- Histoire du château de Chantilly
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Château de Chantilly
Château de Chantilly Présentation Période ou style Renaissance-Éclectisme Architecte Jean Bullant, Honoré Daumet Début construction 1358 Fin construction 1882 Propriétaire initial Guy de Senlis Destination initiale Résidence Propriétaire actuel Institut de France Destination actuelle Musée Condé Classement Monument historique (1963-1988) Site internet Consulter Géographie Latitude
LongitudePays France Région historique Valois Région Picardie Département Oise Commune Chantilly Géolocalisation sur la carte : France modifier Le château de Chantilly se situe à Chantilly (Oise), France, dans un site remarquable de la vallée de la Nonette, affluent de l'Oise. Louis-Sébastien Mercier écrivait en 1781 :
« Je n'ai encore rien trouvé de comparable à Chantilly aux environs de la capitale. Trente voyages dans ce lieu enchanté n'ont pas encore épuisé mon admiration. C'est le plus beau mariage qu'aient jamais fait l'art et la nature. »À l'exception du « Petit Château », construit au XVIe siècle par Jean Bullant, le château actuel est une reconstruction du XIXe siècle sur des plans de l'architecte Honoré Daumet pour le dernier fils du roi Louis-Philippe Ier, Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822-1897), héritier du domaine de Chantilly, qui y installa ses collections de peintures, de dessins et de livres anciens. Il légua l'ensemble à l'Institut de France, sous le nom de musée Condé.
Le château occupe l'emplacement d'une forteresse médiévale. Les grandes écuries, construites de 1719 à 1740, sont un chef d'œuvre de l'architecte Jean Aubert et abritent aujourd'hui le Musée vivant du cheval. Les jardins sont une des plus remarquables créations d'André Le Nôtre.
La ville de Chantilly s'est développée à l'ouest du château pendant et après la Révolution française.
Le Chateau de Chantilly fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 2 avril 1963, étendu le 24 octobre 1988[1].
Sommaire
Histoire
Chantilly fut d'abord une ancienne forteresse médiévale, cantonnée de sept tours et entourée de douves en eau, construite sur un terrain marécageux de la vallée de la Nonette, qui contrôlait la route de Paris à Senlis.
Le château appartenait primitivement à Guy de Senlis, bouteiller du roi Louis VI à la fin du XIe siècle. La famille prend le nom de Bouteiller et conserve le château jusqu'au XIVe siècle. Pillée en 1358 par les Jacques, la forteresse est vendue en 1386 par Guy de Laval, héritier des Bouteiller, à Pierre d'Orgemont, ancien chancelier de Charles V.
Celui-ci commence la reconstruction du château en 1386 qui sera achevée en 1394, après sa mort, par son fils Amaury. La famille d'Orgemont possède le bâtiment pendant trois générations du XIVe au XVe siècle. En 1484, Pierre III d'Orgemont, sans enfant, lègue Chantilly à son neveu Guillaume de Montmorency (†1531).
Le domaine des Montmorency
La puissante famille des Montmorency va posséder Chantilly du XVe au XVIIe siècle et y fait réaliser d'importants travaux de modernisation.
C'est le plus illustre membre de cette famille, le connétable Anne de Montmorency (1492-1567), qui fait rénover la forteresse par Pierre Chambiges en 1528 et, en 1551, construire, au pied de la vieille forteresse, la Capitainerie, ou Petit Château, par l'architecte Jean Bullant, qui avait travaillé dans son château d'Écouen. Il fait également aménager en 1538 la terrasse sur laquelle se dresse sa statue équestre (fondue sous la Révolution, elle est remplacée aujourd'hui par une œuvre de Paul Dubois, 1886) et édifier sept chapelles dont trois ont été conservées. C'est également lui qui fait tracer les premiers jardins.
Henri Ier de Montmorency fait construire dans la partie haute du parc la Chaumière (Maison de Sylvie) qui subsiste aujourd'hui, quoique remaniée. Destiné à recevoir Henri IV, ce petit pavillon fut le refuge du poète Théophile de Viau, condamné au feu. Il reçut l'asile de Marie des Ursins, qu'il a chantée sous le nom de Silvie (Sylvie), d'où vient le nom du parc et de la maison. Le poète y passa les derniers mois de sa vie († 1626) sous la protection du maréchal Henri II de Montmorency.
