- Duché de Parme
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Le duché de Parme ou duché de Parme et de Plaisance est un ancien État de l'Italie qui exista de manière indépendante entre 1545 et 1861. De 1345 à 1512, son territoire appartenait au duché de Milan, avant d'être rattaché en 1512 aux États pontificaux. À la suite de l'unité italienne, il est intégré en 1861 au nouveau royaume d'Italie.
Sommaire
La création du duché et la période Farnèse
Article détaillé : Maison Farnèse.Le duché de Parme est formé d'une vaste portion du duché de Milan située au sud du Pô. Cette région avait été acquise par les Visconti en 1341 par un accord avec leurs voisins les Este. Elle en est détachée au profit des États pontificaux une première fois en 1512 lors du congrès de Mantoue, qui cherchait à unir les princes italiens contre la présence Française : les Sforza, ducs déchus de Milan, doivent concéder près d'un quart de leurs terres en échange de l'intervention du Pape.
Lors de l'invasion française qui suit la victoire de Marignan, en 1515, François Ier reconquit le duché de Milan dans ses frontières d'origine, soustrayant Parme au trône apostolique. Cet état de fait est sanctionné en 1516 par la rétrocession formelle de Parme à Milan. Dans le milieu des années 1520, la zone fut confiée sans investiture formelle au connétable de Bourbon qui avait permis en 1525 l'expulsion des Français du duché. Charles-Quint, qui contrôlait le duché à travers le duc François II Sforza, promit à Clément VII la rétrocession de Parme dans le cadre de leur réconciliation de 1530, en marge du couronnement de l'empereur par le Pape le 21 février de cette année.
Avec la mort sans héritier du duc François II en 1535, Charles-Quint entrait en possession du duché de Milan tombé en déshérence. La promesse de cession de Parme à la papauté, qui n'avait pas été véritablement été suivie d'effets, était suspendue. Le fait que l'empereur ait secrètement investi son propre fils du duché de Milan dès 1540 ne l'inclina pas plus à appliquer cette clause. L'investiture étant demeurée secrète, Milan semblait à pourvoir. Quand en 1543, le pape Paul III et la fille naturelle de l'empereur vinrent solliciter pour Pierre Louis, déjà duc de Camerino et de Castro, le duché de Milan, Charles refusa tout net. Il avait certes envisagé cette possibilité avec intérêt par le passé, mais ses conseillers l'en avait dissuadé; après tout il avait déjà donné aux Farnèse Novare, Montréal, sa propre fille, il leur avait sacrifié l'amitié du duc d'Urbino et celle des Colonna.
Faute de pouvoir obtenir l'ensemble du Milanais, le pape réactiva la prétention pontificale sur Parme et Plaisance au profit de Pierre-Louis. Il créa donc de toutes pièces un fief dont l'investiture se fit en consistoire le 17 août 1545, charge au nouveau duc de conquérir son duché. Pierre-Louis dut attendre le 23 septembre pour entrer en force dans Parme.
Pendant ce temps, la diplomatie pontificale avait obtenu la neutralité de l'Empereur, à défaut de son consentement, en échange de moyens financiers, d'une aide militaire et d'une condamnation de l'attitude du roi de France. L'affaire n'était cependant pas assurée : deux ans plus tard, le gouverneur de Milan, Ferrante Gonzague, faisait assassiner Pierre-Louis et reprenait Parme et Plaisance au nom de Charles-Quint. C'est l'âpreté et l'ingéniosité du frère de Pierre-Louis, Octave Farnèse, qui permirent aux Farnèse d'obtenir enfin la reconnaissance de leur souveraineté sur Parme. Il faut dire qu'Octave, gendre de l'empereur, faisait bien meilleure figure aux yeux de celui-ci que son défunt frère.
À la fin du XVIIe siècle, la cour de Parme est l'une des plus fastueuses d’Europe.
En 1731, Antoine Farnèse meurt sans laisser d'héritier. Avec lui, s'éteint la lignée masculine de la famille Farnèse.
Les premiers Bourbons et les dominations étrangères
Une succession mouvementée entre Espagne et Autriche
La nièce du dernier duc de Parme, Élisabeth Farnèse, a épousé en 1715 le roi Philippe V d'Espagne ; le Traité de Londres de 1718 stipule que le duché sera alors transmis à la maison des Bourbons d'Espagne issus du mariage d'Élisabeth. Sa mère Dorothée Sophie est nommée régente jusqu'à l'arrivée de Charles de Bourbon (Don Carlo). Celui-ci, qui est donc fils de Philippe V et d'Élisabeth Farnèse, est intronisé duc de Parme sous le nom de Charles Ier. Il cède Parme et Plaisance à l'empereur Charles VI dès 1736 à la suite des préliminaires de paix lorsqu'il conquiert le trône des Deux-Siciles en 1734 après avoir affronté les troupes autrichiennes.
