- Deuxieme croisade
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Deuxième croisade
Deuxième croisade
Concile de Jérusalem Informations générales Date 1146-1149 Lieu Terre Sainte Casus belli Prise d'Édesse (1144) Issue peu de résultats Belligérants Croisés Zengides Commandants Louis VII, roi de France
Conrad III, empereurNur ad-Din Croisades d'Orient
(Ire, IIe, IIIe, IVe, Ve, VIe, 1239, VIIe, VIIIe, IXe).Batailles Dorylée - Damas
La deuxième croisade commence en 1147 après avoir été lancée en décembre 1145 par le pape Eugène III suite à la chute d'Édesse en 1144. Elle s'achève en 1149 par un échec total pour les croisés, qui rentrent en Europe sans avoir remporté de victoire militaire en Orient.Sommaire
Chute du comté d'Édesse
Les chrétiens avaient réussi l'impossible en reprenant la ville de Jérusalem aux musulmans en 1099. Après la bataille d'Ascalon, où ils repoussèrent l'armée de secours égyptienne, ils fondèrent quatre États latins, qui se trouvèrent rapidement isolés en Orient. Confrontés aux Turcs d'un côté et aux Byzantins de l'autre, les croisés étaient en état de guerre quasi-permanent. De surcroît, de nombreux pèlerins avaient décidé de retourner en Europe après la croisade, satisfaits d'avoir rempli leurs serments et pressés de retrouver leurs terres et leurs familles.
La prospérité du royaume de Jérusalem ayant affaibli son esprit guerrier, et les querelles internes réduisant ses ressources, lorsque la forteresse frontalière d'Édesse tombe aux mains de Zengi de Mossoul, le 24 décembre 1144, la situation du royaume chrétien devient critique.
En apprenant la nouvelle, le pape Eugène III émet, le 1er décembre 1145, la bulle pontificale Quantum praedecessores, appelant à une nouvelle croisade. Cet appel reste d'abord sans réponse, bien que le roi de France, Louis VII réfléchisse à lancer lui-même une croisade. En décembre 1146, Bernard de Clairvaux, prêchant que la croisade est un moyen d'obtenir la grâce et l'absolution des péchés, tente de convaincre l'empereur du Saint Empire romain germanique, Conrad III de Hohenstaufen. Pendant ce temps, d'autres princes germaniques répandent l'idée d'une croisade auprès des peuples slaves au nord-est de l'empire. Ils sont autorisés à lancer les croisades baltes. Le pape autorise également une croisade en Espagne contre les Maures, bien qu'une guerre soit déjà engagée depuis quelque temps.
Bernard de Clairvaux prêche la croisade
Il n'y eut pas d'enthousiasme populaire pour la croisade comme on avait pu l'observer en 1095 et 1096. Cependant, Bernard de Clairvaux, un des hommes les plus célèbres et les plus estimés de la Chrétienté de l'époque, eut l'idée de promettre l'absolution de tous les péchés commis à ceux qui prendraient la croix. Le 31 mars 1146, en présence du roi Louis VII, il prêcha la croisade à une foule immense, à Vézelay. À la suite de son prêche, l'assistance se mit à réclamer des croix, à tel point que l'on raconte que le tissu vint à manquer et que Bernard de Clairvaux lui-même donna son habit pour que l'on y taille des croix. À la différence de la Première Croisade, la nouvelle entreprise attira des souverains de toute l'Europe, à l'instar d'Aliénor d'Aquitaine, qui était alors reine de France, mais aussi Thierry d'Alsace, comte de Flandres; Henri, futur comte de Champagne; Robert Ier de Dreux, frère de Louis VII; Alphonse Ier de Toulouse; Guillaume II de Nevers; Guillaume III de Warenne, 3e comte de Surrey; Hugues VII de Lusignan, Amédée III de Savoie, et de nombreux autres nobles et évêques. Mais la croisade reçut un appui plus grand encore de la part du peuple.
La croisade passe au Portugal et en Espagne
A la mi-mai 1147, une flotte de près de 200 navires quitte le port de Dartmouth en Angleterre, et se dirige vers la Terre sainte. Elle emmène une armée de croisés composée de Flamands, de Frisons, de Normands, d'Anglais, d'Écossais, ainsi que de quelques Germains et Français. Ni prince ni roi ne prit part à la croisade à ce stade ; de fait, l'Angleterre connaissait à ce moment une période d'anarchie.
Longeant les côtes, le mauvais temps les font s'arrêter le 16 juin à Porto où l'évêque du lieu les convainc de poursuivre jusqu'à Lisbonne afin de prêter main forte au roi Alphonse Ier de Portugal qui veut délivrer la ville alors occupée par les Maures. Puisqu'il s'agit aussi de combattre les musulmans, les croisés, sous la conduite du Flamand Arnoul d'Arschot[1], acceptent de se joindre à Alphonse. Le siège de Lisbonne commence le 1er juillet 1147 ; la ville tombe le 24 octobre, et les croisés se livrent au pillage avant de remettre la ville au roi du Portugal. Certains s'installent à Lisbonne, parmi lesquels Gilbert de Hastings, qui est élu évêque ; mais la plus grande partie de la flotte reprend sa route en février 1148.
Presque au même moment, dans une autre partie de la péninsule Ibérique, Alphonse VII de Castille, aidé de Garcia Ramirez, roi de Navarre, de Raimond-Bérenger IV, comte de Barcelone, et aussi de croisés venus d'Italie et de France, réussit à reprendre Almeria le 17 octobre 1147; en 1148 et 1149, ce sont les villes de Tortosa, Fraga et Lérida d'être libérées du joug musulman.
