Chute du mur de Berlin

Chute du mur de Berlin

Mur de Berlin

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Le Mur de Berlin (en allemand Berliner Mauer), également appelé le « Mur »[1] ou le « Mur de la honte », a été érigé en plein Berlin pendant la nuit du 12 au 13 août 1961 suscitant la réprobation des puissances occidentales. La République démocratique allemande (RDA) tente ainsi de mettre fin, avec l'appui du pacte de Varsovie, à l'exode croissant de ses habitants vers la République fédérale d'Allemagne (RFA). Le Mur, séparant physiquement la ville en « Berlin-Est » et « Berlin-Ouest », est pendant près de trente ans le symbole de la Guerre froide et de la partition de l'Allemagne à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Plus qu'un simple mur, il s'agit d'un dispositif défensif comportant deux murs de 3,6 mètres de haut[2] avec chemin de ronde, 302 miradors et dispositifs d'alarme, 14 000 gardes, 600 chiens et des barbelés dressés vers le ciel. Plusieurs centaines de ressortissants de la RDA ont perdu la vie en essayant de le franchir, les gardes-frontière est-allemands et soldats soviétiques n'hésitant pas à tirer sur les fugitifs.

L'affaiblissement de l'Union soviétique, la politique de libéralisation conduite par Gorbatchev et la détermination des Allemands de l'Est qui ont organisé de grandes manifestations permettent, le 9 novembre 1989, d'abattre le « Mur de la honte » ; leur élan a suscité l'admiration du « Monde libre ». Cet événement a conduit à la réunification allemande. Bien que détruit presque totalement, le Mur reste un lieu de mémoire auquel plusieurs musées sont consacrés et les cicatrices qu'il a laissées dans l'organisation urbaine de la capitale allemande ne sont toujours pas effacées en 2009. Le Mur de Berlin joue un rôle important dans la pensée et dans l'imaginaire allemand et occidental, comme en témoignent de nombreux livres et films.

Reste du Mur de Berlin, 2004
Entrée du secteur américain sur le Glienicker Brücke, 1985

Sommaire

Histoire

Secteurs d'occupation de Berlin, tracé du Mur et points de passage (1989)

Avant la construction du Mur (1945-1961)

Après sa capitulation en 1945, l'Allemagne est divisée en quatre zones d'occupation sous administrations soviétique, américaine, britannique et française, conformément à l'accord conclu à la conférence de Yalta. Berlin, ex-capitale du Troisième Reich, d'abord totalement occupée par l'Armée rouge doit également être partagée en quatre secteurs répartis entre les alliés. Les soviétiques laissent alors aux occidentaux les districts ouest de la ville qui se retrouvent ainsi totalement enclavés dans leur zone d'occupation, le secteur resté sous contrôle soviétique représentant à lui seul 409 km2, soit 45,6% de la superficie de la ville[2]. La position et l'importance de Berlin en font un enjeu majeur de la guerre froide qui s'engage dès la fin des hostilités le 8 mai 1945.

Événements en Allemagne

Articles détaillés : Blocus de Berlin et Ultimatum de Khrouchtchev.

La coopération entre les quatre puissances occupantes de l'Allemagne prend fin en 1948 lorsque l’Union soviétique suspend sa participation au Conseil de contrôle allié et du commandement Interallié le 19 mars 1948[3]. Les Soviétiques s'emploient dès lors à gêner les communications des Occidentaux avec Berlin-Ouest, sans doute pour les forcer à abandonner l'ancienne capitale du Reich. Du 24 juin 1948 au 12 mai 1949, Staline instaure le blocus de Berlin. Tous les transits terrestres et fluviaux entre Berlin-Ouest et l'Allemagne de l'Ouest sont coupés. Cet évènement constitue la première crise majeure entre l'Union Soviétique et les occidentaux. Grâce à un gigantesque pont aérien organisé sous l'égide des États-Unis, Berlin-Ouest survit au blocus[4].

L'année 1949 voit la création de la République fédérale d'Allemagne dans les zones britannique, américaine et française, suivie de près par celle de la République démocratique allemande dans la zone sous influence soviétique[3]. La création de deux États consolide la division politique de Berlin. On commence alors des deux côtés à sécuriser et à fermer les frontières. Des douaniers et des soldats détachés à la surveillance frontalière patrouillent entre la RDA et la RFA ; de solides clôtures seront plus tard érigées du côté RDA.

Légalement, Berlin garde le statut de ville démilitarisée (en soldats allemands), partagée en quatre secteurs et indépendante des deux États allemands. En réalité, la portée pratique de cette indépendance est très limitée. En effet, le statut de Berlin-Ouest s'apparente à celui d'un Land, avec des représentants sans droit de vote au Bundestag et Berlin-Est devient, en violation de son statut, capitale de la RDA. La ville reste cependant le seul endroit où les Allemands de l'Est comme de l'Ouest peuvent transiter.

Le 27 novembre 1958, l'URSS tente un nouveau coup de force lors de « l'ultimatum de Khrouchtchev » proposant le départ des troupes occidentales dans les six mois pour faire de Berlin une « ville libre » démilitarisée. Les alliés occidentaux refusent[5].

Causes de la construction du Mur de Berlin

Depuis sa création en 1949, la RDA subit un flot d'émigration croissant vers la RFA, particulièrement à Berlin, ville située au cœur de la RDA, que la frontière traverse. Cette frontière urbaine est difficilement contrôlable, contrairement aux zones rurales déjà très surveillées. Entre 2,6 et 3,6 millions d'Allemands fuient la RDA par Berlin entre 1949 et 1961, privant le pays de main-d'œuvre et montrant à la face du monde leur faible adhésion au régime communiste[2],[6]. Émigrer ne pose pas de difficulté majeure car, jusqu’en août 1961, il suffit de prendre le métro ou le chemin de fer berlinois pour passer d'Est en Ouest[7], ce que font quotidiennement des Berlinois pour aller travailler. Les Allemands appellent cette migration de la RDA communiste à la RFA capitaliste : « voter avec ses pieds ». Pendant les deux premières semaines d'août 1961, riches en rumeurs, plus de 47 000 citoyens est-allemands passent en Allemagne de l'Ouest via Berlin. De plus, Berlin-Ouest joue le rôle de porte vers l'Ouest pour de nombreux Tchèques et Polonais. Comme l'émigration concerne particulièrement les jeunes actifs bien instruits, elle pose un problème économique majeur et menace l'existence même de la RDA.

En outre, environ 500 000 Berlinois sont des travailleurs frontaliers, travaillant à Berlin-Ouest mais habitant à Berlin-Est ou dans sa banlieue où le coût de la vie et de l'immobilier est plus favorable. Le 4 août 1961, un décret oblige les travailleurs frontaliers à s'enregistrer comme tels et à payer leurs loyers en Deutsche Mark (monnaie de la RFA). Avant même la construction du Mur, la police de la RDA surveille intensivement aux points d'accès à Berlin-Ouest ceux qu'elle désigne comme « contrebandiers » ou « déserteurs de la République ».

Comme tous les pays communistes, la RDA s'est vu imposer une économie planifiée par Moscou. Le plan septennal (1959-1965) est un échec dès le début. La production industrielle augmente moins vite que prévu. En effet, les investissements sont insuffisants. La collectivisation des terres agricoles entraîne une baisse de la production et une pénurie alimentaire. Les salaires augmentent plus vite que prévu à cause d'un manque de main-d'œuvre provoqué en grande partie par les fuites à l'Ouest. Un important trafic de devises et de marchandises, néfaste à l'économie est-allemande, passe par Berlin. La RDA se trouve en 1961 au bord de l’effondrement économique et social[3].

La construction du Mur de Berlin

La construction du Mur, le 20 novembre 1961

Le programme de construction du Mur est un secret d'État du gouvernement est-allemand. Il commence dans la nuit du 12 au 13 aout 1961 avec la pose de grillages et de barbelés autour de Berlin-Ouest[2].

La construction du Mur se fait en pleine nuit sur ordre de la direction du Parti communiste par des maçons, sous la protection et la surveillance de policiers et de soldats – en contradiction avec les assurances du président du Conseil d'État de la RDA, Walter Ulbricht qui déclare le 15 juin 1961 lors d'une conférence de presse internationale à Berlin-Est en réponse à une journaliste ouest-allemande[8] :

« Si je comprends bien votre question, il y a des gens en Allemagne de l'Ouest qui souhaitent que nous mobilisions les ouvriers du bâtiment de la capitale de la RDA pour ériger un mur, c'est cela ? Je n'ai pas connaissance d'un tel projet ; car les maçons de la capitale sont principalement occupés à construire des logements et y consacrent toute leur force de travail. Personne n'a l'intention de construire un mur ![9] »

Après trois heures d'attente, une vieille dame passée au secteur Ouest fait signe à ses connaissances restées à l'Est, 1961

Ulbricht est ainsi le premier à employer le mot « Mur », deux mois avant qu'il ne soit érigé.