La fin de la guerre de succession de Pologne, scellée par le traité de Vienne de 1738, rend le duché de Parme aux Habsbourg d'Autriche qui l'administrent jusqu'en 1745, sous l'autorité de Charles VI, puis de Marie Thérèse qui le confie à son mari François de Lorraine, grand-duc de Toscane.
En 1740, la guerre de Succession d'Autriche qui vient de s'engager voit les troupes autrichiennes et piémontaises s'opposer aux troupes espagnoles dans lesquelles est engagé l'infant Philippe d'Espagne.
Le 15 septembre 1745, les troupes espagnoles, après avoir occupé Plaisance, occupent Parme, et c'est le lieutenant général, le marquis de Castellar qui recueille l'acte d'obéissance des Parmesans à Élisabeth Farnèse, le 22 octobre 1745. Les Autrichiens envoient 70 000 hommes de troupe en Italie, commandés par le général Braun, ainsi que le général Gian Luca Pallavicini ; Parme est de nouveau assiégée en avril 1746. Les Espagnols réussissent à tromper la vigilance des Autrichiens et s'éloignent de la ville abandonnant la population à son sort.La stabilité
Le 18 novembre 1748, avec le Traité d'Aix-la-Chapelle qui met fin à la guerre de Succession d'Autriche, les duchés des Farnèse et le duché de Guastalla, où s'est éteinte la dynastie des Gonzague, sont inféodés à l'Empire sous la tutelle de la France et de l'Espagne. L'infant Philippe devient duc de Parme, de Plaisance et de Guastalla jusqu'à sa mort ; il entre à Parme le 1er juillet 1749.
Le duc Philippe développe une politique éclairée, expansive et janséniste, soutenu en cela par Guillaume du Tillot, son Premier ministre. Il introduit des réformes qui assainissent les finances, renforce le pouvoir de l'État et crée des écoles publiques. En 1768, Du Tillot décrète l'expulsion des Jésuites, la confiscation des propriétés de l'Église catholique romaine, et supprime les tribunaux ecclésiastiques.
Des personnages illustres viennent à Parme : le philosophe Condillac qui est le précepteur du prince héritier Ferdinand, le mathématicien Auguste de Keralio qui est de 1757 à 1769 le gouverneur de Ferdinand (une grande partie des échanges entre d’une part les savants encyclopédistes français : D’Alembert, Condorcet, Bossut, et d’autre part les philosophes milanais : Cesare Beccaria, Pietro Verri, Paolo Frisi, passent en fait le plus souvent par Keralio) ; l'architecte Ennemond Alexandre Petitot enrichit Parme de ses œuvres.
Bien que sous la tutelle de la France, des relations diplomatiques se nouent entre le duché et l'Empire, et conduisent en 1760 au mariage de Marie-Isabelle, fille du duc Philippe, et l'archiduc Joseph, le futur empereur Joseph II.
Nouveaux arrangements matrimoniaux
Après le décès de Philippe en 1765, son fils Ferdinand Ier lui succède. La France et l'Espagne mettent tout en œuvre pour organiser le mariage de Ferdinand. Guillaume du Tillot, Premier ministre toujours en exercice, exprime sa préférence pour Marie Béatrice d'Este, fille du duc de Modène Hercule III : à la mort de celui-ci, les deux duchés auraient été réunis entre les mains de Ferdinand. Le duc de Choiseul propose Mademoiselle, la princesse d'Orléans, particulièrement riche, mais l'Espagne repousse cette proposition. Pour sa part, l'empereur Joseph II calcule que si le duché reste sans héritier, il pourrait faire retour aux possessions autrichiennes.
