Guerres entre Turcs et empire byzantin

Guerres entre Turcs et empire byzantin

Guerres turco-byzantines

Guerres turco-byzantines
Benjamin-Constant-The Entry of Mahomet II into Constantinople-1876.jpg
L'entrée de Mehmed II dans Constantinople est le symbole de la victoire définitive de l'empire ottoman sur l'empire byzantin.
Informations générales
Date XIe - 1453
Lieu Anatolie
Issue destruction de l'Empire byzantin
Belligérants
CoA of the Byzantine Empire.svg Byzantins Buyuk selcuklu devleti.gif Seldjoukides
Empire Ottoman  Empire ottoman
divers émirats turcs
Commandants
Empereurs byzantins Sultans turcs
Guerre entre Turcs et Byzantins
Batailles
bataille de Kapetrou ; bataille de Césarée ; bataille d'Iconium ; bataille de Manzikert ; siège de Nicée (1077) ; siège de Nicée ; bataille de Philomélion ; bataille de Myriokephalon ; Bataille d'Antioche du Méandre ; bataille de Bapheus ; bataille de Pélékanon ; siège de Nicomédie ; chute de Gallipoli ; reconquête de Gallipoli ; chute de Philadelphie ; siège de Constantinople ; siège de Thessalonique ; bataille de Constantinople

Les guerres entre les Turcs et l’Empire byzantin s’étalent sur une période de près de quatre siècles, du milieu du XIe siècle à la chute de Constantinople en 1453.

Ces guerres n’ont pas uniquement influé sur les deux États en question : elles ont compté parmi les éléments déclencheurs des croisades. Elles ont entraîné la destruction de l’empire byzantin, le successeur de l’Empire romain de l’Antiquité, tout en permettant à l’Empire ottoman de devenir une des plus grandes puissances de l’époque.

Les premières escarmouches entre les deux belligérants remontent au milieu du XIe siècle lorsque les premières bandes turques composées de Turcomans et de Seldjoukides s'installent à la frontière orientale de l'empire byzantin. L'installation durable des Turcs sur le territoire de l'ancien califat abbasside après 1055 permet aux Seldjoukides de se renforcer et de s'étendre aux dépens de l'empire byzantin. La victoire seldjoukide lors de la bataille de Mantzikert couplée aux guerres civiles byzantines permettent aux Turcs de s'installer en Asie mineure. L'arrivée au pouvoir de Comnène et la première croisade obligent les Seldjoukides à refluer des parties occidentales de l'Asie mineure sans pour autant que les Byzantins ne puissent récupérer l'ensemble de la péninsule anatolienne à l'image de leur défaite à Myrioképhalon. Le déclin byzantin de la fin du XIIe siècle entraîne la perte de certains territoires asiatiques aux profits des Seldjoukides qui ne peuvent pourtant pas profiter de la division de l'Empire byzantin après 1204, d'une part à cause de leur défaite à Antioche du Méandre, d'autre part parce que les Mongols soumettent les Seldjoukides dont le territoire est bientôt divisé en de multiples factions turques.

Après 1261 et la reprise de Constantinople par les Byzantins, les différents émirs turcs qui succèdent à l'État seldjoukide s'étendent aux dépens des territoires asiatiques de l'empire byzantin et au début du XIVe siècle, la quasi-totalité de l'Anatolie est aux mains des Turcs malgré l'intervention de la compagnie catalane. L'émirat ottoman profite le plus des difficultés byzantines et prend possession de Nicée et de Nicomédie vers 1330. Bientôt, ils traversent le Bosphore et s'installent en Europe où ils soumettent progressivement l'ensemble des États chrétiens de la péninsule balkanique. Sous le règne de Bayezid Ier à partir de 1389, Constantinople subit un blocus rarement mis en défaut par l'intervention de quelques aventuriers occidentaux. À cette date, l'empire byzantin n'est limité qu'à la « banlieue » de Constantinople et au despotat de Morée. La défaite de Bayezid à la bataille d'Ankara en 1402 contre Tamerlan affaiblit l'Empire ottoman qui pendant près d'une décennie est en proie à une guerre civile et à la révolte d'émirats anciennement soumis. Mais l'Empire byzantin ne profite qu'imparfaitement de ce sursis et très vite, sa situation redevient similaire à celle de 1402. Après un premier siège en 1422, les Ottomans conduits par Mehmet II réussissent à s'emparer de la capitale byzantine en 1453.

Sommaire

Les causes de la confrontation entre les Seldjoukides et les Byzantins

L’origine des Seldjoukides

Les premières terres d’implantation des Turcs

Article détaillé : Peuples turcs.

À l’origine, les Turcs sont originaires des terres de l’Asie centrale correspondant aujourd’hui aux anciennes républiques soviétiques du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan, du Turkménistan, du Kirghizstan et du Tadjikistan. Durant plusieurs siècles, ils sont frontaliers avec les terres de l’empire musulman. Parmi ces peuples, il n’existe pas d’entités politiques communes mais plutôt différentes tribus se partageant le territoire décrit ci-dessus (Karluks ou Oghouzes). Certains d'entre eux sont peu à peu devenus musulmans, mais d'autres ont gardé des pratiques religieuses traditionnelles proches du chamanisme. Peu de contacts existent entre musulmans et turcs, mais les califes abbassides s'habituent à prendre à leur service des mercenaires turcs pour leur garde personnelle. Cette tradition qui débute sous le règne Al-Ma’mūn entraîne peu à peu les éléments turcs à participer aux intrigues palatines et aux prises de décisions[1]. Cependant, à la fin du Xe siècle apparaissent les premiers États turcs réellement solides tandis que ceux-ci subissent l’expansion mongole qui les repoussent vers l'ouest [2].

L’implantation des Turcs au sein de l’empire musulman

Les Ghaznévides
Article détaillé : Ghaznévides.
Frontière de l'empire Ghaznevide vers 1040

Les Turcs sont traditionnellement employés comme mercenaires par les musulmans de la dynastie Samanides. Certains en profitent pour accroître leur prestige et prendre le pouvoir dans certains territoires. C’est le cas de Subuktigîn (fondateur des Ghaznévides) qui tout en restant vassal des Samanides agrandit son domaine. Son successeur, Mahmûd qui régne de 998 à 1030 et qui implante la capitale de son territoire à Ghazni, lance des incursions en territoire indien à l'image de son prédécesseur[3] et se constitue un territoire autonome. La suite de la dynastie s’efforçe de consolider son territoire qui correspond à la zone située au sud de l’Amou Daria de l’ancien pays Samanide[4]. Néanmoins, ils subissent de nombreux assauts et doivent reconnaître le protectorat des Seldjoukides[5].

Les Karluks ou Qarakhanides
Le royaume des Qarakhanides.
Article détaillé : Qarakhanides.

Cette autre tribu turque réussit à contrôler aux dépens des Samanides le bassin du Tarim. S’alliant aux Ghaznévides, ils se partagent le territoire des Samanides vaincus avec ces derniers. Ils prennent alors le nom de Qarakhanides et occupent la Transoxiane [6]. Contrairement au territoire des Ghaznévides, la Transoxiane vit une forte immigration turque d’origine Oghuz ce qui aboutit à une sorte de syncrétisme entre traditions iraniennes et traditions turques [7].

L'arrivée et l’émergence des Seldjoukides

Article détaillé : Seldjoukides.
Drapeau des Seldjoukides

Les Seldjoukides tirent leur nom du chef Oghouze Seldjouk converti à l’islam. Il se met avec ses fils au service des Qarakhanides à la fin du Xe siècle. Cette tribu est cependant vaincue en 1025 par Mahmud de Ghazna qui déporte une grande partie de ses membres dirigée par Arslan-Isra`îl (un des fils de Seldjuk) au Khorasan. L’autre partie se réfugie sur les bords de la mer d’Aral. Arslan-Isra`îl, envoyé dans des campagnes à l’ouest par Mahmud en vient à se trouver aux frontières de l’empire byzantin sur lesquelles il fait peser le début d'une menace [8].

Au sein du Khorasan, les fils de Arslan-Mikha'îl (un des fils de Seldjouk) que sont Toghrul-Beg et Cagri Beg (ou Tshagri Beg) commencent à envahir le territoire des Ghaznévides. A la bataille de Dandanakan en 1040, ils réussissent à en prendre le contrôle.

Togrul Beg devient alors le dirigeant de la partie ouest du territoire des Ghaznévides[9] [N 1]. Devant la possible menace que représentent les Turkmènes implantés du côté de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie, il préfère s'allier et participer avec eux à la prise de forteresses byzantines frontalières sans pour autant menacer l’intégrité de l’empire byzantin. Néanmoins, lorsqu’en 1055, il rentre dans Bagdad et obtient le titre de sultan [10] en récompense de son combat contre les émirs bouyides[11], il permet d’accroître la légitimité des Seldjoukides. En effet, il est alors le protecteur du califat abbasside. Pendant ce temps, les Turkmènes réussissent à prendre le contrôle de l’Arménie en 1064 puis à annexer les territoires géorgiens (1068) [12] et à pénétrer de plus en plus profondément en territoire byzantin à la recherche de butins [13]. Malgré la volonté de Toghrul Beg et de Alp Arslan de calmer les ardeurs des Turkmènes et de se concentrer sur la conquête de l'Égypte, les souverains Seldjoukides sont progressivement engagés dans le conquête de l'Anatolie.

La situation de l'empire byzantin à la veille des conquêtes seldjoukides

L'Empire vers 1025, sous Basile II.

Depuis les conquêtes de Basile II qui ont considérablement renforcé l’empire, ce dernier subit une désagrégation progressive. Certaines conquêtes sont cependant faites au lendemain de la mort de Basile dont la prise d’Edesse. Néanmoins, Constantin VIII, qui succède à son frère, rend le pouvoir aux eunuques du palais au détriment des chefs militaires qui avaient eu la part belle sous Basile ce qui fut la cause d'un profond ressentiment entre les deux catégories sociales. À la mort de Constantin en 1028, succède la dynastie des princes époux et adoptés dont la politique contribue à affaiblir l’empire. Ainsi, le règne de Romain III Argyre est marqué par des complots de palais dont lui-même est une des victimes. Le phénomène se reproduit sous le règne de Michel V qui est déposé à la suite d'une émeute[14]. L’arrivée au pouvoir de Constantin IX Monomaque en 1042 correspond plus ou moins aux premières incursions des Turcs seldjoukides aux frontières orientales de l’empire. Le règne de Constantin IX est désastreux pour Byzance, en particulier par la ruine du trésor en grande partie accumulé par Basile II. En fait, comme il l’avoue à Psellos[15], Constantin considére la dignité impériale comme une retraite dorée qui lui permet de s’amuser. Face à cette situation de déclin pour l’empire, les Turcs se rapprochent progressivement. De plus, les conquêtes récemment effectuées (prise d’Edesse, invasion progressive de la Géorgie ou progression en Arménie dans la région d’Ani) ont détruit les États tampons qui séparent l’Empire byzantin de l’Empire musulman pour en faire des régions certes byzantines mais diminuées par les guerres et par une administration défaillante[16]. Celle-ci étant symbolisée par une mesure de Constantin IX veillant à remplacer le service de protection des frontières caucasiennes qui incombait aux Ibères par un nouvel impôt. Or, comme les aristocrates qui bénéficient d'immenses dotations dans la région résident le plus souvent à Constantinople, les défenseurs ne sont plus assez nombreux pour espérer stopper les invasions turques.

Les premiers conflits entre Turcs et Byzantins

Des premières batailles au tournant de Mantzikert

Article détaillé : Bataille de Mantzikert.

C'est en 1048 qu'a eu lieu la première expédition turque en territoire byzantin. Néanmoins, l'alliance entre les Byzantins et les géorgiens permet de repousser les Seldjoukides dirigés par Ibrahim Yinal lors de la bataille de Kapetrou. La capture du roi géorgien Liparit aboutit à une trêve entre l'empire byzantin et Togrul Beg qui accepte de libérer Liparit. Malgré ce succès et cet accord, la paix est des plus précaires. Dès 1052, Toghrul profite de la guerre que mène Byzance contre les Petchénègues pour mener une campagne sur les terres orientales de l'empire, il est cependant une nouvelle fois vaincu et ne peut s'emparer de Mantzikert. Le neveu de Toghrul, Alp Arslan reprend le flambeau. À partir de 1067, il accélère la conquête territoriale en prenant d'abord le contrôle de l'Arménie en 1064 avant de s'attaquer sans succès à Edesse [17]. Il profite alors du certain désordre qui règne dans l'empire byzantin malgré la relative continuité du règne de Constantin X. Sa stratégie est d'annihiler progressivement les défenses frontalières byzantines par des assauts réitérés [18]. En 1067, il capture Césarée tout en ravageant la Cilicie[19]. Cette pénétration de plus en plus profonde provoque la réaction byzantine [20] . Le nouvel empereur, Romain Diogène lève alors une grande armée composée de nombreux mercenaire pour mettre fin aux provocations turques. Dans un premier temps, il libère le Pont des incursions turques et ravage une armée turque à Tephrik [21]. Se dirigeant vers la Syrie, il prend Hiérapolis mais ne peut empêcher la chute d'Amorium[22]. Les Turcs se lancent alors dans la conquête de la Cappadoce en prenant Iconium en 1069 avant que Romain ne les fasse battre en retraite[23]. L'année 1070 est marquée par une nouvelle année de guerre entre Seldjoukides et byzantins. Alp Arslan échoue une nouvelle fois à prendre Edesse tandis que Manuel Comnène, qui dirige l'armée byzantine est battu près de Sébaste, fait prisonnier puis libéré par un rebelle Seldjoukide[21]. Mais, en 1071, Romain Diogène décide d'en finir avec la menace turque. Le 26 août 1071, les deux armées se rencontrent à Mantzikert, cependant, la bataille tourne à l'avantage des turcs notamment à la suite de la trahison des Doukas (privés du pouvoir depuis que Romain est empereur) et la bataille tourne au désastre pour Romain Diogène qui est capturé[24] [25].

Les conséquences de cette première campagne de guerre

Les domaines de Philarète.
Alp Arslan humiliant l'empereur Romain IV après sa défaite de Mantzikert.

Romain Diogène est finalement libéré par Alp Arslan et une paix relativement indulgente pour l'empire byzantin est signée. En effet, Alp Arslan ne se préoccupe pas tant d'accroître son autorité sur l'Asie Mineure mais de conquérir l'Égypte fatimide. Ainsi, en échange du départ des Turcs, Romain Diogène cède plusieurs forteresses frontalières (Mantzikert, Argish...) et paie un lourd tribut en or [26]. Cependant, durant l'absence de Romain, les Doukas viennent de reprendre le pouvoir. Comme depuis 1057, l'empire retombe dans la guerre civile qui avait jusqu'à maintenant détruit toute l'œuvre de la dynastie macédonienne. La lutte, qui opposait bien souvent le gouvernement civil du Palais aux chefs de l'armée reprit en 1071. La défaite de Mantzikert avait discrédité Romain IV qui est déposé par Michel VII Doukas. Dès lors, le traité signé entre Alp Arslan et Romain Diogène est caduc[27]. Bientôt les querelles intestines facilitent la progression des Turcs qui se mettent au service des différentes factions byzantines. C'est ainsi qu'ils se répandent dans toute la péninsule anatolienne abandonnée par les populations autochtones [28] et qui fut bientôt sous la direction des Turcs Seldjoukides. La mort d'Alp Arslan en 1072 n'enraye en rien ce mouvement puisque Malik Shah Ier continue sa politique. La révolte de Roussel de Bailleul provoque l'intervention du Seldjoukide Artoukh qui capture Roussel avant de le libérer[29]. Bien que le chef normand soit finalement capturé par Alexis Comnène, les guerres intestines qui minent l'empire sont les causes les plus importantes de l'envahissement de l'Anatolie. La situation se dégrade à nouveau lorsqu'en 1077, les armées d'occident et d'orient proclament chacun un empereur à la place de Michel VII. Nicéphore Bryenne, le prétendant de l'armée occidentale qui entraîne certains éléments turcs jusqu'en Europe [30] fut vaincu mais Nicéphore Botaniatès réussit à prendre le pouvoir malgré la tentative turque de l'arrêter. Son règne de trois ans (1078 - 1081) est une suite de révoltes militaires à l'image de celle de Constantin Doukas, fils de Michel VII qui est envoyé par Nicéphore pour combattre les Turcs avant de se retourner contre lui sans réussite. À Antioche, dont la région était devenue une enclave byzantine, le pouvoir fut donné de facto à Philarète qui assure de lui-même la défense du Taurus contre les Seldjoukides au nom du basileus. Face à cet état d'anarchie, les turcs continuent leur progression. Certains servent de mercenaires dans l'armée de Nicéphore Melissenos qui tente de prendre le pouvoir tout en installant les Turcs dans les villes de Nicée, de Cyzique et autres qui furent bientôt sous leur contrôle (siège de Nicée). Pour la première fois en effet, les Seldjoukides ne se contentent plus de raids mais s'installent durablement en Anatolie. C'est ainsi que depuis 1074 et la donation par Malik Shah Ier de l'Asie mineure à son oncle Süleyman Ier s'est constitué un embryon d'État Seldjoukide en lieu et place des anciennes terres de l'empire byzantin. Théoriquement, Süleyman est vassal de Malik Shah Ier, mais peu à peu, il va s'éloigner de son suzerain plus concentré à capturer les cités de Damas ou encore Jérusalem. Ainsi, en 1077, Süleyman se déclare sultan de l'État indépendant de Roum dont la capitale est Nicée, définitivement acquise par les Turcs il y a peu. Malik Shah réclame l'aide de Byzance à qui il demande la capture et l'envoi des fils de Kutulmush dont Süleyman. À Constantinople, cependant, on reste persuadé que l'adversaire principal reste Malik Shah qui essuie donc un refus [31].

