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Château de la Chasse
Le château de la Chasse, au cœur du massif de MontmorencyProtection inscrit MH 1933 Coordonnées Pays France Région historique Île-de-France Région Île-de-France Département Val-d'Oise Commune Saint-Prix Géolocalisation sur la carte : France
modifier Le château de la Chasse, se situe au cœur de la forêt de Montmorency, dans le département français du Val-d'Oise, officiellement sur la commune de Saint-Prix, aux limites de trois autres : Montlignon, Bouffémont et Domont, mais physiquement sur une excroissance prise sur la commune de Montlignon, il est de nos jours une curiosité architecturale et porte les traces de multiples remaniements subis au cours de son histoire[1].
Le château de la Chasse fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 19 août 1933[2].
Sommaire
Situation exacte
Historiquement, au Moyen Âge, la commune de Montlignon, n'était qu'un hameau de paysans dépendant de Saint Prix ou Saint-Lou (d'après les dires). Après la Révolution, la séparation des deux communes s'est effectuée naturellement, et les limites territoriales définies. Pour Saint-Prix, cela allait bien au delà de ses dernières habitations (à plusieurs kilomètres) : il est fait référence à des limites de la commune allant entre la route forestière des fonds au chemin du Pont d'Enghien, espace limitrophe avec les trois autres communes. L'étude du cadastre montre qu'il a été créé volontairement, à l'époque, une excroissance pour inclure le domaine du Château de la Chasse dans la commune de Saint-Prix au détriment de Montlignon[3].
À ce titre il faut aussi remarquer que l'adresse postale du château a toujours été, et est encore aujourd'hui à Montlignon (179, rue de Paris), car cette commune possède plusieurs habitations et industries à proximité.
Le château est accessible en voiture par la D909 anciennement RN309 au lieu dit la côte des Quatre Chênes. Mais il se trouve également au carrefour de plusieurs chemins forestiers à partir du Bouquet de la Vallée à un km au dessus de la Mayotte (Institut pédagogique). Voir plus loin la rubrique dédiée au Bouquet de la Vallée.
Construction
Petit château féodal, il est constitué d'une bâtisse carrée de 20 mètres de côté, flanqué de quatre tours rondes de 6 mètres de diamètre. Situé au cœur de la forêt de Montmorency, il est entouré de deux étangs, un de six arpents devant, et l'autre de trois arpents derrière.
Au IXe siècle, l'historien de Charlemagne (Eginhard), fait mention d'un château fort dans cette région de la Forêt de Montmorency sous le nom de Castellum de Chassia, qu'il décrit comme château fort imprenable.
Il semble que la version actuelle telle que nous la connaissons aujourd'hui ait été construite au XIIe siècle par le connétable Mathieu de Montmorency, et s’appelait à l'origine Chasse Mornay. Cette famille puissante descendante de Hugues Capet donna par la suite son nom à cette grande forêt où les rois venaient souvent chasser et séjourner dans la région proche de Paris.
Histoire
Parmi les personnages importants ayant séjourné dans les lieux de la Chasse, figurent de nombreux rois, Louis X le Hutin, Philippe VI de Valois, Jean Le Bon, Charles V, Louis XI, François Ier, Henri II, Louis Bonaparte, la reine Hortense, le tsar Alexandre Ier de Russie, l'empereur François II d'Autriche, ainsi que la duchesse de Berry.
Le château servit aussi de garnison pendant la guerre de Cent Ans, on peut retrouver au musée de Chantilly plusieurs quittances données à des soldats, pour avoir gardé le Château de la Chasse qui sont datées de 1418.
Dans le journal du règne de Charles VII, on peut aussi lire à la date du 11 avril 1429, qu'une troupe de trois cent anglais s’empara du Château de la Chasse qu'ils prirent comme base de leurs opérations de pillage. Il fut également le théâtre de la fameuse querelle des Nivelle : Jean de Nivelle avait assisté à la rédaction du testament paternel dans lequel il s'était fait donner la plus belle part. Son cadet, furieux de cette trahison, s'enfuit du Château de la Chasse qu’il livra à l'orgie. Leur père (Jean II de Montmorency, indigné par leur conduite, demanda à l'aîné de revenir au château et, sur son refus, le traita de chien. C’est de là qu’est née la phrase célèbre : « Ce chien de Jean de Nivelle qui s’enfuit quand on l’appelle ». Ces faits sont situés au cours de l’année 1463[1].
Plus tard, François Ier vint également chasser en forêt de Montmorency ; mais, à cette époque, était construit le château d'Écouen, demeure beaucoup plus grande et plus luxueuse et le vieux fort féodal tomba dans l’oubli. Nous en trouvons une description dans un document daté de 1692 aux archives du Château de Chantilly : « Fort château bien ancien fossé sur lequel il y a un pont-levis pour rentrer au château basse-cour fermée de hautes murailles devant un étang de 6 arpents derrière un autre étang de 3 arpents ».
Le petit-fils du Grand Condé avait décidé de démolir le château en 1728 ; les tours furent seulement tronquées en biais et recouvertes de tuiles, c'est ce qui en a fait son charme architectural par la suite.