La France et l'Espagne tergiversant, la cour de Vienne fait converger les avis de tous en proposant l'archiduchesse Marie-Amélie, fille de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche et sœur de Marie-Antoinette reine de France et épouse de Louis XVI. Le 21 juin 1769, Ferdinand âgé de 19 ans demande la main de Marie-Amélie âgée de 23 ans, une fois obtenue la dispense papale nécessaire en raison de leur proche parenté. Le mariage est célébré à Vienne par procuration le 27 juin 1769. Marie-Amélie quitte l'Autriche le 1er juillet 1769 et arrive à Mantoue le 16 juillet, accompagnée de son frère l'empereur Joseph. Ferdinand va à leur encontre accompagné du duc Sforza-Cesarini et du duc Grillo. Au cours d'une cérémonie, l'évêque confirme le mariage le 19 juillet dans le Palazzo Ducale de Colorno ; s'ensuivent fêtes et spectacles. Le couple ducal rejoint Parme le 24 au matin.
Le duché est en fait gouverné depuis 1759 par Guillaume Du Tillot, installé par la France. Mais à son arrivée, Marie-Amélie veut substituer l'influence autrichienne à celles de la France et de l'Espagne. Elle s'oppose ouvertement au Premier ministre et obtient de son mari son renvoi malgré l'opposition de la France et de l'Espagne. Les deux puissances envoient l’Espagnol José Augustin de Llano en qualité de ministre, avec des ordres très sévères pour assainir les caisses du duché, perpétuellement vides en raison de la vie désordonnée du couple ducal. Très mal accueilli, José Augusttin de Llano est renvoyé en octobre 1772. Il est remplacé par les Italiens Giuseppe Sacco et Lorenzo Pompeo Canossa, qui poursuivent la politique de despotisme éclairé mais avec un caractère national ce qui met fin à l'influence espagnole dans le duché[1].
Les remous des guerres révolutionnaires
Les changements apportés par la Révolution française et le danger d'une guerre contraignent Ferdinand à se déclarer neutre, bien que dans le même temps il signe un pacte secret avec l'Autriche, le 13 mai 1794. En 1796, Bonaparte se voit confier l'armée d'Italie qui entre à Plaisance puis à Parme pour enfin gagner Milan le 15 mai, en imposant de lourdes contributions au pays. Le duché subit de continuels passages de troupes qui s'affrontent.
En février 1801, par le Traité de Lunéville, le duc Ferdinand reçoit le Grand-duché de Toscane, mais le Traité de Aranjuez le lui reprend en mai 1801 ; Bonaparte crée en ses lieu et place un royaume d'Étrurie, qu'il confie au fils de Ferdinand, Ludovico (Louis de Bourbon).
Ferdinand est alors sous surveillance de la France en la personne de Moreau de Saint-Méry, qui lui a été présenté par le comte Francesco Schizzati le 17 mars 1801.Mourant, Ferdinand désigne son fils Louis pour lui succéder au duché de Parme, avec pour régents le comte Schizzati et le marquis Ventura ; il décède à Fontevivo le 9 octobre 1802, peut-être par un empoisonnement dont le comte Corrado Marazzini est suspecté. La régence ne dure que quelques jours, Moreau de Saint-Méry prenant possession du duché au nom de la France.
La période napoléonienne
Les unités de mesure dans le duché de Parme
Avec l'annexion par la France napoléonienne, le système de mesure local prend fin au profit de celui institué par les autorités françaises, il reprendra du service après la chute de l'empire sur volonté de la duchesse Marie-Louise[2]. Les unités en vigueur dans le duché de Parme étaient les suivantes :
- Les longueurs
- Braccio (bras) = 12 once (once) x 12 punti (point) = 0,5452 m
- Pertica (au pluriel pertiche, perches) = 6 braccia
- Braccio di sete (bras de soie) = 0,5878 m
- Braccio di tela (bras de toile) = 0,6395 m
- les superficies
- Biolca (au pluriel Biolche) = 72 Tavole = 30,8144 ares = 3081,439 m²
- Tavola (table) = 12 Piedi (pied) = 42.80 m²
- Piede (pied) = 144 once = 3.57 m²
- Oncia (once)= 0.29750 m²
- Staio = 12 tavole x 4 perche au carré
Employé dans l'Émilie et au delà, la biolca est une unité de mesure très disparate d'une région à l'autre puisqu'elle correspond à la surface que pouvait labourer, en un ou deux jours, une paire de bœufs soit de 3000 à 6000 m².
- les capacités
- Staio (sac) = 2 mine = 16 quartaroli = 47,040 litres
- Brenta = 36 pinte x 2 Boccali = 71,672 litres
- les poids
- Libbra (livre) = 12 once x 24 denari =328 g
- Rubbo = 25 libbre
A l'issue du décès de Ferdinand, Moreau de Saint-Méry prend possession du duché en qualité d'administrateur délégué général des États parmesans. Par une série d'actes administratifs, il met en place d'importantes innovations en termes de droit : il abolit les lois anti-hébraïques, interdit la torture, sépare complètement les lois civiles des lois pénales. Il réforme les tribunaux en introduisant de nouvelles lois, certaines dérivées de la nouvelle législation française. Le 1er juillet 1805, les réformes juridiques qu'il a mis en place disparaissent avec l'introduction du code napoléon dans tout l'empire.
