- Portrait
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Un portrait est une œuvre picturale, sculpturale, photographique, ou littéraire représentant une personne réelle ou fictive, d'un point de vue physique ou psychologique.Les portraits ont différentes fonctions, au delà de la volonté de perpétuer le souvenir d’une personne et de vouloir créer une image historique du commanditaire, le portrait a souvent une fonction immédiate de représentativité. Il exprime souvent le désir d’ubiquité, à usage politique ou religieux : le portrait du président de la république qui se trouve dans chaque mairie française en est un bon exemple.
Pendant longtemps on a pensé que le portrait devait être l’exercice de figuration le plus mimétique, mais l’étude attentive de son histoire a pour le moins modéré ce jugement. À l’époque classique, le portrait restait toutefois le genre le plus dépendant du sujet et l’un des plus codifiés.
Le portrait apparaît dès le Ve siècle av. J.‑C. sur les monnaies des rois de Perses. L’usage s’en répandit surtout depuis la mort d’Alexandre le Grand. Il connut à l’époque romaine un développement considérable. Au Moyen Âge il disparaît des monnaies et ne revient qu’à la fin du quinzième siècle, à l’imitation de l’Italie sur les monnaies dites « teston ». L’usage de l'effigie en médaille fut inauguré par Pisanello en 1439.
Sommaire
Medium
Un portrait peut etre:
- une photographie
- un tableau (différentes techniques peuvent être utilisées: peinture acrylique, à l'peinture à l'huile, gouache, pastel, collage, fusain...)
- un récit (le portrait d'un personnage dans un roman ou dans un conte comme description)
- un support cinématographique (videographique)
Différents types de portraits
Dans chacune des disciplines artistiques on retrouve différents types de portraits:
- en pied (la personne entière)
- en buste (jusqu'à la taille)
- en demi grandeur (jusqu'aux cuisses)
- assis
- de dos
- de face
- de profil
- de trois-quarts
- individuel
- de groupe
L'autoportrait
C'est un portrait de l'artiste par lui-même.
Article principal : Autoportrait.Officiel
En politique, les portraits des chefs d'état symbolisent souvent l'État lui-même. Dans la plupart des pays le protocole exige que le portrait du chef de l'État apparaisse dans tous les bâtiments publics. Une apparition excessive de tels portraits est la marque d'un culte de la personnalité, en vigueur dans de nombreux régimes autoritaires.
Des politiciens ou des nobles sans être chef d'État ni roi firent souvent réaliser leur portrait, soit par narcissisme, soit par mécenissme, il permettait ainsi à de grands artistes de vivre de leur talent.
Sous le règne d'Auguste, le portrait officiel est un élément important de la politique impériale. Les effigies de l'empereur sont soumises à une stricte codification de l'iconographie, allant jusqu'à la distribution des mèches sur le front. Sous Caligula, le portrait est un véritable outil de propagande. C'est pourquoi la damnatio memoria de l'empereur s'accompagne de la destruction de ses effigies. Si la noblesse et la sévérité de ces portraits s'accompagne sous le règne de Vespasien d'un retour au réalisme républicain et d'une recherche de virtuosité sous la dynastie des Sévères, la stylisation marque ensuite la statuaire impériale en Orient après la séparation des Empires d'Orient et d'Occident.
De nos jours, avec la médiatisation de la société, on ne conçoit plus de carrière politique sans portrait photographique ou cinématographique (vidéographique).
Littéraire
Article détaillé : Portrait littéraire.En littérature, les portraits ou les autoportraits sont des descriptions écrites ou orales qui relèvent de l'analyse d'une personne. Il est aussi possible de faire le portait d'un animal, d'une plante ou d'une chose. Un portrait en donne une vision, parfois caricaturale ou satirique, qui ne vise pas seulement une description physique, mais aussi une description psychique ou symbolique. Le portrait (ou l'autoportrait) peut apparaître sous forme d'un tableau discursif qui occupe une courte temporalité comme l'on voit dans les Caractères de La Bruyère, ou se construire sous la forme des tableaux discursifs successifs qui s'étalent tout au long d'une œuvre comme l'on voit dans Le Sopha de Crébillon fils. Dans ce cas, les portraits et autoportraits peuvent se construire à travers des temporalités différentes. D'autres formes de construction des portraits ou des autoportraits sont aussi envisageables, puisque l'auteur peut choisir la portée ou le but de cette description identificatoire. C'est ainsi que l'on peut ignorer les traits physiques d'une personne ou les traits matériels d'un objet pour ne décrire que les côtés psychiques ou symboliques.
