Paix des Pyrénées

Paix des Pyrénées

Traité des Pyrénées

Entrevue de Louis XIV et de Philippe IV dans l'Île des Faisans en 1659. On distingue la fille de Philippe IV, future reine de France, derrière lui.

Le traité des Pyrénées formalise une paix conclue entre le royaume d'Espagne et celui de France à l'issue d'une partie de la guerre de Trente Ans (1618-1648) : la guerre franco-espagnole commencée en 1635, et qui s'est continuée pendant la Fronde.

Il fut signé le 7 novembre 1659 sur l'île des Faisans, au milieu du fleuve côtier Bidassoa qui marque la frontière entre les deux royaumes dans les Pyrénées-Atlantiques. Les rois Louis XIV de France et Philippe IV d'Espagne y sont représentés par leurs Premiers ministres respectifs, le cardinal Mazarin et don Luis de Haro[1].

Sommaire

Contexte historique

Négociations

Les négociations de paix commencent en juillet 1656 à Madrid, menées par Hugues de Lionne pour le royaume de France et don Luis de Haro pour celui d'Espagne. Elles traînent en longueur car, à l'époque, les traités de paix entre deux royaumes s'accompagnent souvent de contrats de mariage entre les deux familles régnantes, en l'occurrence celui de l'infante Marie-Thérèse, fille aînée du roi Philippe IV d'Espagne, avec son cousin germain, le roi de France Louis XIV, tous deux âgés de 21 ans[réf. nécessaire].

Le contenu

Allégorie du traité des Pyrénées, « fruit des victoires », par Giovanni Francesco Romanelli, décor peint du palais du Louvre

Le texte se présente comme un règlement général entre les familles régnantes des Bourbons et celle des Habsbourg : annexion ou échange de divers territoires en Europe, pardon royal au Prince de Condé, clause de mariage entre Louis XIV et l'infante d'Espagne Marie-Thérèse d'Autriche, etc.

Articles 1 à 34
  • règlements administratifs, commerciaux, de guerre, etc.

Articles 35 à 41
Articles 42 à 60
  • Pyrénées : au sud, la France annexe le comté de Roussillon, les pays de Vallespir, de Conflent et de Capcir et les bourgs et villages de l'est du comté de Cerdagne[2].
    Le célèbre article 42 stipule que « les monts Pyrénées qui avaient anciennement divisé les Gaules des Espagnes seront aussi dorénavant la division des deux mêmes royaumes ».
    On croit à tort que ce texte délimite avec précision l'espace territorial des deux puissances. En fait, il n'en est rien : la formulation était des plus vague et des plus ambivalente (est mentionnée « la crête des montagnes qui forment les versants des eaux »), le tracé de la frontière ne sera pas matérialisé sur le terrain, et le texte ne supprime aucunement les droits de « lies et passeries » qui permettent aux communautés paysannes de jouir de coutumes de pacage (pâturage pour le bétail) sur les terres du pays voisin, i.e. de l'autre côté de la frontière.
    Une convention entre les Commissaires de France et d'Espagne, en exécution du quarante-deuxième article du Traité des Pyrénées, touchant les 33 villages du Comté de Cerdagne qui doivent demeurer au Roi de France, sera conclue à Livia le 12 novembre 1660.
    Il faudra toutefois attendre deux siècles et le Second Empire, pour que le traité soit clarifié (Traités de Bayonne), et que la frontière terrestre soit marquée par 602 bornes sur le terrain.

Articles 61 à 78
Articles 79 à 88
Articles 89 à 105
  • Italie et autres intérêts.

Articles 105 à 124
  • Dispositions finales.

Articles secrets

Une des clauses du traité est le mariage du roi de France Louis XIV avec l'infante d'Espagne Marie-Thérèse d'Autriche, fille aînée du roi d'Espagne et nièce de la reine-mère Anne d'Autriche. Celle-ci renonce à tout droit à la couronne d'Espagne contre le paiement d'une dot de 500 000 écus d'or, somme qui ne fut jamais payée (origine de la guerre de Dévolution à la reine entre mai 1667 et 1668) et qui permit à Louis XIV, plus tard, de soutenir les droits à la succession à la couronne espagnole de son petit-fils le duc d'Anjou.

Portée

Le traité des Pyrénées est le dernier acte diplomatique d'importance de Mazarin. Suivant les traités de Westphalie, il donne à Louis XIV une stabilité ainsi qu'un avantage diplomatique considérable :

  • L'affaiblissement du prince de Condé,
  • L'affaiblissement de la couronne d'Espagne et la prépondérance de la France en Europe,
  • La dot de 500 000 écus est un facteur très important. Soit la dot sera versée et les finances de la France se porteront mieux, soit elle ne le sera pas - ce qui sera le cas - et ce sera un élément important en faveur de Louis XIV sur le plan diplomatique,
  • La future Reine de France renonce par là-même, pour elle et sa descendance, à ses droits sur la couronne d’Espagne (origine de la guerre de Dévolution entre mai 1667 et 1668) et qui permettra à Louis XIV, plus tard, de soutenir les droits à la succession à la couronne Espagnole,
  • La cession de certains territoires à la France (l'Artois, le Roussillon, 33 villages de Cerdagne, et plusieurs places fortes en Flandre et au Luxembourg comme Thionville, Gravelines, Montmédy et Philippeville. Le duché de Lorraine sera partagé et verra l'arrivée de casernes françaises)
  • La frontière entre les deux royaumes délimitée par plusieurs centaines de bornes. Elle ne sera pas strictement conservée. Sous le Second Empire, elle sera définie par les délégués français de la Commission mixte pour la délimitation de la frontière, ou lors du traité de Bayonne conclu le 2 décembre 1856.

La France est désormais la grande puissance de l'Europe, et les Bourbon prennent définitivement le dessus sur les Habsbourg.

En 1660, avec la fin de la Première Guerre du Nord, l'Europe est entièrement en état de paix.

Notes et références

  1. Texte complet du traité, transcription des Archives Nationales de France, pages 168-179 : noms des signataires et pouvoir respectif donné en leur nom par le roi de France et d'Espagne
  2. La liste de ces villages a été fixée dans le Traité de Llívia (1660). Lors des rudes tractations menées pour définir les limites méridionales précises du nouveau royaume de France, Mazarin s’étonne de ne point trouver le nom de Llívia dans la liste des 33 villages du comté de Cerdagne concédés à la France. Don Luis de Haro lui rappelle l’antique statut de municipe, donc de ville et non de village. La localité de Llívia fut donc reconnue comme une ville et ne fut pas annexée, elle est encore aujourd'hui une enclave Espagnole en territoire Français : sur le terrain, une « route neutre » (sans contrôle douanier) de 4 km relie Llívia au territoire espagnol et à Puigcerda.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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