- Gorgones
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Les Gorgones (en grec ancien Γοργόνες / Gorgónes ou Γοργοῖ / Gorgoĩ), au singulier Gorgone ou Gorgo (Γοργώ / Gorgố) sont, dans la mythologie grecque, des créatures fantastiques malfaisantes et d'une telle laideur que quiconque ose les regarder en plein visage meurt pétrifié.
Sommaire
Mythe
Homère ne parle que d'une Gorgone : dans l’Odyssée (XI, 633), la Gorgone (Gorgố) est un monstre des Enfers. Selon Hésiode (Théogonie, v. 274), il s'agissait des trois filles des divinités marines Phorcys et Céto : Sthéno (Σθεννω / Sthennô, « la puissante[1] »), Euryale (Εὐρυάλη / Euryálê, « grand domaine[1] ») et la plus célèbre, Méduse, qui était mortelle, contrairement à ses deux sœurs qui ne connaissaient ni la mort ni la vieillesse. Hygin donne une filiation différente : Gorgone serait issue du Géant Typhon et d'Échidna, puis engendra Méduse et ses sœurs. Leur demeure se trouvait de l'autre côté de l'océan occidental, au mont Hélicon et selon d'autres versions, en Libye. Plus tard, Euripide ne mentionna qu'une Gorgone, un monstre conçu par Gaïa (La Terre) pour aider ses fils les Géants dans leur bataille contre les dieux, et qui fut tué par Athéna. Gorgone est l'une des trois sœurs qui ont gagné la guerre contre les cyclopes.
On les représentait comme des jeunes femmes, souvent avec des ailes et de grandes dents, leur chevelure était constituée de serpents. Selon Ovide (les Métamorphoses), seule Méduse possédait de tels cheveux. Poséidon, attiré par la couleur dorée des cheveux de cette Gorgone, s'était uni à elle dans le temple d'Athéna et cette dernière lui donna cette apparence en guise de châtiment. Les Gorgones avaient parfois des ailes d'or, des serres de cuivre et des défenses de sangliers. Eschyle écrit qu'elles n'avaient qu'un seul œil et une seule dent à elles trois, comme leurs sœurs Grées. Leur regard figeait ceux qui voyaient leurs visages tellement elles étaient laides.
Persée, armé d'un bouclier, dont l'intérieur servait de miroir pour éviter d'être pétrifié par le regard du monstre, et d'une épée offerte par Hermès, put trancher la tête de Méduse. Du sang qui jaillit de son cou émergèrent Chrysaor et Pégase, tous deux conçus par Poséidon. Persée offrit la tête de Gorgone, le Gorgonéion (Γοργόνειον / Gorgóneion) à Athéna (Bibliothèque, II, 4, 2-3). Elle en orna son bouclier, l'égide, qui conserva ce redoutable pouvoir.
Selon certaines versions du mythe[réf. nécessaire], du sang pris sur le côté droit d'une Gorgone pouvait ramener un mort à la vie, tandis que celui pris sur son côté gauche devenait un poison fatal et instantané. On dit aussi[réf. nécessaire] qu'Héraclès reçut d'Athéna une boucle des cheveux de Méduse (qui possédait les mêmes vertus que sa tête) et la donna à Stéropé, la fille de Céphée, pour protéger la ville de Tégée contre les attaques.
Le Gorgonéion
La représentation de la tête de Méduse (sculptée ou gravée dans la pierre, ou encore dessinée, souvent avec des serpents émergeant du crâne et avec la langue tirée entre les crocs) fut souvent placée sur les portes, les murailles, les pièces de monnaie, les boucliers, les armures et les pierres tombales pour éloigner la malchance et les mauvais esprits ou terrifier les ennemis. Par cette coutume, le Gorgonéion rappelle les visages souvent grotesques apparaissant sur les boucliers des soldats chinois et utilisés aussi généralement comme protection contre le mauvais œil.
Usages du terme
Le terme « Gorgones » fut utilisé tantôt pour désigner des guerrières de Libye, tantôt pour des animaux fabuleux dont le regard pétrifiait les gens. Pline l'Ancien les décrivait comme des sauvageonnes recouvertes de poils et à la tignasse hirsute, ce qui aurait donné naissance au mythe de la chevelure de serpents[réf. nécessaire].
Évocations artistiques
Au cinéma, les Gorgones apparaissent dans les péplums relatant l'histoire de Persée, en particulier le film américain Le Choc des Titans de Desmond Davis en 1981 et son remake de 2010 par Louis Leterrier, films où n'apparaît que la plus fameuse des trois Gorgones, Méduse, qui se trouve dotée d'un corps serpentiforme en plus de sa chevelure de serpents. La Gorgone, film fantastique britannique de Terence Fisher sorti en 1964, élabore une autre version de la légende influencée par les histoires de loups garous, puisque la Gorgone ne revêt son aspect monstrueux que par intermittences, à la pleine lune, sous l'effet d'une malédiction.
Sources
- Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 4, 1-5 ; II, 7, 3 ; III, 10, 3).
- Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 294).
- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 741), Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne] (XI, 633).
- Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (IV, 653 - V, 241).
Notes
- Anthropology of the Indo-European world and material culture, 2006, p. 291.
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