Rupture avec Byzance
Les croisés français, sous la conduite du roi Louis VII, partent de Metz en juin 1147. Ils rejoignent l'armée germanique conduite par l'empereur Conrad III de Hohenstaufen dans la vallée du Danube. L’indiscipline de l’élément populaire, surtout dans la croisade germanique, provoque des incidents au passage de l’armée dans les Balkans.
L’armée française, est de plus considérablement ralentie par la suite des épouses, Aliénor d'Aquitaine en tête (mais aussi Sybille d’Anjou, Faydide de Toulouse, Florine de Bourgogne), et par leur bagages. Passant après l’armée germanique, et sur une seule route, elle a du mal à se ravitailler en Hongrie. La présence de très nombreuses suivantes provoque bien des distractions au campement, et détourne l’esprit de pèlerinage (castra non casta, campements qui n’ont rien de chaste). Ainsi ralenti, le convoi met cinq mois pour atteindre Constantinople, le 4 octobre.
Le basileus, Manuel Ier Comnène, craint que les troupes des croisés ne renforcent la principauté d’Antioche, où il veut rétablir sa souveraineté, et qu’elles affaiblissent l’alliance germano-byzantine contre Roger II de Sicile. En effet, pendant que Conrad III et Louis VII refusent de prêter hommage au basileus à l’automne, et retiennent ainsi les troupes byzantines, Roger II s’empare de Corfou et de Céphalonie, pille Corinthe et Thèbes. Manuel Ier Comnène doit conclure un traité avec le sultan Mas`ûd Ier de Rum.
Défaites contres les Seldjoukides
L'armée de Conrad III arrive la première à Constantinople mais les relations entre l'empereur germanique et l'empereur byzantin, Manuel Ier Comnène, sont tendues. Les Germains, désirant traverser l'Asie Mineure le plus vite possible, n'attendent donc pas les Français et partent vers Édesse. Conrad III divise son armée en deux unités. L'une d'elle est annihilée par les Seldjoukides lors de la bataille de Dorylée, le 25 octobre 1147. L'autre division est également massacrée au début de l'année 1148, et s’en retourne à la rencontre de l’armée française.
Les relations de l'empereur byzantin avec l’armée française sont meilleures qu’avec l’armée germanique, mais il refuse néanmoins de lui fournir des renforts et fait même promettre de rendre à l'Empire byzantin tout territoire pris à l'ennemi. L’armée française rencontre à Nicée les survivants de l'armée germanique (composée également de forces tchèques et polonaises, comme l'atteste le chroniqueur byzantin Jean Cinnamus). Pour éviter d’avoir à traverser les déserts d’Anatolie comme l’armée germanique, le roi de France choisit un itinéraire plus long. Mais, à l’Épiphanie 1148, dans les défilés du mont Cadmos, l’avant-garde est séparée du convoi, et les Turcs infligent une défaite à l’armée française.
Article détaillé : Bataille du mont Cadmos.Les survivants des deux armées arrivent finalement en Syrie par la mer. Le roi Louis VII suit le littoral, mais harcelé dans la vallée du Méandre, doit abandonner les non-combattants à Antalya (Attaleia) et s’embarque pour Antioche avec ses chevaliers. Conrad III, réconcilié avec Manuel Comnène, gagne Acre sur des vaisseaux byzantins. Les mauvais rapports entre les croisés et Byzance, aussi bien qu'entre eux-mêmes, ont réduit de trois-quarts les forces de la croisade.
Échec du siège de Damas
L'intention des croisés était soit de reprendre Edesse, soit d'attaquer Alep, centre de la puissance de Nur ad-Din. Mais Louis VII prend ombrage des rapports trop amicaux entre sa femme, Aliénor d'Aquitaine, et le prince d'Antioche, Raymond de Poitiers, par ailleurs oncle d'Aliénor. Il tient aussi à entrer à Jérusalem en même temps que Conrad III, arrivé par mer. Baudoin III s'est entendu avec Conrad III pour attaquer d'abord Damas, plus proche. Les rivalités entre croisés vont donc rediriger l'expédition contre Damas, malgré la trêve qui existe entre cette ville et les Francs.
Le siège de Damas commence le 11 juillet 1148 et dure moins d'une semaine. Les croisés, installés sur une plaine sans point d'eau en plein soleil doivent se retirer. Conrad III et Louis VII rentrent en Occident sans aucune victoire militaire.
Conséquences malheureuses pour les croisés
L'émirat de Damas sort épuisé de cette épreuve. Nur ad-Din en profite pour en prendre le contrôle en 1154. Baudouin III de Jérusalem commet l'erreur de prendre Ascalon en 1153, ce qui amène l'étendue du conflit jusqu'en Égypte. La maladresse des croisés aboutit à créer contre eux un front commun de l'islam.
Bernard de Clairvaux sort humilié de l'échec de la croisade et en pâtit en termes de crédibilité. Il en rejette la faute sur les péchés commis par les croisés. De cet échec, la couronne de France perd également beaucoup aux points de vue financiers, politiques, militaires et stratégiques (cf. article Louis VII, bilan de la deuxième croisade).
Anecdote
On raconte, et ce n'est pas une boutade[2], que les croisés revenant défaits de Damas en Syrie, en rapportèrent une variété de prunier à pruneaux. On les critiqua alors, en disant qu'ils étaient allés là bas « pour des prunes », expression actuelle signifiant : pour "pas grand chose", voire "pour rien".
Notes et références
- ↑ Page 473 dans Biographie nationale (1866) publiée par l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique
- ↑ Page 115 dans Il était une fois une sultane, Chagarat al-Durr d'Azza Heikal (2004)
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