Influence de l'URSS sur le conflit israélo-palestinien durant la guerre froide

Influence de l'URSS sur le conflit israélo-palestinien durant la guerre froide

Près de 1650 résolutions ont été votées par l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité et les différentes commissions de l'ONU depuis 1947 en rapport aux conflits entre Israël, la Palestine et les pays arabes. C'est un des plus importants conflits qui mobilisent les instances internationales depuis leur création. Le système ONU, mandataire pour régler ce conflit depuis 1947, n'a réussi qu'à modérer les efforts de guerre sans jamais trouver de solution durable, car constamment freiné par les intérêts des grandes puissances. Ceci démontre comment les relations internationales qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale ont évolué au rythme de l'affrontement entre le bloc communiste, soit l'URSS et ses pays satellites, et le bloc occidental mené par les États-Unis. Au cœur de ces relations internationales, le conflit israélo-palestinien ne fait pas exception.

Cela dit, bien avant la Seconde Guerre mondiale, les empires égyptien, babylonien, romain, byzantin et perse se sont disputés autour d'un territoire nommé Palestine. Cette région méditerranéenne était à l'origine convoitée pour ses richesses naturelles, mais son attachement aux religions monothéistes poussèrent certains empires à sa destruction et d'autres à sa reconstruction. Lorsque le marché des produits tropicaux prit de l'expansion et que Vasco de Gama connecta directement l'Inde et l'Europe, le canal de Suez devint un objectif important. Inauguré en avril 1859, le canal fut administré par le Royaume-Uni, alors maître de l'Égypte (de 1882 à 1956).

Au XXe siècle, la route des épices se transforme alors en la route de l'or noir. Tous ces facteurs ont tranquillement transformé et transposé le conflit israélo-palestinien dans le temps en fonction des intérêts économiques et géopolitiques des grandes puissances de ce monde. L'une d'entre elles, sans doute une des plus influentes lors de la Guerre froide, est l'URSS. Par sa proximité géographique, l'implication de l'URSS au Moyen-Orient est davantage pertinente à étudier. De plus, son implication politique et idéologique remonte à l'époque des tsars de Russie. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que les régimes communistes étaient imposés aux pays d'Europe de l'Est, la tâche allait s'avérer beaucoup plus difficile au Moyen-Orient. Nous allons donc évaluer l'influence de l'URSS sur le conflit israélo-palestinien jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, durant la guerre froide et jusqu'à sa chute, en élaborant les différents enjeux géopolitiques.

Sommaire

Origines du conflit dans la région de Palestine

Dans ce conflit, il n'est pas pertinent de chercher qui était là le premier et ce n'est pas le but de ce retour historique.

Origine de la Palestine

Pour une chronologie et des indications détaillées, voir l'article Histoire de la Palestine.

Le peuple sémitique Cananéen habitait le territoire de Palestine dès le IIIe millénaire av. J.-C. L'histoire des Cananéens se termine lorsqu'à la fin du Ier millénaire av. J.‑C., les Philistins s'établissent dans la partie méditerranéenne de la Palestine et les Hébreux sur les plaines de la Judée et de la Samarie. La tribu des fils d'Israël émigra en Égypte et s'y établit tant que les Hyksos dominèrent l'Égypte.

Lorsque l'Égypte reprit son indépendance (1567 av. J.-C.), les Hébreux furent soumis à l'esclavage. C'est alors que Moïse dirigea la sortie du peuple d'Israël d'Égypte et, marchant vers la terre promise de Canaan, leur donna les Tables de la Loi inspiré de Yahvé. Après plusieurs conflits avec les peuples environnants, le roi David (1010/971 av. J.-C.) renforça le royaume israélite. Son fils Salomon poursuivra son œuvre (971/931 av. J.-C.) et fera construire un temple à Jérusalem.

Des suites de querelles internes, le peuple d'Israël se divisa en deux à la mort du roi David : au nord, le royaume d'Israël et au sud le royaume de Juda. En 721 av. J.-C., le royaume d'Israël tomba sous la domination assyrienne. Puis, en 609, le royaume de Juda était tombé sous le contrôle de l'Égypte, pour ensuite être conquis par Nabuchodonosor, roi de Babylone. Nabuchodonosor incendia le temple de Salomon, déporta la population en Babylonie et y amena des peuples païens. Ce qui marque la première déportation « juive ». L'exil est bref (587/539 av. J.-C.), car l'empire babylonien s'effondre devant l'empire perse, lequel sera plus ouvert aux autres religions. Au retour d'exil, « les Israélites maintinrent et approfondirent leurs traditions religieuses, notamment grâce à l'enseignement et à l'activité de prophètes […]. La religion d'Israël affirma dorénavant les notions de la responsabilité et du salut personnel (Job), la négation des autres dieux et la puissance de Yahvé sur toute la Terre, marquant ainsi le passage progressif au véritable monothéisme (Deutéro-Isaïe). »

Au milieu du Ve siècle av. J.-C., les Juifs reconstruisent le Temple, lequel est détruit à nouveau, par l'empereur romain Titus en l'an 70 de notre ère. « Des milliers de Juifs furent vendus comme esclaves et leurs terres partagées entre les soldats romains ». Ces événements divisent les Juifs entre ceux qui « acceptent plus ou moins cet état des choses et ceux qui espèrent, en se référant aux anciens prophètes, une intervention divine qui les délivrerait ».

