Tirailleurs sénégalais

Tirailleurs sénégalais
Yora Comba, 38 ans, lieutenant aux tirailleurs sénégalais, originaire de Saint-Louis (Exposition universelle de 1889)

Les tirailleurs sénégalais sont un corps de militaires appartenant à l'Armée coloniale constitué au sein de l'Empire colonial français en 1857, principal élément de la « Force noire »[1] et supprimé au début des années 1960.

En 1914-1918, ce sont environ 200 000 « Sénégalais » de l'AOF qui se battent dans les rangs français, dont plus de 135 000 en Europe. 30 000 d'entre eux y ont trouvé la mort sur les 1 397 800 soldats français morts durant le conflit (soit moins de 2,3%), et nombreux sont ceux qui sont revenus blessés ou invalides[2].

En Afrique Française du Nord (AFN) et surtout au Maroc, des unités de l'armée coloniale, européennes ou africaines (12 bataillons), servaient dans le cadre de la pacification. L'armée coloniale envoya en Métropole, dès le 17 septembre 1914, des unités de marche mixtes (Européens et Africains) à raison, pour chaque régiment mixte, d'un bataillon africain pour deux bataillons européens. Ces unités (régiments mixtes d'infanterie coloniale du Maroc - RMICM) renforcèrent en premier lieu la division marocaine et furent engagées au combat dès le 21 septembre à Noyon. Durant toute la guerre, les troupes levées en Afrique noire, transitèrent ainsi en AFN où, tout en participant activement à la pacification, elles s'acclimataient et s'aguerrissaient quelque temps avant de rejoindre les champs de bataille d'Europe ou d'Asie mineure (Dardanelles). Le général Charles Mangin[3], promoteur de La Force Noire, ouvrage qui fit sensation en 1910, retrouva ces troupes africaines sous ses ordres lors de la reprise du fort de Douaumont (1916). Durant ce conflit, environ 200 000 Africains furent enrôlés sous les drapeaux, dont 135 000 servirent en Europe. Les pertes sont estimées à plus de 30 000.

Les tirailleurs sénégalais, qui sont toujours restés d’une exceptionnelle fidélité à l’Empire colonial français, ont été surnommés les « Dogues noirs de l’Empire » par Léopold Sédar Senghor[4].

Sommaire

Les origines des tirailleurs

Tirailleur d'origine bambara (Mali) (gravure de 1890)
Carré musulman de la nécropole nationale d'Amiens (Saint-Acheul).
Au premier plan, tombe d'un soldat du 45e RTS tombé pendant la Bataille de la Somme

En 1857, Louis Faidherbe, gouverneur général de l’Afrique occidentale française (AOF), en manque d'effectifs venus de la métropole sur les nouveaux territoires d’Afrique, pour faire face aux besoins générés par la phase de colonisation, crée le corps des tirailleurs sénégalais. Le décret fut signé le 21 juillet 1857 à Plombières-les-Bains par Napoléon III. Jusqu'en 1905, ce corps intègre des esclaves rachetés à leurs maîtres locaux, puis des prisonniers de guerre et même des volontaires ayant une grande diversité d'origines. Les sous-officiers proviennent généralement de l'aristocratie locale.

Les tirailleurs sénégalais ne sont pas nécessairement Sénégalais, ils sont recrutés dans toute l'Afrique noire aussi bien en Afrique de l'Est qu'en Afrique centrale et occidentale. Le terme "sénégalais" leur est donné du fait que le premier régiment de tirailleurs a été créé au Sénégal.

Certains Sénégalais, nés Français dans les quatre communes françaises de plein exercice du Sénégal, ne sont pas considérés comme tirailleurs mais l'égalité avec les Blancs n'était pas encore la règle[5].

À l'époque coloniale, les forces françaises sont réparties en trois grands ensembles distincts : l'armée métropolitaine, les Troupes coloniales (La Coloniale ou Armée coloniale) et l'Armée d'Afrique qui dépendent d'un seul état-major général[6]. Les Tirailleurs sénégalais appartenaient à l'Armée coloniale[7].