Au début de la Révolution, le château passait pour être un dépôt d’armes. Une commission de vingt citoyens armés y fit une « descente » et ne trouva que « quatre fusils, un pistolet d’arçon et un vieux couteau de chasse ». Sous Napoléon Ier, le château est acquis par le prince Louis Bonaparte ; la reine Hortense, duchesse de Saint-Leu, en fit le but de sa promenade favorite, accompagnée de son fils, le futur Napoléon III.
Espace enchanteur avec ses arbres plus que centenaires, ses étangs pittoresques, ce lieu était fréquenté par tous les bourgeois du XIXe siècle, Jean-Jacques Rousseau y venait en voisin de Montmorency, Victor Hugo y a écrit lors de ses séjours à Montlignon. Les grandes dames y ont parlé d'amour, de philosophie, de politique… [4]
Le Bouquet de la Vallée
Il s'agit d'un lieu-dit aux croisements des routes et chemins, qui donne accès au château de la Chasse, situé sur la commune de Montlignon.
Dans les années 1870, a été construit une auberge relais à cet endroit qui portait ce nom de Bouquet de la Vallée, il y avait une salle de restaurant, quelques chambres, ainsi que de petites tonnelles en extérieur, pour y déguster une limonade bien fraîche ou autre boisson en été.
C'était le lieu festif de l'époque où étaient organisés des repas et amusements pour les visiteurs. Beaucoup de parisiens, bourgeois, intellectuels ou artistes aimaient se rassasier après avoir profité du grand air et de la beauté de la forêt.
Il n'était pas rare d'y croiser des écrivains, peintre ou artistes, tels Victor Hugo, Camille Pissarro, Benjamin Godard, Ernest Reyer, Charles Gounod, Joséphine Baker, Mistinguett, Georges Cain, ce dernier écrivait au début du XXe siècle[1] :
- « À trois kilomètres de Montlignon, la grande route de Paris à Chantilly passe devant une coquette auberge « au Bouquet de la Vallée », joliment campée au bord du chemin. À quelque trois cents mètres, une ferme où picorent les poules, où s’ébrouent les canards, apparaît joyeuse et claire entre deux tours noires, massives, rébarbatives, d’autant plus trapues qu’elles furent jadis démantelées et sectionnées en biais. Cette ruine s’appelle le château de la Chasse… ».
Vers le milieu des années 1950, l'auberge devient la halte des cars Renault et Citroën qui faisaient la navette entre Moisselles/Bouffémont (en provenance de Beauvais et Chantilly), avec la Porte Maillot à Paris, l'établissement a été fermé définitivement vers la fin des années 1960.
Aujourd'hui
Au début du XXe siècle, le Château de la Chasse n’est plus qu’une simple ferme en piteux état, laissé à l'abandon, sans entretien, les étangs croupissent de vase, les abords ressemblent à des champs sauvages[5].
Le château a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 19 août 1933[2], l'État en fera l'acquisition en 1973, qui le confira à l'ONF pour sa restauration entamée à partir de 1980.
De nos jours, le château ne se visite plus, mais le rez-de-chaussée a été aménagé pour recevoir les groupes scolaires ou organiser des expositions temporaires. Deux sentiers pédagogiques sont aménagés au départ du château, l’un sur l'écologie forestière, l'autre sur les techniques sylvicoles.
Fontaine Sainte-Radegonde
Parmi les dépendances du château de la Chasse se trouve la fontaine Sainte-Radegonde (Reine des Francs), elle est la plus célèbre des sources de la forêt de Montmorency. Son eau était censée guérir la stérilité. Rien ne prouve la venue de la reine Radegonde en ce lieu.
Cimetière de Louis-Augustin Bosc d'Antic
Le naturaliste Louis-Augustin Bosc d'Antic (1759-1828) découvre le domaine en 1780 lors de ses herborisations dans le vallon du château de la Chasse en compagnie des élèves de Jussieu.
En 1791, il inaugure le buste de Rousseau à Montmorency et s'installe en 1792 à Sainte-Radegonde près du château de la Chasse. À la chute des girondins le 31 mai 1793, il cache ses amis politiques dans son logis ainsi que les mémoires de Manon Roland.
Habillé en paysan et pour ne pas éveiller l'attention, il se rend régulièrement chez ses amis à Saint-Prix et à Domont avec dans sa hotte des plantes médicinales. Dans notre histoire régionale, Bosc est le lien direct entre Rousseau et deux acteurs de la Révolution, Manon Roland et La Réveillière Lépeaux.
Il repose dans le petit cimetière non loin du château de la Chasse. Ce cimetière est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 19 août 1933[6].
Liens internes
Références
- http://www.valmorency.fr/20.html
- Ministère de la Culture, base Mérimée, « Château de la Chasse » sur www.culture.gouv.fr.
- Recherches personnelles du créateur de cette page.
- http://www.saintprix.fr/content/heading328/content29014.html
- Constatation de l'auteur de la fiche
- Notice no PA00080203, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
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