Jésus était juif et se disait être le fils de Dieu, ce messie tant attendu par les Juifs. C'est dans la région de Jérusalem qu'il accomplit plusieurs de ses miracles et qu'il convainquit ses disciples. Les chefs religieux juifs ne l'acceptent pas et Jésus est crucifié par les Romains aux alentours de l'an 30. La religion catholique est née. Les romains, pour la plupart païens, étaient réticents face à la religion catholique qui refusait d'être égale aux croyances païennes. C'est l'empereur Constantin (306/337) qui par toutes sortes de mesures imposa le christianisme aux Romains. Pour la première fois, il apparut en ce IVe siècle l'antijudaïsme, accusation de déicide portée sur les Juifs. C'est depuis cette époque que les Juifs sont persécutés partout en Europe.

Vers 570, à La Mecque (située en Arabie saoudite), naît Mahomet. C'est vers l'âge de 40 ans qu'il recevra la visite de l'ange Gabriel qui le nomme prophète de Dieu et lui transmet le message divin : « Il n'y a de Dieu que Dieu et Mahomet est l'Envoyé de Dieu ». Inspiré du christianisme, Mahomet serait donc, tout comme Jésus, un prophète envoyé par un Dieu unique. C'est ensuite en 632, dans le Dôme du Rocher, à Jérusalem, qu'il s'envola vers le septième ciel. La religion islamique est née.

L'émergence du conflit israélo-palestinien

Vers la fin du XIXe siècle, la montée du nationalisme, notamment en France, fait ressurgir l'antisémitisme. En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, un officier juif de l'armée française, est accusé de trahison à tort, probablement à cause de l'atmosphère antisémite de l'époque. Entre 1881 et 1908, près de 2,5 millions de Juifs quittèrent la Russie. Plus de 2 millions d'autres Juifs quittèrent l'Europe occidentale pour les États-Unis, le Canada, l'Afrique du Sud et le Brésil.

En 1896, Theodor (Binyamin Ze'ev) Herzl, écrit un livre intitulé Der Judenstaat, soit l'État juif. Il affirme que l'essence du problème juif est d'ordre national (offrir une sécurité au peuple) et non individuel. Que le problème juif peut se transformer en une force positive en établissant un État juif avec l'accord des autorités internationales. Il voyait donc la question juive comme une question d'ordre politique internationale et que cette question devrait être déployée dans la sphère de la politique internationale. Le mouvement sioniste est né.

Le 2 novembre 1917, Lord Arthur James Balfour déclare :

« Le gouvernement de sa Majesté [sous-entendu : Britannique] voit favorable l'établissement en Palestine de la « maison » nationale pour le peuple juif, et fera des efforts pour en faciliter l'accomplissement. Il est clairement entendu qu'aucune action ne peut être prise pouvant porter préjudice aux droits des communautés « non-juives » et palestiniennes ou aux droits et statut politiques dont jouissent les Juifs habitants dans d'autres pays. »

Des suites de la Première Guerre mondiale, une vague d'immigrants juifs arrive en Palestine. À partir de ce moment, commencent alors les hostilités entre Juifs et Arabes, lesquelles se poursuivent jusqu'à aujourd'hui.

L'URSS et la question juive jusqu'à la Seconde Guerre mondiale

Les juifs de l'URSS

L'intérêt pour la Palestine remonte à l'époque des tsars de Russie, lesquels affectionnaient particulièrement Jérusalem par leur appartenance à l'Église orthodoxe. Vers la fin du XIXe siècle, son implication au Moyen-Orient se traduit par la Société russe pour la Palestine, laquelle opère au Liban, en Palestine et en Syrie. En Palestine, les Russes construisent plusieurs écoles, églises et hôpitaux via la Société orthodoxe russe pour la Palestine et la Mission ecclésiastique russe.

L'URSS cohabitait également avec une importante communauté juive, laquelle, inspirée du mouvement sioniste, aspire à un retour à la terre promise. Cette communauté d'environ 5 millions de Juifs était mise en marge du reste de la société, car, selon l'Église orthodoxe, les paysans devaient être protégés des pratiques religieuses étrangères, des infidèles, des Juifs. Ces mesures alimentent certainement l'antisémitisme parmi la population soviétique, mais poussent également les Juifs à s'organiser. En 1884, la société « Hoverei Zion » (amoureux de Zion) prend forme et organise activement l'établissement de colonies en Palestine. Très rapidement, par son organisation, sa participation active et son ampleur, la diaspora juive d'URSS représente une force majeure au sein de l'Organisation sioniste mondiale.

La Révolution russe de mars 1917 transpose le problème juif à la bourgeoisie juive. Pour Lénine, la révolution prolétarienne devait aussi se faire chez les Juifs. Lénine tente d'implanter un mouvement communiste juif, lequel s'estompe face à l'antisémitisme général. Quelques mois plus tard, la Déclaration de Lord Balfour effraie les communistes. En plus d'être déclarée par l'ennemi, le Royaume-Uni, cette affirmation risque de détourner le mouvement communiste juif de son objectif russe. Comme de raison, la déclaration de Balfour, conjointement à un antisionisme grandissant, associé au capitalisme britannique, donne une raison de plus au mouvement sioniste russe de grandir. Le gouvernement soviétique déclare alors, le 7 mai 1934, le Birobidzhan région autonome juive. Ce plan visait à relégitimer la thèse sioniste en offrant une terre d'accueil aux Juifs.