En révolte contre l'autorité royale, Henri II de Montmorency est exécuté à Toulouse en 1632 ; sa veuve, Marie des Ursins entre alors au couvent. Leurs biens sont confisqués par Louis XIII qui en restitue la majeure partie aux sœurs du maréchal mais conserve toutefois Chantilly, qui l'intéresse du point de vue cynégétique. En 1643, Anne d'Autriche restitue le domaine, par lettres patentes, à la dernière des sœurs d'Henri II de Montmorency, Charlotte de Montmorency, femme d'Henri II de Bourbon-Condé, dont le fils Louis II de Bourbon-Condé venait de remporter la Bataille de Rocroi. Chantilly passe ainsi à la maison de Condé, branche cadette de la maison de Bourbon.
Le domaine des Condé
Du XVIIe au XIXe siècle, le sort de Chantilly s'identifie à celui des Condé dont le domaine constitue la principale propriété.
Chantilly au temps du Grand Condé
Louis II de Bourbon-Condé (1621-1686), dit le « Grand Condé », ayant pris parti contre Mazarin pendant la Fronde, se fait confisquer Chantilly en 1652 et ne recouvre le domaine qu'en 1659 (Paix des Pyrénées). En 1664, M. le Prince, comme on l'appelle, vient définitivement habiter Chantilly. Éloigné de Versailles, il consacre tous ses soins à son domaine. Il fait dessiner le parc par André Le Nôtre, qui n'a pas encore travaillé à Versailles. Il canalise la Nonette pour créer le Grand Canal (1671-1673), dessine les parterres français au nord du château, fait construire par Daniel Gittard le Grand Degré, et crée la perspective actuelle allant de la grille d'honneur à la terrasse.
Le Grand Condé reçoit à Chantilly des écrivains comme La Fontaine, La Bruyère, Bossuet, Mme de La Fayette, Mme de Sévigné : en leur honneur, les deux allées parallèles, qui encadrent les parterres de Le Nôtre, prennent le nom d'« allées des philosophes ». Mlle de Scudéry, l'auteur de Clélie rencontre Condé arrosant des œillets, sa fleur préférée, et lui adresse ces vers :
- En voyant ces œillets qu'un illustre guerrier
- Arrose d'une main qui gagna des batailles,
- Souviens-toi qu'Apollon a bâti des murailles,
- Et ne t'étonne pas que Mars soit jardinier.
La Bruyère trouve dans les visiteurs de Chantilly plus d'un modèle pour ses Caractères, et le philosophe Malebranche s'y rencontre avec Bossuet qui doit prononcer l'oraison funèbre de son hôte.
On donne à Chantilly des fêtes magnifiques. Molière y crée Les Précieuses ridicules en 1659 et y joue Tartuffe. Sous la direction du célèbre maître d'hôtel François Vatel, la chère y est raffinée : c'est à cette époque qu'on y aurait inventé la crème chantilly. En avril 1671, le Grand Condé scelle sa réconciliation avec Louis XIV en le recevant à Chantilly. Selon Mme de Sévigné, c'est à cette occasion que Vatel se serait suicidé en ne voyant pas arriver la livraison de poisson attendue (l'authenticité de l'anecdote est généralement tenue pour très douteuse).
Condé consacre sa grande fortune à l'acquisition de tableaux, d'objets d'art et de meubles de prix, ainsi qu'à enrichir les collections de manuscrits et de livres rares, dont le premier fond a été constitué par le connétable de Montmorency.
Les embellissements du XVIIIe siècle
Vers la fin de sa vie, le grand Condé charge Mansart de restaurer l'intérieur du château ; et son fils, Henri Jules de Bourbon-Condé (1643-1709), dit « Condé le Fol », fait moderniser le château par le même architecte et dépense des sommes énormes pour enlever tout caractère à l'ancien édifice.
En 1721 les travaux sont achevés par Jean Aubert. De 1723 à 1726, ce dernier construit également pour Louis IV Henri de Bourbon-Condé (1692-1740), dit « Monsieur le Duc », les exceptionnelles Grandes Écuries. Principal ministre de Louis XV de 1723 à 1725, Monsieur le Duc affectionne Chantilly (où il est d'ailleurs exilé en 1726) : il fait décorer les appartements du Petit Château par Oudry, Desportes, Huet et Nattier, aménage un cabinet d'histoire naturelle et crée la manufacture de porcelaine de Chantilly, dont la marque est devenue célèbre.
