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Croisade populaire
La croisade populaire est un élan de ferveur qui conduit de nombreuses personnes non combattantes sur la route de Jérusalem à la suite de l’appel aux croisades du pape Urbain II en 1095. Cette expédition, composée au départ de 40 000 croisés et seulement de 20 000 à l’arrivée s’est terminée par son massacre à Civitot le 20 octobre 1096.
Il y a eu par la suite plusieurs autres croisades populaires, la Croisade des Pastoureaux, la Croisade des enfants et une autre en 1291 qui provoque la chute de Saint-Jean-d’Acre.
Sommaire
Contexte et prédication
Lorsque le pape Urbain II lance le 27 novembre 1095 son appel à délivrer les Lieux Saints, il escomptait une mobilisation de la classe combattante, mais n’avait pas prévu que la ferveur religieuse allait entraîner un grand nombre d’hommes et de femmes issus des couches populaire de la société sur la route de Jérusalem. Depuis plusieurs années, les paysans avaient subi plusieurs années de sécheresses et de famines, et pour certains d’entre eux, la croisade leur apparaissait comme une échappatoire à leur condition miséreuse. Plusieurs phénomènes astronomiques leur apparaissent également comme autant de signes envoyés par Dieu : chutes de météorites, aurores boréales, éclipse lunaire et apparition de comètes. Une épidémie d’intoxication par l’ergot, qui incite en général les gens à partir nombreux en pèlerinage, éclate peu avant le concile de Clermont. La conviction que la fin du monde était proche a également connu un regain de popularité. La réponse à l’appel d’Urbain II l’a été au-delà de toute attente : Urbain escomptait tout au plus quelques milliers de chevaliers, et il obtient une migration d’environ 40 000 croisés, la plupart non combattants, y compris des femmes et des enfants[1].
Un moine charismatique et très bon orateur, Pierre l’Ermite, d’Amiens, est le chef spirituel du mouvement. Il est connu pour monter un âne et porter des vêtements simples. Il prêche énormément dans le nord de la France et en Flandre et prétend avoir été directement nommé par le Christ dans ce dessein (il produisait pour le prouver une prétendue lettre de la main de Dieu) et il est probable que certains de ses disciples le voyaient comme le véritable instigateur de la croisade. La croyance populaire estime que l’armée de Pierre l’Ermite est composée de paysans incultes et analphabètes qui croient que toute ville de taille importante se trouvant sur leur chemin était Jérusalem, ce qui était peut être vrai pour quelques uns d’entre eux. Mais la longue tradition des pèlerinages à Jérusalem a contribué à ce que le plus grand nombre connaissent l’emplacement et la distance de Jérusalem. La majorité de ces croisés ne sont pas aptes aux combats, mais quelques chevaliers les accompagnent, comme le futur chroniqueur Foucher de Chartres et Gautier Sans-Avoir qui, comme son nom l’indique, est un pauvre chevalier sans seigneur ni vassaux, mais d’une bonne expérience guerrière.
Persécution de juifs
Article détaillé : Persécution des juifs pendant la première croisade.L’annonce et la prédication de la première croisade en 1095 entraînent une flambée d’antisémitisme. Dans certaines régions de France et d’Allemagne, les Juifs sont considérés comme des ennemis, à l’instar des musulmans : on les croit responsables de la crucifixion, et ils sont plus visibles que les lointains musulmans. De nombreuses personnes se demandent pourquoi parcourir des milliers de kilomètres pour combattre des non chrétiens quand il y en a près de chez eux.
Il se peut également que les croisés qui persécutent les Juifs soient animés d’intentions pécuniaires. Les communautés juives en Rhénanie sont relativement riches, en raison de leur isolement et aussi parce qu’ils ne sont pas soumis aux interdictions religieuses en ce qui concernent le prêt d’argent. Nombre de chevaliers doivent emprunter pour financer leur voyage, et comme l’Église catholique interdit l’usure, et un certain nombre d’entre eux se retrouvent endettés auprès de Juifs usuriers. Les croisés se débarrassent ainsi commodément de leurs dettes sous couvert de mission religieuse.
Au total, plus de 5000 juifs sont massacrés.
Sur la route de Constantinople
Pierre rassemble son armée à Cologne le 12 avril 1096, prévoit d’y rester quelques temps et prêche la Croisade auprès des Allemands. Les Français ne sont cependant pas enclins à attendre Pierre et les Allemands, et quelques milliers de croisés français, sous la direction de Gautier Sans-Avoir, partent et atteignent la Hongrie le 8 mai, la traversent sans incident et arrivent au bord de la Save et de Belgrade, qui sont sur la frontière avec l’empire byzantin. Le gouverneur de Belgrade, surpris de cette arrivée et n’ayant aucune instruction sur ce qu’il convient de faire, leur refuse l’entrée de la ville. Il s’ensuit des accrochages entre les croisés et les soldats de Belgrade et, pour comble de malheur, seize hommes de Gautier sont surpris en train de voler dans le marché de Semlin, un village hongrois, dépouillés de leur armure et renvoyés nus à Belgrade[2]. Enfin, les croisés sont autorisés à pénétrer dans le territoire byzantin jusqu’à Niš, où ils sont ravitaillés, et à continuer leur route, sous escorte, jusqu’à Constantinople.