Le communisme en Palestine

En 1919, on assiste en Palestine à l'émergence du premier parti politique regroupant à la fois des Arabes et des Juifs : le « Socialist Workers' Party », devenu le « Palestine Communist Party » (PCP) en 1921. Cette organisation reprend le discours antisioniste russe. Lors des émeutes de 1929 à Jérusalem, émeutes qui marquent le début des combats entre Arabes et Juifs, le PCP devient principalement un parti extrémiste arabe. Cependant, il devient difficile de garder de bonnes relations avec l'URSS lorsque celle-ci signe avec l'Allemagne nazie un Pacte germano-soviétique.

Le « white paper » britannique

Les violences augmentant entre Arabes et Juifs, le Royaume-Uni tente par tous les moyens d'amener les deux partis, c’est-à-dire la « Jewish Agency » et le groupe arabe représenté par Mufti Haj Amin al-Husseini, à discuter lors de la conférence de St-James de 1939. Les partis refusant de discuter face à face, le Royaume-Uni agit comme médiateur.

N'arrivant à aucune entente, le Royaume-Uni publie le célèbre « white paper ». Ce document stipule principalement qu'il n'est pas dans l'intention du Royaume-Uni de faire de la Palestine un État exclusivement juif ; qu'il n’est pas dans l'intention du Royaume-Uni de faire de la Palestine un État exclusivement arabe ; qu'après une transition de 10 ans, la Palestine devra être un État indépendant où Arabes et Juifs partageront le même gouvernement et les mêmes droits ; que l'immigration juive serait limitée à 75 000 sur une période de 5 ans ; que le transfert aux Juifs de terres d'Arabes serait strictement défendu dans la grande partie du pays.

Le jeu diplomatique de la Seconde Guerre mondiale

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'URSS semble se désintéresser partiellement du Moyen-Orient (sauf en ce qui concerne l'Iran, via lequel l'URSS recevra la moitié de l'aide américaine). Pendant ce temps, à Londres, Washington et Ankara, se joue un jeu « politico-sioniste » des plus importants. En février 1940, Ivan Maïski, ambassadeur soviétique à Londres, sioniste et influant homme politique, rencontre le grand rabbin de Palestine, Isaac Halevi Herzog.

S'ensuit une rencontre entre Maïski et Chaim Weizmann, président de l'OSM. Ils discutent d'abord d'échanges commerciaux pour ensuite aborder la question juive en Palestine. Les relations entre l'URSS et les sionistes restent difficiles à cause du pacte germano-soviétique. Cependant, l'opération hitlérienne Barbarossa de juin 1941 leur donne un second souffle. S'ensuit une série de communications et d'échanges entre Maïski, Weizmann, David Ben-Gurion (président de la « Jewish Agency »), Mazime Litvinov (ancien commissaire aux Affaires étrangères devenu ambassadeur soviétique aux États-Unis) et Sergueï Vinogradov (ambassadeur soviétique à Ankara, Turquie).

Le Kremlin « se méfie par-dessus tout des groupes nationaux (faisant référence au mouvement sioniste d'URSS) qui entretiennent des relations avec des États et des mouvements politiques à l'extérieur de l'URSS (soit Israël)... » Cependant, le Kremlin ne peut se passer de l'énorme influence diplomatique de Maïski et lui demande d'agir en sollicitant de l'aide en armement militaire aux États-Unis. Les démarches diplomatiques à Washington, Londres et Ankara portent fruit. En 1941, à Moscou, la rencontre de la Ligue du V, représentant le peuple juif, est radiodiffusée. La même année, le Royaume-Uni et les États-Unis forment un « comité public d'aide à l'URSS en guerre contre le fascisme ». En mars 1945, la Ligue arabe, composé de l'Égypte, la Jordanie, la Syrie, le Liban, l'Irak, l'Arabie saoudite et le Yémen, fait son apparition. Elle est immédiatement perçue par l'URSS comme un détournement de l'impérialisme britannique pour empêcher l'émergence d'un nationalisme israélien.

Un plan de partage controversé (1947)

La Première Guerre mondiale se termine entre autres par l'effondrement de l'empire ottoman et par la distribution des territoires aux Britanniques et aux Français. La Société des Nations adopte alors l'article 22 qui propose aux pays sous le contrôle britannique d'être aidés dans leur gestion économique, sociale et politique jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment autonomes. Un seul pays ne sera jamais autonome : la Palestine. Ce bout de terre était effectivement conservé dans le but précis de poursuivre les objectifs de la déclaration de Balfour.

De 1922 à 1947, la Palestine était administrée par les Britanniques. Durant ces années, une immigration massive juive s'ensuivit, notamment des suites des persécutions nazies sur la population juive dans les années 1930 et durant la Seconde Guerre mondiale. De 1920 à 1930, près de 100 000 Juifs ont immigré en Palestine où la population en 1922 était estimée à 750 000 habitants. Une résistance palestinienne s'organisa et s'ensuivit la rébellion de 1937 et d'actes de violence de part et d'autre.