Lors de la Première Guerre mondiale

L'armée d'Afrique défilant à Amiens en 1914 ou 1915
Tirailleurs sénégalais au camp de Mailly, Félix Vallotton, 1917

De nombreux Africains sont morts sur les champs de bataille français de la Première Guerre mondiale. Jacques Chirac, en tant que président de la république française, dans son discours pour le 90e anniversaire de la bataille de Verdun, a évoqué 72 000 combattants de l’ex-Empire français morts entre 1914 et 1918, « fantassins marocains, tirailleurs, d’Indochine (Cochinchine, tirailleurs annamites), marsouins d’infanterie de marine »

Après la guerre franco-allemande de 1870, en pleine préparation de la guerre 1914-1918, en 1910, le colonel Mangin dans son livre « La force noire » décrit sa conception de l’armée coloniale, alors même que Jean Jaurès publie de son côté « L’armée nouvelle » où s’exprime le besoin de chercher ailleurs des soldats que les Français ne pouvaient fournir en suffisance en raison d’une baisse de la natalité.

Difficultés de recrutement

Si les proconsuls représentant la France en Afrique ont rapidement proposé plusieurs milliers d’hommes volontaires ou recrutés avec des méthodes proches de celles des siècles précédents, des révoltes contre l’enrôlement ont éclaté plus loin de grandes villes d’Afrique, dont la première de moyenne importance chez les Bambaras du Mali, près de Bamako, a duré environ 6 mois, du printemps 1915 à novembre 1915, annonçant d’autres révoltes plus tenaces dont certaines très durement réprimées en juin 1916 par la France qui a fait tirer son artillerie sur une dizaine de villages fortifiés, tuant plusieurs milliers de civils, dont des enfants qui ont refusé de se rendre[8].

Comme de nombreuses mutineries plus tardives, ces résistances ont été cachées pour ne pas apporter d’éléments supplémentaires à la propagande allemande qui dénonçait le comportement de la France en Afrique, dont le fait qu’elle faisait venir des « barbares » d’Afrique pour les faire combattre sur les fronts européens.

Certains administrateurs français, et les colons acteurs du commerce colonial ont également freiné l’appel sous les drapeaux de jeunes Africains, estimant qu’on les privait ainsi d’une main d’œuvre jeune qui n’était pas à l’époque abondante en Afrique.

Blaise Diagne devient en 1917 commissaire général aux troupes noires avec rang de sous-secrétaire d'État aux colonies. Il mène avec succès des missions en Afrique occidentale française pour organiser le recrutement militaire en cette période de guerre. De février à août 1918 et de Dakar à Bamako, il essaye de convaincre ses compatriotes de venir se battre en France tout en leurs promettant des médailles militaires, un certificat de bien manger, un habillement neuf et surtout la citoyenneté française aux combattants après la guerre. Les primes aux recruteurs sont aussi fortement augmentées. Il réussit à mobiliser 63 000 soldats en AOF et 14 000 en AEF[9]. Il retrouvera d'ailleurs cette fonction de 1931 à 1932, dans le premier gouvernement de Pierre Laval.

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Les tirailleurs au combat

Au cours de la guerre, les tirailleurs sénégalais se mettent en valeur notamment à Ypres et Dixmude fin 1914, lors de la prise du Fort de Douaumont en octobre 1916, durant la bataille du Chemin des Dames en avril 1917 au cours de laquelle ils perdent plus de 7 000 tués sur 16 500 engagés, soit le quart de leurs pertes totales au cours de la guerre[10], puis lors de la bataille de Reims en 1918[11].

