- Psaume 119 (118)
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Le psaume 119 (118 dans la numérotation de la Septante) est le plus long des psaumes ainsi que le plus long chapitre de la Bible. Il est désigné en latin par ses premiers mots, Beati immaculati in via. Son thème dominant est le respect de la Loi.
Sommaire
Texte
verset original hébreu[1] traduction française de Louis Segond[2] Vulgate[3] latine 1 אַשְׁרֵי תְמִימֵי-דָרֶךְ-- הַהֹלְכִים, בְּתוֹרַת יְהוָה Heureux ceux qui sont intègres dans leur voie, qui marchent selon la loi de l’Éternel ! Beati inmaculati in via qui ambulant in lege Domini 2 אַשְׁרֵי, נֹצְרֵי עֵדֹתָיו; בְּכָל-לֵב יִדְרְשׁוּהוּ Heureux ceux qui gardent ses préceptes, qui le cherchent de tout leur cœur, Beati qui scrutantur testimonia eius in toto corde exquirent eum 3 אַף, לֹא-פָעֲלוּ עַוְלָה; בִּדְרָכָיו הָלָכוּ Qui ne commettent point d’iniquité, et qui marchent dans ses voies ! Non enim qui operantur iniquitatem in viis eius ambulaverunt 4 אַתָּה, צִוִּיתָה פִקֻּדֶיךָ-- לִשְׁמֹר מְאֹד Tu as prescrit tes ordonnances, pour qu’on les observe avec soin. Tu mandasti mandata tua custodire nimis 5 אַחֲלַי, יִכֹּנוּ דְרָכָי-- לִשְׁמֹר חֻקֶּיךָ Puissent mes actions être bien réglées, afin que je garde tes statuts ! Utinam dirigantur viae meae ad custodiendas iustificationes tuas 6 אָז לֹא-אֵבוֹשׁ-- בְּהַבִּיטִי, אֶל-כָּל-מִצְוֹתֶיךָ Alors je ne rougirai point, à la vue de tous tes commandements. Tunc non confundar cum perspexero in omnibus mandatis tuis 7 אוֹדְךָ, בְּיֹשֶׁר לֵבָב-- בְּלָמְדִי, מִשְׁפְּטֵי צִדְקֶךָ Je te louerai dans la droiture de mon cœur, en apprenant les lois de ta justice. Confitebor tibi in directione cordis in eo quod didici iudicia iustitiae tuae 8 אֶת-חֻקֶּיךָ אֶשְׁמֹר; אַל-תַּעַזְבֵנִי עַד-מְאֹד Je veux garder tes statuts : ne m’abandonne pas entièrement ! Iustificationes tuas custodiam non me derelinquas usquequaque Structure
Le psaume 119 fait partie des quelques poèmes acrostiches que l'on trouve dans la Bible. Ses 176 versets sont divisés en 22 strophes, une pour chacun des 22 caractères que compte l'alphabet hébreu. Dans le texte hébreu, chacun des huit versets de chaque strophe commence par la même lettre hébraïque. Cette caractéristique n'a pas été maintenue dans le texte grec de la Septante puis dans le texte latin, si ce n'est que de nombreux manuscrits ont placé en tête de chaque strophe le nom de la lettre hébraïque correspondante (par exemple aleph pour la première strophe, tav pour la dernière)[4].
En raison de cette structure, le psaume 118/119 était une des principales occurrences de l'alphabet hébreu dans les textes de l'Occident médiéval et moderne[5].
Interprétations
Le caractère acrostiche du psaume 119 a donné lieu à diverses interprétations. Certains Pères chrétiens, parmi lesquels Ambroise de Milan, ont considéré que les lettres hébraïques étaient comme une sorte de titre et que leur signification symbolique juive indiquerait le thème général de la strophe. Eusèbe de Césarée associait également les lettres hébraïques à leur sens symbolique et, suivant en cela une tradition juive, les rassemblait en de petites sentences didactiques[6]. Jérôme de Stridon reprend à son compte cette interprétation[7].