Si les Alliés sont au courant d'un plan de « mesures drastiques » visant au verrouillage de Berlin-Ouest, ils se montrent cependant surpris par son calendrier et son ampleur. Comme leurs droits d'accès à Berlin-Ouest sont respectés, ils décident de ne pas intervenir militairement. Le BND (Services secrets de la RFA) avait lui aussi reçu début juillet des informations semblables. Après la rencontre entre Ulbricht et Nikita Khrouchtchev lors du sommet des pays membres du Pacte de Varsovie (3-5 août 1961), le BND note dans son rapport hebdomadaire du 9 août :

« Les informations disponibles montrent que le régime de Pankow s'efforce d'obtenir l'accord de Moscou pour l'entrée en vigueur de mesures rigoureuses de blocage ; en particulier le bouclage de la frontière de Berlin, avec interruption du trafic de métros et de tramways entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. (...) Il reste à voir si Ulbricht est capable de faire accepter de telles exigences par Moscou, et jusqu'où. »

La déclaration publique du sommet du Pacte de Varsovie propose de « contrecarrer à la frontière avec Berlin-Ouest les agissements nuisibles aux pays du camp socialiste et d'assurer autour de Berlin-Ouest une surveillance fiable et un contrôle efficace. »

Le 11 août 1961, la Chambre du Peuple de RDA approuve la concertation avec Moscou et donne les pleins pouvoirs au conseil des ministres pour en assurer la réalisation. Le conseil des ministres de la RDA adopte le 12 août un décret dénonçant la politique d'agression impérialiste des Occidentaux à son encontre. Un contrôle très strict des frontières séparant Berlin-Ouest et Berlin-Est est instauré[10]. Il décide de l'emploi des forces armées pour occuper la frontière avec Berlin-Ouest et y ériger un barrage.

Le samedi 12 août 1961, le BND reçoit l'information qu'« une conférence a eu lieu à Berlin-Est au centre de décision du Parti communiste est-allemand SED en présence de hauts responsables du parti. On a pu y apprendre que (...) la situation d'émigration croissante de fugitifs rend nécessaire le bouclage du secteur d'occupation soviétique et de Berlin-Ouest dans les jours prochains — sans plus de précisions — et non dans deux semaines comme il était prévu initialement. »

Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, 14 500 membres des forces armées bloquent les rues et les voies ferrées menant à Berlin-Ouest. Des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat et se massent aux postes frontières des Alliés. Tous les moyens de transport entre les deux Berlin sont interrompus. En septembre 1961, des métros et des S-Bahn (RER) de Berlin-Ouest continueront à circuler sous Berlin-Est sans cependant s'arrêter à ce qu'on appelle désormais les stations fantômes. Erich Honecker, en tant que secrétaire du comité central pour les questions de sécurité, assure la responsabilité politique de la planification et de la réalisation de la construction du Mur pour le SED. Il présente la construction comme un « mur de protection antifasciste »[2]. Les pays membres du pacte de Varsovie publient, le même jour, une déclaration pour soutenir le bouclage de la frontière entre les deux Berlin[11]. Jusqu'en septembre 1961, la frontière reste « franchissable » et parmi les seules forces de surveillance, 85 hommes passent à l'Ouest — imités en cela par 400 civils, dont 216 réussissent. Les images du jeune douanier Conrad Schumann enjambant les barbelés ou de fugitifs descendant par une corde en draps de lit des maisons situées à la frontière marquent les esprits.

La construction du Mur autour des trois secteurs de l'Ouest consiste tout d'abord en un rideau de fils de fer barbelés. Les pavés des axes de circulation entre les deux moitiés de la ville sont retournés afin d’interrompre immédiatement le trafic[12]. Dans les semaines suivantes, il est complété par un mur de béton, puis muni de divers dispositifs de sécurité. Ce mur sépare physiquement la cité et entoure complètement la partie ouest de Berlin qui devient une île au milieu des pays de l'Est.

Les réactions à l'Ouest

Détails du Mur, 1989

Le chancelier fédéral Adenauer appelle le jour même la population de l'Ouest au calme et à la raison et évoque sans plus de précisions les réactions qu'il s'apprête à prendre avec les Alliés. Il attend deux semaines après la construction du Mur avant de se rendre à Berlin-Ouest. Seul le maire de Berlin-Ouest et futur chancelier allemand Willy Brandt émet une protestation énergique – mais impuissante – contre l'emmurement de Berlin et sa coupure définitive en deux. Sa déclaration est sans ambiguïté : « Sous le regard de la communauté mondiale des peuples, Berlin accuse les séparateurs de la ville, qui oppressent Berlin-Est et menacent Berlin-Ouest, de crime contre le droit international et contre l’humanité (...)[12] ». Le 16 août 1961, une manifestation de 300 000 personnes entoure Willy Brandt pour protester devant le « Rathaus Schöneberg », siège du gouvernement de Berlin-Ouest.

Les Länder de la RFA fondent la même année à Salzgitter un centre de documentation judiciaire sur les violations des droits de l'homme perpétrées par la RDA, pour marquer symboliquement leur opposition à ce régime.

La réaction des Alliés tarde : il faut attendre vingt heures avant que les colonnes militaires ne se présentent à la frontière. Le 15 août 1961, les commandants des secteurs occidentaux de Berlin adressent à leur homologue soviétique une note de protestation contre l'édification du Mur[13]. Des rumeurs incessantes circulent, selon lesquelles Moscou aurait assuré les Alliés de ne pas empiéter sur leurs droits à Berlin-Ouest. Le blocus de Berlin a effectivement montré aux yeux des Alliés que le statut de la ville était constamment menacé. La construction du Mur représente dès lors une confirmation matérielle du statu quo : l'Union soviétique abandonne son exigence d'un Berlin-Ouest « libre » déserté par les troupes alliées, tel qu'il avait encore été formulé en 1958 dans l'ultimatum de Khrouchtchev.

Kennedy et Adenauer le long du Mur de Berlin, le 26 juin 1963

Les réactions internationales sont ambiguës. Dès le 13 août, Dean Rusk, secrétaire d'État américain, condamne la restriction de la liberté de déplacement des Berlinois[14]. Les Alliés considèrent que l'URSS est à l'initiative de la construction du Mur entre sa zone d'occupation et celle des alliés comme l'indiquent les notes de protestation envoyées au gouvernement soviétique par les ambassadeurs américain et français[15]. Cependant, Kennedy qualifie la construction du Mur de « solution peu élégante, mais mille fois préférable à la guerre ». Le premier ministre britannique MacMillan n'y voit « rien d'illégal ». En effet, la mesure touche d'abord les Allemands de l'Est et ne remet pas en question l'équilibre géopolitique de l'Allemagne. Ceci n'empêche pas Kennedy de soutenir fermement la ville libre de Berlin. Il envoie un groupe de combat supplémentaire de 1 500 hommes à Berlin-Ouest et fait reprendre du service au général Lucius D. Clay. Le 19 août 1961, Clay et le vice-président américain Lyndon Johnson se rendent à Berlin.

Le 27 octobre, on en vient à une confrontation visible et directe entre troupes américaines et soviétiques à Checkpoint Charlie. Des gardes-frontières de RDA exigent de contrôler des membres des forces alliées occidentales voulant se rendre en secteur soviétique. Cette exigence est contraire au droit de libre circulation, dont bénéficient tous les membres des forces d’occupation. Pendant trois jours[12], dix chars américains et dix soviétiques se postent de part et d'autre à proximité immédiate de Checkpoint Charlie. Les chars se retirent finalement, aucune des deux parties ne voulant enclencher une escalade qui risquerait de se terminer en guerre nucléaire. La libre circulation par le poste-frontière Checkpoint Charlie est rétablie. Paradoxalement, cette situation explosive, aussi bien à Berlin que dans le reste de l'Europe, va déboucher sur la plus longue période de paix qu'ait connue le continent européen[16].

Un pays, deux États

Tracé du Mur sur une image satellite (ligne jaune)

Les ressortissants de Berlin-Ouest ne pouvaient déjà plus entrer librement en RDA depuis le 1er juin 1952. L'encerclement est rendu plus efficace par la diminution des points de passage : 69 points de passage sur les 81 existants sont fermés dès le 13 août. La porte de Brandebourg est fermée le 14 août et quatre autres le 23 août. Fin 1961, il ne reste plus que 7 points de passages entre l'Est et l'Ouest de Berlin. La Potsdamer Platz est coupée en deux. Le centre historique de la ville devient progressivement un grand vide sur la carte, composé du No man’s land entre les Murs de séparation à l’Est et d’un terrain vague à l’Ouest[17]. Les conséquences économiques et sociales sont immédiates : 63 000 Berlinois de l'Est perdent leur emploi à l'Ouest, et 10 000 de l'Ouest perdent leur emploi à Berlin-Est[2].

Le Mur de Berlin est devenu dès sa construction le symbole de la guerre froide et de la séparation du monde en deux camps. Le 26 juin 1963, Kennedy prononce à Berlin un discours historique. Il déclare « Ich bin ein Berliner », ce qui signifie, a proprement parler en allemand « Je suis un Berlinois », mais en fait veut dire que tout habitant du « Monde libre » se sent solidaire des Berlinois de l'Ouest[18]. Bien plus, la construction du Mur donne une image très négative du bloc de l'Est et tend à prouver de manière symbolique son échec économique face au bloc occidental. « Le bloc soviétique s’apparente désormais à une vaste prison dans laquelle les dirigeants sont obligés d’enfermer des citoyens qui n’ont qu’une idée : fuir ! Le Mur est un aveu d’échec et une humiliation pour toute l’Europe orientale. »[19] Le Mur contribue donc à saper l'image du monde communiste.

Le 17 décembre 1963, après de longues négociations, le premier accord sur le règlement des visites de Berlinois de l'Ouest chez leurs parents de l'Est de la ville est signé. Il permet à 1,2 million de Berlinois de rendre visite à leurs parents dans la partie orientale de la ville mais seulement du 19 décembre 1963 au 5 janvier 1964. D´autres arrangements suivent en 1964, 1965 et 1966[12]. Après l'accord quadripartite de 1971, le nombre des points de passage entre l'Est et l'Ouest est porté à dix. À partir du début des années 1970, la politique suivie par Willy Brandt et Erich Honecker de rapprochement entre la RDA et la RFA (Ostpolitik) rend la frontière entre les deux pays un peu plus perméable. La RDA simplifie les autorisations de voyage hors de la RDA, en particulier pour les « improductifs » comme les retraités, et autorise les visites de courte durée d'Allemands de l'Ouest dans les régions frontalières. Comme prix d'une plus grande liberté de circulation, la RDA exige la reconnaissance de son statut d'État souverain ainsi que l'extradition de ses citoyens ayant fui vers la RFA. Ces exigences se heurtent à la loi fondamentale de la RFA qui les rejette donc catégoriquement. Pour beaucoup d’Allemands , l’édification du Mur est, de fait, un déchirement et une humiliation qui accentuent les ressentiments de la partition. Une conséquence inattendue de la construction du Mur est de faire renaître dans le cœur des Allemands l’idée de la réunification[19].

