Passion du Christ

Passion du Christ
Scènes de la Passion du Christ, de l’Ascension et de la Pentecôte, panneau d’ivoire provenant de Paris, second quart du XIVe siècle.

La Passion du Christ est l’ensemble des souffrances et supplices qui ont précédé et accompagné la mort de Jésus de Nazareth dit le Christ.

Le récit de la Passion, ainsi que les annonces de la Passion, sont relatés dans le Nouveau Testament de la Bible, en particulier les évangiles synoptiques et l’évangile selon Jean, ainsi que dans divers textes apocryphes.

Il s'agit de textes à caractère religieux qui expriment la foi des rédacteurs. L'exégèse permet de faire la part entre les éléments proprement historiques et l'interprétation.

Sommaire


Annonces de la Passion

Panneau du chemin de croix d’Albrecht Altdorfer, vers 1509-1516

D’après les évangiles synoptiques, le Christ annonce sa mort et sa résurrection à quatre reprises :

Ces annonces prédisent :

Le récit de la Passion

Carte de Jérusalem à l’époque du Nouveau Testament.

Gethsémani borde le torrent du Cédron, au pied du mont des Oliviers, à droite de la carte.
La Via Dolorosa est figurée en pointillés entre la forteresse Antonia et la colline du « crâne » (Golgotha).

L’arrestation de Jésus

Deux jours avant la Pâque juive (Mt. 26, 2; Mc 14, 1), Jésus se trouve chez Simon Le Lépreux à Béthanie, village qui se trouve au sud-est du mont des Oliviers, à environ 3 km de Jérusalem.

Le premier jour des Azymes (Mt. 26, 17; Mc 14, 12; Lc 22, 7) est le 15 nisan, qui commence la veille au soir (donc le soir du 14 nisan, Ex. 12, 18) après le repas pascal. Jésus et les apôtres fêtent la Pâque juive, Pessah, au cours d'un repas (Cène) où les juifs célèbrent la sortie d'Égypte marquant la fin de leur esclavage et la remise des tables de la loi à Moise.

Jésus se rend ensuite au jardin de Gethsémani, où il s’isole avec les apôtres Pierre, Jacques le Majeur et Jean.

Le jardin de Gethsémani

L'apôtre Judas arrive alors, menant une bande armée Romaine envoyée par les grands prêtres Juifs et les anciens. Judas désigne Jésus en lui donnant un baiser.

Les gardes se saisissent de Jésus et l’emmènent devant les autorités juives pour qu’il soit jugé. Pierre avait sorti son glaive et coupé l’oreille du serviteur du Grand Prêtre, mais Jésus s’oppose à son intervention

« Rengaine ton glaive ; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. »

Jésus devant le Sanhédrin

Les évangiles synoptiques rapportent que Jésus est emmené devant le grand prêtre Caïphe, où se réunissent les scribes et les anciens. À l’issue de son interrogatoire, Jésus proclame publiquement être le Messie. Jésus aurait alors été condamné à mort pour blasphème.

Pour les historiens, comme par exemple Marie-Françoise Baslez, ce procès juif est une impossibilité[1] : d'une part les évangiles présentent une séance de nuit du Sanhédrin, ce qui serait irréaliste, d'autre part le Sanhédrin n'avait pas à cette époque le pouvoir d'appliquer la peine capitale.

La version de l’évangile selon Jean est assez différente, car prenant en compte ce problème de compétences juridiques : Jésus est mené devant Anne, le beau-père de Caïphe et ancien grand prêtre. Celui-ci interroge Jésus sur ses disciples et sa doctrine : "Après avoir été giflé par l’un des gardes, Jésus est envoyé chez le grand prêtre Caïphe"

Pendant l’interrogatoire de Jésus, Pierre se tenait dans la cour du grand prêtre. Interrogé sur son appartenance aux disciples de Jésus, il renie Jésus trois fois avant le chant du coq, comme cela avait été prédit.

Jésus devant le préfet romain

Le lendemain matin, Jésus est emmené et jugé devant le préfet Ponce Pilate. Selon Luc, Pilate, apprenant que Jésus était un Galiléen et donc sous la juridiction d'Hérode Antipas, roi fantoche de Galilée, l'envoya à Antipas, qui était aussi à Jérusalem. Initialement, Antipas a été heureux de voir Jésus, dans l'espoir de le voir faire un miracle, mais, lorsque Jésus est resté silencieux face à ses questions, Antipas se moqua de lui et le renvoya à Pilate. Une fois condamné à mort par Pilate, il est d’abord flagellé, c’est-à-dire lié à une colonne où il est frappé avec un fouet aux lanières lestées d’os ou de métal (Brown et al. 628).

