Nouvel Empire egyptien

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Nouvel Empire égyptien

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Le Nouvel Empire est la période la plus prospère de toute l'histoire égyptienne.

C'est une période de raffinement et d'évolutions qui s'étale sur un peu plus de cinq siècles.

L'initiateur est Iâh-mosis (« né de la lune »), premier roi de cette époque. Chasseur des Hyksôs (Indo-européens), il va mettre en place les fondations du Nouvel Empire en compagnie de sa mère Iâhhotep (« la lune est en sagesse ») et de son épouse Ahmès-Néfertary (« la belle entre les belles »).

Le Nouvel Empire couvre une période allant d'environ -1500 à -1000, et est formé de trois dynasties :

Parmi les personnages illustres de cette époque, il faut retenir les noms de :

C'est une période très ouverte vers le monde extérieur, comme la Crète, le Hatti (ennemi un certain temps), etc.

C'est de cette époque que nous viennent les plus beaux témoignages architecturaux dont les « demeures des millions d'années », des temples édifiés pour rendre un culte aux rois défunts en adorant leur Ka (temple de Louxor, tombe de Séthi Ier, Ramesséum, Abou Simbel, etc.).

C'est pour nous la période la plus connue de l'histoire égyptienne : expansion territoriale, et surtout beaucoup de personnalités connues.

Cette période commença par la fin du règne Hyksôs qui occupaient la Basse-Égypte. Vers -1570, le roi Hyksôs ne contrôlait plus que le nord de l'Égypte depuis Avaris, sa capitale. Ce sont les révoltes des princes thébains qui mirent fin à l'occupation des Hyksôs en Égypte. D'abord sous Kamosis qui les repoussa vers le nord, leurs prenant les territoires de Moyenne Égypte. Le roi Hyksôs essaya en vain de s'allier avec des souverains nubiens de Kerma, mais son messager fut fait prisonnier sur la route des Oasis.

Ahmosis, futur roi thébain prit la ville de Memphis lors d'une seconde attaque et plaça ses troupes devant la ville d'Avaris qu'ils prirent. Après trois ans de siège, la dernière place forte des Hyksôs (Sharouhen, dans le sud de la Palestine) fut prise par les Égyptiens. Il en était fini des Hyksôs, les territoires anciennement égyptiens avaient été remis sous contrôle.

C'est par l'expulsion des Hyksôs hors d'Égypte et par l'unification de la Haute et Basse-Égypte par Ahmôsis que commence le Nouvel Empire d'après les égyptologues. Au début du Nouvel Empire, on note surtout de grandes expansions (notamment vers l'Asie Mineure et la Nubie) qui amenèrent les frontières de l'Égypte du cœur de l'actuel Soudan (près d'Abou Hamed, au nord de la cinquième cataracte) jusqu'à un pays appelé Naharina (près de l'Euphrate, au nord-est du pays).

Ainsi, l'Égypte avait acquis une sorte de réputation mondiale. Cependant, les territoires au-delà de la vallée du Nil n'était pas bien contrôlés (notamment les principautés palestiniennes qui, bien que contrôlées par un conseiller égyptien, restaient sous la domination des populations autochtones). De nombreux témoignages montrent que l'Égypte souhaitait quand même dominer le monde « jusqu'à ses limites », cela restant utopique, surtout quand on sait que l'Égypte n'a jamais su pacifier la région de la Syrie septentrionale et centrale où elle rivalisa d'abord avec les princes du royaume du Mitanni puis avec les Hittites.

Sommaire

La politique intérieure au début du Nouvel Empire

Ahmosis, puis Amenhotep Ier (en grec : Aménophis) imposèrent l'unification des Deux Terres, indispensable à la prospérité du pays. Pour cela, ils engagèrent des réformes telles que l'homogénéité de l'administration, de la législation, du calendrier et du culte. Amenhotep Ier fut élevé au rang de dieu à sa mort pour ces actes.

À cette époque, on renforça l'importance de la famille royale au sein du culte divin. Par exemple, c'était à une princesse de la famille royale que revenait le titre d'Épouse du dieu Amon, à Thèbes. Cette fonction était très importante car elle était susceptible d'apporter beaucoup d'influence politiquement (à cause de l'oracle d'Amon). Cette époque vit aussi Amon, dieu à l'origine seulement local, élevé au rang de dieu dynastique (constructions de temples dans tout le pays).