Napoléon Ier ne se rend qu'une fois à Parme et un seul jour le 27 juin 1805, il loge chez le comte Stefano Sanvitale, homme de confiance du régime.
Le mécontentement de la population lié à l'augmentation des impôts (création d'un impôt sur les portes et fenêtres) et à la conscription militaire de 12 000 hommes établit le 16 juin culmine en 1806 avec la révolte des paysans de Castel San Giovanni, qui dégénère en combat avec les militaires français à Bardi, Borgotaro. Napoléon voit dans ces évènements la preuve de l'incapacité de Moreau à gérer la situation d'autant que sa gestion n'est pas à la hauteur de celle attendue par Paris et que la contribution de Parme n'est pas suffisante. Napoléon fait rappeler Moreau le 28 janvier 1806 et le remplace par le général Junot, nommé gouverneur général, associé à l'administrateur préfet Hugues Nardon qui avait précédemment administré le département de Montenotte, le sous préfet est Gian Battista De Gubernatis, un piémontais, fonctionnaire consciencieux et excellent peintre[3],[2]. Junot prend le poste avec des ordres pour une répression sévère, faire bruler cinq ou six villages, fusiller une soixantaine de personne, il démissionne de son poste le 7 juin 1806 et il est remplacé par le maréchal de Pérignon, il y aura vingt et une exécutions malgré l'intervention d'une délégation composée de Giacomo Tommaini, Luigi Torrigiani et Filippo Luigi Linati auprès de Eugène de Beauharnais, vice-roi d'Italie[2].
Nardon décrète, en 1806, la division du territoire en treize mairies selon les lois communales françaises, le maire de Parme étant le comte Sanvitale, les actes publiques sont rédigés en français. Dès 1808, les deux duchés forment le 111e département français du Taro. Jean-Jacques-Régis de Cambacérès vient d'être nommé Prince de l'Empire et duc de Parme le 24 avril 1808, peu intéressé par ce titre, il ne se rend jamais à Parme alors que Plaisance échoit à Charles-François Lebrun[2]. D'août 1810 à 1814, le baron Dupont-Delporte administre le département en qualité de préfet, il supprime l'université et déclasse l'Académie des Beaux-Arts[4].
Après la défaite de Napoléon Ier à la bataille de Leipzig de 1813, les troupes autrichiennes assistées des troupes napolitaines de Murat et commandées par le général Nugent avance depuis Modène et entre à Parme le 13 février 1814 lequel organise une régence provisoire confié au marquis Cesare Ventura, eu prince Casimiro Meli Lupi di Soragna et au comte Filippo Magawly. Les Français commandés par le général Pierre Guillaume Gratin se retire sur Plaisance et reprennent l’initiative. La brigade Starhemberg choisit comme ligne de défense le Taro, le 2 mai, elle cède et les Français reprennent Parme pour une seule semaine. La coalition reconquiert définitivement la ville et réinstalle la régence qui signe ses actes par « au nom des puissances alliées » ne sachant pas quel sera le sort du duché.
Les parmesans semblent satisfait de l’arrivée des alliés en raison des taxes et prélèvements imposés par le France.
L’affrontement qui oppose Eugène de Beauharnais à Nugent aidé de Murat se produit sur le Taro. Nugent dispose d’une division de 6 000 hommes et 14 cannons, des 100 000 napolitains du général Carrasco et de deux divisions anglaises de 1 700 hommes. Les Français commandés par Antoine Louis Popon qui se trouvent à Borgo San Donnino (actuellement Fidenza) dispose de 9 800 hommes et 10 canons. Le 24 mars, le pape Pie VII arrive à Borgo San Donnino en provenance de Paris après que Napoléon l’ait autorisé à rentrer à Rome. Il est confié aux Autrichiens et fait étape à Parme au palais ducal avant de repartir le 27.
La nuit du 12 au 13 avril, les Autrichiens se mettent en marche vers le Taro et engage une bataille victorieuse en raison de leur supériorité numérique. Les Français se retirent jusqu’au Val de Nure, l’affrontement final à Plaisance est évité en raison de l’abdication de Napoléon[5].
