Villa Ephrussi de Rothschild

Villa Ephrussi de Rothschild


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Villa Ephrussi de Rothschild
868 VER7006.jpg
Présentation
Période ou style Renaissance italienne
Type Palais renaissance
Date de construction 1908
Protection Monument historique (3 septembre 1996)
Géographie
Pays France
Localité Saint-Jean-Cap-Ferrat
Coordonnées 43° 41′ 48″ N 7° 19′ 43″ E / 43.69667, 7.3286143° 41′ 48″ Nord
       7° 19′ 43″ Est
/ 43.69667, 7.32861
  

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Villa Ephrussi de Rothschild

La Villa Ephrussi de Rothschild, appelée aussi Villa Ile-de-France, est un des plus beaux palais de style Renaissance de la Côte d'Azur construit sur le sommet du Cap Ferrat entre 1905 et 1912 à Saint-Jean-Cap-Ferrat par la baronne Béatrice Ephrussi de Rothschild (1864-1934).

La villa et ses jardins sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 3 septembre 1996[1].

Sommaire

Historique

Béatrice de Rothschild naît le 14 septembre 1864 de l'union de baron Alphonse de Rothschild avec Leonora von Rothschild (1837-1911) issue de la branche Rothschild dite « de Londres » (Voir l'article famille Rothschild, Branche dite « de Paris »).

Elle épouse le banquier milliardaire juif russe Maurice Ephrussi le 5 juin 1883. Elle est alors âgée de 19 ans. Le couple se séparera en 1904, la baronne reprochant à son mari son addiction au jeu.

Le couple est passionné d'architecture, de nature et d'art et collectionne somptueuses demeures et objets rares.

La baronne mène un train de vie de reine de France à la Marie-Antoinette.

Article détaillé : Béatrice de Rothschild.

À l'instar de son père, Alphonse de Rothschild, Régent de la Banque de France, l'un des principaux actionnaires de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (P.L.M.), membre de l'Académie des beaux-arts, ou de son oncle Alfred de Rothschild, conservateur de la Wallace collection à Londres, Béatrice Ephrussi de Rothschild collectionne œuvres d'art et résidences.

De par son parcours, son goût pour le XVIIIe siècle français ou l'exotisme, elle s'inscrit dans la lignée des grands collectionneurs d'art de l'époque : Cernuschi, Jacquemart-André, Wallace, Frick, sans oublier de nombreux membres de sa famille (Edmond de Rothschild, Ferdinand de Rothschild (Waddesdon), etc... Elle prospecte et fait venir par train jusqu'à Beaulieu-sur-Mer des œuvres qu'elle sélectionne sur le quai de la gare. Portant son goût pour l'art à l'extrême, on dit qu'elle acheta un jour une chapelle pour n'en retirer qu'une fresque[réf. nécessaire].

Villa Ephrussi de Rothschild

Béatrice Ephrussi découvre le Cap Ferrat en 1905, à l'époque où la Côte d'Azur est un lieu de villégiature de la haute société. Séduite par la beauté naturelle du site, elle acquiert sept hectares de terrain rocheux et stérile sur la partie la plus étroite de la presqu'île, disputant cette parcelle au roi Léopold II de Belgique, désireux d'agrandir sa propriété mitoyenne.

Le bâtiment ou le cabinet des merveilles

Salon Louis XVI de la villa « Île de France »

Pas moins de cinq années de travaux (1907-1912) gigantesques seront nécessaires pour construire cette demeure rappelant les grandes maisons de la Renaissance italienne. Plusieurs architectes sont pressentis dont Jacques Marcel Auburtin (1872-1926), prix de Rome, dont le projet séduit Béatrice Ephrussi. Ce dernier confie à Aaron Messiah la construction de la Villa « Ile-de-France » ainsi nommée en raison de la forme du jardin principal en forme de pont de navire. Béatrice pouvait ainsi s'imaginer, voyant la mer de chaque côté, être au bord du vapeur « Île de France » de la Société Générale des Transports Maritimes (S.G.T.M.) en souvenir d'un voyage mémorable. " Elle imposait à ses jardiniers le port du béret de marine, se donnant ainsi l'illusion de vivre entourée d'hommes d'équipage sur un paquebot faisant le tour du monde "[2]. Le terrain est dynamité et arasé. La construction peut alors commencer. La commanditaire n'hésite pas à faire réaliser les projets grandeur nature pour s'assurer du résultat final. En 1912, la villa est habitable. À l'instar d'Edmond Rostand qui ne voulait que du blanc dans sa Villa Arnaga à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), elle exige partout sa couleur fétiche : le rose. Élisabeth de Gramont, sa cousine, l'évoque dans une sempiternelle robe rose - elle portait des robes à panier - « semblant partir éternellement pour un bal paré »[2].