Hatchepsout et Thoutmôsis III

À la mort de Thoutmôsis II, c'est le fils d'une épouse secondaire, Thoutmôsis III, qui monte sur le trône. En raison de son jeune âge, la régence revint à sa tante et belle-mère, Hatchepsout, fille de Thoutmôsis Ier et épouse de Thoutmôsis II.

Hatchepsout s'imposa au niveau politique. Elle dressa de nombreux obélisques dans le temple de Karnak et construisit un magnifique temple funéraire sur la rive Ouest de Thèbes, au lieu-dit Deir el-Bahari. Dans ce temple, on peut voir des scènes de théogamie, où est relatée la naissance divine du pharaon.

L'histoire retiendra une Hatchepsout pacifique et un Thoutmôsis III belliqueux et parfois même un peu trop énergique : au cours d'une chasse de cent vingt éléphants dans une plaine de l'Oronte, le roi avait fait une démonstration personnelle de son audace, mais un officier avait dut intervenir pour le tirer d'une situation périlleuse.

Les campagnes de Syrie et de Palestine

Thoutmôsis III et Hatchepsout étaient déjà partis sous les acquis de Thoutmôsis Ier qui avait conquis le Sud de la Palestine, et avait imposé l'autorité égyptienne sur la Syrie au roi du Mitanni. Durant le règne d'Hatchepsout, le prince de Qadesh profita de son pacifisme pour réunir des détracteurs au pouvoir égyptien ; de plus, les conflits surtout commerciaux ne cessaient de croître. À la mort de la femme pharaon, les troupes de Thoutmôsis III atteignirent Gaza. Après un siège de sept mois, la ville de Megiddo se rendit, suivi de nombreuses principautés qui reconnurent la suprématie égyptienne (par exemple, le souverain d'Assour, ennemi du Mitanni, qui établit des liens avec le pharaon). Les vingtaines d'années suivantes furent occupées par des campagnes visant à asseoir l'emprise égyptienne sur la Syrie centrale. Pour intervenir rapidement contre une rébellion possible à Qadesh, deux bases furent établies, à l'embouchure de l'Oronte, à Gaza et peut être aussi à Damas.

Les campagnes vers le Sud

Dès la fin de l'occupation des Hyksôs, on s'empressa de reconquérir les territoires du Sud. Notamment dans la région d'Éléphantine et en Basse Nubie où les princes de quelques cités avaient conclu des accords avec le souverain de Kerma. Thoutmôsis Ier, comme Ahmosis avant lui, attaqua le centre du pouvoir de Kerma ; la ville fut assiégée et le royaume ennemi anéanti (vers -1500).

Pour continuer à contrôler ces territoires, la région fut mise sous contrôle d'un vice-roi égyptien nommé fils royal de Koush et dont le pouvoir s'étendait jusqu'à proximité d'El Kab, dans la région du désert oriental. Tout comme ceux des princes d'Asie du Nord, les fils des princes nubiens furent emmenés à la cour égyptienne, et élevés parmi les jeunes princes égyptiens afin de préserver leur loyauté future. Le tribut reçu du Sud était administré par le temple d'Amon à Thèbes.

On introduisit le culte du roi et de ses ancêtres dans les régions du Sud en édifiant de nouveaux temples au sud de Kerma (notamment à Saïs, Soleb et Napata). On voua ainsi des cultes à Amon, Ptah et Horus. Pour protéger les massives arrivées d'or nubiens, si précieuses aux yeux de l'Égypte qui en avait besoin pour consolider son prestige, des forteresses furent édifiées à la sortie du Ouadi Allaqi.

Avec les tributs du Nord ajoutés à ceux du Sud, déposés au trésor royal de Thèbes, l'influence économique de l'Égypte était devenue incontestable. Avec la fin du monopole maritime Minoen en Crète (sûrement du à l'irruption d'un volcan sur l'île de Santorin), et la prise de pouvoir par Mycènes, l'Égypte eut l'occasion de pratiquer plus amplement des échanges commerciaux avec les autres royaumes.

