- Elisabeth Maria Post
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Elisabeth Maria Post Nom de naissance Elisabeth Maria Post Autres noms Elisabeth Overdorp[1] Activités Écrivaine de l’Âge des Lumières Naissance 22 novembre 1755
Utrecht
Provinces-UniesDécès 3 juillet 1812 (à 56 ans)
Epe
Empire françaisLangue d'écriture Néerlandais Mouvement Âge des Lumières Genres Poésie
Prose
Roman épistolaireElisabeth Maria Post, née le 22 novembre 1755 à Utrecht et décédée le 3 juillet 1812 à Epe[1], est une poétesse et prosatrice.
Sommaire
Biographie
1755-1787 : Utrecht, Emminkhuizen, Amerongen
Elle était la fille d'Evert Post (1719-1787), propriétaire d'une sucrerie, et de Maria Johanna van Romondt (1724-1792). Elisabeth Post épousa en 1794[2] Justus Lodewijk Overdorp (1763-1844), un pasteur[3]. Le couple n’eut pas d’enfants[2],[4].
Elisabeth Maria, sixième enfant de la famille, grandit d'abord à Utrecht, où son père occupa divers postes administratifs[2]. Lorsque la fabrique de sucre de ce dernier fit faillite[3] en 1768, la famille se vit forcée de se retirer du milieu des régents d’Utrecht, et elle déménagea à Emminkhuizen (au sud de Renswoude). La famille y vécut dans des conditions précaires. Elisabeth y passa six années sombres avec pour seul divertissement la littérature[4]. Aussi, ce fut pour elle l'année à laquelle meurent deux frères : l'aîné et son jeune frère. Dans des passages autobiographiques, notamment dans Voor eenzamen (1789), Post révèle, en parlant de son enfance, que son penchant à la mélancolie et l’isolement et sa prise de conscience de la fugacité du pouvoir et du prestige se sont particulièrement développés dans cette période à Emminkhuizen[2].
Elisabeth eut environ dix-huit ans lorsque les circonstances tournèrent pour le mieux, son père étant devenu huissier, bailli, comte ou syndic de l’eau et hofmeester (maître de cour) et tynsmeester de la Seigneurie d’Amerongen en 1774[3], où la famille s’installa dans la maison du bailli (Drostehuis) [2],[5]. Post décrira la nature et le paysage environnant[3],[6] dans son premier roman Het land, in brieven (Le pays, en lettres, de 1788). La situation financière de la famille s’améliora et un des frères, Hermanus Hillebertus (1763-1809), parti pour la Guyane néerlandaise en 1774 pour y faire fortune[2],[6],[7], devint même propriétaire de plusieurs plantations. Un autre frère, Evert Johan (1757-1823), alla étudier la théologie[2].
1787-1793 : Arnhem
Après la mort de son père, survenue en 1787, Elisabeth, sa mère et ses deux sœurs, Adriana Maria (1746-1831) et Didrika Johanna (1764-1841), déménagèrent à Arnhem, où Evert Johan était devenu pasteur. Elles allèrent demeurer chez lui, au presbytère. Elisabeth déménagea à contrecœur, car elle craignit de perdre sa créativité dans le brouhaha de la ville[2],[6]. Jouissant d’un entourage stimulant – le cercle, auquel appartint son frère, de pasteurs amateurs de la littérature – elle y devint pourtant très productive. Ahasuerus van den Berg, auteur de psaumes rimés et de littérature de dévotion pour enfants, devint son mentor. C’est sous les soins de ce dernier, qu’elle publia anonymement son roman Het land (La Terre, 1788)[2]. Van Den Berg écrivit une dédicace pour ce livre, sous la forme d'une lettre adressée à la poétesse Margriet van Essen-van Haeften[3], de Barneveld, dans laquelle il décrit Post comme quelqu'un qui a « passé sa vie avec beaucoup de zèle dans la tranquillité rurale, tout en cultivant son esprit et en rassemblant des compétences nécessaires, utiles et agréables » (« met zeer veel ijver besteed [heeft], in het beschaven van haar geest, en in het verzamelen van noodzakelijke, nuttige en aangename kundigheden »)[2],[8].