Béatrice Ephrussi de Rothschild fait aménager cette demeure en une suite de salons, galeries, cabinets, chambres et boudoirs dont le décor est à dominante ocre.

  • Le patio couvert où Béatrice donne ses réceptions, sert d'écrin à un retable de l'école de Valence (XVe siècle) qui représente Sainte Brigitte d'Irlande, accompagnée de Saint Antoine Ermite et de Saint Roch.
Des colonnades en marbre rose de Vérone soutiennent des arcades de style Renaissance italienne.
Au-dessus, on peut apercevoir des galeries aux voûtes hispano-mauresques bordées de balcons où se tenaient les musiciens.
Le patio a gardé sa vocation de galerie et présente un ensemble d'œuvres d'art médiéval et renaissance dont un tableau attribué au vénitien Carpaccio (env. 1460-1525) représentant un condottière.
  • Le salon Louis XVI dont les murs sont décorés de boiseries peintes du XVIIIe siècle - provenant, pour partie, de l'hôtel Crillon et complémentées au début du XXe siècle - abrite de nombreuses pièces d'origine royale ou aristocratique ainsi que nombre de bronzes dorés de grande qualité, dont une pendule Faune et bacchante de Gouthière et une paire de candélabres de son disciple et successeur Thomire.
La première partie du salon présente un ensemble de sièges Louis XVI à dossier médaillon estampillés de Parmentier à Lyon ainsi qu'une table à jeu de Trictrac attribuée à l'ébéniste granoblois F. Hache. Elle rappelle le goût de la baronne pour le jeu. Le sol est couvert d'un tapis de la Manufacture de la Savonnerie au chiffre de Louis XV et réalisé pour la chapelle royale de Versailles.
Le parquet de la seconde partie du salon est recouvert d'un autre tapis de la Savonnerie, le 87e de la série des 104 tapis commandés par Louis XIV pour la grande galerie du Louvre. Au plafond, une toile marouflée du Tiepolo (1696-1770) représente le char de l'Amour tiré par des colombes. Alentours, ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette, la table de whist peinte de puttis en camaïeu et signée de René Dubois, premier tabletier de la Reine. Le canapé et les fauteuils sont recouverts de tapisserie d'Aubusson illustrant les fables de La Fontaine.
  • Le salon Louis XV auquel on accède par une porte décorée par La Vallée-Poussin et provenant de la folie Beaujon, propriété de la baronne Salomon de Rothschild, est largement ouvert, au Sud, sur une terrasse de marbre qui précède l'esplanade du jardin à la française. Une paire de fauteuils de style Louis XV ornés de tapisseries exécutées d'après des cartons de François Boucher entourent une petite table ovale à tableau de Compigné représentant le Palais-Royal. Des torchères de style Louis XVI et une paire de remarquables paires de vases en porcelaine de Sèvres complètent le décor. De part et d'autre de la pièce, suspendues dans des alcôves, deux tapisseries des Gobelins, tissées d'après de cartons de Coypel, sont consacrées aux aventures de Don Quichotte. Sur les murs, les danseuses de Jean-Frédéric Schall font la ronde autour de L'Amour aux Colombes. Alentours, deux toiles marouflées Phaéton et Le char du Soleil.
  • Les appartements de Béatrice. On y accède via un boudoir agrémenté de boiseries néo-pompéiennes servant d'écrin à un bonheur du jour signé Jean-Henri Riesener, ébéniste attitré de la reine Marie-Antoinette ainsi qu'à une petite table octogonale attribuée à Adam Weisweiler.
La chambre forme une avancée ovale ouvrant sur la baie de Villefranche. Le plafond est décoré d'une peinture vénitienne du milieu du XVIIIe siècle. Au sol, un tapis d'Aubusson de forme identique mais d'époque légèrement postérieure. Le long d'un mur, une commode transition Louis XV-Louis XVI estampillée Nicolas Petit.
Des vitrines aménagées dans la garde-robe exposent des costumes français du XVIIIe siècle[3] ainsi qu'une collection de vêtements et de petites chaussures chinoises du XIXe siècle.
La salle de bains attenante est un chef d'œuvre de raffinement. Sous un treilklage de lattes de bois doré, les boiseries peintes par Leriche à la fin du XVIIIe dissimulent lavabo et rangements.
  • Le salon des porcelaines. La collection de porcelaines de Vincennes et de Sèvres d'Ephrussi de Rothschild rassemble des pièces exceptionnelles qui en font l'une des plus belles collection du genre. Dans la vitrine trônent de rares porcelaines bleu lapis-lazuli. Alentours des pièces d'une des plus prestigieuses productions de la manufacture de Sèvres diteAux partitions musicales. Sur la cheminée, une pendule en porcelaine rose A la du Barry.
La pièce contiguë permet de découvrir des pièces bleu céleste en camaïeu de rose ainsi qu'un vase ayant appartenu à Madame de Pompadour.
  • La salle à manger de la baronne est actuellement transformée en restaurant-salon de thé qui offrent aux visiteurs un moment de détente dans un cadre privilégié.
  • L'étage abrite :

