- Rois Mages
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Rois mages
- Pour le film, voir Les Rois mages.
On appelle traditionnellement rois mages (en fait les mages dans l'Évangile selon Matthieu) les visiteurs qui, ayant appris la naissance de Jésus, vinrent de pays étrangers lui rendre hommage en lui apportant des présents d'une grande richesse symbolique : or, encens et myrrhe.
Sommaire
Ce que dit seulement la Bible
Les mages sont évoqués uniquement par l'Évangile selon Matthieu, mais celui-ci n'en fait pas des rois, ne leur donne pas de noms et ne précise pas combien ils sont. Ils sont guidés par l'éclat d'une étoile et prévenus par l'annonce d'un ange et trouvent le lieu de naissance de Jésus. Ils offrent des cadeaux au Christ :
« Ils entrèrent dans la maison, trouvèrent l'enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent ; puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. » (Matthieu, II:11)
Matthieu signale aussi que ces mages venaient d'Orient. Il devait donc s'agir de membres d'une classe sacerdotale importante, comme il en existait alors chez les Perses, ayant à la fois un rôle politique, religieux et scientifique. Autrement dit des païens, ou plutôt des gentils, comme on les appelait alors, ou bien , considérant leur origine, des Zoroastriens[1].
Interprétations théologiques
Le texte de l'Évangile ne mentionne pas le nombre de ces mages, mais énumère trois cadeaux apportés par eux (or, encens et myrrhe). Selon une interprétation théologique traditionnelle, ils se rapportent à trois aspects de Jésus, qui est roi (l'or), qui est Dieu (l'encens, utilisé pour le culte), mais qui est aussi véritablement homme, et donc mortel (la myrrhe servait à embaumer les morts).
Les rois mages venant adorer le Christ peuvent symboliser la reconnaissance du christianisme comme religion conforme à la Tradition primordiale (à l'origine de toutes les religions), les mages venant d'Orient représentent les trois pouvoirs : pouvoir royal (l'or), pouvoir sacerdotal (l'encens), et pouvoir spirituel (la myrrhe). Ces trois pouvoirs correspondent aux trois mondes représentés par les trois couronnes sur la tiare de Saint Pierre. Les mages se prosternant devant le Christ signifient que les trois pouvoirs reconnaissent l'orthodoxie du christianisme par rapport à la Tradition primordiale.
Développements légendaires ultérieurs
Dans les premiers récits apocryphes les mages ne sont ni rois ni nommés. Dans le plus ancien d'entre eux et le plus influent, le Protévangile de Jacques, (cité par Clément d'Alexandrie et Origène au IIe siècle) les mages sont encore anonymes et viennent d'Orient, sans plus de détails (Protévangile de Jacques - § 21.1). Il en est de même pour le Pseudo-Matthieu, recension latine du Protévangile et tout aussi célèbre (fin du VIe siècle, début du VIIe) (Pseudo-Matthieu - §16.1).
Nombre et noms des mages
Dans Mt 2,1 il est question de "mages venus d'orient" en nombre indéterminé. C'est Origène (185-254) dans ses Homélies sur la Génèse (Hom.Gén.14,3) qui, le premier, fixe leur nombre à trois en se basant sur les trois présents (or-encens-myrrhe) et en établissant une relation avec les trois personnages (Abimélek, Ahuzzat et Pikol) rendant visite à Isaac (Gn 26,26-29).
Les noms traditionnels de Gaspard, Melchior et Balthazar apparaissent pour la première fois dans un manuscrit du VIe siècle, conservé à la Bibliothèque nationale de France à Paris et intitulé Excerpta Latina Barbari. Ils y sont désignés sous les noms de Bithisarea, Melichior et Gathaspa. Vers la même époque, ils apparaissent dans un écrit apocryphe, l'Évangile arménien de l'Enfance, qui leur donne les noms de Balthazar, Melkon (Melchior) et Gaspard.[2]
Dans la Légende dorée, Jacques de Voragine les nomme même dans trois langues différentes[3]: Appellius, Amérius, Damascus en latin ; Galgalat, Malgalat, Sarathin en hébreu ; Caspar, Balthasar, Melchior en grec. Conformément à l'Évangile, ils sont mages et non rois.
Au XVIIIe siècle, la mystique Catherine Emmerich, dans la relation contestée de ses visions, les nomme Théokéno, Mensor et Saïr.
Qualité de rois
Plusieurs Pères de l'Eglise, dont en premier Tertullien, puis Saint Ambroise, Saint Cyprien ou Théophylacte ont attribué aux mages le titre de roi, sans apporter de raison convaincante à ces affirmations.
En fait c'est la référence à plusieurs versets d'Isaïe et aux prédictions de l'Ancien Testament (Psaumes, 72,10-11) qui établit définitivement la Tradition : Les rois de Tarsis et des Iles rendront tribu / Les rois de Saba et de Seba feront offrandes / Tous les rois se prosterneront devant lui / Tous les païens le serviront.
Le premier aurait été roi de l'Inde, le second roi des Arabes et le troisième roi des Perses. Ce troisième nom rejoint la légende qui entoure le roi Gondopharès Ier qui aurait été converti par l'apôtre Thomas (Actes de Thomas)
Destinées ultérieures des rois mages
D’après l’Évangile arabe de l’Enfance (6, 1), les mages, de retour chez eux, jettent dans un feu sacré un lange de l’Enfant-Jésus offert par Marie. Le feu qui, selon leurs coutumes, purifie tout ce qui impur, laisse le lange intact. Ce récit signifie le triomphe du christianisme sur le culte zoroastrien.
