Wywern

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Vouivre

La vouivre (ou Wyvern) est une créature fantastique mythologique.

Vouivre représentée dans le Liber Floridus, 1448.
Vouivre, emblème de Klagenfurt
Armes de Milan
Vouivre représentée dans Saint Georges et le dragon de Paolo Ucello, 1450
Dragon héraldique (ou Wyvern)

Sommaire

Description

C'est une sorte de dragon ailé qui porte une escarboucle sur le front (contrairement au dragon, la vouivre ne possède qu'une paire d'ailes et pas de bras). Cet œil, une gigantesque pierre précieuse, est parfois caché dans les roseaux des berges d'une rivière ou d'un lac tandis que la vouivre y pêche, et peut être subtilisé par un voleur audacieux. Le reste du temps, la vouivre veille sur les trésors souterrains.

Vouivre et wivern

La vouivre et la « wivern » ne paraissent pas être exactement la même créature, car les définitions n'insistent jamais sur les mêmes choses selon la langue. Les définitions suivantes ont été créées en comparant de nombreux dictionnaires français et anglais. On constatera qu'elles sont différentes l'une de l'autre :

Français

Dans les contes populaires et en héraldique, serpent fantastique préposé à la garde d’un trésor possédant un corps de serpent, des ailes de chauve-souris et des pattes de pourceau.

En littérature : Marcel Aymé voit dans La Vouivre celle-ci comme une jeune femme nue vivant au milieu des marais et protégeant un énorme rubis. Cédric Vincent, quant à lui mélange les deux versions ; il imagine la vouivre comme un esprit lié à l'eau, qui se présente aux humains sous l'aspect d'une femme lorsqu'elle est heureuse, d'un dragon à deux pattes lorsqu'elle est en colère.

Vouivre, en franc-comtois, est l'équivalent du vieux mot français « guivre », qui signifie serpent et qui est resté dans le langage du blason.

On a longtemps rattaché ce terme au latin vipera, la vipère, mais l'on sait aujourd'hui que Vouivre et ses équivalents remontent à un vocable celtique, « wobera », lui-même issu d'une racine indo-européenne « bher- » signifient : « ondoyer », « couler ».

Anglais

Dans les contes populaires et en héraldique, serpent fantastique possédant deux pattes, deux ailes et une queue hérissée de pointes.

En héraldique anglaise, la « wyvern » est un dragon ailé à deux pattes

Italien

Une guivre (blason des Visconti)
Le « Biscione », symbole de la ville de Milan

En héraldique, la « guivre » ou « vouivre » est un serpent en pal ondoyant, engloutissant un enfant (l'« issant »). Elle est assez répandue en héraldique italienne, notamment à Milan où elle représente le symbole de la famille Visconti, dont une des légendes veut qu'un des membres de cette famille (Ottone Visconti), alors commandant dans la croisade de 1187, prit ce symbole sur l'étendard d'un Sarrasin vaincu par lui. Il rapporta ce trophée à Milan qui devint un des symboles de la ville, connu sous le nom de « Biscione » ou « bissa » en patois milanais qui est la traduction de « vipère ».

Une autre légende veut que vers 1200, ce fut un autre Visconti qui tua un serpent ou dragon qui terrorisait les habitants.

Ce symbole a été repris sur l'écusson des automobiles Alfa Roméo, sur les maillots de l'équipe de l'Inter de Milan et repris par la société Fininvest de Silvio Berlusconi avec une légère modification (l'enfant est remplacé par une fleur).

Aspects étymologiques

Orthographe variable

L'orthographe de Vouivre varie beaucoup selon les légendes. On trouve : guivre, wivre. On trouve, en Franche-Comté, le nom de « vouire » pour vouivre, ce qui semble plus proche de la racine primitive. Certains considèrent le mot « Vouivre » comme berrichon. Dans le patois bourguignon, une « Vouivre », ou une « Vivre », désignait une jeune fille résolue et vive.

On retrouve aussi son nom en toponymie, par exemple dans Woëvre (prononcé Ou-âvre), région du nord-est de la France dans le nord-ouest de la Lorraine, plateau et autres cours d'eau.

« Guivre », ou « Givre », est souvent orthographié « wivre » comme dans la Nièvre, et parfois « Nwywre » à propos du serpent gravé sur le menhir de Manio à Carnac (worm et wurm en anglais et en allemand).