Les sculptures en terre cuite de Clodion et de son atelier, faïences de Castelli,
Le salon des porcelaines de saxe où le visiteur peut découvrir des pièces de Meissen, Berlin, Würzburg...du XVIIe siècle,
La chambre Directoire au décor mural d'époque,
Le salon des tapisseries dont le mobilier signé Jacob est recouvert de tapisserie de Beauvais,
Le petit salon des singeries avec son orchestre de singes en porcelaine de Meissen et ses boiseries peintes attribuées à Jean-Baptiste Huet,
La loggia florentine, agrémentée d'intéressantes pièces en fer forgé, permet d'embrasser du regard les baies de Beaulieu, Villefranche, le Cap-Ferrat et les jardins de la villa. Le petit salon chinois dont un mur est orné de portes intérieures en laque provenant du Palais Impérial de Beijing et de vitrines contenant une magnifique collection de quartz roses et de rarissimes Jades blancs,
La chambre Louis XVI décorée de boiseries,
L'antichambre et le salon Fragonard où sont exposés de nombreux lavis du peintre et de son maître François Boucher.

Vue des jets d'eau dans les jardins à la française
Vue du jardin à la française
Au fond, la villa « Île de France »
Jardin Espagnol

Jardin de rêve et zoo exotique

Béatrice décide de sertir la villa dans un écrin de verdure. Neuf jardins entourent la villa sur sept hectares. Ils sont attribués aux architectes-paysagistes Achille Duchêne et Harold Peto. L'entrée des jardins offre une vue magnifique sur la rade de Villefranche-sur-mer. Aux jardins à la française, lapidaire, japonais et roseraie initiaux, s'ajoutent les jardins espagnol, italien, exotique, provençal, réminiscences des voyages de la baronne[2]. Après son décès, d'autres jardins à thème seront rajoutés.