Hommages

Les Tirailleurs sénégalais défilant à Reims en 1914

En 1924, la ville de Reims construit Le Monument aux Héros de l’Armée Noire, inauguré le 13 juillet 1924 par Edouard Daladier ministre des colonies, pour rendre hommage aux soldats noirs qui ont défendu la ville en 1918[12],[13]

Pendant la Seconde Guerre mondiale

Fresque murale à Dakar commémorant le massacre de Thiaroye en 1944

Comme lors du précédent conflit, la France utilise pendant la Seconde Guerre mondiale les colonies comme réservoir d'hommes pour son armée. Et tout comme lors de la Première Guerre mondiale, ils sont accusés d'exactions par les Allemands. "Au stade actuel de la recherche, on peut évaluer à un millier le nombre de tirailleurs sénégalais massacrés par les Allemands entre le 24 mai 1940 à Aubigny et le 22 juin 1940 autour de Lyon"[14].

En 1940, les Allemands détruisent le Le Monument aux Héros de l’Armée Noire, que la ville de Reims avait construit en 1924 pour rendre hommage aux soldats noirs de la Première Guerre mondiale[12],[15], et démontent la statue du général Mangin à Paris.

En France se trouve un cimetière militaire avec une architecture sénégalaise, le Tata sénégalais de Chasselay dans le département du Rhône, où ont été regroupés les corps de 188 tirailleurs massacrés dans les environs par une unité SS en juin 1940. Évelyne Berruezo et Patrice Robin en ont fait un film en 1992, intitulé Le Tata.

Les quelques territoires africains ralliés à la France libre lui fournissent les tirailleurs qui constituent les Bataillons de marche de la 1re division française libre ainsi que le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad de la colonne Leclerc. Les tirailleurs sénégalais du BM 2 s'illustrent notamment à Bir Hakeim. Après le réarmement des troupes françaises en Afrique du Nord en 1942-43, ils se distinguent au sein de la 9e DIC, lors de la conquête de l'île d'Elbe en juin 1944 puis, après le débarquement de Provence en août 1944, lors de la prise de Toulon. Durant l'automne 1944, les 15 000 tirailleurs sénégalais des 9e DIC et 1re DMI sont remplacés par des FFI au sein de la 1re armée française lors d'une opération dite de « blanchiment »[16],[17].

Le 1er décembre 1944 à 03h, quelques dizaines de tirailleurs sénégalais, remplacés lors de cette opération de « blanchiment », sont tués par l'armée française au camp de Thiaroye au Sénégal (Massacre de Thiaroye). Ousmane Sembène en a fait un film en 1988, intitulé Camp de Thiaroye.

Après la Seconde Guerre mondiale

Suppression des régiments

Des tirailleurs interviennent encore en Indochine (1945-1954) et en Algérie (1954-1962). Les régiments de tirailleurs sénégalais sont transformés en régiments d’infanterie de marine en 1958 avant d’être définitivement supprimés entre 1960 et 1962[18].

Dupont le zouave et Demba le tirailleur sénégalais sur la Place du Tirailleur devant la gare de Dakar

Cristallisation des pensions

Article détaillé : Cristallisation des pensions.

En 1959[19], puis en 1960, le Parlement français a adopté un dispositif dit de « cristallisation », c’est-à-dire du gel de la dette contractée par l'Empire français et qui échoit à la seule métropole, par blocage de la valeur des points de pension à la valeur atteinte lors de l'accession à l'indépendance des pays, dont les anciens tirailleurs étaient ressortissants[20]. Après presque 50 ans de contentieux[21], et après la sortie du film Indigènes évoquant le rôle des troupes nord-africaines en Europe en 1943-1945, le Parlement français a finalement voté le 15 novembre 2006 la revalorisation des pensions des soldats des ex-colonies dans le cadre du budget 2007 des anciens combattants. « 84 000 anciens combattants coloniaux de 23 nationalités devraient en bénéficier », s’ils se manifestent.

