- Yōko Ono
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Yoko Ono
Yoko Ono Yoko Ono à la cérémonie d'ouverture de son exposition d'art à Sao Paulo, en novembre 2007.Naissance 18 février 1933
Tokyo
JaponProfession(s) Chanteuse
Musicienne
Comédienne
Auteur-compositeur-interprète
Actrice
Écrivain
CinéasteGenre(s) Pop
Rock expérimental
Avant-Garde
Free Jazz
Hard Rock
Punk
New Wave
Dance
Electro
House
IndieInstrument(s) Voix, Piano, Percussion Années actives Depuis 1961 Label(s) Apple Records (1970-1973)
Capitol Records
Polydor
Rykodisc
AstralwerksEntourage John Lennon
The Beatles
Andy Warhol
Jonas Mekas
John Cage
George Maciunas
David Spinozza
Michael Brecker
Sean LennonYoko Ono, est une artiste expérimentale, plasticienne, musicienne, chanteuse, compositrice, écrivain, comédienne et cinéaste japonaise, connue notamment pour le couple qu'elle forma à partir de mai 1968 avec John Lennon, jusqu'à son assassinat sous ses yeux à New York le 8 décembre 1980. Artiste à part entière, Yoko Ono reste dans l'imaginaire collectif la muse du fondateur des Beatles, et aussi celle par qui la séparation du groupe est arrivée.
Son nom en kanji est 小野 洋子, Ono Yoko, mais les médias japonais écrivent désormais son nom en katakana, ヨーコ・オノ, écriture utilisée pour les noms étrangers.
Sommaire
Biographie
Enfance
Yoko naît le 18 février 1933 à Tokyo dans une famille aisée de banquiers. Sa mère Isoko Ono était issue de la famille des banquiers Yasuda et son père Eisuke Ono travaillait dans une banque de Yokohama. Deux semaines avant sa naissance, son père fut nommé à un poste à San Francisco. Le reste de la famille suivra quelque temps plus tard. En 1937, son père retourna au Japon et Yoko fut inscrite à la Peers' School, à Tokyo, école réservée exclusivement aux enfants descendants de familles aristocrates. Elle suit ainsi une éducation multiculturelle très riche. Dès son plus jeune âge, elle doit fuir les bombardements incessants de la capitale japonaise. Elle se réfugie avec ses parents à la campagne où le luxe laisse place à la misère la plus totale, ce qui forge très vite son caractère. Après la guerre, la famille émigre à New York. Yoko quitta le Japon pour rejoindre sa famille et s' inscrivit à l'université de Sarah Lawrence College. Tandis que ses parents approuvaient son choix d'entrer à l'université, ils furent néanmoins consternés par son style de vie.
Premiers pas dans le monde de l'art
Dès l'âge de 14 ans, Yoko se destine à l'art avec notamment l'écriture, montrant déjà une attirance très nette vers l'avant-gardisme, ce qui ne fait pas l'unanimité de ses professeurs. Elle fréquente le milieu théâtral, entamant aussi des études de philosophie. Elle suit de même des cours de lettres et de chant et découvre des compositeurs d'avant-garde comme Arnold Schönberg. Elle est alors très influencée par la Beat Generation (mouvement littéraire et culturel des années 1950) et adopte le style qu'on lui connaît : habillée de noir avec les cheveux lachés.
En 1956, Yoko veut devenir cantatrice et faire carrière en Europe, une étrange ambition pour une jeune femme qui n'a ni voix ni talent musical et s'évanouit avant ses leçons de musique. Mais elle a toujours cru être capable d'atteindre les buts qu'elle se fixait, quels qu'ils soient. Elle quitte le Sarah Lawrence College à la fin de sa troisième année, sans avoir fait preuve d'aucun talent qui lui permette de réaliser son rêve. C'est pourtant grâce à l'intérêt qu'elle porte à la musique que Yoko rencontrera son premier mari. Touché par l'enthousiasme avec lequel elle parle de cet art, un ami de son cousin le présente au plus brillant des élèves compositeurs japonais qui étudient aux États-Unis, Toshi Ichiyanagi. Toshi est petit, très taciturne et marche comme un danseur. Les parents de Yoko désapprouvent les liens qui se nouent entre les deux jeunes gens, car les Ichiyanagi n'appartiennent pas comme eux à la haute société japonaise. L'opposition de ses parents agit comme un aiguillon sur Yoko, qui persuade Toshi de le laisser venir vivre avec elle. Évidemment, pour les Ono, c'est le scandale. Dès que les siens ont quitté les États-Unis, Yoko épouse Toshi en mai 1957, un mariage que les Ono refuseront d'abord de reconnaître mais qu'ils célèbreront officiellement un an plus tard en revenant à New York pour y donner une réception en l'honneur de leur fille et de son époux. Yoko et Toshi vivent très pauvrement. Dans leur petit appartement d'Amsterdam Avenue, un quartier ouvrier, leurs vêtements sont accrochés aux murs car ils n'ont même pas d'armoire où les ranger. Yoko travaille dans une firme d'import-export comme interprète. Jeune femme d'apparence très conventionnelle, elle porte des tailleurs sombres, des talons hauts, ne sort jamais sans gants et sans être parfaitement maquillée. C'est elle qui fait bouillir la marmite, car Toshi a perdu sa bourse de la Juilliard School. Avec les musiciens qu'elle rencontre, elle se montre obséquieuse, les couvre d'éloges dithyrambiques. Quand elle reçoit, elle prépare pendant des heures les mets les plus exquis et à la demande de ses invités chante des airs folkloriques japonais d'une petite voix pure et enfantine. Toshi semble un homme très doux à ceux qui fréquentent le jeune couple, mais très effacé et totalement dominé par sa femme. Des années plus tard, il révélera à un journal japonais que Yoko avait toujours besoin qu'on la traite comme une reine. Elle était égoïste et morbide. Dès le début, la jeune femme a des aventures extra conjugales. Son mari en souffre, mais il ferme les yeux. Quant à elle, ses escapades ne lui créent que des problèmes, car à chaque fois elle tombe enceinte. Bientôt, son état de santé se ressentira de ces interventions, et elle aura du mal à porter un enfant à terme (d'après certains témoignages, elle a déjà eu un enfant, né au Japon en 1952 dans le plus grand secret, mais dont elle évoque de temps en temps la naissance devant ses amis). Toutes les relations qu'aura Yoko par la suite suivront le schéma établi par son mariage avec Toshi. A chaque fois, Yoko semble avoir besoin d'un homme qui l'aide à se sortir d'une mauvaise passe, mais qui devient très vite un instrument qu'elle utilise pour compenser ses ambitions déçues. Ils divorcent en 1962 après sept ans de vie commune.
Le 28 novembre de cette même année, Yoko se remarie avec l'américain Anthony Cox. Cox est musicien de jazz, réalisateur de films et promoteur d'art. Il avait beaucoup entendu parler de Yoko et l'avait rencontré dans un hôpital psychiatrique à New York où sa famille l'avait placée après une tentative de suicide par absorption de barbituriques. Le 8 août 1963, Yoko donna naissance à une fille, Kyoko Chan Cox. Le mariage tomba rapidement à l'eau (des témoins ont vu Tony et Yoko se menaçant avec des couteaux de cuisine) mais ils restèrent malgré tout ensemble en raison de leur carrière commune. Bientôt, ils revinrent à New York avec Kyoko.
En 1958, Yoko suit des cours sur la musique expérimentale, prodigués par John Cage, grand nom de l'avant-gardisme qui l'influence énormément, notamment avec l'art pictural qu'il enseigne : le minimalisme. Elle s'engouffre dans cette voie, qui lui convient pleinement, et tente de produire ses premières œuvres et spectacles artistiques. Fin 1964, avec le retour en force du pop art, elle reprend confiance en elle, créant le bagism, spectacle consistant à s'enfermer dans un sac avec un partenaire, qui rencontre un certain succès et en publiant un recueil de poèmes intitulé Grapefruit. Ce livre, sorti pour la première fois en 1964 est un ouvrage essentiel si l'on veut comprendre la démarche artistique de Yoko. Il comprend sept parties : musique, dont la célèbre Cough Piece qui est une performance sonore, peinture, événement, poésie, objet, film et danse qui contient un grand nombre de dessins de la main de Yoko. Ce ne sont pas à proprement parler des notes et ce ne sont pas tout à fait des poèmes. Ce sont plutôt des descriptions de performances sonores ou visuelles et des objets et installations à venir, mais, de par leur écriture simple, directe, découpée et rythmée, des textes littéraires en soi. Ponctué également d'un questionnaire, d'une liste des ventes de Yoko à New York en 1965, de lettres, de comptes-rendus de performances, de programmes et d'une véritable réflexion sur son œuvre.
