- Plume (ecriture)
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Plume (écriture)
Pour les articles homonymes, voir Plume (homonymie).La plume est un morceau de métal ou d'autre matière, taillé en bec, dont la forme permet de retenir une petite réserve d'encre par capillarité et qui, adapté à un porte-plume, sert à écrire ou à dessiner.
L'utilisation de la plume pour écrire est liée à l'utilisation de l'encre, contrairement aux instruments permettant de graver : style, ou de déposer leur propre matière : craie, graphite. La plume est en concurrence avec d'autres instruments pour déposer de l'encre : le pinceau en Extrême-Orient et le calame au Moyen-Orient et en Afrique. Par sa forme, sa fente et sa souplesse, la plume permet de calligraphier les pleins et les déliés dont l'apprentissage a marqué des générations d'écoliers.Les différentes sortes de plumes sont :
- les plumes d'oie ou d'autres oiseaux ;
- les plumes métalliques ;
- les plumes en autres matières (verre, celluloïd, etc.).
Sommaire
Histoire
Les plumes sont faites à partir de plumes d'oiseaux. Si aujourd'hui on ne parle plus que de plume d'oie, les plumes de corbeau, de coq de bruyère et de canard étaient utilisées pour l'écriture fine et les plumes de vautour et d'aigle pour l'écriture à traits larges. La plume d'oie (d'oiseau) est connue des romains mais ils lui préfèrent le calame et elle ne s'impose qu'à partir du Ve siècle après J.-C. Elle dominera tout le Moyen Âge et la période classique. Elle disparaît pratiquement à la fin du XIXe siècle.
La plume métallique apparaît dans l'Antiquité - plumes de cuivre en Égypte, plume de bronze à Rome, plumes d'or et d'argent au Moyen Âge - mais sa mauvaise souplesse et sa mauvaise tenue à la corrosion provoquée par l'encre ne lui permet pas de détrôner la plume d'oie et elle reste un objet d'artisanat et de curiosité.
Seule l'apparition de nouveaux aciers ayant la résistance et la souplesse nécessaire lui permettra de conquérir le monde. Ces premiers aciers sont produits à Birmingham vers 1820 et dès 1835 les plumes métalliques anglaises commencent à s'exporter dans le monde entier pour remplacer la plume d'oie et le calame.
Dès la fin du XIXe siècle, le stylographe (ou stylo-plume ou porte-plume réservoir) a ensuite concurrencé la plume pour porte-plume avec l'avantage de posséder sa propre réserve d'encre, d'abord sous forme d'un réservoir, puis de cartouches jetables.
Dès 1960 le stylo à bille et le stylo-feutre détrôneront la plume qui n'est plus aujourd'hui utilisée que pour la calligraphie, le dessin et sur les stylographes
Aujourd'hui, la plume est devenue un objet de collection recherché par les calamophilistes.
Plume d'oie et d'autres oiseaux
La plume d’oiseau remplace progressivement le calame en Occident entre le VIe siècle et le IXe siècle car elle permet d’écrire en traits plus fin sur le parchemin et car sa souplesse permet de faire plus facilement pleins et déliés.
Chaque oiseau produit environ cinq pennes utilisables sur chaque aile : les rémiges. La tige de la plume est recouverte d’une graisse qui empêche que l’encre puisse y adhérer ; pour l’éliminer les extrémités des tiges étaient plongées dans de la cendre ou du sable chaud. Elles étaient ensuite grattées avec une lame puis laissées à vieillir pendant environ un an. Leur taille, dernière étape avant utilisation, nécessite une connaissance et une habileté particulière, elle se fait à l’aide d’un taille-plume.
Diderot y consacre une planche entière dans l’Encyclopédie.
Jusqu’au milieu de XIXe siècle, la production, la fabrication et vente de plumes d'oies est une industrie importante en Europe. Les principaux pays producteurs sont la Pologne, la Poméranie et la Lituanie. En 1830 l’Angleterre importe vingt quatre millions de plumes et l’Allemagne cinquante millions; à elle seule la Banque d’Angleterre utilise un million et demi de plumes par an.Plume métallique
Plume métallique
Fabriquée de manière artisanale depuis l'Antiquité égyptienne, l'industrialisation de la plume métallique se fit de 1820 à 1840 grâce à la machine à vapeur qui permit l'amélioration de la qualité des aciers et la mise au point des procédés de fabrication des métaux en feuille. La plume métallique devient alors un bec de plume que l'on insère dans un porte-plume.
Jusqu'à la Première Guerre mondiale, les seuls aciers utilisés pour fabriquer les plumes métalliques provenaient de Sheffield – Angleterre et étaient produits à partir de minerai de fer importé de Suède. Les aciéries livraient l'acier en feuilles d'épaisseur calibrée, laminées à chaud.
Le centre principal de production de plumes métalliques était Birmingham. Les fondateurs de cette industrie sont : Joseph Gillot – Josiah Mason – les frères John et William Mitchells – James Perry.