En 1947, dans l'impossibilité d'apporter une solution pacifique aux différents entre juifs et arabes de Palestine, le Royaume uni annonce qu'il souhaite remettre son mandat sur la Palestine à l'ONU. Cette dernière met sur pied un comité spécial, l'UNSCOP pour étudier la problématique. Suite aux recommandations de ce dernier, le 29 novembre 1947, la résolution 181 intitulée « Futur gouvernement de la Palestine » est votée. Cette résolution accorde, entre autres, 55 % du territoire à la minorité juive.

Dès le lendemain de la déclaration la Guerre civile éclate en Palestine. La violence entre Arabes et Juifs va croissant. Début janvier, des volontaires arabes entrent en Palestine pour se battre au côté des Palestiniens. Fin janvier, on décompte près de 2000 morts. La population juive de Jérusalem est assiégée. Début avril, les forces paramilitaires juives lancent une offensive et conquièrent Tibériade, Haïfa, Safed, Beisan, Jaffa et Acre, ce qui provoque l'exode d'entre 250,000 à 300,000 Palestiniens en plus des 100,000 des mois précédents. Plusieurs massacres sont commis de part et d'autre. Le 14 mai l'Etat d'Israël est proclamé et le lendemain, des armées arabes entrent en Palestine. Après un mois de combats très rudes, les 2 camps acceptent une trève. Celle-ci est mise à profit par Israël pour équiper son armée et prendre l'ascendant sur les armées arabes. Les 6 mois suivants, en une série d'opérations militaires séparées de trèves, les armées arabes sont basculées et l'armée israélienne s'empare de la Galilée, d'une partie de la Judée, élargit le corridor de Jérusalem et chasse les Égyptiens du Néguev. Ses opérations s'accompagnent de nombreux massacres et d'expulsions de Palestiniens. Environ 300,000 réfugiés rejoignent les précédents. Plus de 700,000 réfugiés seront dans l'impossibilité de retourner dans leurs foyers après la guerre.

L'après-guerre et la Guerre froide

La création d’Israël (1948)

Le but premier de Moscou était d'éliminer la présence britannique au Moyen-Orient et d'y étendre le communisme. Après avoir signé des accords avec l'Iran, l'URSS tombe face à face avec les États-Unis en tentant d'acquérir les provinces turques d'Ardahan et Kars. Considérant la Ligue arabe comme une extension de l'impérialisme britannique, l'URSS exclut cette option. De plus, des mouvements voulant expulser l'impérialisme des pays arabes émergent tranquillement en Irak, en Égypte et en Iran. Moscou adopte alors à la surprise de tous une position favorable à la construction d'un État juif en Palestine. Certes, ils craignaient que la diaspora juive d'URSS s'agite, mais aux yeux du Kremlin, c'était la seule solution. Lorsqu'Israël se proclama État indépendant en 1948, les États-Unis ont appuyé de facto (de manière non juridique) le nouvel État, alors que l'URSS appuya de jure (juridiquement reconnu) Israël et fournira le nouvel État en armement contre l'invasion arabe de 1948. Ce qui permit à Israël de sortir vainqueur, et en plus de conquérir davantage de territoire. De plus, Laurent Rucker rapporte que plus de 300 000 Juifs sont arrivés d'Europe de l'Est entre mai 1948 et 1951.

Israël s'oriente vers l'Ouest (1951)

De 1951 à 1953, les relations entre Israël et l'URSS se dégradent. Depuis la collaboration entre ces deux pays (1948), les mouvements sionistes, lesquels voient en l'immigration massive une ligne directrice, ont dans leur mire un des deux plus importants foyers de la diaspora juive : l'URSS. Cependant, l'URSS a travaillé des dizaines d'années à la « socialisation » des juifs russes (les orienter vers le socialisme) afin d'y enrayer l'esprit sioniste.

Dans les années 1950, une vague d'antisémitisme apparaît après l'arrestation d'un écrivain yiddish en 1948. Voyant ces évènements comme un manque de respect à la communauté juive soviétique, Israël commence à prendre ces distances dans ses relations avec Moscou. De son côté, Israël voit la guerre froide s'installer. Alors que l'URSS refuse l'aide du plan Marshall et que l'OTAN prend forme, le bloc soviétique impose le communisme. Après la création du Kominform (octobre 1947), le coup de Prague de février 1948, suivi du blocus de Berlin de juin 1948, marque la fracture est/ouest. De plus, la Chine communiste est reconnue par l'URSS dès 1950. Les États-Unis s'organisent alors de plus en plus vers un blocus limitant l'expansion communiste au Moyen-Orient. Israël, étant alors au cœur de tous ces déboires, fait les premiers pas et choisit d'appuyer toutes décisions de l'ONU en faveur des États-Unis dans la défense de la Corée du Sud envahie par la Corée du Nord.

La mort de Staline (1953)

L'arrivée d'Eisenhower à la tête de l'administration américaine en 1952 mit fin au blocus anticommuniste au Moyen-Orient et mit plutôt l'emphase sur l'élaboration d'un vaste réseau d'armes nucléaires et thermonucléaires dispersées tout autour de l'URSS. Proposée par les États-Unis et amenée par le Royaume-Uni, cette politique américaine mène à la signature du pacte de Bagdad en 1955 entre l'Irak, la Turquie, le Royaume-Uni, le Pakistan et l'Iran (l'Égypte refuse de signer). La ceinture occidentale était alors resserrée sur Moscou, et Israël était donc écarté de la stratégie américaine, laquelle visait d'abord les pays arabes.