Les deux parties de la ville connaissent des évolutions différentes. Berlin-Est, capitale de la RDA, se dote de bâtiments prestigieux autour de l'Alexanderplatz et de la Marx-Engels-Platz. Le centre (Mitte) de Berlin qui se trouve du côté Est perd son animation. En effet, l'entretien des bâtiments laisse à désirer surtout les magnifiques bâtiments situés sur l'île des musées, en particulier l'important musée de Pergame[2]. Poursuivant le développement d'une économie socialiste, le régime inaugure en 1967, dans la zone industrielle d'Oberschöneweide, le premier combinat industriel de la RDA, le "Kombinat VEB Kabelwerke Oberspree (KWO)" dans la câblerie. En 1970, débute la construction d'immeubles de 11 à 25 étages dans la Leipzigerstrasse qui défigurent l'espace urbain[12]. La propagande de la RDA désigne le Mur ainsi que toutes les défenses frontalières avec la RFA comme un « mur de protection antifasciste » protégeant la RDA contre l'« émigration, le noyautage, l'espionnage, le sabotage, la contrebande et l'agression en provenance de l'Ouest ». En réalité, les systèmes de défense de la RDA se dressent principalement contre ses propres citoyens.

Berlin-Ouest devient vite la vitrine de l’Occident. La réforme monétaire met fin à la pénurie et la reconstruction est bien plus rapide qu’à l’Est. Potsdamer Platz reste un lieu de souvenir. Une plate-forme panoramique permet de regarder par-dessus le Mur. Elle attire les visiteurs au cours des années 1970 et 1980[17]. La partition fragilise cependant l'économie du secteur ouest. En effet, les industriels doivent exporter leur production en dehors de la RDA. De plus, pour éviter l'espionnage industriel, les industries de pointe s'implantent rarement à Berlin-Ouest[20]. La partie ouest se singularise à partir de 1967 par son mouvement estudiantin, point de mire de l'opinion publique. En effet, la ville est traditionnellement une ville universitaire. La vie culturelle y est très développée.

La chute du Mur

Manifestations le 4 novembre 1989 à Berlin-Est.

En 1989, la situation géopolitique change. Les Soviétiques annoncent leur retrait d'Afghanistan sans victoire. Au printemps, la Hongrie ouvre son « rideau de fer ». En août, Tadeusz Mazowiecki, membre de Solidarnosc, devient Premier ministre de Pologne. Certains observateurs pensent qu'une contagion de liberté va gagner aussi les Allemands[21]. À la fin de l'été, les Allemands de l'Est se mettent à quitter le pays par centaines, puis par milliers, sous prétexte de vacances en Hongrie, où les frontières sont ouvertes. En trois semaines, 25 000 citoyens de la RDA rejoignent la RFA via la Hongrie et l'Autriche. À Prague, à Varsovie, des dizaines de milliers d'Allemands de l'Est font le siège de l'ambassade de RFA[22]. En RDA, la contestation enfle. Les églises protestantes, comme celle de Saint Nikolai à Leipzig, accueillent les prières pour la paix. Elles sont le germe des manifestations du lundi à partir de septembre[23]. 20 000 manifestants défilent dans les rues de Leipzig le 3 octobre 1989. Mikhaïl Gorbatchev, venu à Berlin-Est célébrer le quarantième anniversaire de la naissance de la RDA, indique à ses dirigeants que le recours à la répression armée est à exclure[24]. Malgré une tentative de reprise en main par des rénovateurs du Parti communiste, les manifestations continuent : un million de manifestants à Berlin-Est le 4 novembre, des centaines de milliers dans les autres grandes villes de la RDA[25].

Cinq jours plus tard, une conférence de presse est tenue par Günter Schabowski[26], membre du bureau politique du SED, retransmise en direct par la télévision du centre de presse de Berlin-Est, à une heure de grande écoute. À 18h57, vers la fin de la conférence, Schabowski lit de manière plutôt détachée une décision du conseil des ministres sur une nouvelle règlementation des voyages, dont il s'avère plus tard qu'elle n'était pas encore définitivement approuvée, ou, selon d'autres sources, ne devait être communiquée à la presse qu'à partir de 4h le lendemain matin, le temps d'informer les organismes concernés :

Présents sur le podium à côté de Schabowski : les membres du comité central du SED : Helga Labs, Gerhard Beil et Manfred Banaschak.
Schabowski lit un projet de décision du conseil des ministres qu'on a placé devant lui : « Les voyages privés vers l'étranger peuvent être autorisés sans présentation de justificatifs — motif du voyage ou lien de famille. Les autorisations seront délivrées sans retard. Une circulaire en ce sens va être bientôt diffusée. Les départements de la police populaire responsables des visas et de l'enregistrement du domicile sont mandatés pour accorder sans délai des autorisations permanentes de voyage, sans que les conditions actuellement en vigueur n'aient à être remplies. Les voyages y compris à durée permanente peuvent se faire à tout poste frontière avec la RFA. »

Question d'un journaliste : « Quand ceci entre-t-il en vigueur ? »
Schabowski, feuilletant ses notes : « Autant que je sache — immédiatement. »[27]
Mur en partie détruit près de la porte de Brandebourg, un soldat surveille ce qu'il en reste, novembre 1989

Grâce aux annonces des radios et télévisions de RFA et de Berlin-Ouest, intitulées : « Le Mur est ouvert ! », plusieurs milliers de Berlinois de l'Est se pressent aux points de passage et exigent de passer[28]. À ce moment, ni les troupes frontalières, ni même les fonctionnaires du ministère chargé de la Sécurité d'État responsables du contrôle des visas n'avaient été informés. Sans ordre concret ni consigne mais sous la pression de la foule, le point de passage de la Bornholmer Straße est ouvert peu après 23h, suivi d'autres points de passage tant à Berlin qu'à la frontière avec la RFA. Beaucoup assistent en direct à la télévision dès cette nuit du 9 novembre et se mettent en chemin. C'est ainsi que le Mur de Berlin tombe dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre 1989, après plus de 28 années d'existence. Cet événement a été appelé dans l'histoire de l'Allemagne die Wende (« le tournant »).

Cependant le véritable rush a lieu le lendemain matin, beaucoup s'étant couchés trop tôt cette nuit-là pour assister à l'ouverture de la frontière. Ce jour-là, d'immenses colonnes de ressortissants est-allemands et de voitures se dirigent vers Berlin-Ouest. Les citoyens de la RDA sont accueillis à bras ouverts par la population de Berlin-Ouest. Un concert de klaxons résonne dans Berlin et des inconnus tombent dans les bras les uns des autres. Dans l'euphorie de cette nuit, de nombreux Ouest-Berlinois escaladent le Mur et se massent près de la porte de Brandebourg accessible à tous, alors qu'on ne pouvait l'atteindre auparavant. Une impressionnante marée humaine sonne ainsi le glas de la guerre froide. En apprenant la nouvelle de l'ouverture du Mur, le Bundestag interrompt son emploi du temps à Bonn et les députés entonnent spontanément l'hymne national.

Le 9 novembre 1989, les Berlinois entament la destruction du Mur par tous les moyens (pioche, marteau, etc). Présent à Berlin, le violoncelliste virtuose Mstislav Rostropovitch, qui avait dû s'exiler à l'Ouest pour ses prises de position en URSS, vient encourager les démolisseurs (appelés en allemand Mauerspechte, en français « piverts du mur ») en jouant du violoncelle au pied du Mur. La photographie de cet événement deviendra célèbre et sera l'un des symboles de la chute du bloc communiste en Europe.

Le 9 novembre a été évoqué pour devenir la fête nationale de l'Allemagne, d'autant qu'elle célèbre également la proclamation de la république de Weimar en 1918. Toutefois, c'est aussi la date anniversaire du putsch d'Adolf Hitler (9 novembre 1923), ainsi que celle de la Nuit de cristal, le pogrom anti-juif commis par les nazis le 9 novembre 1938. Le 3 octobre (jour de la réunification des deux Allemagnes) lui a donc été préféré.