Le tirailleur dans l'imaginaire métropolitain

Banania : version 1936

Dans la terminologie militaire, le nom de tirailleur n'a rien de péjoratif ni de méprisant et il désigne un « combattant qui progresse en ordre dispersé en tirant à plusieurs reprises, avec persistance » et des formations prestigieuses de Gardes Impériales, française, allemande et russe comprenaient des unités de Tirailleurs[22]. Toutefois, le tirailleur sénégalais porte des stéréotypes racistes, caricature du Noir de l'époque (sourire niais, ami des enfants, donc grand enfant et incapable de s'exprimer correctement dans une langue française qu'il se doit de manier) et symbole du colonialisme (par exemple la mascotte « L'ami Y'a bon ») [23]. Le tirailleur sénégalais a longtemps symbolisé pour les métropolitains, l'Empire français. C'est ainsi que la marque de cacao Banania, dont le personnage emblématique avait d'abord été une belle Antillaise entourée de bananes, modifie son image en 1915, dans le contexte de la Première Guerre mondiale, et porte son choix sur le tirailleur sénégalais[24]. Plusieurs versions ont suivi, plus ou moins stylisées.

Décorations

Au cours de la Première Guerre mondiale, sur un total de 89 bataillons combattants de tirailleurs sénégalais constitués, outre le 43e bataillon de tirailleurs sénégalais[25], qui obtient la fourragère aux couleurs de la médaille militaire pour ses 4 citations à l’ordre de l’armée, 8 bataillons de tirailleurs sénégalais ont obtenu la fourragère aux couleurs de la croix de guerre 1914-1918 (2-3 citations)[26].

La fourragère récompense les unités citées aux moins deux fois à l'ordre de l'armée.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, 1 régiment et 2 bataillons ont obtenu la fourragère aux couleurs de la croix de guerre 1939-1945 (2-3 citations).

Le Bataillon de marche n°2 fut la première unité de l'armée de terre française à recevoir la croix de l'ordre de la Libération le 9 septembre 1942.

Drapeaux

Première Guerre mondiale

  • Fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 1914-1918 (2-3 citations à l'ordre de l'Armée)
    • 27e bataillon de tirailleurs sénégalais
    • 36e bataillon de tirailleurs sénégalais
    • 53e bataillon de tirailleurs sénégalais
    • 61e bataillon de tirailleurs sénégalais
    • 62e bataillon de tirailleurs sénégalais
    • 64e bataillon de tirailleurs sénégalais
    • 68e bataillon de tirailleurs sénégalais
    • 69e bataillon de tirailleurs sénégalais

Citations militaires

«  Les Troupes Sénégalaises ont participé d'une façon particulièrement brillante aux opérations de la Grande Guerre. En plus des Sénégalais qui servaient sous nos Drapeaux au 2 août 1914, il n'a pas été recruté, de 1914 à 1918, moins de cent quatre-vingt mille militaires indigènes dans l'Ouest Africain, sur lesquels environ cent trente-cinq mille ont été transportés dans la Métropole. Nombreux sont les Bataillons Sénégalais qui ont été l'objet de citations collectives. Certains de ces Bataillons ont été supprimés. Il importe que le souvenir des hauts faits d'armes accomplis par nos Sujets Africains soit perpétué de façon concrète. [...] le Drapeau du 1er Régiment de Tirailleurs Sénégalais pourrait porter la Croix de Guerre avec quatre palmes et la Fourragère aux couleurs du ruban de la Médaille Militaire, distinctions conférées au 43e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais, unité indigène à laquelle ont été attribuées les plus hautes récompenses. La Légion d'Honneur a été décernée le 14 juillet 1913 au Drapeau du 1er Régiment de Tirailleurs Sénégalais pour reconnaître et récompenser les services rendus par les Sénégalais pendant la période d'expansion coloniale succédant à la guerre de 1870-1871. La Croix de Guerre et la Fourragère viendront reconnaître et récompenser les Troupes Sénégalaises pendant la guerre actuelle. Elles symboliseront le loyalisme et le courage de nos Sujets Africains. »

— Décision conférant la Croix de Guerre avec quatre palmes et la Fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire au drapeau du 1er Régiment de Tirailleurs Sénégalais, Ordre Général N° 46 du Général de Division Bonnier, commandant Supérieur des Troupes du Groupe de l'A.O.F., 10 Juin 1919[30]