Le 5 mars 1953, la mort de Staline marque l'assouplissement des relations entre l'URSS et Israël. Mais cette reprise était plutôt utilitaire. Israël, étant déconnecté du Golfe Persique par le blocus de ses bateaux dans le canal de Suez par l'Égypte de Nasser, conclut un accord sur de grosses importations de pétrole russe. De plus, l'accord britannico-égyptien de 1954 prévoyait le retrait total de l'armée britannique de l'Égypte, ce qui fait bien l'affaire de l'URSS.

Cependant, Israël accueille froidement cet accord, lequel ne fait pas état du blocus contre ses bateaux dans le canal de Suez. De plus, cet accord donne à l'Égypte libre accès à la péninsule du Sinaï, laquelle a une frontière directe avec Israël. Israël se trouve alors isolé et demande de l'aide à l'OTAN et aux États-Unis, lesquels refusent afin de ne pas contrarier le non-alignement arabe et, par conséquent, assurer le bon fonctionnement du pacte de Bagdad. Est-ce à cause de cet isolement qu'Israël lança un raid sur Gaza (sous contrôle de l'Égypte depuis 1948) en février 1955 ? Il est aussi possible qu'Israël veuille démontrer sa puissance à l’Égypte. Voyant également d'un mauvais œil le pacte de défense mutuel entre l'Égypte et la Syrie, le 11 décembre 1955 Israël attaque les positions syriennes sur la rive du lac de Tiberiade afin de démontrer que l'Égypte n'est pas en mesure de défendre le territoire syrien.

Crise du canal de Suez (1956)

L'Égypte, désireuse de se réarmer devant la menace israélienne, demande de l'aide militaire à l'Occident. Les États-Unis, et tout spécialement le secrétaire d’État John Foster Dulles, un anticommuniste radical, refusent l'aide à cause du non-alignement de l'Égypte de Nasser. La France refuse également et demande à l’Égypte d'arrêter l'aide qu'elle fournit à l'insurrection algérienne. L'Égypte se tourne alors vers l'URSS, laquelle accepte immédiatement via un accord avec la Tchécoslovaquie. Cette aide militaire accordée à l'Égypte de Nasser marque un point tournant dans les relations entre l'URSS et les pays arabes. Cela dit, Israël voit cet accord comme un affront et une menace à sa sécurité.

Afin de passer outre le refus d’une aide financière des États-Unis pour la construction du Haut barrage d'Assouan (refus qui pour la première fois fit pencher Israël du côté des États-Unis), Nasser nationalise le canal de Suez en juillet 1956. Cette position est la bienvenue à Moscou qui félicite son détachement des puissances de l'Ouest. Le Royaume-Uni et la France, voulant reprendre le contrôle du canal de Suez par lequel transitent des millions de tonnes de pétrole arabe destinées au marché européen, acceptent de fournir à Israël les armes nécessaires afin d’équilibrer les forces.

Le 29 octobre 1956, les forces israéliennes envahissent la péninsule du Sinaï. L'atteinte du canal de Suez n'était pas leur objectif, car le 30 novembre, un ultimatum franco-britannique de douze heures est donné à l'Égypte pour qu'elle accepte une occupation temporaire des ports de Said, Ismailia et de Suez. Israël accepte immédiatement cet ultimatum, mais l'Égypte refuse. Ce qui marque le début de l'action militaire israélo-franco-britannique contre cette dernière le soir même.

On comprend la position pro-arabe de l'URSS dans cette guerre. De plus, le canal de Suez permettait aux navires russes partant de la mer Noire d'atteindre l’océan Indien bien plus facilement que par Vladivostok. Mais qu'est-ce qui a poussé le président Eisenhower à ordonner le cessez-le-feu au côté de l'URSS ? Ni la France ni le Royaume-Uni ni Israël n'auraient averti les États-Unis de ce complot. C’est exactement ce qui, selon Ira Hirschmann, aurait fait « perdre la tête » à Eisenhower et Dulles. De plus, ce serait donc après avoir communiqué avec Ben-Gourion, alors premier ministre et ministre de la Défense d’Israël, que le président Eisenhower aurait demandé un retrait des troupes en Égypte. Ben-Gourion aurait promis de se retirer si les États-Unis, par le biais de l’ONU, allaient assurer la libre circulation des navires israéliens sur le canal. Les recommandations américaines furent alors votées et acceptées à la résolution 118 du Conseil de sécurité de l’ONU le 13 octobre 1956.

La guerre des Six Jours (1967)

En 1956, la guerre de Suez se termine par le retrait des troupes israéliennes de la péninsule du Sinaï sous les pressions des États-Unis et de l'URSS et l'interposition de la Force d'Urgence des Nations unies (FUNU). La paix est ensuite maintenue jusqu'en 1967 par un jeu d'alliances politiques fragiles. L'Égypte et la Syrie, sous l'aile de l'URSS, forment la République arabe unie (RAU, février 1958), tandis qu’Israël était supporté par les États-Unis. Les États-Unis étaient prêts à appuyer Israël dans sa défense contre le communisme, mais pas au point de compromettre ses relations avec l’Irak, l’Iran et la Turquie.