Vèvre, Vaivre, ou vaisvre, sont d’autres noms de la vouivre.

Le Manuscrit des Paroles du Druide sans nom et sans visage préfère la sonorité « Vuipre », plus âpre et plus rude. Parfois, il est orthographié « Wivre », le W marquant bien, par sa sonorité autant que par sa graphie, le mouvement du serpent, son ondulation, la vibration.

Une étymologie discutée

Son nom viendrait du latin « vipera » signifiant vipère. L'origine de son appellation pourrait aussi provenir de « vivere » (vivre en latin).

Dans vouivre, certains retrouvent une racine indo-européenne « Gwer », « Gwor », indiquant une idée de « chaleur » et dont dérivent des mots allemands, anglais et français qui ont perdu le son guttural initial ou qui l'ont adouci en un f comme warm et four ; en d'autres termes.

La « Vouivre » ou la Guivre aurait été primitivement un « serpent de feu » et non pas un serpent d'eau. Cette étymologie expliquerait pourquoi les vouivres ont des ailes et portent au front une escarboucle étincelante, c'est-à-dire un charbon ardent, en latin « carbonculus » ; quand elles plongent dans les fontaines ou dans les puits, elles laissent leur escarboucle sur la margelle. Il y a là une association de la « vouivre » avec une idée de lumière et de chaleur sortie des entrailles de la terre ; aussi, traditionnellement la vouivre garde-t-elle les trésors souterrains. Souvent d'ailleurs la Vouivre crache le feu.

On serait également tenté de rapprocher la « Vouivre » de « Hwyfar » (esprit, fée en gallois) que l'on retrouve dans Gwen Hwyfar ou Guenièvre. Ce qui donnerait une explication du rapport entre les jeunes filles et les serpent selon les légendes.

Adjectifs dérivés

Dans les ouvrages de référence moderne, il existe un flou certain quant au sens des adjectifs se rapportant à cette notion.

Les ouvrages de référence modernes répertorient trois sens différents pour les adjectifs « guivré » et « vivré », en héraldique, soit les sens 1 et 2 pour l’adjectif « guivré » et le sens 3 pour l’adjectif « vivré ». Or l’édition de 1762 du Dictionnaire de l’Académie française renvoie « àvivré » sous guivré.

On trouve aussi la forme « givré » dans le Littré comme synonyme de « guivré ». On peut donc dire, contrairement à ce qui est écrit dans le dictionnaire « Antidote », que « givré » est un ancien synonyme de « guivré », et non son paronyme.

1. Orné d’une tête de guivre.

2. Orné d’une ou de plusieurs guivres.

3. Pièce dont les bords en dents de scie ou ondulés rappellent la queue de la guivre.

Aspects folkloriques

Vivacité des légendes

Monstre folklorique, la vouivre, si longtemps oubliée, fait pourtant partie intégrante, depuis des siècles, du Patrimoine français.

Souvent les traditions se perdent, même dans le Jura, le réel noyau de la légende. Il n'y a plus depuis la seconde moitié du XXe siècle d'histoires rapportées oralement à propos d'une Vouivre ou d'une personne qui a tenté de s'emparer de sa pierre semi-précieuse (escarboucle). Mais ce qui demeure surtout sont les noms des lieux-dits, dérivés de Vouivre. Ainsi, il n'est pas rare dans le Jura de tomber sur la forêt de Vaivre (par exemple à Poligny), ou autres Granges de Vaivre.

Tous les vingt ans se célèbre à Couches (Saône-et-Loire) la fête de la « Vivre », en l’honneur d’un monstre qui semait la terreur. La légende remonte à 1328 et la prochaine fête sera en 2028.

L'escarboucle ou l'œil unique

De nombreuses vouivres sont représentées comme une sorte de dragon ailé qui porte une escarboucle sur le front. Cet œil, une gigantesque pierre précieuse, est parfois caché dans les roseaux des berges d'une rivière ou d'un lac tandis que la vouivre y pêche, et peut être subtilisé par un voleur audacieux.