Aperçu des jours qui ont précédé la chute du mur

  • 7 octobre : le gouvernement est-allemand célèbre le 40e anniversaire de la RDA sur fond de manifestations. À Berlin-Est, les manifestants lancent un appel à l'hôte d'honneur de la commémoration, le chef de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev : « Gorbi, Gorbi, hilf uns » (« Gorbi, Gorbi, aide-nous »). À Potsdam et à Karl-Marx-Stadt (aujourd'hui Chemnitz), les forces de l'ordre interviennent avec violence contre les manifestations.
  • 16 octobre : la télévision est-allemande évoque pour la première fois les manifestations.
  • 18 octobre : le chef d'État est-allemand, Erich Honecker démissionne « pour raison de santé ». Egon Krenz lui succède et prononce pour la première fois de terme de Wende, changement.
  • 21 octobre : les manifestations touchent l'ensemble du pays. La police intervient avec une rare violence.
  • 24 octobre : le parlement confirme la position d'Egon Krenz comme chef de l'État. Aussitôt des manifestants expriment partout leur opposition à Krenz et aux anciens partis politiques, le CDU chrétien-démocrate, le DBD des paysans, le DPD libéral, qui règnent aux côtés du SED.
  • 27 octobre : les 2 000 prisonniers condamnés pour avoir tenté de quitter le pays sont relâchés.
  • 29 octobre : la police présente ses excuses pour son intervention brutale. La télévision de la RDA promet de diffuser désormais des informations correctes.
  • 31 octobre : Margot Honecker, l'épouse de l'ancien chef d'État, démissionne de son poste de ministre de l'Enseignement.
  • 4 novembre : par heure, 300 personnes fuient la RDA via la Hongrie et la Tchécoslovaquie. En RDA, un million de personnes descendent dans la rue, dont la moitié à Berlin-Est.
  • 6 novembre : célébration du 72e anniversaire de la Révolution russe. Des artistes appellent la population à manifester en masse.
  • 8 novembre : la tête du parti SED démissionne collectivement. Neues Forum, une coalition des mouvements de résistance, est reconnu comme nouveau parti politique.
  • 9 novembre : Günter Shabowski, membre du Politburo réputé réformateur, annonce lors d'une conférence de presse que tous les citoyens de la RDA peuvent quitter le pays. Nombre de Berlinois suivent cette déclaration à la télévision et se ruent aussitôt vers les postes frontières. Dépassés, les gardes-frontières pratiquent des ouvertures dans le mur de Berlin.

Réactions à la chute du Mur de Berlin

Le partage de l'Europe en deux blocs était devenu un fait établi. Aussi, l'ouverture du Mur et la chute des régimes communistes d'Europe centrale qui s'ensuivit ont stupéfié le monde occidental. Peu de spécialistes avaient compris les mouvements de fond qui laminaient les régimes communistes[29]. Seuls, certains observateurs pensaient qu'une contagion de la liberté, après les changements en Pologne et en Hongrie, allait gagner aussi les Allemands[21].

Le délitement du régime est-allemand est tel que, très vite pour le chancelier Helmut Kohl, la seule solution qui s'impose, c'est la réunification, c'est-à-dire l'absorption de la RDA par la RFA. Dès le 28 novembre, il présente un plan en dix points pour réunifier les deux Allemagne. Soucieux de stopper le flot migratoire de la RDA vers la RFA, de ne pas laisser le temps aux vainqueurs de 1945 de demander des conditions trop strictes, il veut mener l'affaire le plus vite possible[30]. La paix qui n'avait jamais été signée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale l’est le 12 septembre 1990 à Moscou. Le traité de Moscou rend à l'Allemagne sa pleine souveraineté[31]. La « chute du Mur de Berlin » a donc abouti, presque un an plus tard, à la réunification des deux Allemagne (RFA et RDA) le 3 octobre 1990. Le 3 octobre est aujourd'hui la fête nationale allemande (Tag der Deutschen Einheit, « jour de l'unité allemande »).

Les télévisions du monde entier relaient l'événement extraordinaire qu'est l'ouverture du Mur. Elles le décrivent comme un symbole de paix, de retour à la liberté et de communion du peuple allemand. Les diplomates eux évaluent les conséquences de la chute du Mur. La diplomatie française fait une erreur de jugement importante. Les diplomates et responsables politiques français pensent que l'URSS ne laissera pas la RDA s'unir à la RFA. François Mitterrand effectue une visite officielle en RDA, du 20 au 22 décembre 1989. Au cours d'un dîner officiel, il déclare même : « République démocratique d'Allemagne et France, nous avons encore beaucoup à faire ensemble »[32]. Les dirigeants ouest-allemands sont surpris et déçus de l'attitude de la France. La réaction américaine est totalement différente. L'ambassadeur américain à Bonn, Vernon Walters, comprend immédiatement que la chute du Mur ne peut avoir pour seule conséquence que la réunification. Il parvient à convaincre George Bush que l'intérêt des États-Unis est d'accompagner le mouvement pour obtenir des conditions qui leur conviennent plutôt que de s'opposer à la réunification allemande[33]. Helmut Kohl a mené une politique de rapprochement avec l'URSS de Gorbatchev depuis 1988. Le premier secrétaire du parti communiste soviétique prône un rapprochement entre les deux Allemagne mais il ne songe pas à une réunification. Aussi, l'ouverture du Mur de Berlin provoque-t-elle son mécontentement. Moyennant quelques concessions à l’URSS et un crédit de cinq milliards de marks, Helmut Kohl arrive à ses fins[19].

La seconde conséquence de l'ouverture du Mur est la désagrégation de l’empire soviétique. À Prague, la Révolution de Velours (17-18 novembre 1989) met fin au communisme. En Bulgarie, le stalinien Todor Jivkov doit accepter son remplacement par un communiste plus ouvert, Petar Mladenov. En Roumanie, Ceausescu est éliminé plus violemment en 1989. En Union soviétique, les États baltes proclament leur indépendance en mars et mai 1990. La destruction du Mur signifie la fin d'une Europe coupée en deux[19].

Anatomie des installations le long de la frontière

Construction des installations frontalières

Photographie du Mur côté Ouest et du no man's land en 1986

Le Mur, long de 140 kilomètres (dont 43,1 km sur sa longueur intraberlinoise) venait en complément des 1 393 kilomètres de la longue frontière RFA-RDA et, dans une moindre mesure, des frontières Ouest des pays du Pacte de Varsovie, le tout donnant un visage palpable au fameux rideau de fer. Il coupait 193 rues principales et adjacentes[34]. Comme le reste de la frontière des deux Allemagne, le Mur de Berlin était pourvu d'un système très complet de fils de fer barbelés, de fossés, de pièges à tank, de chemins de ronde et de miradors. Au début des années 1980, la frontière ne mobilisait pas moins de mille chiens de garde. Le système se perfectionnait d'année en année. En particulier, les maisons proches du Mur étaient progressivement vidées de leurs habitants puis murées. Ce processus dura jusqu'au 28 janvier 1985, avec la démolition de l'Église de la Réconciliation dans la Bernauer Straße. Une trouée claire comme le jour divise alors un Berlin autrefois dense et sombre.

Dans leur état final, qui ne vit le jour à bien des endroits qu'à la fin des années 1980, les installations frontalières consistaient en :

  • un mur de béton d'arrière-plan haut de deux ou trois mètres ;
  • une alarme à détection de contact au sol ;
  • une barrière de contact en tôle métallique, plus haute qu'un homme, tendue de fil de fer barbelé et de fils de détection par contact ;
  • jusqu'à l'ouverture de la frontière en 1989, il y avait en outre sur certaines parties des pistes pour chiens (redoutables bergers et similaires, libres de courir attachés à un filin), des fossés de défense contre les véhicules, et des défenses antichar (chevaux de Frise) en rails soudés en croix, qui coûtèrent à l'Allemagne des milliards de marks pour leur démolition[réf. nécessaire] ;
  • un chemin de ronde (éclairé de nuit) pour l'accès aux postes de garde et la circulation des colonnes militaires ;
  • des miradors (en tout 302 en 1989), équipés de projecteurs de recherche, en vue des postes frontières le jour, et avec un renfort de soldats la nuit ;
  • des pistes de contrôle (KS) ou « pistes de la mort », toujours hersées de frais, pour détecter les traces, et qui ne devaient pas être piétinées sans motif par les soldats ;
  • des barrières de tôle supplémentaires (en partie) dépassant la hauteur d'un homme et à travers lesquelles on ne pouvait voir qu'en oblique ;
  • le mur ou la paroi frontière proprement dite, vers Berlin-Ouest, en parpaings (en partie en béton roulé, censé ne pas donner de prise pour l'escalade), de 3,60 mètres de haut ;
  • par devant, encore quelques mètres du territoire sous l'autorité de la RDA.

La largeur totale de ces installations dépendait de la densité des maisons près de la frontière et allait environ de 30 à 500 mètres sur la Postdamer Platz. On ne construisit pas de champs de mines ni d'installations de tir automatique au voisinage du Mur contrairement à la frontière allemande intérieure (mais ce point ne fut pas connu en général en RDA).

Le détail de ces installations – désignées en interne par les troupes frontalières comme « zone d'action » – était placé sous secret militaire et donc mal connu des citoyens de la RDA. Les soldats détachés à la frontière devaient garder le silence. Comme nul ne savait exactement quel espion de la Stasi pouvait faire un rapport sur un bavardage inconséquent, tous s'astreignaient fermement au silence. Quiconque s'intéressait de trop près aux installations frontalières risquait pour le moins d'être arrêté et mené au poste de police pour contrôle d'identité. Cela pouvait déboucher sur une condamnation à la prison pour planification de tentative d'évasion. La zone à proximité immédiate de la frontière avec Berlin-Est était interdite sauf sur autorisation spéciale.

Les frontières aquatiques

Pan du Mur de Berlin, conservé au Mémorial pour la paix de Caen

La frontière extérieure de la ville de Berlin-Ouest croisait à de nombreux endroits des voies navigables. Le tracé de la frontière avait été matérialisé par le Sénat de Berlin-Ouest par des lignes de bouées blanches portant l'inscription Sektorengrenze (limite de secteur). Les bateaux de tourisme ou de sport naviguant dans Berlin-Ouest devaient respecter les limites du secteur ainsi marquées par les bouées. Du côté RDA, des bateaux des troupes frontalières patrouillaient à l'occasion.

Les fortifications frontalières de la RDA se trouvaient toujours sur la rive du côté de la RDA, ce qui imposait des détours parfois importants, et qui « emmurait » les rives de plusieurs lacs de la Havel. Le plus grand détour se trouvait sur le lac Jungfern, où le Mur se trouvait jusqu'à deux kilomètres du tracé réel de la frontière. En plusieurs endroits, la bande frontalière passait à travers d'anciennes pièces d'eau et les rendait inutilisables pour les habitants, comme sur la rive Ouest du lac de Groß-Glienicke et sur la rive Sud du lac Griebnitz.