En France une industrie se développa sur le chemin d'importation des plumes anglaises à Boulogne-sur-Mer grâce à : Pierre Blanzy et Eugène Poure (compagnie Blanzy-Poure) en 1846 d'une part et François Lebeau (Société Lebeau aîné) en 1856. Camille Baignol et Ferdinand Farjon, les deux gendres de François Lebeau prendront la suite avec l'entreprise "Baignol et Farjon".
Les étapes de fabrication des plumes sont :
- le découpage à la presse dans les bandes tirées des feuilles d'acier
- le perçage des jours où aboutira la fente
- le marquage des inscriptions
- un recuit pour rendre l'acier plus malléable
- l'estampage pour imprimer un motif en relief
- le formage pour donner sa forme cylindrique à la plume
- une trempe et un recuit pour obtenir la dureté et l'élasticité voulue
- un nettoyage
- un aiguisage pour effiler le bec de la plume
- la découpe de la fente à la presse (l'opération la plus délicate)
- un polissage
- un vernissage pour protéger la plume de l'oxydation
Les plumes sont ensuite mises en boite, ces boites sont en carton et illustrées, elles contiennent généralement une grosse (144 plumes). D'autre conditionnements sont utilisés, boîtes métalliques puis en matière plastique avec des contenus adaptés au marché, 5, 10, 24, 100 plumes.
Cette activité employait une très importante main d'œuvre, en particulier féminine (5000 personnes à Birmingham en 1850 pour une production annuelle qui dépassait le milliard de plumes).
Devenant un objet de consommation courante, la concurrence entre les fabricants a entraîné le besoin de se différencier et d'attirer le consommateur.Les plumes prennent des formes diverses.
Elles prennent également des noms divers :
- liés à l'actualité : plume de l'Alliance – plume du Jubilé
- destinés à des consommateurs particuliers : plume Chrétienne – plume du Sacré Cœur pour les écoles chrétiennes.
- liés aux modes : la défaite de 1870 et le patriotisme en résultant entraînera la création en France la création de plumes militaires : Sergent Major – Sergent Chef – plume Patriotique – A la Cantinière' – A la Cocarde.
Chaque pays a sa plume préférée, utilisée dans les écoles.- En France : Sergent Major, Gauloise
- En Belgique : plume Ballon
- En Angleterre : J pen
La plume métallique pour porte-plume disparaît comme objet de consommation courante à partir des années 1960.Au début du XXe siècle chaque fabricant propose plusieurs centaines de modèles, en 1966, Blanzy-Conté-Gilbert (un des derniers fabricant français) n'en propose plus que 50, en 1970 : 20 et en 1979 : 4.
Aujourd'hui il ne subsiste que quelques fabricants dans le monde qui produisent des plumes pour le dessin et quelques modèles pour l'écriture, vendus comme outils pour les calligraphes ou comme objets de curiosité.
Plumes de stylographe
La plume de stylographe ou stylo-plume, est faite d'acier ou d'or; d'autres métaux précieux sont aussi utilisés.
Pour lui assurer une bonne résistance à l'usure, l'extrémité du bec est parfois réalisé en iridium.Autres plumes
D'autres matériaux ont été utilisés pour fabriquer des plumes.
Le celluloïd a permis de faire des plumes souples et résistantes à la corrosion mais fragiles. Leur forme est copiée sur celle des plumes métalliques
Le verre a permis de faire des plumes qui résistent parfaitement à l'agressivité de l'encre mais elles sont très fragiles. La plume de verre n'a pas la forme des plumes métalliques mais est formée d'un ensemble de fils de verre souvent torsadés entre lesquels l'encre monte par capillarité. Elles ne permettent pas de faire des pleins et des déliés et produisent une écriture fine et uniforme. Elles furent très prisées en Grande-Bretagne à la fin du XIXe siècle. Elles furent réutilisées dans les stylos à plume rentrante dans le premier quart du XXe siècle. Elles ont encore produites aujourd'hui en Italie comme objet décoratif et cadeau.
Articles connexes
Références externes
- (fr)Club des collectionneurs de Plumes et Objets d'Ecriture (CCOE)
- (fr)Site d'un collectionneur de plume
- (fr)Une Petite histoire de l’écriture à l’encre de Sophie Barat
- (fr)Les plumes pour l'écriture de Jean-Claude Raymond
- (fr)Tailler une plume avec schémas sur Au fil du GN
- (en)Cutting Quill Pens from Feathers autre article sur la taille de plume avec photos.
- (en)Liste de liens sur les plumes
Bibliographie
- L. Van Cleem & J.P. Lacroux, La mémoire des Sergent - Major. Ramsay 1988
- Robert Alexis & Daniel Mine, Le Mystère de la Plume Ballon, 212 pp. quadrichromie, plus de 400 "Ballon" différentes recensées. décembre 2008.
- Donald Jackson, Histoire de l'écriture. Denoël 1981
- Divers contributeurs, Au fil de la Plume. Revue du CCOE
- Claude Mediavilla, Calligraphie, Paris, Imprimerie nationale Éditions, 1993.
- Erich Lasswitz, Schrift und schreiben. München, Lux, 1960.
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