Pierre l’Ermite et les autres croisés quittent Cologne le 20 avril. Vingt mille croisés partent avec eux, et d’autres groupes doivent les suivre[1]. Quand ils atteignent le Danube, certains décident de descendre le fleuve par bateau, mais le plus grand nombre continue par voie de terre et entre dans le royaume de Hongrie à Ödenburg. Ils traversent le pays sans incidents et se regroupent à Semlin. La vue des armes des seize compagnons de Gautier sans Avoir, pendues sur les murs de la ville, accroît la méfiance des croisés et un différend sur le prix d’une paire de chaussures au marché dégénère en émeute au cours de laquelle les croisés prennent la ville d’assaut et tuent environ quatre mille hongrois. Pour échapper aux représailles, les croisés traversent la Save à Belgrade mais quelques escarmouches les opposent aux troupes byzantines. Les Belgradois ont fui leur ville que les croisés pillent et incendient. Ils marchent pendant sept jours et arrivent à Niš le 3 juillet. Le commandant de la ville leur promet des vivres et une escorte jusqu’à Constantinople, s’ils laissent la ville. Pierre accepte, quelques Allemands, ne faisant pas partie de l’armée de Pierre se prennent de querelle avec quelques habitants le long de la route et incendient un moulin, et la ville de Niš envoie sa garnison contre les croisés, lesquels sont écrasés, et nombre d’entre eux (environs un quart) tués. Les survivants atteignent Sofia le 12 juillet et sont conduits sous escorte vers Constantinople, qu’ils atteignent le 1er août.
L’empereur Alexis Ier Comnène, ne sait pas trop quoi faire de cet exode d’une ampleur inhabituelle. Il les ravitaille et leur conseille d’attendre l’armée des barons à proximité de la ville, mais les croisés commencent à piller les faubourgs de la ville. Alexis, inquiet pour la sécurité de Constantinople, organise la traversée du Bosphore par les croisés, laquelle commence le 7 août, et leur assigne comme lieu de séjour le camp de Civitot.
Civitot et le massacre
Article détaillé : Civitot.30 000 croisés se retrouvent à Civitot[3]. Les premiers arrivants sont les compagnons de Pierre l’Ermite, rejoints par les croisés de Gautier sans Avoir et un certain nombre de croisés italiens et allemands. La plupart des croisés ne sont pas enclins à la prudence et à la patience et font route vers Nicomédie, en territoire turc. Là une querelle oppose les Allemands et les Italiens aux Français. Les premiers choisissent pour chef un Italien du nom de Renaud, et les Français choisissent Godefroy Burel. Pierre l’Ermite a totalement perdu son influence sur les croisés.
Malgré les conseils d’Alexis, les croisés attaquent les villes turques. Renaud, à la tête de six mille allemands et italiens prend la forteresse de Xerigordon et l’utilise comme base pour piller les environs de Nicée. En représailles, le sultan seldjoukide Kılıç Arslan Ier envoie une armée qui coupe les points d’eau approvisionnant Xerigordon, assiège la citadelle puis la prend d’assaut. Les croisés n’ont comme choix que la mort ou la conversion à l’Islam[4].
Kılıç Arslan envoie ensuite des espions à Civitot qui font courir le bruit que Renaud et ses croisés ont pris Nicée. Pierre L’Ermite était alors à Constantinople pour ramener des vivres au camp et la plupart des chefs demandent à attendre son retour, mais la plupart des croisés, enthousiasmés par la victoire et aussi par la perspective du pillage, et soutenus par Godefroy Burel, veulent y aller immédiatement. Le 21 octobre, vingt cinq mille croisés prennent la route de Nicée, laissant quelques femmes, enfants, vieillards et malades à Civitot[5].
A trois miles du camp, à un endroit où la route est resserrée, l’armée turque attend en embuscade les croisés, qui sont pour la plupart massacrés[6]. Les garçons et les filles les plus jeunes sont épargnés pour être réduits et vendus en esclavage. Seuls trois mille croisés, conduits par Godefroy Burel, s’enfuient et reviennent à Civitot, qui est assiégé par les Turcs. Mais les Byzantins réussiront à évacuer les croisés rescapés par bateaux.
Annexes
Notes et références
- ↑ a et b (Norwich 1996, p. 33)
- ↑ (Runciman 2006, p. 120)
- ↑ (Norwich 1996, p. 34).
- ↑ (Runciman 1992, p. 59).
- ↑ (Norwich 1996, p. 35).
- ↑ (Runciman 1992, p. 60).
Bibliographie
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « People's Crusade ».
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Volkskreuzzug ».
- (en) Université de Fordham : Comptes rendus de la croisade populaire.
- (en) Frederic Duncalf, « The Peasants Crusade », dans American Historical Review, no 26, 1921, p. 440-453
- (en) John Julius Norwich, The Decline and Fall, Penguin Books, 1996 (ISBN 978-0140114492)
- (en) Steven Runciman, The First Crusade, 1992 (ISBN 0-521-42705-3)
- René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem - I. 1095-1130 L'anarchie musulmane, Perrin, Paris, 1934 (réimpr. 2006), 883 p., p. 77-82
- Steven Runciman, Histoire des Croisades, Tallandier, 2006 (ISBN 2-84734-272-9)
Articles connexes
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