Cette pierre a fasciné les hommes. Leur convoitise se retrouve dans de nombreuses légendes de nos provinces et les amène à la tuer pour s'emparer du diamant comme dans les contes similaires du Cantal, du Puy-de-Dôme, de Vienne, de Basse-Normandie, de Bresse, du Revermont... Paul Sébillot, dans Le Folklore de France, a recensé beaucoup de légendes ainsi qu’Henri Dontenville dans son Histoire et géographie mythiques de la France.

À Brétigny en Côte-d'Or, « Lai Sarpan du Bois du Roz » avait une couronne sur la tête, un œil de diamant, des écailles brillantes et sonores et un anneau à la queue.

Dans le conte, Le Serpent au diamant, le bûcheron qui dérobe l’escarboucle apprend de la bouche du roi qu’elle a le pouvoir de transformer le fer en or.

Les montagnes des Alpes et du Jura, un serpent volant aux proportions énormes, appelé vouivre, portait sur sa tête une aigrette ou couronne étincelante, et sur le front un œil unique, diamant lumineux qui projetait une vive lumière que l'on voyait de très loin. Lorsqu'elle voltigeait avec bruit de mont en mont, une haleine de flammes et d'étincelles sortait de sa bouche.

On voyait jadis dans les forêts de Luchon de grands serpents qui avaient une pierre brillante sur le front.

La « Male Beste » des bords de la Garonne est aussi, dotée au front d'un seul œil.

Une apparence variable selon les régions

Les serpents volants ne sont pas rares. Tels ceux du Château de la Fraudière à Jouhet (Côte-d'Or) et de Presly (Cher), la serpente volante du Château de Rosemont à Luthenay-Uxeloup (Nièvre), la couleuvre volante du château de la Motte-Chevagnes (Allier) entre autres.

Toutefois, la vouivre peut avoir d'autres formes : on conte que les habitants du Valais se débarrassèrent d'un monstrueux serpent nommé la Ouïvra qui enlevait les bestiaux de la montagne de Louvye... La Ouïvra avait une tête de chat sur un corps de serpent...

Dans le Berry, grand serpent de quarante pieds de longueur se réveillait de temps à autre; sa tête était celle d'un homme.

Dans le Mâconnais, on parle de la bête Faramine, monstre « faramineux » qui volait d'un coup d'aile de la Roche de Solutré jusqu'à Vergisson, ou bien encore de Thouleurs jusqu'à la pierre de la Wivre du mont Beuvray. Toutefois, la Bête Faramine de Vergisson, qu'on appelle aussi "le Peteu" a perdu tout caractère reptilien : elle est présentée comme un oiseau gigantesque, du moins en apparence, puisque, une fois tuée et plumée, la bête ne s'avère pas plus grosse qu'un poulet. [1] La bête Faramine est aussi connue dans le Poitou où on l'orthographie « bête Pharamine ».

Le « Dard » du sud de la Gâtine avait le corps d'un serpent à queue très courte et quatre pattes, une tête de chat et une crinière tout le long du dos. Son sifflement faisait peur. Lorsqu’il était attaqué, il mordait cruellement, mais il n'était pas venimeux. Cependant, il avait coutume de téter les vaches.

L'eau

La forme du serpent pourrait peut-être rappeler celle des méandres d'une rivière sauvage ; l'élément aquatique est en tout cas très fréquent dans les légendes de vouivre :

George Sand décrit dans Légendes Rustiques le Grand Serpent des étangs de la Brenne, près de Saint-Michel-en-Brenne. A Gargilesse, lieu de prédilection de George Sand, la Vouivre prend le nom de Gargelle.

Les légendes locales gardent le souvenir de la vouivre de Blamont (Doubs) qui lavait ses ailes brillantes à la source de la Fuge, de celle qui hantait les forêts du mont Bleuchin (Doubs), de celle de Gémeaux (Côte-d'Or) qui se baignait dans la fontaine Demelet, de celles encore de Couches-les-Mines (Saône-et-Loire), de Vitteaux (Côte-d'Or), de Beaulon (Allier), de Fleury-sur-Loire (Nièvre)...

Apparitions annuelles et trésors

Très souvent, la vouivre veille sur les trésors souterrains comme le montrent de nombreuses légendes du Nivernais. À Moraches, on conte qu’un serpent gardien d’un trésor, ne sortait qu’une fois l’an pour aller boire.