Les produits égyptiens (dont l'or était très apprécié des royaumes étrangers) n'eurent pas de mal à se répandre dans toute l'Égée. Mais l'Égypte importait aussi beaucoup de produits finis, ainsi que de matières premières et de la main d'œuvre : des artisans syriens, d'Asie Mineure et de Crète venait travailler sur les chantiers navals royaux du port de Memphis.

Le fer provenait du Liban, près de Koumidou et les turquoises, des mines de Sérabit el-Khadim, dans le Sinaï. Cette ouverture sur le monde méditerranéen modifia profondément les modes et les goûts. L'ascendant des conseillers étranger auprès du roi ne cessa de croître et de nombreux mots d'origine sémite furent introduits dans la langue égyptienne.

Amenhotep II et Thoutmôsis IV

Amenhotep II, fils de Thoutmôsis III poursuivit les campagnes en Syrie et Thoutmôsis IV, son petit-fils imposa sa politique avec le soutien de l'armée, car il avait reçu une formation militaire. Le souverain du Mitanni, qui craignait une nouvelle menace d'une grande puissance hittite aspira à des rapprochements avec l'Égypte, et permis à Thoutmôsis IV d'installer son propre dirigeant sur le trône du pays de Noukhassé, au sud d'Alleppo.

Amenhotep III n'eut qu'à poursuivre la politique militaire déjà bien installée en Syrie et n'eut à faire que quelques campagnes en Nubie. Il se maria avec une fille d'officier influent dans la cour de la région d'Achmim. À dix huit ans, il eut une épouse secondaire, Giloukhépa, fille d'un souverain du Mitanni, avec en dot, d'importants territoires syro-palestiniens. D'autres mariages politiques eurent ainsi lieu, notamment avec les filles des rois de Babylone, d'Assour et d'Arzawa en Anatolie.

Les campagnes militaires finies, le roi put se consacrer à son pays, et prit de grandes décisions lors de sa fête-Sed (cérémonie royale en l'honneur des trente ans de règne du souverain). D'abord, il construisit un immense ensemble palatial à Malqata, sur la rive gauche du Nil, qui disposait de son propre port. Il était alors vénéré quotidiennement à la cour comme l'incarnation du soleil. Amenhotep fils de Hapou, érigea pour le roi un imposant temple funéraire.

Cette époque est aussi celle de la naissance du culte d'Aton, dont le nom est habituellement donné au disque solaire. D'après l'idéologie, le roi et le dieu se mêle la nuit pour qu'au matin, le roi apparaisse sous l'incarnation d'une divine forme humaine. Aton faisait de l'ombre à Amon qui était contesté par la cour, et ainsi naquit une dispute entre celle-ci et les grandes familles égyptiennes.

Akhénaton, l'hérétique

Amenhotep IV, fils d'Amenhotep III et de Tiyi, épousa Néfertiti, probablement d'origine étrangère. Il a sans doute baigné depuis sa plus tendre enfance dans les discussions sur le culte dynastique du roi et de son dieu Amon. Ainsi, on peut supposer qu'il a préparé depuis longtemps le remplacement du culte d'Amon par celui du dieu solaire, ce qu'il fit effectivement, six ans après son couronnement : il supprima le culte d'Amon à Karnak, mais, au lieu de supprimer le temple, il l'utilisa au profit de son dieu. Sa femme, Néfertiti, et sa fille, Mérytaton, exerçaient la fonction sacerdotale des anciennes épouses du dieu. Petit à petit, on supprima le nom d'Amon dans les lieux de cultes égyptiens, et la propriété d'Amon changea de culte.

C'est à partir de l'an V du règne d'Amenhotep IV/Akhénaton que la reine mère ainsi que la cour au complet déménagea pour le palais de l'actuelle Tell el-Amarna, en Moyenne-Égypte. Akhetaton (« horizon d'Aton ») était le nom de cette ville, destinée à la fonction de capitale. En changeant de capitale, il changea son nom pour être plus connu sous le nom d'Akhénaton, probablement par provocation aux règles religieuses précédentes ; il centralisa le culte solaire au palais royal avec le temple du palais d'Aton et un temple funéraire, et sa tombe fut volontairement édifiée loin de celles des fonctionnaires de la cour dans le désert oriental. Souvent on représente Akhénaton par des statues relativement laides au niveau de l'expression, ceci étant dû à la modification des canons artistiques, et non forcément la réalité physique.

