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Basilic (mythologie)
Pour les articles homonymes, voir Basilic.Le basilic est un reptile fabuleux mentionné dès l'antiquité greco-romaine comme étant un petit serpent au venin et au regard mortels. Durant le Moyen Âge, il fut plus souvent décrit comme un mélange de coq et de serpent et fut l'objet d'importantes superstitions, tant sur ses origines que sur ses pouvoirs d'empoisonnement et de pétrification. Le basilic apparut dans de nombreux bestiaires et des encyclopédies avant de devenir, à l'époque moderne, une créature du bestiaire de nombreux jeux de rôle.
Sommaire
Étymologie
Le nom de « basilic » est issu du grec ancien βασιλίσκος / basilískos, diminutif de βασιλεύς / basileús en latin, qui signifie « roi » ou « petit roi »[1] Selon Édouard Brasey, le basilic était considéré comme le roi des serpents, d'où ce nom[2]. Les romains le nommaient « sang de Saturne »[2]. Dans des textes en vieux français, on trouve le terme de basilicoq.
Légende
Antiquité gréco-romaine
Le basilic est censé être né, comme la plupart des serpents mentionnés par la mythologie grecque, du sang qui coula de la tête tranchée de la gorgone Méduse alors que Persée volait en la tenant dans sa main. Les noms des serpents qui naquirent de ce sang ne sont pas précisés[1].
Aristote (IVe siècle av. J.-C.) aurait mentionné le pouvoir de pétrification du basilic : « il est vrai que si le basilic peut nous donner la mort, nous pouvons lui rendre la pareille en lui présentant la surface polie d'un miroir : les vapeurs empoisonnées qu'il lance de ses yeux iront frapper la glace, et, par réflexion, lui renverront la mort qu'il voudra donner[3] » et Alexandre le Grand aurait fait forger un bouclier poli comme un miroir afin de se protéger des basilics lorsqu'il était en route pour conquérir les Indes[2].
Selon le poète grec Nicandre de Colophon (IIe siècle av. J.-C.), il s'agit d'un serpent de petite taille, au corps brillant.[réf. nécessaire] Pline l'Ancien mentionne le basilic comme un serpent portant une tâche claire en forme de couronne sur la tête, dont le regard brise les pierres et brûle l'herbe[4].
Dans la tradition antique, le venin du basilic est réputé mortel et sans antidote. Les Romains attribuaient au basilic des propriétés médicinales pour guérir les maladies et les envoutements[2].
Dans sa Pharsale, Lucain décrit le basilic comme le roi des serpents africains :
« Nous allons chercher ces reptiles de Libye pour nos morts raffinées ; l'aspic est un objet de commerce ! L'hoemorrhoïs, autre serpent qui ne laisse pas aux malheureux une goutte de leur sang, déroule ses anneaux écailleux. Puis, c'est le chersydre destiné aux plaines des Syrtes perfides, et le chélydre qui laisse une trace fumante, et le cenchris qui glisse toujours tout droit et dont le ventre est tacheté comme l'ophite thébain, l'hammodyie, dont la couleur ressemble, à s'y méprendre, à celle du sable, et le céraste vagabond et tortueux, et le scytale, qui seul, durant les frimas épars, s'apprête à jeter sa dépouille, et la brûlante dipsade, et le terrible amphisboene aux deux têtes, et le natrix, fléau des ondes, et le jaculus ailé, et le paréos dont la queue marque sa route, et l'avide prester, qui ouvre sa gueule écumante et béante, et le seps venimeux, qui dissout les chairs et les os, et celui dont le sifflement fait trembler toutes ces bêtes terribles, celui qui tue avant de mordre, le basilic, terreur des autres serpents, roi des déserts poudreux. »— Lucain, Pharsale, livre IX[5]
La vulgate latine, traduction de la Bible, mentionne aussi le basilic, mais il s'agit d'une mauvaise traduction de l'hébreux Tsépha. La présence du basilic dans la Bible força les encyclopédistes chrétiens à trouver une explication plus rationnelle à l'existence du basilic que celle fournie par la pharsale de Lucain[1].
