Clocher porche de Mimizan

Clocher porche de Mimizan
Clocher porche de Mimizan
Image illustrative de l'article Clocher porche de Mimizan
Présentation
Nom local Abbaye de Mimizan
Culte Catholique romain
Ordre de saint Benoît
Type Clocher-porche, vestige d'une ancienne église prieurale puis paroissiale
Rattaché à Abbaye de Saint-Sever
Début de la construction XIe siècle
Fin des travaux XIIIe siècle
Style(s) dominant(s) Influences gothiques[1]
Protection  Classé MH (1990)
 Patrimoine mondial (2000)
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Aquitaine
Département Landes
Ville Mimizan
Coordonnées 44° 12′ 14″ N 1° 14′ 10″ W / 44.203889, -1.23611144° 12′ 14″ Nord
       1° 14′ 10″ Ouest
/ 44.203889, -1.236111
  

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Clocher porche de Mimizan

Le clocher-porche de Mimizan, dans le département français des Landes, est le dernier vestige de l'ancienne église prieurale Sainte-Marie, aujourd'hui disparue. Le portail est classé Monument historique en 1903[1], l'ensemble du bâtiment le 1er mars 1990[2]. En 2000, l'Unesco l'inscrit au patrimoine mondial, au titre des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France[3], [4].

Sommaire

Présentation

D'après une légende racontée dans le bréviaire de Lescar imprimé en 1541, l'église Sainte-Marie de Mimizan[5] aurait été construite à l'emplacement d'un édifice religieux du VIe siècle, réalisé en hommage au martyre en ces lieux de saint Galactoire, évêque de Lescar, en 506[2],[6] par les Wisigoths[7].

On imagine avec diffuculté de nos jours que l'endroit est, jusqu'au VIIe siècle, un des ports martimes[8] les plus actifs de la côte atlantique. Au cours des siècles, il est comblé par l'avancée des sables et de la dune côtière, qui bouleverse l'ancien paysage[9].

Bâtie une première fois au XIe siècle, l'église est détruite puis reconstruite vers la fin du XIIe ou début du XIIIe siècle[2]. Elle devient église prieurale puis église paroissiale de Mimizan. Devenue trop vétuste, elle est remplacée à partir de 1891 par l'église Notre-Dame du Bourg. Sa destruction, conseillée en 1887 par l'architecte départemental Maumen, est réalisée entre 1898 et 1899 par l'architecte Cloüet[2], épargnant seulement son clocher-porche, qui est de nos jours un musée et marque une étape sur la voie littorale du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Origines et développement

La Gascogne voit ses structures religieuses s'effondrer à la suite des invasions arabes[10] et normandes[11] des IXe et Xe siècles. Après sa victoire définitive sur les Normands à la bataille de Taller vers 982-983, Guillaume Sanche, duc de Gascogne, entreprend de renforcer son pouvoir politique en s'appuyant sur l'abbaye de Saint-Sever. Afin d'assurer son épanouissement, il la dote de nombreux biens, parmi lesquels l'église Sainte-Marie de Mimizan, qui devient alors un des nombreux prieurés dépendants de l'abbaye mère. Bernard Guillaume et Sanche Guillaume, tous deux successeurs de Guillaume, confirment cette donation en 1009 puis en 1012. La création de la sauveté de Mimizan date à cette époque. Ce privilège permet au prieuré de s'accroître durant le XIe siècle, jusqu'à devenir l'un des principaux édifices religieux du nord des Landes[12] et de prospérer tout au long des XIIe et XIIIe siècles[1].

Vers 1010, des moines bénédictins détachés de l’abbaye de Saint-Sever viennent donc s’installer à Mimizan et construisent, près de la petite église d'origine, un prieuré. Il devient lieu d’asile et les limites de la sauveté sont matérialisées par neuf bornes[13]. Au Moyen Âge, criminels et opprimés bénéficient de l’impunité à l’intérieur de ce périmètre : tout coupable étranger à la commune, dès qu'il a touché les croix des pyramides de sauveté, se trouve en sûreté tant qu'il demeure dans leur espace[6]. L'un des objectifs de ce système est d'attirer et fixer des populations sur ces terres inhospitalières, afin de les mettre en valeur et assurer au prieuré et à l'abbaye mère des sources de revenus. Une des autres fonctions du prieuré, remplie pour le compte de l'abbaye de Saint-Sever, est d'encadrer le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle sur cette section du littoral et servir de point d'étape. Il est en effet édifié à proximité de l'anciene voie romaine littorale[14], localement nommée camin roumiou ou camin harriou (chemin frayé)[6], empruntée par les pèlerins pour se rendre en Espagne. Cette situation assure au prieuré sa prospérité[15].