À partir de 1720, Monsieur le Duc fit aménager la partie boisée située à l'est du château et dénommée « petit parc » ou « parc de la Caboutière ». La Caboutière était un bâtiment construit au temps de Louis XIII pour acclimater la tulipe hollandaise, ce à quoi s'occupait un riche amateur, un avocat parisien du nom d'Antoine Caboud.
Monsieur le Duc fit tracer une allée en direction de la Caboutière, appelée « allée du Quinconce » car elle rejoignait un quinconce planté derrière ce bâtiment. Cette allée formait une patte d'oie avec l'allée du pont du Roi, située dans l'ancien axe d'entrée du parc (est-ouest) et l'allée de la porte Vaillant à gauche. Dans les deux secteurs délimités par cette patte d'oie furent aménagées des salles de verdure reliées par des allées en zigzag.
L'avenue de droite mena à un carré boisé où l'on construisit un jeu de l'oie géant, avec ses différentes stations – le pont, le puits, la prison... – qui fut l'une des grandes attractions du parc de Chantilly entre 1730 et 1770. Derrière la maison de Sylvie, on aménagea d'autres salles de verdure et un petit labyrinthe, tandis qu'un grand labyrinthe était construit dans le parc de Sylvie, aujourd'hui séparé du domaine par la sente d'Avilly. Il ne reste rien de tous ces embellissements.
La mort prématurée du duc de Bourbon fait passer ce domaine sur la tête d'un enfant de cinq ans. Lorsqu'il a l'âge d'homme, Louis V Joseph de Bourbon-Condé (1736-1818), édifie le Jeu de Paume en 1756 et, entre 1769 et 1772, fait construire par Jean-François Leroy le château d'Enghien, long bâtiment de style classique situé à droite de la grille d'honneur. En 1774, il fait dessiner un jardin anglo-chinois, inauguré le jour de Pâques 1775, et construire un hameau qui inspirera Marie-Antoinette lorsqu'elle fera construire le hameau de la Reine à Trianon.
Les destructions révolutionnaires
Louis V Joseph émigre sous la Révolution française et prend le commandement de l'armée des émigrés qui marche contre la France à la solde de l'étranger, et Chantilly est confisqué comme bien national dès 1790. En 1792, le château est envahi et pillé par une bande de gardes nationaux. Dévasté, le petit château est transformé en prison sous la Terreur, les beaux jardins de Le Nôtre sont saccagés[2].
En 1799, il est vendu pour la somme de 11 millions en assignats (environ 100 000 francs). Les adjudicataires, Damoye et Boulée, entreprennent aussitôt de le démolir pour récupérer les matériaux de construction. Seuls sont épargnés le Petit Château et les Grandes Écuries, les entrepreneurs s'étant vu retirer le marché avant d'avoir pu les détruire.
La partie du parc située à l'ouest du château, qui abritait les jeux d'eaux conçus par Le Nôtre et qui faisaient l'admiration des contemporains, est lotie. Des noms de rue – comme la rue des Cascades – en rappellent le souvenir, ainsi que le pavillon de Manse, qui abritait la machine hydraulique conçue par le fermier général Jacques de Manse.
Occupées par l'armée, les Grandes Écuries sont sauvées de la destruction et sont miraculeusement très peu abîmées. On envoie juste à la fonte la statue et sa fontaine dans la cour des chenils ainsi que la Renommée qui surplombait le dôme.
Sous l'Empire, Chantilly est inclus dans l'apanage d'Hortense de Beauharnais, qui possède à proximité le château de Saint-Leu. Lorsque Louis V Joseph de Bourbon-Condé rentre en possession du domaine à son retour d'émigration en 1814, c'est un vieillard de 78 ans ; il se borne à faire faire quelques réparations sommaires pour mettre le château hors d'eau. Il parvient à racheter une partie des terrains, mais il ne peut reconstituer le parc, désormais coupé en deux par la route de Chantilly à Vineuil-Saint-Firmin, créée à l'époque révolutionnaire. Pour la masquer, son fils, Louis VI Henri de Bourbon-Condé, fait traiter la partie occidentale du parc en jardin à l'anglaise, créé entre 1818 et 1820 par son architecte Victor Dubois.
Le domaine du duc d'Aumale
À la mort de ce dernier des Condé, Louis VI Henri de Bourbon-Condé, en 1830, c'est le jeune duc d'Aumale (1822-1897), son petit-neveu et filleul, dernier fils du roi Louis-Philippe Ier qui hérite de son immense fortune et, en particulier, du domaine de Chantilly, parce que le fils unique de Louis VI Henri, le duc d'Enghien, a été fusillé dans les fossés de Vincennes par l'ordre de Bonaparte. Arasé au niveau du rez-de-chaussée, le Grand Château a piètre allure.