L'ère des conflits entre les Seldjoukides et l'empire byzantin (1081-1180)

Le rétablissement de la stabilité à Constantinople et le coup d'arrêt à l'expansion Seldjoukide (1081-1096).

Alexis Comnène Ier réussit à endiguer la progression des Seldjoukides (1081-1094).
Grand Empire Seldjoukide, 1092

Alexis Ier et la stabilisation de la frontière

Pendant que l'Empire byzantin perd progressivement la quasi-totalité de ses territoires asiatiques à l'exception de la Bithynie et de la Syrie du nord[32] au détriment du nouveau sultanat de Roum, Nicéphore III continue à essayer de se maintenir sur le trône. Toutefois en 1081, l'ancien général Alexis Comnène qui vainquit notamment Nicéphore Bryenne ou Nicéphore Basilakios qui tentèrent de s'arroger le trône de l'empire renverse Nicéphore III. Avec lui commence une nouvelle ère de stabilité pour l'Empire byzantin fragilisé par plusieurs années de guerres civiles. En 1081, il doit faire avec un état turc qui a profité des errements de ses prédécesseurs et Süleyman a acquis plusieurs cités en échange de son soutien à des tentatives de coup d'état. De plus, les terres dirigées par Philarète s'éloignent de plus en plus de la domination byzantine qui en vérité n'y exerce plus aucun pouvoir [33]. Néanmoins, le sultanat crée par Süleyman reste assez fragile [34] et les bandes turques qui occupent l'Anatolie sont assez indépendantes les unes des autres. De plus, la signature d'un traité entre Alexis et le sultan permet à Constantinople de vivre à l'abri d'un éventuel siège. Süleyman n'abandonne pourtant pas la conquête de nouvelles terres. En 1081, Smyrne devient turque et en 1084, il s'empare d'Antioche mettant pratiquement fin à l'éphémère principauté de l'arménien Philarète [35]. La défaite de Süleyman lors d'une bataille près d'Alep en juillet 1085 [36] puis sa mort l'année d'après n'empêche pas la chute de la principauté qui subit une grande offensive en 1086 et disparaît en 1087. À cette date, le sultanat se fissure en de multiples émirats. Mais Alexis Ier ne peut profiter de la situation, du fait de ses guerres contre les Normands et les Petchénègues et seule Cyzique est reprise. Le sultanat de Roum est alors dirigé par Abul Qasim qui s'allie avec Alexis pour contrer les visées de Malik Shah et préserver l'existence du sultanat de Roum.

L'empire Byzantin en 1081.

La menace des émirs "maritimes"

La menace vient alors des émirs qui se sont rendus indépendant à la mort de Süleyman. Tangripermes ou Tengribirmish qui s'est taillé un territoire autour d'Ephèse[37] et surtout Zachas, l'émir de Smyrne qui n'est en effet pas tenu par le traité d'alliance entre Alexis et Abul Qasim. Tout d'abord, il souhaite unir les différents territoires qui se sont rendus indépendants, mais surtout, il s'est fait construire une flotte dans le but de prendre Constantinople par mer. Il conquiert d'abord les îles de Chios, Samos, Rhodes et Lesbos ainsi que les cités côtières de Clazomènes et de Phocée. Après une première défaite, la nouvelle flotte byzantine reconstruite par Alexis et dirigée par Constantin Dalassène reprend l'île de Chios[38]. Zachas réagit en concluant une alliance avec les Pétchenègues, il espère assiéger la capitale de l'empire par terre et par mer. La victoire le 29 avril 1091 d'Alexis sur les Pétchenègues à la bataille de la colline de Lebounion met un terme aux espoirs de Zachas. Celui-ci n'abandonne pourtant pas la partie mais il doit fuir face à une flotte dirigée par Jean Doukas et Constantin Dalassène. En 1093, Zachas assiège Abydos mais l'alliance entre Kilic Arslan et Alexis l'oblige à battre en retraite, avant de mourir lors d'une rencontre avec Kilic Arslan, nouveau sultan de Roum [39]. En effet, malgré le traité de paix, la situation avait changé au sein du sultanat. Abul Qasim prépare une attaque contre Constantinople finalement repoussée. En fin de compte, Alexis s'allie avec le sultan de Roum contre Malik Shah qui s'apprête à lancer une offensive contre Nicée dans l'espoir de rétablir la cité dans le giron de l'empire Seldjoukide. Le général byzantin Tatikios réussit effectivement à faire lever le siège mais sans pour autant reprendre la ville[40]. C'est à cette époque que Malik Shah propose une alliance à Alexis qui prévoit le retour des villes de Bithynie (dont Nicée) et du Pont à l'Empire byzantin avec comme contrepartie, le mariage d'une des filles d'Alexis au fils aîné de Malik Shah. Ce dernier souhaitant rétablir la lignée de Süleyman représentée par Kilic Arslan à la tête du sultanat de Roum. La mort de Malik Shah en 1092 entraîne la fin du projet et Kılıç Arslan Ier devint le nouveau sultan de Roum la même année.

La Première croisade et le début de la reconquête

Article détaillé : Première croisade.
L'empire byzantin et le sultanat de Roum avant les croisades.

Les causes de la Première croisade et la réaction d'Alexis

Article détaillé : Siège de Nicée.
Godefroy de Bouillon et les barons reçus par l'empereur Alexis.

Vers 1090, la situation sur la frontière orientale semble se stabiliser. Alors que les Turcs paraissaient en mesure d’envahir complètement l’empire, la venue d’Alexis Ier a changé la donne. Il a joué des divisions turques tout en éloignant les menaces les plus importantes (Zachas). De plus, la mort de Malik Shah fragilise un empire Seldjoukide qui se divise en de multiples factions et le sultan Qilidj Arslan semble bien disposé envers l'empire byzantin. D'autant plus qu'à l'est, les Danichmendides (une autre peuplade turque) menace le sultanat de Roum. Malgré quelques conquêtes comme la reprise des villes de Cyzique et d'Apollonia[41], Alexis n’est cependant pas en position de force pour reprendre pied dans la majorité du territoire anatolien qu’il considère comme faisant partie intégrante de l’empire. Les frontières occidentales, malgré l'anéantissement presque total des Pétchenègues ne peuvent être dépouillées de troupes[42]. Face à une telle situation, les armées des puissances chrétiennes occidentales apparaissent comme le seul recours possible à Alexis s'il veut reconquérir l'Asie Mineure. Malgré des rapports conflictuels avec le pape Grégoire VII au début de son règne, l'avènement d'Urbain II marque le début d'une politique d'apaisement entre l'empereur et la pape. Urbain souhaite en effet l'alliance entre les deux Églises brisée en 1054 pour libérer les chrétiens d'Orient des Turcs. Cette politique papale s'est trouvée exacerbée par la prise de Jérusalem en 1073 par les Turcs qui rend plus difficile le pèlerinage. Du côté byzantin, Alexis se sert du concile de Plaisance comme d'une tribune où ses ambassadeurs auraient supplié l'aide des Chrétiens pour défendre l'empire selon Bernold de Constance[N 2]. Lors du concile de Clermont le 24 novembre 1095, Urbain II reprend les demandes byzantines et encourage les soldats chrétiens à intervenir en Orient. Le mouvement des croisades qui s'engage alors provoque la surprise pour le pape et l'empereur par la dimension qu'il va prendre. En effet, de nombreux chevaliers, en particulier francs, ne possèdent aucune terre et espèrent les trouver en Orient même si la motivation religieuse reste primordiale. Pour Alexis, la surprise est grande, il s'attendait à trouver des troupes de mercenaires dont il se serait servi pour renforcer sa propre armée. À la place, ce sont des armées entières qui convergent vers Constantinople. En homme d'État, il est parfaitement conscient du danger que peuvent faire courir de telles troupes sur l'empire [43]. D'une part, Constantinople reste très riche et suscite les convoitises, d'autre part, il sait qu'il aura affaire à des chefs d'armée qui ne seront pas forcément d'accord pour céder leurs conquêtes à l'empire. Dès lors, une grande différence de point de vue émerge entre les deux partis. L'empire byzantin souhaite se servir des croisés comme des auxiliaires, des mercenaires dont elle s'est souvent servie depuis sa création (Ghassanides, garde varangienne, etc.) pour récupérer ses terres ancestrales. L'idée même de croisade lui est inconnue[44]. Au contraire, les croisés n'entendent pas se faire dicter la loi par les empereurs byzantins et souhaitent pour certains se constituer leur propre État.

La croisade populaire dirigée par Gautier Sans-Avoir et Pierre l'Ermite est la première à arriver dans l'empire. Partie de Cologne, elle est très hétéroclite avec des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. La première partie de cette croisade est menée par Gautier. Après quelques altercations en Hongrie, elle atteint la ville de Niš dans l'empire byzantin où elle est ravitaillée. La même cité est pillée par certains croisés ayant suivi Pierre l'Ermite suivant à quelques jours près les hommes de Gautier. Les Byzantins répriment alors ces pillages en massacrant les meneurs. Les 30 000 pèlerins de Pierre atteignent finalement Constantinople en août 1096. Malgré les quelques troubles ayant eu lieu, Alexis Ier fait un très bon accueil à Pierre l'Ermite et lui fait franchir le Bosphore avec ses hommes qui sont assignés à résidence à Civitot[45]. Alexis est en effet parfaitement conscient que cette troupe n'a aucune chance de vaincre les turcs et les encourage à attendre l'autre croisade. Néanmoins, Gautier Sans-Avoir mène ses hommes en direction de Nicée, dans l'espoir d'en découdre avec les Turcs. Ceux-ci écrasent les 25 000 pèlerins dont peu survivront[46]. Ce relatif échec ne change pas grand chose. Alexis sait qu'une autre croisade, celle des barons, doit arriver sous peu à Constantinople. C'est sur celle-ci que les espoirs de la chrétienté reposent.

La prise de Nicée est la première reconquête d'importance de l'empire byzantin en Asie Mineure.

Ces croisés arrivent en ordre dispersée à Constantinople de la fin de l'année 1096 à mai 1097, ravitaillée par les Byzantins, Godefroy de Bouillon, le premier arrivé à Constantinople est très bien accueilli par le basileus. Malgré des tensions dues au refus de certains chefs croisés de faire allégeance à Alexis mais aussi à certaines altercations entre les croisés et les troupes byzantines qui les escortent, les croisés acceptent finalement de céder les terres ayant appartenu aux byzantins et qu'ils auront conquises sur les Turcs. Les troupes croisées deviennent alors plus ou moins des mercenaires au service de l'empire byzantin. En mai 1097, les croisés soutenus par l'armée byzantine viennent mettre le siège devant la capitale du sultanat de Roum, Nicée. Le traité entre les croisés et l'empereur stipulait en effet que Nicée serait la première ville reprise et cédée à l'empire byzantin. Kilic Arslan après sa victoire contre la croisade populaire est parti en guerre contre d'autres princes musulmans, espérant prendre le contrôle de Mélitène. Lorsqu'il revient à Nicée le 21 mai, le siège est déjà en place et il n'a pas les forces nécessaires pour le lever. Il bat alors en retraite tandis que le 2 juin, les croisés achèvent l'encerclement de Nicée. Mais la ville est très bien défendue et se fait ravitailler par l'intermédiaire d'un lac. Finalement, les croisés demandent l'aide d'Alexis pour couper cette ligne de ravitaillement. C'est une flotte dirigée par Manuel Boutoumitès qui s'en charge. La situation devient désespérée pour les turcs qui acceptent de se rendre mais uniquement à Alexis. Finalement, le 19 juin, l'étendard byzantin flotte sur Nicée occupée par l'armée byzantine[47] à la stupeur des croisés. Les seigneurs s'inclinent devant le fait accompli tandis que les soldats s'insurgent de cet acte qui les prive de tout butin [48] (ce que voulait d'ailleurs Alexis). Finalement, même si aucune dispute n'intervient entre byzantins et croisés, un certain ressentiment se fait sentir entre les deux partis.

La suite de la première croisade et la reconquête partielle de l'Asie Mineure

Article détaillé : Bataille de Dorylée.
La victoire des croisés à Dorylée ouvre la voie à Alexis Ier dans sa reconquête de l'Asie Mineure.

Après que l'ensemble des chefs croisés aient renouvelé leur serment d'allégeance à Alexis, la croisade reprend le 26 juin avec en soutien, un contingent byzantin dirigé Tatikios qui assure le ravitaillement des croisés mais aussi s'assure que les villes reprises reviennent dans le giron byzantin. La prise de Nicée a fortement fragilisé les Turcs Seldjoukides qui s'allient avec les Danichmendides qui après la mort de Süleyman se sont forgés un territoire indépendant de fait au nord-est de l'Anatolie. Ces derniers tentent alors de tendre une embuscade aux croisés vers Dorylée le 1er juillet 1097. C'est un échec et les turcs doivent battre en retraite. Cette nouvelle victoire provoque l'affaiblissement des territoires turcs. Profitant de la situation, Alexis envoie son beau-frère Jean Doukas conquérir par mer et par terre des territoires aux dépens des Seldjoukides. Le basileus craint en effet que malgré leur fragilité, les turcs ne s'unissent. Jean Doukas envahit l'Ionie et la Phrygie ainsi que le territoire de l'ancien émirat de Smyrne et défait Tengribirmish devant Ephèse qui redevient byzantine sous la direction du duc Petzeas[49] [50]. Certaines îles de la mer Égée conquises par Zachas sont récupérées par l'amiral byzantin Kaspax tandis que l'autorité byzantine se répand à l'intérieur de l'Anatolie en Lydie et en Phrygie. En outre, la progression des croisés au sein du territoire turc permet à Alexis Ier d'espérer reprendre la ville d'Antioche perdue il y a une quinzaine d'années. En attendant de se joindre lui-même à la croisade, Alexis envoya le général Tatikios et un corps de troupes en soutien des croisés [51]. Antioche est bientôt assiégé mais le départ de Tatikios [N 3] pour Chypre entraîne de la part de Bohémond un rejet des engagements qu'il a pris à l'égard de l'empire byzantin. Mais la ville d'Antioche tenue par le Turc Yaghi Siyan, vassal de Ridwan, l'émir d'Alep se refuse à tomber aux mains des croisés. Malgré tout, le 3 juin, la ville finit par être prise du fait de la trahison de certains de ses habitants. De son côté Alexis souhaite venir en aide aux croisés, mais alors qu'il traverse l'Asie mineure, il rencontre Étienne II de Blois qui a déserté le 2 juin peu avant que la cité ne se fasse assiéger par Kerbogha. Étienne l'informe alors que la situation des croisés est sans espoir. Alexis décide en conséquence de rebrousser chemin, considérant que ses forces ne sont pas suffisantes pour vaincre les Turcs. Pour éviter toute nouvelle invasion de l'Asie Mineure par ces derniers, il ravage le pays qu'il traverse pour empêcher tout ravitaillement aux Turcs[52] [53]. Toutefois, cette campagne a permis à Alexis de consolider ses positions en Asie Mineure. Finalement, le 28 juin, Kerbogha doit se replier, vaincu par les croisés[54]. Néanmoins, ces derniers refusent de rendre la ville à Alexis Ier malgré le fait qu'elle ait été, il y a 15 ans encore aux mains des byzantins. En effet, Godefroy considère le repli d'Alexis comme équivalent à un abandon des droits de ce dernier sur la possession de la ville. Cet échec suivit d'autres (voir pour cela l'article sur Alexis Ier Comnène) consacre l'échec pour les byzantins dans leur volonté de reprendre leurs anciens territoires syriens perdus lors de l'invasion Seldjoukide à la suite de la bataille de Mantzikert.

La fin du règne d'Alexis Ier et le retour des conflits frontaliers

La première croisade a été indéniablement un succès pour l'empire byzantin qui rétablit sa souveraineté sur les parties occidentales et méridionales de l'Anatolie. Malgré l'échec subi à Antioche et la persistance du sultanat de Roum qui a fixé sa capitale à Iconium, Constantinople n'est plus directement menacée. L'empire byzantin qui semblait au bord de la destruction se rétablir. Du côté turc, la priorité n'est plus la capture de Constantinople mais bien la lutte contre États latins d'orient. De plus, la mort de Malik Shah Ier. Cette cohésion étant en outre renforcée par l'alliance que Kilic Arslan fait avec les Danichmendites à la suite de la Première croisade. Malgré tout, des tensions persistent en Asie Mineure où Alexis tente de réorganiser les territoires récemment repris. L'Anatolie byzantine comprend à cette date le duché de Trébizonde, une partie du thème des Arméniaques, la partie occidentale de l'Anatolie limitée à l'est par une ligne allant de Sinope à Philomélion et la côte méridionale avec le port d'Attalie [55]. Les Turcs reprennent l'offensive en 1113 en direction de Nicée sans aboutir. En 1115, c'est Malik Shah Ier, le nouveau sultan de Roum qui tente de récupérer les provinces septentrionales de la péninsule anatolienne. Mais en 1116, lors de la bataille de Philomélion, les byzantins remportent une victoire [56], qui procure un traité de paix avantageux à l'empire byzantin. Ce dernier n'est cependant pas une assurance contre les assauts turcs qui reprennent rapidement et Laodicée de Phrygie est récupérée par les Seldjoukides tandis qu'Antalya est isolée du reste du territoire byzantin. C'est la situation à la mort d'Alexis en 1118.

Les progrès byzantins fragilisent la position des Seldjoukides en Asie Mineure (1118-1143)

Jean II Comnène continue la politique de son père en reprenant une partie de l'Asie Mineure aux Turcs.
L'émirat des Danichmendides à sa création à la fin du XIe siècle.

