- Double Fantasy
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Double Fantasy Album par John Lennon et Yoko Ono Sortie 17 novembre 1980 Enregistrement Août - septembre 1980
The Hit Factory, New YorkDurée 45:05 Genre rock, pop rock Producteur John Lennon, Yoko Ono, Jack Douglas Label Geffen Critique Allmusic Singles - (Just Like) Starting Over/Kiss Kiss Kiss
Sortie : 24 octobre 1980 - Woman/Beautiful Boys
Sortie : 16 janvier 1981 - Watching the Wheels/Yes, I'm Your Angel
Sortie : 13 mars 1981
Albums de John Lennon Shaved Fish
(1975)The John Lennon Collection
(1982)Albums de Yoko Ono A Story
(1974)Season of Glass
(1981)Double Fantasy est un album studio de John Lennon et Yoko Ono sorti en novembre 1980. Il s'agit de leur premier album publié depuis cinq ans. L'album marque une rupture avec leurs travaux précédents : Lennon choisit en effet une maison de disques peu connue et un jeune producteur, Jack Douglas, afin que lui-même et son épouse soient également traités.
C'est ainsi un album mixte, alternant les chansons de l'un et de l'autre, qui voit le jour. Lennon et Ono y écrivent des chansons optimistes sur leur vie, ainsi que sur leur fils Sean, ainsi que d'autres, plus introspectives. L'ensemble de l'album est très personnel, et amorce ce que Lennon considère comme une nouvelle phase de sa carrière.
À sa sortie, l'album connait un succès commercial et critique mitigé, tandis que les époux donnent de nombreuses interviews et commencent à travailler à une suite, Milk and Honey. Ces plans sont troublés de façon dramatique trois semaines plus tard par l'assassinat de John Lennon. Les ventes explosent alors, propulsant l'album à la première place des ventes de chaque côté de l'Atlantique. La critique l'apprécie également de plus en plus, et il est en 1981 récompensé par un Grammy Award de l'album de l'année. En 2010, une version dépouillée, Double Fantasy, est publiée.
Sommaire
Historique
Genèse
En 1975, John Lennon et Yoko Ono, réunis après une parenthèse de plus d'un an, parviennent enfin à avoir un enfant ensemble. Lorsque nait Sean, ses parents décident de se retirer du monde de la musique pour mieux pouvoir s'occuper de leur fils. Tandis que Yoko gère les affaires du couple, Lennon se consacre à son fils[1]. Il ne se coupe pas totalement du monde pour autant, contrairement à ce qui se raconte par la suite, et continue à voyager, à écrire et à dessiner[2]. Il dispose également de tout un matériel sonore du dernier cri (dont il n'a pas toujours l'usage), et travaille sur de multiples cassettes à essayer de nouvelles chansons[3]. À cette époque, il compose ainsi la chanson Free as a Bird terminée près de vingt ans plus tard par les Beatles[4].
Lorsque débute l'année 1980, la relation entre Ono et Lennon connaît quelques difficultés. Sans en avertir son mari, Ono a recommencé à consommer de l'héroïne et ne veut pas choquer le public en partant dans un centre de désintoxication. Elle cherche donc à éloigner son époux le temps qu'elle puisse se sevrer. John Lennon et son fils partent finalement en vacances et le musicien y ébauche la chanson Dear Yoko exprimant son amour toujours fort[5]. Amateur de voyage et de voile, Lennon part ensuite seul en voilier avec quatre marins pour les Bermudes, où sa famille doit le rejoindre. Ce voyage, au cours duquel il brave une tempête, inspire énormément ses compositions[6].
Lorsqu'ils retournent à New York, le 29 juillet 1980, John et Yoko ont déjà trouvé un producteur, le jeune Jack Douglas, qui avait été un des ingénieurs du son de l'album Imagine en 1971. Ce dernier est d'accord pour que les époux aient une part égale sur cet album qu'ils envisagent comme un dialogue entre eux deux[7]. Lennon a même trouvé le titre de l'album durant son séjour, Double Fantasy, du nom d'une fleur aperçue là bas. L'expression peut en effet signifier « double fantasme »[8].
