- La Grande Rebeyne
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La Grande Rebeyne
La Grande Rebeyne (rebeyne en lyonnais signifiant "émeute") est une révolte de la faim qui eût lieu à Lyon du 18 au 27 avril 1529.
Sommaire
Causes
La Grande Rebeyne fut déclenchée à cause du prix trop élevé du blé, dû à la spéculation des marchands, et à cause de trop fortes impositions.
C'est une période où les riches familles de marchands originaires de Florence, Lucques, Milan et Gênes se font construire les plus belles maisons de la ville. Mais depuis quelques années les récoltes sont mauvaises. L'hiver 1528-1529 aura été particulièrement rigoureux. Le contraste entre l'étalage des richesses d'une part et la difficulté de la vie des plus pauvres est peut-être la cause de cette émeute.
Déroulements
Le 18 avril des affiches couvrent les murs de la ville : signées "le Pôvre", elles appellent à se rassembler le dimanche 25 avril aux Cordeliers afin d'aller chercher le blé dans le grenier des riches. Le dimanche après-midi près de deux milles personnes se réunissent dans le cloître des Cordeliers. Le tocsin sonne à Saint-Nizier. On commence à fouiller des maisons bourgeoises. Le lundi 27 l'abbaye de l'Île-Barbe est investie. La révolte s'éteint d'elle-même le 27.
Les conseillers et les notables du Consulat se réfugient auprès des chanoines de la Primatiale Saint-Jean.
Conséquences
La repression est dure. Certains émeutiers sont pendus, d'autres envoyés aux galères.
Documents
- Affiche qui initia les émeutes:
"L’en fait assavoir à toutes gens de la commune de la ville de Lyon,
Premièrement à tous ceux qui ont désir de soustenir le bien public, pour répugner la malice et fureurs des faux usuriers, plaise vous à avoir regard comme le détriment du blé nous tombe sus sans l’avoir mérité, à cause de leurs greniers pleins de blé, lesquels ils veulent vendre à leur dernier mot, ce que n’est de raison ;
Et si Dieu n’y met la main, il faudra en jeter en l’eau tant y en a, et ainsi, vu la grâce Dieu et la bonne disposition du temps et qu’il ne se fait nuls amas de blé pour la guerre, et en outre que justice favorise avec gens gouverneurs et conseillers, usuriers et larrons, y mettre ordre ;
Feignant user dignité, ils nous rongent de jour en jour, comme par vérité le voyez devant vos yeux advenir la cherté dudit blé et autres denrées, qui est chose vile et infâme ; par quoi à l’exemple des autres bonnes villes, que toute la commune soit délibérée y mettre bon ordre, telle que l’en fait au blé avant qu’on l’ôte de la paille, c’est qu’on le bat et escoux ;
Il nous faut faire ainsi à ces maudits usuriers et à ceux qui ont greniers et enchérissent le blé. Sachez que nous sommes de quatre à cinq cents hommes, que nous sommes alliés ;
Faisons savoir à tous les dessus-dits qu’ils aient à se trouver dimanche, après-midi, aux Cordeliers, pour donner conseil avec nous d’y mettre ordre et police, et ce sans faute, pour l’utilité et profit de pauvre commune de cette ville de Lyon et de moi.
Le Pôvre"[1]
- Commentaire de Symphorien Champier, point de vue des notables:
Cette année mil cinq cent vingt et neuf, le blé a été du prix assez hautain, le bichet du prix de vingt-cinq sols, combien que de notre temps, il ait été plus cher de quinze sols pour bichet, du temps du roi Louis onzième, environ l’an 1481 ; et encore depuis environ l’an mil cinq cent et quatre, se vendait le blé vingt-six sols et si mourait le peuple de faim par les rues.
Et nonobstant icelle famine, le peuple de Lyon était paisible, sans murmuration aucune. Mais, depuis la venue de cette fausse secte, nouvellement non trouvée, mais renouvelée de ces maudits Vaudois et Chaignarts venant de Septentrion, unde omne malum et inquitas le peuple a pris une élévation et malice en lui, qui ne veut être corrigée ni de maître, ni de seigneur, ni de prince, si ce n’est par force. Et les serviteurs veulent être aussi bien traités que les maîtres ; et au lieu que de notre temps les serviteurs étaient humbles aux maîtres et étaient sobres, et boutaient force eau au vin, et les vignerons se contentaient du breuvage qui est aux vendanges, fait avec de l’eau mise dedans le marc après que le vin est tiré de dessus ledit marc.
Mais, de présent, veulent boire du meilleur vin, comme les maîtres, sans eau ni mixtion aucune, qui est chose contre toute raison, car Dieu veut qu’il y ait différence entre le maître et le serviteur, et le commande Saint-Pierre l’apôtre en son épître : être obéissant à son maître et croire son commandement, autrement le monde serait sans ordre, et les biens de terre demeureraient sans cultiver et sans labourer (...)[2]
Source
- ↑ Archives municipales. Cité in Histoire du Lyonnais par les textes, p.69-70
- ↑ Symphorien Champier, L’Antiquité de la cité de Lyon, ensemble la rebeine ou rebellion du populaire contre les conseilleurs de la cité en 1529..., nouvelle édition, Lyon, 1884. Cité in Histoire du Lyonnais par les textes, p.69
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