Sous la pierre de Vaivre du mont Beuvray, la vouivre sortait de terre une fois l’an, à Pâques, et étalait ses trésors au soleil.

Pour son roman La Vouivre, Marcel Aymé s’est vraisemblablement inspiré de la légende de la vouivre d'Avoudrey, la plus belle de Franche-Comté. Outre l'escarboucle, elle a une couronne de perles sur la tête, descend à minuit, le soir de Noël, au moment où, dans l'église, on chante matines, et vient boire à la fontaine voûtée du village. Elle pose un instant son escarboucle et sa couronne au bord de la source...

La Vouivre est un dragon particulier.

Créatures considérées comme des vouivres

Si l'on admet que « vouivre » puisse être un terme générique comme « dragon », alors d'autres créatures peuvent aussi être qualifiées de « vouivres » :

Un dragon ravageait le pays d'Ajoie (District actuel du Canton du Jura en Suisse Romande), celui des Combes (Doubs) gardait un trésor, on offrait des jeunes filles en pâture à celui de Domfront (Orne).

Le dragon de Lissagues (Basses-Pyrénées) tua le seigneur Gaston de Belzunce près de la fontaine, celui des creux du Laquet à Saint-André-de-Valborgue (Gard) était particulièrement horrible !

Et on en trouve à Douai, Vannes, Moret-sur-Loing, Troyes, Nevers, Avignon, Cavaillon, Sisteron

La « Bête Rô » tapie dans la caverne de la Pointe de Roux, près d'Aytre, dans le canton de La Rochelle en Aunis, la Kraulla de Reims, l'énorme serpent ailé de Niort, la « Male Beste » des bords de la Garonne, le lézard monstrueux du Médoc, le Lumeçon de Mons (Hainaut, Belgique) que combat saint Georges, les Vermines et les Vers, les griffons à queue de serpent et les basilics (coqs à queue de serpent), comme celui du puits de Coulaine à Claunay-le-Bouchet (Vienne), sont d'autres avatars du Dragon-Vouivre.

La déformation des prononciations donne des noms dérivés de «crocodile », monstre des bords du Nil qui a impressionné les voyageurs des temps passés : « cocodrilles », devenant « cocadrilles » en Sologne et « coquatrix », ou « cocatrics » dans de nombreux endroits. L'auberge du Coquatrix, dans le Hurepoix, maintient encore le souvenir d'une ancienne légende. Il y a, à l'Hôtel-Dieu de Lyon, un crocodile qui fut tué, dit-on, sur le Rhône, au Moyen Âge !

Les dragons et les serpents ou les lézards vivent parfois en couple, et selon la Gest Maugis (XIIIe siècle), le cheval fabuleux Bayart serait né de l'accouplement d'un dragon et d'un serpent : « un dragon l'engendra ileuc en un serpent ».

À Provins (Seine-et-Marne) vivaient un dragon et une lézarde qui sont encore fêtés de nos jours.

Mais il y a aussi la Tarasque (du grec tarasso : épouvanter) dévoreuse, celle de Novès, terrifiante, qui ressemble à une ancienne Tarasque étrusque, celle d'Arles et celle de Tarascon, dont la fête est remise actuellement à l'honneur. Peut-être ces Tarasques ont-elles pour ancêtre le serpent carnassier de trois mètres de long gravé dans une caverne des Beaumes-Latrone, située dans une falaise abrupte de la vallée du Gard ?

Dans la Légende Dorée, Jacques de Voragine, évêque de Gênes, décrit ainsi la Tarasque : « En ce temps, avoit en ung boys sur le Rosne, entre Arles et Avignon, ung dragon, demy beste et demy poisson, plus gros que ung beuf, et plus long que ung cheval. Et avoit les dents aguës comme une espée, et estoit cornu de chascune part, et se tapissoit en l'eaue, et tuoyt les passans, et noyoit les nefs... « Et quand on le suyvoit par une espace de temps, il mettoit hors l'ordure du ventre, ainsi comme ung dart et brusloit tout ce à quy il touchoit. Et Marthe, à la prière du peuple, alla là, et le trouva mengeant ung homme en sa bouche. Et lors getta dessus »uy l'eaue benoiste, et luy monstra une croix : et fut tantost vaincu, et se tint comme une brebis, et lors Marthe le lya de sa sainture. Et fut tantost tué du peuple à lances et à pierres, et ce dragon estoit appellé, de ceulx du pays, Tarascon, Tarasconus.»