Yoko acquiert peu à peu une certaine notoriété dans le monde de l'art en adhérant au groupe d'artistes Fluxus, un mouvement d'artistes d'avant-garde, qui se développa au début des années 1960. Son fondateur George Maciunas ami et source d'intérêt de Yoko, admire son travail et, avec enthousiasme, s'occupe de promouvoir ses travaux artistiques. Avec La Monte Young et John Cage, George Maciunas était l'une des plus importantes influences de Yoko sur ses performances artistiques. Sa philosophie, pleine d'humour, subversive et avant-gardiste, a commercialisé une attitude pour soustraire l'art typique des années 1950. Les objets interactifs de l'art de Yoko doivent également quelque chose aux objets et aux idées Fluxus de Maciunas.
Certaines critiques ont décrit l'art de Yoko comme une synthèse entre les idéaux musicaux de John Cage, le silence d'incorporation, les bruits normaux et l'esprit plus macabre de Maciunas qui a trouvé un chemin dans la promptitude de Yoko pour choquer et les dramatisations de sa douleur mentale. Yoko, par le passé, avait déclaré: Chaque artiste est un artiste conceptuel. Je suis une artiste trompeuse. Une autre influence de Yoko, citée par les critiques, était un artiste contemporain japonais Yayoi Kusama. Les activités de Kusama impliquant la nudité ont sûrement inspiré la célèbre pochette de John Lennon et Yoko pour l'album Two Virgins où tous les deux paraissent nus. Kusama était également un organisateur d'événements pacifistes semblables au « Bed-In » pour la paix que John et Yoko firent en 1969.
Yoko était une exploratrice de l'art conceptuel. L'une de ses plus célèbres performances artistiques fut Cut Piece présentée en avant-première au Carnegie Hall de New York en 1965, performance durant laquelle l'artiste, assise sur scène, invite les spectateurs à prendre une paire de ciseaux pour découper ses habits jusqu'à ce qu'elle soit complètement nue, dans la posture traditionnelle de la femme japonaise. Cut Piece fut l'une des nombreuses occasions pour Yoko de communiquer extérieurement sa douleur interne à travers son art. La paire de ciseaux disproportionnée accentue la mise en danger, la prise de risque de la représentation, revendiquées par Antonin Artaud comme seul mode théâtral possible : Sans un élément de cruauté à la base de tout spectacle, le théâtre n'est pas possible. Cut Piece connut un tel succès confirmé par les médias et les critiques d'art qui furent fascinés par son audace que la représentation parcourut la scène de l'époque, du Living Theater en passant par le Judson Dance Theater. Sans compter l'identité du personnage, Cut Piece était une oeuvre sur le besoin d'unité et d'amour sociaux. Ce fut également une pièce qui toucha aussi bien sur les thèmes du sexisme que l'affliction de la douleur humaine et la solitude plus grande et universelle. Yoko joua cette pièce également à Londres et dans d'autres lieu de rendez-vous, recueillant une attention largement suffisante de la part du public. Au Japon, le public était plutôt timide et réservé. À Londres, des membres du public devinrent ardents afin d'obtenir un morceau de son habit et devinrent violents au point que Yoko dû être protégée par sécurité.
John Lennon avait décrit Yoko comme l'artiste inconnue la plus célèbre du monde avant-gardiste. Tout le monde connaissait son nom, mais personne ne savait qui elle était. Ses amis et amours dans le monde artistique de New York incluaient: Kate Millett, Nam June Paik, Dan Richter, Jonas Mekas, Merce Cunningham, Judith Malina, Erica Abeel, Peggy Guggenheim, Betty Rollin, Shusaku Arakawa, Adrian Morris, Stefan Wolpe, Keith Haring et Andy Warhol.
En 2001, Yes Yoko Ono, une exposition retraçant plus de 40 ans de rétrospectives du travail de Yoko, reçu l'award de la prestigieuse International Association of Art Critics USA pour la meilleure exposition de musée organisée à New York.
En 2002, Yoko reçut la médaille de Skowhegan pour son travail dans les médias assortis. Et en 2005, elle reçut une récompense de réussite de toute une vie par la Japan Society de New York.
Yoko reçu un doctorat honorifique des lois de l'université de Liverpool en 2001 ; en 2002 elle se présenta avec le degré honorifique de docteur des beaux-arts de l'université de Bard College. Le professeur Scott MacDonald déclara : Elle doit être félicitée pour tout le travail qu'elle a fait et honorée pour ce qu'elle a fait pour représenter l'histoire des médias dans le monde entier. Une femme courageuse, résiliente, persistante, indépendante, et surtout, imaginative et croyant que la paix et l'amour demeurent la meilleure façon d'accéder à un futur humain plus lumineux.
Rencontre avec John Lennon
En septembre 1966, ayant eu vent du fort mouvement culturel à Londres, marqué par le fameux Swinging London, Yoko et Tony décident de s'y installer. La presse britannique amusée mais aussi intriguée, réserva un accueil plutôt favorable aux œuvres de Yoko, et cela dès sa première prestation, le 28 septembre. Après quelques démarches, Yoko fait la connaissance de John Dumbar, grande figure de l'avant-garde artistique londonien, époux de Marianne Faithfull et directeur de la galerie Indica où elle parvient à y faire une exposition, dont le vernissage est prévu pour la mi-novembre.
Invitée le 9 novembre 1966 au Destruction In Art Symposium de Londres, Yoko rencontre John Lennon, le légendaire chanteur des Beatles, lors du vernissage de son exposition Unfinished Paintings & Objects à la galerie Indica. Ce dernier découvre alors l'univers de l'artiste conceptuelle, son imaginaire, son humour qui entrent intimement en résonance avec ses aspirations intellectuelles et artistiques. Il ne reste pas indifférent au charme mystérieux de la Japonaise. Le premier objet qui attire son attention est une pomme mise en vente pour 200 livres : « J'ai trouvé cela fantastique. J'ai tout de suite pigé l'humour de son travail » déclara-t-il au magazine Rolling Stone en 1970. Lorsque John Dunbar demanda à Yoko de laisser Lennon enfoncer un clou sur l'une de ses œuvres, elle refusa tout d'abord car le vernissage avait lieu le lendemain et elle voulait que la planche soit intacte. John proposa alors de payer cinq shillings imaginaires pour planter un clou imaginaire :
« Il y avait une échelle suspendue au plafond, menant à une peinture. On aurait dit une toile vierge avec une chaîne à l'extrémité de laquelle pendait une loupe. J'étais anti-art parce que j'avais passé cinq années dans une école d'art et qu'ils étaient tous bidon et j'étais vraiment contre. Mais en visitant les galeries je m'y étais de nouveau intéressé et j'étais là. J'ai escaladé l'échelle et pris la longue-vue, je me balançais là-haut et dans une écriture minuscule ça disait simplement « Oui ». Et c'est ce qui m'a décidé à rester. Ça disait « Oui ». Ça m'a décidé à voir la suite de l'exposition. Si ça avait dit « Non » ou quelque chose de méchant ou de sarcastique, du genre « Arnaque » ou je ne sais quoi, j'aurais quitté la galerie sur-le-champ. Parce que c'était positif et que ça disait « Oui », je me suis dit : « OK, c'est la première exposition où je vais qui me dit quelque chose de chaleureux ». Alors j'ai décidé de voir le reste de l'exposition. Et voilà comment on s'est rencontrés. Si ça avait dit « Non », je serais parti. C'était comme un truc personnel. Je suppose que quiconque lisait ça ressentait la même chose. Mais j'ai pris ça comme un « Oui » que l'artiste m'adressait personnellement. »Dans la chanson Lucy In The Sky With Diamonds sur l'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band de 1967, John Lennon rêvait déjà d'une femme qui un jour viendrait le sauver, A girl with kaleidoscopic eyes (une fille avec des yeux kaléidoscopiques) tout à la fois muse et alter ego, sans savoir qu'il s'agirait de Yoko Ono. Leur rencontre fut un court-circuit culturel, social et artistique tant le monde de la pop star internationale et l'univers avant-gardiste et relativement confidentiel de Yoko semblaient éloignés l'un de l'autre.