Le nouvel empereur byzantin Jean II Comnène n'entend pas abandonner ses offensives contre les Turcs. Ainsi, dès 1119, il reconquiert la ville de Laodicée de Phrygie après un long siège pour en faire une forteresse [57]. Progressivement, c'est l'ensemble de la vallée du Méandre qui est conquise. La prise de Sozopolis permet en outre de rétablir les liens terrestres avec Antalya[58]. Seule l'offensive dirigée par le duc de Trébizonde Constantin Gabras contre les Danichmendides est un échec. Ces progrès substantiels sont surtout causés par l'anarchie progressive de l'Anatolie turque [59]. En effet, le sultan de Roum Mas`ûd Ier doit lutter contre des émirs aux volontés autonomistes voire indépendantistes. C'est ainsi qu'en 1024, il prend Mélitène à l'émir Toghroul qui doit se réfugier à Constantinople [60]. En 1126, c'est le propre frère de Masûd, 'Arab qui manque de le renverser. En effet, après avoir pris Ankara et Kastamonu, 'Arab réussit à chasser Masûd qui s'exile à Constantinople. Au milieu de cette situation de plus en plus confuse, Gumuchtegin, l'émir Danichmendide se renforce. Il soutient Masûd contre 'Arab et lui permet de récupérer son trône[N 4] et prend la côte de Paphlagonie qui lui est livrée par le gouverneur byzantin Kasanios [61],[62] ainsi que les villes d'Ankara ou de Kastamonu qui avaient été annexées par l'empire byzantin après la lutte entre Masûd Ier et 'Arab. Dès lors, le principal adversaire pour Constantinople est l'émir Danishmendide qui contrôle la majeure partie de l'Anatolie [63]. A partir de 1130 ou 1132, l'empire byzantin lance une série d'offensives contre Gumuchtegin, Kastamonu passant d'une main à l'autre plusieurs fois avant d'être définitivement conquise par les byzantins [64]. En 1134, la mort de Gumuchtegin[65]. facilite la tâche des Byzantins, les Turcs plongeant dans une nouvelle guerre civile qui permet à Jean II de prendre la ville de Gangra en Galatie où il laisse une garnison de 2000 hommes [66] avant de signer un traité de paix Massoud Ier, sultan de Roum. Cette campagne privait les Turcs de la plupart de leurs débouchés maritimes. La côté bordant la mer Noire redevenant byzantine jusqu'au fleuve Tchorok à l'est de Trébizonde. Ces conquêtes permettant à l'empire byzantin de redevenir une puissance maritime importante [67]. Cette puissance maritime étant affermie par la soumission du Royaume de Petite-Arménie. En 1139, Jean II lance une dernière campagne en Asie Mineure contre l'émir danishmendide Mehmed Gazi III qui a fait alliance avec le duc de Trébizonde Constantin Gabras qui à l'image de Philarète cherche à se défaire de l'autorité impériale. L'émir turc prend d'abord la forteresse de Vakha mais Jean l'empêche d'envahir la Bythinie et la Paphlagonie. L'empereur byzantin échoue cependant à prendre possession de la ville de Néocésarée après un siège de six mois[68],[69]. La mort de l'émir Danishmendide entraîne la fin du conflit.

Le tournant de Myrioképhalon (1143-1180)

Le début du règne de Manuel Ier et les projets lointains contre les Zengides

Article détaillé : Manuel Ier Comnène.
Alliance entre Amaury et Manuel. Les Croisés devant Péluse.
La bataille de Myrioképhalon

Dès le début de son règne, le successeur de Jean II Comnène mort en 1143, qu'est Manuel Ier Comnène reprend l'offensive en Asie Mineure. Il s'allie avec l'émir Danichmendide pour combattre le sultan Masûd Ier. En effet, le retrait byzantin à la suite du siège de Néocésarée a permis aux Turcs de s'avancer jusqu'à Antalya [70]. D'autant plus que la mort de Gumuchtegin provoque une lutte intestine au sein de l'émirat Danichmendide qui avantage les Seldjoukides. La population Turkmène du sultanat s'infiltre alors en direction de la vallée du Méandre et de la Gediz. Manuel réplique à ses pénétrations et dirige deux expéditions contre Masûd de 1144 à 1146. Il repousse les Turcs et les vainc à Akşehir avant de ravager les faubourgs d'Iconium[71]. La capitale du sultanat est sauvée par l'intervention de Masûd avant que l'imminence d'une nouvelle croisade n'entraîne une alliance des deux souverains [70]. Les années qui suivent sont relativement calmes en Asie Mineure. Manuel se concentre plutôt sur ses conquêtes en Italie et sur ses relations avec les croisés alors même que la deuxième croisade traverse son territoire. Cependant vers 1150, la situation devient explosive en Anatolie, les arméniens de la Cilicie se révoltent contre l'autorité byzantine[72], les croisés se détachent de l'influence byzantine et l'alliance de Nur ad-Din, l'émir d'Alep avec Masûd fait peser sur les États latins d'Orient une grave menace. D'une part, le comté d'Édesse est détruit, y compris la portion cédée par Béatrice d'Édesse cédée aux Byzantins. En effet, la ville de Turbessel acquise par l'empire est prise le 12 juillet 1151 par un lieutenant de Nur ad-Din[73]. C'est en 1158 que Manuel peut intervenir après avoir rétabli la situation en Cilicie et reçu la soumission de Renaud de Châtillon[74]. Une alliance est alors signée entre Baudouin III et Manuel Ier pour l'attaque d'Alep mais ce projet est interrompu par la signature d'une trêve entre l'empire byzantin et l'émir d'Alep[75] [76] avec la restitution de milliers de prisonniers par Nur ad-Din[77]. Lors de son retour à Constantinople, Kılıç Arslan II, le nouveau sultan de Roum tente de vaincre l'armée byzantine près d'Iconium mais en 1161, il est vaincu par les Byzantins et doit signer un traité où il reconnaît être devenu le vassal de l'empire[78] [N 5]. Ce traité prévoit l'envoi par Kilic Arslan de troupes auxiliaires en soutien à l'armée byzantine ainsi que la rétrocession de plusieurs villes[79]. Cependant, cette paix restait précaire. De nouveau en 1164, Nur ad-Din lance des offensives contre Antioche alors qu'Amaury Ier de Jérusalem tente de prendre le contrôle de l'Égypte. La ville n'est sauvée que par une intervention byzantine[80] mais Amaury comprend que pour espérer conquérir l'Égypte, il doit s'allier avec Manuel qui pourrait alors empêcher la principauté d'Antioche d'être envahie. Manuel profite de cette occasion et accepte l'alliance. Il espère ainsi renforcer sa position auprès des États latins, apparaissant d'une certaine manière comme un protecteur. De surcroît, le traité prévoit un partage de l'Égypte, ce qui permettrait à l'empire byzantin de remettre la main sur une partie de cette région perdue aux profits des arabes au milieu du VIIème siècle. Toutefois, Amaury n'attend pas les troupes byzantines et passe à l'attaque dès 1168. Face au danger, Al-Adid, le calife fatimide d'Égypte demande l'aide de Nur ad-Din en échange d'un tiers de l'Égypte. L'envoi de Shirkuh et de Saladin conduit à la défaite des Francs[81]. L'Égypte devenait une province turque dirigée par Nur ad-Din. Malgré cet échec, Manuel refuse d'abandonner la partie. Il envoie le mégaduc Andronic Kontostephanos avec une flotte et une armée très importante (près de 200 vaisseaux)[82]. Cette armée participe avec les troupes d'Amaury au siège de Damiette (septembre-décembre 1169). La mésentente entre Andronic et le roi de Jérusalem aboutit à un échec et les troupes byzantines rembarquent. En 1170, Saladin s'émancipe de la tutelle turque en Égypte tandis que Nur ad-Din continue ses offensives contre les États croisés. Ce dernier meurt en 1174 et l'État turc d'Alep disparaît, tombant aux mains de Saladin. Peu après, Manuel abandonne définitivement tout projet d'invasion de l'Égypte.

Carte de l’empire byzantin en 1180 à la mort de Manuel.

La bataille de Myrioképhalon et ses conséquences

Article détaillé : bataille de Myrioképhalon.

Alors que l'empire byzantin se projetait dans des conquêtes lointaines et dépensières tant en hommes qu'en argent, les Seldjoukides se renforcent, profitant de l'accalmie qui règne en Anatolie. Kilic Arslan II élimine d'abord son principal rival qu'est l'émir Danichmendide[83]. Il tente même de s'allier avec Nur ad-Din mais doit renoncer à son projet face aux inquiétudes de l'empire byzantin. Le traité de 1162 est renouvelé en 1173 mais rapidement, il apparaît que Kilic Arslan II refuse de payer le tribut en or ainsi que de rendre certaines villes frontalières[84] comme Sébaste à l'empire byzantin. Ces provocations déclenchent la mise en place d'une campagne punitive par Manuel qui s'avance en direction de la capitale du sultanat, Iconium. Les turcs lui proposent alors la paix, ce qu'il refuse malgré les avis contraires de certains de ses généraux[85]. Il divise alors son armée en deux colonnes, la première dirigée par Andronic Vatatzès se dirige vers Amasya mais tombe dans une embuscade où Andronic perd la vie. De même, l'armée de Manuel qui continue de marcher vers Iconium doit se déplacer au travers de défilés souvent boisés. C'est ainsi que l'armée byzantine tombe dans une embuscade près de la forteresse de Myrioképhalon le 17 septembre 1176. C'est surtout l'aile droite qui souffre des assauts turcs avant que Manuel ne réussisse à chasser les archers turcs. Les pertes sont nombreuses des deux côtés mais surtout, l'armée byzantine perd dans la bataille ses machines de siège ce qui rend toute prise d'Iconium sans espoir. Malgré tout, la paix signée à l'instigation de Kilic Arslan est relativement avantageuse pour les Byzantins [86] et seules les forteresses de Dorylée et Soublaion sont démantelées. Pour les Turcs cette victoire leur permet de consolider leur position et ils deviennent une puissance importante [87].

D'une part, ils ne forment plus qu'un seul État et d'autre part ils prouvent leur capacité à résister aux assauts byzantins. Ces derniers ont pourtant progressivement regagné du terrain en Asie Mineure depuis l'avènement des Comnène et bien que cette défaite ne remette pas en cause ces gains territoriaux, elle affaiblit la position de l'empire byzantin, contraint de cohabiter avec un État occupant certaines de ses territoires les plus anciens. La défaite de Myrioképhalon n'est pas suivie d'une invasion turque, en effet, en 1077, une attaque turque est repoussée et certains territoires sont gagnés par les Byzantins. Pourtant, à la mort de Manuel en 1180, les frontières de l'empire sont plus fragiles qu'à son avènement[88].

Le temps de l'accalmie en Asie Mineure (1180-1262)

Le sultanat de Roum vers 1190.

Entre déclin de l'empire byzantin et division du sultanat de Roum (1180-1204)

À l'image de la bataille de Mantzikert, ce n'est pas tant la défaite de Myrioképhalon qui est désastreuse pour l'empire byzantin mais ce qui s'ensuit. En effet, la mort de Manuel Ier entraîne une nouvelle période d'instabilité pour l'empire byzantin. Dès 1182, le jeune Alexis II Comnène est renversé par Andronic Ier Comnène lui-même déposé par Isaac II Ange en 1185. Kilic Arslan II tire profit de la situation pour contrôler les côtes méridionales de l'Anatolie [N 6] et prend possession de Cotyaeum et de Sozopolis avant de faire la paix avec Isaac II. Mais la situation se dégrade aussi pour le sultanat de Roum. À la fin de son règne, Kilic Arslan procède à la division de son territoire entre ses dix fils. De plus, la troisième croisade menée par Frédéric Barberousse, après avoir causé des dommages au sein de l'empire byzantin, passe sur le territoire Seldjoukide. La ville d'Iconium est prise et Kilic Arslan est contraint d'accepter le passage de Frédéric Barberousse sur son territoire même si cette exigence est remise en cause par les fils de Kilic Arslan mort en 1192. Cette période de troubles suit le déclin général des Seldjoukides. En effet, l'empire irakien des grands Seldjoukides disparaît en 1194. Au sein du sultanat, l'avènement de Kay Khusraw Ier ne change rien à la situation et les querelles entre frères continuent. Du côté byzantin, l'arrivée au pouvoir d'Isaac Ange n'enraye pas le déclin de l'empire. La Bulgarie se révolte et se constitue en État indépendant tandis que Théodore Mancaphas réussit à se rendre maître d'un territoire en Asie Mineure (en Lydie). Finalement vaincu par Basile Vatatzès, il se réfugie auprès du sultan d'Iconium qui lui fournit des troupes pour ravager les terres byzantines avant qu'il ne soit fait prisonnier [89]. À la toute fin du XIIème siècle, les deux pays sont frappées par des prises de pouvoir, Alexis III Ange prenant la direction de l'empire byzantin en 1195 tandis que Kay Khusraw Ier est renversé par Süleyman II Shah en 1197 et doit se réfugier d'abord à Damas puis à Constantinople [90]. Malgré des difficultés communes aux deux adversaires, les Turcs réussissent à grignoter des territoires aux dépends des Byzantins. C'est ainsi qu'en 1197, Maçoud, l'émir d'Angora prend possession de plusieurs cités paphlagoniennes où les populations grecques sont contraintes à la fuite et remplacées par des Turcs[91]. En 1198, c'est l'interception de deux chevaux envoyés par Saladin à l'empire byzantin par le sultan de Roum qui met le feu aux poudres. Alexis III réplique en arrêtant tous les marchands ayant commercé avec Iconium. En représailles, la vallée du Méandre est ravagée impunément par le sultan [92]. Le début du XIIIe siècle est caractérisé par la quatrième croisade et le sac de Constantinople. Que ce soit Alexis III ou Alexis V, aucun des deux empereurs ne peut empêcher la prise de la ville par les croisés. D'abord en 1203 où Alexis IV est installé sur le trône puis en 1204 après qu'Alexis V ait usurpé le trône impérial. Cet évènement a d'énormes conséquences pour l'empire byzantin. Constantinople devient la capitale de l'empire latin de Constantinople tandis que les Byzantins se divisent en trois territoires. À l'ouest, le despotat d'Epire est dirigé par Michel Ier Doukas; dans la région de l'ancien royaume du Pont, l'empire de Trébizonde est fondé par Alexis et David Comnène, deux petit-fils d'Andronic Comnène. À l'ouest de l'Anatolie, l'empire de Nicée, fondé par Théodore Lascaris avec le soutien du sultan d'Iconium, devient le successeur de l'empire byzantin [N 7].

La lutte entre les Turcs et les États grecs de Nicée et de Trébizonde (1204-1261).

La situation de l'empire byzantin en 1204 (les frontières sont approximatives).
Michel VIII Paléologue, le restaurateur de l'empire byzantin est le dernier empereur à régner sur un empire byzantin autant asiatique qu'européen.

La prise de Constantinople a des conséquences importantes dans la lutte entre l'empire byzantin et les Turcs. Désormais, les Byzantins sont divisés en trois États différents dont deux sont exclusivement situés en Anatolie. Quant au sultanat de Roum, il voit le retour en 1205 de Kay Khusraw Ier qui dépose le jeune Kilic Arslan III. Les relations entre Grecs et Turcs deviennent alors plus complexes car les Seldjoukides combattent non plus un mais deux adversaires qui se combattent parfois eux mêmes. À partir de 1210, les rapports amicaux qui existent entre Nicée et Iconium se dégradent. Déjà, en 1207, les Seldjoukides ont repris Laodicée de Phrygie [93]. Kay Khusraw s'allie à l'empereur latin en 1209[94],[95] et prévoit d'attaquer l'empire de Nicée prétextant sa volonté de rétablir Alexis III sur le trône[96]. Cependant, il subit une défaite lors de la bataille d'Antioche du Méandre en 1211 et périt des mains de Théodore durant la bataille [97]. Cette victoire permet à Théodore de consolider sa frontière orientale et c'est la dernière grande confrontation entre les Byzantins et les Seldjoukides. En effet, la succession de Kay Khusraw suscite des animosités entre ses fils. Kay Kâwus Ier qui réussit à prendre le dessus signe la paix avec l'empire de Nicée[98]. Théodore profite d'ailleurs des conflits internes des Seldjoukides pour acquérir en Carie, en Cappadoce ainsi qu'en Galatie sur les bords de la mer Noire[99]. L'empire de Trébizonde ne profite pas autant des problèmes des Turcs. Bien au contraire, Kay Kâwus capture Alexis Ier alors que celui-ci est en pleine partie de chasse en 1214. Bien qu'il soit finalement libéré, l'empire de Trébizonde est contraint de céder la ville de Sinope et l'empereur subit la tutelle du sultan. Cette acquisition couplée avec la prise d'Antalya en 1207 permet aux Seldjoukides de devenir un important carrefour commercial dans la région[100]. De plus, les deux empires grecs de l'Anatolie sont définitivement séparés. Les années qui suivent ne sont agitées par aucun trouble marquant entre les Seldjoukides et l'empire de Nicée. Jean Vatatzès a même renforcé les liens commerciaux avec les Seldjoukides tout en instaurant un système de fiefs militaires pour défendre la frontière [101]. C'est l'empire de Trébizonde qui subit les velléités offensives des Turcs. Ainsi Kay Qubadh Ier, le successeur de Kay Kâwus doit mener une offensive contre Trébizonde. Andronic Ier Gidos cherche en effet à se défaire de son lien de vassalité avec le sultan. Il tente de reprendre la ville de Sinope et attaque celle de Samsun. Mais la flotte Seldjoukide répond en attaquant une partie de la côte de l'empire tandis que Trébizonde est assiégée, siège qui est finalement levé. Mais après avoir soutenu sans réussite les adversaires des Seldjoukides, Andronic n'a pas d'autre choix que de renouveler le traité de vassalité et de payer un tribut au sultanat [102]. Toutefois, le sultanat Seldjoukide voit ses frontières orientales menacées par l'avancée des Mongols dirigés par Gengis Khan puis par Ögödei avec qui il signe un traité de paix. Malgré cette précaution, Kay Khusraw II, le successeur de Kay Qubadh affronte une armée turque en 1243. Son armée comprend d'ailleurs un contingent provenant de Trébizonde, Manuel Ier de Trébizonde ne faisant qu'honorer son titre de vassal. Malgré sa supériorité, il est écrasé lors de la bataille de Köse Dağ le 26 juin 1243. Cette bataille sonne le début du déclin du sultanat Seldjoukide alors même qu'il était encore au faîte de sa puissance à la mort de Kay Qubadh en 1237. Un tel évènement change la situation des empires grecs. Les Mongols sont alors la puissance tutélaire en Asie Mineure et Jean III Doukas Vatatzès, le nouvel empereur de Nicée signe un traité d'alliance avec le sultan de Roum [103] tandis que l'empereur de Trébizonde devient le vassal des Mongols à l'image de son ancien suzerain Kay Khusraw II[104].