Enregistrement
Gardant un mauvais souvenir des sessions chaotiques entre amis menées pour ce qui devait être l'album Oldies but Mouldies (finalement Rock'n'Roll), Lennon préfère être accompagné sur Double Fantasy par des musiciens qu'il ne connaît pas. L'ambiance de l'enregistrement tranche particulièrement avec les sessions agitées où un Phil Spector déguisé tirait des coups de feu en l'air : Yoko Ono a fait installer une salle de repos pour elle et son mari, tandis que Lennon a instantanément accroché sur la console une photo de son fils. Quand, pour le dernier album qu'ils avaient enregistré ensemble, les deux époux consommaient drogues et alcool, ils se contentent ici de nourriture macrobiotique[7].
Après des répétitions dans un appartement du Dakota Building que les Lennon ont acheté et transformé en studio d'enregistrement, début août, les musiciens rejoignent les studios Record Plant de New York. Jack Douglas, le producteur, s'assure que ses machines enregistrent tout, en permanence. Ceci lui permet de publier quelques années plus tard les Lost Lennon Tapes qui proposent des versions alternatives de ses chansons[9].
Comme il s'en rend bien vite compte, Douglas doit faire travailler les époux séparément, comme s'ils participaient à deux albums distincts, car « elle le rendait fou ». Ono travaille donc l'après-midi, et Lennon le soir. En une dizaine de jours, 22 chansons sont enregistrées, tant pour Double Fantasy que pour l'opus suivant, Milk and Honey. Les overdubs sont enregistrés en septembre, et l'album est mixé le mois suivant[9].
Pour l'enregistrement de I'm Loosing You et I'm Moving On, Rick Nielsen et Bun E. Carlos du groupe Cheap Trick sont invités à participer. Cependant, la version ainsi enregistrée ne cadre pas avec le reste de l'album et est abandonnée[10].
Parution et réception
Lorsqu'il avait quitté le monde musical en 1975, Lennon n'avait pas renouvelé son contrat avec Apple Records. En 1980, les éditeurs se battent donc pour l'avoir, mais Lennon pose une condition qui en fait reculer plus d'un : il veut que son épouse ait la même place que lui au sein du label. C'est ainsi qu'il est finalement édité par Geffen Records, dont le directeur accepte ses conditions sans souci[11].
La sortie de l'album qui doit marquer le grand retour de John Lennon après cinq ans d'absence est programmée avec soin. Outre un single promotionnel publié fin octobre, (Just Like) Starting Over, qui monte rapidement dans les charts, Lennon donne un grand nombre d'interviews, notamment une très longue au magazine Playboy[12]. L'album sort le même jour des deux côtés de l'Atlantique, le 17 novembre 1980, et connaît un succès mitigé. La critique se montre assez réticente, notamment parce que si les chansons de Lennon sont plébiscités, celles d'Ono sont moins appréciés[13]. La critique du Melody Maker va jusqu'à parler de « stérilité complaisante » et de « bâillement franchement atroce »[14]. Les débuts de l'album sont pour leur part honorables[15].
Un événement change radicalement la donne trois semaines après la sortie de l'album. John Lennon est en effet assassiné le 8 décembre suivant. Alors que l'album venait d'entrer dans les top 10, les ventes explosent et le disque ainsi que son single atteignent la première place des ventes des deux côtés de l'Atlantique[16]. En 1990, le magazine Rolling Stone le classe 29e meilleur album des années 1980[17].
L'album cause également deux procès. La chanson de de Yoko Ono Yes, I'm Your Angel est en effet accusée d'être un plagiat d'une chanson vieille de cinquante ans, tandis que le producteur Jack Douglas annonce en 1981 ne pas avoir reçu ses royalties[18]. En 2000, l'album est réédité avec des pistes bonus. En 2010, il paraît en version remastérisée, ainsi qu'un autre album, Double Fantasy Stripped Down. À l'instar de Let It Be... Naked, il reprend les chansons originales dans une version épurée, acoustique. Stephen Thomas Erlewine du site Allmusic explique cependant que la différence s'entend peu et donne un air d'inachevé au disque[19].
Analyse musicale
Dans la mesure où Double Fantasy marque le retour de Lennon et Ono à la vie publique, l'album écho à leurs cinq ans d'absence et aux nouveautés de leur vie. En cela, la chanson Watching the Wheels est une explication de Lennon aux fans sur le plaisir qu'il a ressenti à regarder « les roues tourner » tout en prenant un temps du recul. Ce thème du plaisir à l'inaction avait déjà été évoqué des années plus tôt dans I'm Only Sleeping[20]. De même, Cleanup Time parle de ces célébrités qui abandonnent drogue et alcool, comme il l'a fait durant cette période : « l'heure du ménage »[21].