Vers la fin du XIIe siècle ou début du XIIIe, les moines entreprennent la reconstruction de l’église, devenue trop petite. Le nouveau bâtiment comprend un chœur et nef voûtés, un transept avec clocher à la croisée et le clocher-porche toujours visible de nos jours[2]. Elle est dotée d'un magnifique portail sculptée où l'on sent l'influence d'artistes ayant travaillé dans le nord de l'Espagne[15]. Le plus grand des deux clochers, celui de la croisée et aujourd'hui disparu, est recouvert de bois en forme d'ardoise et sert d'amer[16]. À cette époque, il est en vue de l'océan, avant que ne s'élève et progresse dangereusement la dune (ou tuc) d'Udos[15]. Quand la tempête met les bateaux en difficulté en les entraînant dangereusement vers le rivage, les marins voient alors surgir le clocher de derrière la dune[17]. De là naît le vieux dicton gascon dans sa forme locale :

« Que Diou nou preserbi dou coudic de la baleine, dou cantic de la Sirène et dou clocher de Mamisan »[6],[17].
(Que Dieu nous préserve du chant de la sirène, de la queue de la baleine et du clocher de Mimizan)[18].

En 1790, il s’effondre par vétusté et manque d'entretien, écrasant le chœur et le transept.

Déclin et redécouverte

Le prieuré perd de son importance et finit par péricliter en raison de la conjugaison de trois facteurs : ensablement, diminution du nombre de pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle et disparition des roi-ducs d'Aquitaine.

Le prieuré est d'abord pillé par les troupes huguenotes de Montgomery en 1569, qui causent de grands dommages dans toute la région[19]. Les moines bénédictins finissent par quitter les lieux vers 1650, pour des causes qui restent obscures. Les curés restés sur place n'obtiennent pas les fonds nécessaires pour effectuer les réparations qui s'imposent et le bâtiment finit par tomber en décrépitude par étapes successives.

Au délabrement s'ajoute une autre menace, l'avancée des sables. En 1778, la dune n'est plus qu'à 9 mètres du clocher-porche. Cette menace finit par être enrayée à partir de 1783 grâce aux efforts des habitants pour fixer la dune[1]. La célébration du culte est finalement transférée dans la nouvelle église du Bourg en 1891 et la majeure partie du bâtiment détruite entre 1898 et mars 1899.

La restauration du bâtiment a lieu entre 1981 et 1986, celle des sculptures débute 1996, les peintures murales sont redécouvertes en 2000[1].

Éléments architecturaux

Statue polychrome du Christ dans une mandorle quadrilobée, au centre du portail

L'église faisait à l'origine 45 mètres de long, le chœur comportait treize autels, possédait une nef centrale à ogives primitives et deux bas-côtés transversaux. Il ne reste aujourd’hui de l'édifice que le clocher-porche, tour carrée massive en alios et en briques, s’ouvrant au nord, au sud et à l’ouest par trois arcs brisés. Le toit d’ardoise est surmonté d’une flèche octogonale.

Le portail, préservé à l'intérieur du clocher-porche, est un trésor architectural. Il se compose d'un tympan surmonté de trois voussures, d'une rangée de statues polychromes datant des années 1220, et enfin sur sa partie supérieure, de peintures murales datant des années 1460.

Le tympan offre une représentation sculptée de l’adoration des rois Mages. On y voit leurs montures, évoquant des rois-mages pèlerins, la Vierge à l'enfant, saint Joseph, en position de repos, la tête appuyée sur un bâton, et enfin un dernier personnage non identifié. Selon une hypothèse, il s'agirait de la sage femme de Marie ayant douté de sa virginité, suite à quoi sa main se serait desséchée, avant de retrouver son aspect d'origine après la naissance de Jésus. Le personnage montre la paume de sa main comme pour témoigner du prodige[20].

Trois voussures surmontent le tympan. La voussure interne représente les Vierges Sages et Vierges Folles[21], de part et d’autre de la Jérusalem céleste, la voussure intermédiaire représente les prophètes, la voussure externe représente les signes du Zodiaque et les occupations des douze mois de l’année[22].

Au-dessus du tympan, une rangée de statues polychromes du XIIIe siècles présentent dix des douze apôtres, situés de part et d'autre d'un Christ inséré dans une mandorle quadrilobée, typique du style espagnol[23]. Parmi elles se trouve l'une des premières représentations françaises de l’apôtre Saint Jacques le Majeur en habit de pèlerin, témoignage de l’importance de Mimizan sur la voie littorale du chemin de Saint-Jacques, et justifiant la distinction du monument par l'Unesco[9]. Les autres apôtres identifiables sont saint Pierre grâce à ses clefs, et saint Paul grâce à son glaive[24].