«  Le 24 octobre 1916, renforcé du 43e bataillon sénégalais et de deux compagnies de Somalis, le [RICM] enlevé d’un admirable élan les premières tranchées allemandes ; a progressé ensuite sous l’énergique commandement du colonel Régnier, brisant suc­cessivement la résistance de l’ennemi sur une profondeur de deux kilomètres. A inscrit une page glorieuse à son histoire en s’emparant d’un élan irrésistible du fort de Douaumont, et conservant sa conquête malgré les contre-attaques répétées de l’ennemi. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au Régiment d'infanterie coloniale du Maroc (RICM), ainsi qu'au 43e bataillon de tirailleurs sénégalais et au bataillon de somalis après la prise du Fort de Douaumont en octobre 1916

Seconde Guerre mondiale

Citations militaires

« Belle unité indigène constituée en Oubangui-Chari par le chef de bataillon de Roux dès le ralliement au combat des troupes de l'A.E.F. Sous le commandement de cet officier supérieur, puis du chef de bataillon Amiel [...], a pris une part glorieuse à toutes les actions militaires des Forces françaises libres dans le Moyen-Orient de mai 1941 à juin 1942. A Bir Hakeim, du 26 mai au 11 juin 1942, a défendu avec acharnement un des secteurs les plus violemment attaqués, a maintenu ses positions malgré des pertes très lourdes et a réussi finalement à percer les lignes ennemies et à ramener 60% de ses effectifs, lorsque l'ordre de repli a été donné. Blancs et Noirs de l'Oubangui, étroitement unis, ont donné dans la campagne 1941-1942 un bel example de patriotisme et de valeur militaire. »

— Extrait de la citation à l'ordre de l'Armée du Bataillon de marche n°2 lors de la bataille de Bir Hakeim en juin 1942, Charles de Gaulle

« Magnifique unité, formée en 1940, qui a pris part aux campagnes d'El-Alamein et de Tunisie. Engagée sur le front d'Italie en mai et juin 1944, s'est distinguée aux combats du Monte Morone et plus particulièrement de Bagno-Reggio ou, contre-attaquée sans répit par un adversaire déterminé, a réussi, malgré de lourdes pertes, non seulement à maintenir toutes ses positions, mais à faire tomber la résistance ennemie qui couvrait Orvieto. »

— Citation à l'ordre de l'Armée du Bataillon de marche n°5 lors de la Campagne d'Italie en mai et jui 1944, Charles de Gaulle

« Unité ardente et magnifique, qui s'est couverte de gloire le 17 juin 1944, au cours des opérations de débarquement dans l'île d'Elbe. Sous le commandement du chef de bataillon Gilles [...] a enlevé de vive force les positions fortifiées de la plage de Marina di Campo, couverte par un profond champs de mines et d'épais réseaux. Attaquant à la grenade et au lance-flammes, a réduit successivement les blockhaus et s'est emparé des positions d'artillerie. Bien qu'ayant constaté l'échec du débarquement des vagues suivantes qu'un feu intense empêchait d'accoster, n'a pas désespéré et s'est lancé à l'assaut de la deuxième position arrachée de haute lutte. A continué la progression sans désemparer et après un comnbat farouche, a anéanti les défenseurs de la troisième position, coupant l'île en deux parties, bouleversant le système des feux de la défense et jetant le désarroi chez l'ennemi. A assuré ainsi, par son habileté manoeuvrière, le succès de l'opération. A laissé le terrain jonché de cadavres, fait plusieurs centaines de prisonniers et capturé onze pièces d'artillerie, 15 mortiers et 55 armes automatiques. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 2e bataillon du 13e régiment de tirailleurs sénégalais après la conquête de l'île d'Elbe en juin 1944, Décision n° 58, le 20 julllet 1944, Charles de Gaulle

« Unité ardente et manoeuvrière qui, sous les ordres du colonel Salan, chef d'une haute intelligence tactique, d'un sang froid et d'un courage remarquables, a, dès son débarquement en France, du 20 au 21 août 1944, en six jours de combat ininterrompus et d'une violence sans cesse accrue, vaincu la défense nord-est de Toulon, rejetant l'ennemi de Solliès-Ville, Solliès-Pont, La Farlède, La Valette, le poursuivant jusque dans la place et lui imposant au sixième jour la reddition du fort d'Artigues, dont la chute marqua un moment décisif dans l'enlèvement de la place forte. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 6e régiment de tirailleurs sénégalais après la libération de Toulon en août 1944 par la 1re Armée française, Décision n° 124, le 7 novembre 1944, Charles de Gaulle