Sur les cours d'eau de la frontière intérieure, la frontière passait partout le long de la rive Ouest ou Est de sorte qu'aucun marquage du tracé de la frontière ne s'y trouvait dans l'eau. Le véritable Mur y était toujours sur la rive Est. Cependant, les cours d'eau appartenant à Berlin-Est étaient toujours surveillés.

Sur les canaux et rivières affluents, la situation devenait parfois inextricable. Bien des nageurs et des bateaux de Berlin-Ouest se sont trouvés par mégarde ou légèreté en territoire est-berlinois et ont essuyé des tirs qui ont fait plusieurs morts.

En quelques endroits sur la Spree, il y avait des barrières immergées contre les nageurs. Pour les fugitifs, il n'était pas évident de savoir quand ils atteignaient Berlin-Ouest et ils couraient encore le risque d'être abattus après avoir dépassé les limites du Mur.

Formation et équipement des gardes-frontières

Ancien mirador sur la frontière Schlesischer Busch, 2005

Les soldats à la frontière est-allemande avaient l'« ordre de tirer », c'est-à-dire l'obligation d'empêcher les tentatives d'évasion par tous les moyens, même au risque de la mort du fugitif. Ramenés à la longueur de la frontière, on peut même dire qu'il y eut beaucoup plus de morts à Berlin qu'en moyenne sur le reste du Mur. Lors des grands jours fériés ou de visites d'État, l'ordre de tirer était parfois suspendu, pour éviter les répercussions négatives dans la presse de l'Ouest. Des découvertes récentes ont mis en lumière la responsabilité de l'État est-allemand dans les exécutions de fugitifs. En octobre 1973, un ordre est adressé aux agents de la Stasi infiltrés dans les unités de gardes-frontières. Ceux-ci doivent empêcher que des soldats ne passent à l'Ouest. L'ordre est très clair : « N'hésitez pas à faire usage de votre arme, même si la violation de la frontière concerne des femmes et des enfants, ce qui est une stratégie souvent utilisée par les traîtres »[35],[36].

Selon les indications du Ministère de la Sécurité d'État, les troupes de gardes-frontières de Berlin comprenaient, 11 500 soldats et 500 civils, au printemps 1989.

Outre les unités affectées au commandement du GK-centre, au siège de Berlin-Karlshorst, (environ 1 000 agents), la sécurité frontalière était assurée par sept régiments de gardes-frontières (GR), à Treptow, Pankow, Rummelsburg, Hennigsdorf, Groß-Glienicke, Potsdam-Babelsberg et Kleinmachnow, ainsi que deux régiments frontaliers de formation à Wilhelmshagen et à Oranienburg.

Chaque régiment comprenait cinq compagnies commandées directement avec le support d'un groupe de génie, de transmissions, du train, une batterie de mortiers et une d'artillerie, un groupe de reconnaissance et un de lance-flammes ainsi qu'une meute de chiens de garde et, en cas de besoin, une compagnie de bateaux et des compagnies de sécurité pour les points de passage.

Au total, à la frontière « centre », il y avait 567 véhicules blindés de tir, 48 mortiers, 48 canons antichars, 114 lance-flammes. En outre, il y avait 156 chars ou appareils lourds du génie et 2 295 véhicules à moteur (motos, voitures et camions). Dans la dotation figuraient également 992 chiens.

Dans un jour calendaire normal, environ 2 300 agents étaient engagés dans la zone d'action et l'espace voisin.

La sécurité renforcée découlait de circonstances particulières comme des sommets politiques ou une météo difficile (brouillard, neige). Dans certains cas, l'effectif engagé était encore augmenté de 200 à 300 agents supplémentaires.

Points de passage

Point de passage sur Liesenstraße/Gartenstraße, 1980

Il y avait 25 postes de passage à travers le Mur : treize par la route, quatre par voie ferrée et huit par voie d'eau, ce qui représentait 60% du total des passages entre RDA, et RFA ou Berlin-Ouest. Les points de passage étaient fortement équipés du côté RDA. Ceux qui désiraient passer devaient s'attendre à des contrôles très stricts, multiples et successifs de la part des douaniers et des services d'émigration et d'immigration ; cependant les formalités se déroulaient de façon ostensiblement correcte. Les véhicules étaient fouillés de manière particulièrement minutieuse (ouverture du coffre, du capot moteur, examen des sièges, passage au-dessus de miroir pour examen du châssis). Les formalités ne permettaient qu'un trafic très réduit.

Le transit par moyens de transports terrestres entre l'Allemagne de l'Ouest et Berlin-Ouest, à travers le territoire de la RDA également soumis à des restrictions draconiennes :

  • Le transit ferroviaire imposait aux trains venant de l’Ouest et circulant sur trois axes pré-définis de ne pas s’arrêter en territoire est-allemand.
  • Le transit routier se faisait par trois « autoroutes de transit », sur lesquelles les conducteurs occidentaux ne pouvaient s’arrêter que sur des aires de repos ou des stations-services réparties sur ces axes et qui leur étaient spécialement réservées. Celles-ci étaient équipés de magasins d’États qui offraient des produits occidentaux payables en Deutsche Mark (ces endroits étaient donc théoriquement interdits aux Allemands de l’Est).
  • Les rapports entre citoyens de la RDA et les voyageurs occidentaux en transit furent prohibés. Il était donc fortement déconseillé de laisser traîner dans les lieux publics toutes sortes de publication (livres, brochures, revues, magazines, cassettes audio ou vidéo, etc.) ou d’offrir le moindre cadeau à un citoyen est-allemand.

Malgré toutes ces précautions, il s'avéra par la suite qu'il existait cependant des passages secrets sous le Mur, utilisés à l'occasion, souterrains creusés aussi bien par les services secrets de RDA que par des passeurs.

Du côté Ouest, on franchissait des postes de police et de douane mais les simples personnes n'étaient en général pas contrôlées. Ce n'est que pour les passages en transit que les voyageurs étaient contrôlés de façon statistique (demande de la destination), et à l'occasion, contrôlés plus étroitement, notamment s'il y avait quelque soupçon d'un motif de poursuites (recherche restreinte).

Le trafic de marchandises vers l'étranger était soumis au contrôle douanier, tandis que vers la RFA, on ne faisait que des enquêtes statistiques. Les policiers ouest-allemands et des patrouilles alliées faisaient des rapports sur les activités suspectes, afin d'éviter au mieux une infiltration d'espions de l'Est.

Les forces d'occupation alliées avaient installé pour les officiels des points de contrôle au Checkpoint Bravo (Dreilinden) et au Checkpoint Charlie (Friedrichstrasse) mais ceci n'avait aucune influence sur le trafic des voyageurs et des visiteurs.

Lors de l'unification monétaire de l'Allemagne, le 1er juillet 1990, tous les postes frontières furent abandonnés : seules quelques installations restèrent érigées en guise de mémorial.

Victimes et tireurs

Un nombre de victimes incertain

Mémorial dédié aux victimes du Mur près de Checkpoint Charlie

Le nombre exact des victimes du Mur fait l'objet de controverses : il est en effet difficile à évaluer car les nouvelles victimes étaient passées sous silence en RDA. D'après des recherches de la collectivité berlinoise de travailleurs « Collectif du 13 août », 1 135 personnes y ont laissé la vie. La Staatsanwaltschaft (bureau du Procureur général) de Berlin en a dénombré 270 où on a pu démontrer un acte de violence de la RDA. Le Zentrale Ermittlungsgruppe für Regierungs- und Vereinigungskriminalität (Groupe de recherches central sur la criminalité du gouvernement et de la réunification) ne recense que 421 morts susceptibles d'être imputées aux forces armées de la RDA. D'autres sources indiquent 125 morts à Berlin[36].

Les premières balles mortelles sont tirées par la police de la route le 24 août 1961 sur Günter Litfin[37] (24 ans) près de la gare de Friedrichstraße, onze jours après la fermeture de la frontière, au cours d'une tentative d'évasion. Le 17 août 1962, Peter Fechter (18 ans) perd tout son sang sur la « piste de la mort ». En 1966, deux enfants de 10 et 13 ans sont abattus par au total quarante balles.

Chris Gueffroy est la dernière victime du Mur, le 6 février 1989[37].

Des estimations parlent de 75 000 hommes et femmes condamnés jusqu'à deux ans de prison en tant que « déserteurs de la république ». La peine dépassait en général cinq ans si le fugitif dégradait les installations frontalières, était armé, soldat ou détenteur de secrets.

Parmi les victimes du Mur figurent aussi quelques soldats. Le cas le plus connu est sans doute celui du soldat Reinhold Huhn, abattu par un passeur[38]. Du pain béni pour la propagande de la RDA et une justification a posteriori de la construction du Mur.

Le procès des soldats-tireurs

Graffiti d'une Trabant passant le Mur de Berlin

Une série de procès a duré jusqu'au printemps 2004 pour savoir qui portait la responsabilité juridique d'avoir donné l'ordre de tirer sur les fugitifs. Parmi les accusés figuraient entre autres le président du Conseil d'État Erich Honecker, son successeur Egon Krenz, les membres du Conseil national de défense Erich Mielke, Willi Stoph, Heinz Keßler, Fritz Streletz et Hans Albrecht, le chef du SED pour le district de Suhl et quelques généraux comme Klaus-Dieter Baumgarten, général de corps d'armée commandant les troupes frontalières de 1979 à 1990. Ce procès a suscité une vive controverse en Allemagne, bon nombre d'accusés faisant valoir que leurs actes, à l'époque, ne constituaient pas des crimes au regard du droit est-allemand. Ils accusent les tribunaux actuels de pratiquer la « justice des vainqueurs »[39].