Sous la monarchie de Juillet, le duc d'Aumale projette des travaux de reconstruction qu'il ne parvient pas à mener à bien. En effet, après la chute de la monarchie de Juillet, il prend le chemin de l'exil et réside de 1848 à 1870 à Twickenham, près de Londres. Il s'emploie à réunir les collections qui se trouvent aujourd'hui à Chantilly. Il revient en France en 1871, veuf et ayant perdu ses deux fils.
De 1876 à 1882, le duc d'Aumale fait reconstruire le château sur les anciennes fondations, sur les plans de l'architecte Honoré Daumet. Il y accumule d'admirables collections. Sans descendance, il lègue ce magnifique ensemble à l'Institut de France en créant la Fondation des Princes de Condé en 1886, ce qu'il justifie ainsi dans son testament :
« Voulant conserver à la France le domaine de Chantilly dans son intégrité, avec ses bois, [...], ses édifices et ce qu’ils contiennent, trophées, tableaux, livres, archives, objets d’art, tout cet ensemble qui forme comme un monument complet et varié de l’art français dans toutes ses branches et de l’histoire de ma patrie à des époques de gloire, j’ai résolu d’en confier le dépôt à un corps illustre [...] qui, sans se soustraire aux transformations inévitables des sociétés, échappe à l’esprit de faction, comme aux secousses trop brusques, conservant son indépendance au milieu des fluctuations politiques. »Architecture
Le Petit Château et le Château Neuf
De la forteresse médiévale des Orgemont ne subsiste que la base des tours. C'est donc le Petit Château du connétable de Montmorency, construit en 1551, qui constitue aujourd'hui la partie la plus ancienne du château.
Le Petit Château comprend, au premier étage, les grands appartements. Ceux-ci comprennent trois salles décorées au XIXe siècle (dont l'antichambre et la salle des gardes), élevées sur l'ancien bras d'eau qui séparait le Petit Château et le Grand Château, ainsi que l'appartement des princes de Condé décoré vers 1720 par Jean Aubert de superbes lambris (comprenant la chambre de Monsieur le Duc, le cabinet d'angle, le boudoir décoré d'une grande singerie de Christophe Huet, la galerie des actions de Monsieur le Prince, et le salon de musique).
Le château du duc d'Aumale « qu'on représente aujourd'hui comme une merveille, est un des plus tristes spécimens de l'architecture de notre époque : on y entre par le deuxième étage et l'on y descend dans les salons » (Boni de Castellane).
Le château d'Enghien
C'est un bâtiment tout en longueur adossé à la forêt et situé de l'autre côté du grand degré vis-à-vis du château. Construit en 1769 par l'architecte Jean-François Leroy, il a pour fonction originel de loger les invités des princes. Il doit son nom à Louis Antoine de Bourbon-Condé, Duc d'Enghien, fils du dernier prince de Condé, qui fut logé avec ses nourrices dans le bâtiment après sa naissance en 1772. Il est composé d'une succession de 4 logements accolés marqués par 4 entrées propres surmontées chacune d'un petit fronton triangulaire le tout couronné d'une balustrade. Ces 4 appartements sont de nos jours les logements de fonction de la conservatrice du Musée Condé, et des 3 académiciens membres du collège des conservateurs (actuellement Alain Decaux qui vient de quitter son poste, Yves Boiret, Jean-François Jarrige)[3].
Le Jeu de paume
Le jeu de paume est construit à partir de 1756 par l'architecte Claude Billard de Bellicard, avec des décorations sculptées sur la façade signées Henri-Nicolas Cousinet. C'est l'un des premiers bâtiments construit spécifiquement pour ce jeu. Il est inauguré le 26 octobre 1757. Il comprend la salle de jeu proprement dite et dans l'entrée « la dépouille », lieu où les joueurs se changent et se préparent. Le bâtiment est transformé en salle d'exposition pour des oeuvres de grand format au XIXe siècle. Visitable, il accueille aujourd'hui une maquette représentant le château et son parc au XVIIe siècle.
