit la mission suivante : monter et diriger le réseau BUTLER, dans la Sarthe.
Il est parachuté à l'aveugle le 2 mars 1943, à Dissay-sous-Courcillon, en même temps que Marcel Rousset « Léopold », opérateur radio, et Marcel Fox « Ernest ». L'atterrissage se passe mal : ils perdent tous leurs bagages, y compris le poste radio de Rousset ; et Jean Bouguennec, tombé sur un arbre, se casse la cheville. Il est soigné par un médecin du lieu, le docteur Goude.
Le 14 avril, arrive un adjoint, Gabriel Chartrand « Dieudonné ».
En mai, tout est rentré dans l'ordre. Jean Bouguennec est rétabli. Marcel Rousset, qui a été dépanné avec l'aide du réseau Prosper-PHYSICIAN, peut commencer à émettre. Deux groupes ont été montés : l'un à Château-du-Loir, dirigé par le docteur Goude ; l'autre à Sablé-sur-Sarthe, dirigé par Lemore, un marchand de glace. Les opérations ont lieu : cinq parachutages, ainsi que des sabotages ferroviaires (déraillements, destructions de trois locomotives entre Sablé et Angers).
Marcel Fox va créer son propre réseau du côté de Meaux. Il aime bien revenir, de temps en temps, faire visite à ses amis.
Aux mains de l'ennemi
Le 7 septembre 1943, la Gestapo arrête tout le groupe réuni pour déjeuner chez Lucile Blanchard, 61, rue de la Condamine, à Paris 17e : Jean Bouguennec, Marcel Fox, Marcel Rousset, Adrienne Blanchard, agent de liaison, Lucile Blanchard (née Huart).
En avril 1944, Jean Bouguennec et Marcel Rousset sont envoyés à Ravitsch. En mai 1944, ils sont ramenés à Paris, parce que les Allemands pensent pouvoir obtenir d'eux des éléments dont ils ont besoin pour répondre à des questions posées par Londres, qui n'avait pas encore réalisé que le réseau était entre les mains de l'ennemi. Ils sont alors internés dans les locaux de la Gestapo, place des États-Unis.
Le 8 août, Jean Bouguennec est déporté à Buchenwald. Il y est exécuté le 10 septembre 1944, pendu au crématoire.
Reconnaissance
Distinctions
- Grande-Bretagne : Membre de l’Ordre de l'Empire britannique (Division Militaire)
Monuments
- En tant que l'un des 104 agents de la section F morts pour la France, Jean Bouguennec est honoré au mémorial de Valençay, Indre, France.
- Brookwood Memorial, Surrey, panneau 21, colonne 3.
- Plaque apposée sur le mur de l'immeuble (61 rue La Condamine, Paris 17e) où il a été arrêté par la Gestapo le 7 septembre 1943, en même temps que Marcel Rousset, Marcel Fox, Adrienne Blanchard et Lucile Blanchard. Inauguration officielle : 27 avril 2009.
- au camp de Buchenwald, une plaque, inaugurée le 15 octobre 2010, honore la mémoire des officiers alliés du bloc 17 assassinés entre septembre 1944 et mars 1945, notamment vingt agents du SOE, parmi lesquels figure « Bouguennec, Lt. J. ».
Notes et références
- Source : Maurice Nicault, p. 97-98.
- Source : Beaussier, p. 64.
Sources
- J.D. Sainsbury, Le Mémorial de la section F, Gerry Holdsworth Special Forces Charitable Trust, 1992
- Fiche Francis Garel : voir le site Special Forces Roll of Honour.
- Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, ISBN : 978-2-84734-329-8 / EAN 13 : 9782847343298. Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
- Maurice Nicault, Résistance et libération de l'Indre. Les insurgés, coll. passé simple, Royer, 2003, ISBN 2-908670-85-2.
- Libre Résistance, bulletin d’information et de liaison, anciens des Réseaux de la Section F du S.O.E. (Special Operations Executive), Réseaux BUCKMASTER, n° 25, 1er trimestre 2009.
- Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographié (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable à la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 37, BUTLER CIRCUIT.
- Patrice Beaussier, Max Hymans (1900-1961) le doyen de la Résistance, mémoire collectif, collège Balzac d'Issoudun, 1993.
- René Lefèvre, Le Film de ma vie 1939-1973, Éditions France-Empire, 1973 ; témoignage sur Jean-Paul Bouguennec p. 70-71.
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