Les tireurs exécutants étaient recrutés en grande partie dans la NVA (Armée nationale populaire) ou dans les troupes frontalières. Parmi les accusés, 35 furent acquittés, 44 condamnés avec sursis et mise à l'épreuve et 11 à une peine ferme : entre autres Albrecht, Streletz, Keßler et Baumgarten (de quatre ans et demi à six ans et demi de prison). Le dernier dirigeant communiste de la RDA, Egon Krenz, a été condamné en 1997 à une peine de six ans et demi de prison pour la mort de quatre personnes le long du Mur de Berlin dans les années 1980[39]. En août 2004, le tribunal de Berlin condamne deux ex-membres du Politbüro avec sursis et mise à l'épreuve. Le dernier procès des tireurs du Mur se termine par une condamnation le 9 novembre 2004, quinze ans jour pour jour après la chute du Mur de Berlin.

Le Mur aujourd'hui

En souvenir des victimes du Mur de Berlin, divers mémoriaux de types très différents ont été construits. Outre les petites croix ou autres signes, avant tout érigées en mémoire de fugitifs abattus, souvent d'initiative privée, et que l'on trouve en divers endroits de l'ex-frontière, un ensemble de lieux de souvenir plus importants a été créé.

Il y a toujours eu des controverses sur le style des monuments, comme par exemple à la fin des années 1990 à propos du mémorial de la Bernauerstraße. Pour l'instant, le paroxysme des débats publics a été atteint à propos du « monument de la Liberté », construit à proximité du Checkpoint Charlie, puis démoli. Le sénat de Berlin, pour contrer le reproche qui lui était fait de ne pas avoir de politique précise, proposa une politique au printemps 2005.

Le tracé historique du Mur de Berlin est marqué au sol par une double rangée de pavés et des plaques en fonte portant l’inscription Berliner Mauer 1961-1989. Il existe un parcours historique du Mur de 29 étapes avec des illustrations et des explications en quatre langues sur les événements qui s’y sont déroulés[40].

Le musée du Mur au Checkpoint Charlie

Checkpoint Charlie en 2005

Le musée du Mur au Checkpoint Charlie est ouvert depuis 1963 juste en face de la frontière par l'historien Rainer Hildebrandt. Il est exploité par le Collectif du 13 août. C'est l'un des musées de Berlin les plus visités. Il montre le système de sécurité du Mur et relate les tentatives de fuite réussies, avec leurs moyens tels que montgolfières, autos, téléphériques, ULM bricolé, coffre de voiture, valise et même un mini sous-marin. Checkpoint Charlie est devenu, lui, un lieu folklorique. Le célèbre panneau qui y figurait - « You are leaving the american sector », « vous quittez le secteur américain » est représenté sur d’innombrables cartes postales[41].

Ensemble mémorial du Mur de Berlin dans la Bernauer Straße

Depuis la fin des années 1990, il y a dans la Bernauer Straße, à la limite des anciens districts de Wedding et du Centre, un ensemble mémorial du Mur de Berlin. Il comprend le mémorial du Mur de Berlin, le centre de documentation ainsi que la chapelle de la Réconciliation

Le Mémorial issu d'un concours fédéral d'architecture a été inauguré, après de longues et vigoureuses discussions, le 13 août 1998. Il présente un fragment du Mur reconstruit sur place selon une interprétation d'artiste.

Le centre documentaire fut ouvert le 9 novembre 1999. Il a été complété en 2003 par une tour d'observation qui permet de bien voir les installations du Mur du Mémorial. Outre une exposition (ouverte depuis 2001 sous le titre Berlin, 13 août 1961), on peut y trouver diverses possibilités d'information sur l'histoire du Mur.

La chapelle de la Réconciliation de la paroisse évangélique de la Réconciliation a été inaugurée le 9 novembre 2000. C'est un bâtiment circulaire en torchis, construit sur les fondations du chœur de l'église de la Réconciliation, située sur la « piste de la mort » et démolie en 1985.

Enfin, le « Mille historique du Mur de Berlin » est une exposition permanente en quatre langues, consistant en 21 panneaux d'information. Ceux-ci sont répartis le long du tracé de la frontière intérieure et présentent des photographies et des textes se référant à des événements, comme des fuites qui se sont produits à l'endroit même où sont placés les panneaux.

Article détaillé : Gedenkstatte Berliner Mauer.

Destruction et restes du Mur

Fragment du Mur de Berlin devant le parlement européen, à Bruxelles

Il ne reste plus grand-chose du Mur aujourd'hui. Les chasseurs de souvenirs, désignés dans le langage populaire par Mauerspecht (soit « pic de mur »), se sont arrachés les fragments, donnant naissance à un véritable marché noir. Même la CIA s'est approprié un morceau du Mur artistiquement décoré pour son nouveau bâtiment dans son fort de Langley. Entre la fin 1989 et le début de l'année 1990, le Mur est démantelé à raison de cent mètres en moyenne par nuit. La RDA s'efforce ensuite de démonter le plus vite et le plus complètement possible les installations[2]. À partir du 13 juin 1990, 300 gardes-frontières de l'Est et 600 sapeurs de l'Ouest, 175 camions, 65 grues, 55 pelleteuses et 13 bulldozers y ont été affectés. Le Mur a disparu du centre-ville en novembre 1990, le reste en novembre 1991. Au total, il a été physiquement détruit à peu près partout, à l'exception de six sections, conservées en souvenir.

Fragment du Mur au Centre de commerce mondial, à Montréal

Il y a un morceau du Mur de Berlin dans la ville de Fátima au Portugal, plus précisément dans le sanctuaire de Notre-Dame de Fátima[42]. Le reste le plus connu du Mur, l'East Side Gallery, est situé le long de la Spree, entre la gare de l'Est et le pont de l'Oberbaum qui enjambe la Spree. Il mesure 1,3 km[43]. Il a été peint par 118 artistes du monde entier, tel Thierry Noir ou Dmitrij Vrubel et comporte 106 peintures murales. Classé monument historique, il tombe aujourd'hui en ruine. De ce fait, la ville de Berlin a alloué une subvention pour permettre sa reconstruction à l'identique. Les artistes ont accepté de repeindre leur œuvre sur un nouveau Mur[44].

Un autre fragment du Mur (réel) se trouve le long de la Niederkirchnerstraße, dans le district centre, à proximité de la chambre des députés de Berlin. Il a aussi été classé monument historique en 1990. Par contre, les installations frontalières du mémorial du Mur de la Bernauer Straße ont été reconstruites.

Marquage commémoratif du tracé du Mur le long du pont Lohmühlenbrücke

Cinq des 302 miradors subsistent :

  • l'un est transformé en « musée de l'art interdit » à Treptow, près de l'allée Pouchkine, dans une partie de la piste transformée en parc ;
  • dans la Kielerstraße dans le district Centre. Le mirador est classé, mais a été entouré sur trois côtés de constructions récentes ;
  • sur la Stresemannstraße, près de la Postdamer Platz dans le même district. Ce mirador, bien plus élancé que les autres, a été déplacé pour permettre des constructions et n'est donc plus à sa place originelle ;
  • au sud de Nieder-Neuendorf, hameau de Hennigsdorf, dans l'exposition permanente sur les installations militaires de la frontière RFA-RDA ;
  • à Hohen-Neuendorf. Ce mirador se trouve dans une partie nouvellement boisée du tracé de la piste. Il est utilisé avec le bois qui l'entoure par la « Jeunesse forestière allemande ».

Organisation de l'espace urbain berlinois après la chute du Mur

La chute du Mur a changé considérablement le trafic de l'agglomération. On circule sans problème d'est en ouest sur des réseaux métropolitain, ferroviaire et de bus totalement modernisés au cours des années 1990[2]. La bande frontière se reconnaît encore bien aujourd'hui par les grands espaces vides, comme sur des parties de la Bernauer Straße ou le long de la Vieille Jakobstraße. La large trouée entre les deux ex-Murs s'appelle actuellement la « piste des Murs ». Dans ce centre ville précédemment densément construit, cette piste a pour sa plus grande partie été convertie en espaces d'utilité publique. Il comporte également des parcs et des lieux commémoratifs du Mur[40]. C'est aussi dans l'ancien no man's land que la nouvelle gare centrale a été inaugurée le vendredi 26 mai 2006[45]. La Potsdamer Platz, cœur du Berlin chic et bourgeois d'avant guerre et devenue un vaste terrain en friche, au cœur du no man's land, symbolise le désir de retrouver l'unité de la ville. Sa reconstruction est en passe d'être achevée. Les immeubles construits par Renzo Piano, Richard Rogers et Helmut Jahn frappent par leur élégance et offrent un remarquable échantillonnage d'architecture contemporaine. La semaine, les salariés des bureaux et les ouvriers des chantiers y côtoient les touristes. Le week-end, la Potsdamer Platz est déjà l'un des lieux les plus fréquentés de Berlin[46].

Pourtant, le Mur, c'est-à-dire le clivage entre Berlin-Ouest et Berlin-Est, est toujours là. À l'Ouest, les autorités ont tenu à préserver des marques du passé nazi de la ville comme la ruine de l'église commémorative de l'empereur Guillaume (Kaiser Wilhelm), surnommée « dent creuse » par les Berlinois. Le Reichstag, incendié en 1933 et devenu une ruine en 1945, n'a pas été reconstruit entièrement à l'identique. La coupole en verre conçue par Norman Foster symbolise la démocratie allemande qui se veut résolument transparente. À l'Est, la RDA n'a laissé subsister aucun trait du nazisme. Aujourd'hui, ce passé est rappelé dans le quartier juif où la synagogue a été reconstruite[2].