En architecture comme en sculpture on note de profondes modifications, notamment au niveau de la coupe des blocs de pierres (probablement des nouveaux modules utilisés pour tailler la pierre). Des expressions populaires font leurs apparitions dans des documents officiels, on parle alors de néo-égyptien. Des représentations du pharaon et de sa famille remplacèrent aussi les représentations des dieux locaux dans tout le pays.

Ce radicalisme s'adoucit vers l'an XII de son règne, car Akhénaton devait faire face de nouveau aux Hittites qui tentaient d'exercer de l'influence sur Qadesh. Cette menace n'était pas prise à la légère par les Égyptiens comme le prouve les différentes correspondances en écriture cunéiforme retrouvées à ce propos, et les différentes mises en garde données à l'Égypte par le roi de Byblos contre le souverain de Qadesh. Pour pallier ce problème, le pharaon envoya d'abord des troupes nubiennes en Palestine pour assurer la sécurité de l'administration égyptienne, mais il finit par régler la situation par un mariage diplomatique en épousant une fille du roi kassite de Babylone.

On suppose que Kiya, une reine représentée sur les monuments de l'époque, serait une fille du roi du Mitanni. Lors de sa mort et de celle de Néfertiti, on suppose que c'est Mérytaton, la fille d'Akhénaton, qui aurait pris la place de Grande épouse royale.

Akhénaton mourut sans successeur, on abrogea rapidement ses réformes et Amon retrouva sa place à Karnak. Le gouvernement revint à Memphis, quittant Akhetaton, et la tombe du successeur d'Akhénaton fut construite comme à l'habitude à Thèbes.

La veuve d'Ânkhkhéperourê (ou Semenkhkarê), demanda après la mort de son mari - ce qui mit fin à son règne bref – au roi hittite un prince destiné à devenir son époux. Après de multiples vérifications pour s'assurer de l'authenticité de la demande, le roi fit envoyer un prince qui fut assassiné à la frontière égyptienne, donnant aux hittites une raison valable de marcher sur la Syrie du Nord.

C'est sous l'influence d'Aÿ que Ânkhésenpaamon, une des filles d'Akhénaton et de Néfertiti, épousa le jeune Toutânkhamon. Son règne fut bref, et il reste pourtant un des personnages les plus connus de l'Égypte ancienne. Pourquoi ? Tout simplement parce sa tombe est restée par chance inviolée. À sa mort, c'est le vieux Aÿ qui monta sur le trône, mais il mourut très peu de temps après.

Les ramessides

Le haut commandant Horemheb, chef de l'armée à Memphis, prit le pouvoir après le règne controversé d'Aÿ, et se fit confirmer cette prise de pouvoir par un oracle d'Amon à Thèbes. Ramsès, son suppléant militaire fut désigné comme son successeur, et de son règne commencera la seconde moitié du Nouvel Empire, nommée époque ramesside (XIXe et XXe dynasties).

Horemheb, puis Ramsès Ier et son fils Séthi Ier effectuèrent de multiples réformes à l'intérieur du pays. Séthi réhabilita le nom d'Amon et les anciens sanctuaires et fit déclarer Akhénaton roi hérétique. À l'extérieur il entreprit la consolidation des frontières réduisant les foyers de rebellions en Nubie et aux frontières orientales. Il parvint à reprendre les territoires perdus et rétabli la zone d'influence de l'Égypte jusqu'aux rives de l'Euphrate.

Stratégiquement, la capitale fut déplacée à Pi-Ramsès, dans le delta oriental, proche de l'ancienne capitale Hyksôs, permettant par ses points d'eaux et ses forteresses un point de départ sûr vers la Palestine. La ville avait une taille imposante et des activités éclectiques comme des palais, des installations militaires, divers temples destinés aux grands dieux de l'empire, des écuries et des manufactures d'armes. Ces dernières fabriquaient des boucliers hittites pour des troupes auxiliaires grâce au cuivre tiré des mines de Timna en Israël. Pi-Ramsès était aussi un point militaire stratégique, permettant une action rapide des troupes égyptiennes en cas de révoltes en Palestine ou en Syrie par exemple. Il y avait là de nombreuses tribus nomades, comme les Shasous ou les Apirous (que l'on a rapproché de l'actuel nom « Hébreux »), qui gênaient le commerce par leurs guerres incessantes. Pour finir, une intervention militaire dans le pays d'Amourou (dont le centre est Qadesh) était devenue inévitable depuis qu'ils étaient passé ouvertement du coté hittite.