La maison de Sylvie
Cette maison est construite au fond du parc du même nom en 1604 par Henri II de Montmorency pour sa femme Marie-Félicie des Ursins. C'est elle qui protège et fait venir au domaine le poète Théophile de Viau qui la surnomme Sylvie. Le bâtiment est transformé par le Duc d'Aumale, vers 1880-1895, qui y adjoint une rotonde polygonale. Bien que n'ayant jamais servi de relais de chasse, il est pourtant décoré, toujours au XIXe siècle, de boiseries du XVIIIe siècle, de peintures et de tentures en lien avec la vénerie. Le bâtiment ne se visite pas en dehors d'événements privés.
Les Grandes Écuries
Article connexe : Musée vivant du cheval.Les Grandes Écuries ont été construites par l'architecte Jean Aubert entre 1719 et 1740. Longues de 186 mètres, elles sont exceptionnelles par leurs dimensions tout comme par leur magnificence. Le prince de Condé en était si fier qu'il n'hésitait pas à recevoir à dîner sous la majestueuse coupole, haute de 28 mètres, où soupèrent notamment Louis XV, le futur Tsar Paul Ier et Frédéric II de Prusse.
Les écuries pouvaient abriter 240 chevaux et 500 chiens, utilisés pour les chasses quotidiennes dans la forêt de Chantilly. En 1982, le Musée vivant du cheval y a été installé par Yves Bienaimé. En 2006, les écuries ont été réunies au château par son Altesse Karim Aga Khan IV dans le cadre de la Fondation pour la Sauvegarde du domaine de Chantilly.[4]
Le parc
Le parc de Chantilly couvre 155 hectares, dont 25 hectares de plans d'eau, auxquels il faut ajouter les 60 hectares du parc de Sylvie. La forêt de Chantilly, qui s'étend sur 6 310 hectares, fait partie intégrante du domaine.
Le jardin de Le Nôtre
Chantilly était la création préférée de Le Nôtre. Selon son habitude, il a structuré le parc autour de deux axes perpendiculaires. Le premier, nord-sud, dans l'axe de la majestueuse terrasse édifiée par le connétable de Montmorency, est perpendiculaire aux courbes de niveau et met en évidence le vallonnement du site. Le second, est-ouest, est occupé par le grand canal le long de la vallée.
Entre la terrasse et le grand canal, au nord du château, Le Nôtre a ménagé des parterres à la française. Ces parterres sont agrémentés de bassins et ornés de vases et de statues de pierre, dont la plupart datent du XIXe siècle et représentent les personnages illustres liés au riche passé du domaine. Les parterres étaient originellement de forme trapézoïdale, ce qui les faisait paraître plus vastes en contre-carrant la perspective. Cet effet, d'un très grand raffinement, a été supprimé par la reconstitution du XIXe siècle, qui leur a donné la forme de rectangles parfaits. Les broderies végétales furent somptueuses : il en subsiste des témoignages dans le jardin de la Volière (au pied du château, côté ouest) ainsi que dans le jardin de la maison de Sylvie (1671).
Les parterres de Le Nôtre sont aujourd'hui encadrés de deux jardins paysagers qui n'existaient pas du temps de leur création. Celui qui se trouve à l'est date du XVIIIe siècle et est traité en hameau rustique. Celui de l'ouest est traité à l'anglaise et remonte à la première moitié du XIXe siècle.
De l'autre côté du grand canal, l'amphithéâtre du Vertugadin, prolongé par une allée forestière, prolonge l'axe des parterres à travers la forêt.
La grille d'honneur se trouve située en contre-bas par rapport au château et surtout à la terrasse. En arrivant au château, celle-ci masque la perspective, qui se découvre tout d'un coup lorsque le visiteur y accède : l'effet est saisissant.
Le petit parc
Le petit parc, appelé aussi parc de la Cabotière, est situé sur le plateau calcaire qui surplombe la vallée depuis les parterres jusqu'au grand rond. Espace de transition entre la forêt et le parc, il est aménagé par Le Nôtre qui y trace des allées et des bosquets le reliant à la forêt environnante. Son neveu Desgots y dessine en 1679 un labyrinthe qui sera détruit vers 1770.
Au XVIIIe siècle, Henri-Jules de Bourbon-Condé le relie à la terrasse en jetant le pont du Roi par dessus le fossé sec qui marque la limite du plateau. Ce jardin devient alors un espace de divertissements et de promenades, ponctué de chambres de verdures, dont certaines sont toujours visibles, telle la Chambre du Sanglier.