Moyen Âge, Renaissance et folklore français
Apparence
Au Moyen Âge et notamment en France, l'apparence du basilic se modifia : décrit comme un serpent à l'origine, il devint quadrupèrde et couronné[1] et se vit attribuer une paire d'ailes souvent épineuses, ainsi que la tête, les pattes et les ergots d'un coq, un plumage jaune[1] et un dos crènelé couvert d'émeraudes, parfois aussi avec une tête de reptile ou un crochet au bout de la queue[2],[1]. Il prit généralement l'apparence d'un coq à queue de dragon ou d'un serpent aux ailes de coq, ou d'un dragonnet d'une quinzaine de centimètres de long pourvu d'un souffle délétère et empoisonné[2]. En 1642, la gravure de l'Histoire naturelle des serpents et dragons d'Ulisse Aldrovandi attribue au basilic huit pattes et des écailles[1].
Les représentations du basilic sont extrêmement variables, avec pour seule constante le pouvoir meurtrier de son regard.
Liens avec la cocatrix
Article connexe : cocatrix.Le basilic fut longtemps confondu avec le cocatrix, notamment en ce qui concerne sa naissance. La figure du cocatrix est en fait née d'une interprétation du texte de Lucain. Au XIVe, Chaucer parle du basilicoq[1]. Le basilic, ou basilicoq, est censé naitre d'un œuf de coq âgé de sept à quatorze ans, nommé « coquatrix », qui est pondu dans du foin et ensuite couvé par un serpent ou un crapaud[2] :
« Quelques-uns forgent l'origine et naissance du basilic en ceste sorte, à sçavoir que quand un coq commence à devenir fort vieil, ce qui arrive au septième ou au neuvième ou au plus tard au quatorzième de son âge, il pond un œuf aux plus chauds mois de l'ésté, qui s'est formé de l'excrément pourri de sa semence ou d'un ord et bourbeux amas d'humeurs, et de cet œuf plusieurs pensent que le basilic naist »— Manuscrit du XVIe[6]
Un coq accusé d'avoir pondu un œuf de « cocadrille » fut brûlé publiquement au bûcher durant le Moyen Âge[7].
Le démonologue Henry Boguet affirme que le basilic est issu de l'union d'un coq et d'un crapaud[8].
Dans le Berry, le basilic était confondu avec la cocatrix sous le nom de cocadrille. Paul Sébillot rapporte ainsi qu'en Berry, « tant que la cocadrille n'est pas sortie de l'œuf, elle y vit sous la forme d'un serpent très délié, mais fort long. Celui qui a l'imprudence de casser l'œuf tombe mort si le serpent le voit le premier; dans le cas contraire, le reptile crève instantanément. Il n'acquiert tout son développement qu'au bout de sept ans; au sortir de l'œuf, ce n'est toujours qu'un serpent au regard homicide; un peu plus tard, il lui vient des pattes, ce qui accroit encore son funeste pouvoir, à tel point qu'il lui suffit de passer sous le ventre d'un bœuf pour l'éreinter »[6].
Le folkloriste Laisnel de la Salle rapporte au XIXe que les œufs d'où naissent les « cocadrille » ont la taille des œufs de merle, sont presque ronds, mais n'ont pas de jaune. Ils sont nommés « œufs de jau » ou « coquard » et les paysans leur attribuaient toutes sortes de propriétés magiques et malfaisantes, tandis que les sorciers étaient réputés recherchés avidement ces œufs, particulièrement ceux pondus au pays des infidèles, pour leur puissance évocatrice[2].
Autres légendes
Jean-François Bladé rapporte que dans le Sud-Ouest de la France, « le Basilic a le corps d'une loutre, avec une tête d'homme couronnée d'or, comme les empereurs et les rois ». Le fer, le plomb et le poison ne peuvent rien contre lui car d'un seul regard, il fait tomber hommes et bêtes raides morts; Aussitôt qu'on lui montre son visage dans un miroir, il crève, mais un autre basilic nait sept ans après[9].
Un proverbe du XVIe dit que :
« Le Basilic tue
Seulement avec sa vue »— Rapporté par Édouard Brasey[2]
Cependant, il pouvait aussi tuer par son souffle tant son haleine est répugnante, ou même par le contact de sa peau, puisqu'il sécrète du venin.
Selon Claude Seignolle, « Nuit et jour, le basilic voyage sous terre, cherchant le fond des citernes et des puits. Malheur aux hommes, malheur aux femmes, malheur surtout aux enfants qui se penchent sur les margelles, pour cracher ou jeter des pierres dans l'eau. D'en bas, le basilic les appelle, et on n'en entend plus parler[10] »
D'après Jorge Luis Borges, le basilic vit dans les désert qu'il créé par sa seule présence. Les oiseaux tombent morts à ses pieds et les fruits pourissent, l'eau des fleuves où il s'abreuve reste empoisonnée pendant des siècles. Les voyageurs expérimentés prenaient des coqs pour les accompagner, ou des miroirs afin que le basilic soit foudroyé par sa propre image[1].