Dans les années 1960, le projet israélien du « National Water Carrier » voulait détourner, entre autres, l’eau de la rivière Yarkon, laquelle se jette dans le Jourdain, afin d’alimenter le lac de Tibériade, principale réserve d’eau d’Israël. Il sera complété en 1964. Pour contrer cette initiative, la Syrie et la Jordanie veulent assécher la rivière Yarkon. Il en résulte un conflit permanent entre la Syrie, la Jordanie et Israël. Puis, en 1964, lors d'un sommet de la Ligue arabe au Caire, l'Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) est créée, suivie de al-Fatah (une branche très active de l'OLP) en 1965 en Syrie.

Donc, à la veille de 1967, il y a plusieurs forces idéologiques et géopolitiques qui s'affrontent. D'abord la RAU et Israël, les pays arabes « conservateurs » (Yémen du Nord allié à l'Égypte) et les pays arabes « progressistes » (Yémen du Sud allié à l'Arabie Saoudite), les pays arabes prosoviétiques (Égypte, Syrie) et les proaméricains (Arabie Saoudite, Iran). Arrive le jeu politique de l'URSS. Il consiste à maintenir à Damas de fortes pressions sur le gouvernement syrien prosoviétique, lequel voyait sa légitimité être constamment remise en question par des mouvements nationalistes internes voulant passer à l'offensive contre Israël.

Dans les premiers mois de 1967, une attaque d'al-Fatah tuant des villageois israéliens se termine en un raid aérien israélien en territoire syrien. Pour Ira Hirschmann, les évènements qui suivront la guerre des Six Jours sont le résultat d'une manipulation diplomatique de l’URSS qui a mal tourné. Selon Hirschmann, Andrei Gromyko, alors ministre des Affaires étrangères soviétique, aurait rencontré secrètement Nasser. Moscou voulait relâcher la tension à la frontière de la Syrie en distrayant Israël dans la péninsule du Sinaï. Donc, pour conserver les dirigeants prosoviétiques à Damas, il demanda à Nasser de pénétrer la péninsule du Sinaï en ayant pris soin de demander à l’ONU de retirer la FUNU. Cependant, Nasser, voyant l'enthousiasme des pays arabes et la tension augmenter entre la Syrie et Israël, prend l'initiative de couper les vivres d’Israël en bloquant le détroit de Tiran, la principale voie de ravitaillement israélienne. Le 5 juin 1967, Israël conquit la bande de Gaza, la péninsule du Sinaï jusqu’à Sharm Esh-Sheikh, la Cisjordanie et les plateaux du Golan. La guerre se termina rapidement entre autres par le ravitaillement aérien de la flotte israélienne par les Américains, ce qui leur permit d’attaquer l'Égypte par la mer, ce que les Égyptiens n’avaient pas prévu . Israël conserva l’intégralité des territoires conquis jusqu’en 1973.

La guerre du Kippour (1973)

L'URSS s'était grandement investie dans la politique de détente avec les États-Unis afin d'éviter tout affrontement, notamment par la ratification du Traité de non-prolifération nucléaire (juillet 1968) et sa non-intervention directe dans la guerre du Viêt Nam (1965-1973). L'URSS espérait du même coup assurer sa domination économique et politique dans les pays d'Europe de l'Est et conserver ses alliés au Moyen-Orient. Cependant, l'Égypte et la Syrie veulent reprendre possession des territoires occupés par Israël depuis 1967. Ce qui ne convient pas à Moscou, qui ne veut surtout pas un affrontement contre des intérêts américains. Ce désaccord entrave les relations diplomatiques entre Moscou et Sadate sans toutefois trop affecter les échanges économiques.

Sadate voit la rencontre de mai 1972 entre Richard Nixon et Léonid Brejnev comme un commun accord visant l'inaction et le maintien du statu quo soviétique au Moyen-Orient afin de ne pas provoquer de confrontation entre les grandes puissances. Sadate demande alors à Moscou de retirer ses 20 000 conseillers militaires pour prouver son indépendance politique et militaire. La réplique est rapide et Moscou retire un peu plus que demandé. Moscou se tourne alors vers la Syrie. Celle-ci ne possède cependant pas la superficie de l'Égypte, son gouvernement n'est pas aussi stable et favorable à l'URSS qu'en Égypte et bien qu'elle ait un port sur la mer Méditerranée, sa position n'est pas aussi avantageuse que le canal de Suez égyptien. En bref, l'URSS, ne pouvant pas se passer de l'Égypte, renoue les échanges diplomatiques en février 1973 et fournit d'importantes livraisons d'armes à l'Égypte.

Cependant, Moscou maintient sa position et préfère la solution diplomatique aux tensions avec Israël. Peu avant le début de la guerre, la Syrie et l’Égypte tentent une campagne de désinformation voulant un bris des relations syrio-soviétiques afin qu'Israël ne soupçonne pas la guerre. Moscou se dissocie totalement de cette campagne, bien qu'elle ait été ciblée. Le 6 octobre 1973, jour de la grande fête religieuse du Yom Kippour, les Égyptiens pénètrent dans le Sinaï et maintiennent leurs positions à une quinzaine de kilomètres. Du côté syrien, les Israéliens repoussent l'attaque et avancent vers Damas, puis redirigent ses troupes vers l'Égypte et encerclent les troupes de la IIIe armée égyptienne sur le Sinaï. L'URSS est lente à réagir. Les États-Unis de Kissinger sautent sur l'occasion et sortent l'Égypte de l'impasse. Cette initiative américaine mènera aux accords de Camp David entre l'Égypte, Israël et les États-Unis et à la signature d'un traité de paix entre l'Égypte et Israël le 26 mars 1979. Évidemment, Kissinger avait exclu l'URSS de ces discussions afin de les orienter à son goût.