De cette période, il reste la réalisation partielle du cadastre, l'agrandissement de la via Emilia réunit à la Paris Naples ce qui lui confère le rang de route impériale, la réalisation de la route Parme-La Spezia d'une longueur de 142 kilomètres.
la période post napoléonienne
Si certaines pages de l'histoire de Parme ont été oubliées par les habitants de Parme, le règne de Marie-Louise d'Autriche, seconde épouse de Napoléon Ier, reste très présent dans l'esprit des habitants de Parme, et elle bénéficie encore aujourd'hui d'une très grande notoriété.
L'article 5 du traité de Fontainebleau établit le 11 avril 1814 que « Les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla appartiendront en toute propriété et souveraineté à sa Majesté l'Impératrice Marie-Louise. Ceux-ci iront à son fils et à sa descendance en ligne directe. Le prince, son fils, prendra à partir de ce moment le titre de Prince de Parme, Plaisance et Guastalla ». Ces mesures sont partiellement confirmées par le Congrès de Vienne du 9 juin 1815, cependant la succession au Duc de Reichstadt est suspendue au profit des Bourbon-Parme, provisoirement installés à Lucques, ce qui sera confirmé lors du traité de Paris en date du 10 juillet 1817[6].
En raison du retour de Napoléon, les « Cent-Jours », le 31 mars 1815, Marie-Louise depuis Schönbrunn demande aux sujets du duché de prêter obéissance à son père, l'empereur François Ier afin qu'il administre provisoirement le duché[7]. Le 7 mars 1816, l'empereur déclare restituer le mandat à sa fille Marie-Louise[8]. Enfin décidée à gouverner ses États, Marie-Louise, âgée de 25 ans, fait son entrée à Parme le 9 avril accompagnée du comte Adam Albert de Neipperg, son ministre et amant dont elle aura quatre enfants.
Neipperg prend en charge les affaires extérieures et militaires et le ministre Magawly Cerati l'administration. Durant cette période, l'Académie des Beaux Arts reprend vie, les églises sont rouvertes ainsi que le collège des Nobles qui, fusionné avec celui de Lalatta, donne le collège Marie-Louise. Le palais de l'Université est confié aux Jésuites. Magawly-Cerati, soupçonné de bonapartisme, renonce à sa charge le 27 décembre 1816 et la duchesse supprime son ministère. Neipperg prend en main toutes les fonctions.
Dès 1817, Vienne informe Neipperg qu'en Suisse, il existe des organisations secrètes issues du duché dénommées Unitari, Guelfi, Carbonari, ce dont Neipperg doute, jugeant le duché de Marie Louise le plus tranquille d'Italie. Entre 1819 et 1820, les Sublimi et les Carbonari tentent d'organiser une insurrection, Marie Louise est obligée, sous la pression de Vienne de créer une commission de civils et de militaires qui jugent les carbonari avec justice et clémence.
Le 22 février 1829, à cinquante-quatre ans, le comte de Neipperg meurt. Pendant treize ans, il a administré avec sagesse le duché au nom de Marie-Louise et il est regretté de tous.
En 1831, le peuple en révolte, tout en acclamant la duchesse, réclame une constitution et la tête du secrétaire d'État en place depuis 1820, le colonel Werklein, nommé Premier ministre par l'Autriche après le décès de Neipperg. Werklein n'a pas le soutien de Metternich et applique des mesures trop rigides. Menacé de mort, Werklein s'enfuit de Parme et Marie Louise se rend à Plaisance. Le 15 février, un gouvernement provisoire est constitué, le 10 mars les troupes autrichiennes s'approchent de Parme et le gouvernement fait acte de soumission envers Marie-Louise qui abolit toutes les mesures prises par le gouvernement provisoire. Entre juin et juillet 1831, les membres du gouvernement provisoire sont jugés. Le 8 août, Marie-Louise rentre à Parme dans une atmosphère des plus froides. Le 12 juillet 1832, son fils le duc de Reichstadt décède à Schönbourg. En remplacement de Werklien, le baron Marschall puis le comte Charles-René de Bombelles (1785–1856) se succèdent comme premier ministre.
Le 17 février 1834, Marie-Louise épouse le comte de Bombelles qui est désigné par Metternich. L'administration de Bombelles est sage ; en fait, l'Autriche à travers Bombelles, veille sur le duché afin que le libéralisme étouffé en 1831 ne ressurgisse.