Le basilic était réputé avoir quelques points faibles, ainsi, la seule plante capable de résister à son souffle était la rue, « herbe de grâce », réputée pour ses nombreuses propriétés à l'époque. Le basilic craignait aussi quelques autres animaux, comme le coq dont le chant le mettait en fuite, et la belette, dont il craignait également l'odeur, réputée être le seul animal capable de le vaincre. Après un combat contre le basilic, la belette se soignait avec des feuilles de rue. Un autre ennemi du basilic est l'éale, décrit comme un monstre amphibie de la taille d'un cheval possédant des défenses et des cornes mobiles, une mâchoire de sanglier et une queue d'éléphant. Le basilic ne s'y attaquerait que lorsque ce dernier dort[2],[2].
La belette est elle même l'ennemi du cobra, lointain cousin du basilic.
Symbolique
Cet être fabuleux est l'incarnation même du pouvoir royal qui foudroie ceux qui lui manquent d'égards. C'est l'un des symboles de Satan et la représentation du danger mortel que l'on ne peut éviter à temps et dont seule la protection d'un ange divin peut préserver.
Représentation dans les arts
Le basilic est présent dans les arts, notamment pour décorer des fontaines.
Héraldique
Le basilic est un meuble héraldique : il est représenté comme un dragon à tête de coq. Ses ailes sont préférentiellement formées de plumes, et non membraneuses comme celles du dragon.
Le basilic dans la culture populaire moderne
- Voltaire, Zadig chapitre XVI « Le basilic ».
- Harry Potter, le personnage inventé par J. K. Rowling, doit affronter un basilic dans le roman Harry Potter et la Chambre des secrets (1999).
- François Bourgeon évoque également ce mythe dans Le Dernier Chant des Malaterre, le troisième tome de la série de bande dessinée Les Compagnons du crépuscule
- Dans le jeu de rôle Palladium, le basilic est un dragon.
- Dans les jeux de rôle Donjons et dragons (Les Royaumes oubliés), le basilic est une créature capable de transformer d'un regard les gens en pierre. Cependant, ils ne peuvent pas s'en prendre aux morts-vivants.
- Bryan Perro mentionne aussi le basilic dans le premier tome de la série Amos Daragon
- Dans le jeu de cartes Magic : l'assemblée, le basilic est une créature verte. S'il bloque ou devient bloqué par une créature, cette créature est détruite à la fin du combat.
- Dans le jeu vidéo Heroes of Might and Magic III, le basilic est une des créatures de l'un des châteaux du jeu, capable de pétrifier ses adversaires.
- Dans le manga Basilisk, le héros a le pouvoir de contrôler ses ennemis d'un simple regard tandis que l'héroïne peut elle vaincre n'importe quel ninja grâce à un simple regard. D'où le nom de la série.
- Dans le jeu vidéo World of Warcraft les basilics ressemblent à des crocodiles (appelés crocilisque dans le jeu) pourvus de 6 pattes et pouvant assommer leurs ennemis d'un regard.
Notes et références
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h et i Jorge Luis Borges, Le livre des êtres imaginaires, Gallimard, coll. L'imaginaire, Paris, juin 2009, 254 p. (ISBN 978-2-07-071102-4), p. 47-49
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i , j et k Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Éditions le pré aux clercs, Paris, 14 septembre 2007, 435 p. (ISBN 978-2842283216), p. 143-144
- ↑ M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, cité par Collin de Plancy, Dictionnaire infernal.
- ↑ Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], VIII, 33.
- ↑ Lucain, Pharsale, IX [lire en ligne].
- ↑ a et b Cité par Paul Sébillot dans Croyances, mythes et légendes des pays de France, La Faune
- ↑ Claude Seignolle, Contes, récits et légendes des pays de France, tome 4, Omnibus, 1997
- ↑ Henry Boguet, Discours exécrable des sorciers, 1602
- ↑ Jean-François Bladé, Contes populaires de la Gascogne, Paris, Maisonneuve, 1886
- ↑ Claude Seignolle, Contes, récits et légendes des pays de France, tome 1, Omnibus, 1997
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
- Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Éditions le pré aux clercs, Paris, 14 septembre 2007, 435 p. (ISBN 978-2842283216), p. 143-144
- Jorge Luis Borges, Le livre des êtres imaginaires, Gallimard, coll. L'imaginaire, Paris, juin 2009, 254 p. (ISBN 978-2-07-071102-4), p. 47-49
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