Pictural
Pendant les périodes baroque et rococo, aux dix-septième siècle et dix-huitième siècle, les portraits prirent une importance croissante. Dans une société de plus en plus dominée par la bourgeoisie au milieu de puissantes cours, des représentations d’individus luxueusement vêtus à côté des symboles de puissance et de richesse temporelle contribuaient de manière efficace à l’affirmation de leur autorité. Van Eyck et Rubens excellèrent dans ce genre.
À la même époque, l’intérêt grandissant pour la compréhension des sentiments humains engendra des artistes soucieux de la physionomie des émotions. Les impressionnistes tels que Monet, Degas ou Renoir, qui utilisaient principalement comme modèles leurs famille et amis, peignaient de petits groupes ou des individus seuls, en plein air ou en atelier. Caractérisés par leur surface lumineuse et la richesse de leurs teintes, ces portraits présentent souvent un caractère intimiste, éloigné du portrait officiel.
Les artistes du début du siècle élargirent les champs d'exploration du portrait, en le libérant des contraintes de ressemblance visuelle. Henri Matisse simplifia la ligne et les couleurs pour leur donner toute leur force expressive. Pablo Picasso réalisa de nombreux portraits, dont plusieurs portraits cubistes ou le modèle est à peine reconnaissable. L’art du portrait en peinture déclina au milieu du siècle, sans doute en raison de l’intérêt croissant pour l’abstraction et l’art non figuratif. Plus récemment, cependant, le portrait a connu un renouveau.
Si le portrait est un passionnant objet d’étude, c’est qu’il concentre en effet la plupart des fonctions de la peinture. Les premiers autoportraits de l’art occidental sont apparus pendant la Renaissance, lorsque les artistes peignaient leur propre visage se détachant de la foule en arrière-plan de scènes narratives. Le genre de l’autoportrait pris une importance croissante après la période classique.
Ils peuvent présenter le ou les sujets de face, de trois quarts, de profil ou de dos. Enfin, l'angle de vue peut-être horizontal (au même niveau), en plongée (de haut) ou en contre-plongée (d'en bas).
En photographie, on parle plus couramment de plan serré (centré sur le visage), gros plan (visage, cou et amorce des épaules), plan rapproché (jusqu'à la taille), plan moyen (corps entier) plan d'ensemble (modèle dans son décor).
Photographique
L'invention de la photographie, tout en bouleversant l'art et l'économie du portrait peint n'a pas entraîné sa disparition. La photographie a mis en relief l'importance de l'éclairage, de la perspective, et du matériel utilisé.
L'art du portrait photographique s'est affranchi peu à peu du modèle pictural inventant et affinant son propre vocabulaire et influençant à son tour le genre dont il s'était détaché. Cela s'est traduit dans un premier temps par certaines photographies qui s'approchaient beaucoup du portrait peint le plus classique.
La photographie inaugure une nouvelle ère dans la représentation puisque l'on est à présent capable d'obtenir une représentation du réel « objective », c'est-à-dire que l'homme ne représente plus le réel tel qu'il le voit et tel qu'il le peut mais c'est le réel qui impressionne « seul » le support.
Les premiers portraits photographiques ou daguerréotypes étaient figés et formels car ils nécessitaient de longues et laborieuses séances de pose. En 1842 Louis-Auguste Bisson réalise celui d'Honoré de Balzac qui considère le procédé comme magique et fait des émules. Suivant son exemple, Théophile Gautier et Gérard de Nerval attribuent au portrait photographique quelque chose de surnaturel[1].
Le photographe Nadar, bien que ne disposant que des moyens de l'époque a exécuté des portraits aux poses très étudiées qui se voulaient révélatrices de la psychologie ou de la position sociale de ses modèles. On peut prendre comme exemple son célèbre portrait de Victor Hugo dans une position de penseur, accoudé à des livres, qui évoque sa condition d’homme de lettres et d’homme influent.
Avec l’évolution de la technologie, le portrait photographique devient plus naturel. Julia Margaret Cameron fut une spécialiste du portrait évocatif victorien, et Mathew Brady immortalisa la vie quotidienne des soldats pendant la Guerre de Sécession américaine. Au vingtième siècle, Dorothea Lange élargit le champ d’action du photographe en représentant des gens simples dans leur quotidien. Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson ou autres Richard Avedon ont également beaucoup travaillé sur le portrait du quotidien, avant que le portrait volé ne voit son essor avec l'apparition du numérique. Récemment, Cindy Sherman a étendu le genre de l’autoportrait en utilisant son corps comme élément de mises en scène qu’elle photographie.
Depuis 1934 à Paris, le studio Harcourt a immortalisé bon nombre de personnalités en perpétuant la tradition du portrait en studio.
Galerie : Portrait en peinture
Cette section ne prétend pas faire un inventaire exhaustif de tous les portraits réalisés au cours de l'histoire de la peinture. Elle se contente de présenter, à titre d'exemple, un choix représentatif de chaque époque à travers quelques tableaux — connus ou moins connus — de peintres célèbres pour leur art du portrait.