Voyant plus qu'un encouragement dans le fait d'avoir enfin approché une star de l'envergure de John Lennon dans une des galeries les plus branchées de Londres, l'année 1967 fut mise à profit par Yoko et Tony pour enfoncer le clou et pour que Yoko fût le plus souvent possible citée dans les gazettes. Ils n'y réussirent pas si mal, puisqu'à la fin août 1967, Yoko était devenue sinon une célébrité, du moins une curiosité ayant une forte propension à attirer, et ce de plus en plus, l'attention des tabloïds. Dès février 1967, alors que le couple squatte un peu du côté de Chelsea, chez l'artiste londonien Adrian Morris, le Tout-Londres a déjà beaucoup glosé sur son fameux film, Bottoms, et sur la collection de derrières nus et en marche qu'il proposait en gros plan. Le film, ébauché à New York peut avant de se lancer à l'assaut de la capitale anglaise, était une idée de Yoko qui lui était venue en regardant les mouvements du derrière d'une femme de ménage agenouillée et occupée à frotter le sol! Elle trouvait que l'intérêt profond du derrière, par rapport au visage, est qu'il ne peut mentir.
Yoko Ono rencontre une deuxième fois John Lennon, également à Londres, lors d'un vernissage de Claes Oldenburg, lui aussi adepte du happening. Plus tard, elle lui téléphone pour lui demander d'apporter sa contribution à un livre dont John Cage, qui se trouve être de passage à Londres, a commencé la rédaction. Il s'agit d'un ouvrage sur la musique du 20ème siècle, de Stravinsky aux Beatles. Elle obtient un rendez-vous avec un Lennon charmé qui lui offrira une partition : celle de la chanson The Word, entièrement écrite aux crayons de couleurs et présente sur l'album des Beatles Rubber Soul paru en 1965. Entre deux prises, Lennon s'entretient avec elle et se montre intéressé par sa prochaine exposition. Il est déjà sous le charme.
Cynthia Lennon, la première femme de John, était parfaitement au courant de l'existence de Yoko, longtemps avant le voyage des Beatles à Rishikesh en Inde (en 1968). Yoko s'était un jour invitée dans la voiture de John pour aller chez elle, alors même que Cynthia se trouvait à bord. C'était une politique délibérée de la part de Yoko, qui comportait aussi l'envoi de lettres et même des visites personnelles à Kenwood. Au début, John répétait qu'il s'agissait simplement d'une de ces groupies enamourées, ou bien que l'intérêt de cette femme pour lui commençait et s'arrêtait au sponsor potentiel. Cynthia n'y crut sans doute pas totalement, mais c'était ce qu'elle voulait entendre. Elle souhaitait aussi que l'Inde marquât un nouveau départ dans leur relation. En réalité, ce fut le commencement de la fin. John avait bien essayé d'emmener Yoko avec lui en Inde. La chose était impraticable, mais les amants échangèrent une correspondance régulière pendant cette période de deux mois. Cynthia apprit bien plus tard que les sorties matinales de son époux et ses manières de plus en plus distantes à son égard n'avaient rien à voir avec la méditation. Au retour de l'Inde, John Lennon quitte définitivement sa femme pour Yoko Ono.
Yoko Ono et les Beatles
En 1968, de plus en plus épris de Yoko, en qui il voit son salut, John divorce de sa première femme, Cynthia et Yoko de son mari Anthony Cox. À partir de cet instant, Yoko ne quitte plus John, même durant les enregistrements des albums des Beatles, ce qui énerve les trois autres au plus haut point. Sa présence, dès le premier jour des séances de l'album The Beatles brise une règle non écrite au sujet des femmes et des amies, en creusant un fossé dans l'esprit collégial qui avait galvanisé et soutenu les garçons lorsqu'ils se trouvaient dans le studio. Contrairement aux autres femmes ou compagnes, Yoko ne se contente pas de rester dans la salle de contrôle, derrière la table de mixage en compagnie du producteur et des ingénieurs du son, mais s'installe dans le studio même, faisant du crochet ou des commentaires sur le travail de Lennon. Et si les autres membres du groupe avaient pensé y voir la manifestation passagère d'un nouvel amour, ils déchantent quand on apporte un lit dans le studio lors de l'enregistrement de l'album Abbey Road, car Yoko doit se remettre d'un accident de voiture qu'elle a eu en Ecosse avec John, début juillet 1969. On suspend même un microphone au dessus de sa couche, pour qu'elle puisse faire commentaires et même critiques pendant les séances.
Devenue un grand sujet de controverse chez les fans des Beatles, Yoko a été présente sur les albums Double Blanc, Let It Be et Abbey Road. Elle a ainsi eu une très forte influence sur John Lennon pour la composition et le jeu musical. En revanche, sa présence a beaucoup nui à l'ambiance au sein du groupe ; elle a probablement contribué à leur séparation, s'ajoutant aux querelles concernant les affaires et les changements d'orientations musicales de chacun et notamment les tensions grandissantes entre Lennon et McCartney. Yoko a été accusée par les historiens du rock, et par la plupart des fans anglais et américains de la culture pop d'avoir été la principale responsable de la séparation des Beatles alors qu'elle n'est qu'un des éléments ayant mené à la dissolution du groupe. John Lennon, également, a déclaré qu'il avait déjà eu l'intention de quitter le groupe avant qu'il ait rencontré Yoko. Même si le temps qui passe la réhabilite peu à peu, Yoko restera dans l'esprit de millions de fans la manipulatrice, castratrice, fourbe, démon avant-gardiste en minijupe qui a provoqué la séparation des Beatles.
Cependant, beaucoup s'accordent à dire que si elle a sûrement été l'une des causes principales de la rupture du groupe, elle a aussi été une bouée de sauvetage pour un Lennon en perdition. Elle est la muse, l'inspiratrice de la plupart des chansons de John sur les albums The Beatles, Abbey Road et Let It Be. On lui doit également les chefs-d’œuvre de Lennon en solo : Imagine , Give Peace A Chance , Oh My Love Jealous Guy, Oh Yoko, Woman.
John et Yoko
Yoko allait exercer une influence considérable sur plusieurs compositions de John Lennon. En tant que Beatles, il écrivit The Ballad of John and Yoko et il fit référence à elle indirectement dans Julia, une chanson dédiée à sa mère morte alors qu'il avait 18 ans, avec le vers : « Ocean child calls me, so I sing a song of love » (« l'enfant de l'océan m'appelle, c'est ainsi que je chante une chanson d'amour »). D'autres chansons de Lennon écrites sous l'influence de Yoko virent le jour au cours de sa carrière incluant : I Want You (She's So Heavy), Don't Let Me Down, Happiness is a Warm Gun, Because (avec les Beatles), Well Well Well, Oh Yoko!, Jealous Guy, I'm Losing You, Bless You, Dear Yoko, Woman... (en solo).
Cette union verra dans un premier temps la naissance de plusieurs albums expérimentaux, dont le fameux Two Virgins. Enregistré en mai 1968, le soir où ils consommèrent leur union pour la première fois, cet album de musique électronique et expérimentale est plus connu pour sa pochette, sur laquelle ils apparaissent tous deux nus dans le plus simple appareil, que pour son contenu jugé très médiocre. D'autres albums suivront comme Unfinished Music No.2: Life with the Lions et The Wedding Album. Il s'agissait plutôt d'expérimentations conceptuelles basées sur des bruits fortement influencés par la carrière de Yoko comme artiste plastique.
Le 18 octobre 1968, le couple fut arrêté lorsque une quarantaine d'agents découvrirent plus de 219 grammes de résine de cannabis dans leur appartement occupé, au 34 Montagu Square, à Londres. Quelques jours plus tard, Yoko sera hospitalisée pour une fausse couche. Cette affaire va hanter le couple pendant des années. Le gouvernement américain s'en servira d'ailleurs pour leur interdire leur carte verte de résidents américains.