Jusqu'en 1261 et la reprise de Constantinople par Michel VIII Paléologue, le sultanat de Roum n'est plus une menace pour l'empire de Nicée. La mort de Kay Khusraw en 1246 est à l'origine d'une nouvelle crise de succession qui se termine par la mise en place d'une sorte de triumvirat à la tête du sultanat[N 8]. Une telle division profite aux Mongols qui s'immiscent progressivement dans les affaires intérieures turques. Du côté byzantin, les frontières orientales n'intéressent guère les empereurs de Nicée qui se concentrent sur la reprise de terres européennes avec comme objectif la reprise de Constantinople. Les relations entre les deux États sont donc relativement amicales y compris lorsque Michel Paléologue (le futur empereur Michel VIII) trouve refuge à Iconium alors qu'il est accusé de conspiration par Théodore II Lascaris. Il devient une sorte de mercenaire et le sultan d'Iconium lui fournit des troupes pour combattre les Mongols[105]. Mais malgré cette aide, le sultanat est ravagé par une expédition turque et le sultan d'Iconium demande à Théodore de lui fournir des troupes conformément au traité signé entre Jean II et Kay Khusraw. En échange, le sultan offre à l'empereur les villes de Laodicée et de Chônai. Malgré cela, Théodore II n'envoie qu'un petit contingent[106], sa lutte contre le despotat d'Épire ne lui permettant pas d'envoyer de nombreux soldats dans des campagnes hasardeuses. Cette situation de calme perdure jusqu'à la reprise de Constantinople par Michel VIII en 1261. À cette date, l'empire byzantin semble être paradoxalement en position de force par rapport aux Turcs. Sa relâche et sa division ne l'empêchent pas de survivre alors que le sultanat de Roum connaît sous le règne de Kay Qubadh Ier son apogée. Les invasions mongoles ont en fait quasiment détruit l'hégémonie Seldjoukide au sein de la communauté turque qui se désagrège très vite, ce qui permet à l'empire byzantin de garder ses territoires asiatiques malgré ses nombreuses guerres qu'il mène en Europe.

La constitution de l'Empire ottoman et un empire byzantin contraint de se replier en Europe (1261-1402)

La perte progressive des territoires asiatiques

Le règne de Michel VIII et le début des incursions turques (1261-1282)

Andronic II échoue dans ses tentatives de préserver les derniers territoires asiatiques de l'empire byzantin.
L’empire byzantin sous Michel VIII en 1265.

Sous Michel VIII Paléologue, la situation asiatique de l'empire byzantin n'a pas vraiment changé par rapport à 1204. La plus grande perte est probablement l'indépendance de l'empire de Trébizonde qui prive l'empire byzantin d'une importante place commerciale. À l'image de ses prédécesseurs, Michel continue de mener une politique offensive en Europe en cherchant à réintégrer le despotat d'Épire dans l'empire et à éviter une nouvelle croisade contre lui. Dès lors, il n'a plus les moyens pour mener une politique d'envergure en Asie Mineure malgré la désagrégation du sultanat de Roum. Bien au contraire, il signe la paix avec le mongol Houlagou Khan, qui règne en Asie Mineure. En fait, il ne négocie presque plus avec les Turcs qui ne sont plus qu'une puissance secondaire mais avec les Mongols ou les Musulmans tels Baybars. Les Seldjoukides, conduits depuis 1265 par Pervane le régent de Kay Khusraw III ambitionnent de chasser les Mongols d'Anatolie. C'est dans ce but qu'est signée une alliance secrète avec Baybars[107]. Les Mongols sont ainsi défaits par Baybars à la bataille d'Elbistan et en représailles, les Mongols exercent une lourde répression sur les Seldjoukides, coupables d'avoir fui durant la bataille. Dans une telle situation de dépendance, il est compréhensible que les Turcs Seldjoukides ne puissent plus espérer de conquêtes sur l'empire byzantin. À la mort de Pervane en 1277, le sultanat de Roum n'est plus qu'une réalité théorique. Kay Khusraw est soumis aux volontés mongoles et les tribus turkmènes se détachent de l'autorité Seldjoukide en s'infiltrant pour leur compte en Anatolie. C'est l'âge d'or de l'époque des beylicats qui existe depuis la bataille de Köse Dağ.

Parmi ces principautés, celle des Karamanides s'empare de Konya le 12 mai 1277[108]. Les autres principaux beylicats sont ceux des Germiyanides, des Saruhanides, des Aydinides qui prennent leur indépendance à la fin du XIIIe siècle. De même, la tribu Kayi qui donne naissance plus tard aux Ottomans s'établit à la frontière entre les territoires turcs et byzantins. Sögut, prise aux byzantins en 1265 devient la première capitale de l'émirat ottoman. L'erreur principale de Michel VIII est alors d'affaiblir la défense de la frontière gravement menacée par l'émergence des ces petites principautés en mal de conquêtes. Ainsi, les colons qui assuraient la défense de la frontière contre les incursions turques en échange de privilèges sont supprimés par Michel[109]. Celui-ci souhaite diminuer les dépenses pour se consacrer à la reconstruction de Constantinople suite à l'occupation latine et pour ses luttes en Europe [110]. En outre, la reprise de Constantinople déplace le centre de gravité de l'empire en dehors des territoires asiatiques[111]. Les frontières sont alors libérées de toutes contraintes pour les émirats turcs qui multiplient leurs incursions dans la vallée du Méandre et en Carie[N 9]. Face au danger, Michel envoie son frère Jean Paléologue qui réussit à mettre en état de défense la région et à mettre fin aux incursions turques dans la région avant que son départ ne soit suivi de nombreux raids turcs aboutissant à la prise de Tralles[112],[113]. En réaction, Andronic II, le fils de Michel est envoyé contre les Turcs en 1281. Il prend la ville de Tralles renommée Andrinocopolis. Mais les défenses, insuffisamment reconstruites ainsi que le manque d'approvisionnement entraînent la chute de la ville, prise par les Turcs[114]. Le traité qui s'ensuit livre la ville aux Turcs qui y installent un émirat qui menace de plus en plus les possessions asiatiques de l'empire byzantin[115]. En fait, c'est l'ensemble de ces possessions qui sont progressivement traversées par des hordes turques qui à l'image de ce qui c'était passé à la fin du XIe siècle contrôlent de plus en plus ces territoires. Si les villes arrivent parfois à résister, il n'en est pas de même des campagnes traversées par les bandes turques[116]. Michel VIII réussit cependant à repousser les Turcs de la Bythinie lors d'une campagne en 1281 et fortifie les rives du fleuve Sangarios[117].

Les premières années du règne d'Andronic II et la réduction des territoires asiatiques de l'empire (1281-1304)

Article détaillé : Bataille de Bapheus.

Néanmoins, le mouvement d'invasion s'accélère après la mort de Michel VIII en 1282. Les Ottomans encore secondaires par rapport à d'autres émirats s'étendent pourtant de plus en plus et occupent la Bythinie[118]. Durant sept années, le nouveau basileus ne se préoccupe pas des affaires asiatiques et ne mène pas de campagne contre les Turcs contrairement aux volontés de son père[119]. Cependant, à partir de 1290, Andronic II commence à s'intéresser à ses possessions asiatiques qu'il ne compte pas perdre. Il y construit des forts et entraîne son armée en préparation à des campagnes contre les émirats turcs[120]. Il transporte même sa cour en Anatolie pour mieux superviser les combats. Il tente même de reconstituer le système des akritoi ou des colons supprimés par Michel VIII le long de la frontière avec les Turcs mais sans succès[121]. Ensuite, il demande au général Alexis Philanthropénos de repousser les Turcs. Ce dernier, après avoir mené une campagne victorieuse dans la vallée du Méandre et en Carie tente de se rebeller mais il est vaincu[122] malgré le soutien des populations libérées [N 10]. Cet évènement conduit à l'abandon de la campagne en décembre 1296. De leur côté, les émirats de Saroukan, Kermian et Karaman occupent les provinces maritimes et s'étendent à l'intérieur des terres aux dépends des Byzantins [123]. Or malgré les dires de Théodore Métochitès [N 11], le règne d'Andronic se caractérise par des suites de défaites pour l'empire byzantin. Ainsi, en 1302, à la bataille de Bapheus en 1302, l'armée byzantine dirigée par Michel IX Paléologue est vaincue par les troupes ottomanes d'Osman Ier[N 12] qui capturent plusieurs forts situés entre Nicée et Nicomédie[124]. Les villes de Bythinie tentent tant bien que mal de résister aux assauts turcs. La défense de Philadelphie est prise en main par l'évêque, Magnésie est dirigée de manière quasi-indépendante par Attaliotès et Michel IX réussit à tenir Pergame quelques mois avant de se replier à Constantinople[125]. Seul un secours extérieur paraît alors pouvoir sauver les dernières possessions asiatiques de l'empire byzantin. Andronic demande d'abord l'aide de Ghazan, le khan mongol de Perse mais celui-ci meurt en 1304. Il tente de faire une offre comparable à son successeur en 1305 et même si les Mongols promettent d'envoyer 40 000 hommes contre les Turcs selon Georges Pachymère, le seul résultat de ces contacts consiste en la prise d'une forteresse byzantine par les Ottomans qui montrent leur désapprobation face à ces agissements. Cette nouvelle perte contribue à supprimer les communications entre Nicée et Nicomédie[126]. Cependant, entre temps, Andronic II reçoit le soutien d'une compagnie de catalans qui se met au service de l'empire contre les Turcs.

L'épisode catalan

Article détaillé : Compagnie catalane.
Osman Ier, le fondateur de l'émirat ottoman contribue à la perte des territoires asiatiques de l'empire byzantin.

Cette compagnie dirigée par Roger de Flor est levée par Frédéric II de Sicile pour combattre Charles II d'Anjou. Lorsque la paix intervient entre les deux souverains, elle se trouve libre. Roger de Flor offre alors ses services à Andronic en échange du titre de mégaduc, de la main d'une princesse byzantine, ainsi qu'une solde pour l'ensemble de ses soldats deux fois supérieure à celle que l'on donne aux mercenaires habituels[127]. Cette troupe plutôt indisciplinée est envoyée en Asie par Andronic II alors même que les Turcs envahissent les dernières terres byzantines de l'Anatolie laissées à l'abandon. En janvier 1304, les 6000 Catalans sont à Cyzique et obligent les Turcs à lever le siège [128]. En avril, ils se lancent dans la conquête de l'Asie Mineure et écrasent les Turcs qui assiègent Philadelphie[129]. L'ensemble des troupes turques qui s'opposent à leur progression sont vaincues et bientôt Roger de Flor et ses hommes sont dans le Taurus. C'est dans cette région qu'ils battent une armée turque aux Portes de Fer [130]. Mais ces conquêtes sont réduites à néant. En effet, il existe une mésentente croissante entre les Catalans et les habitants de l'Anatolie. Ainsi, à Magnésie, les habitants pillent le butin accumulés par Roger de Flor et lorsque ce dernier revient, il met le siège devant la cité[131]. Finalement, il ne peut continuer sa campagne contre les Turcs car Andronic le rappelle en Europe où il est en guerre contre les Bulgares[132]. Cependant, les relations se dégradent entre les catalans dirigés depuis leur retour à Gallipoli [N 13] par Berenguer d'Entença et les Byzantins. La situation est désastreuse pour l'empire byzantin, les catalans se sont forgé un territoire indépendant au sein même de l'empire tandis que les Turcs reprennent les territoires perdus et assiègent Philadelphie. Andronic réussit pourtant à convaincre Roger de Flor de combattre les Turcs et celui-ci s'apprête à s'acquitter de sa tâche avec 3000 hommes [133] avant qu'il ne soit fait assassiner par Michel IX (7 avril 1307) [N 14]. La réaction catalane ne se fait pas attendre. Ils pillent impunément une grande partie des terres européennes pendant près de deux ans, entraînant avec eux des soldats de diverses nationalités, y compris turcs [134] Finalement, après s'être divisés, les catalans fondent le duché de Néopatrie. Ces troubles profitent bien sûr aux Turcs qui à l'exception de la Bythinie et de quelques autres villes ont pris toutes les villes anatoliennes de l'empire byzantin. Ainsi, la cité d'Ephèse est prise par Sasa Bey, un lieutenant du clan de Menteşe le 24 octobre 1304 après avoir pris le contrôle de la vallée du Caystre, Magnésie tombe aux mains des Saruhanides en 1313. Il en est ainsi pour de nombreuses cités byzantines.

La désagrégation progressive de l'empire byzantin et la naissance de la puissance ottomane

Constantinople entre guerres civiles et assauts turcs

Carte des beylicats d’Anatolie

Alors même que les Byzantins perdent leurs dernières places fortes asiatiques, les Turcs commencent leurs incursions européennes. Celles-ci ont commencé en parallèle avec les pillages menés par la compagnie catalane en Thrace. Mais le départ de celle-ci pour Athènes ne signifie pas le retour à la paix pour la péninsule de Gallipoli et ses alentours. De nombreux Turcs prennent le relais des Catalans et pillent la Thrace. Michel IX est une première fois vaincu par les Turcs dirigés par Halil en 1311. Il faut attendre 1314 pour qu'une nouvelle armée soutenue par les Serbes n'arrive à encercler et à vaincre les 1800 Turcs présents dans la péninsule de Gallipoli [135]. L'année 1321 est le début d'une nouvelle guerre civile désastreuse pour l'empire byzantin. Elle oppose Andronic II à son petit-fils Andronic III qu'il déshérite au profit d'un bâtard de son second fils Constantin. Cette guerre civile qui dure jusqu'en 1328 achève de désorganiser l'empire qui ne peut défendre les quelques places fortes qu'il garde encore en Anatolie. La plus grande perte est celle de la ville de Bourse, réduite par la famine le 6 avril 1326[136]. Les Ottomans qui en sont les nouveaux maîtres en font leur capitale à partir du règne d'Orkhan, le successeur d'Osman Ier. À cette date, les Ottomans, alors qu'ils ne sont qu'un petit émirat parmi d'autres, font déjà figure d'adversaire principal pour l'empire byzantin. La victoire d'Andronic III en 1328 met provisoirement fin à la guerre civile. le nouvel empereur souhaite restaurer la grandeur de l'empire mais celui-ci ne peut assurer une guerre sur deux fronts, à la fois contre les Serbes et les Bulgares et contre les Turcs. Andronic se concentre plutôt dans la lutte contre les premiers et essaie de sauvegarder ses derniers territoires asiatiques en signant un traité avec l'émir de Phrygie (Saroukhan)[137], le plus puissant des émirs turcs qui réside à Kutayeh en 1329 et Umur Bey l'émir de Smyrne. Mais il ne peut empêcher les Ottomans de poursuivre leurs incursions. En 1328, ils mettent le siège devant Nicée. Andronic tente de faire lever celui-ci en envoyant une armée de 2000 hommes en Asie Mineure, qu'il dirige avec Jean Cantacuzène [138]. Celle-ci est battue le 10 juin 1329 à Pélékanon[139],[140]. Après cette défaite, le gouverneur de Nicée comprend qu'il n'a plus aucune chance d'être secouru et livre la ville aux Turcs le 2 mars 1331[141]. C'est ensuite la ville de Nicomédie qui est prise d'assaut. En 1333, Andronic III vient pourtant traiter directement avec Orkhan à qui il donne 12 000 hyperpères en échange de la sauvegarde des dernières terres byzantines de l'Asie Mineure[142]. Pourtant, la cité de Nicomédie tombe en 1337 [143] et seules des villes comme Philadelphie ou Héraclée du Pont sont encore byzantines en Asie.

Andronic III, entre alliances et belligérance avec les Turcs

Miniature d'Andronic III.

