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Jörmungand
Jörmungand, Jörmungandr ou Iormungand est, dans la mythologie nordique, un gigantesque serpent de mer, fils de Loki et de la géante Angrboda. Frère de Fenrir et de Hel, après sa naissance, il se mit à grandir aussi rapidement que Fenrir. Selon l'Edda en prose, les dieux s'effrayèrent de la prophétie liée à ce monstre appelé à causer de grands dégâts et Odin lança Jörmungand dans l'océan qui encercle Midgard, où le serpent devint si grand qu'il entoura le monde et se mordit la queue, ce qui lui valu les noms alternatifs de Serpent de Midgard ou de Serpent-Monde. Jörmungand est, dans les légendes à son sujet, fréquemment associé au Dieu Thor qu'il rencontre a plusieurs reprises et qui le tue finalement d'un coup de son marteau Mjollnir lors du Ragnarök, avant de succomber après neuf pas, empoisonné par son venin.
Sommaire
Étymologie
Jörmungand possède plusieurs noms alternatifs, comme Jörmungandr et Iormungand, et les textes originaux se réfèrent parfois à lui sous le nom de « serpent de Midgard » (Miðgarðsormr) et de « serpent-monde ». Dans la Völuspa, Iormungand est appelé « lote » ou « géant » à cause de sa force et de sa grandeur, et parce qu'il est le fils de Loki et de la géante Angurbodi, et le frère de Fenrir et de Hel[1].
Description
Jörmungand est décrit comme un serpent[2] ou un dragon ayant l'apparence d'un serpent géant hideux, avec une gueule affreuse et un cou épais recouvert d'écailles. Il était réputé déclencher des vagues au moindre de ses mouvements, et des tempêtes marines en se mettant à ruer[3].
Mythes
Les récits concernant Jörmungand sont issus des Eddas, principalement de l'Edda en prose, dans les chants Húsdrápa, Hymiskviða et Völuspá. Parmi les sources de moindre importance, on peut citer les kennings de la poésie scaldique, par exemple Þórsdrápa où faðir lögseims, « père du serpent », qui est un kenning pour Loki. Parmi les légendes consacrées à Jörmungand, trois sont centrés sur les rencontres entre Thor et ce serpent marin qui finit par causer sa perte.
Naissance
L'épisode de Gylfaginning, dans l'Edda en prose, raconte la naissance de Jörmungand. le serpent naquit en même temps que Fenrir et Hel de l'union du dieu Loki avec la géante Angrboda. Les dieux Ases savaient par une prophétie que la progéniture de Loki causerait de grands ravages et finirait par les détruire, Odin s'occupa donc de Jörmungand alors qu'il était petit, et le précipita au fond de l'océan où il se mit à grandir tant et si vite qu'il entoura bientôt le monde des hommes, Midgard, en se mordant la queue[4]. Selon l'interprétation d'Édouard Brasey, Fenrir et Jörmungand étaient petits à la naissance et n'effrayèrent pas les dieux, bien qu'ils sachent par la prophétie que ces deux monstres causeraient leur perte. Jormungand commença cependant à grandir très rapidement, et l'apparence effrayante de ce dernier poussa Odin à le jeter dans l'océan[3].
Le chat à soulever
À la suite d'un série de défis lancés par Utgardloki, Thor devait soulever un chat. Le dieu y mit toutes ses forces mais malgré ses efforts, il ne réussit à faire décoller qu'une patte du félin. À la fin des épreuves, Utgardloki lui apprit qu'en fait, ce petit animal était l'immense Jörmungand lui-même, à qui le roi des géants avait donné l'apparence d'un chat. Plutôt qu'une humiliation, c'était donc un exploit.
La seule source écrite de ce récit se trouve dans l'Edda en prose.La partie de pêche de Thor
La partie de pêche de Thor est racontée en détails dans un poème scaldique écrit par Ulf Uggason, intitulé Hymiskvida. Ce poème est rapporté dans l'Edda poétique.
Thor partit à la pêche avec le géant Hymir[5] mais ce dernier ne voulait pas lui donner d'appâts, le dieu décida donc de s'en faire lui-même. Il coupa la tête du plus gros des bœufs de son hôte[6] puis, montant sur une embarcation avec le géant, il navigua pour aller pêcher à un point maritime où Hymir se rendait souvent. Thor lui demande d'aller au large, mais le géant refusa[7]. Là, le géant pêcha deux baleines tandis que c'est le serpent de Midgard lui-même qui mordit à la ligne de Thor[8]. Le dieu parvint à tirer l'énorme serpent sur son bateau et à le frapper avec son marteau Mjöllnir[9], ce qui le fit couler le monstre[10]. Mécontent, Hymir prit le chemin du retour et ne cessa de mettre en doutes la force de Thor, qui finit par le tuer[11].