John et Yoko se marient le 20 mars 1969 à Gibraltar. Ils se produisent par la suite dans toute une série d'apparitions artistiques ou musicales (dont The Rock and Roll Circus) des Rolling Stones qui suscitent l'indignation et la surprise parmi le grand public. Ils se rendent également célèbres par leur engagement militant en faveur de la paix dans le monde, notamment au travers du tube Give Peace A Chance attribué à la toute jeune Plastic Ono Band, qui fut le premier succès jamais sorti par un Beatles en dehors du groupe. Le 13 septembre 1969, le premier album du Plastic Ono Band fut enregistré pendant le Toronto Rock and Roll Revival Festival. En plus de John et Yoko, cette première incarnation du groupe se composa du fameux guitariste Eric Clapton, du bassiste Klaus Voormann, et du batteur Alan White. Il y interprétèrent aussi bien de vieux standards du rock'n'roll que "Give Peace A Chance" ainsi que deux compositions de Yoko, Don't Worry Kyoko (Mummy's Only Looking For Her Hand In The Snow) et John, John (Let's Hope For Peace) durant ce qui fut peut-être l'une des premières performances avants-gardistes données pendant un concert de rock, devant un public bouche bée de stupeur.
Après de continuels voyages entre le Royaume-Uni et les États-Unis, John et Yoko s’installent définitivement à New York, au mois d’août 1971. Leur première demeure est située dans le West Village new-yorkais. Alléchés par l'arrivée de John et Yoko aux USA, les médias les inondèrent de demandes d'interviews. Le couple vit là une formidable occasion d'intensifier sa campagne pour la paix. Lors de leur première année aux Etats-Unis, John et Yoko jouèrent également un rôle actif dans de nombreuses manifestations politiques. Le 11 décembre 1971, le couple se produisit aux côtés de Stevie Wonder, Phil Ochs et Commander Cody lors du John Sinclair Freedom Rally, un concert donné à la Crisler Arena, à Ann Arbor, Michigan devant un public de 50 000 personnes contre l'incarcération de John Sinclair, le leader des White Panther Party. Arrêté pour détention de deux joints de marijuana, Sinclair avait été condamné à dix ans de réclusion en juillet 1969. John et Yoko avaient écrit chacun une chanson pour le rassemblement. Le John Sinclair de John rendait hommage à ce dernier et le Sisters, O Sisters de Yoko annonçait les chansons féministes à venir. Trois jours après ce concert, Sinclair fut libéré après n'avoir effectué que 21 mois de prison; un exemple de l'efficacité des interventions de John et Yoko depuis leur arrivée en Amérique. Six jours plus tard, le 17 décembre 1971, John et Yoko furent les invités surprise d'un concert de bienfaisance organisé à l'Apollo Theatre de New York, en faveur des victimes des émeutes de la prison d'Attica State du mois de septembre précédent, durant lesquelles la garde nationale avait tué vingt-huit prisonniers et neuf otages.
Entre le 14 et le 18 février 1972, John et Yoko co-présentèrent le Mike Douglas Show, un talk-show télévisé diffusé dans tout le pays et destiné aux ménagères de la classe moyenne. A priori, une émission qui leur ressemblait peu, mais Yoko et John savaient que cela leur permettrait d'infiltrer la petite bourgeoisie américaine. Pendant l'émission, John et Yoko déclarèrent que des agents du gouvernement américain les filaient et que leur téléphone était sur écoute.
Le 30 août 1972, John et Yoko organisèrent deux concerts de charité au Madison Square Garden de New York, au profit de la One To One Organization, une organisation pour les enfants handicapés mentaux. Accompagné par le Plastic Ono Band Elephant's Memory Band, le couple interprètèrent un répertoire de chansons provenant de leurs premiers albums solos dont Sometime In New York City. Ces concerts générèrent plus de 1.5 millions de dollars et firent l'objet d'un disque et d'un film intitulé Live In New York City où l'on peut remarquer que la connotation politique était en outre particulièrement virulente.
Ensuite, ils déménagent dans le fameux immeuble Dakota Building, en face de Central Park. Une époque curieuse de la relation de Yoko et Lennon, déjà étrange en soi, commence à l'automne 1973, quand tous les deux se séparent pour une période de 18 mois. Yoko continue sa carrière musicale et artistique à New York tandis que John s'en va vivre à Los Angeles avec leur assistante personnelle May Pang. Yoko avait plus au moins poussé May dans les bras de John : mieux valait une jeune et jolie chinoise, pensait-elle, qu'une escouade de groupies hystériques. Pendant cette séparation, John et Yoko restent constamment en contact, exprimant mutuellement son amour et Yoko dépêcha même régulièrement sur place divers espions pour contrôler les faits et gestes de son mari. Elle lui avait interdit de rentrer jusqu'à ce qu'elle estime qu'il était prêt et qu'il avait chassé de ses habitudes la boisson et la fête. Le 28 novembre 1974, le jour de Thanksgiving, John joua à côté d'Elton John à l'occasion d'un concert au Madison Square Garden de New York. Yoko assistait incognito à ce concert, dans le public, et vint saluer John dans les coulisses après le spectacle. C'était leur première rencontre en un an et sans doute l'espoir de les voir bientôt à nouveau réunis. C'est ainsi qu'en janvier 1975 et après plus de dix-huit mois passés loin l'un de l'autre, John est de nouveau admis au Dakota aux côtés de Yoko.
Yoko tomba très vite enceinte (elle avait alors 42 ans) et accoucha le 9 octobre 1975, jour du trente-cinquième anniversaire de John, de leur fils Sean Taro Ono Lennon. Dès lors, le partage des fonctions dans le couple se fait d’une manière très claire : John se consacre entièrement à son fils et Yoko s'occupe de leurs affaires familiales. Elle prend les rênes des finances communes et devient la gestionnaire de l’important passif musical de John.
Assassinat de Lennon
En 1980, John et Yoko décident de revenir au devant de la scène publique avec leur album commun Double Fantasy, qui connaît un véritable succès. C'est au gré d'une visite dans un jardin botanique que le couple découvrira une plante nommée Double Fantasy, dénomination qui les charmera, et qui deviendra le titre de leur nouvel album. Peu après, le 8 décembre 1980, John Lennon est assassiné à New York à 22 h 52, après une soirée de travail en studio et alors qu'il rejoint son appartement du Dakota Building près de Central Park. Sous les yeux de Yoko, Mark David Chapman, un homme profondément religieux, mais complètement déséquilibré, l'abat de cinq balles de revolver (calibre 38). Quelques heures plus tôt, Lennon lui avait accordé un autographe. Malgré ce drame, Yoko réagit dignement à la situation, mais ses états d'âme après le décès de John restent tout de même obscurs. Après l'assassinat de John, elle ralentit sa production artistique et se consacre entièrement à son fils Sean. Son image se revalorise. À partir de cet instant, elle gère l'empire économique en hausse de John avec plus de sérieux et de professionnalisme. Elle édite des disques posthumes de John: Live In New York City, Milk And Honey et Menlove Avenue, avec de vieilles chansons ou de simples maquettes, et s'unit à Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr dans la défense des intérêts communs des Beatles.
En 1985, à l'occasion du 45ème anniversaire de John, une partie de Central Park face à l'immeuble Dakota fut réaménagée en utilisant un don d'un million de dollars de Yoko et baptisé le Strawberry Field Memorial.
Le 12 octobre 2006, Yoko remis un prix de 50 000 dollars (près de 40 000 euros) à « Médecins sans frontières » et au « Center For Constitutional Rights ». deux associations oeuvrant pour la paix et l’harmonie. Le 26 novembre 2006, Yoko publia un encart dans le New York Times pour appeler le monde à faire du 8 décembre, date de l’assassinat de John Lennon, une journée de demande de pardon auprès des victimes de violence.
Le 9 octobre 2007, The Imagine Peace Tower (la tour de paix imaginée) a été allumée pour la première fois en l'île de Viðey sur la côte de Reykjavík, en Islande. Cette tour, à l'origine une idée conçue par Yoko en 1965 est allumée annuellement à partir du 9 octobre, jour de l'anniversaire de John jusqu'au 8 décembre, date de son assassinat. Dans la tour les mots Imagine Peace sont découpés et traduits dans plus de 24 langues différentes.
En 1988, Yoko s'établit en Suisse, à Genève loin des fans et des paparazzis.
Carrière
Carrière musicale
Yoko a également mené une carrière de chanteuse. Elle était déjà musicienne lorsqu'elle rencontra John. Elle avait collaboré avec notamment John Cage et la légende du free jazz, Ornette Coleman. Mais sa relation avec Lennon lui donna une notoriété que sa carrière solo ne laissait pas jusque-là espérer.