À cette date, l'émir ottoman devient une force de plus en plus importante qui se lance à l'assaut de ses voisins. Les autres émirats turcs n'en sont pas moins de dangereux adversaires pour l'empire, notamment ceux disposant d'une force maritime conséquente dont justement Constantinople ne dispose pas. Ainsi, une flotte de corsaires de plus en plus prégnante se met en place en mer Égée. Cette dernière est principalement commanditée par Saroukhan, émir de Magnésie, Umur Bey, émir d'Aïdin à Smyrne et Khidr beg, émir d'Éphèse [144]. Les îles de la mer Égée n'étant pas unies (certaines étant sous domination latine, d'autres byzantine et les dernières appartenant à l'ordre des Hospitaliers), leur défense n'en est que plus difficile. Les Hospitaliers arrivent avec succès à défendre leurs possessions contre les émirs turcs mais cela ne suffit pas à les arrêter. En 1333, les côtes de la Thrace sont ravagées par un raid maritime de Saroukhan avant de débarquer. L'armée d'Andronic a cependant un effet dissuasif. Le traité de 1329 est en effet souvent outrepassé. Andronic est même obligé de diriger une expédition pour chasser les Turcs de Rodosto [145]. À partir de 1332, Andronic fait partie de la ligue des puissances chrétiennes, une ligue navale composée des Byzantins, des Vénitiens, des Hospitaliers et des Francs de Chypre. Le but de cette dernière est Smyrne d'où partent les expéditions d'Umur bey. La ville n'est cependant pas attaquée et la ligue doit se contenter de quelques victoires contre l'émir de Karasi avant que la mort du pape Jean XXII, l'initiateur du mouvement, ne mette un terme aux activités de la ligue [146]. Les Turcs commencent même à assaillir l'Europe et Andronic doit une nouvelle fois les repousser près de Thessalonique puis dans les environs de Constantinople. Pour faire face à ces multiples attaques, Andronic permet à Benoît et Martin Zaccaria de devenir souverain de l'île de Chio. Ces derniers remportent plusieurs succès contre les corsaires turcs. Grisé par ces victoires, Martin s'éloigne de la tutelle byzantine et prend seul la direction de l'île. Face au danger d'une nouvelle puissance concurrente, Andronic envoie une centaine de navires qui reprennent l'île en 1329. Paradoxalement, c'est avec l'aide de Saroukhan et d'Umur bey qu'Andronic peut reprendre le contrôle de l'île de Lesbos et de la ville de Phocée aux Italiens en 1335 [147]. Ainsi, Saroukhan lui envoie des hommes et ravitaille l'armée impériale durant son siège de Phocée. Umur bey quant à lui signe un traité qui instaure une alliance défensive entre les deux États contre les Ottomans et les Italiens [148] tandis que Umur bey voit son Etat reconnu par Andronic qui lui fournit en outre, une somme de 100 000 hyperpères[149]. Ces alliances avec les émirs turcs peuvent apparaître étonnantes mais à cette date, l'empire byzantin craint surtout les multiples seigneurs italiens implantés en mer Egée et qui menacent les possessions de l'empire, d'autant plus que la papauté se refuse à admettre l'entrée des Byzantins dans une éventuelle croisade[150]. Saroukhan ou Umur bey apparaissent alors comme des alliés possibles pour Constantinople.

Les premiers pas des Ottomans en Europe (1341-1355)

Vue satellite de la péninsule Gallipoli qui devient en 1354, le premier territoire européen conquis de manière durable par les Turcs.
L'empire ottoman en 1359

La mort d'Andronic III en 1341 est à l'origine d'une nouvelle guerre civile désastreuse pour l'empire[N 15]. Celle-ci éclate entre Jean Cantacuzène, nommé régent de Jean V Paléologue et Anne de Savoie, la femme d'Andronic III quand celle-ci le démet de toutes ses fonctions sous l'influence du patriarche Jean Calecas[151]. En réaction, Jean Cantacuzène se proclame empereur le 26 octobre 1341[152]. Pour parvenir à ses desseins, Jean Cantacuzène fait appel à Umur bey mais l'armée de celle-ci échoue à prendre Thessalonique[153] et il doit retourner à Didymotika en novembre 1343[154],[155]. Jean Cantacuzène est alors acculé par les troupes serbes et bulgares qui soutiennent Anne de Savoie. Mais les soldats d'Umur bey, toujours présents en Thrace les repoussent. Devant les défaites d'Umur bey face à la croisade de l'Archipel[N 16], Jean Cantacuzène demande l'aide d'Orkhan[156] à la fin de l'année 1344 et lui donne sa fille Théodora en mariage[157]. En échange, Orkhan lui fournit 6000 hommes alors qu'il vient de les refuser à Anne de Savoie[158]. Cette dernière réussit alors à obtenir de Saroukhan l'envoi de 6000 hommes qui doivent combattre Jean Cantacuzène mais préfèrent piller les alentours de Constantinople et s'attaquer à la Bulgarie plus riche[159]. Finalement, en 1347, Jean Cantacuzène pénètre à Constantinople. À la même époque, les Ottomans prennent le contrôle du beylicat des Karesioğulları. En Europe, les troupes turques utilisées pour soutenir Jean VI Cantacuzène menacent l'intégrité de l'empire byzantin. Jean VI et Jean V Paléologue, les deux empereurs, sont obligés de les combattre en 1348 alors qu'ils reviennent vers Constantinople [160]. Les Ottomans sont cependant les meilleurs alliés de Jean VI dans ses diverses campagnes. Ainsi, lorsque Jean V qui possède le territoire des Rhodopes et Mathieu Cantacuzène qui a du cédé celui-ci à la place des territoires environnants Andrinople se livrent à une véritable guerre, c'est Jean VI qui intervient avec l'aide des Ottomans dirigés par Soliman, le fils d'Orkhan pour rétablir Mathieu dans ses droits. Mais les territoires de Mathieu sont pourtant pillés par les Ottomans[161] qui réussissent toutefois à repousser une armée serbo-bulgare venue soutenir Jean V[162]. En 1350, lorsque la rébellion zélote menace de séparer Thessalonique du reste de l'empire, Jean VI obtient dans un premier temps l'aide de 20 000 cavaliers turs pour reprendre le contrôle de la cité. Même si cette troupe repart en Asie Mineure avant l'opération, Jean réussit à gagner l'aide de 22 bâteaux pirates turcs qui lui permettent de ramener Thessalonique dans le giron de l'empire[163]. En 1350, Jean VI utilise des navires turcs remontant le fleuve pour reprendre Béroia tombée aux mains des Serbes quelques années auparavant[164]. De même, lorsque les Serbes acquis à la cause de Jean V attaquent l'empire byzantin ce sont 10 000 ottomans[165] (Nicéphore Grégoras parle de 12 000[166]) qui viennent au secours de Jean VI et repoussent les Serbes en 1352. De nouveau, les territoires byzantins sont pillés[167]. Les Turcs en profitent pour s'installer en Thrace et occuper la forteresse de Tzimpé près de Gallipoli[168]. Jean Cantacuzène demande sans succès aux Ottomans de rendre cette place aux Byzantins en échange de 10 000 hyperpères et s'apprête à demander l'arbitrage d'Orkhan, le père de Soliman[169] [N 17]. Cependant, le 2 mars 1354, un tremblement de terre dévaste la cité de Gallipoli et les Turcs profitent de la situation pour s'emparer de la ville qui devient une tête de pont pour leurs conquêtes européennes[170]. Les rançons et les multiples demandes de Jean VI demandant à Orkhan d'abandonner la cité sont inutiles [171]. Dès lors, l'alliance byzantino-ottomane est rompue et Jean VI ne peut plus espérer conserver son trône. La population considère que son alliance avec les Turcs est à la source des problèmes de l'empire [172] et la prise de Gallipoli créé un mouvement de panique dans la population qui craint que Constantinople ne soit menacée. À la fin de l'année 1355, Jean V prend la tête de l'empire et Jean VI se retire dans un monastère[173].

Les incursions turques en Europe (1355-1389).

La péninsule balkanique à la veille de l'invasion ottomane.

À l'avènement de Jean V, la situation de l'empire byzantin est désastreuse. Ses finances sont vides, ses guerres intestines l'ont ruiné et il apparaît de plus en plus divisé. Ainsi, Mathieu Cantacuzène, co-empereur avec son père à partir de 1352 possède toujours le domaine d'Andrinople après l'arrivée au pouvoir de Jean V jusqu'en 1357. En Morée, l'autre fils de Jean VI, Manuel, est despote de Mistra. Presque indépendant de Constantinople, il y mène une lutte acharnée contre les pirates turcs[174]. L'émirat ottoman, lui, n'est pas le plus puissant de tous les États turcs, il ne contrôle que le nord-ouest de l'Anatolie. Mais la prise de Gallipoli lui offre un formidable tremplin pour des conquêtes européennes et l'empire byzantin ne peut lui opposer aucune résistance. Ainsi, Orkhan accuse Jean V d'être coupable de la capture de son fils par des pirates phocéens. Jean est obligé de payer une rançon et doit reconnaître la tutelle ottomane sur les villes de Thrace dont Orkhan s'est emparé[175]. Dans cette deuxième moitié du XIVe siècle, l'empire byzantin apparaît à la dérive et incapable de résister aux Ottomans qui enserrent de plus en plus Constantinople. D'autant plus qu'en 1352, Orkhan s'est rendu maître de Chalcédoine situé en face de Constantinople, sur la rive asiatique du Bosphore. Dans cette situation, les Vénitiens ont même l'idée de prendre possession de Constantinople pour l'empêcher de tomber aux mains des Turcs[176].

En transférant sa capitale à Andrinople, Mourad Ier affirme le caractère européen de l'État ottoman.

De Gallipoli, les Ottomans menés par Soliman, le fils d'Orkhan se rapprochent peu à peu d'Andrinople après avoir sans succès soutenus le renversement de Jean V au profit de Mathieu[177]. En 1359, les Ottomans se présentent devant Constantinople mais n'essaie pas d'en prendre possession[178]. En 1361, ils prennent Didymotika [179] qui à l'image des villes de Tchorlou et Kirk Kilissé est plusieurs fois reprise par les Byzantins. Ces conquêtes ainsi qu'une bataille ayant eu lieu près de Lulle Bourgas gagnée par les Ottomans ouvrent la voie d'Andrinople aux Ottomans qui en prennent possession en 1361[180] mais qui n'est définitivement acquise qu'en 1369[181]. Mourad Ier, le successeur d'Orkhan continue cette politique d'expansion européenne en obligeant Jean V à reconnaître sa souveraineté sur la Thrace. Les Ottomans, grâce au concours des différentes bandes turques présentes en Europe depuis plusieurs années prennent la ville de Philippopolis en 1363[182]. Face au danger, Jean V tente d'en appeler aux princes occidentaux pour qu'ils mettent en place une croisade contre les Turcs. Il essaie de renouer le dialogue avec l'autorité papale en promettant au pape Innocent VI qu'un légat permanent pourrait résider à Constantinople et intervenir dans la nomination aux dignités ecclésiastiques. En échange, une croisade dirigée par Jean V serait lancée[183]. C'est le projet d'union qui ressurgit. Une nouvelle fois Jean V s'oppose aux refus de son clergé d'accepter l'autorité papale. Ainsi, l'expédition du légat Pierre Thomas n'aboutit qu'à la reprise de Lampsaque pour un court moment. En 1366, c'est Amédée VI de Savoie, cousin de Jean V qui intervient à Constantinople. Jean V après un voyage en Europe pour mander l'aide des États chrétiens est détenu prisonnier par les Bulgares. Amédée VI réussit à bloquer l'avance des Turcs en prenant d'assaut Gallipoli. Après avoir contraint les Bulgares à libérer Jean V, Amédée chasse les Turcs de plusieurs forteresses de l'Hellespont avant de repartir en Savoie[184]. Cette expédition bien que victorieuse est largement insuffisante pour permettre à l'empire byzantin de reprendre possession de la Thrace. D'autant plus que Louis Ier de Hongrie se refuse à intervenir contre les possessions européennes des Ottomans. Devant l'échec d'une croisade des États catholiques, certains dignitaires ecclésiastiques de Constantinople se tournent vers l'idée d'une croisade orthodoxe. Jean V ne désespère pourtant pas d'obtenir le soutien de la papauté.

En 1369, il entreprend un nouveau voyage et lors de sa rencontre avec Urbain V il renonce à tous les dogmes contraires au rite catholique. Cela est cependant insuffisant. D'une part, l'abjuration n'est pas le fait du clergé grec et d'autre part aucune croisade ne survient. Seule Venise est intéressée par l'idée d'une croisade pour empêcher Constantinople de devenir turque. Jean V fait alors de lourdes concessions, il cède l'île de Tenedos mais le refus de son fils Andronic qui assure la régence bloque l'accord. Finalement, un accord est trouvé et Jean V obtient un prêt de 30 000 ducats[185]. Cette intervention vénitienne est d'autant plus pressante que Mourad reprend ses offensives européennes. Très vite, Ivan Alexandre de Bulgarie devient vassal des Ottomans et ces derniers atteignent les rives du Danube. Face à la pression turque, Jean V obtient même le commandement d'une petite flottille offerte par Venise pour lui permettre de rejoindre Constantinople[186]. Pendant ce temps, les efforts d'union des États orthodoxes au sein d'une croisade sont réduits à néant par les conquêtes ottomanes. Les Bulgares n'ont plus de marge de manœuvre, les Serbes sont écrasés à la bataille de la Maritsa et les Byzantins profitent de cette défaite pour reprendre Serres[187] que les Ottomans tentent de leur reprendre en 1372 sans succès comme ils tentent de s'emparer de Thessalonique[188].

Ainsi, dès 1372, la Bulgarie et la Serbie deviennent des vassaux de l'empire ottoman[189]. Tout espoir de croisade orthodoxe n'est donc plus qu'une utopie. Les derniers voyages de Jean V en Europe, l'envoi d'ambassadeurs jusqu'au roi de France Charles V restent lettres mortes. Par conséquent, Jean V est contraint de signer un traité humiliant avec Mourad Ier en 1374. Jean devient le vassal du sultan[190] et peu après, il déshérite son fils Andronic de la succession au profit de son autre fils Manuel. C'est le début d'un nouvel affrontement fratricide au sein de l'empire byzantin dont Mourad se sert à ses propres fins. Dans un premier, Andronic tente de se révolter et obtient le soutien de Saoudj, le fils du sultan. Ce complot est mis au jour et Saoudj est aveuglé par son père. Sommé de faire de même avec Andronic, Jean V ne fait que le rendre borgne. Cela n'arrête pas Andronic qui profite de l'aide de Gènes pour s'évader. Il s'assure ensuite du soutien de Mourad au prix d'un lourd tribut [191]. En 1376, Andronic parvient à prendre le contrôle du trône byzantin et devient le nouveau basileus sous le nom d'Andronic IV. Une de ses premières mesures est de rendre Gallipoli aux Turcs[192],[N 18]. En 1379, ce sont Jean V et Manuel qui reprennent le pouvoir grâce au soutien de la marine vénitienne et de l'armée ottomane en renouvelant leurs engagements de vassalité auprès de Mourad II[193] grâce à la promesse d'un tribut plus important que celui payé par Andronic IV et d'un engagement possible à céder de la ville de Philadelphie[194]. Au moment où Jean V redevient empereur, Constantinople ne semble pas pouvoir résister très longtemps [N 19].

Le règne de Bayezid Ier et l'empire byzantin vassal des Turcs (1389-1402).

Carte du Moyen-Orient vers 1389. L'empire byzantin (en violet) se réduit à quelques territoires autour de Constantinople. À la suite de l'occupation de Gallipoli, les Ottomans (vert foncé) ont rapidement étendu leur suprématie sur la péninsule balkanique en soumettant la Serbie ce qui leur donne un grand avantage sur les autres émirats turcs rivaux en Anatolie (en vert).

L'isolement de Constantinople (1389-1396)

La bataille de Kosovo Polje confirme l'hégémonie turque sur la péninsule balkanique malgré l'union des États chrétiens.

L'empire byzantin possède encore quelques territoires aux alentours de Thessalonique, dirigés par Manuel, le fils de Jean V qui s'est enfui de Constantinople pour mener lui-même la résistance. Ces territoires sont très vite convoités par Mourad. Après avoir pris Serrès le 19 septembre 1383[195], Hayr-ad-Din, un général ottoman, assiège Thessalonique mais l'inexistence de marine ottomane fait durer le siège jusqu'en 1387, date à laquelle la cité cède[196],[197]. Les Ottomans quant à eux, continuent leur progression au sein de la péninsule balkanique notamment contre les chefs albanais. En 1386, ils prennent possession de Sofia et s'ouvrent la voie du Danube. Toutefois, la lourde défaite des Ottomans à la bataille de Plocnik marque le début d'une période de soulèvements dans les Balkans menée par des princes bulgares, serbes et valaques. Finalement, après avoir soumis la Bulgarie, Mourad Ier périt lors de la bataille de Kosovo Polje en 1389 qui se termine sur un succès ottoman et la soumission définitive de la Serbie[198]. C'est son fils Bayezid Ier qui lui succède. Lorsque celui-ci accède au pouvoir, l'empire ottoman reste très européen. Les émirats turcs de l'Asie Mineure sont loin d'être soumis. La politique de Bayezid Ier s'oriente donc dans trois directions. Renforcer l'emprise ottomane sur ses vassaux européens, soumettre les autres émirs turcs et enfin prendre Constantinople. L'empire byzantin est alors soumis à une tutelle très étroite. Bayezid soutient ainsi Jean VII Paléologue, le fils d'Andronic IV à prendre le trône qu'il garde quelques mois en 1390. Lorsqu'il est déposé par Manuel II et Jean VII, il réussit à obtenir du sultan le territoire de Selymbria. C'est la même année que la dernière possession byzantine en Asie Mineure tombe aux mains des Ottomans. La ville de Philadelphie qui a pu garder son indépendance en échange d'un lourd tribut tombe en 1390[199] aux mains de Bayezid soutenu dans cette entreprise par un petit contingent byzantin mené par Manuel II et Jean V[N 20]. Jean V est ensuite sommé de détruire une forteresse qu'il vient de construire à proximité de la Corne d'Or[200]. Sa mort en 1391 ne change en rien la situation. Mais, son successeur Manuel, s'est échappé de Brousse pour ceindre la couronne impériale ce qui n'est pas du tout du goût de Bayezid. Ce dernier réagit en mettant en place le blocus de Constantinople avant de l'abandonner en 1392. Pendant ce temps, l'un des derniers territoires encore sous souveraineté byzantine qu'est la Morée est en pleine guerre. Le Péloponnèse est en effet partagé entre les Grecs et les Francs de la principauté d'Achaïe. Bayezid demande alors à l'ensemble de ses vassaux de venir à Serrès. Là, il donne tort aux Grecs et condamne les Paléologue à mort, y-compris Manuel II[200]. Le sultan commue la sentence et seuls des conseillers du basileus sont exécutés tandis que plusieurs forteresses de Morée sont contraintes d'accepter des garnisons turques[201]. Théodore Paléologue, le despote de Morée tente d'obtenir l'assistance vénitienne sans résultat et Bayezid se contente d'une expédition punitive. Il vainc ainsi l'armée du despotat près de Corinthe et prend possession des forteresses de Léontation et d'Akova (début 1395)[202]. Quant à Constantinople, elle subit à partir de 1394 un blocus de huit ans après le refus exprimé par Manuel II de payer tribut au sultan[200]. Pendant ce temps, Bayezid réduit la résistance des autres émirs turcs, notamment les émirs maritimes (Saruhanides, Aydinides...) et l'émir Karamanide en 1392[203]. En Europe, Bayezid achève de conquérir la péninsule balkanique en prenant la Bosnie et la Valachie.