Sur le plan architectural, les deux parties de la ville sont également très différentes. Berlin-Ouest comporte de vastes espaces de campagne car son enclavement passé dans la RDA a été un puissant frein à son expansion démographique et économique. En revanche, la RDA, dont Berlin était la capitale, a voulu faire de la ville une vitrine du socialisme avec l'Alexanderplatz et par la construction de banlieues « grandiosement répétitives ». La statuaire socialiste est toujours présente de ci, de là à Berlin-Est avec Marx, Lénine, la faucille et le marteau. Le palais de la république des années 1950, construit à la place de l'ancien palais impérial détruit en 1950 sur l'ordre de Walter Ulbricht, rappelle aussi le temps du régime communiste[2]. Il est toutefois à son tour en voie de destruction.

La partition de la ville avait fait perdre à Berlin sa place de grande métropole industrielle. Depuis la chute du Mur, le développement économique de Berlin reste modeste et inférieur aux espoirs. L'île des musées, anciennement à Berlin-Est, est devenue un haut lieu touristique mais les commerces ne se sont pas développés autour. Il n'y a même pas de kiosques à journaux. En revanche, un marché périodique vous propose essentiellement tous les restes de la période socialiste (insignes militaires, sculptures miniatures de Lénine)[2].

Le Mur de Berlin laisse donc dans l'histoire architecturale, économique, comportementale, démographique des traces certaines malgré les milliards d'euros dépensés pour relever Berlin depuis 1989 et bien que la ville exerce de nouveau la fonction de capitale de l'Allemagne.

Survol en hélicoptère

Au printemps 1990, un hélicoptère de type MI-8 survole pour la première fois à 50 mètres d'altitude tout le côté Est du Mur depuis Potsdam jusqu'au point de passage de la Bornholmer Strasse. Un caméraman filme le début de la destruction du Mur de Berlin avec notamment l'abattage des miradors.

20ème anniversaire de la chute du Mur

A l’occasion du 20ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin, Little Big Galerie Paris présente l'exposition «Décime-moi un mur» du photographe et performer Fabien Monsinjon, du 9 octobre au 9 novembre 2009 à Paris.

Sur toute la longueur de la galerie, Fabien Monsinjon a déployé une photographie de 36cm de hauteur. Reconstitution du Mur à l’échelle 1/10ème, cette installation est un assemblage de fragments photographiques prélevés le long de l’ancien tracé en 2009. Il a en effet parcouru à pied les 43km de la portion « intramuros », celle qui séparait Berlin Ouest de Berlin Est, prélevant la matière (graffitis, friches, bâtiments, signes commemoratifs...) qui lui sert ensuite à recomposer des paysages imaginaires.

L'installation sera démolie en public le 9 novembre, 20 ans après la chute du Mur de Berlin, et les fragments photographiques offerts aux visiteurs.

Le Mur dans la culture, les œuvres littéraires et cinématographiques

Le Mur au cinéma

  • Allemagne Terminus Est (Deutschland Terminus Ost) sorti en 1965 et réalisé par le Belge Frans Buyens est un documentaire de cinéma-vérité à propos de la construction du mur de Berlin[47].
  • Les Années du mur sorti en 1995 et réalisé par Margarethe von Trotta raconte l'histoire d'un couple séparé en 1961 lors de sa fuite vers Berlin-Ouest. Le 9 novembre 1989, vingt-sept ans après leur séparation, ils se croisent au milieu de Berlinois en liesse[48].
  • Le Tunnel sorti en 2001 et réalisé par Roland Suso Richter raconte l'histoire d'un champion est-allemand qui passe à l'ouest alors que le Mur de Berlin est en construction et tente d'y faire venir sa sœur. Le film est inspiré de la vie d'Hasso Herschel qui creuse avec ses amis une galerie de 145 mètres de long pendant près de 6 mois dans le secteur français de Berlin. Cela permet à 28 personnes de fuir Berlin-Est[49].
  • Good Bye, Lenin! sorti en septembre 2003 et réalisé par Wolfgang Becker, évoque la chute du Mur et les changements importants qui se sont produits dans les jours et les semaines qui ont suivi : une forme de liesse mais aussi une importante perte de repères pour ceux de la RDA (les Ossis).
  • La Vie des autres (Das Leben der anderen) sorti en janvier 2007 et réalisé par Florian Henckel von Donnersmarck raconte comment les dirigeants de la RDA utilisent dans les années 1980, la Stasi pour leurs fins personnelles.
  • Le Perroquet rouge (Der Rote Kakadu) sorti en février 2006 et réalisé par Dominik Graf, raconte l'histoire de jeunes Allemands de l'Est qui rêvent de liberté. Ceux-ci se retrouvent dans un bar, 'Le perroquet rouge', où ils écoutent du rock venant des États-Unis. Ils sont bien sûr contrôlés de nombreuses fois par la Stasi. Le film se déroule en 1961, avant et le jour de la construction du mur.
  • D'un mur l'autre - de Berlin à Ceuta est un film documentaire produit en 2008, réalisé par Patric Jean.

Le Mur dans la littérature

Le Mur dans la musique

  • Le jour de la chute du mur de Berlin, Mstislav Rostropovitch improvisa un concert de violoncelle sur une chaise, devant le mur. Cette prestation a été immortalisée par de nombreuses télévisions internationales.
  • L'album Les Aventures de Simon et Gunther (1977), de Daniel Balavoine, met en scène deux frères allemands, l'un vivant à Berlin-Ouest, l'autre à Berlin-Est, leur séparation forcée au moment de la construction du Mur, et leur tentative de se retrouver.
  • Le concept album de Lou Reed Berlin utilise le mur de Berlin comme métaphore des relations du couple au centre de l'album.
  • Berlin ce jour-là, paroles et musique de Salvatore Adamo. Une composition qui est un chef-d'œuvre, un hymne à la liberté, au rapprochement des êtres, à l'ouverture d'un nouvel horizon rempli d'espoirs, d'amour, d'amitié, de joies et de bonheurs, après tant de si lourdes années d'un joug à la pensée unique.

Le Mur au théâtre

  • Berlin, 9 novembre, de Pierre Bourgeade, pré-mise en scène de Kai Woly Wolters, Rheinische Landestheater, Neuss, 1999. Publication : Paris, L'Avant-scène théâtre, 2002, 62 p. (Collection des Quatre-vents). ISBN 2-907468-86-3

Anecdotes

Un morceau du Mur fourni avec un certificat d'authenticité.
  • Près de la Burgfrauenstraße, le Mur suivait un tracé absurde en forme de bec de canard. Voir aussi la carte.
  • Le parti satirique Die PARTEI fait figurer dans son programme électoral la reconstruction du Mur.
  • Pink Floyd, célèbre groupe de rock psychédélique, sortit en 1979 un album nommé The Wall décrivant un Mur psychologique. L'album, qui avait été enregistré en partie à Berlin, a fait l'objet d'un concert de Roger Waters, l'ex-bassiste du groupe, en 1990 en plein dans l'ex-no man's land[56]. La presse souligna le contexte historique, ce qui avait été évidemment voulu pour le marketing.
  • Le 1er juillet 1988, à la suite d'un échange territorial, des parties du « triangle de Lenné » passèrent du côté de Berlin-Ouest. Quelques Berlinois de l'Ouest qui y résidaient comme en domaine extraterritorial, échappèrent à la police de l'Ouest en franchissant le Mur vers l'Est.
  • De nos jours, de nombreux musées vendent des morceaux du Mur de Berlin. Cependant, il n'existe plus de traces matérielles qui n'aient pas encore été vendues ou qui ne soient pas conservées dans un musée. Les pièces de Mur vendues actuellement sont tout simplement des faux.[réf. nécessaire] De tels morceaux ont été offerts dans l'édition collector du jeu World in Conflict.