Yoko étudie la musique dès son plus jeune âge dans une école maternelle spécialisée appelée « Jiyu-Gakuen ». Elle y apprend à écouter les sons de l'environnement et de la vie quotidienne et à les traduire en notations musicales, comme le fera plus tard John Cage. Dans son désir de transcrire les bruits de la nature, elle décide de combiner le mode de notation musicale occidental à des instructions, prélude aux "Instruction Pieces" qu'elle développera pour la peinture et la sculpture, après avoir remarqué combien dans la musique, à la différence de l'art, il y a une séparation entre la partition écrite par le compositeur et l'interprétation qu'en fait le musicien. Après avoir étudié au « Sarah Lawrence College », où elle chante des lieders allemands et des airs d'opéra, elle rencontre les compositeurs Edgar Varèse, Morton Feldman et John Cage qui dès la fin des années 1950 l'encouragent de se lancer dans la direction qu'elle souhaite emprunter. Elle pénètre le monde de l'avant-garde musicale avec son premier mari, Toshi Ichiyanagi, un jeune musicien et compositeur japonais qui gagne sa vie comme copiste de partitions pour des compositeurs. Tous deux s'installent à Manhattan, dans un loft sur Chambers Street, qui devint, au début des années 1960, le théâtre de nombreuses performances artistiques et de concerts avec La Monte Young, John Cage et George Maciunas.
La musique de Yoko a souvent été qualifiée par ses détracteurs comme une litanie de cris, d'autant plus insupportable que l'artiste avait à leurs yeux semé le germe de la rupture entre les Beatles avec l'expérimental Revolution 9. Les cris émis par Yoko dans ses performances vocales traduisent la schizophrénie culturelle qui la marquait depuis son enfance, partagé entre Orient et Occident, le Japon et les États-Unis, où elle fut élevée entre un père qui vouait une admiration infinie à Bach, Beethoven et Brahms et une mère qui jouait de plusieurs instruments traditionnels japonais. Ils sont aussi révélateurs de l'importance qu'elle accorde au corps comme instrument primordial, vecteur d'émotions musicales. Yoko exploite le spectre de la voix de manière unique. Elle devait devenir par la crudité de sa voix, le recours à l'improvisation et au free jazz, une des sources occultes du rock expérimental. L'influence de sa voix "hors limite" transparaît chez une artiste comme Björk, notamment sur son album « Medulla ».
En décembre 1970, elle sort son premier album solo, Yoko Ono/Plastic Ono Band, parallèlement au disque de John, John Lennon/Plastic Ono Band. Les deux albums ont les couvertures presque identiques : Yoko nous montre une photo d'elle se penchant sur John, et John une photo de lui se penchant sur Yoko. Cet album se compose de cris, des sons déchirants émis du plus profond de sa gorge qui ont été probablement influencés par des opéras japonais. La musique est à l'image de cette révolution : agressive, non mélodique, improvisée. On ne parle pas de morceaux à proprement parlés mais bien d'improvisations; l'une d'elles est accompagnée par le groupe d' Ornette Coleman. John Lennon fait sonner sa guitare comme il ne l'avait encore jamais fait. Quelques uns de ses morceaux ont beaucoup influencé l'artiste Meredith Monk et d'autres artistes musicaux qui ont employé des cris perçants au lieu des mots. Cette structure vocale qui attire l'attention sur les aspects timbral et d'orchestrational de la musique est considérée comme une technique commune au free jazz. Quelques groupes punk dont Public Image Ltd citèrent cet album (et d'autres albums de Yoko) comme la création de la base de la musique punk. L'album se classa à la 183ème position dans les charts aux États-Unis.
En 1971, Yoko sort son premier double album Fly. Il explore les qualités expressives avant-gardistes de la voix tout en proposant des rythmiques rock. Parallèlement, l'influence de John Lennon sur Yoko se fait plus prégnante dans certains morceaux, telles la structure teintée de pop de Minsummer New York ou la ballade Mrs Lennon.
En 1972, Yoko publie son deuxième double album Approximately Infinite Universe qui sera souvent considéré comme son meilleur. Accompagnée par le Plastic Ono Elephants Memory Band, Yoko se livre à un recueil de chansons ayant comme sujet la maltraitance des hommes envers les femmes. Ce disque suscitera très peu d'intérêt ce qui explique qu'il n'entre qu'à la 193ème place des charts aux États-Unis, mais sera reconnu bien plus tard pour sa qualité musicale, en particulier pour des chansons telles que Move On Fast, Now Or Never, Yang Yang, What A Bastard The World Is ou Death Of Samantha. Suivra l'année suivante, son quatrième album Feeling The Space qui traitera du même sujet.
En août 1974, Yoko retourne au Japon après plus de dix ans d'absence à l'occasion d'un concert donné lors du Koriyama One Step Festival et publie l'album A Story et le single Yume O Moto (Let's Have A Dream).
En 1980, c'est à la veille de la mort de John Lennon que Yoko s'affirme comme une artiste pop accomplie avec Walking On Thin Ice, simple qu'elle venait de terminer le soir où il fut assassiné. Lui qui avait livré un prodigieux solo de guitare avait déclaré avant de mourir que ce morceau marquait une grande évolution dans la musique du couple. Walking On Thin Ice sorti en single moins d'un mois plus tard et devint un tube planétaire, le premier grand succès de Yoko en se classant à la 58e position des charts américains.
En 1981, elle sortit l'album Season Of Glass. Enregistré plus de six mois après l'assassinat tragique de son mari, cet album encore plus rageur que les expérimentations frénétiques et avant-gardistes des années 70 a l'intelligence de mêler à la violence de la vie intérieure de la plus célèbre veuve du monde la sophistication et la beauté de mélodies pop uniques. Avec des chansons comme Goodbye Sadness, I Don't Know Why ou Mother Of The Universe, Yoko nous raconte le travail de deuil, la peine, le choc, la peur, la tristesse, l'émotion, John. Season Of Glass se classa à la 49e place des charts mondiaux ce qui fit de lui l'album le plus cèlèbre et le plus reconnu de Yoko en solitaire. La ré-édition de 1997 en CD, contient deux chansons supplémentaires dont le hit Walking On Thin Ice et une maquette de la chanson I Don't Know Why enregistrée par Yoko le lendemain de la mort de John Lennon. Sa célèbre pochette montrant les lunettes de John Lennon tachées de sang, à côté d'un verre à moitié plein d'eau et avec une fenêtre donnant sur Central Park a provoqué des critiques qui accusait Yoko d'être insipide et exploitante. Cependant, elle déclara qu'elle avait choisi cette image car qu'elle voulait rappeler aux gens que John Lennon n'était pas simplement mort ou s'était suicidé, mais qu'il avait été assassiné. Elle déclara également que tous ceux qui ont pensé que l'image des lunettes sanglantes étaient blessantes en raison des tâches de sang devraient se rappeler plus du meurtre de John que d'une paire de lunettes. Cette image représentait aussi ce qu'elle et d'autres membres de la famille de John Lennon ont dû endurer après sa mort. Cette photographie fut vendue à une enchère à Londres en avril 2002 pour environ $13 000.
L'année 1982 voit paraître le sixième album solo de YokoIt's Alright (I See Rainbows). Cet album est plus positive que son précédent. La pochette montre Yoko avec ses célèbres lunettes de soleil avec ses boucles, regardant vers le soleil, alors que sur le dos, le fantôme de John Lennon s'interpose entre elle et son fils Sean. L'album connaîtra un succès bien mineur dans les charts et deux de ses chansons seront publiées en single : My Man et Never Say Goodbye.
En 1984, un album hommage à Yoko Every Man Has A Woman Who Loves Him sorti, comportant une séléction de ses chansons interprétées par des artistes tels qu' Elvis Costello, Roberta Flack, Eddie Money, Rosanne Cash et Harry Nilsson. Ce fut l'un des projets que John Lennon ne put jamais terminer. Plus tard, dans la même année, le dernier albun posthume de John et Yoko dans la veine de Double Fantasy, Milk And Honey fut publié.