Jörmungand survécut à ce coup puisqu'il rencontra Thor une troisième fois lors du Ragnarök.
Une autre variante d'interprétation existe pour la partie de pêche de Thor, selon laquelle le dieu insista pour aller plus loin en mer, prit les rames et s'en alla au large avec Hymir qui ne voulait pas, disant qu'il était dangereux de s'aventurer aussi loin à cause du serpent, mais sans résultats. Thor prépara alors une ligne solide qu'il équipa d'un gros hameçon, et commença à pêcher, puis Jörmungand mordit. Le dieu fit sortir le serpent de l'eau et la créature marine bavait du sang et du poison. Hymir fut effrayé et pendant que Thor saisissait Mjöllnir pour tuer la bête, il coupa la ligne, le serpent s'échappa alors dans les vagues. Thor, furieux contre le géant qui lui avait fait perdre une si belle prise, le poussa par-dessus bord pour le faire disparaitre à jamais, puis il regagna le rivage en marchant[12].
Cette rencontre semble avoir été la plus populaire dans l'art paganiste nordique car quatre pierres gravées sont directement liées a ce mythe.
Statue illustrant la pêche de Thor, à Stockolm
La bataille finale
La dernière rencontre entre Thor et Jormungand eut lieu durant le Ragnarök. À la fin de l'hiver Fimbulvetr, le serpent géant sortit de l'océan pour se joindre aux géants et attaquer les dieux.
« Iormungand, le serpent énorme qui, couché au fond de l'océan, entoure la terre de son anneau, se roule pour sortir de la mer; il est animé de la rage d'Iote (iôtun-môdhr), comme Thôr son adversaire est animé de la raye des Ases (âs-môdhr) »— Edda en prose, Völuspa, vers 198[13].
Thor le frappa d'un coup si violent que sa tête explosa, tuant le serpent d'un coup, mais la gueule de Jörmungand étant remplie de poison, il se déversa sur Thor, qui, en titubant, fit neuf pas en arrière avant de s'écrouler mort[14].
Symbolique
Le serpent Jörmungandr partage un certain nombre de points communs avec d'autres serpents ou dragons marins issus de mythes et de croyances anciennes, comme le Leviathan. Il aurait symbolisé l'océan vaste et mystérieux ainsi que ses dangers, et serait une magnification des mouvements des vagues, évoquant les anneaux d'un serpent[15].
Mentions modernes
Le serpent Jörmungand a été repris par les comics Marvel qui mettent aussi en scène le dieu Thor[16].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jörmungandr ».
- ↑ Völuspa, vers 198, cité dans Frédéric Guillaume Bergmann, Poèmes islandais: tirés de l'Edda de Saemund, 1838
- ↑ (en) Patricia Turner, Dictionary of Ancient Deities, Oxford University Press, 2001, 608 p. (ISBN 9780195145045), p. 252
- ↑ a et b Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Éditions le pré aux clercs, Paris, 14 septembre 2007, 435 p. (ISBN 978-2842283216), p. 61
- ↑ (en) Christopher R. Fee, Gods, heroes & kings: the battle for mythic Britain, Oxford University Press, 2004, 256 p. (ISBN 9780195174038), p. 25-26
- ↑ L'Edda poétique [détail des éditions], Hymiskvida, vers 17
- ↑ L'Edda poétique [détail des éditions], Hymiskvida, vers 20
- ↑ L'Edda poétique [détail des éditions], Hymiskvida, vers 18-19
- ↑ L'Edda poétique [détail des éditions], Hymiskvida, vers 22
- ↑ L'Edda poétique [détail des éditions], Hymiskvida, vers 23
- ↑ L'Edda poétique [détail des éditions], Hymiskvida, vers 24
- ↑ L'Edda poétique [détail des éditions], Hymiskvida, vers 26-35
- ↑ Régis Boyer, Sagas islandaises, Paris, Gallimard, 1987, Bibliothèque de la Pléiade (ISBN 2070111172)
- ↑ Frédéric Guillaume Bergmann, Poèmes islandais: tirés de l'Edda de Saemund, 1838
- ↑ (en) David Adams Leeming, From Olympus to Camelot: the world of European mythology, Oxford University Press, 2003, 210 p. (ISBN 9780195143614), p. 120-121
- ↑ (en) Tamra Andrews, Dictionary of nature myths: legends of the earth, sea, and sky, Oxford University Press, 2000, 284 p. (ISBN 9780195136777), p. 173 - 174
- ↑ Le serpent de Midgard sur http://www.marvel-world.com/. Consulté le 4 septembre 2009
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
- Sæmundr Sigfússon , L'Edda poétique [détail des éditions] Hymiskvida
- Snorri Sturluson, l'Edda de Snorri, Húsdrápa, Hymiskviða et Völuspá.
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