C'est ce que fit Ramsès II, le successeur de Séthi Ier en engageant une importante guerre contre les Hittites. Lors de la bataille de Qadesh, les troupes égyptiennes furent attirées dans un piège. L'armée égyptienne eut la chance de pouvoir s'enfuir lors d'une embuscade. L'armée hittite était en effet dispersée par des pillages. L'Égypte perdit alors le pays d'Amourou, et bien que la bataille de Qadesh ne fut remportée par personne, les murs des temples égyptiens sont couverts des inscriptions attribuant la victoire aux Égyptiens. Cette bataille marque cependant un tournant dans l'histoire des relations entre l'Égypte et le Proche-Orient : le roi hittite, ayant des problèmes de politique interne, de famines et d'épidémies, convint avec le pharaon qu'une victoire totale n'était pas possible et signa un accord de paix. Ce premier traité de paix entre deux États dont on ait une trace tangible sera alors scellé plus tard par le mariage de Ramsès II avec une princesse hittite. Non seulement le traité dont on a retrouvé des versions dans les deux camps, définissait une alliance formelle entre les deux royaumes, il fixait également les frontières et prévoyait l'extradition des traîtres et condamnés par la justice des deux pays.

Ramsès mourut à quatre-vingt-dix ans, après un long règne bien occupé. Hormis ses victoires militaires et diplomatiques, il fit construire ou reconstruire de nombreux sanctuaires, portant son nom, dans tous les principaux centres d'habitation du pays. Grâce à l'or obtenu par l'exploitation intensive des mines nubiennes il assura un revenu permanent aux caisses de l'État égyptien. Les relations commerciales florissantes depuis que la paix régnait entre les deux grandes puissances de la région favorisèrent une nouvelle ère prospère.

Parmi ses quatre-vingt-dix enfants, Khâemouaset, un de ses fils, eut la tâche de rétablir les anciens cultes dont ceux des ancêtres royaux et certaines de ses filles occupèrent la fonction de Grande Épouse royale. Cependant malgré cet apogée apparent, l'édification des temples, les victoires successives cachent une entrée dans une crise économique profonde pour l'Égypte.

À l'ouest du pays, les Libyens s'allient aux « Peuples de la Mer » et sous le règne de Mérenptah, qui succède à Ramsès II, attaquent le delta... En vain, car Mérenptah parvient à les repousser à l'issue d'une victoire totale par terre et par mer.

Après le règne de celui-ci, la famille royale fut déchirée par une guerre de succession que le trop grand nombre de descendants de Ramsès II rendait prévisible menaçant le pays d'anarchie.

Le scénario qui avait vu la reprise du royaume par une famille militaire se rejoua alors et c'est Sethnakht, alors probablement vizir du nord, qui rétablit l'ordre à son compte installant son fils Ramsès le futur Ramsès III comme corégent dès son accession au trône.

Le royaume hittite était tombé sous les coups des Peuples de la Mer, dévastant sur leur passage les cités d'Asie Mineure et de Chypre, les villes du pays d'Alalakh, Ougarit et Karkemish. D'après les sources dont notamment les textes relatant les exploits du roi sur son grand temple de Médinet-Habou, l'Égypte était assiégée de toute part : par des Shardanes (que l'on a rapproché des Sardes), des Lyciens, des Touresh, des Akhiyaouas (que l'on croit être les Achéens), des Péléset (rapprochés eux des Philistins), etc.

Malgré une triple attaque par l'ouest, l'est et la mer, menée encore une fois par les Libyens, elle fut repoussée par les Égyptiens lors d'une éclatante victoire qui mit un terme définitif à la progression de cette première invasion barbare.

Grâce à cette victoire et son butin correspondant, Ramsès III put entreprendre la construction du temple de Médinet-Habou qui, signe des temps, était aussi une forteresse de par ses imposantes murailles et son portail d'accès en forme de migdol (sorte de porte fortifiée renforcée de deux tours crénelées).