Starpeace publié en 1985, fut le dernier album de Yoko à paraître dans les années 80. C'est un album conceptuel qu'elle avait imaginé comme un antidote au système de défense de missile Star Wars de Ronald Reagan. Sur la pochette, on y voit une Yoko souriante qui tient la terre dans la paume de sa main. Starpeace est devenu (sans l'influence de Lennon), l'album le plus réussi de Yoko. Le single Hell In Paradise fut un hit, se classant à la 16e position des charts américains et 26e dans la liste des 100 plus grands succès du Billboard.
En 1986, Yoko entreprend avec énergie sa première tournée mondiale, World Tour For Starpeace en visitant la plupart du temps les pays de l'Est dans lesquels elle sentait devoir proclamer son message de paix. À cette occasion, elle repasse par le Hilton d'Amsterdam où elle parle aux journalistes installée sur le lit où John et elle ont fait leur premier Bed-In, dix-sept ans plus tôt. Sur scène, en plus de son répertoire, elle interprète quelques-unes des chansons les plus connues de John.
En 1991, elle crée le Peace Choir avec son fils Sean et Lenny Kravitz. Ils enregistrent avec de nombreux autres artistes une reprise de Give Peace A Chance pour protester contre la Guerre du Golfe.
En 1992, Yoko signa un contrat avec la maison d'édition Rykodisc pour sortir un coffret de 6 CD, Onobox résumé de sa carrière musicale agrémenté de maquettes et de chansons inédites. Un best of Walking On Thin Ice sorti également cette même année.
Son retour à la musique se produit en 1995 avec la sortie de Rising, une collaboration avec son fils Sean et son groupe Ima. Cet album a engendré une tournée mondiale qui passa par l'Europe, le Japon et les États-Unis. L'année suivante, elle collabora avec divers musiciens de rock pour l'élaboration de Rising Mixes. Les plus grands DJs américains du moment ont remixé des chansons extraites de "Rising". Parmi les participants, on y trouve Cibo Matto, Ween Tricky et Thurston Moore.
En 1997, Rykodisc re-édite tous les albums de Yoko en CD de Yoko Ono/Plastic Ono Band à Starpeace. Yoko et l'ingénieur du son Rob Stevens ont personnellement remastérisé les bandes originales et diverses bonus furent également ajoutés (démos, prises alternatives, inédits et versions lives).
L'année 2001 voit la sortie de son dernier album Blueprint For A Sunrise reprenant le thème d'un esprit féministe engagé comme cela avait déjà été le cas avec Approximately Infinite Universe et Feeling The Space.
Début 2002, des DJs américains remixèrent des chansons de Yoko pour des clubs de dance. Pour ce projet, elle supprime son prénom qui devient simplement ONO, une réponse comique à la phrase : « Yoko Ono Oh No! », une plaisanterie qui l'a poursuivie durant toute sa carrière. ONO connut un grand succès avec de nouvelles versions de Walking On Thin Ice, remixées par le meilleur des DJs et artistes de dance américains avec notamment Pet Shop Boys, Orange Factory, Peter Rauhofer et Danny Tenaglia.
En avril 2003, ce succès fut confirmé avec le remix de Walking On Thin Ice des Pet Shop Boys, qui atteindra la première place du Billboard, faisant de ce single le tout premier numéro un de Yoko. Elle reviendra à la première place en novembre 2004 avec Everyman...Everywoman..... La chanson Every Man Has A Woman Who Loes Himextraite de Double Fantasy fut remise au goût du jour et les paroles modifiées afin de soutenir les mariages gays.
En 2007, sort l'album Yes I'm A Witch, une compilation de remixes de chansons du catalogue de Yoko par divers artistes comprenant The Sleepy Jackson, The Flaming Lips, Cat Power, Antony, DJ Spooky, Porcupine Tree et Peaches. Yes I'm A Witch a été très bien reçu par les critiques, qui furent très surprises.
Après la sortie de Yes, I'm A Witch, Yoko enfonce le clou avec Open Your Box qui est sorti en avril 2007. Il s'agit également d'un album de remixes. Parmi les remixeurs, on compte les noms des Pet Shop Boys, Basement Jaxx et Felix Da Housecat. Parmi les morceaux remixés, notons le fameux Give Peace A Chance, Hell In Paradise sur l'album Starpeace en 1985, et trois versions de Walking On Thin Ice.
Durant sa carrière, Yoko a collaboré avec divers groupes, artistes et musiciens dont Andy Warhol, Paul McCartney, John Cage, David Spinozza, Hugh McCracken, Michael Brecker, Earl Slick, The Flaming Lips, Pet Shop Boys, Peter Rauhofer, Danny Tenaglia,David Tudor, George Maciunas, Ornette Coleman, Cat Power, Charlotte Moorman, George Brecht, Jackson Mac Low, Jonas Mekas, Lenny Kravitz, Frank Zappa, Yvonne Rainer, La Monte Young, Richard Maxfield, Zbigniew Rybczyński, Yo La Tengo, DJ Spooky.
Discographie
Albums
- 1968 : Unfinished Music No.1: Two Virgins (avec John Lennon)
- 1969 : Unfinished Music No.2: Life with the Lions (avec John Lennon)
- 1969 : Wedding Album (avec John Lennon)
- 1969 : Live Peace in Toronto 1969 (avec John Lennon)
- 1970 : Yoko Ono/Plastic Ono Band
- 1971 : Yoko Ono/Fly
- 1972 : Some Time in New York City (avec John Lennon)
- 1972 : Approximately Infinite Universe
- 1973 : Feeling The Space
- 1974 : A Story (ressorti en 1997)
- 1980 : Double Fantasy
- 1981 : Season of Glass
- 1982 : It's Alright (I See Rainbows)
- 1984 : Every Man Has A Woman (Tribute album with various artist)
- 1984 : Milk And Honey
- 1985 : Starpeace
- 1992 : Onobox (6CD)
- 1992 : Walking On Thin Ice
- 1994 : New York Rock
- 1995 : Rising
- 1996 : Rising Mixes
- 1997 : A Story
- 2001 : Blueprint For A Sunrise
- 2007 : Yes, I'm A Witch (Album de Remixs)
- 2007 : Open Your Box (Album de Remixs)
- 2009 : Between my Head and the Sky (Yoko Ono/Plastic Ono Band)
Compilations
- 1992 : Walking On Thin Ice
- 2003 : Wig in a Box
Singles
- 1971 : Mrs. Lennon/Midsummer New York
- 1971 : Don't Worry Kyoko (Mummy's Only Looking For A Hand In The Snow)
- 1972 : Now or Never/Move on Fast
- 1972 : Mind Train/Listen, the Snow is Falling
- 1973 : Death of Samantha/Yang Yang
- 1973 : Josejoi Banzai (sorti uniquement au Japon)
- 1973 : Woman Power/Men, Men, Men
- 1973 : Run, Run, Run/Men, Men, Men
- 1981 : Walking On Thin Ice
- 1981 : No, No, No
- 1982 : My Man
- 1982 : Never Say Goodbye
- 1985 : Hell in Paradise
- 1985 : Cape Clear/Walking on Thin Ice [Re-edit] (promo)
- 1986 : I Love All of Me
- 1995 : Ask the Dragon
- 1996 : New York Woman
- 2001 : It's Time For Action
- 2001 : Open Your Box (Remixes)
- 2002 : Kiss Kiss Kiss (Remixes)
- 2002 : Yang Yang (Remixes)
- 2003 : Walking On Thin Ice (Remixes)
- 2003 : Will I/Fly (Remixes)
- 2004 : Hell in Paradise (Remixes)
- 2004 : Everyman… Everywoman… (Remixes)
- 2007 : You’re The One (Remixes)
- 2007 : No, No, No (Remixes)
- 2008 : Give Peace a Chance (Remixes)
Faces B des singles de John Lennon
- 1969 : Remember Love (sur Give Peace A Chance)
- 1969 : Don't Worry Kyoko (sur Cold Turkey)
- 1970 : Who Has Seen The Wind (sur Instant Karma)
- 1971 : Why (sur Mother)
- 1971 : Open Your Box (sur Power To The People)
- 1971 : Listen The Snow Is Falling (sur Happy Xmas(War Is Over))
- 1972 : Sisters O Sisters(sur Woman Is The Nigger Of The World)
- 1980 : Kiss Kiss Kiss (sur Just Like(Starting Over))
- 1981 : Beautiful Boys (sur Woman)
- 1981 : Yes I'm Your Angel (sur Watching The Wheels)
- 1984 : O'Sanity (sur Nobody Told Me)
- 1984 : Sleepless Night (sur I'm Stepping Out)
- 1984 : Your Hands (あなたの手) (sur Borrowed Time)
Carrière cinématographique
Yoko a aussi été réalisatrice de films. Elle a fait plus d'une soixantaine de films entre 1964 et 1972. Encouragée dans cette voie par Jonas Mekas en 1964, Yoko écrit, selon le principe de ses Instructions Pieces, des scripts de films qui interrogent la nature du médium cinématographique : elle propose par exemple de distribuer des ciseaux au public pour lui permettre de découper sur l'écran ses morceaux préférés du film. « Je ne me considère pas comme une réalisatrice, mais comme une cinéaste qui donne des instructions. Tout le monde peut devenir réalisateur. » affirme-t-elle avant de réaliser quelques-uns des Fluxfilms , série de films courts rassemblés par George Maciunas dès 1966 en une oeuvre collective produite par Fluxus et présentée au festival du cinéma indépendant d'Ann Arbor aux États-Unis en 1966. Pour George Maciunas, il s'agit de films wallpaper , tournés en 16 mm ou 8 mm, disponible à la vente par correspondance et destinés comme du papier peint, aux murs d'un appartement où ils sont projetés en boucle, tout autant qu'aux salles de cinéma. Par le parti pris de leur économie de moyens, ces films sont dans le droit fil de la tendance minimaliste réductiviste qui allait marquer l'avant-garde américaine, tels ceux de George Landow et Paul Sharits. La plupart d'entre eux sont tournés avec la caméra ultrarapide que George Maciunas avait empruntée au cinéaste underground Ed Emshwiller.