Aussi proposa-t-il Post en tant que membre honoraire d’une société poétique à la La Haye, Kunstliefde Spaart Geen Vlijt (L’amour pour l'art exige de l’assiduité)[7], mais elle ne devint jamais membre actif à part entière, dans la mesure où elle n’avait ni connaissance de, ni affinité avec les règles de l’art du classicisme[8]. Sa poésie suit rarement les règles : ses meilleures poésies sont entièrement ou partiellement conçues sans rimes et selon d’autres schémas métriques que ceux des ïambes obligatoires. C’est précisément grâce à son manque de scolarisation, qu’elle pouvait être originale : Post est le premier auteur dans la littérature néerlandaise qui ne décrivît pas la nature selon les conventions littéraires, mais telle qu’elle l’avait observée[2].
Pendant les années passées à Arnhem, outre Het land, in brieven, Post publia un recueil de poèmes et de fragments en prose, intitulé Voor eenzaamen (Pour solitaires, 1789). En outre, elle écrivit son second roman épistolaire Reinhart, of Natuur en godsdienst (Reinhart, ou nature et religion), paru en trois volumes dans les années 1791-1792[3]. De plus, elle traduisit Don Karlos de Friedrich von Schiller (1789). Toutes ces œuvres parurent, avec des gravures de Reinier Vinkeles, chez Johannes Allart à Amsterdam. Pour l'édition de Reinhart, Isaac van 't Hoff dessina un portrait de Post ; celle-ci se plaignit lorsqu’elle se vit représentée sous des traits exprimant trop de fierté hargneuse. Une connaissance de Post la décrit comme une femme à l’air vif et animé et en très bonne santé, au regard avisé, ouverte et souple, mais aussi de nature passionnée et impulsive : son esprit clair et sa dévotion exercée l’ont préservée des erreurs propres à ce genre de caractères. (Mijn landelijke lier, 12)[2].
Le protagoniste de Het land est Emilia, une jeune femme indépendante qui, opposée aux conventions sociales, tente de mener sa propre vie à la campagne. Elle se lie d’amitié avec Eufrozyne, qui vit dans la ville[9]. Cette amitié d'âme les garde sur le chemin étroit de la vertu, car elles désirent se revoir dans l’au-delà, toujours unies. Emilia interprète le passage du jour à la nuit au jour comme la transition de la vie à la mort et de là à la vie éternelle. Les saisons symbolisent les étapes de la vie humaine : à l'hiver mortel succède le printemps de la vie éternelle[2]. Les descriptions de la nature sont souvent assez modernes. Post ne suivit pas aveuglement Der Wunsch de Salomon Gessner, et non plus Das Landleben de Christian Cay Lorenz Hirschfeld, mais elle avait incorporé dans son roman épistolaire ses propres idées et expériences. Ce premier roman fut un succès : deux réimpressions parurent la même année, et un quatrième en 1794[3],[2].
Dans Voor eenzaamen (Pour solitaires), Post brise l'illusion pastorale traditionnelle que les bergers seraient des philosophes galants : son pasteur de la Veluwe est un être pitoyable et stupide, mais toujours une créature de Dieu. Dans un fragment en prose intitulé De hoop (L’espoir), Post offre des fantasmes spectaculaires sur l’au-delà : la personne décédée peut voyager à travers la création en tant que corps spirituel en se déplaçant à la vitesse de la lumière, et rencontrera sur d’autres corps célestes des formes de vie supérieures[2]. Reinhart, le roman de Post, est fondé sur les lettres que son frère Hermanus Hillebertus lui avait envoyées de la Guyane néerlandaise[7]. Comme l'un des rares écrivains néerlandais, Post aborde les aspects dégradants et impies de l'esclavage, ainsi que la vie vertueuse et naturelle des Indiens, tout en employant le motif du « bon sauvage ». Elle montre comment quelqu’un qui s’oppose par principe à l'esclavage peut en arriver à tolérer cette exploitation pour des raisons économiques, ne fût-ce qu’en tant que bon maître qui traite les esclaves humainement. Des réflexions sur l'amitié, l'amour, la nature et la foi constituent les principales composantes de cette histoire d'amour aux conséquences fâcheuses. Reinhart fait l’expérience des vicissitudes du bonheur terrestre et doit lutter pour pouvoir s’abandonner à la divine providence[10],[3]. Ce roman, réimprimé en 1798, connut une traduction allemande, publiée en 1799-1800[2].