  • Le jardin « à la française », visible depuis les salons, occupe la partie centrale des jardins. Il est composé d'une pièce d'eau centrale et est entouré de bassins latéraux et de plantations disposées symétriquement. Les bassins sont agrémenté de jacinthes d'eau. Il est dominé par un Temple de l'Amour et une cascade à degrés. Il faut remarquer l'exotisme qui se dégage de l'ensemble à travers les palmiers phœnix canariensis et brahea armata ou mexican blue palm, les cicas revoluta du Japon, les cordyline australis hook, les dasylirions, l'avocatier, le ficus, les orangers, les kumquats qui côtoient des glycines arbustives. Ce cadre bucolique est agrémenté de jeux d'eau qui se déclenchent toutes les vingt minutes au son de différents extraits de musique classique.
  • Le jardin espagnol est composé d'une grotte fraîche, d'une pergola et d'un canal empli de plantes aquatiques, philodendrons, papyrus et bordé de strelitzia, grenadiers et de daturas.
  • le jardin lapidaire met en scène, à l'ombre d'un camphrier et d'un cannelier de Californie, des bas-reliefs et gargouilles provenant d'édifices civils ou religieux qui n'ont pas trouvé place à l'intérieur de la villa. Azalées, camélias japonica, rhododendrons, fuchsias, hydrangeas anabelle et solendra fleurissent de février à avril.
  • Le jardin japonais, restauré au printemps 2003, comprend son jardin sec bordé d'ophiopogons verts et noirs, d'azalées, de cicas revolutas et de gardénias. Alentours la cascade se déversant dans un bassin peuplé de carpes Koï sont entourés de différentes variétés d'acer palmatum. Plus haut, le jardin du thé et son abri.
  • La roseraie, située à l'extrémité du jardin, pousse au pied d'un petit temple de forme hexagonale avec ses roses Baronne E. de Rothschild, Princesse de Monaco, Dynastie de Mepitac et ses rosiers grimpants Pierre de Ronsard.
  • Le zoo, aujourd'hui disparu, abritait une volière où séjournaient des centaines d'oiseaux dont des perruches. Chacune des résidences que fréquente Béatrice Ephrussi de Rothschild possède sa volière. On trouvait en outre des singes, des mangoustes, des gazelles, des antilopes, des flamants roses... deux singes et une mangouste de compagnie fréquentent la villa et dorment sur un siège de style Louis XVI réalisé sur mesure pour eux.

À côté de ces jardins existant depuis l'origine de la villa, d'autres jardins à thème ont été développés :

  • Le jardin florentin avec son escalier en fer à cheval dissimulant une grotte humide agrémentée d'un éphèbe de marbre. L'escalier se prolonge par une allée de cyprès qui domine la rade de Villefranche-sur-Mer. Cette allée est bordée d'abelias, streptosolens, lantanas, senecios, raphiolepsis. Un magnifique jacaranda fleurit au cœur de l'été.
  • Le jardin exotique, entièrement restauré en 1987, est découpé de sentiers sinueux serpentant au milieu de plantes succulentes et cactées (phormium, cierges, aloès, agaves, ferox, echinocactus grusonii[4], dasylirions, euphorbes.
  • Le jardin provençal situé sur le versant opposé à la roseraie, offre une vue pitorresque avec ses oliviers et pins courbés par le vent. Il répand une odeur agréable avec ses lavandes, ses agapanthes et ses bouquets de polygalas. Plusieurs petits chemins rejoignent le Temple de l'Amour entouré de plantes aromatiques puis, de là, le jardin à la française.

Legs

La baronne ne séjournera que très peu dans la villa qu'elle délaisse à partir de 1916, à la mort de son mari.

La baronne décède à Davos (Suisse), le 7 avril 1934, à l’âge de 69 ans, d'une tuberculose pulmonaire galopante. Par testament et en l'absence de descendance, elle lègue la villa à L'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France avec la totalité de sa très importante collection d'objets d'art de plus de 5300 pièces réparties dans ses diverses résidences afin de créer un musée qui garderait « l'aspect d'un salon » dans l'esprit des musées Nissim-de-Camondo ou Jacquemart-André. Conformément à son vœu, la villa rassemble la totalité des collections que la baronne a accumulé au cours de sa vie et qui étaient réparties dans ses différentes demeures à Paris et sur la Côte d'Azur.

Depuis 1991, la gestion et la mise en valeur de la Villa et des jardins a été confiée par l'Institut de France à la société Culturespaces. Un festival d'opera, Les Azuriales, se déroule chaque été dans les « jardins à la française ».

Galerie

Annexes

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Notes

  1. La Villa Ephrussi de Rothschild dans la base Mérimée
  2. a, b et c La villa Ephrussi de Rotschild h.s. Connaissance des Arts, 2005, p.10
  3. Lors de ses séjours à la villa, on raconte que la baronne, qui a une prédilection pour le XVIIIe siècle à l'instar de la haute société de son époque, a reçu ses amies habillée à l'image de Marie-Antoinette dont elle a acquis la table de whist.
  4. l'echinocactus grusonii est plus connu sous le nom de coussin de belle-mère

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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