Sur la partie supérieure, des peintures murales représentent des scènes de la Passion du Christ. Elles sont datées du XVe siècle, autour des années 1460. Cette datation est possible grâce à l'emploi de la perspective et des habits des bourreaux dans la scène de la flagellation du Christ[25].

Galerie

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Notes et références

  1. a, b, c, d et e Site officiel du musée de Mimizan
  2. a, b, c, d et e Classement du clocher de Mimizan, sur la base Mérimée, ministère de la Culture. Consulté le 22 août 2009
  3. Musée de Mimizan. En 1998, l'Unesco classe les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle au patrimoine mondial. S'en suit le classement de certains édifices en particulier pour matérialiser le chemin et son classement. C'est le cas du Clocher porche de Mimizan en 2000
  4. Site officiel de l'Unesco
  5. Située avenue de l’abbaye
  6. a, b, c et d Mimizan, Clins d'œil au passé, Georges Cassagne, édition Atlantica, 2007, p 14
  7. Les données archéologiques actuelles ne permettent pas de vérifier la véracité de cette légende. Les vestiges retrouvées ne permettent pas de déterminer l'époque avec précisition (Antiquité tardive ou haut Moyen Âge) ni la fonction de cet édifice : villa, monument cultuel ou public, bâtiment consacré à Saint-Galactoire ou alors réappropriation d'un culte païen par les chrétiens ? Site officiel du musée de Mimizan
  8. La fondation de Ségosa date au moins des premiers siècles de notre ère. D'après la tradition, cette station était un port dont les ruines se situeraient sous la dune d'Udos à Mimizan - Mimizan, Clins d'œil au passé, Georges Cassagne, édition Atlantica, 2007, p 13
  9. a et b Les chemins de Saint-Jacques dans les Landes, Francis Zapata, Jean-Pierre Rousset, éditions Sud-Ouest, 2002, p 169
  10. Voir l'histoire de l'expansion de l'islam
  11. Voir l'histoire des Vikings
  12. D'après la Mapa Mundi de Beatus de Liébana
  13. Cinq sont encore visibles de nos jours et inscrites aux Monuments historiques par arrêté du 13 juin 1941.
  14. Plusieurs historiens situent à Mimizan la station de Ségosa de l'Itinéraire d'Antonin (Dufourcet, op. cit.; Tartière et Vielle, id.)
  15. a, b et c Jacques Sargos, L'Esprit des Landes : Un pays raconté par l'art, L'Horizon Chimérique, 22 novembre 2010 (ISBN 2-907202-70-7) 
  16. De nos jours, le phare de Contis, à quelques kilomètres plus au sud, est le seul de 1er ordre du département. Sa construction débute en 1863.
  17. a et b Mémoire en Images, Mimizan, perle de la Côte d'Argent, Hervé Foglia, Alan Sutton, p 44
  18. Varaiantes : « Que Diu preserva'ns deu cant de la serena, de la coda de la baleia e deu campanèr de Mamesan » / « Qué Diou preserba's dou can de la serene, de la coude de la baleye et dou campaner de Mamesan »
  19. Voir : Guerres de religions dans les Landes
  20. Salomé dit : « Je ne puis croire ce que j'entends à moins de m'en assurer par moi-même ». Elle dit : « Permets-moi de te toucher et de m'assurer que Zélomi dit vrai ». Salomé avança sa main et tandis qu'elle touchait Marie, soudain sa main se dessécha et de douleur elle se mit à pleurer. Elle demanda pardon pour son incrédulité. Un jeune homme d'une grande beauté apparut et lui dit : « Touche l'enfant et ta main sera guérie »
  21. Matthieu 25, 1-13
  22. On note quelques erreurs, comme le signe du taureau représenté au mois de mars
  23. Les mandorles ont ailleurs typiquement la forme d'une amende
  24. La décapitation au glaive était le supplice réservé aux Romains convertis au Christianisme. Les autres apôtres ne sont pas identifiables. Ces statues ont probablement été démontées pour restauration puis remontées dans le mauvais ordre, car les regards devraient converger vers le Christ, et tel n'est pas le cas. Deux statues monochromes ont été ajoutées tardivement sur la façade, mais plus bas, pour compléter le nombre des apôtres.
  25. Musée de Mimizan

Voir aussi

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