De Nicopolis à Ankara

La victoire ottomane à Nicopolis symbolise l'échec des États chrétiens occidentaux pour sauver Constantinople.

Cependant, la situation désespérée de Constantinople provoque le lancement d'une nouvelle croisade pour défaire le blocus de la ville. Elle est dirigée par Sigismond, roi de Hongrie et comprend un contingent de 10 000 soldats français ainsi que des Allemands, des Valaques, des chevaliers teutoniques. Malgré cette mobilisation, les croisés sont lourdement vaincus à la bataille de Nicopolis. Bayezid se retourne alors contre Constantinople et prend la ville de Selymbria, l'une des dernières possessions byzantines. De même, la Morée subit un raid qui la ravage, Argos voit sa population de 30 000 habitants déportée en Asie Mineure[204] et l'armée du despotat est vaincue le 21 juin 1397 près de Léontarion [205] tandis qu'Athènes est provisoirement occupée. L'armée turque se retirant ensuite en Thessalie[206]. Pendant ce temps, le blocus de Constantinople se resserre au point de ressembler à un siège en règle. Il apparaît que la ville est le prochain objectif de Bayezid. L'un des ambassadeurs envoyé par Manuel II en Occident réussit à obtenir de Charles VI de France l'envoi de 1200 hommes dirigés par le maréchal Boucicaut. Celui-ci ne peut procéder qu'à des coups de mains contre les Turcs[207] qui sont chassés des rives du Bosphore et de la mer de Marmara. Après ces opérations, Boucicaut débarque à Constantinople qui voit son blocus provisoirement rompu. Manuel rejoint alors Boucicaut quand celui-ci repart en France avec pour objectif de lever une nouvelle croisade tandis qu'un petit corps de Francs reste à Constantinople et réussit à obtenir quelques succès contre les Turcs [208]. Ce voyage de l'empereur byzantin est avant tout une succession de réceptions fastueuses mais couronnées de bien peu de résultats. Lorsque Manuel rentre à Constantinople en 1403, il apprend cependant la lourde défaite de Bayezid lors de la bataille d'Ankara en 1402 contre les forces mongoles de Tamerlan. Cette défaite qui provoque la dislocation de l'empire ottoman est une chance inespérée pour Constantinople qui peut de nouveau espérer survivre.

Les derniers combats entre les Turcs et l'empire byzantin et la chute de Constantinople (1402-1453)

Le relatif relèvement de l'empire byzantin et la renaissance de l'empire ottoman (1402-1425).

Murad II tente sans succès de s'emparer de Constantinople en 1422.
L'Empire byzantin en 1403.

La défaite de 1402 à de graves conséquences pour l'empire ottoman[209]. Les émirs turcs reprennent leur indépendance tout comme les vassaux européens et les fils de Bayezid mort en 1403 se disputent la succession. Manuel profite de cet évènement inespéré pour reprendre des territoires aux Ottomans. Il récupère Thessalonique, une partie de l'actuelle côte bulgare et quelques territoires proches de Constantinople. De plus, Soliman qui dirige la partie européenne de l'empire ottoman devient vassal de l'empire byzantin. Mais ce dernier n'a pas les ressources pour regagner ses anciens territoires et les États occidentaux déchirés par les guerres ne peuvent profiter de la désagrégation de la puissance ottomane. La guerre civile ottomane oppose surtout Soliman à son frère Mousa. Après près de 8 ans de guerre, Soliman meurt au cours d'une bataille en 1411 et l'empire ottoman est divisé en une partie européenne et en une partie asiatique. Mousa s'oppose alors à Constantinople où il vient faire une démonstration de force en août 1411 avant d'essayer sans succès de récupérer Selymbria et Thessalonique[210]. Peu après, c'est un autre fils de Bayezid, Mehmed qui empêche Mousa de mettre le siège devant Constantinople. Finalement, en juillet 1413, Mousa est tué lors d'une bataille avec Mehmed qui fait de ce dernier le seul survivant des fils de Bayezid. Dès l'année suivante, les émirs turcs de l'Anatolie sont de nouveau soumis à l'autorité de Mehmed. Manuel profite de ses rapports amicaux avec le nouveau sultan [211],[N 21] pour confirmer la souveraineté byzantine sur les territoires cédés par Soliman[212]. Il réussit notamment à réaffirmer la souveraineté byzantine sur l'ensemble de la Morée et le Péloponnèse devient une province byzantine. Ainsi, le jeune Jean VIII, fils de Manuel est envoyé dans le Péloponnèse pour y soutenir le despote Théodore II[213]. Pendant ce temps, l'hégémonie ottomane sur les Balkans est de retour. L'opposition entre Venise et la Hongrie ruine tout espoir de croisade. Manuel réussit à calmer les relations entre les deux États[214] mais cela ne suffit pas à susciter le déclenchement d'une nouvelle croisade tout comme ses voyages en Occident. D'autant plus que Venise par sa victoire sur la marine ottomane en 1419 n'a plus de raisons de s'opposer au sultan. Manuel tente alors de soutenir Mustapha, un prétendu fils de Bayezid, qui souhaite renverser Mehmed. Mustapha se rend ainsi à Constantinople puis à Thessalonique. L'échec de Mustapha en 1416 ne provoque pourtant pas de réactions de vengeance de la part de Mehmed Ier contre l'empire byzantin. À la mort du sultan en 1421, les relations entre les deux empires sont très amicales mais Manuel ne peut plus espérer bénéficier de la fragilité ottomane consécutive à la défaite de 1402 pour reconstruire l'empire byzantin. Le nouveau sultan Mourad II propose alors de renouveler la paix qui régnait entre son père et Manuel II. Il veut à tout prix raffermir la position ottomane en Europe et propose même de céder Gallipoli à l'empire byzantin[215]. En face Manuel doit faire avec son fils Jean VIII qui préfère soutenir Mustapha enfermé dans une prison de l'empire byzantin et qui veut toujours devenir sultan ottoman. Manuel choisit alors de faire confiance avec Mustapha qui lui assure toute sa bienveillance envers l'empire byzantin s'il devient sultan. Ainsi, il lui promet de lui rendre Gallipoli, toutes les villes côtières de la mer noire jusqu'à la frontière valaque ainsi que d'autres cités de la Thrace[216]. Ce dernier est de fait libéré et assiège Gallipoli conjointement avec l'armée byzantine avant que celle-ci ne l'assure elle-même sous le commandement de Démétrios [217]. Il bat une première fois Mourad et lorsque Gallipoli cède, Mustapha empêche les Byzantins d'y pénétrer contrairement à l'accord qui avait été fait[N 22] [218]. Manuel échoue alors à s'allier avec Mourad et ne peut rien lorsque Mustapha, victime de la défection d'une partie de ses troupes est capturé et tué[219]. Dès lors, Mourad décide de punir l'empire byzantin d'avoir soutenu Mustapha. Mourad assiège Constantinople mais des effectifs insuffisants, l'absence de siège maritime et la détermination des défenseurs l'oblige à lever le siège en août 1422[220]. Les Ottomans pillent alors la Morée après avoir détruit l'Hexamilion reconstruit par Manuel[221] sans pour autant prendre Mistra et repartent laissant le prince d'Achaïe dans sa guerre contre le despote de Morée. C'est la ville de Thessalonique qui devient la nouvelle cible des Ottomans. La ville reprise une vingtaine d'années auparavant est assiégée en 1422 et les Byzantins préfèrent céder la cité ainsi que les régions alentours aux Vénitiens en 1423. Les Turcs laissent des troupes devant la ville qu'ils ne prennent qu'en 1430. En effet Mourad préfère consolider ses positions en Asie Mineure notamment contre les Karamanides et contre l'émir de Kastamouni qui est soumis vers 1425[222]. La même année, Manuel II abandonne son titre d'empereur en juin pour devenir moine avant de mourir deux mois plus tard. C'est son fils Jean VIII Paléologue qui lui succède.

Les dernières tentatives de résistance de l'empire byzantin (1425-1448)

La bataille de Varna (1444) est la dernière tentative d'importance menée par les Chrétiens pour porter secours à Constantinople.

La Morée, réduit de la résistance byzantine

Le despotat de Morée en 1450 tente de devenir le réduit de la résistance byzantine.
L’Empire byzantin en 1450

Depuis le siège de Constantinople, Jean VIII apparaît comme le vrai dirigeant de l'empire byzantin et c'est lui qui envoie une ambassade pour signer un traité avec Mourad le 22 février 1424[223]. L'empire byzantin est le vassal de l'empire ottoman et perd la quasi-totalité de ses ports de la mer Noire à l'exception de Mesembria et Derkos. De plus, Constantinople doit payer un tribut annuel de 300 000 pièces d'argent au sultan[224]. Jean VIII tente alors de défendre ses derniers territoires et notamment la Morée. Avec les invasions ottomanes, la Morée est devenue la dernière province encore sous domination byzantine à l'exception de Constantinople. Or cette caractéristique aboutit à la naissance du courant hellénistique. Séparée des Turcs par plusieurs Etats tampons, la Morée réussit à garder son indépendance. Du fait que son territoire recouvre l'ensemble du Péloponnèse, le caractère grec du despotat et a fortiori de l'Empire byzantin devient indéniable. Ce dernier, privé de ses terres traditionnelles se replie dans l'hellénisme et le caractère romain de l'Empire commence à disparaître alors que jusqu'au début du XVème siècle, les Byzantins s'affirment encore comme étant des Romains.

Il réussit à défaire une armée du despotat d'Épire et en 1427, Constantin Dragasès dirige une partie de la province de Morée avec Théodore II. En outre, la victoire de Thomas Paléologue sur le dernier prince franc d'Achaïe permet à l'empire byzantin de contrôler l'ensemble du Péloponnèse à l'exception de quatre places fortes vénitiennes [225]. La Morée étant dirigée par trois despotes que sont Théodore, Thomas et Constantin. À la suite du traité, Mourad laisse l'empire byzantin en paix et soumet les Karamanides[226]. De plus, la Serbie, la Valachie et le Comté palatin de Céphalonie et Zante deviennent des vassaux de l'empire ottoman. La Hongrie, quant à elle, perd ses territoires méridionaux. Jean VIII est conscient que malgré le traité qu'il a signé avec le sultan ottoman, la situation de Constantinople est des plus précaires. Il tente de nouveau de faire appel à une croisade. Ainsi, lors du concile de Florence(1437-1439), l'union des deux Églises est signée. Mais une nouvelle fois, le basileus doit s'opposer à la grogne populaire et de nombreux dignitaires ecclésiastiques tels que Marc d'Éphèse refusent l'idée d'une union avec le clergé latin. D'autant plus que les autorités ecclésiastiques des provinces occupées s'intéressent de moins en moins au sort de l'empire byzantin[227]. La situation de l'empire byzantin empire lorsqu'il retombe dans une guerre civile opposant Démétrios Paléologue, opposant de l'union et le basileus ainsi que Constantin Dragasès. Démétrios qui possède la côte byzantine de la mer Noire se voit privé d'une partie de son territoire par Jean VIII et lorsque Constantin lui propose d'échanger leurs possessions respectives, Démétrios demande le soutien du sultan qui lui envoie des troupes pour assiéger Constantinople d'avril à juillet 1442. Constantin tente alors de secourir Jean VIII mais est arrêté par une flotte turque[228]. Finalement, Mourad dissuade Démétrios de s'emparer du trône. Ce dernier après avoir de nouveau comploté contre Jean VIII est arrêté puis après s'être évadé, reçoit la possession de plusieurs îles. Pendant ce temps, les États chrétiens continuent leur lutte contre les Turcs. Ces derniers réduisent les ultimes résistances serbes sans pour autant s'emparer de Belgrade puis envahissent la Transylvanie. Ils sont alors stoppés par Jean Hunyade alors qu'ils s'apprêtent à pénétrer en Hongrie. Jean Hunyade remporte deux victoires sur les Ottomans. Ces succès relancent l'idée de croisade contre les Turcs y compris dans le camp vénitien. Philippe le Bon envoie quelques galères à Constantinople mais sans résultat[229]. La situation de Mourad devient compliquée, d'autant plus que les Karamanides se révoltent contre la tutelle ottomane[230].

La bataille de Varna et Constantinople abandonnée à son destin

Sculpture de Skanderbeg, l'un des derniers chefs chrétiens à opposer une résistance d'importance à l'hégémonie turque dans les Balkans avant la chute de Constantinople.

À la fin de l'année 1443, Jean Hunyade lance une offensive dans les Balkans qui bouscule les Turcs mais ne peut progresser jusqu'en Thrace et de là vers Constantinople du fait de l'hiver. En 1444, une nouvelle croisade s'organise qui réunit les Hongrois, les Valaques, la flotte vénitienne et quelques navires envoyés par Alphonse II de Naples. En juillet 1444, l'armée des croisés se dirige vers Varna où elle espère s'embarquer pour Constantinople. Mais le retard de le flotte chrétienne oblige les croisés à combattre les troupes de Mourad revenues d'Anatolie le 10 novembre. La bataille de Varna est un désastre pour les croisés dont les survivants sont contraints à battre en retraite. La flotte chrétienne partant de Constantinople dévaste en vain plusieurs places fortes turques mais cela est insuffisant pour compenser l'échec de cette nouvelle tentative de sauver Constantinople. Jean VIII tente encore de susciter l'aide des États chrétiens et la Morée cherche à se poser comme le centre de la résistance byzantine. Constantin Paléologue prend possession de divers territoires grecs et fait reconstruire l'Hexamilion[231],[232]. Il veut essayer de mener une croisade avec Ladislas III Jagellon. Mais la réplique ottomane détruit tous ses espoirs. Mourad rassemble ses forces à Sérès tandis que Constantin et Thomas se retranchent derrière l'Hexamilion. Chalcondilès d'Athènes est envoyé en tant qu'ambassadeur au sultan et lui demande de quitter les terres byzantines[233]. Mourad refuse et retient prisonnier Chalcondylès[234]. L'armée ottomane comptant 60 000 hommes selon Joseph von Hammer-Purgstall bombarde durant trois jours l'Hexamilion qui est franchi et la Morée est une nouvelle fois ravagée. Corinthe est ainsi incendiée par Tourakhan, un général turc et l'Hexamilion est complètement rasé[235],[236]. Patras est aussi ravagée à l'exception de sa citadelle et Mistra est semble-t-il sauvée par les conditions météorologiques qui empêchent les Turcs de franchir les montagnes du Péloponnèse[237] mais les despotes sont contraints de payer un tribut au sultan[238] et 60 000 prisonniers sont transportés hors du Péloponnèse par Mourad[239]. En octobre 1448, une dernière tentative de Jean Hunyade menée conjointement avec Georges Scanderberg, un chef albanais, pour porter secours à Constantinople échoue[240]. La même année, Jean VIII meurt et laisse un empire presque condamné à Constantin XI Paléologue.

Les dernières années de conflits et la chute de Constantinople (1448-1453)

Article détaillé : Chute de Constantinople.
Constantin XI, le dernier empereur byzantin périt durant le siège de Constantinople.
Les Turcs sous les murailles de Constantinople
Manuscrit français dépeignant le siège.