Les ennemis vaincus seront alors incorporés aux troupes de Pharaon et reçurent l'autorisation de s'établir dans certaines régions du delta. Les Libyens s'intégrèrent rapidement et peu à peu au cours de la XXe dynastie franchirent les échelons de l'armée gardant notamment les frontières occidentales et orientales du pays. Plus tard il formeront de véritables chefferies qui feront les fondations des futurs dynasties de la IIIe période intermédiaire.

Cependant cette invasion avait profondément modifié l'environnement géopolitique du Moyen Orient renouvelant les forces en présence et brisant les anciennes alliances de royaumes disparus. Les échanges commerciaux et les tributs cessèrent peu à peu, et c'est à dater de ce moment que s'installèrent les Philistins à Gaza et à Ashdod, aux portes de l'Égypte.

Avec la perte des tributs et la demande constante de l'entretien de troupes de mercenaires (et peut-être aussi une baisse du rendement de l'or nubien) l'Égypte s'enfonça dans un déclin économique qui se traduisit par une déstabilisation du système sur lequel se basait l'économie de l'empire. La désorganisation de l'administration et probablement une corruption accrue des élites de la société le tout associé à des famines occasionnées par des crues insuffisantes entamèrent durablement les réserves de l'État. De grands procès sanctionnèrent des scandales qui éclaboussèrent Thèbes à la fin de la dynastie. Ils font état de véritables complots y compris contre la personne royale. Ramsès III, à la fin de son règne fut victime d'une conspiration du harem qui atteindra mortellement le roi et qui sera punie par son fils légitime et successeur Ramsès IV.

Pour couronner le tout, la main-d'œuvre de la Place de Vérité travaillant aux tombes royales se mit en grève faute d'approvisionnement régulier.

Les successeurs de Ramsès III ne purent qu'observer la chute de l'influence de l'Égypte qui règne après règne perdit ses principales conquêtes et ne furent que les témoins de l'éclatement interne du pays.

Toujours à Thèbes, de véritables associations de malfaiteurs n'hésitèrent pas à piller les tombes de leurs ancêtres dénotant certes une transgression morale impensable aux dynasties précédentes mais traduisant surtout une réalité économique plus catastrophique que ne le laissent imaginer les grandes œuvres du règne qui se résument parfois à un hypogée royal commandé par des souverains de plus en plus isolés dans leur fonction régalienne et qui n'avaient plus vraiment les moyens de les achever.

Des tribus libyennes profitèrent du déclin égyptien pour s'infiltrer dans le pays développant l'insécurité des routes commerciales et pillant les temples thébains.

Devant l'anarchie grandissante et l'incapacité des administrateurs locaux à garantir l'intégrité du royaume, Ramsès XI fit appel au vice-roi de Nubie, Panéhésy pour rétablir l'ordre. Celui-ci entama alors une guerre civile contre Amenhotep, le grand prêtre d'Amon à Thèbes qu'il destitua, fit emprisonner et déporter dans le désert occidental. C'était sans compter avec les ambitions du vizir et général Hérihor, probablement fils ou parent d'Amenhotep, qui repris le dessus et repoussa Panéhésy au-delà de la frontière traditionnelle au sud d'Assouan. Le prix de cette victoire fut la perte définitive de l'emprise égyptienne sur la Nubie et le Soudan qui désormais formeront un royaume indépendant.

Un nouvel équilibre semblait être recouvré et, plein d'espoir, la fête du Renouvellement des naissances de Ramsès XI, qui a pour but de définir une nouvelle orientation politique et d'instaurer une situation stable, n'eut pas de réelles retombées et le pharaon dut assister à l'effondrement de son pouvoir sur Thèbes. En effet, c'est alors qu'Hérihor-Siamon qui avait succédé à Amenhotep dans la charge de grand prêtre d'Amon s'arrogea les pouvoirs royaux sur la Thébaïde et instaura une dynastie parallèle fondée sur une théocratie définie par l'oracle d'Amon-Rê. Le clergé d'Amon, devenu une véritable dynastie, prend le pouvoir en Haute-Égypte. C'est la fin du Nouvel Empire.


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