Les évangiles canoniques, à l’exception de l’évangile selon Luc, rapportent que Jésus est emmené au prétoire (Praetorium), supposé être soit le palais du roi de Galilée Hérode Antipas, soit le Fort Antonia (Brown et al. 628). Matthieu et Marc relatent tous deux qu’une compagnie entière de soldats, qui étaient probablement pour la plupart des recrues de Palestine ou de Syrie (Brown et al. 628), punit Jésus. Ceci est improbable et plus certainement une exagération puisqu’une compagnie de soldats comprenait de 200 à 600 soldats. (Brown et al. 628). Jean n'indique pas combien de soldats étaient présents. Ils le revêtent d’une tunique pourpre (sainte Tunique), et lui placent une couronne d'épines sur la tête, et l’acclament comme roi des Juifs. Ils feignent de lui rendre hommage, en lui cognant la tête avec un bâton qui, d’après l’évangile selon Matthieu, avait été fait pour le soutenir. Les Évangiles essaient de montrer que les soldats accomplissent involontairement les desseins de Dieu. (Miller 50).

Le couronnement d'épines par Le Titien, vers 1570.

Après cet épisode, Marc et Matthieu notent que les soldats rendent à Jésus ses vêtements, mais d’après l’Évangile selon Jean, ils lui laissent la robe pourpre et la couronne. C'est alors que Ponce Pilate présente Jésus aux outrages à la foule (Ecce homo) et demande au public hébreu présent dans la petite cour du Temple de choisir qui de Jésus ou de Barabbas (un brigand) échappera à l'exécution. Or cette « foule » s'exclame, selon les textes, « Libérez Barabbas », laissant du même coup exécuter Jésus.

Ecce Homo, peinture d’Antonello de Messine vers 1473.

Cet épisode est probablement à l'origine de croyances selon lesquelles le peuple juif aurait été responsable de la mort du Christ (voir déicide). Cette interprétation a été combattue par l'Église au moins depuis le concile de Trente, ainsi qu'en témoigne le catéchisme du Concile de Trente (1566)[réf. nécessaire], et le catéchisme de l'Église catholique promulgué en 1991. Une survivance de cette croyance est restée jusqu'en 1959 dans la prière du Vendredi saint (Oremus et pro perfidis judaeis).

La Crucifixion

Cette section comprend des affirmations discutables sur l'interprétation des heures de la passion.
Articles détaillés : Via Dolorosa, Chemin de Croix et Crucifixion.
Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et vos enfants. (Luc 23, 27-31) fresque de l'église Saint-Alexandre à Jérusalem

D’après l’Évangile, Jésus fut obligé, comme d’autres condamnés au crucifiement (qui deviendra pour ce cas précis la Crucifixion), de porter sa propre croix jusqu’au mont du Golgotha (la place du crâne), le lieu de l’exécution. D’après les évangiles synoptiques, sur la route du Golgotha, les soldats obligent un passant, Simon de Cyrène, à porter la croix de Jésus. La raison n’en est pas donnée dans les Évangiles, mais l’Évangile selon Marc trouve opportun de citer les enfants de Simon, Alexandre et Rufus, comme s’ils avaient été des personnages connus des futurs lecteurs de Marc (Brown et al. 628). Paul cite aussi un Rufus dans son Épître aux Romains Rm 16. 13. Luc ajoute que les femmes disciples suivaient Jésus, et pleuraient sur son destin, mais qu’il leur répondait par des citations Os 10. 8.

Jésus a été livré à la sixième heure de la nuit pour être crucifié (minuit)(Jn 19:14-16). On doit prendre garde à ne pas confondre cette sixième heure avec celle dont il est question en Mt 27:45, puisqu'il s'agit du jour dans ce dernier passage.

Quand ils arrivent au Golgotha, les Évangiles synoptiques déclarent qu’il est proposé à Jésus du vin mêlé de myrrhe pour atténuer la douleur, mais il le refuse. Jésus est alors crucifié, d’après les Évangiles synoptiques, à la troisième heure du jour (9 h).

Les Évangiles synoptiques ajoutent que la croix comportait, au-dessus de la tête de Jésus, l’inscription Iesus Nazarenus Rex Iudæorum, « Jésus de Nazareth, roi des Juifs ». L’Évangile selon Jean précise que Pilate a rédigé cette inscription sur un titulus (écriteau), en hébreu, en latin et en grec ancien.

Les Évangiles canoniques déclarent alors que les vêtements de Jésus lui furent retirés par les soldats, pour être répartis entre eux en plusieurs lots. L’Évangile selon Jean prétend que ceci accomplit une prophétie de Ps 22. 18. D’après l’Évangile selon Luc, les deux voleurs crucifiés aux côtés de Jésus, lui parlent. Luc déclare que l’un railla Jésus, et que l’autre le respecta, et que Jésus déclara que le voleur respectueux, Dismas (le bon larron), gagnerait promptement son entrée au paradis ; traditionnellement l’autre, Gesmas ou Gestas (le mauvais larron), est considéré comme voué à l’enfer. Dismas est considéré comme le premier saint de l'Eglise[2], canonisé par le Christ lui même : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis » - Luc 23-43[3]. sans étape intermédiaire, ni œuvres, ni baptême, par la foi seule.