Le dernier épisode révolutionnaire se déroule alors que Marie-Louise est en convalescence à Meidlingen. Le 17 juin 1847, des étudiants s'attaquent au palais de l'évêque Neuschel, coupable d'être étranger. L'armée intervient, la révolte se diffuse. Le comte de Bombelles rentre à Parme où il destitue et fait emprisonner tous les employés d'Etat libéraux. C'est dans ces circonstances que Marie-Louise revient à Parme sans être guérie, elle agonise un mois et meurt le 17 décembre 1847, aimée de tous ses sujets.
Conformément au traité de Paris, à la mort de Marie-Louise le duché passe à la Maison de Bourbon-Parme avec Charles II de Parme, fils de Ludovic, roi d'Étrurie.
De cette période, il reste une duchesse aimée de tous, qui renouvelle l'urbanisme afin de donner à Parme la dimension d'une capitale, la forme artistique choisie étant le néoclassique. Parmi les œuvres, on note : un pont sur le Taro, le cimetière de la Villetta, le théâtre Regio inauguré le 16 mai 1829 avec la Zaira de Bellini écrite pour l'occasion, la transformation de la Pilotta et du palais ducal, la Beccherie et la bibliothèque ducale.
Population
Ces informations sont issues de Vocabolario topografico dei Ducati di Parma, Piacenza e Gustalla publié à Parme en 1932 par Lorenzo Molossi.
En 1815 la population du duché s'élève à 426 512 habitants, l'écart avec l'année 1821 s'expliquant par les famines et les épidémies de typhus.
Évolution démographique 1821 1822 1823 1824 1825 1826 1827 1828 1829 1830 1831 1832 411 847 417 098 420 675 425 959 432 916 435 844 441 171 445 633 448 769 451 875 454 080 460 759 Le retour des Bourbons et la fin du duché
Conformément au traité de Paris, à la mort de Marie-Louise, le duché doit passer à la Maison de Bourbon-Parme à Charles Ludovic de Bourbon mais la situation n'est pas aussi simple. Le baron Neumann, conseiller de l'Empereur, mandaté de Vienne à Parme, rapporte à Metternich qu'à la mort de la duchesse, les libéraux auraient tenté une insurrection. Le maire de Parme, le comte Cantelli est destitué car il a cherché à créer un gouvernement provisoire avant l'arrivée du nouveau duc.
Le 31 décembre 1847, Bombelles annonce à Metternich l'arrivée du nouveau duc Charles Ludovic accompagné de son fils, le duc prend le nom de Charles II. Charles II se montre faible et vil créant un climat de suspicion et de méfiance, assurant à Vienne comme aux libéraux des promesses qu'il ne tient pas.
La nouvelle d'une insurrection à Milan enflamme Parme et le 20 mars 1848 éclate la révolte, les habitants se réunissent en armes et avec des cocardes tricolores, il y a des coups de feux, des morts et des blessés. Le fils du duc a commencé une action répressive mais Charles II ordonne le cesser le feu. Cette révolte populaire contraint Charles II à repousser le traité d'alliance défensif avec l'Autriche et à s'allier avec Léopold II de Toscane, Pie IX et Charles-Albert de Sardaigne. Il change d'avis et abdique en avril nommant une régence composée du comte Cantelli et de l'avocat Gioia qui sont chargés de rédiger une constitution. Les régents associés au comte Martini, à monseigneur Carletti et Bandini forment un gouvernement provisoire dont les actes sont intitulés « au nom du Gouvernement Provisoire du Ier État de Parme ». Charles II décide alors de quitter le duché, ce qu'il fait le 8 avril 1848, il se réfugie à Weisstropp en Saxe. Le prince héritier nommé par son père major général a fui pour se rendre dans le camp de Charles-Albert de Sardaigne, mais celui-ci ne l'accepte pas et le fait emprisonner pendant des mois d'abord à Crémone puis à Milan. Le 5 juin, les Autrichiens battus par les Piémontais repassent par Parme. Le 16 juin, suite au vote du gouvernement provisoire, le commissaire sarde prend possession du duché et proclame l'annexion au Royaume de Sardaigne mais suite à l'armistice de Salasco, les troupes autrichiennes sont de nouveau aux portes de Parme. Le 18 août, le maréchal comte de Thurn crée un gouvernement provisoire militaire approuvé par Charles II en exil. Après le désastre de Novare, les Autrichiens replacent sur le trône Charles II qui abdique définitivement pour son fils Charles Ferdinand le 14 mars 1849 qui depuis Londres accepte une commission assurant les pouvoirs administratifs et exécutifs jusqu'à son arrivée.