L'arrivée au pouvoir de Constantin XI est officialisé par l'accord de Mourad II que Phrantzès s'est chargé d'obtenir[241]. Le nouveau basileus signe alors un nouveau traité après avoir envoyé une ambassade à Mourad. Ce dernier est toujours le suzerain de l'empereur byzantin et il n'hésite pas à soutenir Démétrios lorsque celui-ci lutte contre Thomas Paléologue pour la souveraineté de la Morée[242]. Constantin XI réussit à obtenir un accord entre les deux frères mais ils reprennent leur lutte en 1451 et les Turcs soutiennent de nouveau Démétrios qui réussit à mettre en difficulté son frère et à obtenir un échange de territoires[243]. Ces conflits internes ne facilitent pas la situation de Constantinople qui ne compte plus que sur la résistance de Scanderberg en Albanie pour retarder la chute de l'empire byzantin. À cette époque, les Grecs sont conscients qu'ils sont au bord de l'anéantissement[N 23]. La mort du sultan Mourad II en 1451 et l'arrivée au pouvoir de Mehmed II ajoutent encore à la détresse byzantine. Mehmed reçoit une ambassade byzantine à qui il assure la paix et accepte de payer la pension d'Orkhan, le petit-fils de Soliman détenu à Constantinople[244]. De même, il assure son soutien à Démétrios comme l'avait fait Mourad[245]. Le nouveau sultan, comme Bayezid avant lui, se fixe comme objectif de prendre Constantinople. Tranquille sur le front européen où une trêve est signée avec Jean Hunyade, il doit faire face à une nouvelle révolte des Karamanides. Cependant, ces derniers se soumettent dès l'arrivée du sultan. À la même époque, le conflit religieux relatif à l'union continue de faire rage à Constantinople. Malgré une forte opposition, Constantin XI souhaite faire aboutir l'union. Il envoie de nouvelles ambassades à Rome et le 12 décembre 1452, l'union est proclamée au sein de la basilique Sainte-Sophie[246],[247]. Mais la date est trop tardive pour espérer un quelconque soutien d'importance. Mehmed II après avoir soumis les Karamanides prépare soigneusement sa conquête de Constantinople pour éviter un échec tel que celui de Mourad II en 1422. Déjà, le sultan isole Constantinople diplomatiquement en signant des traités avec Venise et Jean Hunyade. Dans la même idée, la Morée est ravagée par un raid turc et Scanderberg malgré ses nouveaux succès n'a pas les moyens d'assister Constantinople[248]. Aux alentours de Constantinople, sur le Bosphore, la forteresse de Rumeli Hisarı est bâtie pour empêcher tout secours maritime en direction de Constantinople[249],[250]. Les relations entre les deux empires se dégradent lorsque les Byzantins reprochent à Mehmed de ne pas payer la pension d'Orkhan et menacent de libérer celui-ci[251]. Le massacre de paysans de la banlieue de Constantinople ne fait qu'ajouter au climat délétère qui règne à cette époque. Constantin XI manifeste sa désapprobation envers cet acte et en réponse, Mehmed II déclare la guerre à l'empire byzantin[252]. Constantin essaie une dernière fois de demander le soutien des États occidentaux mais sans réussite. Seul le génois Giovanni Giustiniani se rend à Constantinople avec 700 hommes[253]. Le siège débute au début du mois d'avril 1453 après qu'au début de l'année, les Ottomans aient pris possession des dernières cités byzantines proches de Constantinople comme Epibatai près de la mer de Marmara ou Anchialos et Mesembrya sur la mer Noire[254]. Les effectifs byzantins sont très faibles. Phrantzès parle de 4 973 hommes soutenus par près de 2000 ou 3000 étrangers. [255]. On aboutit donc au total le plus communément admis de 7 000 hommes. Moins d'une dizaine de navires défendent la Corne d'Or barrée par une chaîne dressée par Constantin le 2 avril. En face, les Ottomans disposent d'effectifs variables selon les sources. Elles approchent souvent les 200 000 hommes[256] mais seuls quelques 60 000 hommes sont de véritables soldats[257]. Le cardinal Isidore de Kiev parle de 300 000 hommes [258] et Nicolò Barboro de 160 000 [259]. Cette supériorité numérique se retrouve dans la flotte. L'artillerie est aussi très présente au sein des troupes turques qui possèdent plusieurs canons de très gros calibre dont un fabriqué par le hongrois Orban pouvant tirer des boulets d'1m86 de circonférence. Malgré cette supériorité, les assauts turcs sont constamment repoussés et ce fameux canon finit par exploser. De même la tentative de Mehmed II de faire passer ses navires dans la Corne d'Or selon une vieille technique russe ne réussit pas à forcer la décision. De même, quatre navires chrétiens réussissent à forcer le blocus et à approvisionner Constantinople à la stupeur du sultan[260]. Cette longue résistance affaiblit le moral des troupes turques mais les assiégés sont de plus en plus affaiblis par le siège. Et le 29 mai, jour de l'assaut général, les troupes turques réussissent à pénétrer dans la ville grâce à une petite poterne. Cette intrusion au sein même de Constantinople surprend les défenseurs qui sont submergés y compris Constantin XI qui meurt au cours des derniers combats. Lorsque Mehmed II pénètre dans la ville, il vient de signer la fin d'une guerre longue de quatre siècles et la chute définitive de l'héritier de l'Empire romain qu'était l'Empire byzantin.

Conséquences

La chute de la Morée

La chute de Constantinople précède de quelques années la destruction du despotat de Morée et de l'empire grec de Trébizonde. La Morée est le dernier territoire de l'empire byzantin encore libre de la tutelle turque après la chute de Constantinople. Mais ce refuge est instable depuis l'invasion turque de 1452 et la population cherche avant tout à se débarasser des despotes Paléologue[261]. Un soulèvement albanais provoque l'intervention d'Umur Pasha, un général turc en décembre 1453. En 1454, Thomas et Démétrios demandent l'intervention de Tourakhan Bey, le père d'Umur Pasha pour rétablir l'ordre[261]. Les deux despotes, vassaux du sultan profitent de la bienveillance de Mehmed II pour conserver leurs territoires. Mais ils cherchent aussi à susciter une croisade en Occident, ce qui a pour conséquence de provoquer l'intervention du sultan en 1458[262] alors qu'Athènes est déjà tombée aux mains des Ottomans en 1456[263]. Mehmed Il part d'Andrinople et laisse une partie de son armée assiéger Corinthe. Mehmed II entreprend de ravager le territoire de la Morée et même la citadelle de Patras est contrainte de capituler[262]. En août 1458, Corinthe cède et la partie nord-ouest de la Morée devient territoire turc[262]. Thomas et Démétrios sont contraints de se partager le reste du territoire tout en versant un tribut annuel au sultan. Toutefois, les deux despotes se disputent dès le départ de Mehmed II, Thomas cherchant l'appui du pape tandis que Démétrios espère bénéficier de l'aide ottomane. La Morée byzantine est alors dans un état de chaos qui pousse Mehmed II à conquérir définitivement la Morée. En avril 1460, il part d'Andrinople et obtient le 29 mai la soumission de Démétrios ainsi que de Mistra[264]. Thomas préfère s'enfuir en Italie et ses territoires sont envahis par les Ottomans[263]. Seul un certain Constantin Graitzas réussit à tenir en échec les troupes turcs jusqu'en juillet 1461 quand sa forteresse de Salmenikon près de Patras finit par se rendre[265].

La fin de l'empire de Trébizonde

La bannière de Trébizonde, dernier Etat byzantin à succomber aux Ottomas

L'empire de Trébizonde qui vivait à l'écart de l'empire byzantin depuis 1204 souffre au cours du XIVème siècle de nombreux troubles politiques qui fragilisent sa position. Très vite, il suscite les convoitises des Turcs mais aussi des Gènois et des Vénitiens qui espèrent tirer profit de la position commerciale avantageuse de Trébizonde. En 1456, le gouverneur ottoman d'Amasya tente de prendre Trébizonde mais se contente de prisonniers et d'un lourd tribut[266]. L'empereur Jean IV de Trébizonde tente de faire appel à Uzun Hasan contre les Ottomans mais sa mort en 1458 met à mal ses projets. Son successeur, David II de Trébizonde contribue à la chute de son empire en provoquant l'ire du sultan. Ainsi, il essaie de susciter une croisade en Occident et demande l'annulation du tribut qu'il paie au sultan[267]. Or Mehmed II voit dans la destruction de l'empire de Trébizonde l'occasion de mettre définitivement fin à l'empire byzantin[268]. En juin 1461, Mehmed II se met à la tête d'une armée de 60 000 cavaliers et 80 000 fantassins soutenue par une flotte importante[269]. L'émir de Sinope et Uzun Hasan, les deux alliés de David se défilent face à la puissance ottomane. Pendant près d'un mois, Trébizonde résiste à l'armée ottomane mais dès son arrivée, Mehmed II propose la reddition de la ville. David accepte et le 15 août 1461, la reddition de Trébizonde devient effective[270].

Conséquences pour les Turcs

Portrait romantique du dernier croisé qui illustre l'échec des tentatives chrétiennes pour défendre Constantinople contre les Turcs.

Avec cette victoire, les Turcs et en particulier l'empire ottoman deviennent une des plus grandes puissances du monde méditerranéen. Cette guerre contre l'empire byzantin a permis notamment aux Ottomans de devenir la puissance dominante parmi les autres émirats turcs issus du déclin Seldjoukide à la suite de l'invasion mongole. Profitant des errements de la politique orientale menée par Michel VIII Paléologue et Andronic II, les premiers sultans ottomans peuvent étendre leur territoire dans toute la partie Nord-Ouest de l'Anatolie avant de se lancer à la conquête de la péninsule balkanique après la deuxième moitié du XIVe siècle. La conquête de Constantinople leur assure la domination de ce qui fut auparavant les terres principales de l'empire byzantin. De plus, ils peuvent à partir de 1453, se consacrer à la poursuite de leur progression en Europe ainsi qu'en Afrique. Mehmed II fait aussi de Constantinople sa nouvelle capitale ce qui symbolise le changement d'ère et s'attribue de facto l'héritage de l'empire byzantin. À la suite de cette victoire et de l'annihilation des dernières places byzantines, les Turcs continuent leur montée en puissance jusqu'à l'échec du siège de Vienne en 1529.

Conséquences pour le monde chrétien

La chute de l'empire byzantin constitue un choc majeur pour le monde chrétien en général même si celui-ci, plongé dans d'autres préoccupations, oublie assez vite la chute de Constantinople[271]. L'empire byzantin ayant été durant près d'un millénaire un des États majeurs de la chrétienté. La papauté tente sans succès d'appeler à une croisade devant libérer Constantinople. C'est ce que fait Pie II en 1464, mais sa mort met un terme au lancement d'une croisade dont les membres ne vont pas plus loin que le port d'Ancône [272]. De même, l'héritage romain tente d'être repris par le tsar Ivan III de Russie en faisant de Moscou la troisième Rome. Mais les conséquences de la défaite byzantine sont plus profondes. Malgré les divisions qui existent entre catholiques et orthodoxes, la perte de Constantinople constitue un grave échec pour la chrétienté en général qui ne peut que constater l'avancée inexorable des Ottomans. Cependant, des faits plus primordiaux découlent du déclin de l'empire byzantin, le regain intellectuel sous la dynastie Paléologue ne se termine pas en 1453 et les érudits byzantins se réfugient en Italie où ils contribuent de manière primordiale à la Renaissance par l'apport de leurs connaissances des mondes grecs et latins de l'Antiquité, connaissances présentes en particulier dans les livres qu'ils ont emportés avec eux. De plus, la chute de Constantinople marque aussi la fin de la domination chrétienne sur l'une des villes les plus importantes d'un point de vue commercial puisqu'elle constitue le lien entre l'Europe et l'Asie. Par conséquent, les puissances chrétiennes cherchent à atteindre l'Asie par voie maritime, lançant ainsi le mouvement des Grandes découvertes [273].

Notes et références

Notes

  1. Cagri Beg obtient le Khurasan et ses dépendances orientales
  2. L'idée qui prédomine aujourd'hui étant qu'effectivement Alexis a demandé l'aide de l'Occident sans pour autant chercher à lancer une croisade, concept qui lui est inconnu. C'est la thèse développée par Chalandon dans son livre sur Alexis Ier et qui a été reprise par Ostrogorsky ou encore Steven Runciman
  3. Selon Anne Comnène, Bohémond aurait informé Tatikios que certains chefs croisés le soupçonnaient de travailler avec les Turcs et voulaient de ce fait le tuer. Cela aurait provoqué le départ de Tatikios
  4. 'Arab se réfugie alors à Constantinople
  5. En 1162, le sultan de Roum est reçu triomphalement à Constantinople par l'empereur byzantin
  6. À partir de cette date, Trébizonde et les territoires alentours sont presque définitivement coupés de l'empire byzantin ce qui explique son évolution aboutissant à son indépendance en 1204 bien que le mouvement commence dès les tentatives d'émancipation de Constantin Gabras
  7. Les trois États prétendent être les successeurs de l'empire byzantin. Ainsi, les empereurs de Trébizonde prennent le titre de basileus et autocrator des Romains Grand Comnène tandis que les despotes d'Épire ont le titre de basileus jusqu'à ce que Jean III Vatatzès oblige Théodore Ier à y renoncer vers 1240
  8. Kay Kâwus II reste à Konya, Kılıç Arslan IV règne à Sivas et Kay Qubadh II règne à Malatya. Kilic Arlsan IV réussit à unifier le sultanat en 1261
  9. Voici ce qu'en dit Georges Pachymères : "On affaiblit de la sorte la région orientale tandis que les Perses (les Turcs) devenaient de plus en plus entreprenants et envahissaient des pays privés de toute défense".
  10. Voici la réaction des régions libérées selon Georges Pachymères: "Dans les nombreux monastères de cette contrée, le nom de l'empereur cessa d'être commémoré et fut remplacé par celui de Philanthropénos
  11. Théodore Métochitès présente Andronic en pourfendeur des Turcs, reprenant la Bithynie, la Phrygie et la Mysie tout en consolidant les villes et les frontières
  12. Selon Bartusis dans son livre The Last Byzantine Army, l'armée byzantine compte 2000 hommes dont la moitié d'Alains opposés à près de 5000 Ottomans.
  13. Face au risque d'une mutinerie dans ses propres rangs, Andronic n'envoie pas les catalans se battre aux côtés de l'armée byzantine contre les Bulgares
  14. Roger de Flor était allé volontairement saluer Michel IX dont il connaissait l'inimitié à son égard et lorsqu'il dîna avec lui, il fut assassiné
  15. Au sujet de cette guerre, voici ce qu'en dit Jean Cantacuzène dans ses mémoires: "la pire des guerres civiles dont les Romains eussent fait l'expérience, un conflit qui détrusit pratiquement tout, condamnant le grand empire romain à n'être plus que l'ombre de lui-même."
  16. Cette croisade lancée à l'instigation du pape Clément VI est composée de Venise, Rhodes et Chypre. Elle parvient à prendre Smyrne en 1343 ou 1344 et Umur bey meurt en 1348 alors qu'il tente de la reprendre
  17. Selon Louis Bréhier dans son livre Vie et mort de Byzance, un accord serait intervenu entre Jean VI et les Turcs qui stipulait que la forteresse devenait possession turque. Il s'appuie sur le livre de Gibbons The Foundation of the Ottoman Empire de 1916. Ostrogorsky quant à lui indique simplement que les Turcs se sont implantés dans la forteresse de Tzimpé sans indiquer l'existence d'un quelconque accord avec les Byzantins relatif à la possession de la ville
  18. Voici le jugement de Démétrius Cydonès sur les progrès ottomans: "Les Turcs sont les maîtres en toute chose et nous devons nous soumettre à eux ou payer le prix de notre désobéissance. A quel sommet de puissance ne sont-ils pas parvenus! A quelle profondeur de servitude ne sommes-nous pas tombés!
  19. Démétrius Cydonès écrit ainsi que : tous ceux qui sont hors des murs de la ville (Constantinople) sont asservis aux Turcs et ceux qui sont à l'intérieur succombent sous le poids de la misère et des révoltes.
  20. À cette date, la souveraineté byzantine sur Philadelphie est très formelle.
  21. La réponse de Mehmed aux ambassadeurs de Manuel illustre cette sympathie entre les deux empereurs: "Allez dire à mon père, l'empereur des Romains qu'avec le secours de Dieu et la coopération de mon père l'empereur, j'ai pu reprendre ce que mes ancêtres m'avaient légué. A partir de ce jour, je suis et je serai son sujet, comme un fils à l'égard de son père. Car il ne metrouvera jamais indifférent ni ingrat. Qu'il me donne ses ordres et j'exécuterai tous ses désirs avec le plus grand plaisir, comme un serviteur
  22. Voici ce que dit Mustapha à Démétrios : "Ce n'est pas au profit de l'empereur Manuel que j'ai pris les armes et gagné une victoire, j'ai fait vœu de reconquérir les villes de l'islamisme, et, si le Prophète m'entend, j'accomplirai ce vœu. J'observerai du reste fidèlement le traité qui me lie à ton maître; il peut se fier à mon serment. Quant à tes troupes, je n'en ai pas besoin, tu es libre de repartir"
  23. Georges Scholarios dit ainsi à Démétrios peu après sa lutte contre Thomas Paléologue : "Tu ne combats pas seulement pour tes droits, mais pour le reste des Hellènes qui périront au milieu de nos discordes. Puisses-tu prendre de meilleures résolutions dans l'intérêt de ce qui reste de notre race infortunée, exposée à s'évanouir au moindre souffle ou à être dévorée par nos ennemis".