Bibliographie

  • (en)(de) Raffael Scheck, Hitler’s African victims. The German Army massacres of Black French soldiers in 1940. Cambridge UP 2006, (ISBN 9780521857994); en allemand: Hitlers afrikanische Opfer. Die Massaker der Wehrmacht an schwarzen französischen Soldaten. Assoziation A, Berlin 2009 (ISBN 3935936699)
  • (en) Myron Echenberg, Colonial conscripts: the Tirailleurs sénégalais in French West Africa, 1857-1960, Portsmouth, N.H., Heinemann ; Londres, Currey, 1991, 236 p. (ISBN 0435080482)
  • (de)(fr) János Riesz et Joachim Schultz (sous la direction de), "Tirailleurs sénégalais" : zur bildlichen und literarischen Darstellung afrikanischer Soldaten im Dienste Frankreichs. Présentations littéraires et figuratives de soldats africains au service de la France, Francfort-sur-le-Main, P. Lang, 1989, 280 p. (ISBN 3631415559)
  • (fr) Rodolphe Alexandre, La Révolte des tirailleurs sénégalais à Cayenne, 24-25 février 1946, 1995, 160 p. (ISBN 2738433308)
  • (fr) Charles Victor Berger, Considérations hygiéniques sur le bataillon de Tirailleurs sénégalais, Université de Montpellier, 1868, 68 p. (Thèse de médecine)
  • (fr) Lucie Cousturier, Des inconnus chez moi (Tirailleurs sénégalais), Paris, 1920, 292 p.
  • (fr) Aissatou Diagne, Le Sénégal et la guerre d’Indochine : Récit de vie de Vétérans, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1992, 179 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Eugène-Jean Duval, L'épopée des tirailleurs sénégalais, Paris, L'Harmattan, 2005, 450 p. (ISBN 274758593X)
  • (fr) Jean-Charles Jauffret, Soldats de la plus grande France, Université Montpellier III, article d’armées d’aujourd’hui, mai 1994
  • (fr) Mar Fall, Les Africains noirs en France : des tirailleurs sénégalais aux ... blacks, Paris, L'Harmattan, 1986, 115 p. (ISBN 2858028648)
  • (fr) Historique du 2ème Régiment de Tirailleurs sénégalais, 1892-1933, Paris, 1934, 208 p.
  • (fr) Marc Michel, Les Africains et la Grande Guerre. L'appel à l'Afrique (1914-1918), Karthala, paru le 24 octobre 2003. (source initiale de l'article)
  • (fr) Henriette Marième Niang, Les soldats sénégalais de l’armée coloniale française en Indochine, Dakar, Université de Dakar, 1986, 101 + 3 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Fayez Samb, La patrouille du caporal Samba : tirailleurs sénégalais à Lyon, Paris, L'Harmattan, 2003, 58 p. (ISBN 2747551156)
  • (fr) Chantal Antier Renaud, Les soldats des colonies dans la Première Guerre mondiale, Éditions France Ouest, 2008 ISBN 978-2-7373-4283-7
  • (fr) Moulaye Aïdara, " L'histoire oubliée des tirailleurs sénégalais de la Seconde Guerre mondiale", Éditions Le manuscrit, 2005 ISBN 2-7481-5452-5
  • (fr) Michel Verger, Les tirailleurs sénégalais, opuscule, paru dans la revue Être et Durer, numéro 46 - octobre 2007 http://www.cncombattants.org/artic/46_COLO_LTS.pdf