Charles monte sur le trône avec le nom de Charles III de Parme le 25 août 1849. Personnage très discuté, intelligent mais bizarre, une de ces premières actions fut d'intervenir contre les membres de la régence et d'instituer une commission chargée d'étudier les dépenses du gouvernement révolutionnaire.
Le duc dit vouloir l'indépendance vis-à-vis l'Autriche à laquelle il est lié et sur qui il peut compter en cas d'attaques extérieures ou de révoltes internes. Extravaguant, il exige de ces sujets une conduite qu'il n'a pas et se montre violent. Le duché se partage entre libéraux et légitimistes, mouvement issu de la restauration française qui s'appuie sur une campagne traditionaliste, les libéraux étant plutôt les citadins. En 1853, les légitimistes de Parme soutenu par la duchesse Louise-Marie de Berry, fille du duc de Berry Charles Ferdinand d'Artois et sœur du comte de Chambord prétendant légitime au trône de France, veut l'abdication du duc alors qu'il est en manœuvre en Autriche. Mis au courant, le duc fait surveiller étroitement la duchesse et renvoie les fonctionnaires ayant participé au complot. À Parme, les impôts augmentent, les habitants vivent sous la surveillance du chef de la police Bassetti qui signe de nombreux ordres de punitions corporelles, suivant les exigences du duc. Le mécontentement en ville est fort et un climat de meurtre mûrit, le duc est poignardé le 26 mars 1854 par Antonio Carra, Charles III meurt le lendemain.
Le 27 mars, la veuve Louise-Marie annonçant la mort de son époux, proclame son fils Robert nouveau souverain, elle-même assurant la régence. Louise Marie remplace la totalité du gouvernement afin d'établir un environnement plus serein, au gouvernement militaire de Charles III, le gouvernement mis en place doit rechercher la neutralité et l'indépendance vis-à-vis de l'Autriche mais le 22 juillet 1854, les sujets inquiets tentent une révolte. Tout débute par l'occupation de deux cafés, les troupes arrivées sur place tirent ce qui provoque une situation insurrectionnelle que l'armée autrichienne réprime violemment. Louise Marie montre son hostilité à une répression judiciaire trop excessive et demande la fin des procès et le retour en Autriche des officiers les plus durs. L'économie est assainie, l'instruction publique développée ainsi que l'assistanat à la population la plus pauvre. En mai 1859, s'ensuivent de nouveaux désordres qui provoquent le départ suivi de son retour. Le 9 juin 1859, Louise-Marie quitte définitivement Parme non sans avoir exposé sa désapprobation dans une lettre de protestation rédigée une protestation depuis Saint-Gall le 28 juin[9]. Le 15 septembre 1859, la dynastie des Bourbons est déchue et Parme entre dans la province de l’Émilie.
En 1860, le duché entre, après un plébiscite, dans le Royaume de Sardaigne et donc le Royaume d’Italie.
L'armée ducale
Elle nait avec le duché en 1545 mais c'est Octave qui, en 1581, l'organise en un organisme militaire stable au travers de milices. Les milices se composent d'un tiers de la population masculine apte à faire le service militaire. Rapidement on constate que cette organisation pénalise la production agricole et les paysans peuvent être exempter en échange du paiement d'une taxe, ils doivent cependant conserver, chez eux, leur armement et assurer du service notamment l'ordre public. En raison de la diminution de l'enrôlement, le duché fait appel à des mercenaires[10].
À partir de 1694, François Farnèse, par nécessité et surement par gout des affaires militaires, réorganise et renforce, comme tous les princes d'Italie, les forces armées pour faire face sans y participer aux différents évènements qui vont traverser l'Italie du XVIIIe siècle[10] et qui mettent à contribution tous les états leur faisant subir une partie du poids financier de ces guerres au travers de tributs ou de réquisitions de produits agricoles[11].
En 1701, François Farnèse, en raison de la guerre de succession d'Espagne, débute l'enrôlement de 28 compagnies soit 2 400 hommes dont les dépenses sont à la charge de Parme. Il instaure une taxe sur les perruques et les couvres-chefs féminins. L'armement reste insuffisant puisque un tiers des troupes est armé de pics[12]. L'armée qui se compose de 3 500 réguliers aurait pu contribuer à convaincre les belligérants de ne pas utiliser le duché comme champ de bataille mais cela ne fut pas le cas[13]. En 1702, il engage une compagnie d'infanterie irlandaise dont il fait ses gardes, impressionné par leur conduite lors de la bataille de Crémone[14]. En 1707, en raison du poids financier de l'occupation autrichienne, François Farnèse se résout à congédier une partie des troupes régulières, il ne reste alors plus que deux régiments composés de 14 compagnies qui portent pour noms leurs lieux de garnison, Parme et Plaisance[15].