1793-1807 : Velp
Après la mort de sa mère en 1792 Elisabeth Post s’installa avec sa sœur aînée Adriana Maria, entre les plaines inondables et la lisière de la Veluwe[11]. Post s’y était liée d'amitié avec le propriétaire du château Biljoen et du domaine Beekhuizen, J.F.W. baron de Spaen, ainsi qu’avec sa sœur et ses filles. Les sœurs Post obtinrent un accès illimité à Beekhuizen et la clef de l'une des « cabanes » dans le parc paysager pour y lire et écrire[12]. En outre, Post fit amitié avec Charlotte Louise van der Capellen, qui habita au Boedelhof (près de Warnsveld). Dans les poèmes de cette période, elle chante les parcs paysagers près du château Rozendaal et du château Biljoen, et le domaine Beekhuizen[2].
En 1794, Elisabeth Post fit la rencontre de Justus Lodewijk Overdorp, pasteur à Noordwijk-Binnen et âgé de huit ans de moins qu’elle. Quoique tombée amoureuse de lui, elle se rendait bien compte qu’un mariage impliquerait qu’elle devrait échanger une vie rurale indépendante à la Veluwe contre une vie régulière dans un presbytère hollandais. Dans ses poèmes, elle raconte ouvertement de ses sautes d'humeur causées par son combat intérieur sur le choix entre deux amours : la nature et Overdorp[13],[10],[2]. Un critique du Vaderlandsche Letter-Oefeningen (Exercices littéraires patriotiques) a qualifié de très audacieux pour une femme les poèmes et les chansons recueillis dans Gezangen der liefde (Hymnes de l’amour, 1794)[3]. S’étant finalement décidée, Elisabeth Post s’est mariée le 23 juillet 1794 à Velp[2],[14].
1794-1807 : Noordwijk
À Noordwijk, Post connut un passage à vide, qu’on ne peut imputer à la relation avec Justus Overdorp, qu’elle désignera même d’idyllique. Elle effectua ses devoirs d'épouse de pasteur, mais la campagne hollandaise ne l’inspira pas à écrire. En outre, son mariage resta sans enfants. Elle souffrit d'asthme et sombra dans de profondes dépressions ; comme elle affaiblissait, on craignait pour sa vie. Overdorp réussit à la convaincre de reprendre la plume[2],[15].
Comme femme d'un pasteur, Post ne put apparemment pas, ou ne voulut pas, défendre une vie de femme indépendante comme elle l’avait fait précédemment. À cet égard, elle différait d’Elisabeth Bekker, dont le mariage avec le pasteur Wolff n’avait pas exercé une telle influence. Dans ses essais, recueillis dans Het waare genot des levens, in brieven (La vraie jouissance de la vie, en lettres, 1796), Post décrit la femme avant tout comme épouse, mère et éducatrice. Il est frappant de constater que, dans la dernière lettre du recueil, Over de Zijpenberg (Sur la montagne du Zijp), elle se détourne de la nature artificielle du jardin anglais, qu’elle avait encore chantée à Velp. Elle préfère, avec un brin de romantisme, la nature vierge et, parfois, sauvage[2].
À cette époque, elle se remit à traduire : Tafereelen uit het huiselijk leven (Scènes de la vie domestique, 1803-1804) d’après G.W. Starke, de Werken (Les Œuvres, 1804) du Suisse Salomon Gessner, et Frederica Weisz en haare dochters (Frederica Weisz et ses filles, 1806) d’après Christian Garve. On lui attribue parfois d'autres traductions de l'allemand[2],[16].
Surtout l'hiver 1806-1807 fut un moment difficile pour Post. Craignant que sa mort ne soit imminente, elle s’était mise à espérer que son mari serait appelé en Gueldre. Presque en guise de thérapie, elle écrivit, durant des mois, des poèmes et des chansons sur son état, qui était le plus souvent mélancolique et religieux, chargé de sentiments de culpabilité envers le manque de confiance en Dieu[10],[2],[16]. Parfois, pourtant, elle écrivit encore un poème contemporain, joyeux d’esprit, sur la nature comme Het dorpje (Le village). Par Elegie (Élégie), elle exprime l'espoir de pouvoir échanger la région aride du littoral contre un paradis terrestre dans la province de Gueldre, estimant y retrouver santé et bonheur. Rassemblés dans un recueil, ces poèmes ont été publiés sous le titre Ontwaakte zang-lust (L’Envie de chanter, réveillée, 1807)[2].