Vers 1738 ou 1739, un jeu de l'oie géant, dont le pions étaient les joueurs eux-mêmes, est aménagé sous la forme d'une spirale de 2 km de long, dont certains éléments restent encore visibles, comme le pont ou le puits, ou encore certaines dalles de pierres numérotées figurant les cases. Très en vogue auprès des visiteurs des princes durant une bonne partie du siècle, il fut volontairement arasé et nivelé vers 1770, lorsque la mode en fut passée.
Le jardin anglo-chinois
Article connexe : Hameau de Chantilly.A l'est des parterres de Le Nôtre, le jardin anglo-chinois aménagé dans la prairie en 1772 est ponctué de fabriques au détour de petits chemins serpentant au milieu de canaux conçus pour être parcourus en "pirogues". Quelques-unes de ces fabriques (le rocher, les petits ponts de pierre) ont été conservées.
En 1774 y fut adjoint un hameau d'agrément. Le Hameau de Chantilly comportait sept petites maisons rustiques dont cinq ont été conservées : salon, billard, salle à manger, cuisine et moulin. Il servait de lieu de fêtes et de plaisirs estivaux.
Le jardin anglais
Adossé à la route de Chantilly à Vineuil-Saint-Firmin et Creil, le jardin anglais, dessiné par l'architecte Victor Dubois en 1817, incorpore quelques vestiges des aménagements de Le Nôtre (l'île d'Amour, les Fontaines de Beauvais) intégrés sous forme de fabriques. Les allées sinueuses ménagent des vues intéressantes sur le château.
Une seule des fabriques introduites dans le jardin au moment de sa création a subsisté jusqu'à ce jour : le temple de Vénus, récemment restauré par les Monuments Historiques.
Nuits de feu
Depuis 1991, le Château de Chantilly accueille les Nuits de feu[5], plus grand concours pyrotechnique du monde[réf. nécessaire] au sein duquel les plus grandes entreprises mondiales s'affrontent pour obtenir un prix d'excellence, le Bouquet d'Or.
Le prix est décerné par un jury composé de personnalités, mais aussi par les spectateurs eux-mêmes grâce à un système d'applaudimètre et de vote par SMS.
Les artificiers mettent en place leurs produits pyrotechniques dans le parc et les jardins du château. La manifestation se déroule tous les deux ans, sur trois soirées de juin et accueille plusieurs dizaines de milliers de spectateurs.
Dans les médias
Filmographie
- En 1962, le site de Chantilly a accueilli le tournage du film Le Jour le plus long.
- En 1985, le château de Chantilly, l'hippodrome ainsi que les écuries servirent de décors au film Dangereusement vôtre de la saga James Bond.
- En 2005, de courtes scènes du film Marie Antoinette de Sofia Coppola ont été tournées dans la cour intérieure du château.
En philatélie
- Le 21 juin 1969, un timbre postal d'une valeur de 0,85 F représentant le château de Chantilly, dessiné et gravé par Albert Decaris a été émis[6].
- Le 26 février 2007, un timbre postal d'une valeur de 0,54 € représentant le château de Chantilly a été émis[7].
Notes et références
- ↑ Chateau de Chantilly Base Mérimée
- ↑ A.Spoll. Château de Chantilly et le musée Conde. Encyclopédie du Siècle : L'exposition de Paris (1900). Tome deuxième. Paris, Librairie Illustrée, Montgredien et Cie, Editeurs. p.174
- ↑ L'administration de l'Institut de France sur institut-de-france.fr. Consulté le 2 août 2009
- ↑ TELERAMA SORTIR n° 956
- ↑ Site officiel des Nuits de feu
- ↑ Vente générale le 21 juin 1969 sur phil-ouest.com, 29 septembre 2008. Consulté le 3 août 2009
- ↑ Oblitération illustrée 1er jour à Chantilly (Oise) le 24 février 2007 sur phil-ouest.com, 10 février 2009. Consulté le 3 août 2009
Bibliographie
- Jean-Pierre Babelon et Georges Fressy, Chantilly, Scala, 1999, 247 p. (ISBN 2-86656-203-8)
- Raoul de Broglie, Chantilly, Histoire du château et de ses collections, Paris, Calman Lévy, 1964.
- A. Spoll, Le Château de Chantilly et le Musée Condé, dans le livre Encyclopédie du siècle : L'exposition de Paris (1900), tome 2, Paris, Librairie Illustrée, Montgredien et Cie, Editeurs ; pp.166, 174, 179, 194, 202, 210.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- Dossier pédagogique, CRDP de l'Académie d'Amiens
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