Références

  1. D. et J. Sourdel, La civilisation de l'islam classique, éditions Arthaud, p.77
  2. A. Ducellier, M. Kaplan, B. Martin, Le Proche-OrienT médiéval, éditions Hachette université, p. 161
  3. D. et J. Sourdel, La civilisation de l'Islam classique, éditions Arthaud, p. 103
  4. A. Ducellier, M. Kaplan, B. Martin, Le Proche-Orient médiéval, éditions Hachette université, p. 160
  5. D. et J. Sourdel, La civilisation de l'islam classique, éditions Arthaud, p. 107
  6. A. Ducellier, M. Kaplan, B. Martin, Le Proche-Orient médiéval, éditions Hachette université, p. 161
  7. A. Ducellier, M. Kaplan, B. Martin, Le Proche-Orient médiéval, éditions Hachette université, p. 162
  8. A. Ducellier, M. Kaplan, B. Martin, Le Proche-Orient médiéval, éditions Hachette université, p.162
  9. A. Ducellier, M. Kaplan, B. Martin, Le Proche-Orient médiéval, édition Hachette université, p. 162
  10. D. et J. Sourdel, La civilisation de l'Islam classique, éditions Arthaud, p. 110
  11. Podcasts des cours de Gilles Veinstein au collège de France
  12. A. Ducellier, M. Kaplan et B. Martin, Le Proche-Orient médiéval, éditions Hachette université, p. 163
  13. D. et J. Sourdel, La civilisation de l'Islam classique, éditions Arthaud, p. 110
  14. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.212
  15. Michel Psellos, Chronographie, éditions Les belles lettres
  16. A. Ducellier, M. Kaplan, Byzance IVe-XVe siècle, éditions Albin Michel, p. 55
  17. Zonaras, Annales, XVIII, p.210-212
  18. D. et J. Sourdel, La Civilisation de l'islam classique, p.111
  19. C. Cahen, La première pénétration turque en Asie Mineure, Byzantion, p.23 et suite
  20. Byzance IVème-XVème siècle, éditions Hachette supérieur, A. Ducellier, M. Kaplan, p.56
  21. a  et b Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.231
  22. Michel Psellos, Chronographie, tome X, p.13-14
  23. Michel d'Attalie, Histoire éditions Bekker, p.125-138
  24. Michel Psellos, Chronographie, X, p.19-22
  25. Michel d'Attalie, Histoire, éditions Bekker, p.159 et suite
  26. A. Ducellier, M. Kaplan, B. Martin, Le Proche-Orient médiéval, éditions Hachettes université, p.183
  27. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, p.366
  28. D. et J. Sourdel, La Civilisation de l'islam classique', éditions Arthaud, p.111
  29. Nicéphore Bryenne, Histoire, II, p.61
  30. A. Ducellier, M. Kaplan, B. Martin, Le Proche-Orient médiéval, éditions Hachette université, p. 184
  31. A. Ducellier, M. Kaplan, B. Martin, Le Proche-Orient médiéval, éditions Hachette université, p. 184
  32. A. Ducellier et M. Kaplan, Byzance IVème-XIVème siècle, éditions Hachette supérieur, p.56
  33. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p. 239
  34. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.247
  35. Gérard Dédéyan, Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse 2007, p.336
  36. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p. 248
  37. Anne Comnène, l'Alexiade, V, 1, 5.
  38. Chalandon, Alexis Comnène, p.127
  39. Anne Comnène, L'Alexiade
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  43. Jean Richard, Histoire des croisades, édition Fayard, p.57
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  45. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.255
  46. Anne Comnène, L'Alexiade, p.210-212
  47. Chalandon, Histoire de la première croisade, p.163-165
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  63. Nicétas Choniatès, Grandeur et catastrophe de Byzance, l; 8,4
  64. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.265
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  72. René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalement, II, p.332-334
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  74. René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem, tome II, p.399-404
  75. Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, éditions J'ai lu, p.183-184
  76. Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem, tome II, éditions Perrin, p. 398-411
  77. Chalandon, Les Comnènes, tome II, p.453-455
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  80. Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, éditions J'ai lu, p.186-190
  81. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.277
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  83. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.279
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  86. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.279
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  88. A. Ducellier, M. Kaplan, B. Martin, Le Proche-Orient médiéval, éditions Hachette université, p.189
  89. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.287
  90. (en) Katharine Branning, « History of the Anatolian Seljuks »
  91. Nicétas Choniatès, Histoire, p.848-850
  92. Nicétas Choniatès, Histoire, p.872-876
  93. (tr) Denizli'nin Tarihçesi / Kronoloji sur Denizli Valiligi (Histoire de Denizli / Chronologie sur le site de la province de Denizli )
  94. Ostrogorsky, Histoire de l'Etat byzantin, éditions Payot, 1996, p.451
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  96. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Payot 1996, p.452
  97. Cambrige Medieval History, p.547
  98. Georges Akropolitès, Chroniques, p. 9-10
  99. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.308
  100. Katharine Branning, « History of the Anatolian Seljuks : Izzeddin Keykavüs I (1211-1220): A decade towards the solidification of the kingdom; Sinope secured »
  101. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, p.316-317
  102. (en) Peter Malcolm Holt, Ann K. S. Lambton, Bernard Lewis, « The Cambridge History of Islam », 1977, Cambridge University Press, (ISBN 0521291356), p. 246-248
  103. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.313
  104. René Grousset, L'Empire des steppes, p.334-335
  105. [1]
  106. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.317
  107. René Grousset, L'empire des steppes, p.466
  108. Cahen, Les Turcomans de Roum au moment de l'invasion mongole, p.131-139
  109. Nicéphore Grégoras, I, p.136
  110. Paul Lemerle, Histoire de Byzance, p.114
  111. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Payot 1996, p.513
  112. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.106
  113. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.332
  114. Georges Pachymères, Histoire, p. 20.
  115. Cambridge Medieval History, p.656
  116. Ostrogorsky, Histoire de l'Etat byzantin, éditions Payot 1996, p.514
  117. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.109
  118. Cambridge Medieval History, p.656
  119. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.146
  120. Oxford History, p.260-261
  121. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.147
  122. Georges Pachymères, II, p.220
  123. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, p.353
  124. Oxford History, p.260-261
  125. Georges Pachymères, Histoire, p.390-392
  126. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.163
  127. Schlumberger, Expéditions des Almugavares ou Catalans en Orient, p.36-41
  128. Cronica catalana, Ramon Muntaner, p.203
  129. Ostrogorsky, Histoire de l'Etat byzantin, éditions Payot 1996, p.515
  130. Ramon Muntaner, Cronica catalana, p. 207
  131. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Payot 1996, p.515
  132. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.342
  133. Ramon Muntaner, Cronica catalana, p.211
  134. Schlumberger, Expéditions des Almugavares ou Catalans en Orient, p.248-251
  135. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.346
  136. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Payot 1996, p.523
  137. Jean Cantacuzène, Histoire en 4 livres, II, p.5
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  139. Grant, R G. Battle a Visual Journey Through 5000 Years of Combat. Londres, Dorling Kindersley, 2005 122
  140. Cantacuzène, Histoire en 4 livres, II, p.32-36
  141. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Payot 1996, p.528
  142. Cantacuzène, Histoire en 4 livres, I, p.446-448
  143. Cantacuzène, Histoire en 4 livres, II, p.24
  144. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.353
  145. Cantacuzène, Histoire en 4 livres, II, p.22
  146. Donald MacGillivray Nicol (trad. Hugues Defrance), « Le suicide de Byzance, le règne d’Andronic III », p. 197-198
  147. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.353
  148. Donald MacGillivray Nicol, Le Règne d’Adronic III, p. 199
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  150. Nicéphore Grégoras, II, p.585
  151. Charles Diehl, Figures byzantines, II, 1906, p.254-256
  152. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.356
  153. Cantacuzène, Histoire en 4 livres', III, p.64
  154. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Payot 1996, p.539
  155. Cantacuzène, Histoire en 4 livres, III, p.66
  156. Donald MacGillivray Nicol,« La seconde guerre civile. », p. 226
  157. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Payot 1996, p.541
  158. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.227
  159. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.229
  160. Nicéphore Grégoras, L'histoire romaine VI, p.7
  161. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Payot 1996, p.551
  162. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.265
  163. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.252
  164. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.253
  165. Cantacuzène, III, p.248
  166. Nicéphore Grégoras, Histoire romaine, III, p.181
  167. Cantacuzène, IV, 4
  168. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Payot 1996, p.552
  169. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.266
  170. Charanis, An Important Short Chronicle of the Fourteenth Century, Byzantion, 13 (1938), p.347
  171. J.J.Norwich (1996) Byzantium: the Decline and Fall, Penguin, Londres, p.320
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  173. Ostrogorsky, Histoire de l'Etat byzantin, éditions Payot, p.553
  174. Zakythinos, Le Despotat grec de Morée, éditions les Belles lettres, 1953, p.98-105
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  176. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, p.379
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  178. Ostrogorsky, Histoire de l'Etat byzantin, éditions Payot 1996, p.558
  179. Osford History, p.268
  180. Cambridge Medieval History, IV, p.667
  181. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.298
  182. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.286
  183. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.370
  184. Halecki, Un empereur de Byzance à Rome, 1355-1375, Varsovie (1930), p.147-149
  185. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.296-297
  186. Halecki, Un empereur de Byzance à Rome, 1355-1375 p.228-229
  187. Halecki, Un empereur de Byzance à Rome, p.247
  188. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.299
  189. Jiretchek, Geschichte des Serben, éditions Gotha (1911), I, p.437
  190. Oxford History, p.264
  191. Oxford History, p.271
  192. Démétrius Cydonès, Correspondance n°25, éditions Cammelli, p.16
  193. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Payot 1996, p.564
  194. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.305
  195. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.309
  196. Phrantzès, Chronicus majus, I, p.11
  197. Ostrogorsky,Histoire de l'Etat byzantin, éditions Payot, p.567
  198. Ostrogorsky, Histoire de l'Etat byzantin, éditions Payot, 1996, p.567
  199. Chalkokondylès, I, p.58
  200. a , b  et c Oxford History, p.273
  201. Phrantzès, Chronicon majus, I, p.15
  202. Zakythinos, Le Despotat grec de Morée, I, p.155 et suite
  203. Von Hammer, Histoire de l'empire ottoman, p.300-302
  204. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.329
  205. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.385
  206. zakythinos, Le despotat grec de Morée, p.156-157
  207. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Payot 1996, p.577
  208. Démétrius Cydonès, Correspondance n°50, p.129-130
  209. Iorga, Geschichte des osmanischen Reiches, I, p.325 et suite
  210. Cambridge Medieval History, IV, p.686
  211. Georg Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, p.579-580
  212. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.350
  213. Ostrogorsky, Histoire de l'état byzantin, P.580
  214. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.393
  215. Nicolae Iorga, Geschichte des osmanischen Reiches, I, p.379
  216. Joseph Hammer-Purgstall, Histoire de l'empire ottoman, p.220
  217. Doukas, XXIV, p.79
  218. Phrantzès, Chronicon majus, I, p.40
  219. Nicolae Iorga, I, Geschichte des osmanischen Reiches, p.379-380
  220. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.396
  221. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, éditions Albin Michel, p.581
  222. Iorga, opus cité, I, p. 385
  223. Joseph Hammer-Purgstall, Histoire de l'empire ottoman, volume II, p.249
  224. Oxford History, p.276
  225. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, p.582
  226. Iorga, Geschichte des osmanischen Reiches, I, p.386-387
  227. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.408
  228. Iorga, Geschichte des psmanischen Reiches, I, p.430
  229. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, p.410
  230. Iorga, Geschichte des romanischen Reiches, I, p.433
  231. Joseph von Hammer-Purgstall, Histoire de l'empire ottoman, p.320
  232. Chalcondylès, VI, p.99
  233. Chalcondylès, VI, p.108
  234. Joseph von Hammer-Purgstall, Histoire de l'empire ottoman, p.322
  235. Chalcondylès, VII, p.108
  236. Phrantzès, Chronicon majus, II, p.9
  237. S. Runciman, Mistra, Byzantine capital of the Peloponnese, p.82-83
  238. Zakythinos, Le despotat grec de Morée, p.232-234
  239. Doukas, XXXII, p.125
  240. Joseph von Hammer-Purgstall, Histoire de l'empire ottoman, trad. J-J Hellert II, p.335-337
  241. Phrantzès, Chronicon Majus, III
  242. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, p.585, Payot, 1996
  243. Zakythinos, Le Despotat grec de Morée, p.242-245
  244. Joseph von Hammer-Purgstall, Histoire de l'empire ottoman, II, p.367
  245. Chalcondylès, Histoire des Turcs et de la chute de l'empire grec de 1298 à 1462, VII
  246. Iorga, Geschichte des osmanischen Reiches, II, p.14
  247. Schlumberger, Le Siège, la Prise et le Sac de Constantinople par les Turcs en 1453, p.8
  248. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, p.419
  249. Norwich, John Julius (1997). A Short History of Byzantium. New York: Vintage Books. pp. 373.
  250. Iorga, Geschichte des osmanischen Reiches, II, p.9-12
  251. Joseph von Hammer-Purgstall, Histoire de l'empire ottoman, II, p.370
  252. Schlumberger, Le siège, la prise et le sac de Constantinople par les Turcs en 1453, p.27
  253. Runciman, The fall of Constantinople, 1965, p.83-84
  254. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.403
  255. Phrantzès, Chronicon majus, III, p.838
  256. Georges Phrantzès, Chronicon majus, texte grec reporté dans Classicorum auctorum e Vaticanis codicibus editorum, tome IX, Rome 1837, pp 1–10
  257. Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, p.422
  258. Epistola reverendissimi patris domini Isidori cardinalis Ruteni scripta ad reverendissimum dominum Bisarionem episcopum Tusculanum ac cardinalem Nicenum Bononiaeque legatum (lettre du cardinal Isidore au cardinal Johannes Bessarion), daté du 6 juillet 1453
  259. Nicolò Barboro, Giornale dell'Assedio di Costantinopoli, 1453
  260. Norwich, John Julius (1997). A Short History of Byzantium. New York: Vintage Books. pp. 376.
  261. a  et b Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions texto, p.419
  262. a , b  et c Donald M. Nicol, Les Derniers siècles de Byzance, éditions Texto, p.420
  263. a  et b Ostrogorsky, Histoire de l'Etat byzantin, éditions Payot 1996, p.593
  264. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.421
  265. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.422
  266. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.430
  267. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.430-431
  268. Miller, Trebizond: The Last Greek Empire, p.97-100
  269. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.431
  270. Miller, Trebizond : The Last Greek Empire, p.100-105
  271. Donald M. Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance, éditions Texto, p.433
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Voir aussi

Sources primaires

  • Anne Comnène, L'Alexiade, Les belles lettres, Paris, 2006 
  • Michel le Syrien, Chronique universelle, tome III, éditions et traduction française par J. B. Chabot, 4 vol., 1899-1910.
  • Nicétas Choniatès, Grandeur et catastrophe de Byzance, écrits originaux du (XIIe siècle) 
  • Jean Cinnamus, Chronique, écrits originaux du XIIe siècle.
  • Jean Cantacuzène, Histoire en 4 livres, P. G. (Patrologiae Cursus completus Migne. Series graeco-latina), écrits originaux duXIVe siècle.
  • Georges Akropolitès, Chroniques, éditions Heisenberg (1903), écrits originaux : XIIIe siècle
  • Théodore Prodrome, Épigrammes et écrits divers, P. G., CXXXIII, écrits originaux du XIe siècle.
  • Ramon Muntaner, Cronica catalana, écrits originaux du XIVe siècle, traduite par J. A. Buchon en 1827.
  • Georges Pachymères, Histoire, éditions Albert Failler, écrits originaux du XIIIe siècle.
  • Michel Psellos, Chronographie, 1ère éditions Sathas, Bibliotheca Medii aevi (BMA), 1874. Edité récémment par les Belles Lettres.
  • Guillaume de Tyr, Histoire des croisades
  • Nicéphore Grégoras, Histoire, Byzantina Historia, éditions L. Schoppen, 3 vol. (corpus scriptorum historiae byzantinae (CSHB), 1829-55), XIVe siècle.
  • Laonikos Chalkokondylès, Historiae, éditions E. Darko, Laonici Chalcocondylae Historiarum Demonstrationes, 2. vol. (Budapest 1922-27), écrits originaux XVe siècle.
  • Michel d'Attalie, Histoire, éditions Bekker, CSHB, 1883.
  • Georges Phrantzès, Chronicon Majus, P. G., CLVI, écrits originaux du XVe siècle.
  • Kritoboulos d'Imbros, Histoire, éditions Müller, F.H.G.V., 54-161, 1870, écrits originaux du XVe siècle.
  • Démétrius Cydonès, Correspondances, éditions et traduction française Cammelli, Collection byzantine publiée sous le patronage de l'association Guillaume Budé (CBB).
  • Doukas, Istoria Turco-Byzantină (1341-1462), éditions V. Grécu (Bucarest, 1958); traduit en anglais par H. G. Magoulias, Doukas : Decline and Fall of Byzantium to the Ottoman Turks, (Détroit, 1975), écrits originaux du XVe siècle.

Bibliographie

Ouvrages postérieurs à la période étudiée

Ouvrages généraux :

  • Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, Albin Michel (ISBN 2-226-17102-9)  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Alain Ducellier, Michel Kaplan, Bernadette Martin, Le Proche-Orient médiéval, Hachette université (ISBN 2010055233)  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Alain Ducellier, M. Kaplan, Byzance, IVème-XVème siècle (ISBN 2011455774)  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Georg Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin (ISBN 9782228902069)  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • John Julius Norwich, Histoire de Byzance (330-1453)  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Cambridge Medieval History, Éditions Paul Fourrache, (ISBN 100521853605) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Charles Diehl, Histoire de l'Empire byzantin (1919), Paris, Éditions du Trident, 2007.

Ouvrages sur les Seldjoukides:

Ouvrages sur les premières campagnes

  • Jean-Claude Cheynet, Manzikert - un désastre militaire ?, dans Byzantion 50, 1980, p.410-438
  • Claude Cahen, La Campagne de Mantzikert d’après les sources musulmanes, dans Byzantion 10, 1934, pp. 613-642.
  • (en) Haldon, John (2001), The Byzantine Wars: Battles and Campaigns of the Byzantine Era, Stroud: Tempus, ISBN 0752417959

Ouvrages sur les croisades et les Comnènes :

  • René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem (ISBN 2-262-01569-4)  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • F. Chalandon, les Comnènes, 1912.
  • Steven Runciman, Histoire des croisades, éditions Tallandier, 2006, (ISBN 2847342729)
  • Jean Richard, Histoire des croisades, édition Fayard
  • Amin Maalouf, Les croisades vues par les arabes, éditions J'ai lu, 1983
  • Élisabeth Malamut, Alexis Ier Comnène, Ellipses, 2007.

Ouvrages sur l'empire ottoman :

  • (de) Nicolae Iorga, Geschichte des osmanischen Reiches, éditions Gotha, 1908-1909.
  • Joseph von Hammer-Purgstall, Histoire de l'Empire ottoman, depuis son origine jusqu'à nos jours traduit par J. J. Hellert, Bellizard, 1836 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Ouvrages sur la période 1204 - 1453

  • René Grousset, L'Empire des steppes, 1938 (sur l'influence mongole en Asie Mineure) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Schlumberger, Expéditions des Almugavares ou Catalans en Orient, 1902. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Donald MacGillivray Nicol (trad. Hugues Defrance), Le Suicide de Byzance, le règne d’Andronic III. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Donald MacGillivray Nicol, Les Derniers Siècles de Byzance 1261-1453, traduit par Hugues Defrance, éditions Texto, 1993(parution en anglais), (ISBN 978-2-84734-527-8) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jacques Heers, Chute et mort de Constantinople 1204-1453, éditions Perrin.(ISBN 2262020981)
  • (en) John Julius Norwich Byzantium; v. 3: The Decline and Fall. Viking, 1995 ISBN 0-670-82377-5. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Bartusis, Marc C. The Late Byzantine Army: Arms and Society, 1204-1453, University of Pennsylvania Press, 1997.
  • Denis A. Zakythinos, Le Despotat grec de Morée, éditions Les Belles Lettres, 1953.

Liens externes

Articles connexes

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