1807-1812 : Epe
Overdorp fut appelé à Epe, au nord de la Veluwe, en 1807. On y construisit pour sa femme, dans le jardin du presbytère, un cabinet de travail sous l’aspect d’un ermitage. Convalescente, elle fit des voyages dans la région. Elle se lia d’amitié avec l’ancien bourgmestre d’Elburg, le veuf et patriote Jan Hendrik Rauwenhoff, et sa fille Anna Wilhelmina, qui habitèrent le domaine Tongeren. Des fruits des efforts littéraires qu’elle fit à cette époque, ne subsiste pas plus qu’un seul titre : Ter gedachtenis van mijnen waardigen broeder HH Post, in 1809 te Demerari overleden (À la mémoire de mon digne frère Monsieur Post, décédé en 1809 à Démérara, 1810). Son état de santé se détériora rapidement ; le traitement médical fut sans effet. Elisabeth mourut le 3 juillet 1812, à l’âge de 56 ans, après une longue maladie. Quelques jours plus tard, selon sa dernière volonté, elle fut ensevelie dans le cimetière des Rauwenhoff, en pleine nature. Bien qu’elle ne fût pas membre de la famille, elle est la seule à qui fût accordée une telle faveur[2],[17].
Appréciation
La mort d'Elisabeth Maria Post est restée assez inaperçue. Au sein la société poétique de La Haye, vis-à-vis de laquelle elle avait pris ses distances, elle fut commémorée par son président dans les termes les plus lyriques[2].
Un siècle après sa mort, le ministre J.A. Prins d’Epe, mena une action pour l’érection d’un monument en l’honneur de Post. Le céramiste et potier W.C. Brouwer fabriqua, à sa mémoire, une grosse urne en pierre, qui, après avoir trouvé sa place, des années durant, sur la place de l’église à Epe, fut transférée à l'Église réformée. La tombe de Post sur la propriété Tongeren accueille encore régulièrement des visiteurs amateurs de lettres. Son œuvre, tombé dans l'oubli après sa mort, retient de nouveau l’attention depuis la seconde moitié du XXe siècle[2].
Bibliographie & Biographies
Une riche source de données en ligne, comprenant une bibliographie, plusieurs biographies et quelques ouvrages de l’autrice, est :
Références
Bibliographie
- (nl)G.P.M. Knuvelder, Handboek tot de geschiedenis der Nederlandse letterkunde, Deel 3, Malmberg, Bois-le-Duc, 1973, p. 189-190
- (nl)(en)N.N., Elisabeth Maria Post, sur le site Web du Portail biographique des Pays-Bas : Biografisch portaal van nederland
- (nl)N.N., Projet sous la direction de Cees Klapwijk, Elisabeth Maria Post, Utrecht 1755 – Epe 1812, site Internet literatuurgeschiedenis.nl
- (nl)A.N. Paasman, Post, Elisabeth Maria, in : G.J. van Bork & P.J. Verkruijsse (réd.), De Nederlandse en Vlaamse auteurs van middeleeuwen tot heden met inbegrip van de Friese auteurs, De Haan, Weesp, 1985, p. 454
- (nl)Bert Paasman, Post, Elisabeth Maria in : Digitaal Vrouwenlexicon van Nederland (DVN) ; version du 20 août 2009
- (nl)Bert Paasman, Mijn landelijke lier: poëzie en proza van Elisabeth Maria Post, Amsterdam University Press (AVP), 2006
Notes
- N.N. Biografisch portaal van nederland
- Paasman DVN
- A. N. Paasman 454
- Paasman AUP, 8
- Paasman AUP, 9
- Paasman AUP, 10
- N.N. literatuurgeschiedenis.nl
- Paasman AUP, 11
- Knuvelder 189
- Knuvelder 190
- Paasman AUP, 13
- Paasman AUP, 13-15
- Paasman AUP, 16
- Paasman AUP, 16-17
- Paasman AUP, 17-18
- Paasman AUP, 18
- Paasman AUP, 19
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