Néanmoins, il se dégage plusieurs types de portraits en peinture : (exemple par cet extrait du catalogue des collections italiennes du musée des beaux-arts de Chambéry, France)
- Le portrait d'apparat : Homme en armure de Bartolomeo Passerotti
- Le portrait réaliste : Femme âgée, de Santi di Tito
- Le portrait psychologique : Piero Soderini, Ridolfo del Ghirlandaio
- Le portrait allégorique : Vittoria Rinucinni, Anton Domenico Gabbiani
- Le portrait de famille : Portrait de famille, Bartolomeo Nazari
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Petrus Christus, Portrait de moine chartreux (v. 1446)
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Petrus Christus, Portrait de jeune fille (v. 1446)
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Jan van Eyck
Magarete van Eyck (v. 1439) -
Jan van Eyck
L'Homme aux œillets (v. 1435) -
Léonard de Vinci
La Dame à l'hermine (v. 1483-1490) -
Sandro Botticelli
Portrait de Simonetta Vespucci (v. 1476-1480) -
Titien
Portrait d'Isabella d'Este, (1534-1536) -
Christoph Amberger
Portrait de Sebastian Münster (v. 1552) -
Christoph Amberger
Portrait d'une femme
(v. 1545) -
Lucas Cranach l'Ancien, Portrait d'Albrecht von Brandenburg
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Lucas Cranach l'Ancien, Portrait de Martin Luther
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Lucas Cranach l'Ancien, Portrait de Katharina von Bora (v. 1526)
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Hans Baldung
Portrait du comte Louis de Löwenstein (1513) -
Agnolo Bronzino
Portrait de Lucrezia Panciatichi (1540) -
Agnolo Bronzino
Portrait de Lodovico Capponi (1550-1555) -
Juan Pantoja de la Cruz
L'Infante Isabelle Claire Eugénie (1599) -
Frans Hals
Homme tenant un crane (v. 1611) -
Pierre Paul Rubens, George Villiers, 1er duc de Buckingham (1625)
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Johann Friedrich Overbeck
Portrait du peintre Franz Pforr (1810) -
Anne-Louis Girodet-Trioson
Portrait de Chateaubriand (v. 1808-1810) -
Francesco Hayez
Ephraïm (1842-1844) -
Paul Gauguin
Portrait de Suzanne Bambridge, (1891) -
Pierre-Auguste Renoir
Monsieur Fournaise, (1875) -
Paul Cézanne
L'Homme à la pipe
(v. 1890-1892) -
August Macke
Portrait avec pomme (1909) -
Portrait 61.jpg
Victor Koulbak
Portrait de Louis d'Origny (2000)
Portraits funéraires
Art copte. Peints sur des planchettes intégrées au voile qui entourait le corps défunt ou sa momie, ces portraits pouvaient rechercher la ressemblance.
Art occidental Le portrait funéraire ou le portrait mortuaire découle en Occident de la tradition de vénérer le corps du souverain défunt. Grâce à la photographie cette pratique se démocratisa au XIXe siècle et au XXe siècle. Un exposition au musée d'Orsay intitulée Le dernier portrait permettait de découvrir, de saisisants portraits: des enfants tenant le corps de leur frère ou de leur sœur décédé, mais aussi des photographies d'une réelle beauté plastique: Victor Hugo sur son lit de mort.
Portraits funéraires dans l'art occidental
- Le Musée départemental Maurice Denis « Le Prieuré » vient d'acquérir un tableau de Roger Bezombes : Maurice Denis sur son lit de mort, 1943.
- James Ensor, Ma Tante morte, huile sur toile, 54 par 65 cm, signé daté et dédicacé : Ma tante chérie/13 avril 1916/James Ensor, Collection particulière, n° 472 du catalogue raisonné de Jacques Tricot.
Voir aussi
Portraits célèbres
Portraits d'écrivains
Portraits littéraires
- Les Caractères de Jean de La Bruyère
- Le portrait de Dorian Gray de Oscar Wilde
- Le portrait de Nicolas Gogol
Portraits politiques
Portraits anciens
Portraits photographiques
Voir aussi
Articles connexes
Notes et références
- José Corti, Paris, 2002, p. 354 Daniel Grojnowski, Photographie et langage, Éditions
Liens externes
- (fr) Dossier pédagogique de la BNF sur le portrait
- (fr) Site (en français) de la National Portrait Gallery, Londres
- (en) Site de la National Portrait Gallery de la Smithsonian Institution, Washington D.C.
- (en) Page consacrée à l'exposition de la National Gallery de Londres « Painting the Century — 101 Portrait Masterpieces 1900-2000 »
- (fr) Le portrait à travers l'estampe
Catégories :- Portrait
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