Le Christ en croix est souvent représenté portant le périzonium.

Datation des événements

Article connexe : Pâque quartodécimane.

D’après les Évangiles, Jésus aurait été crucifié le jour de la Pâque, la veille de la Fête du premier Jour des Pains sans levain, qui est aussi un Shabbat. Afin de bien comprendre la séquence des événements de la période de la passion de Jésus-Christ, on doit tenir compte des faits suivants :

  • Pour les juifs de cette époque, les jours commençaient et finissaient au coucher du soleil (Lv 23 :32).
  • Les jours n’avaient pas de noms mais étaient numérotés, du premier au septième jour, comme lors du récit de la création (Gen 1:1 – Gen 2:3).
  • Le jour durait douze heures (Jn 11:9). Il s’ensuit que la nuit comptait douze heures aussi.
  • Le récit biblique de la passion n’inclut pas les mots vendredi, dimanche, midi ou minuit.
  • Le jour de la Pâque est suivi du premier jour des pains sans levain, qui est aussi un Shabbat (Lv 23 :7).

Jésus-Christ ayant affirmé qu’il serait «trois jours et trois nuits dans le sein de la terre» (Mt 12 :39-40) et sachant qu’il est donné comme déjà ressuscité le matin du premier jour de la semaine (Mt 28:1), on peut en déduire que la résurrection avait eu lieu la veille, soit le septième jour de la semaine, à la même heure que celle de sa mort (72 heures après), après la neuvième heure du jour (Mt 27:46).

Cela permet de visualiser le calendrier suivant de la semaine de la Passion de Jésus:

1er jour 2e jour 3e jour 4e jour 5e jour 6e jour 7e jour
nuit jour nuit jour nuit jour nuit jour nuit jour nuit jour nuit jour
la Pâque (mort de Jésus) le 1er Jour des Pains sans Levain (Grand Jour, Shabbat) le Shabbat hebdomadaire (résurrection de Jésus)


Les Évangiles situent la mort de Jésus (Jn 19. 42) le jour de la préparation de la Pâque juive, le 14 Nissan. À partir des éléments du Nouveau Testament, associés à la connaissance d’événements historiques et astronomiques, les historiens datent généralement l’événement supposé de la Passion du Christ entre 28 et 33, fin mars ou début avril.

Deux dates sont plus fréquemment avancées :

  • le vendredi 7 avril 30, pleine lune le jeudi 6 avril à 23h56 ;
  • le vendredi 3 avril 33, pleine lune le 3 avril à 15h02. Ce même jour, une éclipse partielle de lune théoriquement visible à Jérusalem eut lieu vers 17h51 à 18h33 (heures locales) : cette éclipse a pu être rapprochée de l’éclipse de soleil (impossible au moment de la pleine lune) décrite dans les Évangiles synoptiques (Mt 27. 45|Mc 15. 33|Lc 23. 44).
  • le 26 avril 33 de notre ère – or Jésus serait né en -7 ce qui lui donnerait environ 40 ans ; de plus il serait né avant le nouvel an juif donc entre mi-septembre et mi-octobre -7 de notre ère (en Terre sainte aussi les nuits sont froides en hiver et le bétail dort à l'abri) ; quant à l'étoile , il s'agirait d'un alignement de planètes de notre système solaire[réf. nécessaire]. Il y aurait bien eu un tremblement de terre dans cette région par contre.[réf. nécessaire]

Célébration

La Passion est célébrée pendant le triduum et plus particulièrement pendant le Vendredi saint. Pour le texte de la prière universelle prononcée ce jour-là, voir : prière du Vendredi saint.

Crucifixion, par Albrecht Altdorfer


Les instruments de la Passion

Les instruments de la Passion, église Saint-Pierre de Collonges-la-Rouge

Les artistes religieux représentent souvent les instruments ou objets qui entourent la passion
(les Arma Christi) :

Et aussi :

  • La colonne,
  • Les trente pièces d'argent de Judas,
  • La lanterne des gardes, les torches,
  • Le glaive de saint Pierre, avec l'oreille qu'il coupa à un soldat romain
  • Le roseau et le fouet de la Flagellation du Christ,
  • La tunique sans couture et le vêtement rouge,
  • les dés pour tirer au sort les vêtements,
  • La coupe de boisson amère, et le calice de l'Agonie,
  • La main du grand-prêtre qui gifla le Christ...

Voir aussi

Articles connexes

Et toutes les représentations artistiques de la peinture chrétienne sur ce thème.

Bibliographie

  • James E. Talmage, Jésus le Christ (Salt Lake City, 1915)
    • Chapitre 34 : Le procès et la condamnation[4]
    • Chapitre 35 : La mort et l'ensevelissement[5]
  • (en) Lina Murr Nehme, La Douloureuse Passion de Jésus-Christ, François-Xavier de Guibert, 2004 (ISBN 2-86839-942-8)

Notes et références

Liens externes




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