L'Égypte reprend alors possession du Sinaï, ce qui marque un léger apaisement dans les tensions israélo-arabes. Aujourd'hui, au nord, une grande partie du plateau du Golan serait sous la juridiction d'Israël, alors qu'une bande entre la Syrie et Israël est sous le contrôle de l'ONU. La Syrie tente toutefois de négocier pour reprendre le plateau. En ce qui concerne la Cisjordanie, ce territoire est considéré comme étant occupé par les forces militaires israéliennes. Durant cette guerre, Moscou a tenté à plusieurs reprises de dissuader les pays arabes d’entrer en guerre. Bien qu'elle ait été au courant qu'ils se préparaient à l'attaque, elle n'a pas joué de rôle proactif dans l'organisation et le déclenchement de la guerre.

Climax, enlisement et chute de l'URSS

Dans les années qui suivent, « détente » est le mot d'ordre. De l'intérieur, l'URSS se refait une beauté et au début des années 1980, elle atteint une force militaire et nucléaire jamais égalée. Au Moyen-Orient, plusieurs pays se tournent vers les soviétiques. Depuis le coup d'État de juillet 1958, l'Irak se rapproche de l'Égypte nassérienne. Dans les années 1970, la nationalisation de l'Iraq Petroleum Company va à l'encontre des intérêts occidentaux et fait un pas de plus en direction de l'URSS. De son côté, la Syrie tente depuis plusieurs années d'accroître son influence dans la région et aimerait surtout avoir son mot à dire dans la résolution du conflit israélo-palestinien. À sa grande satisfaction, le Liban, qui entretenait depuis plusieurs années des relations avec l'Occident, sombre dans la guerre civile (1973) sous la pression arabe qui s'est organisée depuis l'arrivée de réfugiés palestiniens. Cependant, la Syrie n'accepte pas que l'OLP agisse de façon autonome au Liban et impose un cessez-le-feu en janvier 1976.

Pendant plusieurs années, l'Afghanistan opte pour une politique de non-alignement envers l'URSS, l'Occident et la Chine. Des suites d'une grande sécheresse, elle accepte l'aide de l'URSS afin de relancer son pays économiquement. L'Iran, devenu 2e producteur de pétrole au monde derrière l'Arabie Saoudite, connaît un essor économique important aidé par la livraison d'armes à la fine pointe de la technologie par les États-Unis. Toutefois, bien que l'URSS n'ait pas eu d'influence directe, la chute du Chah Mohammad Reza Pahlavi, proaméricain, fait l'affaire de Moscou sans que ce dernier ne réussisse de rapprochement politique.

Cependant, les relations avec la Chine communiste de Mao Zedong, l'enfant prodigue de l'URSS, commençaient déjà à se dégrader. Les ententes conclues entre l'URSS et les États-Unis durant la détente n'ont pas plu à la Chine. Entre les années 1960 et 1963, les soviétiques n'aident pas la Chine lors du conflit frontalier avec l'Inde, retirent leurs experts et conseillers militaires et terminent toutes aides financières et projets de coopérations. Cette division entre le communisme révisionniste de Moscou et révolutionnaire de Pékin marque le début de la chute de l'URSS.

La Syrie a toujours voulu prendre une part plus active dans les négociations du conflit israélo-palestinien. Elle n'a alors d'autre choix que de joindre les rangs de l'URSS en signant le Traité de coopération soviéto-syrien en octobre 1980, tout en gardant une certaine indépendance. De plus, la Syrie représentait la seule option viable pour Moscou au Moyen-Orient. Moscou n'a d'autre choix que de fournir les armes demandées, espérant défaire l'alliance conclue lors de Camp David.

Après la mort de Sadate et l'annexion du plateau du Golan, Israël voit en l'effondrement du Liban de 1982 une occasion rêvée de mettre un terme à l'OLP qui y avait établi son quartier général. En quelques jours, l'opération « paix pour la Galilée », préparée par Ariel Sharon alors ministre de la Défense israélienne, détruit la quasi-totalité de l'armement syrien, ce qui démontre de nouveau la supériorité israélienne dans sa combativité. La Syrie, comme lors des guerres précédentes, accuse Moscou de son inaction et de ne pas lui avoir fourni suffisamment d'armes. Moscou se défend alors de ne pas être intervenu, car l'attaque visait le Liban et non la Syrie, ce qui ne contrevenait pas au Traité de coopération soviéto-syrien. De plus, Moscou souligne la non-intervention des pays arabes qui en dit long sur les fractures idéologiques et politiques au Moyen-Orient.