Les films de Yoko s'inscrivent dans l'esthétique antispectaculaire de Fluxus, inventaire de gestes fugitifs, imperceptibles, manifestation anodines dont elle dévoile le mystère, avec des plans séquence étirés lors de la projection au moyen d'un extrême ralenti. On ne peut pas parler d'action mais plutôt de la captation d'un mouvement, d'un fragment de vie : le clignement d'un oeil dans Eye Blink , une allumette qui se consume dans One , auxquels Yoko confère monumentalité et intemporalité. Cet oeil qui s'ouvre et qui regarde le spectateur introduit une mise en abyme métaphorique du regard. L'oeil sur l'écran est filmé par l'oeil de la caméra et regarde l'oeil du spectateur, dans un effet de miroir.
En 1967, Yoko tourne Four (Bottoms) qui acquiert, par le scandale des postérieurs qu'il met en scène, une certaine notoriété, rééditant les scandales qui avaient accompagné trois ans auparavant la sortie de Flaming Creatures de Jack Smith et Sleep d'Andy Warhol. Ce film avait pour ambition d'être un calendrier de 365 paires de fesses portées par les plus grandes figures de l'avant-garde telles que Philip Corner, Ben Patterson et Carolee Schneemann, filmées en gros plan. Au-delà de ce qui pourrait apparaître comme une provocation nourrie de l'esprit et de l'utopie des années 1960, ce film affirme un principe visuel très construit, et le titre Four détermine le cadrage de la composition sur ces fesses paradoxalement dématérialisées en un quadrillage abstrait. « Dans une cinquantaine d'années, c'est-à-dire, vu d'ici, dans dix siècles, les gens verront des films des années 1960. Ils en viendront au Film n°4, verront cette soudaine invasion de postérieurs et se rendront compte que ces postérieurs appartenaient au petit monde de la scène londonienne. Et j'espère qu'ils observeront ainsi que les sixties n'étaient pas seulement une ère à archiver, mais aussi une époque de rires. Ce film, en fait, ressemble à une pétition sans objet que tout le monde aurait signé de l'anus. La prochaine fois que nous voudrons lancer un appel, nous enverrons ce film en guise de liste des signataires. » plaisante avec provocation Yoko en 1967, en une réponse acérée à la commission de censure qui sanctionna le film.
Ayant milité pour la paix et la défense des droits de la femme, Yoko a également figuré au générique de plusieurs films sur la maltraitance des femmes dont Satan's Bed, sortie en 1965.
Filmographie
- 1965 : Cut Piece (9 minutes)
- 1966 : Eye Blink (5 minutes)
- 1966 : Bottoms (5½ minutes)
- 1966 : Match (5 minutes)
- 1967 : Wrapping Piece (approx. 20 minutes., musique de Delia Derbyshire)
- 1967 : Film No. 4 (Bottoms) (80 minutes)
- 1967 : Bottoms, advertisement/commercial (approx. 2 minutes)
- 1968 : Two Virgins (approx. 20 minutes)
- 1968 : Film No. Five (Smile) (51 minutes)
- 1969 : Rape (77 minutes)
- 1969 : Bed-In (74 minutes)
- 1970 : Let It Be (81 minutes)
- 1970 : Apotheosis (18½ minutes)
- 1970 : Freedom (1 minute)
- 1971 : Sweet Toronto/Keep A Knockin' (70 minutes)
- 1971 : Fly (25 minutes)
- 1971 : Making of Fly (approx. 30 minutes)
- 1971 : Erection (20 minutes)
- 1971 : Imagine (70 minutes)
- 1971 : Sisters O Sisters (4 minutes)
- 1971 : Luck of the Irish (approx. 4 minutes)
- 1972 : Flipside (TV show) (approx. 25 minutes)
- 1972 : Live In New York City (approx. 50 minutes)
- 1984 : Then & Now (58 minutes)
- 2000 : Blueprint for the Sunrise (28 minutes)
Personnalité et autres activités
Activisme politique
Depuis le début des années 1960, Yoko a milité pour la paix et la défense des droits de la femme. Après leur mariage, John et Yoko utilisèrent leur célébrité pour promouvoir la cause qu'ils défendent « la paix dans le monde » avec leur célèbre Bed-In durant leur lune de miel à l'Hilton Hôtel, à Amsterdam en mars 1969. Les médias du monde entier les tournèrent en ridicule, mais en parlant de l'événement, la presse évoque systématiquement le message du couple à propos de la paix mondiale. Le « Bed-In » de Montréal, en mai 1969, eu pour conséquence l'enregistrement de leur premier simple Give Peace A Chance, un hymne pacifiste composé par le couple.
D'autres prestations du couple incluent le Bagism. Présenté à Vienne et inventé par Yoko en 1962, le Bagism permettait, en étant caché à la vue des spectateurs, de stimuler leur imagination et, en dissimulant les apparences extérieures, de rendre accessible la réalité intérieure. John et Yoko réalisèrent plusieurs performances de Bagism entre 1968 et 1971. Le sac devient également le symbole de leur désir d'intimité et une contestation du racisme.
Dans les années 1970, John et Yoko participèrent à de nombreuses manifestations politiques en faveur de diverses personnalités comme Bobby Seale, Jerry Rubin, Michael X, John Sinclair (pour qui ils ont organisé un concert après qu'il fut emprisonné), Angela Davis, Kate Millett et David Peel. Le 11 décembre 1971, le couple se produisit aux côtés de Stevie Wonder, Phil Ochs et Commander Cody, entre autres, lors d'une manifestation à Ann Arbor, Michigan, contre l'incarcération de John Sinclair, le leader du White Panther Party. Arrêté pour détention de deux joints de marijuana, Sinclair est condamné à dix ans de réclusion en juillet 1969. Le 11 décembre 1971 marque le point culminant de la bataille juridique en faveur de sa libération. A cette occasion, fut organisé le John Sinclair Freedom Rally , concert donné à la Crisler Arena, à Ann Arbor, Michigan devant un public de 50 000 personnes. Ils sont apparus dans l'émission Mike Douglas Show qu'ils co-présentèrent pendant une semaine et où Yoko a beaucoup parlé de sujets traitant sur le racisme et le sexisme. Yoko est restée très franche dans son appui du féminisme, et ouvertement amère au sujet du racisme qu'elle avait éprouvé des fans de rock, plus particulièrement au Royaume-Uni.
En 2002, Yoko a inauguré sa propre récompense de paix en donnant $50.000 (£31,900) aux artistes vivants dans les régions en conflits. Les artistes israéliens et palestiniens étaient les premiers destinataires.