Notes et références

  1. Vocable désignant précisément le Mur de Berlin, alors que le vocable utilisé pour caractériser la frontière entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est entre 1947 et 1989 était « rideau de fer ».
  2. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j  et k Gérard-François Dumont (université de Paris-Sorbonne), « Le Mur de Berlin dans l'Histoire » sur Herodote.net. Consulté le 21 août 2007
  3. a , b  et c Rita Thalmann, article Histoire de l'Allemagne, la République démocratique allemande, Encyclopædia Universalis, DVD, 2007
  4. André Fontaine, article « Guerre froide », Encyclopædia Universalis, DVD, 2007.
  5. Anne-Marie Le Gloannec, Un mur à Berlin, page 47 et suivantes.
  6. André Fontaine dans Histoire de la guerre froide, tome 2, p. 348 fait état de « près de 3 millions » ; le site Berlin.de écrit lui qu'entre 1945 et 1961, près de 3,6 millions d’Allemands quittèrent la zone d’occupation soviétique et Berlin-Est. Enfin Jean-François Soulet écrit : Aussi, de 1950 à 1961, 2 609 321 personnes avaient quitté la RDA pour se réfugier en RFA dans [1]
  7. Jean-François Soulet, La "question allemande" et la désintégration de l'empire soviétique est-européen, les Cahiers d'histoire immédiate, n°15, pp. 259-274
  8. Interview menée par Annamarie Doherr, correspondante à Berlin pour le Frankfurter Rundschau, 15 juin 1961. Original disponible sur le site (de) Chronik der Mauer
  9. Ich verstehe Ihre Frage so, dass es Menschen in Westdeutschland gibt, die wünschen, dass wir die Bauarbeiter der Hauptstadt der DDR mobilisieren, um eine Mauer aufzurichten, ja ? Mir ist nicht bekannt, dass eine solche Absicht besteht ; da sich die Bauarbeiter in der Hauptstadt hauptsächlich mit Wohnungsbau beschäftigen und ihre Arbeitskraft voll eingesetzt wird. Niemand hat die Absicht, eine Mauer zu errichten!
  10. Décret de l’Allemagne de l’Est relatif à Berlin (12 août 1961)
  11. Déclaration des pays membres du Pacte de Varsovie (13 août 1961)
  12. a , b , c , d  et e La construction du Mur sur Berlin.de. Consulté le 21 août 2001
  13. Note de protestation des commandants des secteurs occidentaux de Berlin (15 août 1961)
  14. Déclaration de Dean Rusk (13 août 1961)
  15. Note des États-Unis à l'Union soviétique et Note du gouvernement français à l'Union soviétique, 17 août 1961, protestant contre la fermeture de la frontière du secteur soviétique de Berlin.
  16. Pascal Boniface, La planète en état de guerre
  17. a  et b Potsdamer Platz et Leipziger Platz sur Berlin.de. Consulté le 21 août 2007
  18. Discours de John F. Kennedy sur la Rudoplh Wilde Platz
  19. a , b , c  et d Jean-François Soulet, La "question allemande" et la désintégration de l'empire soviétique est-européen, Cahiers d'histoire immédiate, n°15, 1999, pp. 259-274
  20. Henri Ménudier, article Berlin, Encyclopædia Universalis, DVD, 2007
  21. a  et b C'est le cas du général Vernon Walters, ambassadeur des États-Unis en République fédérale d'Allemagne de 1989 à 1991. Il raconte souvenirs sur la période sur le site Diploweb
  22. 7 000 Allemands de l'Est peuvent gagner la RFA après s'être réfugiés dans les ambassades de ces deux capitales : La chute du Mur de Berlin, écroulement d'un symbole
  23. 29e Conférence de la Société internationale de sociologie des religions, juillet 2007 à Leipzig, Allemagne
  24. Philippe Moreau Defarges, les relations internationales, T 2: les questions mondiales, Le Seuil, 2004, p. 37
  25. La chute du Mur de Berlin, écroulement d'un symbole
  26. Secrétaire du Comité central en charge des média en RDA
  27. Hans-Hermann Hertle, Katrin Elsner, Mein 9. November, éd. Nicolai, Berlin, 1999
  28. Olivier Compagnon, article chute du mur de Berlin (1989), Encyclopædia Universalis, DVD, 2007
  29. José Rovan raconte dans son livre Histoire de l'Allemagne (p. 838) que pendant l'été 1989, il avait répondu à la question sur l'éventualité d'une réunification, qu'il pensait qu'elle se ferait mais qu'il ne pouvait pas dire quand, dans six jours ou dans six ans
  30. Philippe Moreau Defarges, Les Relations internationales, T 1: les questions régionales, Le Seuil, 2003, p. 38.
  31. Philippe Moreau Defarges, 2003, p 38.
  32. La réunification allemande et les relations franco-allemandes, par Jacques Jessel, ministre plénipotentiaire honoraire
  33. Jacques Jessel, La Réunification allemande et les relations franco-allemandes
  34. Delphine Bour, « Ouverture et chute du Mur de Berlin » sur Site allemand de l'académie de Versailles, Académie de Versailles. Consulté le 21 août 2007
  35. LeMonde.fr, Découverte d'un document polémique sur le Mur de Berlin, 12.08.07
  36. a  et b Vincent Fertey, Les permis de tuer de la Stasi mis au grand jour, dans Le Figaro du 12-08-2007, [lire en ligne]
  37. a  et b Céline Figuière, A Berlin, le «permis de tuer» de la Stasi plombe la commémoration du Mur, Le Temps, 14 août 2007
  38. Au cours de l’été 1962, un tunnel est creusé par un fugitif vivant à Berlin-Ouest et souhaitant y faire venir sa famille. L’évasion réussit mais son passeur abattit le jeune sous-officier garde-frontière de 20 ans, Reinhold Huhn, qui tentait de s’interposer. Source : Berlin.de
  39. a  et b LeMonde.fr, Découverte d'un document polémique sur le Mur de Berlin, 12.08.07
  40. a  et b Le tracé du Mur dans Berlin sur Berlin.de. Consulté le 21 août 2001
  41. Marc Augé, Un ethnologue sur les traces du mur de Berlin, Le Monde diplomatique, août 2001
  42. Le mur de Berlin à Fátima , le 24 janvier 2009
  43. Lorraine Rossignol, Au nom de l'art, Berlin clone son Mur, Le Monde, 19 octobre 2007
  44. Lorraine Rossignol, Au nom de l'art, Berlin clone son Mur, Le Monde, 19 octobre 2007
  45. Antoine Jacob, Berlin s'offre une gare grandiose, Le Monde, 28.05.06
  46. Valérie Sobotka, Berlin aujourd'hui, Clio.fr
  47. Référence du film sur Cinéfiches. Consulté le 21 août 2007
  48. Référence du film sur Cinéfiches. Consulté le 21 août 2007
  49. Frédéric Gimello-Mesplomb, maître de conférences à l'université de Metz et l'Institut d'études politiques de Paris, « Le tunnel ». Consulté le 21 août 2007
  50. Peter Schneider (trad. Nicole Casanova), Le Sauteur de mur, Grasset coll. « Les cahiers rouges », Paris, 2000, 185 p. (ISBN 2-246-28772-3)
  51. Hugo Hamilton (trad. Marie-Claude Peugeot), Berlin sous la Baltique, Phébus coll. « Libretto », Paris, 2005, 268 p. (ISBN 2-7529-0042-2)
  52. Maurice G. Dantec, Villa Vortex, Gallimard, Paris, 2003, 824 p. (ISBN 2-07-075244-5)
  53. Martine-Marie Muller, L'Homme de la frontière, Robert Laffont, Paris, 2005, 155 p. (ISBN 2-221-10428-5)
  54. Ian McEwan (trad. Suzanne B. Mayoux), Les Chiens noirs, Gallimard coll. « Folio », Paris, 1996, 251 p. (ISBN 2-07-040113-8)
  55. Marc Levy, Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites, Robert Laffont, Paris, 2008, 426 p. (ISBN 2-22-111000-5)
  56. Biographie de Pink Floyd

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Berliner Mauer ».

Bibliographie

En français
  • Claude Quétel, Dictionnaire de la guerre froide (Larousse), Paris, 2008.
  • Arthur Schlesinger (trad. sous la dir. de Roland Mehl), Les Mille Jours de Kennedy, Denoël, Paris, 1966.
  • André Fontaine, Histoire de la guerre froide, de la guerre de Corée à la crise des alliances (1950-1963), Seuil, coll. « Points Histoire », Paris, 1983 (ISBN 2-02-006425-3).
  • Pierre Verluise, 20 ans après la chute du Mur. L'Europe recomposée, Préf. J.-D. Giuliani, Choiseul, 2009.
  • Anne-Marie Le Gloannec, Un mur à Berlin, Complexe, Bruxelles, 1985 (ISBN 2-87027-168-9)
  • Peter Schneider, L'Allemagne dans tous ses états, B. Grasset, Paris, 1991 (ISBN 2-246-44521-3).
  • Yvan Vanden Berghe (trad. 2e éd. par Serge Govaert), Un grand malentendu ? Une histoire de la guerre froide (1917-1990), Academia, Louvain-La-Neuve, cop. 1993, (ISBN 978-2-87209-201-7 et ISBN 2-87209-201-3)
  • Daniel Vernet Le Monde, Novembre 1989 : le mur de Berlin s'effondre, Seuil, Paris, 1999 (ISBN 2-02-038185-0).
  • Bernard Brigouleix, 1961-1989 : Berlin, les années du mur, Tallandier, Paris, 2001 (ISBN 2-235-02297-9).
  • Gilles Freissinier, La Chute du mur de Berlin à la télévision française : de l'événement à l'histoire (1961-2002), L'Harmattan, Paris, 2006 (ISBN 2-7475-9906-X).
  • Philippe Demenet, J'ai vécu le mur de Berlin, Bayard Jeunesse, Paris, 2007 (ISBN 978-2-7470-2248-4).
  • Alexandra Novosseloff, Franck Neisse, Des murs entre les hommes, La Documentation française, Paris, 2007 (ISBN 978-2-1100-6838-5).
En allemand
  • Thomas Scholze, Falk Blask, Halt! Grenzgebiet! — Leben im Schatten der Mauer [« Stop ! Zone frontière ! La Vie dans l'ombre du Mur »], Berlin, 1992 (ISBN 3861630303).
  • Thomas Flemming, Hagen Koch, Die Berliner Mauer - Geschichte eines politischen Bauwerks [« Le Mur de Berlin - histoire d'une construction politique »], Bebra Verlag, 2001 (ISBN 3-930863-88-X).
  • Hans-Herman Hertle, Konrad H. Jarausch et Christoph Kleßmann (dir.), Mauerbau und Mauerfall [« Construction et chute du Mur »], Links, Berlin, 2002 (ISBN 3861532646).
  • Peter Feist, Die Berliner Mauer [« Le Mur de Berlin »]. 4. Auflage. Kai Homilius Verlag, Berlin, 2004 (Der historische Ort, Nr. 38) (ISBN 3-931121-37-2) [présentation en ligne].
  • Joachim Mitdank, Berlin zwischen Ost und West. Erinnerungen eines Diplomaten [« Berlin entre Est et Ouest, souvenirs d'un diplomate »], Kai Homilius Verlag, Berlin, 2004 (Édition Zeitgeschichte - Band 14) (ISBN 3-89706-880-X) [présentation en ligne].
  • Axel Klausmeier, Leo Schmidt, Mauerreste - Mauerspuren [« Restes et traces du Mur »], Westkreuz-Verlag, Berlin/Bonn, 2004 (ISBN 3929592509).
En anglais
  • Rory MacLean, Stalin's Nose: Across the Face of Europe, HarperCollins, Londres, 1992 (ISBN 0-00-215871-X)

Filmographie

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