Filmographie

  • Document audiovisuel sur l'exposition La France d'outre-mer dans la guerre au Grand Palais en 1945, Les Actualités Françaises[31], 26 octobre 1945, 2' 36 (documentaire)
  • L'histoire oubliée : soldats noirs, réalisé par Éric Deroo, Les Films du Village, ADAV, Paris, 1985-2003?, 52' (DVD)
  • Camp de Thiaroye, un film d'Ousmane Sembène, 1988, 147' (docu-fiction)
  • Le Tata, un film de Patrice Robin et Evelyne Berruezo, 1992, 60' (documentaire)
  • Pour mémoire, un film de Christian Richard, production Handicap International, 1992, 52' (documentaire)
  • La Reconnaissance. Anciens combattants, une histoire d'hommes, un moyen métrage de Didier Bergounhoux et Claude Hivernon, France, 2005[32] (documentaire)
  • Les Enfants du pays, un film de Pierre Javaux avec Michel Serrault, France, 2006[33] (fiction)
  • Le Tata sénégalais de Chasselay, Mémoires du 25° RTS, un film de Dario Arce et Rafael Gutierrez, Productions Chromatiques, TLM, 2007, 52' (documentaire)
  • "Pour mémoire" documentaire 26'. Prod: handicap International/C.Richard 1995. réalisation Christian Richard.
  • Empreintes criminelles : L'affaire que devra résoudre l'équipe des premiers experts scientifiques, dans l'épisode 4 d'Empreintes criminelles, nous plonge dans les règlements de compte engendrés par la colonisation.