En 2004, Yoko refit sa chanson Everyman... Everywoman... pour soutenir les mariages homosexuels et changea les vers « Every Man Has A Woman Who Loves Him » en « Every Man Has A Man Who Loves Him » et « Every Woman Has A Woman Who Loves Her. »
Le 14 février 2003, le jour de la St-Valentin et la veille de l'invasion irakienne par les Américains et les Anglais, Yoko entendit parler d'un couple menant une protestation au lit dans leur chambre à coucher à Addingham dans le West Yorkshire, en Angleterre. Elle envoya des fleurs au couple Andrew et Christine Gale et leur souhaita le meilleur pour leur campagne.
Le 5 janvier 2008, Yoko inventa une publicité qui sorti dans l'édition du New York Times où il y avait écrit tout simplement IMAGINE PEACE (Imaginez la paix).
Relations avec Paul McCartney
Yoko a de temps en temps discuté avec le Beatle Paul McCartney au sujet des crédits d'écriture pour beaucoup de chansons des Beatles. Quand les Beatles étaient encore ensemble, chaque chanson écrite par Lennon ou McCartney, indépendamment de celles qui apparaissent sur le premier album du groupe Please Please Me étaient créditées comme Lennon-McCartney, si la chanson était une collaboration ou un projet solo. Après la mort de Lennon, McCartney essaya de changer l'ordre en McCartney-Lennon pour des chansons telles que Yesterday et seulement si elles avaient été écrites par lui-même, mais Yoko ne le lui permit pas. Elle dit qu'elle pensait que ceci casserait l'accord que les deux avaient conclu tandis que Lennon était encore vivant. Cependant, McCartney a déclaré qu'un tel accord n'avait jamais existé. Les deux autres Beatles ont convenu que les crédits devaient rester les mêmes car ils l'avaient toujours été ainsi et Paul retira sa demande. Cependant, une dispute refit surface en 2002. Sur son album enregistré en live, Back In The World, 19 chansons des Beatles sont décrites comme étant écrites par Paul McCartney et John Lennon. Cependant, sur certains albums réalisés en solo, la mention Lennon-McCartney a également été modifiée pour des chansons des Beatles. En 1976, Paul sorti un autre album live intitulé ''Wings Over America'' dans lequel plusieurs chansons des Beatles sont créditées de cette manière : ''P. McCartney - J. Lennon''. De même en 1998 sur The John Lennon Anthology et Lennon Legend, les crédits de la chanson Give Peace A Chance sont attribués uniquement à John Lennon, au lieu des originaux qui étaient: Lennon-McCartney.
En 1995, McCartney et sa famille collaborèrent avec Yoko et Sean Lennon pour créer le morceau ''Hiroshima Sky is Always Blue'' pour commémorer le cinquantième anniversaire de la chute d'une bombe atomique sur la ville japonaise. Au sujet de Yoko, McCartney déclara : '' J'ai pensé qu'elle était une femme froide. J'ai pensé négativement, elle est juste l'opposé. Je pense qu'elle est simplement plus déterminée que la plupart des personnes pour être elle-même.''. McCartney n'invitera pas Yoko aux funérailles de sa femme Linda McCartney en 1998.
Le 18 octobre 2001, lorsque McCartney parla de Yoko durant l'émission ''The Howard Stern Show'', il dit : ''Nous n'avons jamais eu la meilleure relation du monde, ça s'est sûr. Mais nous oublions complètement ça quand nous devons être ensemble.''. Il admit plus tard qu'il serait peu disposé à parler du traitement de Julian Lennon, craignant qu'il ne blesse leur rapport d'affaires.
Critiques
Sa relation avec Cynthia Powell (première épouse de John Lennon) reste tendue. Dans une récente interview de la BBC, Cynthia Powell a déclaré que le comportement de Yoko envers Julian Lennon après la mort de son père est honteux. Dans sa biographie publiée en 2006, Cynthia Lennon décrit Yoko comme une femme égoïste et rancunière. Cynthia établit un parallèle entre son rapport avec Yoko et celui avec sa tante Mimi Smith qui l'a élevé dans son enfance.
Sa fille Kyoko Chan Cox
Kyoko Chan Cox, née le 3 août 1963, est la fille de Yoko et du cinéaste Anthony Cox et la demi-soeur de Sean Lennon. Kyoko a passé ses premières années entourées par une série d'artistes, musiciens, et réalisateurs de film. Anthony Cox l'éleva seul de 1965 à 1969 après que Yoko l'a laissé tomber. Ils divorcèrent en février 1969.
En 1971, tout en étudiant avec le gourou Maharishi Mahesh Yogi à Majorque, Cox accusait Yoko d'avoir enlevé Kyoko dans son hôtel. Un grand nombre d'accusations ont été alors faites par les parents vers l'un et l'autre et sur les droits de la garde parentale. Cox s'est par la suite installé à Houston, au Texas et se convertit au christianisme évangélique avec sa nouvelle épouse, qui venait à l'origine de Houston. À la fin de 1971, une audition de garde à Houston alla à l'encontre de Cox. En violation de l'ordre, il enlèva Kyoko et disparut. Yoko se lança alors à la recherche de sa fille à l'aide de la police et d'investigateurs privés. Yoko écrivit une chanson au sujet de sa fille, Don't Worry Kyoko (Mummy's Only Looking For Her Hand In The Snow), qui apparut sur l'album live de John et Yoko, Live Peace In Toronto 1969 et en face B du single du Plastic Ono Band, Cold Turkey.
Cox se réfugia à Los Angeles où il vécut avec un ami qui était associé à l'église Church Of The Living Word. Il rejoint le groupe en 1972 et vécut par la suite dans diverses communautés liées au groupe en Californie. En 1977, Cox quitta le groupe. En 1978, il resta avec Kyoko dans la communauté du Jesus People USA à Chicago.
Après le meurtre de John Lennon le 8 décembre 1980, Cox avec Kyoko (qui avait alors dix-sept ans) envoya un message de sympathie à Yoko mais ne lui indiqua pas leur adresse. Plus tard, Yoko écrira une lettre ouverte à l'attention de Kyoko en lui disant combien elle lui manquait mais qu'elle cessait ses tentatives pour la retrouver.
Kyoko réapparut en 1986 où elle participa, en tant que productrice associée, à un film documentaire de Cox au sujet de sa participation au sein de la « Church Of The Living Word » intitulé, Vain Glory. Cox refit surface en public la même année, mais Kyoko ne le fit pas.
En 1994, Kyoko, alors adulte et mariée, rétablit une relation avec sa mère qui aura pour conséquence une réunion en 2001. La fille de Kyoko, Emi, rencontra alors sa grand-mère pour la première fois. Bien que Kyoko évite la publicité, elle accorda tout de même une interview où elle déclara que ses retrouvailles avec Yoko étaient très heureuses et qu'ils restaient régulièrement en contact depuis ce jour.
Kyoko a fait une rare apparition en public en août 2005 à l'ouverture de la pièce musicale Lennon, The Musical.
Kyoko vit actuellement dans le Colorado. Elle se consacre à sa famille tout en poursuivant sa carrière en tant qu'artiste.
Bibliographie
- 1970 : Grapefruit: A Book of Instructions and Drawings
- 1983 : Summer Of 1980
- 1990 : The John Lennon Family Album
- 1995 : Instruction Paintings
- 1995 : Sometimes in New-York City (Genesis Publications)
- 1998 : Grapefruit Juice
- 2000 : Yes Yoko Ono
- 2005 : Odyssey Of A Cockroach
- 2005 : Imagine Yoko
- 2005 : Memories Of John Lennon
- 2005 : John Lennon Unfinished Music
Awards et Nominations
- 1982 : Yoko reçoit un Grammy Award dans la catégorie « meilleur album de l'année » pour « Double Fantasy »
- 2001 : Yoko reçoit un Grammy Award The Best Long Of Music Video pour la production du film-documentaire Gimme Some Truth: The Makin Of John Lennon Imagine's album.
Références
- « L'intégrale Beatles » (les secrets de toutes leurs chansons), de Steve Turner, aux édtions « Presses de la Cité » (2006).
- « The Beatles Anthology », par les Beatles, aux éditions du « Seuil » (2000).
- « Les Beatles et la France sont des mots qui vont très bien ensemble », de Thierry Liesenfeld, aux éditions « Le Castor Astral » (2005).
- « Fluxfriends George Maciunas, Yoko Ono, John Lennon » de Jonas Mekas, aux éditions « Éditions du Centre Pompidou » (2002).
- « Pamplemousse » de Yoko Ono, aux éditions « Textuel » (2004).
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