Origène a exploité la notion d'alphabet en la croisant avec le thème du respect de la Loi, thème central dans le psaume 119 : selon lui, de la même manière que l'alphabet est le commencement de l'apprentissage humain, le respect de la Loi est le point de départ de tout enseignement religieux. Origène rapproche en outre le nombre des lettres hébraïques du nombre des livres canoniques de l'Ancien Testament : les 22 lettres sont une introduction au savoir comme les 22 livres inspirés sont une introduction à la connaissance de Dieu[8]. Une tradition de l'Église orthodoxe dit que c'est à l'aide de ce psaume que le roi David enseigna l'alphabet à son fils Salomon[9].
Hilaire de Poitiers fut probablement le premier auteur latin à avoir donné un commentaire exhaustif du psaume 119 (avant que ne s'y intéressent Ambroise de Milan et Augustin d'Hippone). Il reprend en partie les interprétations d'Origène, notamment sur les lettres de l'alphabet comme symbole des étapes qui mènent progressivement à la connaissance de Dieu. Hilaire commente le nombre de strophes mais aussi le nombre de versets de chaque strophe : pour lui, le chiffre huit est signe de sacralité et de perfection, notamment parce que c'est au huitième jour que le nouveau né reçoit le signe de la circoncision[10].
La présence de la notion de voie dans le premier verset du psaume (Beati immaculati in via qui ambulant in lege Domini) était propre à soulever l'intérêt des commentateurs chrétiens. Ceux-ci faisaient en effet le rapprochement avec l'Évangile de Jean[11] et considéraient la voie comme une allusion prophétique au Christ,
Bibliographie
Nombreux sont les auteurs qui ont commenté les psaumes. Voici quelques ouvrages parmi les plus connus, classés par ordre chronologique :
- Commentaires sur les psaumes, d’Hilaire de Poitiers, IVe siècle, Paris, Éditions du Cerf, 2008, collection sources chrétiennes n°515,
- Commentaires sur les psaumes, de saint Jean Chrysostome, IVe siècle,
- Discours sur les psaumes, de saint Augustin, IVe siècle, 2 vol., collection « Sagesses chrétiennes », Éditions du Cerf,
- Séfer Tehilim, de Rachi, XIe siècle,
- Commentaire sur les psaumes (jusqu’au psaume 54), de saint Thomas d’Aquin, 1273, Éditions du Cerf, 1996
- Commentaire des psaumes, de Jean Calvin, 1557,
- Commentaire juif des psaumes, d’Emmanuel, Éditions Payot, 1963.
Références
- Sefarim, du grand rabbinat de France. L’original hébreu provient du site
- Wikisource, de même que d'autres traductions de la Bible en français. La traduction de Louis Segond est disponible sur
- Wikisource latin. La traduction de la Vulgate est disponible sur le
- La Chaîne palestinienne sur le Psaume 118, introduction, texte grec critique et traduction par Marguerite Harl, Paris, éd. du Cerf, 1972, t. 1, p. 106.
- Lyse Schwarzfuchs, Le livre hébreu à Paris au XVIe siècle : inventaire chronologique, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2004.
- La Chaîne palestinienne sur le Psaume 118, introduction, texte grec critique et traduction par Marguerite Harl, Paris, éd. du Cerf, 1972, t. 1, p. 109.
- Lettres de saint Jérôme, texte établi et traduit par Jérôme Labourt, t. 3, Paris, Les Belles Lettres, 1953, lettre XXX à Paule.
- La Chaîne palestinienne sur le Psaume 118, introduction, texte grec critique et traduction par Marguerite Harl, Paris, éd. du Cerf, 1972, t. 1, p. 110.
- http://en.wikipedia.org/wiki/Psalm_119
- Hilaire de Poitiers, Commentaire sur le psaume 118, introduction, texte critique, traduction et notes par Marc Milhau, Paris, éd. du Cerf, 1988, t. 1, p. 90-99.
- Jean, XIV, 6 : "Jésus lui dit : Je suis la voie, la vérité la vie. Nul ne vient au Père que par moi".
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