De 1702 à 1713, une fonderie est installée dans le jardin du palais ducal de Parme qui réalise au moins quatre canons et diverses pièces mineures en bronze[16].
En 1731, après la disparition du dernier des ducs de Parme, Antoine Farnèse, les Autrichiens, qui occupent le duché, congédient les lanciers et les troupes de fortune qui rejoignent en partie la république de Venise à la demande de celle-ci. Certains entrent au service de l'armée autrichienne comme en témoigne la présence d'une compagnie de parmesans au sein des troupes autrichiennes qui répriment avec les troupes génoises une révolte en Corse[17].
Avec l'arrivée de Don Carlos en 1734, les dernières unités des ducs farnésiens sont dissoutes et l'armée est réorganisé différemment[18].
Chronologie des ducs de Parme
de 1545 à 18601545 1547 1586 1592 1622 1646 Pierre Louis Farnèse Octave Farnèse Alexandre Farnèse Ranuce Ier Farnèse Édouard Ier Farnèse 1646 1694 1727 1731 1735 1740 1748 Ranuce II Farnèse François Farnèse Antoine Farnèse Charles Ier Charles VI du Saint-Empire Marie-Thérèse d'Autriche 1748 1765 1802 1808 1814 1847 1848 1854 1860 Philippe Ier Ferdinand Ier Cambacérès Marie-Louise Charles II Charles III Robert Ier Notes
- [1]
- La Gazzetta di Parma, Ubaldo Delsante: Parma, provincia francese page 5, édition du 26 mai 2008
- [2] [3] exemples de tableau
- Référence et correspondances administratives dont une correspondance intéressante sur le pillage des œuvres artistiques : 2543.
- Mario Zannoni : La battaglia del Taro 13-15 aprile 1814 éditeur Silva 2008
- Adele Vittoria Marchi, Parma e Vienna Edition Artegrafica Silva - Parma, (1988), p.188
- Adele Vittoria Marchi, Parma e Vienna Edition Artegrafica Silva - Parma, (1988), p.199
- Adele Vittoria Marchi, Parma e Vienna Edition Artegrafica Silva - Parma, (1988), p.200
- (it)Lettre de protestation de Louise d'Artois
- Mario Zannoni, L'esercito farnesiano dal 1694 al 1731 édition Palatina, 1981, page 12
4 lires par biolche de plaine
3 lires par collines médiocres
2 lires par montagnes
10% des revenus fruitiers
5% des locations de maisons
20 lires par biolche de jardin en ville
Archives d'État de Parme
En 1695, le gouvernement de Parme décrète un impôt extraordinaire à la charge des propriétaires:- Mario Zannoni, L'esercito farnesiano dal 1694 al 1731 édition Palatina, 1981, page 19
- Mario Zannoni, L'esercito farnesiano dal 1694 al 1731 édition Palatina, 1981, page 25
- Mario Zannoni, L'esercito farnesiano dal 1694 al 1731 édition Palatina, 1981, page 31
- Mario Zannoni, L'esercito farnesiano dal 1694 al 1731 édition Palatina, 1981, page 41
- Mario Zannoni, L'esercito farnesiano dal 1694 al 1731 édition Palatina, 1981, page 32
- Mario Zannoni, L'esercito farnesiano dal 1694 al 1731 édition Palatina, 1981, page 65
- Mario Zannoni, L'esercito farnesiano dal 1694 al 1731 édition Palatina, 1981, page 66
Voir aussi
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Sources
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Ducato di Parma e Piacenza » (voir la liste des auteurs)
Bibliographie
- Gianfranco Stella, Parma Édition Quaderni Parmensi, (1988)
- Adele Vittoria Marchi, Parma e Vienna Edition Artegrafica Silva - Parma, (1988)
- Mario Zannoni, Napoleone Bonaparte a Parma nel 1805 Edition MUP, (2006)
- O. M., Quelques notices sur le comte Philippe François Magawly-Cerati de Calvy, Paris, Librairie scientifique française et orientale, 1846, 97 p. [lire en ligne (page consultée le 28 juin 2011)]
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