Selon saint Jean Chrysostome (344-407), patriarche de Constantinople, les mages auraient été baptisés par saint Thomas lors de son déplacement en Inde.
Une légende du 12e siècle faisait du Prêtre Jean, légendaire souverain chrétien d’un puissant royaume oriental, le descendant d’un des rois mages.
En revenant de Palestine, Balthazar se serait arrêté aux Baux-de-Provence, dans le sud de la France. Les seigneurs des Baux-de-Provence le tenaient pour leur ancêtre, portaient sur leur blason une étoile d’argent et leur cri de guerre était: «Au hasard, Balthazar!»
Au XIXe siècle encore la mystique rhénane Catherine Emmerich eut toute une série de visions qui lui révéla de nombreux détails inconnus et savoureux sur la vie des rois mages. Le texte en est en ligne[4].
Reliques des rois Mages
Les restes des rois mages auraient été transportés en 1164 de Milan à Cologne, où ils sont depuis proposés à la vénération des fidèles dans une châsse en or dite châsse des rois mages, exposée dans le choeur de la cathédrale. Dans toute la suite du Moyen Age on les a donc appelés les "trois rois de Cologne". La Légende dorée de Jacques de Voragine résume les croyances du temps: Sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin Ier, avait retrouvé ces reliques vers 330 et les avait transportées à Constantinople, d'où elles avaient été transférées à Milan par l'évêque saint Eustorge, avant d'aboutir à Cologne, sur ordre d'un empereur germanique que Jacques de Voragine appelle Henri[5].
Quant aux présents que les rois mages auraient fait à l'Enfant, ils seraient actuellement conservés au monastère Saint Paul du Mont Athos, dans un reliquaire en or du XVe siècle. Il a été donné au monastère au XVe siècle par Mara, fille du prince serbe Đurađ Branković (1428-1456), épouse au sultan ottoman Murat II et marraine de Mehmet II, le conquérant de Constantinople. Il s'agit apparemment de reliques conservées et vénérées à Constantinople depuis le IVe siècle. En 1999 ils ont été exposés à la vénération des fidèles à Athènes dans le cadre d'une collecte en faveur des victimes du tremblement de terre.
Liturgie et Folklore
La visite des mages est célébrée à la date du 6 janvier, jour de l'Épiphanie. Ce jour-là, dans plusieurs pays d'Europe, on partage la galette des rois.
Une légende russe raconte que le quatrième roi mage serait le père Noël. En Finlande, on raconte aussi que le Père Noël est ce quatrième roi mage qui offre des cadeaux aux enfants car, trop au nord de la planète pour voir l'étoile du Berger à l'époque, il n'aurait jamais atteint Bethléem. En Espagne également, ce n'est pas le père Noël mais les rois mages qui apportent les cadeaux aux enfants.
Iconographie
Dans la tradition iconographique Gaspard, aux traits asiatiques, offre l'encens, Melchior, représenté comme un vieillard blanc et barbu, l'or, et Balthazar, à peau noire, la myrrhe.
Article détaillé : L'Adoration des mages.Développements littéraires et cinématographiques
Le thème du quatrième roi mage
Le poète Henry van Dyke, dans un de ses contes de Noël les plus connus, The Story of the Other Wise Man, a raconté l'histoire d'un quatrième roi mage, Artaban de Médée, qui voulut apporter à l'enfant Jésus trois pierres précieuses. Il vendit tous ses biens, et prit la route. En chemin, il rencontra des nécessiteux, pour qui il sacrifia ses cadeaux. Il n'atteignit jamais la crèche, mais Jésus lui apparut plus tard : en ayant aidé des inconnus en détresse, il avait trouvé et aidé Jésus aussi bien que s'il était arrivé jusqu'à Bethléem.
L'écrivain français Michel Tournier, dans son roman Gaspard, Melchior et Balthazar paru en 1980[6], donne une version plus iconoclaste de l'histoire d'un quatrième roi mage : Taor, prince de Mangalore. Parti du sud de l'Inde pour découvrir la recette du "rahat loukoum à la pistache", il arrive trente trois ans plus tard à Jérusalem et découvre l'eucharistie.
Cinéma
Le film Les rois mages réalisé en 2001 par Bernard Campan et Didier Bourdon reprend le thème des 3 rois mages.
Notes et références
- ↑ http://www.fravahr.org/spip.php?article30 Les Rois Mages et la Galette des Rois
- ↑ Évangiles Apocryphes-Paul Peeters-Paris 1914
- ↑ Voyez la page Epiphanie mise en ligne par l'Abbaye de Saint-Benoît.
- ↑ Catherine Eymerich, Vie de la Sainte Vierge, chapitre 59
- ↑ Ces dépouilles des Mages sont aussi évoquées dans le roman d'Umberto Eco, Baudolino.
- ↑ Michel Tournier, Les Rois Mages, Gallimard, 1983 (ISBN 2070510247) ; édition poche : Gallimard-Jeunesse, 1998 (ISBN 2070516199).
Bibliographie
- La saga des Rois Mages : La fève et la couronne, Renée-Paule Guillot, Le Serpent à plumes, 2006 (ISBN 2753801991)
- Les Rois Mages, histoire, légende et enseignements, Jean Chopitel & Christiane Gobry, Le Mercure dauphinois 2002 (ISBN 2913826245)
- Le livre des Rois Mages, Madeleine Félix, Desclée de Brouwer 2000 (ISBN 2220040488)
Liens internes
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