Notes et références

  1. Cf. Éric Deroo et Antoine Champeaux, La Force noire. Gloire et infortunes d'une légende coloniale, Paris, Tallandier, 2006, 223 p. ISBN : 2847343393
  2. Marc Michel, « Les Africains et la Grande Guerre. L'appel à l'Afrique (1914-1918) », Ed : Karthala, paru le 24 octobre 2003
  3. Marc Michel, op. cit.
  4. « Prières de Paix », Œuvres poétiques, Paris, Seuil, 1990, p. 94, cité par Julien Fargettas « La révolte des tirailleurs sénégalais de Tiaroye », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 4/2006 (no 92), p. 117-130.
  5. Récit d'un franco-sénégalais qui a participé à la libération de la France : [1]
  6. Anthony Clayton, Histoire de l'Armée française en Afrique 1830-1962, Albin Michel, 1994, p.20
  7. Dans la terminologie militaire, les Troupes coloniales désignent les troupes « indigènes » (Tirailleurs sénégalais), hors Afrique du Nord, et métropolitaines appartenant aux anciennes formations de Marines (« marsouins » de l'infanterie et « bigots » de l'artillerie), qui fusionnent en 1900 pour former l' Armée coloniale. Ces troupes se distinguent donc des troupes d'Afrique du Nord, « indigènes » (Tirailleurs, Spahis...) et européennes (Zouaves, Chasseurs d'Afrique, Légion étrangère...), qui formaient l'Armée d'Afrique (19e Corps d'Armée). Cependant, lors de la Première Guerre mondiale, la mobilisation d'un grand nombre de troupes « indigènes » provenant de toutes les parties de l'Empire fit que le langage commun confondit les appartenances et qualifia de « troupes coloniales » toutes les troupes d'outre-mer (Indigènes de l'Armée coloniale et de l'Armée d'Afrique), à l'exception des soldats d'origine européenne
  8. Mission française d’inspection envoyée après la répression, étudiée et citée par l’historien Marc Michel
  9. Les soldats des colonies dans la Première Guerre mondiale de Chantal Antier Renaud Éditions France Ouest en février 2008 P. 38 ISBN 978-2-7373-4283-7
  10. Jean-Yves Le Naour, Dictionnaire de la Grande Guerre, Larousse, 2008, p.70,170
  11. Marc Michel, Les Africains et la grande guerre: l'appel à l'Afrique, 1914-1918, Karthala, 2003,p.237
  12. a et b Le Monument aux Héros de l’Armée Noire, sur le site de la Ville de Reims
  13. "Inauguré le 13 juillet 1924 par Edouard Daladier ministre des colonies, il était l’oeuvre du statuaire Moreau-Vauthier et de l’architecte Auguste Bluyssen. Constitué d’un socle en granit rapporté d’Afrique, les noms des principales batailles au cours desquelles les troupes africaines avaient été engagées pendant la Première Guerre mondiale y étaient gravés. Il était surmonté d’un bronze représentant le groupe de soldats africains du Corps d’Armée Coloniale".
  14. Jean-Claude Jauffrey
  15. Un nouveau monument fut inauguré le 6 octobre 1963. Une plaque indique simplement : « Ici fut érigé en 1924 un monument qui témoignait de la reconnaissance de la ville envers ses soldats africains qui défendirent la cité en 1918. L’occupant détruisit, par haine raciale le « Monument au Noirs » en septembre 1940. Les anciens combattants ont tenu à ce que son souvenir demeure dans notre mémoire ».
  16. Gilles Aubagnac, « Le retrait des troupes noires de la 1ere Armée », dans la Revue historique des armées, n° 2, 1993, pages 34 à 46
  17. « de novembre 1944 à mars 1945, le nombre d’autochtones rapatriés en AOF (Afrique occidentale française) [...] s’élève à 9 678, soit 3 261 ex- prisonniers et 6 334 rapatriés de France », Gilles Aubagnac, op., cit
  18. Histoire du Sénégal : Les tirailleurs sénégalais
  19. Loi n° 59-1454 du 26 décembre 1959
  20. Voir le site du Sénat français
  21. Voir notamment l'arret Diop du Conseil d'État du 30 novembre 2001, N° 212179
  22. « Nos anciens avaient trop le sens de l'honneur et le respect de la personne humaine pour donner un nom méprisant à nos soldats africains », Maurice Rives et Robert Dietrich, Héros méconnus, 1914-1918 1939-1945, Frères d'armes, 1993, p.12.
  23. Nutrial a utilisé à nouveau ce slogan, ce qui lui a été reproché par des associations comme le Collectifdom. En 2006, un accord a été trouvé et le slogan à nouveau retiré des produits dérivés de la marque :Banania abandonne Y a bon !, AgoraVox
  24. Jean Watin-Augouard, Petites histoires de marques, Éditions d'Organisation- TM Ride, 2003, p. 79-80
  25. Décision n° 150F du 21 mars 1919. A la dissolution du 43e BTS, le ministre de la Guerre confère la croix de guerre et la fourragère gagnées par cette unité au 1er régiment de tirailleurs sénégalais, ancêtre de tous les bataillons de Sénégalais
  26. Les troupes coloniales dans la Grande Guerre, Antoine Champeaux
  27. La Légion d'Honneur, site france-phaleristique.com
  28. La Légion d'Honneur a été décernée le 14 juillet 1913 au Drapeau du 1er Régiment de Tirailleurs Sénégalais pour reconnaître et récompenser les services rendus par les Sénégalais pendant la période d'expansion coloniale succédant à la guerre de 1870-1871
  29. Ordre Général N°46 du Général Commandant Supérieur des Troupes du Groupe de l'A. O. F., du 10 juin 1919. Le 43e Bataillon de tirailleurs sénégalais, titulaire de quatre citations à l’ordre de l’armée, se voit attribuer la fourragère aux couleurs du ruban de la Médaille militaire. Formation constituée pour le conflit, le bataillon est dissous le mois suivant. Sa Croix de Guerre 1914-1918 avec quatre palmes et sa fourragère sont alors transmises au 1er Régiment de tirailleurs sénégalais.
  30. Armée Française, Les armées françaises d'outre-mer, Impr. nationale, 1931, v3, p.70
  31. Plusieurs plans de tirailleurs sénégalais, à consulter en ligne sur le site de l'INA [2]
  32. Présentation du film La Reconnaissance, avec une histoire des tirailleurs [3]
  33. « Les Enfants du pays, ou la balade des Tirailleurs », article sur Afrik.com [4]

Voir aussi

Liens internes

Plaque de l'Avenue du Capitaine T'Choréré à Airaines (Somme - France)

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