Louis Dumont, dans son livre La Tarasque, essai de description d'un fait local d'un point de vue ethnographique, a étudié minutieusement la tradition millénaire qui commémore la soumission de ce dragon dévorant à sainte Marthe. Le chanoine Bovis la décrit ainsi : «Elle était de la grosseur d'un taureau, ayant la teste d'un lion, le crin d'une jument, les dents comme des épées, le dos tranchant comme une faux, la queue couleur de vipère. Elle était couverte d'écailles comme une tortue ». Mais la Tarasque que l'on sort actuellement pour la fête annuelle est d'un aspect beaucoup plus débonnaire !

Le Drac par exemple, qui se jette dans l'Isère à Grenoble, était souvent cause d'inondation, et un ancien dicton dauphinois dit : « Lo serpen e lo dragon Mettron Grenoble en savon. Il en lessive les rives ! ».

Coulobre

La Coulobre (du latin coluber) est une couleuvre ailée provençale qui vit dans les eaux de la Sorgue près de Fontaine-de-Vaucluse[2]. Elle est réputée s'unir avec des dragons qui l'abandonnent ensuite, la forçant à élever seule les petites salamandres noires dont elle accouche. Elle cherche désespérément un nouvel époux et un père pour ses enfants mais sa laideur repousse tous les prétendants[2]. Pétrarque aurait été attaqué par l'une de ces créatures jalouses alors qu'il se trouvait au bord de l'eau avec sa bien-aimée : il tua lé monstre d'un coup d'épée mais sa femme mourut ensuite de la peste[2]. la Coulobre est mentionnée comme étant le dragon sorti de la grotte de la fontaine de Vaucluse d'où sourd la Sorgue. Celle de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard a sept têtes et sept queues.

Vouivre et symbolisme contemporain...

Dans Le Pape des Escargots d’Henri Vincenot, le héros se déplace en suivant les chemins de la vouivre, les chemins qui serpentent dans les campagnes, ce que font traditionnellement tous les pèlerins. Les cannes des paysans de nos campagnes, souvent décorées d'une vouivre, témoignent d'une ancienne connaissance qui a traversé les siècles : le serpent est symbole de sagesse et de guérison. La vouivre représente les courants d’énergie tellurique qui innervent la Terre considérée comme vivante.

Sur les hauts lieux, son énergie rejoint l’énergie cosmique. C’est pourquoi à ces endroits se succèdent depuis des millénaires les cultes, celtes, gaulois, romains et chrétiens. Beaucoup de sources sont dites « guérisseuses » parce qu’elles sont « chargées de l’énergie de la vouivre » du lieu.

Dans les temps reculés, il y eut sans aucun doute en France, en de nombreux endroits, de culte à la Terre-Mère dont le serpent est l'attribut. Certains, comme à Longpont-sur-Orge ou à Montmorillon, furent des lieux de culte à Isis.

Le serpent a été associé au féminin, et tout particulièrement aux Déesses-Mères. Son mouvement ondulatoire et sa forme l’associent à l'énergie sexuelle ; ses résurrections périodiques et ses mues l'associent aux phases de la lune qui incarnent le pouvoir régénérateur des eaux, mais aussi énergies latentes renfermées dans le sein de la terre. Il représente la force vitale, étant à la fois créateur et destructeur ; il est de ce fait d’essence supérieure. Salus, déesse de la Santé et de la Guérison chez les Romains, a comme attribut le serpent. Asclépios, dieu de la santé, est celui qui trouva comment faire revivre les gens en voyant un serpent amener une feuille dans la bouche d'un autre, le relevant en même temps.

Les Dragons-Vouivres sont très souvent donnés comme habitants des grottes ou des cavernes, des lieux souterrains, qui furent, affirment des lieux d'initiation à l'époque néolithique.

Les déesses-mères étaient souvent souterraines ; tel serait peut-être le sens du buste de femme gravé dans une grotte sous la station préhistorique de Cordie. La déesse au serpent du Fâ de Barzan est peut-être la transposition d'une déesse chthonienne gauloise. Les vierges noires sont les héritières de ces déesses-mères.