Toutefois, Monique Paquin précise dans son ouvrage « Les superpuissances et leurs alliés au Moyen-Orient : les stratégies régionales, leurs interactions, leurs incidences sur la question palestinienne » que :

«  Il semble aujourd'hui [1986] que l'URSS ait misé juste en restreignant son intervention au maximum. Ses objectifs d'ouverture vers les États arabes modérés ont enregistré des succès importants. Elle a rétabli des relations diplomatiques avec l'Égypte en juillet 1984, a signé à l'automne de la même année un Traité d'amitié et de coopération de 20 ans avec la République arabe du Yémen et, toujours en 1984, est parvenue à la conclusion d’un accord d’armement avec le Koweït. Ses liens avec la Jordanie se sont également resserrés et au Liban elle a cru bon d’établir ses propres contacts avec la vie politique libanaise [...]. »

Cela dit, Moscou s'enlise dans le conflit afghan. L'arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir marque des transformations radicales au régime communiste soviétique par l'instauration de la perestroïka et de la glasnost. De plus, en 1987, un accord de désengagement simultané est signé avec le président Ronald Reagan. L'année suivante, l'URSS se retire d'Afghanistan, d'Éthiopie et d'Angola. Le 27 novembre 1989, l'Europe est bouleversée par la chute du Mur de Berlin et l'éclatement des États satellites de l'URSS. Depuis, les négociations pour une paix en Palestine sont dirigées par les États-Unis avec, parfois, une présence timide de la Russie : conférence de Madrid de 1991 ; les accords d'Oslo de 1993 ; le Traité de paix israélo-jordanien en 1994 ; le Sommet de Camp David IIen 2000 ; la « feuille de route » de 2002.

Conclusion

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS communiste affaiblie est confrontée aux États-Unis dont l'économie, détruite par la Grande dépression, avait été relancée par la guerre. Concernant le conflit israélo-palestinien, cette guerre menée par les nazis contre les populations juives de l'époque poussa les pays occidentaux et l'URSS vers un modus vivendi.

Le climat de guerre froide s'installe alors. Moscou et Washington s'entendent alors sur un mode de coexistence pacifique marqué par la « détente ». Cette « détente » signifie que chacune des grandes puissances fera tout pour ne pas entrer en conflit direct avec l’autre. Ceci se traduit donc par une action diplomatique et militaire soviétique à bâtons rompus au Moyen-Orient. Cette politique de l'URSS s'explique par un constant désaccord sur la façon de régler le conflit israélo-palestinien. L'URSS, pour éviter tout affrontement direct avec des intérêts américains durant la guerre froide, préfère les solutions diplomatiques.

Cependant, le Moyen-Orient représente pour l'URSS une zone d'influence de plus en plus importante lorsque celle-ci devient première productrice de pétrole au monde, donc le centre d'attraction des puissances occidentales. Pour éviter l'expansion capitaliste, l'URSS doit absolument prendre le contrôle de cette région. L'URSS tente alors, par la livraison massive d'armes au Moyen-Orient et d'imposantes campagnes de propagande, d'allier les pays arabes contre les États-Unis. Cependant, cette politique à deux temps de l'URSS se traduit par un désir d'indépendance des pays arabes, principalement l'Égypte et la Syrie, face à celle-ci. Car ces derniers veulent régler la question israélo-palestinienne par la voie des armes.

Les Israéliens repoussent, les unes après les autres, les tentatives armées arabes. Conjointement à l'épuisement et à l'effondrement de l'URSS, les pays arabes n'ont d'autre choix que de signer des traités de paix avec Israël pour ensuite profiter d'aides substantielles des États-Unis afin de relancer leur économie et de ne pas manquer leur entrée dans le marché mondial représenté par la globalisation économique. Finalement, l'URSS a certainement servi de moteur au conflit israélo-palestinien, mais sans jamais réussir à réorienter les intérêts des pays arabes en fonction des stratégies géopolitiques soviétiques. L'URSS aurait bien aimé être le grand maître du Moyen-Orient, mais il s'est solidement cogné à la culture indépendante et guerrière arabe, laquelle remonte à bien plus longtemps que celle de l’URSS.

Bibliographie

Sites internet

Livres

  • Surendra Buthani, Iraeli Soviet Cold War, Atul Prakashan, Delhi, 1975, 216 pages.
  • Galia Golan, Yom Kippur and After, the Soviet Union and the Middle East crisis, Cambridge University press, Londres, 1977, 350 pages.
  • Ira Hirschmann, Red star over Bethlehem, Simon and Schuster, New York, 1971, 192 pages.
  • Micheline Milot, Recueil de note du cours « Croyances, religions et société », SOC 3640, UQAM, Automne 2003.
  • Michel Mourre, « Le petit Mourre, Dictionnaire d’histoire universelle », édition Bordas, 2004, 1424 pages.
  • Monique Paquin, Les superpuissances et leurs alliés au Moyen-Orient : les stratégies régionales, leurs interaction, leurs incidences sur la question palestinienne, mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en science politique, décembre 1986, UQAM, 196 pages.
  • Antonius Rachad, La pertinence des principes de droit international pour le règlement du conflit israélo-palestinien, 2003, 47 pages.
  • Laurent Rucker, Staline, Israël et les Juifs, Presses universitaires de France, 2001, 380 pages.
  • Nadav Safran, The Soviet Union and Israel : 1947-1969, p. 157 à 167 dans « The Soviet Union and the Middle East, the Post-World War II Era, édité par Ivo J. Lederer and Wayne S. Vucinich, Hoover Institution Press, Stanford University, Califournie, 1974, 302 pages.

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