Le disque apporte également son lot de déclarations d'amour familiales : dans Beautiful Boy (Darling Boy), Lennon s'extasie sur son fils Sean, comme un écho au Good Night qu'il avait composé pour son premier fils, Julian[22]. Dans Dear Yoko, Woman et (Just Like) Starting Over, il s'adresse cette fois-ci à son épouse[23]. Yoko, quant à elle, s'adresse à son mari et son fils dans Beatiful Boys[7].
Le disque est conçu en partie comme un dialogue entre les deux artistes, dont les chansons sont parfois enchaînées par un fondu. À la chanson I'm Loosing You de Lennon, qui exprime ses craintes de perdre sa femme, répond le I'm Moving On d'Ono, qui attise ces craintes[24]. Plus conciliante, Ono interprète également Every Man Has a Woman Who Loves Him (« tout homme a une femme qui l'aime »). Elle tente également une chanson plus expérimentale, Kiss Kiss Kiss, qui choque pour les bruits d'orgasme qui la concluent[25]. Les prestations d'Ono sont appréciées par certains critiques, qui les trouvent nettement plus mélodieuses que ses cris de la fin des années 1960. Pour Sean Egan, de la BBC, sa chanson Hard Times Are Over sonne comme une chanson de Lennon[26].
Fiche technique
Liste des chansons
Interprètes
- John Lennon : chant, chœurs, guitare rythmique et acoustique, piano, claviers
- Yoko Ono : chant et chœurs
- Earl Slick : guitare solo
- Hugh McCracken : guitare solo
- Tony Levin : guitare basse
- George Small : claviers
- Andy Newmark : batterie
- Arthur Jenkins : percussions
- Ed Walsh : synthétiseur Oberheim
- Robert Greenidge : steel-drum
- Matthew Cunningham : hammered dulcimer
- Randy Stein : concertina
- Howard Johnson, Grant Hungerford, John Parran, Seldon Powell, George "Young" Opalisky, Roger Rosenberg, David Tofani, Ronald Tooley : cuivres
- Michelle Simpson, Cassandra Wooten, Cheryl Mason Jacks, Eric Troyer, Benny Cummings Singers, The Kings Temple Choir : chœurs
Équipe technique
- John Lennon : producteur
- Yoko Ono : productrice
- Jack Douglas : producteur
- Tony Davillo : arrangement des cuivres
- Lee DeCarlo : ingénieur du son
Notes et références
- Philip Norman 2010, p. 763
- Philip Norman 2010, p. 776
- Philip Norman 2010, p. 778
- Steve Turner 1999, p. 249
- Philip Norman 2010, p. 802
- Philip Norman 2010, p. 803 - 806
- Philip Norman 2010, p. 808
- Philip Norman 2010, p. 807
- (en) « Double Fantasy », The Beatles Bible. Consulté le 10 septembre 2011
- Philip Norman 2010, p. 809
- Philip Norman 2010, p. 810
- Philip Norman 2010, p. 811 - 812
- (en) « Double Fantasy », Allmusic. Consulté le 10 septembre 2011
- Philip Norman 2010, p. 813
- Paul Du Noyer 1998, p. 101
- Paul Du Noyer 1998, p. 102
- (en) Rolling Stone Lists, Rock List. Consulté le 10 septembre 2011
- (en) « Double Fantasy », Graham Calkin's Beatles Pages. Consulté le 10 septembre 2011
- (en) « Double Fantasy Stripped Down », Allmusic. Consulté le 10 septembre 2011
- Steve Turner 1999, p. 122
- Paul Du Noyer 1998, p. 103
- Steve Turner 1999, p. 208
- Paul Du Noyer 1998, p. 109 - 111
- Paul Du Noyer 1998, p. 104
- (en) « Double Fantasy Stripped Down », PopDose. Consulté le 11 septembre 2011
- (en) « Double Fantasy », BBC. Consulté le 11 septembre 2011
Bibliographie
- (fr) Paul Du Noyer (trad. Jacques Collin), L'intégrale Lennon : Les secrets de toutes ses chansons, Hors Collection, 1998 (1re éd. 1997), 128 p. (ISBN 2-258-04872-9)
- (fr) Philip Norman (trad. Philippe Paringaux), John Lennon : une vie, Paris, Robert Laffont, 2010 (1re éd. 2008), 862 p. (ISBN 978-2-221-11516-9)
- (fr) Steve Turner, L'Intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons, Hors Collection, 1999, 288 p. (ISBN 2-258-04079-5)
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