En Provence, Alphonse Daudet, très au fait des traditions de sa région, nous dit que la Tarasque est «connue dans tout le pays sous le nom de "la mère-grand" _»! Elle est soumise par sainte Marthe (Mar = mère).

L'Energie de la Tarasque, celle de la Terre Vivante émergeant du Chaos, c'est celle de la Grand'Mère, la Mère-Grand, sonorité MRG, comme pour Morgane, Morgue, Margot, Marguerite. Cette Mère-Grand est Mère de l'Unité, Merlin, Mère de la Lumière, Merlusine. Et Mélusine, chthonienne, avec sa queue de serpent, est une Vouivre, elle qui s'envole par la fenêtre du château de Mervent. Que de légendes et de contes ont été recensés là aussi sur toutes ces fées et sur bien d'autres !

Fantasy et jeux de rôles

  • Dans le jeu de rôle Donjons et dragons, il existe une créature du nom de Wyverne qui est clairement inspirée de la vouivre.
  • Dans le jeu Kingdom Hearts, parmi les "Sans-cœur" (les méchantes créatures innombrables que l'on détruit en masse), on y trouve la Vouivre. Elle est représentée comme une sorte de grand rapace-dragon rouge bipède dépourvus de membres supérieurs.
  • Dans le jeu Lineage 2, la Wyvern est une grande créature dorée pouvant être montée par le maître d'un château, pouvant cracher du feu, bipède et recouverte d'écailles dorées. Très difficile à acquérir, elle symbolise une grande puissance et le joueur qui la possède inspire le respect.
  • Dans le jeu Final Fantasy XI, la wyvern est représentée comme un petit dragon qui accompagne le chevalier dragon.
  • Dans les univers imaginaires des jeux de rôles Warhammer et Donjons et dragons, la Wyvern ou Vouivre en traduction française, est un gigantesque serpent ailé sans membre antérieur mais avec deux pattes postérieur, cornu, avec au bout de sa queue reptilienne un énorme aiguillon de scorpion. Elle est donc directement inspirée de la vouivre héraldique anglaise.
  • Dans l'univers Warcraft, elle apparaît sous la forme d'une créature volante originaire du continent de Kalimdor elle a été représentée comme une manticore. L'animal est apprivoisé par les orcs de la horde. Ils l'utilisent comme une monture d'éclaireur chevauchée par un guerrier armé de fourches empoisonnées.
  • Dans le jeu de cartes fantastique Magic the gathering on trouve plusieurs de ces créatures représentées sous la forme d'un serpent géant et souvent cuirassé.
  • Dans le jeu vidéo Heroes of Might and Magic III la wyvern est un animal vivant dans les troncs des arbres des forêts pluvieuses et des mangroves. C'est sous ses traits les plus courants qu'elle apparait, un dragon fin (presque un serpent ailé, surement a-t-elle été représentée sous le forme du serpent à plumes de la mythologie aztèque) utilisant un puissant poison pour combattre.

Notes

  1. Voir à ce propos Le Peteu de Vergisson ou la bête faramine (légende mâconnaise du XVIIIe siècle). Mâcon. Protat 1966. In-4 oblong, 42 pp.
  2. a , b  et c Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Éditions le pré aux clercs, Paris, 14 septembre 2007, 435 p. (ISBN 978-2842283216), p. 172 

Articles connexes

Voir aussi

  • La Vouivre, roman de Marcel Aymé
  • La Vouivre, symbole universel, essai de Kintia Appavou et Régor R. Mougeot aux éditions EDIRU, 2006.
  • Le Livre secret des Vouivres, texte [d'Hervé Thiry-Duval] http://lefeericologue.blogspot.com/ & dessins de Yves Clement. Edition coprur 2003
  • L'Œil de la Vouivre, d'Édith Montelle aux éditions La Nuée Bleue Éditions de l'Est.
  • La Vouivre est également un tableau célèbre du peintre Leonor Fini.
  • Article du Centre régional de documentation pédagogique de Franche-Comté, traitant de l'étymologie et du noyau légendaire (http://crdp.ac-besancon.fr/ftp/lejal/vouivre7/intro.htm).

Liens externes

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